Simulation, bataille de Susangerd, 5 janvier 1981 à 16h
Actualités mondiales & françaises(Reconstitution historique)
Ouest de Sadun Hamudi : compte-rendu d'après-bataille
Nous avons appliqué les consignes à la lettre et défendu jusqu'au dernier homme en maximisant l'efficacité antichar et antipersonnel. L'ennemi a mené un assaut gigantesque avec des dizaines de chars, des dizaines de véhicules d'infanterie, soutenus par des équipes d'ATGM et des avions. Il nous aurait été nécessaire d'avoir au moins 5 fois plus de moyens à notre disposition. Rapidement, nos 7 Chieftain ont été détruits, même s'ils ont réussi à emmener avec eux peut-être davantage de blindés adverses. Nos soldats armés de RPG ont été empêchés de sortir la tête de leurs tranchées par un nombre impressionnant de tirs de mitrailleuses et de canons. L'ennemi n'a pas pu passer par le sud de notre position, il a alors contourné par l'ouest et est resté à distance de nos troupes dotées de capacités antichars. Il n'y a guère que le premier char ennemi à se présenter à nos fantassins qui a pu être détruit ainsi. La cerise sur le gâteau, alors que nous avions déjà perdu le territoire ouest de Sadun Hamudi, est un puissant bombardement aérien sur nos rares troupes qui fuyaient. Si l'ennemi poursuit son offensive actuelle, même avec l'intégralité des moyens à notre disposition dans tout le secteur de Susangerd, nous ne pourrons pas le retenir. Les Iraniens devront expliquer comment ils ont pu progresser aussi facilement en faisant se replier l'ennemi sans combattre.
Bilan des pertes : sur 272 personnels engagés, nous déplorons 55 tués et 80 disparus, probablement morts ou blessés graves et dans tous les cas prisonniers. Soit 135 pertes. Côté adverse, d'après nos renseignements, malgré le rapport de bataille précédent, nous estimons que l'ennemi avait engagé moins de 250 personnels, mais la différence se fera certainement ressentir sur le nombre de blindés déployés, nous verrons cela bientôt. Nous pensons que l'ennemi a subi 60 tués et 35 blessés graves, soit environ 95 pertes et un ratio de 1.4 en faveur de l'ennemi.
Du côté des blindés maintenant. Chez nous, c'est rapide, il ne reste qu'un BTR-60 et un M113 qui ont pu s'échapper, ils se trouvaient protégés par la cote 17. Tout le reste a été abandonné sur place, y compris les mortiers.
Côté ennemi, voici ce que permettent d'estimer les différents témoignages de nos troupes. Nous comptabilisons :
- 5 T-62 détruits par des tirs de Chieftain dont 1 a également reçu un tir ami en arrière tourelle, l'endommageant gravement, 1 par un tir de RPG, 3 intacts,
- 3 T-55 détruits par des tirs de Chieftain, 10 intacts,
- 1 BMP-1 intact,
- 2 BTR-60 détruits par un tir de Chieftain, 4 BTR-60 détruits et 4 gravement endommagés par des tirs de mitrailleuse de 14.5 mm de nos propres BTR-60, 3 intacts,
- 3 BRDM-2 détruits, 2 gravement endommagés par des tirs de mitrailleuse de 14.5 mm de nos BTR-60, 1 dont l'équipage fut tué par des balles de MG-3 ayant projeté des morceaux de blindage à l'intérieur, 3 intacts.
Bilan : l'ennemi avait engagé 22 chars, il en perd 9 et en conserve 13. Sur 23 véhicules d'infanterie, 16 sont perdus et 7 sont intacts.
Nous avions engagé 7 chars, tous perdus ; et une quinzaine de véhicules d'infanterie, 13 perdus, 2 intacts.
Les témoignages montrent que la bataille avait démarré avec un fort avantage de notre côté, où l'ennemi a subi la plupart de ses pertes, puis, le temps qu'il identifie l'emplacement de nos Chieftain et ensuite de nos BTR-60, l'avantage s'est réduit, les ayant rapidement éliminés avant de contourner notre dispositif par l'ouest.
Ce n'est donc pas si catastrophique pour la suite si l'ennemi ne compense pas ses pertes. Nous allons renforcer notre flanc ouest avec une unité prise à l'Est. Nous verrons si nous pouvons tenir Sadun Hamudi et si l'ennemi n'attaque pas ailleurs.
Batailles lancées à 16h J0 : réflexions à 18h, J0

La puissante contre-offensive ennemie à l'ouest risque de nous faire perdre Sadun Hamudi, et pour retenir la progression ennemie, nous allons devoir affaiblir le flanc Est du village. Ce flanc Est est actuellement menacé par des unités affaiblies, mais des renforts arrivent également. Il est étonnant que l'Iran ait réussi à obtenir le départ des unités irakiennes aussi facilement et que notre stratégie plus précautionneuse ait moins bien fonctionné. Peut-être que l'armée iranienne a effrayé l'ennemi par une stratégie et une tactique agressives alors que notre peu d'agressivité nous fait apparaître comme faibles, ce qui est possiblement aggravé par notre tactique qui pourrait être peu efficace.
19h, J0 : étude stratégique approfondie et ordres
Comparaison historique

Les Irakiens continuent à fuir. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas les mêmes Irakiens, ni en motivation, ni en nombre. Cela demandera une explication.
Etude stratégique approfondie et ordres
Voici la situation alors que l'ennemi réorganise ses forces. On note que les voisins à l'ouest débordent les Irakiens.

Nous déployons toutes nos réserves à Sadun Hamudi, engageons des hélicoptères AH-1J, des M113 équipés d'ATGM, faisons une rotation parmi nos unités en elles-mêmes (les unités de l'Est sont démunies de leurs troupes et équipements qui passent sous la responsabilité des unités défendant Sadun Hamudi. Si l'ennemi attaque également à l'Est, nous perdrons tout.

L'ennemi poursuit son attaque depuis l'ouest en déployant encore de nouveaux renforts, et il a bien l'intention de prendre Sadun Hamudi. S'il nous écrase, nous n'aurons plus de troupes, les autres unités sont vides, à l'exception de celles sur l'objectif nord-est. Encore une fois, si l'Iran avait fait fuir les Irakiens, cela demande des explications...

Sadun Hamudi : analyse tactique préalable
19h, 10 °C, nuageux.
Nous déployons nos Chieftain et lanceurs ATGM Tow à longue distance, près de Sadun Hamudi. A leurs côtés, davantage camouflés, se trouvent des canons sans recul M40 et des BMP-1 qui n'engageront des cibles à qu'à 1 km environ, la portée de la plupart de leurs armes. Nous devrions avoir le soutien de 4 hélicoptères AH-1J dans les minutes à venir. Nos rares véhicules et troupes sans capacité antichar sont cachées dans Sadun Hamudi. Toutes nos unités sont retranchées.
Ce qui reste de nos deux unités en retraite, complétées par un groupe de 3 Chieftain qui ont été surpris dans leur trajet vers l'ouest de Sadun Hamudi depuis nos arrières (ils arrivent en retard de plusieurs heures), sont au contact avec l'ennemi, au nord. Les véhicules tenteront de vendre chère leur peau, quant aux personnels, ils ont pour consigne de s'éloigner le plus rapidement possible vers le nord-est, le plus discrètement possible.
Nous déployons moins de 300 personnels, 16 Chieftain, 5 M113 avec lanceurs TOW, 4 BMP-1, 3 canons M40 montés sur véhicule tout terrain Land Rover, 1 BTR-60, 5 M113, quelques mortiers et 4 hélicoptères AH-1J. Parmi eux, 3 Chieftain, surpris dans leur déploiement, sont au contact de l'ennemi
C'est à peu près tout ce qui nous reste sur le secteur de Susangerd, sauf une poignée de Chieftain et de M40 sur l'objectif nord-est. Si l'ennemi nous écrase ici, nous défendrons l'objectif nord-est et entamerons une retraite générale. C'est très probablement ce qui va se passer.
Nos équipements antichars de longue distance (Chieftain, ATGM) couvrent surtout le centre et le sud, où l'ennemi est plus susceptible de passer, s'il contourne pas le nord, il sera pris en charge par nos équipements de moyenne distance (M40, BMP-1) et dans une moindre mesure à courte distance par nos rares fantassins équipés de RPG, bien que l'expérience passée montre que ce moyen n'est pas d'une grande efficacité.
Sadun Hamudi : compte-rendu d'après-bataille
La météo s'est rapidement dégradée, avec l'apparition d'un vent modéré. Nos hélicoptères n'ont pas pris le risque de décoller. Nos unités qui fuyaient l'ouest de Sadun Hamudi ont toutefois bénéficié des mauvaises conditions de visibilité, en réussissant à rejoindre le village. Sauf les 3 Chieftain qui ont attendu là bas, car leur évacuation discrète était impossible.
Dans un premier temps, l'ennemi a tenté une reconnaissance depuis l'ouest vers le nord, mais fut repoussé. Ensuite, il tenta de progresser massivement vers le centre. Nos 3 Chieftain isolés furent rapidement détruits, mais ceux retranchés près de Sadun Hamudi réussirent à décimer les blindés adverses, les empêchant d'atteindre le centre. L'ennemi pilonna Sadun Hamudi avec une salve de roquettes Grad, sans conséquences pour nous puisque nous n'avions pas encore de troupes à l'intérieur du village à ce moment là.
La météo s'arrangeant un peu, les équipages des 4 hélicoptères AH-1J informèrent qu'ils tentaient d'intervenir malgré les conditions défavorables. Nous comptions sur ces courageux ! Malheureusement, ils furent très vite détruits par l'ennemi, à la mitrailleuse lourde et par un ATGM. Un hélicoptère a tout de même pu détruire un blindé ennemi.
3 positions identifiées d'ATGM ennemis furent intensivement pilonnées aux mortiers.
Puis, l'ennemi paraissait inactif et nous nous demandions si nous avions pu porter un coup décisif aux Irakiens. Le faible nombre de nos pertes tranchait avec ce que nous avions connu dans la journée. L'ennemi semblait aveugle et ne pas repérer nos positions retranchées à longue distance.
Le calme fut de courte durée, un important nombre de blindés fut repéré en mouvement par le sud et le sud-est. L'ennemi contournait par le sud, là où nous avions l'essentiel de notre dispositif défensif. Ce n'était pas rassurant, car s'en rapprochant, l'adversaire allait pouvoir éliminer plus facilement nos blindés.
Chieftain et ATGM ouvrirent le feu, mais effectivement, cette fois, l'ennemi répondit avec beaucoup plus d'efficacité, détruisant nos Chieftain les uns après les autres. Néanmoins, il subissait aussi quelques pertes. C'est alors que le commandement ennemi prit contact avec nous par radio pour négocier un cessez-le-feu. Il paraissait évident que l'ennemi voulait regrouper ses troupes et réorganiser son offensive. Nous acceptâmes pour gagner du temps et réorganiser notre défense.
Dans quelques heures, mon commandement dans ce secteur prendra fin. D'ici là, nous allons recevoir des renforts au nord-est, qui pourraient peut-être nous permettre de redéployer des renforts également sur Sadun Hamudi. J'espère sauver nos gains avant de céder mon commandement.
Bilan des pertes : sur 287 personnels engagés, nous déplorons 35 tués et 5 blessés graves, soit 40 pertes environ. Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé moins de 225 personnels, et nous pensons qu'il a subi 50 tués et 10 blessés graves, soit 60 pertes environ et un ratio de 1.4 en notre faveur.
Puisque c'est une bataille essentiellement blindée, voici ce qui les concernent. De notre côté :
- 11 Chieftain détruits par des tirs d'obus flèche et HEAT de T-62 à 1 600 - 1 900 mètres (800 - 900 mètres pour les 3 Chieftain pris par surprise), et par des ATGM Malyutka, dont 1 a été détruit par un tir ami d'un TOW d'un de nos lanceurs montés sur M113, atteignant le haut de la tourelle par l'arrière. 5 intacts.
- 2 M113 perdus dont 1 qui fuyait l'ouest de Sadun Hamudi a été atteint alors qu'il manœuvrait pour contourner un Chieftain et tenter de rejoindre le village. Immobilisé sur le flanc droit du char, il a servi de blindage au Chieftain, qui a pu résister plus longtemps. L'autre M113 a été abandonné par l'équipage car son moteur est tombé en panne en raison d'un dommage léger antérieur. 3 intacts.
- 4 BMP-1 intacts.
- 3 M40 montés sur véhicule (dont 1 antérieurement endommagé à la motorisation du véhicule tout terrain) intacts.
- 5 lanceurs TOW montés sur M113 intacts.
- 1 BTR-60 intact.
Côté ennemi :
- 3 BRDM-2 détruits par des tirs d'ATGM TOW à 2 200 mètres, 1 intact (nous pensons que l'ennemi pourrait en avoir 4 intacts supplémentaires, d'après les indicatifs des unités actives).
- 4 T-62 détruits (1 par des tirs d'obus flèche de Chieftain à 1 400 mètres, 1 a été détruit par un ATGM tiré depuis un hélicoptère AH-1J, 1 a été pulvérisé par 3 ATGM tirés à 2 200 mètres et un autre par un ATGM à 2 000 mètres), 1 gravement endommagé à 1 600 mètres, 1 T-62 légèrement endommagé par une explosion voisine, 4 intacts.
- 5 T-55 détruits par des tirs d'ATGM et de Chieftain, dont 2 ont été criblés d'obus), 1 intact (nous pensons que l'ennemi pourrait en avoir 3 intacts supplémentaires, d'après les indicatifs des unités actives).
- 6 BTR-60 détruits par ATGM TOW (dont 1 à 2 200 mètres) et des tirs de Chieftain (nous pensons que l'ennemi pourrait en avoir 2 intacts, d'après les indicatifs des unités actives).
- 1 BMP-1 détruit.
Il apparaît que l'adversaire a subi des dégâts suffisamment importants pour réduire sa confiance dans la poursuite de son offensive, même s'il lui reste certainement du potentiel. Notons aussi que nos tirs de mortiers contre les positions identifiées des ATGM ennemis n'ont pas donné grand chose, même si nous les avons un peu perturbé, les contraignant à changer de position.
Le bilan pourrait être que l'ennemi a engagé 19 chars, il en perd 9 et en conserve 8. Sur 16 véhicules d'infanterie, 10 sont perdus et 7 sont intacts.
Nous avions engagé 16 chars, 11 sont détruits et 5 sont conservés ; et 18 véhicules d'infanterie, 2 perdus, 16 intacts.
Le résultat est donc mitigé. Si nous pouvons bénéficier de renforts (quitte à alléger la défense de l'objectif secondaire au nord-est), et si l'ennemi ne peut compenser ses pertes et ne lance pas une offensive depuis d'autres flancs, nous pourrions avoir une chance de tenir Sadun Hamudi jusqu'à la fin de mon commandement.
Cependant, l'ennemi peut aussi capturer tous les objectifs et nous expulser de l'ensemble du secteur.
Batailles lancées à 19h J0 : réflexions à 21h, J0

Nous avons pu bloquer la progression ennemie à l'ouest de Sadun Hamudi par une soudaine perte d'efficacité du matériel antichar ennemi sur des très longues distances, peut-être avons-nous identifié là une faiblesse du côté adverse lorsque la visibilité chute.
Néanmoins, l'ennemi a pu raccourcir encore les distances et cet hypothétique avantage ne pourra pas être longuement exploité. Nous allons tenter de renforcer Sadun Hamudi en prélevant le peu qui reste sur l'objectif nord-est, en espérant que l'adversaire continue à se montrer désintéressé par ce dernier objectif. Nous devrions également recevoir des renforts qui pourraient peut-être permettre de faciliter ce plan.
22h, J0 : étude stratégique approfondie et ordres
Comparaison historique

L'Irak déploie des renforts et bloque la progression iranienne.
Il semble que l'attaque initiale très agressive des Iraniens ait eu pour effet de repousser la ligne de front suffisamment loin des objectifs, et ait perturbé leur contre-attaque, exactement comme l'avait prédit le GQG iranien.
Sadun Hamudi ne serait pas menacée si nous avions poussé plus rapidement, plus loin : les combats auraient lieu plus au sud ou au sud-est. C'est une faute stratégique de ma part, et non des erreurs tactiques. J'ai eu peur de frapper trop fort au départ alors que je connaissais mal mes propres capacités et les avantages et inconvénients du terrain atypique. Car cela aurait coûté cher dès le départ si cette forte agressivité avait été brisée par l'adversaire.
Etude stratégique approfondie et ordres
Nos voisins de l'ouest contournent davantage l'ennemi et menacent de l'encercler complètement. Aussi, il s'avère que l'ennemi ne semble plus défendre l'objectif sud-ouest, voire même l'objectif sud. Nous avons des unités de l'arrière qui pourraient s'en approcher en contournant via le territoire voisin présentement dégagé par des collègues, mais elles n'auront plus le temps de les atteindre d'ici la fin de notre engagement ici dans 2 heures. Dommage, cela aurait été un coup osé qui aurait perturbé l'ennemi et nous aurait peut-être assuré une victoire ou une égalité. Lorsqu'on quitte un commandement, c'est l'opportunité pour réaliser des coups osés dont on ne paiera pas forcément les conséquences.

Nous recevons les renforts tant attendus pour les réserves de l'unité 3/148 ibn qui se rapproche de Sadun Hamudi par l'Est, prélevons tous les matériels disponibles dans l'ensemble du secteur pour rhabiller la défense du village, complétons avec ce qui reste l'objectif secondaire au nord-est. Cela a pour effet de compenser nos pertes du début de nuit à Sadun Hamudi, aux dépens de la défense de l'objectif secondaire.

L'ennemi insiste pour attaquer Sadun Hamudi, vraisemblablement par l'ouest :

Sadun Hamudi : analyse tactique préalable
22h, 6 °C, beau temps, il fait nuit.
Nous reprenons la base de notre défense antérieure en l'améliorant. Cette bataille pourrait être intéressante. L'ennemi ne semble pas s'être sérieusement renforcé et nous avons compensé nos pertes, de plus, malgré qu'il fasse nuit, nous avons une surprise qui pourrait amplifier les hypothétiques difficultés de l'ennemi que nous avons identifiées en début de soirée.
D'abord, nous maintenons quelques détachements d'infanterie à 500-700 mètres de Sadun Hamudi, avec RPG. Même si ça n'a pas montré beaucoup d'efficacité ces dernières heures, en cas de coup dur sur nos équipements de longue portée, cela pourrait faire une différence en cas d'ennemi affaibli, en le privant d'une poignée de blindés s'approchant de nos positions.
A cela s'ajoutent 3 canons sans recul M40 au nord-ouest derrière la cote 16, qui pourront ouvrir le feu dans la limite de leur portée de 1 000 mètres vers le sud : si l'ennemi franchit la ligne de contact, il aura affaire à ces canons. Un BMP-1 est également présent un peu plus à l'ouest. Plus au nord-ouest encore, de l'infanterie est camouflée et pourra intervenir en cas d'assaut d'infanterie sur ces positions.
A l'ouest et au sud de Sadun Hamudi, nous y retranchons sur les buttes, les Chieftain : aucun changement par rapport à tout à l'heure.
Aux entrées sud-ouest du village, nous y retranchons 4 nouveaux M40 prélevés depuis l'objectif nord-est, et 4 BMP-1. Ils couvrent environ 1 000 mètres vers l'ouest, si l'ennemi attaque par là.
Au sud du village, les Chieftain sont toujours là pour des tirs de longue distance. Si l'ennemi se rapproche par le sud comme la dernière fois, ils seront vite éliminés.
Premier élément de surprise : nos lanceurs TOW montés sur M113 sont excellents et peu visibles sur la très longue distance, alors nous les reculons encore de 500 mètres. Si nous avons exagéré, ils seront simplement à la parfaite distance pour engager les blindés ennemis qui contourneraient par le sud. Des Chieftain sont également déployés à leurs côtés.
Deuxième élément de surprise, l'unité 3/148 ibn déploie 2 ATGM Dragon au nord-est de Sadun Hamudi, qui couvrent partiellement la longue distance au nord-ouest et à l'ouest, ainsi que nos accès sud-ouest, mais ils couvrent surtout parfaitement nos propres positions et leurs arrières, si l'ennemi perce, il n'aura pas un boulevard.
Troisième élément de surprise, l'infanterie de l'unité 3/148 ibn est équipée de RPG, elle attend pour le moment dans les arrières, car elle n'a pas le temps de se déployer dans nos avants. En cas de destruction de nos blindés et autres équipements antichars, elle ira prendre position à l'intérieur de Sadun Hamudi et y attendra les blindés adverses pour un combat rapproché.
Quatrième élément de surprise, le plus drôle, l'unité 3/148 ibn est appuyée par une batterie de 4 mortiers de 120 mm disposant d'une énorme quantité d'obus éclairants, qu'elle pourra tirer en continu pendant des heures, assurant un territoire adverse visible comme en plein jour ! Y compris au-dessus de notre territoire si nos lignes sont enfoncées. Une autre batterie de mortiers de 81 mm l'assistera. Et surtout, une batterie de canons automoteurs de 155 mm tirera également des obus éclairants au-dessus du territoire adverse pendant plusieurs dizaines de minutes et ce, dès maintenant !
Si les surprises fonctionnent comme prévu, cela pourrait amplifier l'hypothétique avantage identifié plus tôt : l'ennemi aura encore plus de mal à repérer nos positions de tirs plus éloignées encore pour certaines, et nous aurons plus de facilités à le repérer alors qu'il sera en mouvement, et à atteindre ses véhicules. Cela pourrait nous donner de quoi disposer d'une force un peu supérieure à celle du début de soirée, alors que l'ennemi est possiblement affaibli.
Au total, nous déployons moins de 450 personnels, 17 Chieftain, 5 BMP-1 (dont ATGM et canon sans recul), 7 ATGM (2 Dragon et 5 TOW montés sur M113), 7 M40 montés sur véhicule tout terrain et quelques BTR-60 et M113. A priori, les hélicoptères AH-1J ne volent pas la nuit.
Sadun Hamudi : compte-rendu d'après-bataille
Et c'est une Victoire foudroyante ! Ah nous pouvons être satisfaits ! Finalement ! Nous terminons sur une excellente note !
La tactique a prouvé sa très grande efficacité, au delà de toutes les attentes les plus folles !
Nous avons éclairé les positions ennemies comme en plein jour, les chars adverses en mouvement ont été surpris à découvert et se sont faits cribler d'obus de Chieftain. Les blindés ennemis ont une fois de plus montré leur difficulté à grande distance d'engagement par visibilité réduite. Nous avons vu juste, et en amplifiant encore grandement cette possible faille, en augmentant encore la distance, en échelonnant davantage nos Chieftain et ATGM, et en arrosant le territoire adverse d'une grande quantité d'obus éclairants, nous étions comme à l'exercice, en train de tirer sur des aveugles qui tentaient de répondre en tirant au jugé, confirmant les constats du début de soirée alors qu'il faisait pourtant encore un peu jour ! Ah ce fut beau à voir, après tant de difficultés, nous avons trouvé une faille déterminante et avons su l'exploiter à merveille.
En l'espace de quelques minutes, l'ennemi réclama un cessez-le-feu. J'hésitai à saisir cette occasion pour éviter de subir des pertes massives : nous avions regroupé là tout ce que nous avions, et les perdre en masse aurait été catastrophique. Mais nous n'avions subi absolument aucune perte et détruisions les blindés adverses les uns après les autres, alors je décidai de ne pas répondre à l'ennemi avant que les choses ne se compliquent pour nous. D'ici là, nous allions améliorer notre ratio de pertes de la journée. Mais l'ennemi a finalement pris la fuite ! Nous faisons la fête et je cède mon commandement sur une note positive.
L'ennemi a pilonné Sadun Hamudi, mais ce fut un coup dans le vide, les fantassins que nous avions prévu de placer dans le village dans le cas où nos lignes étaient enfoncées, étant restés en attente dans nos arrières !
Bilan des pertes : sur 434 personnels engagés, nous ne subissons aucune perte ! Nous estimons que l'ennemi avait engagé environ 75 personnels, et qu'il a subi 20 tués. Puisqu'il s'agit d'un engagement de blindés, voici ce que nous constatons sur le territoire abandonné par l'ennemi :
- 3 BRDM-2 détruits dont un complètement criblé de balles de 12.7 mm et d'obus de 120 mm à 1 000 mètres,
- 4 T-62 détruits par des tirs d'ATGM et d'obus flèche jusqu'à 1 600 mètres de distance, dont un criblé d'une dizaine d'impacts,
- 2 BTR-60 détruits et 1 endommagé par des obus flèche et HEAT.
D'autres ont pu fuir.
Batailles lancées à 22h J0 : réflexions à 23h59, J0

Joli coup final, nous avons eu de la chance que l'ennemi n'ait pas attaqué l'objectif nord-est, il n'y avait plus que quelques troupes dans les unités pour le défendre, et qu'il n'attaque pas Sadun Hamudi avec davantage de troupes.
Bataille de Susangerd, 5 janvier 1981, bilan général
Ce fut une bataille difficile car le terrain est hostile, bien qu'on s'y fasse. La fin fut une agréable surprise qui sauva l'appréciation de l'intérêt de reconstruire cette bataille, nous avons pu découvrir une possible faille chez le côté irakien. Il serait intéressant de tenter une stratégie immédiatement agressive pour tenter de reproduire les résultats iraniens. Il serait aussi intéressant de prendre le côté adverse.
Nous avons respecté les termes de la mission : prendre la moitié des objectifs (sur 8 points pondérés, nous en tenons 5 et l'ennemi 3) et préserver le tiers de nos forces (nous en préservons la moitié). Nous aurions probablement pu, par opportunisme, en envoyant suffisamment tôt des troupes de l'arrière, en contournant l'ennemi, saisir l'objectif sud-ouest, voire même l'objectif sud, mais il aurait fallu être devin pour savoir en fin d'après-midi que cette opportunité s'offrirait en soirée.
Révélons le côté ennemi et la situation finale :

L'ennemi disposait de 7 T-55 autour de l'objectif nord-est, qui auraient pu le saisir sans problème s'il avait su qu'il n'y avait plus rien en soirée en matériels antichars.
Entre les deux objectifs, il disposait de 6 T-55, et de véhicules d'infanterie et d'ATGM qui auraient pu participer à l'assaut de Sadun Hamudi, il a préféré les conserver en défense.
Pour les 5 unités au sud et au sud-ouest de Sadun Hamudi, il ne reste en tout et pour tout que 2 T-55 et quelques autres véhicules d'infanterie gravement endommagés.
C'est-à-dire qu'au total, il ne restait plus à l'ennemi que 13 T-55, 13 BTR-60, des ATGM et quelques matériels en support (dont des ZU-23-2). Il n'aurait pas pu nous déloger de Sadun Hamudi avec cela, même s'il faisait jour, mais il aurait pu largement nous empêcher de quitter le village tout en prenant l'objectif nord-est.
Nous avons manqué d'agressivité dès le départ, pour repousser l'adversaire au loin et mener les batailles difficiles tout en contrôlant des objectifs. Néanmoins, je ne regrette pas d'avoir pris des précautions, car l'excès d'agressivité lorsqu'on n'est sûr de rien, au-delà même de la méconnaissance de la tactique à utiliser, du matériel présent et du terrain, peut facilement conduire à des catastrophes. L'expérience montre qu'il est préférable de rester raisonnable, même si cela prive de quelques victoires éclatantes. Notre résultat ici demeure très correct.
Voyons les chiffres.


Nous pensons avoir tué environ 450 personnels irakiens, l'ennemi déclare environ 300 tués, 70 blessés graves, 100 disparus/capturés, soit 450 pertes environ, ainsi que 50 blessés légers.
L'ennemi pense avoir tué près de 400 de nos personnels. Nous déclarons environ 200 tués, 30 blessés graves, 160 disparus/capturés, soit 400 pertes environ, ainsi que 90 blessés légers.
Les chiffres sont étrangement conformes aux estimations des uns et des autres, pour une fois !

Les courbes montrent bien la destruction mutuelle des blindés qui témoignent du faible rôle du blindage dans les guerres modernes mettant en œuvre des munitions très performantes même à longue distance. On voit aussi la difficulté du premier engagement.
Cette bataille pourrait peut-être convenir pour un débutant, car il semble qu'en fonçant dans le tas dès le départ, on puisse réussir mieux, alors qu'en étant biaisé, retenu et freiné par l'expérience, on réussisse moins bien. En revanche, il est presque sûr et certain qu'un débutant ne remarquera pas la chose très intéressante et importante à retenir, car les batailles déterminantes qu'il aura menées auront eu lieu le jour : la faiblesse de l'ennemi la nuit et même à l'aurore et au crépuscule.
Nous devrions mener la contre-attaque irakienne l'année prochaine, sauf cas de force majeure.