Simulation, bataille d'El Guettar, 23 mars 1943 à 15h

Simulation, bataille d'El Guettar, 23 mars 1943 à 15h

Actualités mondiales & françaises


(Reconstitution historique)

Suite du 23 mars 1943


15h, J0 : étude stratégique approfondie et ordres

Comparaison historique

Les Allemands lancent une nouvelle attaque générale, après avoir subi leurs échecs en raison de leur longue hésitation. Cette attaque aurait dû être lancée en fin de nuit... Ils ont déjà perdu, ils n'ont pas respecté la mission.

Etude stratégique approfondie et ordres

Après avoir vérifié l'approvisionnement, nous attaquons vers le nord pour repousser l'ennemi de nos objectifs. Aucune réaction de l'ennemi.

Combats au nord de la mine, analyse tactique préalable

La particularité de cette bataille est la topographie très hostile à l'attaquant :

Pour autant, l'observation à la jumelle laisse penser que la chaîne de djebel est franchissable par les véhicules, sauf à certains endroits trop rocheux ou escarpés. Il demeure que cela reste un terrain favorable à la défense. Mais il y a des avantages pour l'attaquant, cela sépare les zones, permettant de marquer des étapes. Les embuscades sont inéluctables mais seront minimisées par de petites reconnaissances, nous sonderons l'autre versant de l'arête rocheuse et établirons un nouveau plan à ce moment là, en fonction de ce que nous découvrirons.

15h, 22 °C. Nous contrôlons déjà une partie du premier djebel Est, ce qui nous donne accès à l'entrée de la passe. Nous prendrons tout le territoire jusqu'à l'arête rocheuse. Nous suivrons la même tactique que précédemment : blindés en retrait de 300-500 mètres des positions supposées de l'adversaire, infanterie et véhicules plus légers sont camouflés et interviennent lorsque les équipements lourds sont neutralisés. C'est une tactique différente de celle utilisée lorsqu'on a des blindés de moins bonne qualité : il est clair que le blindage et le canon de nos chars autorisent les combats à cette distance, face à un ennemi limité sur ces points.

Nous sommes déployés sur l'ensemble du périmètre de la ligne de contact, ainsi nous bénéficions de la polyvalence nous permettant d'adapter notre dispositif à l'ennemi. Dans un premier temps, ce déploiement permet, comme toujours, d'assurer une défense, puis il sert de position de départ à l'attaque. C'est la base de la polyvalence et de l'adaptabilité, car nous pouvons défendre, attaquer, à un endroit ou à un autre.

Le groupe de 8 PzIII et PzIV au centre se place de telle manière à éviter les tirs de flanc, donc il est inaccessible à des tirs de l'ouest et du nord-est. Le groupe de 11 PzIII et PzIV placé en quart de cercle plus au sud-ouest est inaccessible pour un tireur depuis le nord. Cela permet aussi de compartimenter et d'éviter un massacre général en cas de mauvaise surprise, on dispose de temps pour réfléchir à une nouvelle tactique, on est déjà en position d'embuscade si l'ennemi écrase certaines de nos lignes, ou bien on peut battre en retraite un peu plus discrètement.

Artillerie de campagne et observateurs d'artillerie sont positionnés au centre, d'où ils peuvent avoir une vue sur l'essentiel du terrain. Les observateurs d'artillerie préparent leur tir sur la ligne de crête. Voici à quoi cela ressemble :

Combats au nord de la mine, compte-rendu d'après-bataille

Après avoir reçu l'information que des Stukas interviendraient d'ici 20 minutes, nous avons rencontré un grand challenge.

Après quelques minutes passées à observer le territoire qui nous faisait face, et à commencer à engager quelques positions identifiées, des véhicules ennemis prirent peu à peu place sur la crête de l'arête rocheuse, sur toute la longueur, sauf à l'ouest.

Nous avons eu la surprise de découvrir quatre GMC M10, des TD armés d'un canon de 76.2 très performant, et assez bien blindés de face. Le reste n'est pas blindé, donc s'il doit manœuvrer, ce véhicule est mis en difficulté. De plus, sa tourelle est ouverte, ce qui le rend fragile s'il est pris d'assaut par l'infanterie.

L'engagement fut immédiat et il n'y avait plus de notions de blindage : 5 de nos 8 blindés PzIII et PzIV au centre se sont faits transpercer sans difficulté. Les 11 autres PzIII et PzIV plus au sud et sud-ouest étaient protégés par le relief du terrain comme conçu dans le plan initial. Les 4 M10 ennemis furent également éliminés rapidement, même si certains jouaient sur la ligne de crête en tentant de ne montrer que leur tourelle. Nous comptons 5 versus 4 pertes en faveur de l'ennemi.

Cela sert d'avertissement : nous avions tendance à mépriser l'ennemi. Il est clair que jusque là, nous étions en promenade, ce qui a pour effet de minimiser l'attention. Néanmoins, il n'y a aucune critique à formuler ici, le plan d'origine était correct pour faire face à cette situation.

Après ce moment difficile, les choses s'étant calmées, et puisque l'ennemi occupait la crête de ce djebel, sans la dépasser, j'ordonnai à l'infanterie de prendre tout le terrain jusqu'à cette arête, de s'établir en flanc de montagne. J'ordonnai également de rapprocher les chars légers et les véhicules d'infanterie. Je déplaçai aussi les 11 PzIII et PzIV du sud-ouest vers le nord, en flanc de djebel, ne serait-ce que pour combler les pertes. Les 3 chars survivants du groupe central poussèrent en direction du nord, en flanc de djebel également.

Sur ces entrefaites, ce sont des bombardiers ennemis qui nous attaquèrent. Les blindés légers à l'ouest circulaient en colonnes pour des raisons de facilité, en raison du terrain. difficile. 6 furent gravement endommagés par les bombes. Deux autres furent touchés aussi, parmi les 11 faisant mouvement vers le nord, mais étant mieux dispersés, ce ne fut que des cas individuels. Le fait que les 6 chars légers aient été groupés au moment du bombardement est surtout dû au hasard. Un mauvais endroit à franchir au mauvais moment, et puisque nous "méprisions" l'adversaire, c'est-à-dire qu'il ne nous paraissait pas très sérieux, cela n'a pas permis de se rendre compte qu'une mauvaise situation était en train de se mettre en place.

Puis ce fut le tour de nos Stukas à s'inviter dans la bataille. L'ennemi perdit surtout plusieurs véhicules d'infanterie.

Profitant de ce chaos chez l'adversaire, je fis sonder le flanc nord de l'arête rocheuse à l'Est, au centre et à l'ouest, par notre infanterie. A l'ouest, il n'y avait pas trace de l'ennemi, donc tout le groupe d'infanterie passa de l'autre côté de la chaîne de montagne. Au centre, un détachement ennemi accueillit nos éclaireurs. Après une courte hésitation, ces derniers furent suffisamment nombreux pour en venir à bout, démontrant que l'ennemi n'était pas si puissant. Le reste du groupe les rejoignit et passa de l'autre côté de la crête. A l'ouest, nous découvrîmes des véhicules endommagés par les Stukas, et un peu d'infanterie ennemie à distance, nous n'avons pas insisté, nous nous sommes limités à maintenir notre position.

Les gars à l'Est découvrirent ensuite à 150 mètres un M10 camouflé dans un creux, qui attendait pour avancer vers la crête. Nous comprenions alors le jeu des M10 qui, mélangés à des véhicules d'infanterie, avaient pu nous sembler plus nombreux au départ : en effet, ils étaient réellement plus nombreux, certains reculaient et disparaissaient de notre vue. Dans la précipitation, nous n'avons pas compté avec précision leur nombre.

Nous n'étions pas si impressionné que ça. L'habitude et l'expérience donnent des avantages significatifs : à l'époque, lorsque j'étais débutant, j'ordonnais de reculer. Nous aurions perdu beaucoup de véhicules en attaquant avec les blindés à l'ouest, et n'aurions pas gagné énormément de terrain.

J'ordonnai à l'infanterie de tenter de l'attaquer, en tentant de voir s'il n'était pas protégé par d'importants moyens antipersonnel, et tenter de voir quelle difficulté cela représente de liquider l'équipage de ce véhicule à tourelle ouverte. Car la position était inaccessible à nos blindés sans contourner toute la chaîne montagneuse, et faire de la "randonnée" avec des chars sous l'œil d'un M10 à longue distance ne me plaisait pas du tout ! De plus, même en le surprenant dans sa cachette, engager un M10 en embuscade est susceptible de nous coûter 1 ou 2 blindés, ce que j'aurais aimer éviter.

Eh bien, l'attaque s'est très bien passée, le blindé est incapable de se défendre contre l'infanterie en combats rapprochés. Si l'équipage veut combattre, il n'a à sa disposition qu'un canon assez peu efficace contre un assaut massif d'infanterie, et pour utiliser des armes antipersonnel, l'équipage doit s'exposer en-dehors de la tourelle ! Si l'ennemi avait défendu son M10 avec des troupes et des armes antipersonnel, cela aurait été impossible pour nous de l'attaquer. Mais le fait est que l'ennemi manquait de troupes.

C'est alors que le groupe d'infanterie au centre découvrit deux autres M10, l'un sur son flanc Est et l'autre en retrait au nord, en contrebas. J'ordonnai d'attaquer le premier M10, ce fut un nouveau succès, quelques grenades dans la tourelle firent bonne impression !

Le groupe d'infanterie situé à l'Est fit mouvement vers le centre. L'ennemi chercha à négocier un statu quo. Mais je décidais de tenter d'éliminer le M10 en retrait, malgré les 300 mètres qui nous en séparaient. C'était un peu osé. Les deux groupes d'infanterie, centre et Est, attaquèrent cet M10 dans un assaut très dispersé. C'est alors qu'un autre M10 se révéla à proximité, ainsi que 4 autres M10, au loin au nord-ouest, qui leur apportèrent un soutien distant. La situation devenait vraiment irraisonnable. Etant donné leur faible capacité antipersonnel (nous n'avions subi qu'une dizaine de pertes depuis tout ce temps), j'ai néanmoins ordonné de poursuivre. Le second M10 fut rapidement éliminé, depuis une position un peu plus haute, par des tirs de MG-42 qui ricochèrent à l'intérieur de la tourelle, blessant des membres d'équipage, le reste abandonna le véhicule et fut éliminé. Le premier M10 tenta de s'échapper en marche arrière, mais après quelques péripéties, la même tactique mit en panique l'équipage qui finit par abandonner le véhicule avant d'être éliminé à son tour. Nos pertes étaient faibles.

Il restait les 4 autres. Ils étaient placés, avec les 2 neutralisés à l'instant, de telle sorte à nous tendre une belle embuscade si nous avions attaqué par l'endroit facilement franchissable par les blindés : par l'ouest. C'est une grande chance que nous n'ayons pas eu à utiliser d'armes lourdes pour détruire les M10 !

Nous ne pouvions risquer de les voir nous préparer une nouvelle surprise contre nos blindés, il fallait profiter de notre avantage pour en finir. J'ordonnai un assaut général avec l'infanterie depuis le sud-ouest et l'Est, avec la participation de tous les blindés disponibles. Lorsque nos troupes s'étaient approchées en utilisant le relief comme couverture, sans attendre l'arrivée de nos chars, les M10 s'éloignaient déjà. Le dernier, trop proche, n'a pas pu nous échapper et fut éliminé à l'arme légère. Nos blindés étaient encore trop loin pour tenter d'atteindre les 3 fuyards, s'échappant en utilisant la couverture du relief (en suivant un cours d'eau asséché).

Bilan des pertes. Sur 580 personnels engagés, nous subissons environ 40 tués, 40 blessés graves ; sur 10 chars légers il nous reste 1 PzII intact (9 endommagés) ; sur 17 PzIII et PzIV, il nous en reste 9 intacts. 5 sont endommagés et 3 sont détruits. Les blindés endommagés pourront resservir, surtout en défense. Les véhicules d'infanterie sont tous intacts.

Côté ennemi, nous estimons qu'il n'avait engagé que 150 personnels, nous comptons 50 cadavres, aucun blessé survivant (il y avait essentiellement des véhicules, donc l'équipage est victime de bombes, obus, explosions de stocks de munitions : il y a assez peu de survivants dans ce genre de combats) et nous faisons 80 prisonniers, soit un total de 130 pertes et un ratio de 2.6 en notre faveur.

A l'ouest, nous revenons sur nos pas de telle sorte de sécuriser notre ligne de front.

Front nord, analyse tactique préalable

16h, 22 °C. Nous nous déployons sur le schéma habituel dans le désert et face à ce type d'ennemi. Les blindés se déploient de façon à s'exposer à 300 mètres des positions estimées de l'ennemi, l'armement plus léger et l'infanterie se déploient à couvert. Une équipe d'observateurs pour mortiers se déploie sur une hauteur au sud-ouest.

Les blindés avec armement plus lourd se déploient au sud et dans le djebel ouest. Les autres blindés, les Sdkfz et l'infanterie se déploient derrière le relief au sud, dans le djebel ouest et un détachement d'infanterie se déploie dans le cours d'eau partiellement asséché au sud-est.

Après neutralisation de l'armement lourd adverse, l'infanterie et les véhicules avec armement moins lourd, attaqueront progressivement, sous couverture des blindés plus lourdement armés.

Front nord, compte-rendu d'après-bataille

L'ennemi en fuite, regroupé là, ne possédait plus d'armements lourds. Son soutien d'artillerie a été peu précis. Etant surtout présent au centre, nous l'avons débordé à l'Est et lui avons envoyé notre groupe depuis l'ouest de telle sorte de lui couper ses voies de repli. Simultanément, nous l'attaquions depuis le sud avec les blindés équipés d'armements plus légers, les Sdkfz et l'infanterie. En l'arrosant d'obus de mortiers. Ce fut gagné, mais un de nos blindés est allé trop au contact et les nombreuses grenades incendiaires qu'il a reçues n'ont pas été sans conséquences : du liquide inflammable a pénétré le compartiment moteur et si par chance le moteur n'a pas pris feu, il est hors service.

Bilan des pertes : nous avons engagé 275 personnels, nous comptons 5 morts et 20 blessés graves : total 25 pertes. Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé 160 personnels, nous comptons 15 cadavres, prenons en charge 25 blessés graves et faisons 70 prisonniers. Une cinquantaine a réussi à fuir avant que nous ne fermions la nasse. Soit un total de 110 pertes et un ratio de 4.5 en notre faveur.

Combats lancés à 15h, J0 : réflexions à 17h J0

L'ennemi demeure faible, malgré un renfort blindé qu'il a mal su préserver.

Nous devrions continuer à repousser l'adversaire des objectifs nord pour les sécuriser, et bien défendre l'objectif à l'ouest du djebel el Mcheltat contre toute offensive éclair depuis le nord, dans nos arrières.

Pour le reste, nous devrions en rester à peu près là pour être en mesure de réagir à toute éventualité.

18h, J0 : étude stratégique approfondie et ordres

Comparaison historique

Les Allemands abandonnent également leur deuxième attaque. Ce manque de combativité, contre un adversaire aussi faible, est incompréhensible. Le commandement allemand n'a même pas cherché à tenter d'accomplir les ordres qu'il avait reçu. Le rapport de force était largement en sa faveur !

Etude stratégique approfondie et ordres

Nous avons redisposé nos troupes pour optimiser le ravitaillement et pour optimiser l'attaque vers l'ouest, tout en renforçant la défense de l'objectif à l'ouest du djebel el Mcheltat en cas de mauvaise surprise. Nous prenons notre temps : celui-ci joue pour nous depuis que nous contrôlons 3 objectifs, et il paraît irraisonnable de partir en blitzkrieg vers l'ouest, car nous risquons de fragiliser nos gains territoriaux pour un gain difficile à garantir avant la fin de cette mission.

De plus, nous déployons des canons AT de 76.2 mm et de 75 mm Pak-40 au nord pour être en mesure de faire face à une attaque blindée. Nous déploierons les canons de Flak 88 uniquement en cas de coup dur porté par un assaut blindé : les 76.2 et 75 Pak-40 sont quasiment autant performants.

L'ennemi déploie encore du renfort et nous pensons qu'il nous envoie ce qui reste de ses GMC M10, en plus d'unités dont nous n'avons aucune information. En revanche, fidèle à son habitude, l'ennemi ne lance aucune contre-attaque ou offensive.

Front ouest, analyse tactique préalable

18h. 660 personnels engagés, 22 chars PzIII et PzIV, 4 StuGIII, 7 chars PzII, PzIII et PzIV avec armement plus légers, que nous réservons pour le combat en antipersonnel avec une trentaine de véhicules d'infanterie que nous nommerons Sdkfz. Nous appliquons notre méthode classique sur ce type de combat, les chars PzIII et PzIV et véhicules antichars StuGIII se déploient assez près de la ligne de front, à moins de 300 mètres, sur toute la longueur de ce que nous considérons être cette ligne. Les véhicules plus légèrement armés et l'infanterie se déploient à couvert, dans les creux des cours d'eau asséchés ou en servant du relief, en trois endroits : au nord-est et à l'est du centre pour attaquer vers le nord lorsque les éventuels matériels lourds seront éliminés ; et au sud du centre pour attaquer vers l'ouest.

Nos chars partiellement endommagés sont davantage exposés que les autres, puisqu'il est préférable qu'ils concentrent sur eux les tirs.

Nous n'avons pas de soutien d'artillerie de longue portée, quatre artilleries de campagne leIG-18 se déploient sur des hauteurs au nord-est et au centre.

Front ouest, compte-rendu d'après-bataille

Au nord, nous avons rapidement découvert une embuscade avec quatre canons de 105 mm qui nous attendaient là. Nous les avons engagés avec chars et leIG-18 avec un résultat mitigé.

Le résultat fut mitigé, car nous étions pris à partie par des tirs très lointains manquant de précision au début, devenant progressivement précis et redoutables. Deux de nos PzIII furent touchés et mis hors de combat, chaque obus au but perçait le blindage, indiquant un puissant canon à cette distance. Nous découvrîmes alors au moins trois GMC M10 sur un djebel à 1.2 km au nord-ouest. Leur position était excellente, ils couvraient tout le terrain autour d'eux et leur puissant canon rendait non raisonnable toute approche, ou même toute exposition, pour tenter de les éliminer. A plus d'un kilomètre, ils avaient le beau rôle. Pour les déloger, nous devions manœuvrer dans les djebels et entre les rochers pour nous rapprocher afin d'avoir une bonne garantie de percer leur blindage frontal, et eux n'avaient aucun mal à rentrer quasiment chaque obus tiré. De toutes façons, nous devions d'abord liquider les positions intermédiaires, défendues par de l'infanterie, des canons et quelques véhicules d'infanterie.

Je décidai de sonder le front sud pour tenter de raccourcir les distances par tous les côtés. Peu de choses défendaient ce secteur qui fut pris quasiment immédiatement par un groupe d'infanterie assisté de véhicules légèrement armés. Des véhicules d'infanterie nous barraient la route plus au nord, de telle sorte que nos troupes ne pouvaient remonter librement depuis le sud vers le nord. J'ordonnai à quelques PzIII armés d'un petit canon de 50 mm KwK 38 L42 de s'en occuper. Cela fut fait, déverrouillant l'ouest à l'infanterie.

L'ennemi chercha à négocier un statu quo, nous n'avons pas répondu.

Simultanément, au nord, j'ordonnai au groupe d'infanterie situé au nord-est et à celui situé au centre, d'attaquer la position d'infanterie et de canons de 105, par une attaque depuis le nord-est et le sud, de telle sorte de prendre l'ennemi depuis deux côtés. Tout en restant du côté Est de l'arête pour rester à couvert des tirs des GMC M10. Cela fut un succès.

Il nous restait à éliminer la position nord-ouest, solidement tenue par les M10. J'ai longuement réfléchi à différentes approches avec les blindés, il y avait des couloirs possibles entre les djebels, permettant de camoufler les approches jusqu'à 1 km ou moins des M10. Mais je n'étais pas motivé, l'échange de feu qui allait avoir lieu ne nous serait pas favorable, nous risquions de perdre une dizaine de blindés pour en éliminer une poignée.

Je tentai une approche alternative, basée sur l'expérience de l'après-midi : le groupe d'infanterie sud pouvait tenter de se déplacer vers le nord-ouest jusqu'au flanc du djebel occupé par l'ennemi, celui-ci n'ayant pas une grande puissance de feu en antipersonnel, puis il pourrait vérifier la présence de tout autre ennemi et attaquer cette position en se déplaçant le long du djebel, protégé par le relief. Lorsque l'ennemi se retrouverait occupé, nous pourrions envoyer, de face, le groupe d'infanterie actuellement présent au nord. Puis les blindés, dans un assaut général sur cette position. Si l'ennemi réagit trop violemment durant la phase d'approche à découvert, nous lancerions l'assaut de face et l'assaut blindé : l'ennemi serait suffisamment occupé pour être moins concentré sur chacun de nos blindés.

Ce fut un succès. Notre groupe d'infanterie sud atteignit le djebel sans encombre, peut-être aidé par la pénombre annonçant la nuit. puis il attaqua les GMC M10 par l'arrière. Quelques détachements d'infanterie nous empêchèrent d'approcher rapidement les véhicules, qui prirent la fuite cette fois.

Bilan des pertes : nous subissons 22 morts et 15 blessés graves, soit 37 pertes. Côté adverse, nous comptons une vingtaine de cadavres et faisons une soixantaine de prisonniers, soit un total d'environ 80 pertes et un ratio de plus de 2 en notre faveur.

Nous perdons un PzIII complètement détruit, un PzIII a perdu tout ses membres d'équipage sauf un, et quelques véhicules d'infanterie ont été légèrement endommagés. L'ennemi ne sauve que ses trois M10.

Combats lancés à 18h, J0 : réflexions à 20h J0

La situation est stable, nous allons continuer à repousser l'ennemi de l'objectif nord pour le sécuriser, il n'y a nul besoin d'en faire plus, car nous n'avons pas le temps de nous lancer dans une offensive vers l'ouest, qui pourrait permettre ensuite d'encercler l'ennemi au sud en lui coupant ses arrières. Notre mission prend fin avant minuit, alors que nous aurions besoin de 18-24h pour une telle mission supplémentaire.

21h, J0 : étude stratégique approfondie et ordres

Comparaison historique

Les deux parties prennent des positions défensives. Côté allemand, il y a un manque d'agressivité évident, quand on voit que je suggère de continuer la mission en développant l'offensive vers l'ouest, on comprend qu'il n'y avait pas de difficultés insurmontables à faire ce qui était demandé.

Etude stratégique approfondie et ordres

Entre temps, nous pensons que l'ennemi lance une contre-attaque depuis le nord, en direction de l'ouest du djebel el Mcheltat, et dans nos arrières.

J'envoie une reconnaissance pour vérifier, qui ne trouve rien. L'ennemi s'est certainement caché dans les djebels à l'Est. Dans le doute, j'envoie du renfort pour protéger l'accès à l'objectif et à nos arrières. Par précaution, pour éviter une éventuelle attaque en ciseau nord-est vers sud-est et inversement, qui nous piégerait, je cesse ma stratégie dangereuse, je commence à éloigner la logistique, les QG et les ateliers de réparation dont le flanc ouest et sud ne sont plus protégés : je prépare un éventuel repli général. Dans le même temps, je maintiens la pression au nord-ouest pour dégager les abords de l'objectif.

J'ai fait déployer des Flak 88 sur les trois objectifs, ainsi que des canons AT de 76.2 et des 75 mm Pak-40 à plusieurs endroits de la ligne de front, tant au centre qu'au nord-ouest. L'ennemi semble se mettre à bouger, et je n'ai pas l'intention de prendre le moindre risque en début de soirée, avant de soumettre mes résultats au commandement. Je fais le maximum pour préserver mes objectifs. Si l'ennemi envoie une masse de blindés, ils seront reçus comme il se doit !

Au moment de lancer notre attaque vers le nord-ouest, l'ennemi n'avait une nouvelle fois montré aucune réaction. Fausse alerte donc.

Front nord-ouest, analyse tactique préalable

21h. Nous nous déployons sur l'autre versant de l'arête. A l'ouest, les blindés peuvent prendre place sur la crête, au nord ce n'est pas le cas, les blindés doivent s'approcher du territoire supposé contrôlé par l'ennemi, en formation en ligne. L'infanterie, les blindés plus légers et véhicules d'infanterie Sdkfz restent à couvert en attendant le nettoyage des équipements lourds de l'ennemi, conformément à la tactique approuvée sur ce type de terrain désertique.

Les canons AT de 75, 76.2 et 88 sont déployés sur les reliefs à l'Est, les 88 en retrait. Les mitrailleuses MG-42 prennent leurs positions à espaces réguliers tout le long du territoire supposé de l'ennemi. Deux artilleries de campagne de 75 mm leIG-18 se déploient sur les hauteurs à l'Est et au sud du territoire supposé de l'ennemi.

Des observateurs d'une batterie de mortiers se placent sur les hauteurs à l'Est et nous fourniront au moins des tirs d'obus éclairants au-dessus du territoire qui nous fait face.

Après une traditionnelle période d'observation et de reconnaissance avec le minimum d'engagements armés possible, et après avoir repoussé les éventuels assauts adverses, nous attaquerons avec l'infanterie et les véhicules plus légèrement armés, sous la couverture des canons et blindés plus lourdement armés.

Après quoi nous rendrons compte au GQG qui donnera ses nouveaux ordres à mon successeur, la mission sera terminée en ce qui me concerne.

Nous engageons 15 blindés avec armement lourd dont certains sont endommagés, 2 blindés avec armement plus léger (canon de 50 court), 2 canons AT de 88, 4 canons AT de 75 et 76.2, 13 véhicules avec armements plus légers (PzII, Sdkfz), 600 personnels.

Front nord-ouest, compte-rendu d'après-bataille

Cela a certainement été une des pires batailles depuis bien longtemps.

Une nuit d'encre, une topographie extrêmement difficile avec multiples arêtes plus ou moins hautes coupant la vue entre chaque, des rochers parsemés, un ennemi parfaitement préparé en embuscade tant sur les hauteurs qu'en contrebas...

Dans un premier temps, les observateurs de la batterie de mortier réglèrent leurs tirs. Ils n'avaient pas terminé lorsqu'un tir de canon se fit entendre. Un engagement commençait au sud du territoire ennemi, un PzIV était pris à partie par un M10, d'autres de nos blindés tentèrent de riposter, puis d'autres M10 révélèrent leur présence en ouvrant le feu. Un immense échange de feu désorganisé eut lieu au cours duquel beaucoup de nos chars furent détruits.

Nos gars se plaignaient de ne rien y voir, le relief complexe et invisible rendait la compréhension difficile, ce qui s'ajoutait à la difficulté naturelle de la nuit, rendant les cibles elles-aussi invisibles. On ne faisait que deviner leur présence lorsqu'elles ouvraient le feu.

J'ordonnai un tir d'obus éclairants au centre des positions ennemies.

Entre temps je portai mon attention sur le travail de nos canons AT, censés être extrêmement efficaces. Les tireurs avaient du mal à distinguer les cibles, les tirs étaient imprécis et l'ennemi, maîtrisant parfaitement le terrain, leur répondait avec précision.

Les obus éclairants au centre ont révélé peu de choses. J'ordonnai un tir plus au sud-est des positions adverses, l'ennemi se trouvant davantage sur les hauteurs. Seulement, nos observateurs, pris sous les tirs, se repliaient, abandonnant leur poste de radio. Ils étaient injoignables. Nous devions faire sans autres obus éclairants.

Rapidement, l'intensité du combat baissa : nous avions perdu l'essentiel de nos blindés et tous nos canons AT, en face, quelques M10 brûlaient.

Se posa la question de quoi faire : attendre un éventuel assaut adverse, reculer, attaquer avec la poignée de chars qui nous restaient ? Cette dernière option était suicidaire, la fuite en avant du débutant : si l'essentiel des blindés est perdu dans le combat, inutile d'en engager une poignée dans la fournaise en espérant inverser la situation.

Dans le chaos et la panique, c'est pourtant cette stupidité qui a été choisie : l'envoi des 4 PzIV situés au nord-est qui n'ont pas de vue directe sur l'ennemi en raison d'une arête, du PzIV situé au sud-est (qui est pourtant attendu, "tenu en joue" par les M10, qui a survécu jusqu'ici par miracle), du PzIII survivant qui se trouve dans la même situation sur la crête sud, des deux PzIII à canon de 50 court situés au sud-ouest (ces canons sont sûrs de ne servir à rien de face).

Puis, pour donner un aspect intelligent à cette tactique stupide : précision a été donnée d'envoyer d'abord les blindés du sud-ouest, puis lorsqu'ils se seront rapprochés, d'envoyer ceux de l'Est pour prendre l'ennemi sur deux flancs simultanés et opposés.

Cette tactique est bonne, mais à condition d'avoir un rapport de force favorable... Ici, dans le chaos global de la nuit d'encre, du relief coupant la vue, et des manoeuvres pour contourner les rochers parsemés, sans phares et uniquement à travers les épiscopes, chaque équipage de blindé doit passer un certain temps pour comprendre là où il se trouve et ce qui lui fait face, à chaque franchissement de crête. Autant dire que cela prend plusieurs minutes ! Les types en embuscade n'ont pas ce problème. Ils connaissent le terrain, leur position, savent d'où le danger arrive, n'ont aucun problème pour se repérer dans l'espace, n'ont pas à manoeuvrer, et la tourelle ouverte de leurs M10 leur permet de voir la situation dans son ensemble, sans épiscope.

Donc le tir au pigeon continua. A tel point qu'un M10 fut à court de munitions, et nos blindés ne purent que l'endommager, en le dépassant... Les 8 blindés engagés en assaut furent détruits ou endommagés, l'ennemi n'a subi aucune perte (si l'on exclut le M10 à court de munitions, puis légèrement endommagé par quelques tirs de flanc à bout quasi "portant").

Durant ce temps, l'évidence de l'erreur sautait aux yeux, mais la question demeurait : faut-il cesser le combat, reculer ou envoyer davantage de troupes dans la fournaise ?

Reculer n'était pas utile, cesser le combat signifiait ne pas repousser l'adversaire, et la fuite en avant paraissait une fois encore attirante.

C'est une nouvelle fois cette catastrophique tactique qui fut choisie : la fuite en avant du débutant. Rappelons-nous que les M10 sont faciles à éliminer pour l'infanterie. Alors, jetons l'ensemble de nos troupes sur les positions des M10 ! Que la centaine de gars se trouvant au sud-est prennent d'assaut les quelques M10 situés sur la hauteur devant eux. Que les quelques centaines de gars situés au nord-est prennent d'assaut les M10 situés en contrebas devant eux. Que la centaine de gars se trouvant au sud-ouest se joignent au combat contre la hauteur sud-est !

Ce fut assez facilement mené, l'ennemi ayant commis une fois de plus l'erreur de ne pas disposer de moyens de lutte antipersonnel. Deux de ses M10 tentèrent de s'échapper au nord, mais ils durent passer au milieu de nos troupes qui les encerclaient, et quelques charges explosives par la tourelle ouverte ont réglé leur sort.

Tout cela est bien moche, et rappelle que les erreurs, pour des raisons variées (fatigue, "éblouissement", automatisme, manque d'attention au résultat de la perte de visibilité avec la nuit tombante, aggravant la topographie complexe, non prise en compte du facteur de la perte de visibilité qui inverse le rôle blindé/infanterie dans le milieu particulier et unique du désert dans la Seconde Guerre Mondiale, manque de rigueur dans la prise en compte des possibilités laissées à l'adversaire comme le déploiement de nombreux véhicules antichars, mépris de l'adversaire, surestimation de ses propres forces), peuvent toujours se produire, et débouchent sur des bilans catastrophiques.

Car une chose saute aux yeux : toute cette tactique n'aurait jamais dû se produire. Pour une raison simple : nous devions prioritairement défendre l'objectif ! Or, pas une seule seconde, tant dans l'étude stratégique, que dans l'étude tactique, ou dans la bataille dont le déroulement vient d'être fidèlement relaté, il n'est fait allusion à la priorité absolue de défendre l'objectif ! Cela a été complètement oublié. Or, perdre cette objectif détruisait tout ce que nous avions accompli jusqu'ici. Et la fuite en avant qui a été menée au niveau tactique pouvait se conclure par une perte stratégique : si nos personnels n'avaient pas réussi à obtenir le dessus sur l'adversaire, il n'y avait plus rien derrière, l'ennemi obtenait son boulevard jusqu'à cet objectif, puis le reste des objectifs, tout en semant le chaos profondément dans nos lignes.

De plus, la nuit arrivant, le rôle tactique du couple char/infanterie s'inversait dans le milieu particulier et unique du désert dans la Seconde Guerre Mondiale : l'infanterie devait être déployée devant les blindés pour observer et reconnaître le terrain adverse et révéler les cibles. Cela n'a pas été pris en compte par deux fois : au moment du déploiement, et au moment de l'attaque, lorsque les blindés furent engagés seuls sans l'infanterie, qui n'a été engagée qu'après, et sur des objectifs différents. Dans l'étape préalable, il a été rédigé : "l'infanterie, les blindés plus légers et véhicules d'infanterie Sdkfz restent à couvert en attendant le nettoyage des équipements lourds de l'ennemi, conformément à la tactique approuvée sur ce type de terrain désertique" --> FAUX, pas la nuit, ni en cas de visibilité réduite ! Cela a été correctement mis en œuvre en début de journée pourtant !

Je ne sais pas ce qui a expliqué l'ignorance de la nécessité de préserver l'objectif (tant au niveau stratégique que tactique) ; ni celle de l'inhibition fondamentale de la "fuite en avant" propre aux débutants, consistant à engager toujours plus de moyens lorsqu'au contraire, mieux vaut avoir la sagesse d'attendre un meilleur rapport de force, ou l'exposition de l'ennemi, ou une meilleure idée ; ni celle de l'ignorance de l'inversion tactique en raison de la nuit.

Bref, ce fut néanmoins une victoire, mais au bilan mauvais.

Nous subissons environ 70 tués et 40 blessés graves, et perdons l'intégralité de nos canons AT et de nos chars PzIII, PzIV et StuGIII, à l'exclusion d'un PzIII qui a été oublié dans le chaos de la bataille, donc il ne reçut pas l'ordre d'aller se suicider et n'a donc pas participé aux combats. Nos PzII furent épargnés sauf un qui avait été exposé aux tirs car son moteur était déjà hors service, le blindé ayant été remorqué en position où il aurait pu participer au soutien antipersonnel ; ainsi que les véhicules d'infanterie Sdkfz. Tous ces véhicules n'ont pas été engagés puisque les équipements lourds de l'adversaire ont subsisté jusqu'au retrait global de l'adversaire, et donc la fin de la bataille. Soit 108 pertes sur 600, 16 blindés sur 17, 6 canons AT sur 6, 1 canon leIG-18 sur 2, 1 véhicule léger sur 13.

Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé une centaine de personnels. Nous constatons plus de 25 cadavres, prenons en charge 5 blessés graves et faisons plus de 60 prisonniers, soit un total estimé de 92 pertes. Nous pensons que quelques personnels ont réussi à fuir. Nous comptons 5 véhicules d'infanterie détruits sur 5 et 12 GMC M10 détruits sur 12.

Soit un ratio de pertes humaines de 1.2 en faveur de l'ennemi.

L'erreur ne pardonne pas. La non prise en compte de la nuit inversant le rôle blindé/infanterie en terrain désertique, la non prise en compte de l'objectif, les fuites en avant. 3 erreurs en une seule bataille. Cela se paie par un ratio de pertes favorable à l'ennemi, nous avons la chance d'être tombé sur un adversaire faible, car nous méritions une défaite stratégique majeure.

L'analyse des carcasses montre qu'un canon AT de 75 mm pak-40 a éliminé un M10, de même pour un 76.2 mm. Nous n'avons pas trouvé traces d'impacts de 88 mm, mais cela ne signifie pas qu'il n'y en ait pas eu. Un tireur sur 88 assure avoir touché une cible.

Combats lancés à 21h, J0 : réflexions à 23h J0

Il n'y a rien à ajouter, nos objectifs sont défendus, c'est la fin de notre mission.

Bataille d'el Guettar, 23 mars 1943, bilan général

Le plan stratégique osé a fonctionné. L'ennemi était assez faible et comme le montre notre triple erreur tactique finale, à contrario, notre tactique tout au long de ces combats a été excellente. Il est certain que si les combats avaient commencé par les erreurs tactiques grossières finales, qui n'auront aucune conséquence stratégique, nous n'aurions pas été bien loin.

De même si l'ennemi avait poussé depuis le sud, l'issue aurait été moins belle, mais pas forcément catastrophique.

Nous allons pouvoir présenter un bon bilan au GQG sans avoir à expliquer la triple erreur finale qui passe inaperçue.

Nous aurions pu être plus agressif, pousser jusqu'à l'objectif ouest, mais cela restait risqué, car nos troupes auraient été moins denses et encore plus étirées en longueur.

Le GQG pourra développer les succès s'il le souhaite, en prévoyant de quoi attaquer vers le sud-ouest et vers l'ouest.

Révélons le côté ennemi et la situation finale :

L'ennemi était exclusivement en défensif. Il possédait encore une quinzaine de M10 à l'ouest, le reste était essentiellement de l'infanterie, quelques canons de 37 mm y compris montés sur véhicule. Au nord, un détachement d'infanterie soutenu par 3 artilleries autopropulsées de 75 mm HMC T30 ne nous auraient pas fait grand mal.

Le GQG est satisfait, sans plus, car il manque de ressources pour envoyer davantage de troupes dans ce secteur. Tout ce qui était à notre disposition devait assurer la destruction complète de l'ennemi en moins de 24h, ce qui était excessif. Résultat : la mission est abandonnée, repli général des troupes.

En 1943, les Allemands ont essuyé une défaite majeure, dans l'esprit de ma dernière bataille nullissime qui est une bien vilaine tache dans mon tableau. Si celle-ci s'était produite au départ, puis tout au long de la journée, nous aurions eu un bilan identique à l'Allemagne. Finalement, mon résultat correct, et le mauvais résultat des Allemands, montre que le GQG replie ses troupes dans tous les cas. Nous aurions pu faire mieux, mais je pense que cette mission n'était pas faisable avec les résultats attendus par le GQG. Elle nécessitait d'un peu plus de troupes. Il ne les avait pas. Voilà tout.

Voyons les chiffres.

Nous pensons avoir tué 1 400 personnels US, l'ennemi déclare 360 tués, 200 blessés graves, 700 disparus/capturés, soit presque 1 300 pertes, ainsi que 140 blessés légers.

L'ennemi pense avoir tué 900 de nos personnels. Nous déclarons 250 tués, 250 blessés graves et aucun disparus/capturés, soit environ 500 pertes, ainsi que 600 blessés légers.

Les pertes sont toujours une notion très subjective. Le contrôle du terrain est beaucoup plus objectif.

Certaines courbes traduisent l'inversion finale, la triple erreur tactique se paie méchamment dans le bilan.

Investigation post-bataille sur les fautes commises

Une investigation est nécessaire pour comprendre les erreurs graves commises durant la dernière bataille et trouver des remèdes pour éviter leurs répétitions ultérieures.

Quatre erreurs ont été décelées : une par le stratège et trois par le tacticien (qui est une même personne ici, avec des casquettes différentes, les deux rôles ayant été espacés d'une semaine. Notez que l'investigateur est également la même personne changeant de casquette, 4 jours plus tard, qui remet en question ses actions).

Erreur n° 1, responsabilité du stratège

Le stratège mentionne dans son journal de bataille : "je maintiens la pression au nord-ouest pour dégager les abords de l'objectif. [...] Je n'ai pas l'intention de prendre le moindre risque en début de soirée, avant de soumettre mes résultats au commandement. Je fais le maximum pour préserver mes objectifs".

Le stratège n'a pas transmis au tacticien l'objectif stratégique qu'il attendait de cette mission. Le stratège a demandé au tacticien de mener une offensive pour repousser les forces ennemies des abords d'un point clé sans mentionner qu'il engageait ce point clé (aucune force spécifique n'était dédiée à la protection de ce point clé) et qu'il appartenait au tacticien de prioritairement protéger ce point clé, et en second temps seulement, si possible, d'éloigner l'ennemi.

Il ne s'agit pas d'une faute.

Solution n° 1

Le stratège doit être challengé et son travail doit être vérifié, par un ou plusieurs autres stratèges qui ont pour rôle de le conseiller, de lui suggérer des éléments, des rappels.

Erreur n° 2, responsabilité du tacticien

Le tacticien n'a pas tenu compte de la baisse de luminosité de la nuit tombante et de cet effet sur la bataille à venir. Il s'agit d'une faute lourde.

Erreur n° 3, responsabilité du tacticien

Le tacticien n'a pas tenu compte de la nécessité de protéger le point clé qui était dans le domaine de sa responsabilité, ayant toutes les troupes du secteur sous son commandement. Il était alors manifestement évident qu'aucun autre groupe ne pouvait assurer cette défense.

Il s'agit d'une faute lourde.

Même si le stratège ne lui avait pas communiqué l'information de l'importance de préserver le point clé. C'est la règle par défaut. C'est l'inverse, lorsque le stratège sacrifie un point clé ou une ou plusieurs unités de combat, qui demande confirmation.

Erreur n° 4, responsabilité du tacticien

Le tacticien a "surenchéri au Poker" après la catastrophe de la perte rapide d'un grand nombre de blindés en engageant ce qui lui restait de ses blindés, sans même mesurer la pertinence de sa décision par rapport à l'absence de visibilité, au terrain complexe et aux forces qui lui faisaient face, dont il n'avait qu'une connaissance très partielle, ni les conséquences sur ses propres lignes.

Le tacticien a "surenchéri au Poker" une seconde fois en engageant l'intégralité de ses personnels dans la destruction de positions occupées par des blindés à tourelle ouverte et des positions d'infanterie, sans même mesurer la pertinence de sa décision par rapport aux forces qui lui faisaient face, dont il n'avait qu'une connaissance très partielle, ni les conséquences sur ses propres lignes. Par chance, le rapport de force était écrasant et a gommé les fautes.

Il s'agit de plusieurs fautes lourdes.

Solutions n° 2, 3, 4

Le tacticien doit être challengé et son travail doit être vérifié, par un ou plusieurs autres tacticiens qui ont pour rôle de le conseiller, de lui suggérer des éléments, des rappels. Y compris au cours du déroulement de batailles intensives.

Conclusion

Il apparaît que deux raisons expliquent l'absence de conséquences à ces fautes lourdes, elles sont toutes deux indépendantes de la volonté des responsables :

  • Il s'agissait de la dernière bataille de cette mission (de telles erreurs lors du premier engagement auraient remis en question l'intégralité de la mission). Ces fautes sont d'autant plus inacceptables qu'on ne peut invoquer un manque d'expérience. Il s'agit de fautes d'étourderies, de manque de concentration.
  • L'ennemi était faible, le rapport de force était de 600 personnels contre 100 et de 15 blindés et 6 canons AT contre 12 véhicules antichars.

Par chance, les fautes n'ont entraîné aucune conséquence, comme exposé précédemment, le résultat reste largement au-dessus du résultat faisant référence (1943).

Bien sûr, les solutions ne sont pas applicables dans le cadre de la reconstruction historique, conséquemment les erreurs pourront se reproduire à l'avenir.


Nous nous dirigeons vers la contre-attaque allemande de Stepanovka, qui a été présentée fin 2022, en bas de page. Il n'y aura pas le droit à l'erreur là bas. On ne fonce pas tête baissée sans réfléchir sur les appâts ennemis, en ignorant les objectifs, la visibilité et ce qui reste en réserve !

https://telegra.ph/Simulation-bataille-de-Stepanovka-30-juillet-1943-04-30

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