Simulation, bataille de la rivière Chambinga, 9 novembre 1987

Simulation, bataille de la rivière Chambinga, 9 novembre 1987

Actualités mondiales & françaises


(Reconstitution historique)


Ordres de mission

Pour être considérée réussie par le pouvoir politique, la mission nécessite d'avoir atteint les éléments suivants à l'issue de la bataille :

  • Conserver plus de 70 % de la puissance de combat,
  • La puissance de combat de l'ennemi doit être tombée à moins de 30 %,
  • Contrôler au minimum tous les objectifs sauf 1 à 2 mineurs ou 1 moyen,
  • Ne pas engager les unités en réserve, ou le moins possible, serait un plus.

Nous connaissons les objectifs exigés par le pouvoir politique ennemi à son commandement militaire :

  • Tenir au minimum la moitié des objectifs, pondérés par leur importance, sachant que 2 sont déjà perdus (il peut perdre 1 principal et 2 mineurs, 1 principal et 1 moyen, 2 moyens et 1 mineur etc),
  • La puissance de combat de l'ennemi inférieure à 50 % serait un plus,
  • Préserver le plus de puissance de combat possible.

Ainsi, les deux parties peuvent très facilement perdre ces objectifs politisés, donc perdre chacune la bataille (aucun gagnant), la défense est favorisée par des objectifs politiques plus réalistes, l'attaquant est clairement dans l'exagération en exigeant d'écraser l'adversaire sans subir de sérieux dommage.

Situation de départ

Réflexions de départ

Les guerres modernes sont avant tout politiques. Ici, l'Afrique du Sud affronte l'Angola en 1987, je choisis le camp de l'Afrique du Sud, car elle est en attaque.

Etant militariste et non politicien, je ne tiendrai pas compte des ordres politisés fantaisistes et exagérés. Si le politicien veut faire la guerre selon ses propres concepts hollywoodiens, qu'il prenne les commandes lui-même, je ne suis pas compétent en politique.

Ce premier problème évacué, voici la mission que je me fixe et qui définira, à mes yeux et non aux yeux du pouvoir politique, ma victoire : l'ennemi cherche à gagner du temps dans sa retraite, nous devons capturer le plus rapidement possible l'ensemble de ses positions défensives pour déverrouiller l'accès à ses éléments en fuite vers Cuito-Cuanavale. Ceci pour le cas idéal.

Le compromis serait de dégager la route principale ou au minimum un passage par les routes secondaires au nord.


N'étant pas compétent en guerre autre que de type "Seconde Guerre Mondiale", il s'agit ici surtout de faire un test. Pas même un entraînement, car un entraînement enchaînerait d'abord les batailles défensives, quelques timides contre-attaques, avant de se lancer dans le rôle de l'attaquant, de façon à apprendre. Ici, je ne cherche pas à apprendre, mais à constater la différence entre l'approche moderne de la guerre et celle des années 1940.

Disons que cela me place à la tête d'un groupe de soldats d'une armée non préparée à qui l'on donnerait l'ordre soudain d'en attaquer une autre. Toute ressemblance avec le présent...

Nous verrons si je parviens à remplir ma propre mission, et dans quel état mes troupes seront à la fin, étant extrêmement habitué aux combats de la Seconde Guerre Mondiale, et très peu habitué à diriger des combats modernes.

Etude initiale approfondie et premiers ordres (stratégie)

La prise de connaissance de nos capacités de ravitaillement nous fait prendre conscience de l'ampleur réelle des bâtons que nous met la politique dans nos roues.

On ne nous attribue qu'un nombre de personnels extrêmement réduit et un ravitaillement extrêmement petit, en nous demandant le maximum.

Le ravitaillement à notre disposition indique que nous devrions avoir suffisamment de quoi mener des batailles intensives pendant une journée entière. Cela signifie que nous devons être particulièrement efficaces, car la mission s'étend sur 2.5 jours ! Les deux tiers du temps, nous devrons éviter de combattre intensivement. Nous devrons faire le point sur la dépense en munitions et en carburant dans la nuit, et il est certain qu'avant demain matin, nous devrons probablement être repassés en défense si nous n'avons pas "déjà" terrassé l'adversaire. Autrement, nous n'aurons plus rien pour nous battre.

Par ailleurs, nous n'avons quasiment aucune réserve de troupes. C'est-à-dire que chaque pertes ne pourra pas être compensée et la taille de nos unités va fondre au fur et à mesure des combats. Ceci confirme l'impossibilité de mener des batailles dans la durée.

En termes "Seconde Guerre Mondiale", il n'y a aucune valeur combative dans le groupe que nous avons, sauf pour mener un à deux assauts par unités engagées, et éventuellement une ultime défense en économisant les munitions et en priant bien fort... Et ce, si l'ennemi est de taille à peu près comparable.

Les restrictions politiques à la guerre moderne sont extrêmement contraignantes : on nous demande de réfléchir pour saisir du terrain et exterminer l'ennemi sans subir nous-mêmes de pertes. Ce n'est pas réaliste.

Dois-je limiter mon offensive aux moyens qu'on me donne ? C'est-à-dire ne pas attaquer et rester en défense. Car telle est la vraie décision que je devrais prendre : il est impossible de se lancer dans une offensive avec si peu de moyens.

Mais faisons "comme si" l'ennemi était dans la même situation, et nous verrons ce qui adviendra... Peut-être finirons-nous à 2 soldats se tapant dessus à l'arme blanche... N'ayant aucune idée de la composition optimale de mes groupes de combat (qu'est-ce qu'un bon groupe orienté antichar, ou antipersonnel, ou polyvalent, et/ou défensif, ou offensif) avec l'équipement moderne dans la guerre moderne, partons du principe que le peu de moyens alloué permettra de faire quelque chose...

L'avantage des guerres modernes politisées est que nous avons du temps. 2 jours et demi pour saisir les objectifs assez proches, nous permet de réfléchir et mettre en œuvre des manœuvres tactiques plus poussées. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il était rare d'avoir autant de temps pour si peu de moyens engagés et de surface de terrain à contrôler.

Bien que, je connaisse assez mal le rapport de force nécessaire pour obtenir gain de cause dans un combat moderne... Durant cette longue période de temps, puisqu'il nous faudra limiter les combats pour éviter d'être en pénurie de munitions ou de troupes, cela va limiter drastiquement l'envergure de notre offensive.

Comme déclaré plus haut, dans un premier temps, faisons abstraction de ces limites, nous réduirons la voilure ensuite : nous frapperons ainsi violemment au départ, puis nous nous reposerons sur nos acquis, pendant que l'adversaire sera désorganisé.

Le nord et le sud de l'ennemi ne sont pas protégés. Nous allons y dépêcher des unités pour ensuite tenter des batailles sur plusieurs flancs : l'Est d'une part, et le nord et le sud d'autre part. De plus, cela bloquera une manœuvre similaire de l'ennemi puisque nous avons ici l'initiative. Si l'ennemi est extrêmement faible et que nous ne perdons pas de troupes ni de munitions, nous tenterons de couper ses arrières pour l'encercler et l'annihiler entièrement, alors il sera étouffé, privé de ravitaillement, mais cela est complexe et compte-tenu de nos propres limites, nous verrons si cette opportunité est possible, ce qui est douteux.

Dans le cas où la manœuvre n'est pas concluante, nous attaquerons traditionnellement de face, depuis l'Est, mais ce n'est franchement pas ce qui me réjouit le plus.

L'idée sera de limiter dans un premier temps l'envergure de l'opération à la saisie des objectifs en colonnes 5 et 6, puis de poursuivre vers l'ouest en colonne 4 si nous le pouvons, et enfin de dégager la route principale ou les routes secondaires, ensuite. Si nous pouvons assez rapidement couper les arrières de l'ennemi, bien sûr, nous l'attaquerons d'abord par ses arrières et reviendrons en colonne 4 ensuite, mais cela ne semble pas raisonnable compte-tenu de la faiblesse de nos troupes.


Nous menons nos premières reconnaissances au nord, n'y trouvons aucune présence ennemie, et y envoyons nos premières troupes dans les arrières de l'ennemi, ainsi que devant lui. Nous ne conservons rien pour protéger nos arrières car des renforts arrivent à midi, l'ennemi étant en retraite il est improbable qu'il se lance dans une attaque qui étirerait son dispositif, et s'il se lance dans cette aventure, cela réduira d'autant sa densité de troupes où nous nous trouvons, où nous pourrons le couper de ses arrières.

Au nord-ouest, nos troupes débouchent dans une forêt et sur des hauteurs. Nous n'attaquons pas, laissons le temps à nos troupes en colonnes de prendre leurs positions (inutile de se presser), et de se défendre en cas d'attaque ennemie. Le but, vers midi, sera d'attaquer l'objectif secondaire au nord depuis deux axes ouest et Est.

Au sud, nous poussons moins loin car nous sommes moins nombreux. Les reconnaissances montrent peu de présence ennemie sur la rive sud de la rivière Chambinga.

Nous pourrions attaquer l'objectif central, cependant nos troupes sont encore en colonnes, et nous ne sommes pas pressés.

L'ensemble de la situation :

Restons en défense pour le moment. Si l'ennemi n'attaque pas, ce serait une bonne chose, afin de permettre à nos troupes de prendre leurs positions pour attaquer l'objectif nord. L'objectif central me semble moins urgent, car si nous attaquons d'abord dans les profondeurs de l'ennemi, la chute de l'objectif central sera d'autant plus simple, lorsque de plus, nous aurons nos 2 unités en renfort à midi.

Nous renforçons nos unités avec de l'équipement DCA au nord et au sud (une équipe de Manpads dans une unité au nord-ouest et une autre au sud-est, c'est peu, mais c'est tout ce que nous avons), des équipes d'ATGM et de canons sans recul, des mortiers et des observateurs d'artillerie. Nous ne déployons pas de blindés lourds pour le moment puisque nous restons en défense, et être surpris par l'ennemi avec du matériel lourd en colonnes sur les routes, ce n'est pas la chose la plus agréable... Prenons possession du terrain et amenons ensuite le matériel lourd pour l'offensive : puisqu'on nous donne du temps, contrairement à la Seconde Guerre Mondiale, mettons-le à notre profit. Nous affinerons après les premiers engagements qui nous informerons de la réalité tactique de la guerre moderne... Ce sera la grande découverte, je ne ferai pas de comparaison graveleuse, mais nous allons prendre une baffe qui nous mettra à la place du débutant que nous sommes dans ce type de combat.

Je prévois de pousser les reconnaissances au nord et au sud vers midi pour bloquer une manœuvre similaire de l'ennemi, et pour lui restreindre ses mouvements.

Réflexion à 11h, J0

L'ennemi ne nous a pas attaqué, mais a réalisé un bombardement aérien sur nos troupes au sud-ouest, sans nous causer de dégâts significatifs, et a harcelé nos troupes au nord-ouest sans trop les perturber pour autant. De notre côté, d'autres départements militaires nous ont aidé en détruisant un dépôt de munitions dans les arrières de l'ennemi.

Nous avons détecté du mouvement dans Savumba, peut-être l'arrivée d'une unité en renforts ou d'une unité de support quelconque.

12h, J0 : étude stratégique approfondie et ordres

Comparaison historique

Nous avons de l'avance territoriale sur SADF (Armée de l'Afrique du Sud), mais nous ne jouons pas à la politique, nous jouons à une armée sérieuse (alors que nous n'avons pas le moyen de nos ambitions, pourtant petites), donc ce n'est révélateur de rien.

Etude stratégique approfondie et ordres

Nous envoyons immédiatement des unités en reconnaissance avancée au nord et au sud, dans les arrières de l'ennemi, après quoi elles reviendront participer aux combats.

Nos 2 unités en renfort prennent position à l'Est et se lancent sans tarder dans l'offensive, bien que les troupes soient encore en colonnes, l'assaut pourra être opéré par nos unités déjà présentes depuis 8h le matin au nord et au sud. Je "précipite" les combats, par habitude de la Seconde Guerre Mondiale, où il est traditionnel, voire exigé, d'avancer rapidement. J'estime ne pas avoir précipité les combats (nous n'avons pas attaqué à 8h), mais d'avoir choisi un compromis. Puisque nous avons du temps et des positions avantageuses, devrais-je attendre la nuit pour attaquer afin de pouvoir raccourcir les distances ? Non, dans les guerres modernes, la nuit n'est plus un avantage pour l'attaquant. Attendre le brouillard ? On attendra des mois... De plus, je n'ai surtout aucune intention de laisser l'adversaire s'organiser après avoir pris des positions permettant des attaques depuis des directions inattendues pour l'ennemi. Attendre serait catastrophique, l'ennemi pourrait même organiser des attaques contre nos éléments isolés au nord-ouest : nous devons être dynamiques et bousculer l'ennemi.

Au nord-ouest, nous lançons l'assaut contre l'objectif nord. L'attaque n'aura lieu que par l'ouest, car les troupes à l'Est ne sont pas encore prêtes à franchir la rivière, pourtant asséchée, dans le contexte de combats. Nous aurions pu nous organiser autrement, cependant il aurait été nécessaire de revoir le déploiement de nos unités, reportant d'autant leur prise de positions et nous exposant encore de longues heures au risque d'une attaque contre nos troupes en situation fragile. Voilà pourquoi il est préférable de n'attaquer que par l'ouest, par un côté inattendu par l'adversaire. Nous ne déployons toujours pas de blindés lourds au nord-ouest, le terrain ne s'y prête pas forcément, je veux d'abord obtenir un retour tactique du terrain pour savoir s'il est possible ou nécessaire d'introduire des blindés sans risquer de les perdre instantanément. Il est plus simple de cacher ou de replier des troupes mobiles que des blindés lourds. Nous sommes censés être dans une forêt tropicale, obtenons confirmation de ce à quoi ressemble exactement le terrain avant d'étudier la faisabilité d'utilisation de blindés. D'autant plus que les blindés n'ont pas la même immunité face à l'infanterie, celle-ci est équipée de moyens antichars redoutables portant à quelques centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres, nous ne sommes plus durant la Seconde Guerre Mondiale avec une quasi-immunité donnée aux blindés face à une simple infanterie. Et c'est pire encore face à de l'équipement antichar ! En gros, le blindé lourd est si fragile que je ne sais pas trop comment l'utiliser dans la guerre moderne.

Les troupes à l'Est attaqueront l'objectif qui est sur leur sud, en coordination avec les autres unités plus au sud et à l'Est. Celles-ci disposent de véhicules d'infanterie, certains sont orientés en antichars. Ces véhicules peuvent détruire n'importe quel blindé à plusieurs kilomètres, mais l'inverse est vrai aussi : même un simple fantassin dispose d'armes capables de pénétrer n'importe quoi. Là encore, je ne sais pas trop comment utiliser ces véhicules dans la guerre moderne, nous tenterons de ne pas les exposer immédiatement, bien que ces troupes soient mécanisées, nous n'avons pas le choix de faire accompagner l'infanterie par les véhicules : le nombre de fantassins est trop réduit pour qu'ils soient utilisés indépendamment. Dans tous les cas, nous n'avons pas le droit à l'erreur, si nous exposons et perdons les véhicules, l'absence de réserves fait que nous ne pourrons pas les remplacer, la bataille devrait surtout être menée par l'infanterie déjà présente au nord et au sud, et simplement supportée par les blindés à l'Est qui arrivent.

Nous envoyons une unité prendre par opportunisme l'objectif mineur sud, qui n'est pas défendu, elle se repliera en cas d'attaque de l'ennemi.

Je réclame un soutien aérien pour les troupes au nord-ouest, qui sont isolées.

Je complète le soutien en artillerie pour les troupes menant l'assaut à l'Est et pour l'unité en reconnaissance sur l'objectif mineur.

Je rapproche la logistique, les QG, l'atelier de réparation...

C'est parti ! Nous engageons les combats !

Durant ce temps, l'ennemi ne réagit pas, il nous attend :

Premières batailles, analyses tactiques à 12h

Objectif nord : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : étant une "première", se contenter de prendre l'objectif nord. En cas de pertes, passer en défense, conserver de quoi défendre le groupe de combat pour de futures batailles... Nous allons "découvrir" une nouvelle fois la tactique militaire moderne, car la tactique est le cœur de la difficulté, l'aspect stratégique qui se discutait jusqu'ici n'était pas compliqué, malgré les entraves politiques. Il importe de bien rédiger l'ensemble du raisonnement tactique pour comprendre les succès et échecs, et pour tirer des conclusions exactes, s'améliorer et faire le meilleur rapport descriptif de la guerre moderne, un rapport scientifique, vu depuis un spécialiste de la Seconde Guerre Mondiale. Bonne chance à nous !

12h, 28 °C, beau temps. Le terrain se présente sous la forme d'une immense forêt, la végétation n'est pas très dense et permet facilement le déplacement des véhicules. Nous n'avons aucun véhicule lourd. Ce choix pris par "le" stratège retire la polyvalence de notre groupe de combat et l'oriente plus fortement vers de l'antipersonnel. En cas de présence blindée en face, ce sera plus compliqué en attaque. Nous avons un Ratel-90, véhicule d'infanterie équipé d'un excellent canon de 90 antichar, qui sera en sous-effectif pour assurer une force de frappe antichar. Avec cela, "on" nous a gentiment alloué 3 véhicules sur lesquels un imposant canon sans recul de 106 mm a été fixé. C'est censé avoir une valeur antichar. Peut-être à longue portée, mais en forêt, c'est inutilisable. Le territoire que nous attaquons est une forêt très clairsemée et peu haute qui permettra peut-être l'utilisation de ces canons, à condition que l'ennemi nous laisse nous approcher de la lisière de notre forêt, prendre position, repérer une cible et tirer... Nous avons aussi à notre disposition deux Ratel antipersonnel (uniquement équipé de mitrailleuses) et 12 transports de troupes équipés de mitrailleuses. Et quelques unités d'infanterie. Au total, moins de 500 personnels.

En support, nous avons un groupe de trois mortiers de 81 mm, un groupe d'observateurs d'une batterie de deux mortiers de 81 mm, deux SAM Manpads, deux bitubes de 23 mm et un groupe d'observateurs d'aviation.

L'infanterie prend position en léger retrait de la lisière de forêt à l'Est, où elle pourra observer à plus longue distance, bénéficiant de la baisse progressive de la densité de la forêt. Les véhicules d'infanterie se placent derrière pour apporter le soutien nécessaire.

Au sud, nous plaçons notre infanterie équipée de RPG antichars en embuscade pour bloquer toute progression ennemie dans nos arrières.

Au nord, nous bénéficions d'une forêt moins dense et d'un terrain légèrement en hauteur, permettant de mieux surplomber le territoire que nous attaquons, c'est un endroit idéal pour y placer les deux Manpads, les deux bitubes de 23, les canons sans recul, le Ratel-90, les mortiers et les observateurs de mortiers et d'aviation.

Nous n'attaquons pas par le territoire nord-est, car celui-ci est exposé à la vue et donc aux tirs de l'adversaire, nous profitons de la forêt pour raccourcir les distances discrètement. Ensuite, nous tenterons de déterminer ce qui convient le mieux de faire selon la situation, la réaction de l'ennemi, l'efficacité de l'infanterie, de nos véhicules, de nos canons, etc. Nous ferons jouer les mortiers et autres supports au maximum. S'il n'y a rien qui puisse être fait, nous nous replierons dans la forêt en tentant de préserver ce qui restera de nos troupes. S'il est possible de progresser, l'infanterie passera devant et les véhicules resteront assez loin derrière en soutien pour éviter d'être détruits par de l'armement antichar de moyenne portée très répandu de nos jours dans l'infanterie. L'infanterie progressera lentement si possible. L'idée est qu'elle repère des cibles pour les unités en support, car si nous devons l'utiliser en assaut de type Seconde Guerre Mondiale, puisque nous n'avons pas de réserves, perdre trop de troupes mettra un terme immédiat à cette opération !

Les 3 canons sans recul, le Ratel-90, les bitubes de 23, ont interdiction de tirer sur l'infanterie pour le moment, la priorité pour eux est d'éliminer les équipements lourds. Les observateurs de la batterie de mortiers préparent leurs tirs.

Il conviendrait si possible d'assurer le contrôle sur le territoire nord-est, car laisser l'ennemi le contrôler nous couperait totalement de nos arrières... "Le" stratège ne l'a pas mentionné dans ses ordres spécifiques, c'est une faute de "sa" part, même si on imagine qu'en cas de difficultés, nos troupes arrivant en rive Est de la rivière asséchée devraient aider à désenclaver nos unités au nord-ouest.

Voilà l'idée tactique que je me fais de ce combat moderne. N'étant pas compétent en tactique post-1945, nous devrions prendre une correction sévère et déterminante pour la suite, vu l'absence de réserves, toute erreur est irréversible.

Objectif nord : compte-rendu d'après-bataille

Dans un premier temps, nos deux avions MB-326 sont intervenus rapidement et ont semblé avoir eu une efficacité très limitée.

Nous distinguâmes environ 3 canons au sud du territoire ennemi, inaccessible à nos équipements lourds et à nos observateurs de mortiers depuis là où ils se trouvaient.

J'ordonnai à l'infanterie de faire mouvement vers l'Est pour prendre la lisière de forêt. L'ennemi nous y attendait. Sans forcer le mouvement, nous avons patiemment nettoyé les abords de la forêt. L'aide de nos mortiers n'a pas été très efficace, car la mauvaise visibilité dans la forêt perturbe le réglage des tirs.

Ici, vous allez lire une réaction à chaud, telle qu'elle serait écrite dans des "mémoires d'un soldat", puis l'explication réelle suivra :

L'ennemi pilonna au mortier, un peu partout, nos positions, mais surtout au nord, où il semble évident que nous avons été repérés lorsque nous sommes arrivés pour prendre position dans cet espace de forêt moins dense. Ce fut la grande redécouverte d'une expérience lointaine oubliée (ma précédente expérience de simulation de guerre moderne remonte à 2021) : les véhicules n'ont vraiment aucune solidité. Un simple fragment de mortier suffit à mettre hors service un véhicule. Un simple mortier de la Seconde Guerre Mondiale ! C'est inimaginable durant la Seconde Guerre Mondiale ! De nos jours, comment voulez-vous utiliser des véhicules dans des conditions où un rien les détruit ? Et ce n'était que le début des redécouvertes...

La réalité est que les explosions de mortiers ont masqué le fait que les positions de ces véhicules étaient attaquées par des canons avec des obus HEAT qui ont effectivement endommagé deux des trois véhicules équipés de canon sans recul M-40 de 106 mm. Et une autre réalité montre que le tacticien a été très incompétent en les plaçant ici, avec une vue de 2 000 mètres de distance. C'est une erreur dans la phase préparatoire. Les canons sans recul de 106 mm ont une portée limitée à 1 000 mètres avec leurs obus HEAT ! Ainsi ils étaient incapables de riposter aux tirs qu'ils recevaient depuis des positions à une portée supérieure ! Qu'ils aient identifié une cible ou non ! Cela est à mettre d'une part sur le compte du manque d'expérience tactique dans l'utilisation de l'ensemble des armes modernes : les paramètres de base ne sont pas connus ; et d'autre part ils révèlent l'erreur de ne pas s'être enquis des caractéristiques de base des armes utilisées... Cela vaut aussi pour les armes utilisées par l'ennemi, c'est essentiel pour savoir comment exploiter les faiblesses de l'adversaire et tenir compte de nos propres faiblesses ! C'est une faute incompréhensible du tacticien, donc de ma part. Ainsi, c'est une fausse légende, facile, que de penser que la faute revient aux personnels qui auraient été incapables de tirer sur leur adversaire, alors que l'ennemi en aurait été capable : ce sont des limites techniques connues, que le tacticien devait connaître et tenir compte, la faute lui revient intégralement. C'est aussi une fausse légende que de penser que les véhicules ont été éliminés par de simples fragments de mortier, bien que cela soit techniquement possible, en effet, la mode d'utiliser des voitures comme véhicules d'infanterie est une ineptie : un minimum de blindage est utile.

Les Ratels sont assez bons, ce sont les véhicules qui se sont révélés pertinents, ils sont assez solides et leur puissance de feu est sympathique. Malheureusement, notre Ratel-90 a été repéré par les canons adverses à 1 900 mètres. Un obus incendiaire ne lui a causé aucun dommage, cependant un HE est arrivé en plein dans la vitre blindée du conducteur, tuant le conducteur et le canonnier, blessant le commandant et endommageant les systèmes d'armes. Il a pu être possible de déplacer le véhicule, mais les réparations seront longues. On peut se demander la pertinence de mettre des vitres blindées sur les véhicules. Certes, le conducteur peut mieux se repérer dans l'espace, mais au prix de la fragilité.

Alors les combats s'éternisant pour prendre la bordure forestière, j'engageai les douze véhicules d'infanterie Buffel pour en terminer. Ils devaient rester derrière l'infanterie bien sûr.

Même chose que précédemment, voici la réaction à chaud de style "mémoires d'un soldat" :

Ces véhicules sont d'une fragilité incroyable, une simple balle perdue les met hors service, ils n'ont absolument aucune valeur combative.

La réalité est que ces véhicules sont tellement immenses qu'ils sont des "aimants à obus", ils sont repérés immédiatement et leur taille ne permet pas à l'ennemi de les manquer. Nous avons perdu 3 Buffel, dont 2 ayant reçu des obus HEAT, un troisième a été abandonné sur la route par l'équipage en panique et vous découvrirez l'aventure plus bas. Deux autres Buffel ont été abandonnés par les équipages paniqués. Comme précédemment, c'est une fausse légende de penser que les véhicules n'ont pas de valeur combative et qu'ils ont été éliminés par une balle perdue. C'est la mode des véhicules immenses dans certaines armées, cette aberration semble être passée depuis peu de temps, peut-être depuis mi-2010, mais en 2023, beaucoup d'armées de l'OTAN ont encore énormément de ces véhicules en stock, les nouveaux sont essentiellement encore en commande ou en construction.

Finalement, nous prîmes les positions ennemies en bordure de forêt. Nous découvrîmes un BTR plus loin en direction du sud-est et j'envoyai une centaine de gars s'en occuper et prendre la position : il n'était pas concevable d'envoyer des véhicules, d'abord parce que ceux-ci auraient été trop exposés, mais aussi compte-tenu de la fragilité que nous venions de découvrir sur ces véhicules. Les gars ont eu bien du mal à s'approcher, cela dit, le BTR s'est replié en voyant qu'il serait pris dans un combat à courte portée. Il a pu riposter, mais il a fini, plus tard, par se trouver dans l'axe de tir d'un Ratel qui l'a criblé de balles de 12.7 mm sur le flanc, éliminant l'équipage et endommageant quelques équipements internes, confirmant la faiblesse des blindages modernes. Durant ce temps, nos troupes qui s'étaient avancées dans cette position découvrirent progressivement des T-55 en embuscade, retranchés de chaque côté de la route, au sud-est. Ils nous prenaient pour des imbéciles ? Non, nous ne sommes tout de même pas bêtes au point d'envoyer des colonnes sur la route : la tactique élémentaire n'a pas changé depuis 1945 ! Je comprends le dispositif ennemi : infanterie cachée en sortie de forêt et chars retranchés plus bas. Imaginez l'imbécile lançant une colonne de véhicules le long de la route, l'embuscade parfaite, les chars détruisant les véhicules de tête et l'infanterie attaquant le reste de la colonne...

Je décidai de cesser toute progression, car nous n'avions pas de quoi attaquer des chars : il nous faudrait une quinzaine de véhicules orientés en antichar. Tel que le Ratel-90 ou d'autres blindés. Il ne nous en restait aucun, le seul que nous avions étant endommagé. L'infanterie prit position en lisière de forêt, dans les positions précédemment occupées par l'ennemi. Le but étant alors d'occuper durablement des positions rendant inconfortables à l'ennemi de conserver les siennes. Voilà tout le jeu de la guerre moderne apparemment. Le plus gêné recule. Nous avons fait des efforts pour tenir nos positions.

C'est alors que l'ennemi tenta quelque chose. Il nous envoya deux T-55 par la route pour tenter de faire "un coup". Peut-être pensait-il que nous aurions peur et que nous reculerions ? Grande interrogation. C'est ainsi que les deux chars foncèrent à pleine vitesse sur nous, en tirant de leur canon sur quelques-unes de nos positions et sur un de nos véhicules endommagé, muni d'un canon sans recul, cherchant à fuir sa position. Un assaut digne de "Bandera" en 2023 en quelque sorte ! Nous nous frottions les mains sans y croire ! Qu'est-ce que cette tactique ? Durant la Seconde Guerre Mondiale, c'était déjà risqué d'attaquer ainsi, mais durant la guerre froide, c'est suicidaire... Puisque nous voyons ce genre de choses se produire en 2023, admettons que certains puissent le faire, et ne cherchons pas à en comprendre la raison... Le premier T-55 a été éliminé par un RPG de face qui le mit en feu, l'équipage fut tué sur le coup et quelques minutes plus tard, ses munitions ont explosé... L'autre char a eu la judicieuse idée de pousser le Buffel abandonné plus tôt sur la route : 3 RPG frappèrent notre Buffel qui servait de blindage supplémentaire, improvisé, à ce T-55. Puis le Buffel se retourna sur le bord de la route et le blindé fut exposé aux tirs ; il tenta de manœuvrer et tournant le dos, 3 RPG le frappèrent par l'arrière, endommageant sa motorisation, l'équipage sortit du blindé et fut éliminé par l'infanterie.

Plus tard seulement, nous avons compris que le troisième T-55 visible avait été sérieusement endommagé par notre aviation.

C'est à peu près ainsi que la bataille se termina, nous n'avons pas cherché à attaquer davantage. L'ennemi se replia de lui-même vers le sud en proposant un cessez-le-feu que nous avons accepté, et nous avons pu saisir le territoire au nord-est, et celui au sud-ouest, où quelques personnels ont mené une reconnaissance. Nous ne défendrons pas le territoire sud-ouest, nous y affichons simplement notre présence pour perturber l'adversaire.

Bilan des pertes : sur 491 personnels engagés, nous subissons 30 morts et 10 blessés graves, soit environ 40 pertes, ainsi qu'un véhicule Buffel et un véhicule portant un canon sans recul détruits, et quelques Buffels endommagés ainsi que le Ratel-90. Un Ratel équipé de mitrailleuses fut touché par un mortier de 82 mm sans subir de dégâts.

Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé moins de 300 personnels, nous pensons avoir tué environ 50 personnels, blessé gravement environ 10 autres et nous avons pris 10 prisonniers, soit environ 70 pertes et un ratio de 1.8 en notre faveur. A cela s'ajoutent deux T-55 entièrement détruits et un BTR abandonné. Un T-55 est gravement endommagé, cependant l'ennemi a pu le prendre en remorque : au cours des négociations, nous avons accepté qu'il cède ce territoire sans combattre et en repartant avec son T-55... Nous sommes gagnants. Pour le reste, nous avons observé au loin la présence d'autres BTR et nous ne sommes pas dépaysés de constater que les canons ennemis étaient des Zis-3 soviétiques de 76.2 mm que nous connaissons fort bien. Durant la Seconde Guerre Mondiale, ces canons polyvalents étaient plutôt bons, bien que non exceptionnels. Les Allemands avaient adapté des munitions antichars plus performantes pour les canons de 76.2 soviétiques qu'ils capturaient. Les soviétiques avaient inventé un excellent canon, mais n'avaient pas inventé les obus les plus efficaces qui allaient avec. En 1987, d'autres obus plus performants, avec une meilleure portée et vitesse initiale, étaient disponibles.

Canoka : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : attaquer par le nord et le sud avec les troupes présentes depuis la matinée, préserver les véhicules d'infanterie et les chars arrivant de l'Est qui sont encore en colonnes sur les routes et doivent prendre des positions protégées, ceux-ci devraient être optionnels pour cette bataille : ne les utiliser qu'en cas de nécessité et le plus précautionneusement possible, faire usage d'artillerie.

13h, 28 °C, beau temps. Contrairement à ce que laisse supposer la carte montrant le dénivelé et la rivière, le terrain est plat, le dénivelé est très léger et permet à peine de masquer le mouvement des véhicules derrière les plus grands points hauts (Canoka par exemple), et la rivière est asséchée comme j'ai déjà pu le mentionner. Cela montre qu'il est important de se rendre sur place pour se rendre compte de la situation, car les cartes peuvent être trompeuses. (Cf. Ugledar en 2023, où les cartes laissent à tort supposer qu'il serait possible de se servir de "collines" pour masquer des approches.)

Nous sommes en présence d'une végétation basse sur l'ensemble du terrain.

Nous disposons de deux observateurs d'artillerie, dont un dans l'unité présente au nord depuis 8h, monté sur un Ratel, qui prend position sur un "point haut" si on peut appeler cela ainsi, au nord, où il réalisera son réglage de tirs en tentant de voir "au-dessus" de la végétation basse. L'autre observateur est encore en cours de déploiement, il arrive dans les colonnes depuis l'Est, il n'est pas en capacité de réaliser son réglage d'artillerie.

Au sud, l'infanterie se déploie de manière agressive au plus près du territoire adverse pour mettre la pression et pour empêcher l'ennemi de prendre l'initiative, pour l'empêcher de faire un mouvement qui échapperait à notre attention, pour le divertir le temps que nos blindés arrivant de manière précipitée à l'Est en étant surpris dans la zone de combat, prennent des positions protégées. "Le" stratège a laissé le temps aux unités d'infanterie présentes ce matin de s'installer, mais il a été pressé par le temps en "nous" poussant à attaquer l'ennemi sans laisser à nos unités blindées le temps de prendre tranquillement leurs positions. "Il" craignait que l'adversaire en profite pour prendre l'initiative, la situation est donc un compromis, avec des fantassins prêts à passer à l'attaque, et des colonnes blindées arrivant plus tard, en désordre, transférant la gestion de ce bazar "au" tacticien.

Au sud toujours, nous avons à notre disposition trois canons sans recul de 106 mm. J'ai tenu compte des leçons de la bataille qui vient tout juste de se terminer... Les canons sont placés 450 mètres derrière nos troupes, en défense, autour d'un "point haut" pour tenter de tirer le plus loin possible. Ils porteront jusqu'à 500 mètres dans le territoire adverse.

De plus, une équipe avec RPG couvre les troupes sud contre une attaque blindée.

Au nord, nos troupes sont mécanisées, avec d'immenses Buffel... Nous nous déployons également de manière agressive, nous verrons ce que seront capables de faire ces véhicules... Les laisser à longue distance les rendrait inutiles et leur taille les ferait néanmoins repérer et détruire, donc autant qu'ils tentent de s'approcher. Du fait du territoire acquis à l'ouest, nous pouvons prendre place dans le lit de la rivière Chambinga au nord-ouest de Canoka, minimisant notre exposition. Un Ratel avec mitrailleuses et un Ratel-90 les accompagnent et restent en retrait. De cette sorte, les Ratel sont camouflés et peuvent intervenir rapidement. En les laissant à distance, ils pourraient être moins cachés et ne pas pouvoir intervenir eux-mêmes. L'infanterie dispose de RPG, donc elle ne devrait pas être gênée par une attaque blindée ennemie.

La communication radio avec la batterie d'artillerie de 8 obusiers de 155 est impossible à établir. Les observateurs partent communiquer des tirs planifiés à la batterie. Celle-ci tirera, à l'heure convenue, sur le village, puis le long de la route principale que nous sommes venus contrôler, en utilisant des obus HE explosant "au contact". Ainsi que quelques fumigènes/incendiaires sur le village.

En ce qui concerne les autres véhicules à l'Est (Ratel avec mitrailleuses de 12.7 mm, Ratel-20 avec un petit canon de 20 mm, Ratel-81 avec un mortier de 81 mm, Ratel-90 qu'on ne présente plus et chars Olifant armés de canon de 105 mm), dans un premier temps je les éloigne en les faisant se regrouper à 800 mètres à l'Est de telle manière à ce qu'ils ne soient pas attaqués. Selon la composition ennemie que nous constaterons, nous ferons ou non appel à eux en cherchant à les préserver le plus possible. En attendant, ils ont pour consigner de ne pas ouvrir le feu et d'être discrets.

Nous ne disposons pas de DCA parmi les troupes présentes ici.

Le plan d'attaque... Il n'y en a pas. Il se fera en temps réel selon la situation... Pour tout dire, au cas où on ne l'aurait pas déjà remarqué, je ne suis pas compétent en tactique de guerre moderne.

Nous engageons près de 700 personnels, 24 Ratel-20, 9 Ratel-81, 9 Ratel-90, 8 chars Olifant, 12 Buffel et quelques Ratel équipés de mitrailleuses.

Canoka : compte-rendu d'après-bataille

Eh bien, nous avons eu notre première vraie bataille moderne.

D'abord, un "mémoire de soldat", puis nous reprendrons avec l'analyse des carcasses, et j'exposerai une conclusion pour les tactiques futures. Ce compte-rendu est donc capital.

Nos troupes sud signalent qu'elles se retrouvent face à un champ de mines, sans présence ennemie à proximité.

Nos troupes nord sont rapidement engagées dans un combat depuis Canoka. Sérieux échange de tirs, l'ennemi dispose de quelques canons sans recul, nous y répondons avec des RPG, puis notre artillerie aidant, l'ennemi devient plus silencieux. Notons que l'ennemi arrose de LRM Grads nos arrières : par chance aucune salve ne nous touche.

A l'Est, nos blindés se regroupent à 800 mètres comme prévu, voire 1 km. C'est alors qu'un tir de T-55, depuis le flanc sud de la petite colline de Canoka, élimine un Ratel-81 à environ 1.8 km de distance. Une telle portée est rarissime durant la Seconde Guerre Mondiale, mais de nos jours... Que faire ? C'est la question clé de la bataille. Je panique. Je vois déjà la perte de tous mes blindés, détruits par "un tir au pigeon". Quelle tactique mettre en place dans la guerre moderne pour protéger nos véhicules le temps de définir une approche permettant d'éliminer d'une part les équipements lourds ennemis, et d'autre part l'infanterie ennemie ? C'est la question que je me pose alors. Et je n'ai pas le temps d'y répondre.

Il faut arrêter le massacre qui s'annonce : les blindés doivent s'éloigner davantage, se mettre en dehors de la portée de ce T-55 situé en légère hauteur, ou trouver de quoi faire un meilleur écran de protection. Malheureusement, la portée de tir des armes modernes n'est pas limitée comme celle de la Seconde Guerre Mondiale, par leur système de visée obsolète, le mauvais aérodynamisme de leurs obus, la conception de leur canon, et il n'y a pas de protection miracle. Le T-55 peut continuer à distinguer, par moment, à travers le peu de végétation basse, nos véhicules passer à 2 km ou plus, et tenter de les atteindre. Alors, il faut faire face à la menace.

J'ordonne aux 8 Olifant d'attaquer en deux groupes, même chose pour les 8 Ratel-90 présents à l'Est, jusqu'aux premières positions ennemies situées à 1 km du village, donc de ce T-55. D'autres T-55 ont été repérés entre cet espace.

Puis j'annule cet ordre, je ne sais quoi faire. En attaquant ainsi, l'infanterie ennemie accueillera les blindés et les détruira à plusieurs centaines de mètres. Et puis, les blindés ennemis, immobiles dans la végétation basse, seront difficiles à distinguer par nos blindés en mouvement, l'ennemi risque de nous prendre en embuscade. Mais quoi faire alors ? Les blindés sont inutilisables car trop fragiles pour s'approcher, reste l'infanterie. Eh oui, mon infanterie est à proximité immédiate de ce T-55, et elle est armée de RPG, donc elle a une capacité antichar, et cela revient à l'attaque d'El Guettar contre les GMC M10 à toit ouvert : j'ai attaqué avec succès la plupart des blindés américains avec l'infanterie. C'est donc simple, appliquons cela.

J'envoie l'infanterie à l'assaut de Canoka par le nord. L'ennemi ne semblant pas nombreux, les difficultés se limiteraient à devoir éliminer des BTR, des T-55, des canons sans recul et un peu d'infanterie au cours d'un assaut à travers la végétation, le village sur la petite colline. Cependant, l'ennemi n'était pas si bête. Il avait miné toutes les approches avec des mines antipersonnel. Après quelques explosions de mines, la question est : que faire ?

Eh bien, nous n'avons aucun moyen de déminage, et déminer à la main devant l'ennemi est impossible. Il faut me détruire ce T-55 pour qu'il cesse de faire du tir au pigeon sur les véhicules à l'Est ! Voyons, ce ne sera pas pire que la bataille de Karbusel en mars 1943 : j'exige des résultats. Alors le massacre continua dans les champs de mines et nous découvrîmes progressivement d'autres T-55 camouflés et retranchés sur le flanc sud et Est de Canoka, dans le lit de la rivière.

Entre temps, on me signala que des T-55 attaquaient vers l'Est. Alors, je donnai à nouveau l'ordre à mes Olifant et Ratel-90 d'attaquer en 4 groupes. Les Olifant projetèrent des grenades fumigènes et avancèrent, détruisant ensuite un T-55 à courte distance. Il s'avère que les autres T-55 étaient restés en retrait. Puis les blindés découvrirent que l'ennemi avait envoyé des détachements d'infanterie avec ses chars, qui progressaient maintenant à proximité du blindé ennemi détruit, et s'approchaient de nos Olifant. En bon incompétent des guerres modernes, j'ai une fois de plus paniqué à l'idée que les Olifant soient détruits rapidement à coups de RPG. J'ordonnai aux Ratel-20 avec leur détachement d'infanterie qu'ils rejoignent les blindés, sans cacher ma peur de perdre les Ratel-20 par tirs de RPG... D'ailleurs, pour minimiser les risques, j'engageai qu'un nombre limité de Ratel-20, pour préserver les autres. Je comptais surtout sur l'action de l'infanterie mécanisée pour repousser l'assaut ennemi de la position prise par les Olifant. Je n'ai pas souhaité faire reculer le groupe, car il fallait empêcher l'ennemi de reprendre sa progression, et il n'y avait nulle position plus avantageuse dans ce terrain plat qui aurait justifié de reculer.

Depuis Canoka à 1.5 km, le T-55 nous élimina, évidemment, 3 Ratel-20 qui rejoignaient les Olifant. Toutefois, nos groupes d'infanterie plus à l'ouest ont pu atteindre le village sans se trouver dans un champ de mines, et ont pu éliminer le T-55 au RPG. Toutefois, nous accumulions les pertes dans le champ de mines en contrebas plus à l'Est. Les gars ont toutefois pu éliminer un autre T-55. Les pertes étaient abyssales, mais nous avions obtenu le résultat que j'avais exigé. Très bien, et maintenant ? Que faisons nous ? Grande interrogation.

La situation montrait ma totale inaptitude à gérer quoi que ce soit dans un conflit moderne. J'avais exterminé mon groupe nord dans les champs de mines et les combats au corps à corps, je n'avais pas osé demander quoi que ce soit au groupe sud (d'abord en raison du champ de mines que les gars avaient découvert, mais aussi parce qu'ensuite, ils devaient traverser quasiment 1 km sous la vue de l'adversaire, donc ce groupe était inutilisable), et à l'Est, j'avais des dizaines de blindés, mais je ne voyais pas comment les utiliser en craignant qu'ils se fassent massacrer. J'en ai conclu qu'"il n'y avait rien à faire" de propre et de réfléchi dans les guerres modernes, et que nous allions attaquer en masse avec les blindés sans la moindre organisation, puisque dans le cas contraire, si nous attendions là en restant immobiles, autant signer la paix immédiatement : nous ne ferions pas davantage "demain" et l'ennemi aurait le temps de se renforcer.

Alors, je fis attaquer les 8 Olifant et 7 Ratel-90 (l'un d'eux s'étant renversé) en 4 groupes, 2 groupes successifs, au nord-est et au sud-est du territoire adverse, d'Est en ouest, suivis de près par 8 Ratel-20 et leurs détachements d'infanterie qui couvriraient les blindés contre l'infanterie du mieux qu'ils pourraient. Et ce fut un succès, nous avons détruit tous leurs chars et l'ennemi prit la fruite, mais ne me demandez pas comment nous avons pu détruire si facilement tous les blindés ennemis, sans subir la moindre perte, et sans que l'infanterie ennemie ne puisse s'organiser pour riposter.

Voici pour le "mémoire d'un soldat", l'analyse ne contredit pas le récit, le groupe nord a perdu presque toutes ses troupes, seule la vingtaine de personnels qui avaient refusé de traverser l'espace miné et attaquer le village ont survécu, néanmoins "tout le monde" n'est pas mort dans le champ de mines... Les Buffel n'ont pas été particulièrement mauvais, 4 Buffel sur 12 ont même atteint Canoka ! Avant d'être détruits...

Il est difficile de juger de l'utilité d'avoir attaqué Canoka avec l'infanterie, "à l'ancienne", "comme à Karbusel". L'attaque a permis de limiter les tirs à longue distance sur nos véhicules, mais nous a coûté des dizaines de pertes en infanterie. Quant à l'assaut blindé final, il s'est très bien déroulé. Si nous avions commencé par là, aurions-nous eu un meilleur bilan ? Pas forcément, le T-55 bien placé en flanc de colline a pu éliminer 4 Ratel, il aurait pu éliminer beaucoup plus de nos blindés si nous ne l'avions éliminé avant notre assaut blindé. Peut-être n'y avait-il pas de meilleur résultat possible ?

En fait, voici l'état actuel de la réflexion : à l'attaque, infanterie et blindés sont fragiles dans les guerres modernes. Mais en défense, l'infanterie et ses armes non blindées sont moins fragiles que des blindés, qui sont eux visibles de loin. Alors il faut absolument préserver notre infanterie pour la défense ultérieure !

Pour résumer la conclusion : les blindés et véhicules d'infanterie étant moins utiles en défense, autant les engager en masse en attaque. Qu'ils soient utiles, et puis qu'ils mettent à profit leur mobilité. Les chars devant, les véhicules d'infanterie immédiatement derrière, pour protéger les blindés contre l'infanterie sur les flancs et les arrières, profitant que l'ennemi est occupé par les blindés pour être moins pris à partie, mais surtout pour saisir des positions que l'infanterie mécanisée pourra tenir en attendant l'infanterie classique. Puis en défense, on laisse l'infanterie et des équipements non blindés pour accueillir l'ennemi.
Dans ce schéma, les blindés subissent des attaques de front, tant de la part des autres blindés ennemis que de l'infanterie équipée de moyens antichars, seules les attaques de flanc et d'arrière sont limitées, au fur et à mesure de leur pénétration dans les lignes adverses, par l'action de l'infanterie mécanisée qui colle aux fesses des blindés. Cela impose une attaque massive et des objectifs limités, avec une progression petit à petit, position après position. On imagine qu'une telle offensive s'essouffle rapidement. Notamment dans les champs de mines : il faut les contourner impérativement, c'est une obligation absolue dans la guerre moderne, car leur profondeur est "infinie" car perpétuellement reconstruits à distance et les pertes sont irremplaçables dans un temps court car les effectifs engagés sont trop faibles et les conséquences politiques face aux pertes massives sont trop importantes.

Nous allons tester cette tactique à l'avenir. Cependant, les guerres modernes sont compliquées, car la capacité de destruction et la portée utile des armes sont telles qu'il est difficile d'approcher de l'adversaire, tout est impossible à faire bouger, saut à aller vers une destruction complète mutuelle en terminant à l'arme blanche, comme au Moyen-Âge. Voilà qui confirme une fois de plus que la Seconde Guerre Mondiale est la période la plus intéressante pour la tactique militaire avec des équipements assez modernes. D'ailleurs, la comparaison avec Karbusel est mauvaise : seule la ligne fortifiée était difficile à franchir en 1943, à quelques exceptions près ; de nos jours les mines sont plus performantes et la capacité d'envoyer des mines à distance pour compléter ou créer des champs de mines en "temps réel" fait qu'il est absolument nullissime d'exterminer ses troupes dans un tel effort, car celui-ci est permanent : il n'y a pas de récompense après la traversée d'une zone complexe, cette zone complexe est recréée au fur et à mesure devant soi. Ainsi, l'offensive s'essouffle forcément, l'attaquant ne peut plus attaquer, les rôles s'intervertissent, et ainsi de suite. Même les attaques par surprise, qui pourraient permettre une progression rapide dans un espace exempt de mines et d'unités de combat préparées deviennent rares du fait de la puissance des services de renseignement.

Tout cela ne fait que confirmer une fois de plus mon désintérêt aux tactiques modernes et cela ne fait que confirmer une fois de plus mon choix de poursuivre dans l'expertise des simulations tactiques de la Seconde Guerre Mondiale. Bien qu'en pratiquant beaucoup, il serait peut-être possible d'identifier des méthodes efficaces. Mais je n'ai pas le temps pour cela, car basculer à 100 % sur de telles batailles me feraient perdre l'expertise des batailles de la Seconde Guerre Mondiale, ce que je ne veux pas.

Le bilan des pertes reflète la catastrophique victoire. Nous déplorons 44 tués et 67 blessés graves, essentiellement dans les champs de mines, soit un total de 111 pertes. Et 2 Ratel-20 détruits ou considérés irréparables ; 1 Ratel-81 détruit. Aucun Ratel n'a été que simplement endommagé, à l'exclusion de plusieurs renversements de véhicules : les Ratel ont un centre de gravité trop haut, une taille de roues trop petite et des roues mal disposées, pour rester stables en tout terrain. Les 12 Buffel sont détruits ou presque ou sans équipage, la quasi absence de réserves fera que cette unité n'existera plus vraiment !

Côté ennemi, nous estimons qu'il n'avait engagé que 130 personnels, vous mesurez immédiatement le bilan catastrophique ! Impensable en bataille de type Seconde Guerre Mondiale : un tel bilan signifierait la fin du tacticien. Nous comptons 42 cadavres, prenons en charge 7 blessés graves et faisons 52 prisonniers, soit un total de 101 pertes et un ratio de pertes à peu près de 1 en faveur de l'ennemi. Cela reflète une destruction mutuelle, c'est bien l'idée que je me fais des guerres modernes.

Combats lancés à 12h, J0 : réflexions à 15h J0

Nous obtenons de beaux résultats stratégiques, peut-être faudrait-il tenter de couper les arrières de l'ennemi, pour l'encercler ?

Notez que politiquement, l'ennemi a perdu la bataille puisqu'il ne tient plus la moitié de ses objectifs.

De notre côté, politiquement, nous n'avons pas gagné pour autant, puisque les politiciens réclament d'écraser l'adversaire, de saisir encore 1-2 objectifs et tout cela sans subir de pertes importantes.

Suite.

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