Traînée allemande insatiable

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Full text of " Andreas Gryphius et la tragédie allemande au 17e siècle "


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ET LA



TRAGÉDIE ALLEMANDE



AU



XVII SIECLE



PAR



LOUIS G. WYSOCKl

Docteur es Lettres
Aeréeé des Lantrucs Vivantes




PARIS
EMILE BOUILLON, EDITEUR

67, RUE DE RICHELIEU, 67

1893



EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE



Bibliothèque d.i/écolepratiol-f: des Hautes Études, publiée sous les aus-
Sfrécok ' l 'nstruction publique par les professeurs et les élèves

Nota. - Pour le détail des fascicules précédents voir notre catalogue général.

91. Pétrarque et rhumanismc d'après un essai de restitution de sa bibliothèque
C9 F.Pf ^H '^\^,"',''"*^- ^'y'^ "^' portrait et 3 planches de fac-similés IfX

92. Ltudes de philologie neo-gncque. Recherches sur le développement h si

torique du grec publiées par J. Psichari. ^^^ 90 ,v r.n

93. Lt'SchroniquosdeZar-a YàEqôb et de Ba^eda Mâryâm, rois d'Éthicp e de

1434 à 14,8 te.Me éthiopien et traduction, précédées d'une introduction
et accompagnées d'une carte, par J. Pcirucbon. miroauction

J4. La prose métrique de Syinmaque et les origines métriques du Cursu« I v
95. Les lamentations de Mathéolus et le livre de Lee^ce dé Jehan h FéVnp i.'
?n:'^'fir'J'''T'' ''^ XlVe siècle ÉditiUcrft?que5cœmp?gné'e'de
i^.nfinf af'".'^"' L^-^^^t^ti^ns d'après l'unique mlnnscrit d'LU?ecbt

texte l^.ln^ i .'m P '^'^ ^?' &l«^sai'-«^. P^r A G. van Hamel Tome '
textes tranrais et latin des Lamentations. ,-, r



U) fr



Bibliothèque française du .moyen âge. Format petit in-8*.

I, II : Recueil de motets français des xii« et xiii* siècles nuLlié^ â'^nrô- 1,.
manuscrits avec introduction, notes, variantes etCDaraR.vn.nH^ '•
d'une étude sur la musique au'siècle de Stoui^^'ari LaS^fls'' isi^^
rnZsin^;:^f^Û^^:ir^ ^- ^-»^ «^ vananls. publié d'aprls q^u^^^é
P.^Meyer:^''"""'^'"' '' ^'"'""^ '^'"' ^' "'térature française du moyen âge pa';

VI, VII : Œuvres de Gautier d'.^rras, publiées par E. Loeseth . î| Ir'.

'''lln!Ziïrru^':ti^}^-j'^^'- ^'' "•'-'^!. ^^'^'"'^ '^''' César et Hirtius . de
Jésus. • ^""^ composés dont Rix est le dernier terme In-18

^nlère. in-80^*'''^' '"■■ '" P'-i"'^*?^" adverbes : affirmation, négation. m*i-
^ Gr'ini"^;^" ^' P''^"«"'^i^t'0'^ ^''^nçaise du nom de Jean Law, le finander.
BiN.^^(H.).-Le style de la lyrique courtoise en France auxxn-et xm» litle?

'ï^^i1e^^::?utit^ïi^iS^^""^^^^ ^-"^^'^ ^^- Siècle), ?:^ilï

%"qu\'^d''e-ie';il.1eîê'ielSr"'t '" i^'"'"^'^: !^'"^^ Phonétique et morpholo:
J^^i^^V^V'::lZ;!et^'' spécialement à Bailleul et ses'^envi-

TnTaTr'eT h lilï"/"" ^"Ç^-' ('-«-^v. siècles), précéd .e d'un Lwea?
lllZTo'Va^^ ^" moyen âge et suiv ie d'un glossaire

laïesdS-utresnrn^?n'"''H'V^^-'^"'"''^'R^^^ '«« «=0"te. popL:

la rropngat?orde^s col-'nn' V"'"'" '' Précédés d'un essai sur l'origine^t
ARMFSTET^,^ AT n Popul-'ircs européens. 2 vol. gr. in-80. 12 fr



ANDREAS GRYPHIUS



ET LA



TRAGÉDIE ALLEMANDE AU XVII« SIÈCLE




ET LA




TRAGÉDIE ALLEMANDE



AU

XVII' SIÈCLE

PAR

LOUIS G. WYSOCKÏ

Docteur es Lettres
Agrégé des Langues Vivantes




PARIS
EMILE BOUILLON, EDITEUR

67. RUE DE RICHELIEU. 67

1893
Tous droits réservés




PT



A MON PERE



HOMMAGE D AFFECTION FILIALE



PRÉFACE



On considère volontiers en Allemagne et ailleurs le XVII"
siècle comme une période stérile dans l'histoire de la litté-
rature allemande, et les critiques le dédaignent sous prétexte
qu'il leur répugne d'étudier une époque livrée tout entière à
l'imitation étrangère. C'est là une erreur. S'il est indiscutable
que les Allemands ont trop imité notre littérature du siècle de
Louis XIV, il n'en est pas moins vrai que plus d'un auteur a
laissé des œuvres auxquelles on ne saurait contester une part
d'originalité.

De ce nombre est Andréas Gryphius, le premier Allemand
qui ait au XVIP siècle écrit une tragédie correcte.

L'oubli n'a pas tardé à venir pour lui comme pour tant
d'autres écrivains, illustres cependant à plus d'un titre, Hans
Sachs, par exemple, dont le nom était à cette époque syno-
nyme de bêtise '.

Qui s'occupe aujourd'hui de Gryphius, ou plutôt qui a ja-
mais étudié ses drames sans idée préconçue, pour y chercher
ce qu'il y a mis ? A-t-on essayé de saisir exactement sa
pensée, d'expliquer la forme et l'essence de son drame par
la connaissance de sa personnalité, de comparer le poète avec
l'homme, de chercher derrière la tragédie les idées qui l'ont
inspirée ? Non, carie siège était fait d'avance ; il était convenu
qu'au XVIP siècle l'originalité n'existait pas.

Certains critiques, en efï'et, aiment la besogne facile : ils neli-
senipas les ouvrages qu'ils ont à apprécier, et s'en rapportent à
l'opinion des autres. C'est ainsi qu'ils ont déclaré sans con-
trôle, sur la foi d'un écrivain contemporain^ que Gryphuis s'é-
tait borné à imiter le drame hollandais, que sa tragédie n'était
qu'une copie de celle de Vondel. Bien plus, ils l'ont érigé en

1 Voir l'étude de M. Schweitzer sur Hans Sachs, Nancy, 1887, p.
420, 421 et notes. , .

2 Kollewijn, Ueber den EintUiss des holhvndisclien Dramas aut

Gryphius, Heilbronn, 1880.



Il PHKFACE

chef d'école, ils ont cru retrouver ses théories dans la Poéti-
que des écrivains dramatiques de la fin du siècle.

Qui depuis a songé ù vérifier l'exactitude de ces assertions ?
On a accepté les yeux fermés ces jugements, on a refusé à
Gryphius toute originalité, et on a affirmé que tout le théâtre
de cette époque reproduisait les caractères du sien.

Le but de cette étude est de démontrer le néant de ces ap-
préciations, et de faire voir d'une manière claire que Gryphius
est un poète original, unique dans l'histoire de la littérature
dramatique du XVIP siècle, que son théâtre, au lieu d'être une
copie du théâtre hollandais, est une œuvre essentiellement per-
sonnelle, qu"il est le reflet de ses idées, de ses sentiments,
de sa philosophie et de sa religion, et en même temps l'image
intense de la situation intellectuelle et morale de TAllemagne
pendant la guerre de trente ans, enfin qu'il n'y a aucune ana-
logie entre sa tragédie et celle des auteurs dramatiques de la
fin du siècle.

Après quelques détails sur l'état du théâtre allemand jus-
qu'en 1646, nous étudierons la tragédie de Gryphius et sa Poé-
tique, puis nous les comparerons avec celles des autres nations,
nous déterminerons ce qu'il leur a emprunté, pour faire res-
sortir ce qui lui appartient en propre, enfin nous examinerons
l'influence qu'il a pu exercer sur le développement de l'esprit,
du goût et du théâtre du XVIP si.' cle.



I



PREMIERE PARTIE



LE THKATRE ALLEMAND DEPUIS LE XVF SIECLE JUSQU A
(iRYPHIUS



CHAPITRE I.



LE THEATRE ALLEMAND SOUS L INFLUENCE DE LA RENAIS-
SANCE ET DE LA RÉFORME.



lo Coup d'œil sur l'état du goût, des arts, des mœurs, de la lan-
gue et de la littérature au xvie siècle.

2o La Renaissance et les savants. Les savants ne s'occupent que
de la forme du drame. Traduction et imitation: résultats. Du but
assigné au drame : la morale et la pédagogie. L'imitation en la-
tin.

3° La Réforme et le drame. La polémique religieuse au théâtre, la
religion supplante la morale, le théâtre devient une succursale
de Téglise. Résultats : pour les savants comme pour les réformés
le théâtre est didactique et limité à un petit nombre de sujets
toujours les mêmes.

40 Rebhun et le drame savant, Hans Sachs et le premier essai de
sécularisation du drame : intluences négatives. État du théâtre
dans la troisième partie duxvi^ siècle.



Pour bien comprendre la renaissance allemande du xvi*'
siècle et son influence sur la littérature dramatique, il faut
connaître l'esprit du temps, car le théâtre en est l'expression
la plus parfaite. Éducation artistique nulle, absence d'idéal,
terre à terre continuel, goût pour l'utile, pour l'intérêt immé-
diat, telle en est, ce me semble, la caractéristique. L'esprit est
étroit, mesquin, naïf, et par dessus tout stérile. On s'attache
aux petits côtés des choses, aux détails, à l'extérieur, à la
forme. Avide de progrès, et cependant incapable de grandes
conceptions, l'esprit allemand semble épuisé dès le début : il
reçoit les impressions du dehors, et se borne à les refléter
sans y rien ajouter : il est à l'état passif.

Incapable dépenser par lui-même, l'Allemand du xvi^ siècle
pense par l'intermédiaire des autres, et tâche do reproduire
leurs idées; incapable d'originalité, il s'attache à l'imitation,
et à l'imitation servile ; il calque les œuvres étrangères, et.
comme tous ceux dont le goût n'est pas exercé, il comprend
mal le modèle, l'alourdit, le gâte même, et croit triompher,

Wysocki, Gryphius I



2 ANDREAS GRVPHIL'S ET LA TRAGEDIE ALLEMANDE

parce que dans ses pâles copies il réussit à reproduire quel-
ques-uns des traits de Toriginal.

D'ailleurs, tout semble sombrer à la fois dans cette société
de la fin du xv^ siècle : le goût, les mœurs, l'art, la langue, la
littérature. Il faut lire les Fastnachtspiele de Folz et de Ro-
senblut, le Narrenschiflf, le roman du Renard, l'Eulenspiegel,
le Narrenbeschwœrung de Murner, les écrits de Jean de Wesel,
les sermons de Geiler de Kaisersberg, les satires de JeanButz-
bach, et surtout les chansons satiriques du temps pour se
faire une idée des mœurs de cette époque ^.

Au xvie siècle les grands peintres, les sculpteurs, les orfè-
vres, les Cranach, les Durer, les Holbein, les Schongauer
n'ont pas trouvé de successeurs. La littérature poétique meurt
de consomption, elle agonise lentement dans les écrits des
« Maîtres chanteurs », ces insipides écrivains d'arrière-bou-
tique, ces artisans qui croyaient écrire en vers, parce qu'ils en-
dimanchaient leur prose de tous les jours, ne voyaient dans la
poésie qu'un mécanisme, qu'une série de formules, aunaient
les vers comme ils aunaient de la toile, et se croyaient poètes
parce qu'ils savaient par cœur la Tablature, cet impérissable
monument de leur niaiserie et de leur pédantisme. La poésie
lyrique n'est plus qu'un souvenir ; la lyre allemande dont les
« Minnessenger 2 » avaient su tirer des sons si harmonieux, est
aujourd'hui muette. Que dire du théâtre ?

Car il y avait un théâtre au xve siècle : à côté des inévitables
Mystères s'était développé peu à peu sous l'égide de son véné-
rable, de son orthodoxe voisin, un genre tout nouveau, tout
l'opposé du premier, pas religieux du tout, mais aussi vivant,
aussi téméraire, et, disons le, aussi dévergondé que l'autre
était tramant, incolore, et chaste.... à ses débuts. Les Fast-
nachtspiele sont de simples farces. De correction scénique
point; la fantaisie domine dans ces pièces, dont le seul but est
de provoquer le gros rire des cordonniers, des barbiers et
autres clients ordinaires de ce genre de spectacle ; l'ordure y
tient plus de place que l'esprit 3.



1 Voir Janssen , L'Allemagne à la fin duMovenAge. Paris,
1887, vol. I, 214-220 ; 259: 362-371 ; 575-580.

ï Voir l'étude de M. A. Lange sur AYalther von der Yogelweide.
Paris, 1879.

3 Voir les Fastnachtspiele édités par A. Keller, dans la collection
de Stuttgart.



AU XVII*^ SIÈCLE 8

Avec l'inspiration poétique le goût pour la poésie diminue, le
règne de la prose s'affermit. Aussi les traditions disparais-
sent-elles peu à peu, et quand la Renaissance essaiera d'huma-
niser l'Allemagne, elle devra la remettre aux éléments.

A tous les points de vue l'Allemagne, est au xvi^ siècle, dans
un état d'infériorité sensible vis-à-vis des autres nations de
l'Europe ; la langue elle-même n'est pas formée, et, par sur-
croît, la Renaissance doit lutter contre l'indifférence générale *.
Cependant, telle est sa force, qu'elle a su malgré tous les obsta-
cles, se frayer un passage, et donner à l'Allemagne un sem-
blant de vie nouvelle. Bannie des cours, elle s'est réfugiée au-
près des savants, qui l'ont accueillie, sans doute, mais qui avec
la rudesse qui les caractérisait, l'ont aussitôt dénaturée, en la
réduisant au niveau de leur esprit, pour en faire une renais-
sance d'un genre nouveau, la renaissance de la forme. Feuil-
letez les Poétiques du temps, et elles sont nombreuses^, il n'y
est jamais question que de la forme, que du mot; c'est le règne
de l'épithète, de la périphrase, des expressions sonores, des
mots à effet, c'est le triomphe de l'anthologie.

Gens superficiels, les savants du temps ne s'inquiètent guère
du fond ; si la forme y est, tout y est. C'est pour eux que
notre Du Bellay semble avoir écrit son ouvrage, car pour eux la
Renaissance n'a été qu'un immense plagiat. Ils ont tout pris,
tout enlevé, ils ont emprunté le moule antique, mais ils n'ont
rien mis dedans.

La Renaissance allemande du xvi^ siècle n'est que la prise
de possesion de la forme antique par les savants. C'est peu,
mais c'est là la seule influence que l'on puisse reconnaître à
la Renaissance.

Cette influence s'exerce de deux manières : par la traduc-
tion, par l'imitation. Traduire? Ce n'est pas d'aujourd'hui que
date cette passion en Allemagne. Qui pourrait dire le nombre
de traductions qui ont paru depuis le milieu du xvi« siècle jus-
qu'à Opitz ? La traduction était, du reste, en honneur à cette
époque aussi bien en France qu'en Allemagne. Chez nous Du



1 Lemcke, Von Opitz bis KIopstock. Leipzig, 1871, p. 173-174
Opitz, Buch von derdeut schen Poeterey. Halle, 1865, IIIp.ll;Zinck-
gref. Préface des Poésies d'Opitz. Strasbourg, 1634.

2 Voir plus bas. Première partie, chap. IV.



4 ANDREAS GRYPHILS ET LA TRAGEDIE ALLEMANDE

Bellay 1, Sibilet'^, la recommandaient^. Au xviie siècle Opitz et
les siens sont de zélés traducteurs. On ne se contente donc
plus de lire les textes dans l'original, on veut les avoir dans sa
langue. Travail de traduction, travail stérile, dira-t-on? Non,
car c'est par ce seul moyen que la Renaissance a porté ses fruits.
En effet, si au début du xvi'^ siècle, on avait cherché à donner
une certaine forme au drame, on était encore Lien loin du
but^. Le mérite de ces traductions est d'avoir contribué à don-
ner aux auteurs dramatiques ce qui leur manquait : la forme,
le style. C'est tout ce qu'ils demandaient à l'antiquité.

Le drame grec, par sa simplicité d'action, son petit nombre
de faits, ses caractères simples, devait leur plaire : ce qui est
simple parait si facile à imiter ! Et puis, ne trouvaient-ils pas
chez les Grecs et chez le législateur de leur théâtre, que
Schosser commenta pour la première fois en Allemagne s, ce
qu'ils cherchaient avant tout : des modèles et des règles, un
guide sur qui leur montrât les voies à suivre ? Aristote expo-
sait la théorie, Sophocle et Euripide la réalisaient, du moins
ils le croyaient. En fallait-il davantage pour les séduire ?

Mais ce n'est pas tout : Rome a son tour. Horace est, à cette
époque, au moins aussi populaire chez les savants que le
Stagyrite; Plante etTérence partagent la faveur des Grecs, on
les traduit, on les imite, et le jour n'est pas loin où, fatigué
d'imiter en allemand, on imitera en latin, dans la langue du
modèle. C'est une véritable fièvre qui s'empare des esprits.
D'abord le cadre : les actes, les scènes, les chœurs, puis les mots :
tragédie, comédie, sans compter les autres genres secondaires.
On écrit des préfaces pour justifier la division en actes et en
scènes, ou la présence des chœurs ^. On établit la différence



1 Défense et illustration de la lanoue française.
' Poétique.

s Voir Egger, l'Hellénisme en France. Paris, 1869, vol. I, p. 260-
261.

* Voir les pièces de Gengenbach : Die Zehen Alter dieser Welt,
15-25 ; die Ganchmatt, 1516 ; Nollhart, 1517 : Gênée, Lehr - und
Wanderjahredes deutschen Schauspiels. Berlin, 1882, p. 36.

s Disputationes de tragœdiaex primo libro Aristotelis-spl -oi-/]ti/.-/jç.
Francfort.

6 Préface des noces de Cana, par Rebhun, préface de Lazarus,
1545, par .Toachim Greff. Voir aussi Hœpfner, Reformbestrebungen.
Berlin, 18(36, p. 8 ; Borinski, Die Poetik der Renaissance. Berlin.
1886, p. 220.



AU XVI I« SJÈGLE r>

entre la comédie et la tragédie^. La première pièce allemande
avec chœurs est la Suzanne de Rebhun (1535).

On avait donc le cadre, on avait le titre, on avait des autorités
sur lesquelles on pouvait s'appuyer, et l'on sait combien on est
heureux à cette époque de les citer.... restait l'exécution. Mal-
heureusement Aristote n'enseigne pas ce qu'il faut mettre dans
la tragédie ; c'est une lacune que les Allemands ont dû vivement
regretter. S'il avait donné un catalogue des scènes à faire, un
recueil alphabétique des situations avec les idées à exprimer, il
aurait évité aux Allemands la peine d'adapter au cadre antique
leurs indigestes compositions, et à la critique celle de constater
leur platitude.

Mais non, les savants n'étaient pas si exigeants, et leur vœu
le plus cher s'est trouvé réalisé, lorsqu'ils ont pu écrire « prolo-
gue » en tête de leurs pièces, « épilogue » à la tin. L'extérieur,
voilà, en effet, tout ce qu'ils ont emprunté à l'antiquité; c'est à
ce genre d'imitation que des savants tels que Frischlin, Eoba-
nusHessus, Ericius Gordus, Reuchlin, Naogeorg ont consacré
leur existence et leur science. Aussi ont-ils tous les mêmes dé-
fauts : leurs pièces sont ternes, languissantes, ennuyeuses,
parce qu'ils manquent d'art et de pratique. Comme l'a fait
remarquer Hettner-, l'art demande un goût et une méthode
que l'enfance d'une littérature ne saurait posséder. Or, goût,
art, et méthode sontchosesinconnues aux dramaturges du xvi"
siècle. Ils ressemblent à ces apprentis qui, parcequ'ils nettoient
la palette de leur maître, croient lui dérober le secret de son art,
et peindre à leur tour, parcequ'ils se servent de ses pinceaux et
de ses couleurs. La pratique? Mais où l'auraient-ils acquise?
Ce n'est sans doute pas à la représentation des Mystères ou des
Fastnachtspiele ? L'art ? Mais ils y étaient réfractaires. La
méthode ? Mais elle ne s'improvise pas ; elle est le résultat de
longues éludes, de longues réflexions. Or. les savants n'avaient
ni étudié longuement, ni réfléchi longuement, et cependant ils
prétendaient créer le drame de toutes pièces, ils voulaient
inproviser la tragédie qui, pour citer l'opinion d'un critique



1 Proloorue de Fùrst Wilhelm von Orlientz und sciner Amalia,
15')!», pur H. Sachs, et préface de Tragoedie von eineni ungerecliten
Richter imprimée à Heinrichstadt en 1592. auteur inconnu.

- Das moderne Drama. Brunswick, 1852, p. 9.



b ANDREAS GRYPHIUS ET LA TRAGEDIE ALLEMANDE

contemporain, « est le fruit glorieux des saisons prospères, le
signe évident de la perfection littéraire et de progrès social*. »

Cette idée seule démontre la nullit
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Séduction interraciale intense

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