Ukraine, bilan intermédiaire militaire, avril 2022

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, avril 2022

Actualités mondiales & françaises


Article faisant partie d'un ensemble :

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, 20 mars 2022

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, avril 2022

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, mai 2022

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, septembre 2022

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, fin septembre 2022

Ukraine, bilan intermédiaire militaire, octobre-novembre 2022


Source en haute définition :
https://t.me/iswnewsmaps/687

⬆️ La carte du contrôle territorial au 2 avril au soir peut être commentée ainsi :

🔸 L'important mouvement de troupes russes signalé sur Konotop et Sumy en journée du 2 avril correspond au retrait des colonnes qui contrôlaient une partie des routes principales, depuis le début du conflit, au nord-est de Kiev et près de Tchernigov. Il ne signifie pas forcément qu'une offensive se prépare vers le sud (Poltava).

🔸 En me basant sur mon 1er bilan intermédiaire après la mi-mars, qui reprenait mes constats des 24, 26 et 27 février 2022, ce retrait des troupes met un point final au plan A (assister un éventuel coup d'Etat à Kiev) et poursuit le plan B qui est déroulé simultanément (éloigner les combats de la frontière, divertir l'armée ennemie loin à l'ouest pour alléger le front principal de LDNR et qui se concluait par le retrait des troupes russes, selon le schéma de Géorgie/8.8.8, 8 août 2008, dans lequel l'armée russe n'a pas maintenu sa présence en dehors de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ici les LDNR).

👉🏻 Mais ce retrait ne concerne pas le sud. Kherson et Melitopol, à la différence de Kiev/Tchernigov, reçoivent même des signaux d'une présence sur le long terme, avec des rumeurs de développements d'infrastructures (fibre optique depuis la Crimée notamment) et des travaux de propagande concrets (suppression rapide de la télévision et de la radio kiéviennes, remplacées par leurs équivalentes russes).

👉🏻 De plus, on a noté des rumeurs de renforcement de troupes russes au sud de l'axe Krivoy Rog - Nikopol, laissant supposer à terme l'hypothétique plan C (prise d'Odessa, avec la sécurisation du flanc nord des provinces de Nikolaev et d'Odessa pour éviter une attaque ennemie depuis le centre de l'Ukraine, et permettant la prise de contrôle de l'intégralité des provinces d'Odessa, Nikolaev, Kherson étant déjà acquis).
Mais avant tout, cette accumulation de troupes permet éventuellement quelque chose sur Zaporozhye, qui serait alors prise en enclume par les deux côtés du Dniepr (les troupes russes à l'Est du Dniepr n'auraient qu'à pousser vers le nord à travers Vasilievka).

🔸 Le retrait russe du nord-ouest de Kiev (et éventuellement de Tchernigov) est dangereux et trop extrême, car il permet à l'ennemi de lancer une attaque contre le nord de Tchernobyl, en Biélorussie (attaque ennemie légitime, mais cela ferait entrer totalement la Biélorussie en guerre, alors qu'elle était restée passive jusqu'ici, ce n'est guère judicieux de la part de Kiev) ou contre la Russie via Tchernigov si le retrait russe y est également total.

👉🏻 Dans ce dernier cas, les kiéviens à la recherche d'un acte symbolique qui resterait gravé dans l'Histoire, et dans les mémoires pendant plus d'un siècle, pourraient s'aventurer sur une offensive importante et symbolique vers la province russe de Bryansk (ou sur Gomel en Biélorussie). Cela entacherait la parfaite réalisation de l'opération russe, qui se déroule jusqu'ici en suivant son plan d'origine, à quelques insignifiances près, prévues dans les marges du départ (souplesse sur les dates et les prévisibles impondérables ponctuels). Il conviendrait alors de cesser ce retrait extrême et de maintenir un certain contrôle dans ces régions du nord ukrainien.
A moins que Moscou ne cherche précisément à y attirer des bandéristes dotés d'esprit d'initiative, tel que je viens de l'expliquer. Nous jugerons plus tard.

➡️ Un important mouvement de troupes biélorusses a été signalé, ce qui permet de penser que l'armée biélorusse est préparée à répondre à toute initiative kiévienne contre son territoire.

👉🏻 Le retrait depuis ces territoires permet d'y voir plus clair sur le plan d'ensemble du GQG russe. Notamment par rapport aux 3 questions que j'ai posées le 25 mars et à la 4ème du 30 mars :

1/ Chaudron significatif ou non dans le Donbass ? (On aura rapidement la réponse. L'armée russe prétend qu'un Stalingrad n'est pas prévu, car l'opération devant rester minimaliste, limitée, elle ne doit pas impliquer suffisamment de troupes pour un tel chaudron. Malgré tout, puisque les kiéviens s'accrochent à leurs positions en DNR, il sera nécessaire, au minimum, de fragmenter tout cela, créer des chaudrons locaux et ainsi de suite.)

2/ Retrait des troupes russes depuis les territoires contrôlés par la Russie, sauf en ce qui concerne certaines zones (comme Kherson, Melitopol qui deviendraient des zones tampon, administrativement neutres dans un premier temps). Quant à la poursuite de l'offensive (plan C, prise d'Odessa et désenclavement de la Transnistrie), nous devons attendre encore pour avoir la réponse.

3/ Cette question politique sur ce qu'est la dénazification et la pro-russification devra attendre au moins la fin de la libération des LDNR pour que l'on puisse dégager une idée.

4/ Que faire si Kiev refuse toujours de négocier ? Vers un plan D et l'occupation générale du territoire ; ou prise de contrôle de bandes de territoires tampons et méthode israélienne avec frappes aériennes pendant des décennies sur les bandes armées kiéviennes ?

🔸 Entre le plan C et le plan D, il y a une variante, que je vais nommer C/2 consistant à prendre le contrôle progressif de tout le territoire pro-russe en suivant l'axe Kharkov - Chisinau (en suivant l'autoroute E584/M103), variante que j'ai commencée à évoquer le 31 mars. Le plan C/2 pourrait se limiter à l'axe Kharkov, Dnepropetrovsk, Krivoy Rog, Voznesensk, Krasnyye Okny.

🔸 Ce retrait de Kiev/Tchernigov implique la nécessité de lancer rapidement l'offensive en LDNR, en bénéficiant de l'initiative, avant que les troupes kiéviennes ne s'y re-déploient elles-aussi. Nécessité aussi d'empêcher la venue de renforts ennemis via Poltava et Pavlograd durant toute la durée de l'offensive finale en LDNR. Idéalement, l'offensive devrait être lancée dès le 3 ou le 4 avril (pour laisser une journée aux troupes russes pour s'installer).

🔸 Kharkov... La proximité d'un ennemi important aussi proche de la frontière russe pose des problèmes, notamment à Belgorod, ville et province que les bandéristes entendent faire souffrir comme ils ont fait souffrir Donetsk pendant 8 ans. Il pourrait être pertinent d'en repousser l'ennemi, mais ça ne se fera pas sans moyens conséquents. Il me semble impossible de libérer Kharkov en avril si l'intention est de concentrer les efforts sur les LDNR en vue de leur libération complète pour les célébrations du 9 mai. Kharkov devra attendre.
Dans l'hypothèse où le GQG russe souhaite prendre Kharkov, des moyens importants seront nécessaires, et cela permettra d'espérer quelque chose de plus grand, concernant aussi Dnepropetrovsk, Pavlograd, Zaporozhye (plan C/2).


ANNEXES

05 avril 2022

Les journalistes russes estiment que si l'armée russe se retire de Kherson comme elle s'est retirée du nord de l'Ukraine, les conséquences seront graves :

🔸 Epuration politique des bandéristes contre la population locale (comme à Bucha, en bonus, l'ennemi fait porter systématiquement la responsabilité de ses propres exactions sur la Russie),

🔸 Perte de confiance de tous les ukrainiens pro-russes vis-à-vis des militaires russes et de la Russie, car ils auront peur de toute relation avec les russes, sachant les représailles bandéristes ultérieures. Ils pourraient même considérer les russes comme de faux amis qui ne s'intéressent pas à eux,

🔸 Les kiéviens recommenceront le blocus de l'eau douce contre la Crimée,

🔸 Des troubles internes auront lieu au sein de la Russie.

Donc Kherson va nécessairement rester sous le contrôle russe.

https://t.me/boris_rozhin/39983


➡️ C'est vrai, je ne prends pas suffisamment en compte le facteur des civils dans les conflits militaires, mais la stratégie de diversion et sa conséquence (que je n'avais pas du tout anticipée), peut affecter la suite du plan d'origine (dans le cas où d'autres retraits étaient prévus, en zone pro-russe. Or, il est peu probable qu'il y ait eu cette intention de se retirer de ces zones. Au contraire, j'espère toujours une reprise de l'offensive au sud).

Cette histoire de Bucha peut avoir des conséquences, car cela peut avoir une grande influence sur la réputation, l'image et la politique, autant intérieures que depuis l'étranger, vis-à-vis de la Russie.

Il peut aussi y avoir des conséquences sur le plan d'origine, même dans les zones à majorité non pro-russe, car l'image renvoyée par les tueries bandéristes et leurs mises en scène, voire même simplement par le sentiment de doute que suscite ces abandons de la population, sont désastreux.

Il reste actuellement peu de zones concernées, sauf entre Sumy et Kharkov, où je ne suis pas certain que l'armée russe compte y rester à terme. Sauf à vouloir prendre Kharkov d'assaut, alors que la ville a subi le même sort que Kiev jusqu'ici : aucun encerclement. Ce qui signifie que les kiéviens y ont librement amené des tonnes de moyens durant un mois et demi pour transformer la ville en forteresse. Cela me paraît stupide si l'intention est de saisir la ville ultérieurement. D'autant plus que Moscou a informé ne pas vouloir rejouer Stalingrad.


06 avril 2022

Le 5 avril au soir, il semble que l'armée russe avait abandonné toute la frontière nord de l'Ukraine, de Kiev à Sumy compris. (Carte à confirmer.)

Carte en haute définition : https://t.me/iswnewsmaps/693
Carte à confirmer.

L'abandon de la frontière signifie l'abandon de territoires tampons entre l'Ukraine et le territoire russe. Cela permet à l'artillerie kiévienne de frapper la Russie dans les régions de Bryansk et de Koursk. Les kiéviens pourraient même mener une attaque symbolique contre la Russie, qui resterait gravée dans l'Histoire.

Cela prive aussi la Russie de son moyen de diversion loin des LDNR (qui pourrait encore être compensé par la reprise de l'offensive au sud au-delà de la province de Kherson) ; et de l'option de mener une offensive plus à l'intérieur de l'Ukraine. Exit aussi l'éventuel grand chaudron en piquant au sud depuis Sumy sur Poltava.

Suivant la tendance qu'inspire ce retrait, on peut penser que la présence russe autour de Kharkov ne sert plus qu'à détourner localement des troupes kiéviennes des lignes LDNR, ce secteur devrait être aussi abandonné lorsque les LDNR auront été libérées.


Autant le retrait de Kiev, voire celui de Tchernigov, me semblait tout à fait normal, il aurait même dû se produire plus tôt, avant la mi-mars : avoir plusieurs divisions qui se tournent les pouces là bas alors que le coup d'Etat de l'armée ukrainienne ne se produisait pas après 2 ou 3 semaines était devenu totalement inutile.

(Néanmoins, comment expliquer la prise de contrôle de Slavutych le 26 mars, par le groupe O, à l'ouest de Tchernigov, ville restée dans les arrières incontrôlés des forces russes durant un mois, si dans le même temps, on se prépare à partir de la région ? Quelle logique ?)

Autant le retrait de Tchernigov-Sumy, si tôt, alors que les combats sont loin d'être terminés en Ukraine, est une faute lourde, que je ne peux pas encore expliquer, et que je n'expliquerai jamais (cf. plus bas). Leur abandon était logique après les combats, voire après une totale reddition et démilitarisation de l'Ukraine. En l'absence de ces conditions, on pouvait s'attendre à une zone démilitarisée frontalière d'au moins 120 km, pour éviter les tirs de Smerch et Toshka-U sur le territoire russe. Cela pouvait aussi prendre la forme d'un détachement administratif de ces régions de l'autorité de Kiev avec l'instauration d'autonomies neutres.

Quant à Zaporozhye, la ville et le reste de la province, seront-ils saisis ? Ca serait simple, la prise en sandwich de la ville est simplissime à mener, depuis l'ouest de Nikopol et Vasilievka.
Cependant, en l'état de la communication et des actions du GQG russe, je ne commente rien, mieux vaut rester un observateur passif...

Et Dnepropetrovsk, suite à Zaporozhye, cela coule de source, comme la suite : Nikolaev, Odessa. Et Kharkov. Ce n'était pas compliqué. En exécutant une percée Sumy - Poltava - Pavlograd qui cisaille le pays en deux ou au pire Kharkov - Pavlograd.

Prendre le sud de l'axe Kharkov - Chisinau, c'était simple. Les objectifs stratégiques économiques, militaires et "ethniques" sont évidents.

La population russe était prête à soutenir une offensive majeure, rapide et définitive en Ukraine, et le pouvoir russe n'a pas saisi cette occasion. Il n'a pas non plus saisi l'occasion de profiter des attaques économiques occidentales pour accomplir une fois pour toute l'ensemble de ses propres nécessités.


Puisqu'on s'écarte de la logique élémentaire, je vais faire le point sur d'autres illogismes du GQG russe dans le passé récent, vous verrez que le problème est courant.


Syrie. Palmyre est choisie comme objectif prioritaire, purement par symbolisme. Une première offensive a lieu en mars 2016 sans chercher à repousser l'ennemi très loin. Les terroristes sont laissés à moins de 30 km de Palmyre, à portée d'artillerie, dans les djebels du désert. Là, les forces russes et les Tiger forces, unique groupe de combat syrien, se replient et foncent sur un autre front, Alep, en ne laissant qu'une poignée d'hommes sur place. Crainte générale, mais on se dit que les russes savent ce qu'ils font. Quelques mois plus tard, en décembre 2016, les terroristes contre-attaquent Palmyre, sans surprise. La poignée de soldats russes et d'unités secondaires syriennes se retirent sans avoir le temps de détruire leurs stocks de munitions, de la nourriture reste sur les tables etc. Panique générale. Résultat épouvantable en terme de symbolisme.

Une deuxième offensive sur Palmyre en mars 2017 est lancée, quand le front d'Alep permet de dégager les Tiger forces, un nettoyage plus profond et des moyens plus sérieux règlent le problème, avant de poursuivre jusqu'à Deir Ez Zor en été.


Hama-Idleb : l'offensive est lancée en octobre 2017. Les lignes de défense terroristes sont enfoncées, ensuite la progression est aisée. J'ai expliqué la raison : une fois que le no man's land est percé, il faut en profiter au maximum ! A l'époque, j'ai toujours dit qu'il fallait se méfier de la Turquie, qui pourrait venir aider les terroristes. En janvier 2018, la Turquie envahit Afrin, confirmant l'urgence d'atteindre rapidement la frontière d'Idleb pour l'empêcher de s'en emparer. Eh bien, le GQG décide d'une interruption militairement totalement inexpliquée en février 2018, pour aller éliminer les enclaves terroristes, totalement stabilisées depuis des années, à Damas et Homs puis à Daraa au sud, laissant l'ennemi reconstruire une ligne défensive à Idleb. On a essayé d'expliquer cela par la volonté de dégager Damas et donc de gagner une victoire politique. Quand la politique prime sur le militaire, la catastrophe est garantie. On a aussi dit que c'était Damas qui définissait la stratégie et non Moscou. Libre à chacun de le croire.

Pire encore ! Le GQG transfère tous les terroristes présents dans ces enclaves à Idleb ! Rien que depuis les banlieues de Damas, on parle de 62 mille terroristes, dont leurs complices, qui sont transférés à Idleb, et qui pourront venir aider leurs copains pour défendre la province qu'ils occupent ! Quelle logique militaire cela suit-il ? Absolument aucune. J'ai toujours critiqué vivement, à la fois cet arrêt de l'offensive, et le transfert de renforts terroristes.

En automne 2018, l'armée russe, en son nom propre, décide de négocier la libération de Daraa avec les terroristes et non de mener une offensive. On a tenté de l'expliquer par une volonté de s'épargner des combats. Puis Moscou transfère les terroristes à Idleb. Résultat : en 2022, c'est encore très instable à Daraa. Et ce choix a encore augmenté le nombre de terroristes à Idleb à l'époque.


Avril 2019, que fait la Russie ? Elle reprend l'offensive pour libérer les autoroutes économiquement stratégiques M4 et M5. Evidemment, les terroristes ont préparé leur défense en un an, et l'armée turque est venue les renforcer, grâce à des "postes d'observation" négociés avec Moscou dans les "accords de Sotchi" d'automne 2018. On mettait ça sur le compte de la naïveté et de l'extrême gentillesse de Moscou...

Septembre 2019, une nouvelle pause inexpliquée intervient... Mettons cela sur le compte d'un repos nécessaire.

Décembre 2019, reprise des combats dans une offensive énergique... En mars 2020, la Russie arrête l'offensive sur Idleb, quasiment à la sortie de la ville de Saraqeb, dans la plaine d'al Ghab et au nord du djebel Zawiyah, car la Turquie se met à combattre en son nom propre pour défendre les terroristes d'Idleb. Les accords de Moscou sont signés le 5 mars 2020, qui autorisent de fait la Turquie à déployer son armée à Idleb, avec de très nombreux "postes d'observation" qui lui servent pour défendre le territoire terroriste.

Pour sa part, Ankara devait assurer la libre circulation sur l'autoroute M4 et restituer le territoire au sud de la M4 à Damas, sous quelques semaines. Rien de tout cela n'a été fait, et au lieu de reprendre immédiatement les combats, la Russie a laissé la Turquie établir ses bases sur tout le pourtour du territoire qui est maintenant défendu par plus d'une division de troupes turques. Comment reprendre la libération d'Idleb dans la situation suivante ?

Certains ne se moquent-ils pas du monde avec cette succession d'échecs à leur actif ?

Alors, on me demande de commenter la stratégie russe en Ukraine. Outre l'occasion manquée de conserver Ianoukovitch en février 2014 et de le transformer en président fantoche en exigeant de lui une demande d'assistance contre le coup d'Etat... Sans parler de la longue attente, 8 années, durant lesquelles l'irrespect des accords de Minsk 1 & 2 n'ont jamais rencontré de conséquences sérieuses...

Il y a des choses que je ne peux pas expliquer. Non pas dans leur globalité, comme le font la plupart des commentateurs défaitistes ou anti-russes, mais dans les détails, qui deviennent importants. Il y a un certain nombre de décisions et de choix qui ne trouvent aucune explication. Les retraits de Kiev et Tchernigov s'expliquent (mais alors, pourquoi avoir tant attendu, ou pourquoi avoir pris Slavutych 3 jours avant de partir, alors qu'on s'est tourné les pouces pendant 30 jours au nord-est de Kiev ?). Les retraits de Tchernigov-Sumy auraient pu s'expliquer, mais il y a au moins un problème de calendrier.


Pour autant, il ne faut pas non plus dramatiser, la Russie arrive toujours à peu près à ses fins, même si elle se contente toujours de peu : donc n'espérez pas une victoire exceptionnelle. Les LDNR seront libérées, avec un peu de chance, Kherson et l'essentiel de Zaporozhye seront conservées, Moscou y est contrainte par les événements de Bucha, et je pense que la prise du sud de l'Ukraine était prévue dans tous les cas pour protéger la Crimée.

Avec un miracle, le GQG décidera de prendre le reste de Zaporozhye. Un miracle encore plus grand fera décider le GQG de la prise d'Odessa, voire de Dnepropetrovsk. Et s'il décide de prendre Kharkov, alors là, bravo.

Quant aux tactiques de blitzkriegs incomplètes que j'ai expliquées le mois passé, je n'en comprends toujours pas la logique... Fort heureusement, elles n'ont pas fait leur retour depuis début mars.


12 avril 2022

Notez que dans mon bilan du 3 avril (dans l'article principal, ci-dessus), j’avais cité le “Pearl Harbor” suggéré par Rybar le 29 mars, renouvelé aujourd’hui, (il est aussi intéressant de citer cet article) en région de Bryansk/Koursk ou en Biélorussie, ainsi :

A moins que Moscou ne cherche précisément à y attirer des bandéristes dotés d'esprit d'initiative, tel que je viens de l'expliquer. Nous jugerons plus tard.”

Est-il temps d’élaborer ce que j’appellerai, la charnière entre le plan B et un plan moins minimaliste ? C (prise du sud-ouest ukrainien) ou C/2 (prise de l’axe Kharkov-Chisinau) ou surtout D (prise de tout le pays ou presque) ?

Je n’ai pas donné de lettre au plan qui peut optionnellement se greffer au C ou C/2. Consistant à ajouter une bande de sécurité tout le long de la frontière russe voire biélorusse. Je voudrais l’appeler D/2, une version minimisée du plan D. Le problème est que le plan D/2 impose de prendre Kharkov, Kiev, voire une partie de l’ouest ukrainien. On est très loin d’une opération minimaliste…


Pour vous retrouver dans les plans que je cite régulièrement, les lettres correspondent à des variantes plus ou moins lourdes :

Plan A : opportuniste, facile, coup de bluff, Kiev se rend en 2-3 jours.

Plan B : minimaliste, scénario géorgien, on ne conserve que les LDNR après avoir mené temporairement des opérations en profondeur. Peut se dérouler simultanément au plan A.

Plan B/2 (que je n’ai jamais évoqué, étant pris de court) : opportunisme militaire et égoïsme politique, on “oublie” de se replier des territoires pro-russes utiles à la Russie, au nord de la Crimée, pour les conserver. Peut se dérouler simultanément au plan B.

Plan C : égoïsme politique (mais on n’est plus dans l’opportunisme militaire), on se concentre sur les territoires pro-russes, on ajoute Odessa et on désenclave la Transnistrie. On ajoute aussi Nikolaev, cela va de soi. Peut se dérouler simultanément ou après le plan B/2.

Plan C/2 : toujours dans l’esprit égoïste politiquement (et non plus dans l'opportunisme militaire), on ajoute le contrôle progressif de tout le territoire pro-russe en suivant l'axe Kharkov - Chisinau (en suivant l'autoroute E584/M103). Le plan C/2 pourrait se limiter à l'axe Kharkov, Dnepropetrovsk, Krivoy Rog, Voznesensk, Krasnyye Okny. Peut se dérouler simultanément au plan B/2 ou C.

Plan D : on passe sur une variante dure, maximaliste. On prend tout le pays ou presque, sur le schéma syrien, par endroits par la force, par endroits par des négociations inefficaces, en transférant les racailles terroristes dans un coin du pays, près de la frontière OTAN. A moins que l’OTAN ne veuille héberger ses copains directement chez elle. Ensuite, il faut gérer la partie maintien de l’ordre, guérilla, le terrorisme bandériste… Il y en a pour des années voire des décennies de guerre non conventionnelle.
L’exemple syrien montre même que pour bien réussir une pacification, il faut pousser l’ennemi au combat : les territoires où l’ennemi ne s’est pas pleinement engagé dans le combat (Daraa) voient une présence persistante de terroristes "maquisards" après l’armistice, provoquant même ponctuellement la reprise des hostilités et de nouveaux armistices ultérieurs. Alors qu'à contrario, les territoires où l’ennemi a totalement pris les armes (le reste du pays où le terrorisme a été vaincu par les armes) sont devenus totalement paisibles après le transfert des racailles terroristes à Idleb/Jarablus.
Ce plan est séparé de tous les autres, plus il est fait tôt, mieux c'est. Avec isolation de la frontière ouest Lutsk-Odessa, ou au moins de la partie extrême ouest du pays si l'on crée un Idleb ukrainien à l'ouest de Jytomyr.

Plan D/2 : une variante maximaliste plus légère (qui était déjà appliquée partiellement  jusqu’à fin mars, faisant partie du plan B) où une bande territoriale de sécurité est conservée à la frontière russe voire biélorusse. Puis, on utilise sur le long terme la stratégie israélienne contre la Syrie et le Liban avec des frappes aériennes sur les éléments hostiles.
Peut se dérouler simultanément à tous les plans supérieurs de l'arborescence : B, B/2, C, C/2 (il est déjà inclus dans le D).
C’est assez coûteux puisque la longueur de la ligne de front à défendre est importante : tout le nord, tout l’Est et, selon le cas, le nord de la Crimée (Kherson - Melitopol) ou d’Odessa à Zaporozhye/Dnepropetrovsk/Kharkov si le plan C ou C/2 est en vigueur simultanément. Et ce, sans limite de durée.

Plan D/3 (ajouté le 12 septembre 2022) : une variante allégée du plan D/2, conforme à la stratégie d'avril-septembre : aucune bande de sécurité spécifique n'est conservée en Ukraine. Recours à la stratégie israélienne contre la Syrie et le Liban avec des frappes aériennes sur les éléments hostiles et l'infrastructure du pays. 

Peut se dérouler simultanément à tous les plans supérieurs de l'arborescence : B, B/2, C, C/2 (il est déjà inclus dans le D). 

Sans limite de durée. Le but est de détruire l'économie ukrainienne, d'y rendre incompatible la vie moderne, et de pousser l'Europe à dépenser davantage de ressources en Ukraine.


Le Pearl Harbor permettrait surtout de servir de prétexte pour engager la population russe dans le plan D ou D/2, nécessitant plus de moyens en personnels militaires (utilisation des conscrits et/ou mobilisation). Mais l’effet de surprise étant perdu aujourd’hui, ne pas avoir déroulé le plan D/2 ou D dès le début va rendre les choses plus difficiles dans les grandes villes.


La question est : cette ruse de l’option du Pearl Harbor, était-elle pensée dès le début ?

A moins que tout cela ne soit farfelu, raison pour laquelle j’évite d’élaborer trop tôt des idées.

Pour les observateurs, les plans A, B et B/2 appartiennent au passé ou presque, nous en sommes à "la veille" des plans C, C/2 et/ou D/2 ou D. Ou une variante que je n'ai pas imaginée (j'espère qu'il n'y aura pas de conflit gelé, ça serait encore un choix pourri).


Honnêtement, je serais assez surpris par le Pearl Harbor, puisque ce n'est pas dans l'habitude des russes. Si le pouvoir veut attaquer l'Ukraine, il attaque l'Ukraine, et la population suit. Ce n'est pas la population occidentale, féminisée, qu'il faut manipuler pour amener à la guerre. Mais pourquoi pas...

Publications citées dans cette annexe :

https://t.me/actualiteFR/16619
29 mars 2022


https://t.me/actualiteFR/16771
(Pour zoomer, clic droit, ouvrir dans un nouvel onglet)
11 avril 2022 (traduit le lendemain)


https://t.me/actualiteFR/16772
(Pour zoomer, clic droit, ouvrir dans un nouvel onglet)
12 avril 2022


14 avril 2022

Le régime politico-militaire US va organiser une réunion avec ses industriels militaires pour discuter des options pour soutenir la production d'armes à un rythme élevé sur le long terme, en vue de fournir sa propre armée ainsi que l'armée ukrainienne en armes si la guerre s'éternise pendant plusieurs années.

https://t.me/rybar/31134


Comprendre : les USA considèrent l'Ukraine comme un pays quasiment annexé à leur alliance la plus proche, et la Russie comme leur principal ennemi à combattre militairement.

Pour les oligarques de l'armement, il s'agit de blanchiment d'argent public : se faire transférer une montagne d'argent public sous un prétexte d'apparence légitime.

Pour les finances publiques US, dans la théorie, Kiev devra rembourser, donc plus les USA fournissent des armes, plus la dette est creusée, plus le régime politique de Kiev et sa population deviennent esclaves des USA et de leurs oligarques.

En réalité, la dette n'est jamais remboursée, ce sont les USA qui paient. En revanche, la partie kiévienne devient bien esclave pour le compte des oligarques US, via les réformes législatives exigées par les marchés financiers pour l'obtention des prêts (réformes dont profitent les oligarques US). Et si Kiev ne paie plus (par changement de régime, ou désaccord ou par Zz), elle a intérêt à se réfugier sous le parapluie russe...


Bref, Moscou sait parfaitement cela, elle sait qu'elle doit à tout prix ne pas s'embourber dans un Afghanistan 2.0, donc on peut estimer que les choses sont orchestrées pour répondre à ce problème, et qu'une astuce originale est prévue pour le désengagement.


Colonel Cassad mentionnait hier soir que plus l'occident enverrait d'armes en Ukraine, plus cela rapprocherait le scénario de "crise des missiles nucléaires de Cuba". Cela pourrait être une astuce originale (que CC et mois rappelons régulièrement depuis les négociations de janvier 2022, puis J+3 le 27 février). Le jour là, on rigolera moins, puisqu'il faudra pousser très loin.


Par exemple, si je suis le négociateur US, je sais que Moscou n'osera jamais tirer. Donc comment me contraindre à prendre au sérieux la partie d'en face ? Sachant que dans le camp US, il y a des gens qui élaborent le concept de la guerre nucléaire en tant qu'arme d'emploi (et non de non-emploi), et qui n'attendent que cela. Ce n'est pas l'hypothétique arme hypersonique russe, dont je n'ai jamais vu de preuves d'existence autrement que sur infographie générée par ordinateur, qui m'inquiéterait. Peut-être aurons-nous la réponse dans quelques mois 😊.


(Et ça ne me rend absolument pas anxieux. Ce ne sont pas les choses extravagantes qui me rendent anxieux. Comme pour le SRAS-2, je serai encore un des seuls à éclater de rire en profitant, j'espère bien, de routes désertiques où il fera bon de circuler avec joie, pendant que la masse claquera des dents de peur, terrée en-dessous de son lit, volets fermés, attendant l'échange nucléaire qui n'arrivera pas. Et s'il arrive, eh bien qu'il arrive.)


16 avril 2022

Colonel Cassad a retransmis un avis populaire en Russie

Par @togarma301


« L'un des principaux problèmes de la Russie est qu'elle n'est toujours pas passée au régime de guerre, mais est restée dans un régime d'opération spéciale, et sans cette transition, il n'y aura pas de victoire dans la guerre.


Quand, au début du conflit, l'armée et le Kremlin ont qualifié tout cela d'opération spéciale, ils ont automatiquement tout ramené dans le cadre d'une simple opération spéciale. Depuis, le conflit a évolué, il est devenu clair qu'il n'y avait pas du tout d'opération spéciale, même si c'était le souhait au départ, mais ce cadre minimaliste est resté en vigueur. La plupart des politiciens, des fonctionnaires et même des militaires, continuent de rester dans ce cadre, ne réalisant pas qu'une vraie guerre se déroule. Par conséquent, cette auto-tromperie généralisée conduit à la réalisation d'erreurs grossières qui, sans être fatales, peuvent devenir mortelle à l'avenir.


De plus, Moscou se contredit : d'une part, elle se rend compte et dit publiquement que la majeure partie du monde occidental agit contre elle, ainsi que l'une des plus grandes armées d'Europe et presque toutes les institutions économiques et militaires occidentales. Mais Moscou se comporte en même temps comme si une simple opération militaire très localisée était en cours. Il s'agit d'une auto-tromperie qui peut se retourner contre nous si nous ne changeons pas d'approche et n'appelons pas un chat un chat et si nous ne préparons pas à la fois l'armée, l'appareil d'État et les citoyens à être mis devant la réalité.


Si au début du conflit, l'Occident se limitait à des attaques économiques, des fournitures d'armes légères et à la fourniture de renseignements, Kiev est maintenant sous perfusion d'armes à une échelle complètement différente : fournitures sans fin de divers systèmes antichars, de MANPADS, de systèmes de communications, d'équipements lourds ou légers, d'artillerie, de missiles anti-navires, de DCA, de drones et peut-être bientôt d'avions.


Ce n'est plus une situation en demi-teinte. Les menaces envers l'OTAN et l'Occident concernant leur fourniture d'armes n'ont manifestement eu aucun effet. Si, au début, l'OTAN a nié et déclaré qu'il n'y aurait pas de telles fournitures, maintenant que tout est fait ouvertement, notre réaction est restée en de simples avertissements oraux. L'Occident le voit très bien et en tire des conclusions.


Moscou doit d'abord admettre qu'il y a une guerre, qu'une partie du monde est en guerre directe contre la Russie, qu'il n'y a pas d'opération spéciale en Ukraine et qu'une telle opération minimaliste ne peut être concevable. Moscou doit transférer tout le conflit en régime de guerre réelle et passer l'État sous le régime martial. Les officiels, les fonctionnaires, les militaires et les citoyens doivent le savoir et le comprendre. C'est extrêmement important. Il n'y aura pas de demi-victoire locale, il n'en est pas question, le train de la guerre est parti depuis longtemps.


Les principales raisons qui ont amené la Russie au 24 février 2022 sont, entre autres, de nombreuses années de demi-vérités, une série d'erreurs et d'indécisions diplomatiques, le manque de conscience de l'inévitable, un manque de stratégie, des demi-tours constants en tout. Tout cela a conduit au fait que les lignes rouges se sont déplacées vers la Russie, et ce qui semblait impossible hier est devenu une réalité aujourd'hui, et les réactions de Moscou ressemblaient davantage à de légères impulsions fantômes. L'Occident l'a vu et a continué à faire avancer le front. Et, malheureusement pour Moscou, cela n'a pas pris fin, même maintenant, dans le cadre du conflit en Ukraine.


Le 24 février, les ponts ont été coupés, Moscou doit non seulement comprendre cela, mais aussi agir en conséquence. Il n'y a pas de retour en arrière, il n'y a qu'un seul chemin, et pour le surmonter, il faut agir avec toute notre force et sans regarder en arrière. »

https://t.me/boris_rozhin/42739


Options & réflexions ⤵️

🔸 Il est possible que contrairement aux apparences, le pouvoir russe ait précisément voulu la situation actuelle, comme il a aussi voulu la situation de guerre inachevée en Syrie, et la vraie question est de savoir pourquoi. La réponse apportera la cohérence, la clé de compréhension.

🔸 Si c'était de la pure incompétence, le pays n'aurait pas réussi à se développer depuis son état de ruine de 1999, et aurait déjà été transformé en grande Ukraine. On a l'exact opposé.

🔸 Ce n'est pas faute, depuis des années, d'avoir appelé à s'inspirer de la Corée du Nord, consistant à faire une peur effroyable et à recréer une guerre froide dure. C'est ce qui crée le respect. Isoler la Russie de l'occident mondialiste, la préservera de l'hostilité militaire, culturelle, financière, démographique (politique sexuelle) etc.

Sur ce point, Moscou n'a fait peur ou n'a impressionné personne depuis deux mois...

👉🏻 Eh bien maintenant il faut assumer. Au pire, il reste un joker, quand on aura décidé d'arrêter de jouer...

👉🏻 Mais attendez avant de pleurnicher ainsi, on fera le point quelques mois après la libération complète des LDNR. Qui ne sera pas achevée pour le 9 mai, je préviens tout de suite, ça va prendre du temps (contrairement à ce que j'ai écrit début avril, puisque le GQG russe s'inspire du rythme syrien : pas trop vite...). A moins que les occidentalo-kiéviens ne décident de se replier d'eux-mêmes pour éviter la destruction du gros de leurs troupes.

👉🏻 Après l'étape de la libération des LDNR, quelques mois plus tard, on saura quel est le vrai objectif de Moscou : s'arrêter là (et à quelques provinces pro-russes). Ou poursuivre.

D'ici là, je préfère prendre un peu de retrait et m'en tenir à l'observation, car il n'est pas utile de raconter n'importe quoi, des propos qui ne se vérifient pas dans le temps, une chose dont j'ai horreur et qui ne peut que devenir la norme en l'absence de nouveautés venant du terrain.


17 avril 2022

Pour répondre au commentaire disant que "laisser entrer les armes en Ukraine pour les détruire ensuite permet de démunir les pays de L'OTAN progressivement" : ce n'est pas aussi simple 😳, car la Russie consomme aussi des armes et des munitions, et le rapport de la force industrielle est forcément en désavantage du pays qui se bat à 1 contre 20 (selon le budget militaire).


Par contre, il y a une autre variable à prendre en compte, la même qu'en Syrie : considérant que les pertes des racailles sont beaucoup plus importantes que les pertes russes, le consommable n'est pas simplement la munition, mais aussi le kiévien et ses quelques renforts de mercenaires. Et si le ratio de pertes est clairement en faveur de la partie russe, alors il faut faire une courbe à partir de la moyenne des pertes pour déterminer dans combien de temps les racailles kiéviennes n'existeront plus et cesseront d'importuner les citoyens ukrainiens et russes.


Voyez comment les choses sont bien faites : j'écris cela et @rybar fournit à l'instant la mise à jour des pertes kiéviennes !

37 mille pertes parmi l'armée régulière et 3 500 parmi les bandéristes, un total supérieur à 40 mille, en moins de deux mois. Cela inclut les disparus, les blessés graves et les prisonniers.

Si on a une moyenne de 20 mille pertes par mois, les résultats de cette attrition devraient se faire sérieusement ressentir d'ici quelques mois.


Bien sûr, nous n'avons pas les chiffres des pertes russes. Mais puisque les combats à grande échelle n'ont pas encore commencé pour les forces russes, le ratio est encore très bon et reflète toujours l'asymétrie des frappes (essentiellement par missiles de croisière, missiles balistiques, bombes aériennes, roquettes aériennes). Sauf à quelques endroits où le ratio peut être moins bon quand les combats se font au contact, le défenseur ayant des avantages. Le ratio peut certainement se situer entre 1 à 10 et au pire, 1 à 3 (mais 1 à 3 serait catastrophique compte tenu du peu de combat qui a eu lieu).


Quant aux troupes de LDNR, les pertes ont dû être plus conséquentes en raison de leur attaque des lignes ennemies en frontal. Cependant, leurs statistiques sont séparées.


Donc dans le sens de l'attrition des moyens humains, le temps joue toujours pour la partie russe. Sauf si Moscou restitue les prisonniers kiéviens au fur et à mesure des combats (en dehors des échanges de prisonniers à 1 contre 1). C'est ce qu'ont fait Damas et Moscou en Syrie, en ayant transféré les racailles sur Idleb-Jarablus pendant des années. Une stratégie débile qui consiste à vider l'océan en basculant un sceau d'eau pris du côté bâbord, vers tribord. Ce n'est pas ainsi que Berlin serait tombée en 1945, si les allemands de Stalingrad et d'autres chaudrons avaient été restitués à Berlin au fur et à mesure des combats. Un concept totalement nul.


25 avril 2022

L'objectif stratégique officiel des USA (https://t.me/boris_rozhin/44993) demeure inchangé : détruire les capacités offensives de l'armée russe, afin qu'elle ne soit plus capable d'influencer la politique à l'extérieur de ses frontières. Les USA n'acceptent aucune concurrence. Cela fait des années qu'ils sont constants dans cet objectif.

Ainsi, ils comptent faire durer éternellement la guerre en Ukraine pour provoquer l'attrition des forces russes jusqu'à ce qu'elles soient usées jusqu'à la corde.

Il va de soi que le GQG russe en a conscience depuis avant-même le début des hostilités, c'est ce qui explique sa retenue excessive pour ne pas se laisser entraîner dans une escalade mortelle : un pays seul ne peut l'emporter contre tout l'OTAN, la capacité de production de l'industrie militaire ne peut pas suivre sur le long terme.


Militairement, on peut penser qu'en frappant vite et fort dès le début, en saisissant la frontière ouest, la guerre aurait été mieux contrôlée. Le GQG refuse cette vision des choses, et on peut peut-être le comprendre, car le contrôle de l'Ukraine aurait été difficile, car coûteux en moyens humains et matériels, en particulier en ce qui concerne le contrôle des grandes villes hostiles.


De plus, le GQG russe n'a pas envie de gérer l'après-guerre sur un territoire aussi grand, que l'OTAN chercherait à transformer en Afghanistan, ce qui revient au même : un conflit éternel. A choisir entre une longue guerre conventionnelle comme on la voit, et une longue guerre non conventionnelle, je préfère la première option.


J'avoue que si je suis assez dans mon élément dans la partie conventionnelle des guerres, la partie non conventionnelle, qui succède à la partie conventionnelle, n'est clairement pas mon domaine d'expertise, ni mon domaine d'intérêt. C'est un peu de l'égoïsme, du genre "voilà, je vous ai vaincu l'armée adverse, maintenant démerdez-vous avec le reste, je m'en lave les mains". Vous trouvez exactement ici ce qui a attiré ma curiosité dans le conflit syrien, en 2013-2014 : l'armée syrienne réussissait à gérer l'étape qui succède à celle du conflit conventionnel, face à des terroristes : il y a peu d'attaques terroristes dans les zones libérées. C'est ce qui m'a poussé à étudier le savoir-faire de Damas pour apprendre. Donc, assez mécaniquement, sans chercher à innover en la matière (car beaucoup d'armées se sont cassées les dents sur cette partie là dans le passé, inutile d'avoir la prétention d'être plus compétent), je suggère de s'inspirer de la méthode appliquée par le maître en la matière, Damas. Sauf sur Daraa ! Moscou a tenté de pacifier Daraa à sa manière, par des négociations, et là, c'est un échec absolu, le terrorisme est toujours très actif.


Donc, je suggère de s'inspirer de la méthode de Damas, car elle a fait ses preuves. Les Syriens ont été très bons, et sur cette partie, ils gagnent à être observés. Cela passe par un transfert des terroristes dans un territoire éloigné, comme à Idleb-Jarablus, où ils sont plus facilement contrôlés et moins gênants. Même si j'étais opposé à cela à l'époque, force est de reconnaître que c'est plus efficace. Pour éviter de reproduire les mêmes erreurs qu'en Syrie, il convient de réfléchir à l'avance aux limites de ce territoire pour qu'il ne menace pas d'endroits stratégiques (comme encore aujourd'hui l'autoroute stratégique M4 qui reste sous contrôle des terroristes au sud d'Idleb).


Bref, comme depuis le premier jour du conflit, la question très intéressante est de savoir ce que le GQG russe a prévu comme scénario original de sortie de guerre. On finira par le savoir 😊


27 avril 2022

https://t.me/actualiteFR/16926
(Pour zoomer, clic droit, ouvrir dans un nouvel onglet)
27 avril 2022


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