Simulation, bataille de Kalach, 27 juillet 1942 à 6h

Simulation, bataille de Kalach, 27 juillet 1942 à 6h

Actualités mondiales & françaises


(Reconstitution historique)

Suite du 27 juillet 1942 à 0h


Batailles lancées à 3h J+2 : réflexions à 6h, J+2

L’évaluation générale est positive : la concentration ennemie au centre commence probablement à ressentir les effets de la pression exercée. Nous devrions être en mesure de poursuivre notre manœuvre d’encerclement, au moins partiellement.

D’un point de vue tactique, nous nous sommes ressaisis. Les erreurs majeures ont nettement diminué en fréquence et sont désormais revenues dans des proportions acceptables. Cet effort doit impérativement se poursuivre.

Au nord-est, l’objectif a été conquis et doit désormais être consolidé et tenu. En revanche, l’objectif situé au nord-ouest ne sera pas poursuivi : il est trop éloigné, et nous ne disposons pas des effectifs nécessaires pour sécuriser nos arrières jusqu’à ce point tout en défendant efficacement les autres secteurs.

La difficulté principale demeure au centre : il nous faut continuer à grignoter cette position solidement établie, tenter de l’encercler afin d’accroître considérablement l’effet d’attrition et, à terme, l’anéantir définitivement. Cette manœuvre devra se faire tout en maintenant la résistance à l’est et en surveillant étroitement le nord-ouest, où une contre-attaque ennemie reste possible.

7h, J+2 : étude stratégique approfondie et ordres

Entre-temps, l’ennemi déploie des renforts au nord-est. Nos troupes, sous pression, se replient dans les ravins, abandonnant partiellement l’objectif :

Nous procédons à quelques rotations, ce qui permet de compenser l’ensemble de nos pertes.

Au nord-est, nous allons tenter de repousser l’ennemi par les ravins situés à l’est. La reprise de l’objectif sera envisagée lorsque nos troupes seront de nouveau en état d’agir : leur repli actuel a désorganisé leurs lignes.

À l’ouest, dans l’unité la plus au nord, nous évacuons les T-34 et les remplaçons par des T-70. Une contre-attaque ennemie y est probable, et la consigne est de se replier sans livrer combat, ou, à défaut, de préserver à tout prix nos T-34. L’ennemi est ici détourné des objectifs principaux : il nous est inutile d’opposer une résistance trop acharnée, au contraire.

Un peu plus au sud, nous lançons une attaque, en nous appuyant sur la proximité des ravins. Il fait jour, et une attaque en terrain découvert est exclue. La priorité est d’amener l’ennemi à pénétrer dans les ravins, non de mener un assaut en plaine. Nous cherchons à le harceler, et n’attaquerons que s’il se révèle réellement affaibli — ce dont nous doutons, étant donné l’arrivée constante de ses renforts. Une fois de plus, l’ennemi est maintenu loin des objectifs stratégiques, ce qui permettrait, en cas de repli volontaire de notre part, de l’attirer davantage à l’ouest pour relâcher la pression à l’est, où nous peinons à dégager les abords de l’objectif.

À l’est, nous poursuivons le harcèlement de l’ennemi sur l’objectif, tout en tentant de le grignoter par le nord-est à travers les ravins. L’adversaire reste solide. L’ordre est de n’engager l’assaut que sur certitude de faiblesse ; sinon, rester en défense, en attirant l’ennemi dans les ravins, où nous pouvons maintenir un ratio de pertes favorable.

Directive générale : REDUIRE ENCORE L'AGRESSIVITE et privilégier systématiquement la défense.

À l’ouest, le repli est autorisé.

Au nord-est, il convient de tenter de tenir, voire de repousser l'ennemi, mais en limitant l'agressivité : nous disposons encore de temps pour infliger une usure progressive à l’ennemi.

Au même moment :

L’ennemi lance une puissante contre-offensive au nord-est. Il est peu probable que nous puissions y résister, et il est possible que cette action compromette l’ensemble de notre opération à Kalach. Ce mouvement éclaire a posteriori le comportement jusqu’ici étonnamment défensif de l’ennemi depuis notre arrivée : il se savait trop faible, s’est regroupé dans une zone avantageuse — la plaine, où il se savait invulnérable — et attendait manifestement des renforts.

La consigne au nord-est est claire : tenir la position dans les ravins et infliger un maximum d’attrition à l’ennemi. Aucun repli n’est autorisé. Les unités doivent se battre jusqu’à destruction complète, afin de faciliter la tâche de nos renforts à venir, qui devront être prélevés sur les unités du centre.

Ailleurs, les ordres restent inchangés. L’ennemi n’y montre aucun signe offensif, ce qui suggère que l’effet de l’attrition commence à se faire sentir. Ce n’est pas le moment de relâcher la pression — bien au contraire : il faut capitaliser sur les efforts déjà engagés.

Toutefois, il reste impératif de garder à l’esprit la tactique de l’ennemi, qui cherche à nous attirer dans des combats à découvert, en plaine. Le jour se lève, et avec lui, les conditions de combat à longue distance qui lui sont favorables. Il souhaite nous voir nous exposer. Il faut éviter cette erreur, quitte à maintenir une posture défensive.

Les renforts destinés au nord-est ne seront prélevés sur le centre qu’en fin de matinée. Chaque perte supplémentaire infligée à l’ennemi d’ici là constitue un investissement tactique, dans la perspective du basculement vers une posture défensive générale, qui permettra de focaliser nos efforts sur le nord-est. Mais en parallèle, nous devons absolument éviter toute attaque coûteuse ou précipitée.

Il est probable qu’un maximum de blindés soit redéployé vers le nord-est, tandis que dans les autres secteurs, seuls resteront des canons antichars de 45 mm, ou des pièces polyvalentes de 76,2 mm.

Cote 130.4 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : continuer à observer une absence d'agressivité, défendre dans le ravin central jusqu'à destruction totale de nos groupes de combat, sauf si la bataille n'offre aucune perspective de faire subir des pertes à l'adversaire.

7h, 16 °C, brume. Le jour se lève lentement.

Sur les cinq unités engagées, deux se replient en catastrophe dans les ravins, et une est en cours de transit dans le ravin sud. J’essaie d’établir le contact avec leurs officiers pour restaurer un semblant d’organisation. Ces unités disposent de six canons au total : quatre de 76,2 mm et deux de 45 mm. Malheureusement, quatre d’entre eux battent en retraite sous les yeux de l’ennemi, et les deux autres sont au fond du ravin sud. Autant dire qu’ils ne tiendront que quelques secondes, ou ne seront d’aucune utilité. Par principe, je tente malgré tout de leur transmettre un ordre pour rejoindre une position où leur présence serait moins vaine.

Il en va de même pour l’infanterie, que je dirige autant que possible vers le fond du ravin nord.

Les dix T-34 et deux autres canons de 45 mm sont d’ores et déjà en position dans ce ravin nord, tout comme plusieurs observateurs d’artillerie installés sur la colline sud.

La rapidité de progression de l’ennemi est impressionnante. Il déborde déjà nos flancs et je m’attends à ce qu’il encercle totalement le ravin nord en contournant par l’ouest et en investissant le ravin sud. Malgré cela, je n’ai pas ordonné de redéploiement vers le sud. D’abord parce que la majorité de nos troupes se trouvent dans le ravin nord, mais surtout parce que notre objectif reste de ralentir l’ennemi le plus au nord possible, afin de laisser le temps à nos forces de constituer une ligne défensive plus au sud, de retarder la perte du passage sur le Don et, peut-être — je l’espère — de préparer une contre-attaque.

Il est moins adapté aux combats rapprochés : nous allons donc le forcer à venir au corps à corps dans le ravin nord. Si toutes les troupes parviennent à s’y regrouper, nous pourrons y déployer jusqu’à 600 hommes, avec un soutien antichar modeste. Nos observateurs, toujours en place sur la colline sud, pourraient offrir une vue partielle sur le dispositif adverse, ce qui nous permettrait d’anticiper — un peu — ses manœuvres. Jusqu’à la perte, inévitable, de la colline.

Nos batteries d’artillerie commenceront par un tir de barrage devant nos positions au nord, dans le but de ralentir la progression adverse.

Nous ne nous retirerons que si nous sommes incapables d’entailler les forces adverses ou de freiner leur progression. Dans ce cas, tout sacrifice deviendrait parfaitement inutile.

Cote 130.4 : compte-rendu d'après-bataille

Nous avons tenté de faire se replier les canons de 76,2 mm retardataires arrivant du nord-ouest, comme prévu. Mais, sans surprise, l’ennemi ne nous en a pas laissé l’occasion : l’un des canons a été rapidement détruit. Le second a tenté de tenir tête à trois pièces d’artillerie ennemies repérées au nord. Il a probablement réussi à infliger quelques dégâts. Nous avons également pilonné les positions de certains canons ennemis à l'artillerie, du moins pour les endroits où les réglages préalables de nos tirs étaient proches. Le groupe d’infanterie qui accompagnait nos canons a pu, en partie, rejoindre les ravins. L’autre partie a été anéantie lors d’une attaque d'infanterie ennemie qui a fini par se produire, depuis le nord-ouest de notre position.

C’est à ce moment-là que nous avons aperçu un canon de 88 mm qui venait d'être tracté par des camions, ainsi que des blindés, à l’ouest. C'est-à-dire quasiment dans nos arrières. Notre dernier canon de 76,2 mm positionné à l'ouest a été neutralisé par l’infanterie ennemie avant d’avoir pu ouvrir le feu sur les véhicules.

Peu après, surtout dès la fin du tir de barrage de notre artillerie, l’ennemi a lancé l’assaut sur le ravin, attaquant simultanément par toutes les entrées. Il disposait d’un effectif d’infanterie assez conséquent, mais jusqu’alors, les blindés identifiés restaient peu nombreux. Nous avons bien résisté à cette offensive. Nos unités venues du sud sont arrivées à temps pour repousser un assaut ennemi par l’entrée nord-est du ravin. Pendant ce temps, les blindés ennemis se dirigeaient vers la colline sud. Leur offensive fut conduite avec l'audace que nous espérions ne pas avoir à affronter : leur but était clairement d’encercler totalement le ravin nord, dans lequel nous avions sciemment concentré l’ensemble de notre dispositif.

Les deux blindés furent identifiés : des PzIII. Ils bifurquèrent pour attaquer le ravin nord par le sud. Une initiative brillante : toujours attaquer par l'endroit susceptible d'être moins défendu. En 2025, certains devraient encore réviser ce principe fondamental de la science militaire… Malheureusement pour l’ennemi, notre tactique défensive anticipait une attaque venant de n’importe quel côté. Nos dix T-34 et nos quatre canons antichars de 45 mm étaient prêts au fond du ravin. Comme nous avions eu le temps de les repérer, et qu’ils eurent la gentillesse d’arriver groupés, peu nombreux, et non sur plusieurs flancs à la fois, l’ensemble de nos moyens antichars avait eu le temps de simplement pivoter pour s'orienter en direction du sud. Résultat : les deux PzIII furent détruits immédiatement, sans même comprendre ce qui leur arrivait. Nous soupçonnions toutefois qu’il ne s’agissait que d’une reconnaissance, prélude à l’engagement de nombreux autres blindés.

Par la suite, le ravin sud fut pris d’assaut par une infanterie assez déterminée, venue de l’ouest. Nos quelques personnels de soutien y furent presque entièrement éliminés. L’ennemi attaqua également en débordant par l’est, jusqu’au sud-est. Nous étions désormais complètement encerclés. Toutefois, les troupes ennemies, bien que réparties tout autour du ravin nord, semblaient assez clairsemées. Nous tenions bon, et nous disposions même d’un petit surplus de troupes. J’envoyai ce renfort, une cinquantaine de soldats, dégager le sud-est, là où l’ennemi semblait le plus faible — ce qui était logique, car c’était le point le plus éloigné de ses positions de départ. Une fois le sud-est repris, j’ordonnai au même groupe de tenter de regagner au moins une partie du ravin sud. Quelques éléments isolés de nos troupes de soutien y tenaient encore des positions, ce qui confirmait la relative faiblesse de l’ennemi. Ce fut un succès partiel : nous avons pu dégager quelques personnels, mais la majorité des servants de mortiers, qui attendaient là car privés de munitions, avaient été exterminés. Nos deux canons de 76,2 mm présents dans le ravin sud n’ont pas survécu non plus, malgré la faiblesse relative de l’attaque. Notre groupe d’intervention, lui-même, fut réduit à une vingtaine d’hommes face à plusieurs positions ennemies équipées de mitrailleuses MG-34 protégeant le ravin sud. Nous dûmes envoyer un renfort de 30 hommes supplémentaires, prélevés sur les effectifs défendant les accès du ravin nord, afin de rouvrir la liaison avec nos arrières via le ravin sud.

À partir de là, l’intensité des combats diminua nettement. L’ennemi ne lança plus de nouvelles offensives.

Entre-temps, nous avons identifié un autre canon de 88 mm positionné à l’entrée nord-est du ravin nord. L’ennemi quadrillait le secteur : si nos T-34 avaient tenté de sortir, ils auraient été immédiatement pulvérisés. Heureusement, ce canon-là était à portée de notre artillerie. Nos observateurs avaient pu le repérer et préparer leurs tirs. Plusieurs salves d’artillerie suffirent à le neutraliser définitivement.

J’ordonnai ensuite à notre infanterie de nettoyer les abords du ravin nord, principalement au nord-est, où des éléments ennemis maintenaient encore une présence. L’opération fut un succès. Ce faisant, nous avons repéré trois autres canons, probablement d’autres 88 mm ou pièces d’artillerie de campagne, proches de celui que nous venions de détruire. J’ordonnai un pilonnage intensif de la zone, en combinant munitions HE, shrapnel et incendiaires.

C’est à ce moment-là qu’une unité de dix fantassins, en contact avec les forces ennemies au nord-est depuis un certain temps, fit défection et passa à l’ennemi. Si les circonstances me l'avaient permis, j’aurais ordonné leur liquidation par l’artillerie. Mais nous ne pouvions nous permettre un gaspillage de munitions.

Voilà où nous en sommes à l’instant présent. L’ennemi a fait preuve d’une excellente coordination, mais il s’est révélé étonnamment sous-dimensionné. Par chance, nous n’avions pas davantage de blindés à déployer : cela nous aurait incité à réduire l’infanterie, qui s’est révélée essentielle dans ce type d’affrontement. L’ennemi avait justement tablé sur une attaque d’infanterie pour prendre les ravins. Cela nous a convenu : notre composition était parfaitement adaptée pour y résister.

L’adversaire a beaucoup appris de nos propres méthodes et s'est adapté. Il n’a pas commis l’erreur d’envoyer des blindés se faire massacrer dans les ravins, et il s’était préparé à une éventuelle contre-attaque de notre part en plaçant des canons de 88 mm de chaque côté, ce qui aurait effectivement empêché toute sortie de nos blindés… si nous avions eu l’intention de les engager. Ce n’était pas le cas. Nous attendons encore des renforts pour cela.

Nous sommes satisfaits d’avoir tenu le ravin nord, relativement facilement, et avec des pertes limitées. Nous pouvons désormais envisager une contre-attaque en fin de matinée ou dans l’après-midi, lorsque de nouvelles unités viendront nous appuyer.

Bilan des pertes : sur les 650 personnels engagés, nous déplorons 140 tués, 70 blessés graves et 20 disparus, dont 10 prisonniers et 10 déserteurs, soit un total de 230 pertes. C’est bien plus lourd que ce que nous avions estimé pendant les combats. J’aurais évalué les pertes à 70 ou 100 hommes tout au plus — elles sont finalement deux à trois fois supérieures.

Nous perdons également 5 canons antichars sur 8, ainsi qu’une équipe d’observateurs d’artillerie. Les pertes matérielles devraient pouvoir être compensées. Quant aux pertes humaines, elles restent sérieuses, mais nous avons encore de nombreuses réserves.

Côté ennemi, nous estimons que près de 850 personnels ont été engagés dans l’attaque. C’est un chiffre conséquent, surtout au regard de la facilité relative avec laquelle nous avons tenu notre position défensive. Nous estimons qu’il a subi 135 tués, 25 blessés graves, et que nous avons fait 80 prisonniers, soit 240 pertes au total et un ratio de 1. L’ennemi disposant de bien moins d’infanterie, ses pertes valent bien plus.

Sur le plan matériel, l’ennemi a perdu :

  • 1 pièce d’artillerie de campagne de 105 mm, détruite par nos tirs d’artillerie ;
  • 3 autres pièces de 105 mm touchées lors d’un duel avec notre canon de 76,2 mm : l’une a reçu deux coups au but, causant d’importants dommages ; une autre a été endommagée par un tir au but ; la dernière a été totalement détruite par un obus ;
  • 1 équipe d’observateurs d’artillerie ;
  • 1 canon de 88 mm entièrement détruit au nord-est du ravin nord par un tir d’artillerie précis ;
  • À proximité, une pièce française de 155 mm a été légèrement endommagée ;
  • Et enfin, 2 chars PzIII éliminés par nos T-34 et nos canons antichars de 45 mm.

En définitive, ce fut une très bonne bataille. Le bilan humain est certes plus lourd que prévu — plus dur que nos premières impressions pendant l’affrontement — mais le résultat stratégique est largement positif. Nous ne nous attendions pas à pouvoir tenir le ravin nord et encore moins à briser l’élan offensif de l’ennemi de manière aussi nette.

Il faut se souvenir que notre scénario initial envisageait la destruction totale de nos groupes de combat. Au regard de cela, nous avons accompli bien plus que ce qui semblait envisageable.


À ce stade, nous pourrions envisager de redéployer ici davantage de moyens antipersonnel, tout en compensant les pertes en matériel antichar, sans pour autant retirer les blindés qui restent très utiles au centre du secteur de Kalach. En effet, leur utilité reste limitée ici tant que les abords des ravins ne sont pas dégagés des puissants canons antichars qui en interdisent la sortie.

Ces pièces ennemies doivent être neutralisées au préalable, soit par l’artillerie, soit par des assauts d’infanterie. Ce n’est qu’une fois cette menace écartée que nous pourrons envisager un assaut combiné, avec l’infanterie appuyée par des blindés, au-delà des ravins.


Cote 169.4 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : se replier du sud, ne pas défendre le sud (au contraire, pousser l'ennemi à se déplacer vers l'Est pour qu'il se rapproche des ravins et qu'il réduise sa densité en vue d'une éventuelle attaque ultérieure depuis le sud), faire immédiatement se réfugier l'infanterie dans le ravin sud-est, les blindés doivent défendre les ravins Est, central et nord-est.

Etudier la possibilité avec grande précaution d'une attaque par le nord avec l'infanterie (prévoir d'y laisser pendant un court moment un observateur), mais dans le même temps, minimiser les pertes concernant nos unités d'infanterie nord et nord-est, car elles devront éventuellement participer à une autre attaque plus au nord.

Au final, tenter de conserver ou de reprendre les objectifs centraux.

REDUIRE L'AGRESSIVITE ! Au pire, simplement défendre.

8 h, 20 °C, il fait jour maintenant.

Nous déployons 30 T-34, 3 KV-1, 8 canons antichars de 45 mm, 8 canons polyvalents de 76,2 mm, et au total plus de 1 150 personnels, incluant les servants et équipages des matériels évoqués. Cela constitue une bonne force blindée et antichar, que nous dissimulons dans les ravins au centre et au nord-est. Elle devrait être capable de repousser un assaut de blindés de type PzIII, PzIV ou Marder, même en supériorité numérique, du moment que les combats se déroulent à courte distance, annulant ainsi l’avantage des canons allemands, plus puissants.

L’infanterie au sud est déjà en train de se replier vers le ravin sud-est, conformément aux instructions. C’est bien regrettable, car nous disposons d’une force décente, appuyée par 6 canons antichars de 45 mm, et de quelques buissons dans un repli de terrain qui permettrait d’y attendre des blindés — dont on soupçonne qu’ils sont nettement moins nombreux. Cela permettrait de conserver le territoire sud.

Au nord, nous laissons quelques observateurs, dont un d'une batterie de mortiers à court de munitions (il ne reste que 60 obus fumigènes, qui peuvent éventuellement, avec beaucoup de chance, mettre le feu à des munitions laissées à l’air libre). Ainsi, nous n’exposons que des unités que nous pouvons perdre, tandis que nous replions le reste dans les ravins. Nous n’attaquerons au nord que si les pertes peuvent être très limitées — ce qui est peu probable. Quelques T-60 pourront éventuellement apporter une aide antipersonnel.

Nous tenterons de nous assurer le contrôle de la cote 174,9 en fin d’engagement, mais la tactique générale reste d’attirer les blindés ennemis dans les ravins et de ne pas en sortir, sauf certitude que l’ennemi est extrêmement affaibli en équipement antichars, et après observation du terrain adverse. Puisqu’il fait jour, nous avons encore moins de facilités pour nous exposer en terrain ouvert !

Cote 169.4 : compte-rendu d'après-bataille

Dans un premier temps, nous avons suivi notre plan et avons évacué l’infanterie sud dans le ravin sud-est, ainsi que les canons antichars qui l’accompagnaient. Au nord, nous avons repéré plusieurs positions d’artillerie de campagne et tenté de pilonner une position à l’obus fumigène, sans obtenir de résultat.

Une dizaine de chars ennemis se trouvaient au centre, dans la plaine, et plusieurs autres restaient retranchés au sud-ouest. L’ennemi a tenté de sonder le ravin central en envoyant plusieurs groupes d’infanterie, que nous avons repoussés sans difficulté, notamment grâce à des tirs d’artillerie nourris. Il a ensuite cherché à les appuyer avec des véhicules d’infanterie et des PzIII et PzIV. Il en a perdu plusieurs avant de se décider à lancer une attaque blindée groupée, qui s’est elle aussi soldée par plusieurs pertes. Nos canons de 76,2 mm se sont montrés particulièrement efficaces ; en revanche, nos tankistes ont une fois de plus démontré leur faible niveau et leur manque de motivation.

J’ai fait revenir au centre l’infanterie qui se trouvait au nord-est et au sud-est, car l’ennemi lançait une large offensive et nous avions déjà perdu beaucoup de nos défenseurs.

L’ennemi a laissé deux PzIV dans d’anciennes positions protégées sur la cote 174,9, ce qui a sérieusement compromis notre tactique : il nous devenait impossible de reprendre la cote sans éliminer ces deux chars, ce qui allait nous contraindre à sortir plusieurs de nos blindés de leur position sécurisée au fond du ravin. Néanmoins, compte tenu du très faible niveau de nos équipages, de la position protégée de ces deux PzIV, de la présence de PzIII à 500 mètres plus au sud-ouest, et de la probable présence de canons antichars, je n’étais pas enclin à lancer une telle attaque. Mes subalternes ont toutefois insisté : conserver la cote 174,9 était essentiel, et la tactique que nous suivons prévoit d’autoriser les attaques à proximité des ravins, jusqu’à quelques centaines de mètres. Or, les blindés ennemis étaient situés à moins de 200 mètres et en nette infériorité. Même nos tankistes les plus incompétents devraient, en théorie, pouvoir les éliminer sans grande difficulté. J’ai donc accepté d’y réfléchir ultérieurement.

La pression ennemie s’étant calmée, et l’ennemi ne semblant plus disposer que de cinq blindés supplémentaires en plus des deux retranchés sur la cote, j’ai ordonné à notre infanterie située sur notre flanc sud de repartir en direction du sud-est pour étudier la faisabilité d’une reprise du sud abandonné.

Simultanément, l’ennemi a envoyé quatre PzIII renforcer ses deux PzIV au centre. Deux d’entre eux ont tenté une approche très prudente près de notre ravin et sont parvenus à éliminer plusieurs de nos T-34, dont les équipages, totalement paniqués sans raison apparente, n’ont pas su atteindre une cible pourtant évidente, même pour des aveugles… Finalement, les deux PzIII ennemis ont été éliminés. D’autres équipages de T-34 ont abandonné leur position avec leur blindé ; il a été difficile de les ramener à la raison. Ces demeurés paniquaient à cause de la proximité immédiate des blindés ennemis. C’est pourtant précisément la tactique que nous appliquons depuis plusieurs jours : se tenir proche, frapper à courte distance. Ils en ont vu l’efficacité, et pourtant ils craquent ! Une large part de mes tankistes n’avait jamais combattu avant. Ils se retrouvent sous mon commandement, où le niveau d’exigence est élevé, avec des attentes en matière de sang-froid qu’aucune bleusaille ne peut satisfaire. Vu leur proportion, je ne peux réellement compter avec sérénité que sur les servants de canons antichars. Je leur décernerai de larges récompenses.

L’ennemi a alors proposé un cessez-le-feu en échange de notre retrait des abords de la cote 174,9. J’ai répondu en pilonnant ses positions d’infanterie à l’artillerie.

Nous étions contraints d’éliminer les deux PzIV et les deux PzIII retranchés sur cet objectif. Je m’attendais à de lourdes pertes blindées, malgré les encouragements de mes subalternes, et j’ai brièvement envisagé d’accepter le cessez-le-feu proposé par l’ennemi. Mais je ne pouvais lui céder une partie de notre ravin. Nous étions donc obligés de contre-attaquer. J’ai décidé d’engager les dix blindés stationnés au nord-est, en trois lignes, en se maintenant de notre côté de la route afin de se protéger des tirs éventuels de canons ennemis déployés dans la plaine à l’ouest. J’ai ajouté quelques blindés du centre pour mener un assaut sur plusieurs flancs simultanés et pour augmenter davantage le rapport de force. Les autres, trop exposés aux tirs depuis le sud-ouest, où un PzIII était immobilisé, n’ont pas été sortis de leur ravin. Simultanément, j’ai envoyé 350 fantassins à l’assaut de la même cote, pour distraire les blindés ennemis et nettoyer le terrain d’infanterie adverse. L’assaut a été précédé et accompagné par des tirs d’artillerie sur les positions d’infanterie ennemie.

Ce fut, comme je le redoutais, un carnage. L’équipe de demeurés aux commandes des T-34 a d’abord montré son incapacité à avancer en ligne : certains étaient en forte avance, d’autres en fort retard. Résultat prévisible : plusieurs blindés ont été éliminés par un seul PzIV dont seule la tourelle dépassait, qui pouvait les prendre pour cible les uns après les autres. Lorsque le gros de nos T-34 est finalement arrivé à proximité des chars ennemis, ils manquèrent plusieurs tirs, mais ils ont néanmoins réussi à éliminer un PzIV et un PzIII. Notre infanterie, de son côté, tentait désespérément d’éliminer un PzIII immobilisé dans sa position retranchée, à l’aide de charges de démolition. Il faut souligner que nos fantassins, comme les servants des pièces de 76,2 mm, étaient expérimentés. Leurs officiers savaient depuis longtemps que notre trentaine de blindés ne valait pas grand-chose, étant donné les crétins qui les commandaient. Après de longues minutes, nos valeureux fantassins ont réussi à détruire le PzIII. Eux aussi devront être largement récompensés !

Restait le dernier PzIV, dirigé par des tankistes allemands extrêmement expérimentés et courageux. Réussir à loger leur blindé dans une ancienne position retranchée, à 100 mètres de nos lignes, n’en faire dépasser que la tourelle, éliminer plusieurs de nos chars sans flancher face à la vague qui leur tombait dessus… chapeau ! Ces types méritent la plus haute distinction militaire.

Je me suis résolu à engager les blindés du ravin central pour ouvrir un autre axe d’approche contre ce PzIV, sur trois directions différentes, malgré le risque de tirs de flanc du PzIII immobilisé à 500–700 mètres plus au sud-ouest. Le rapport de force était d'au moins 15 ou 20 contre 1, c'est dire le niveau de nos équipages... Nombre de nos obus de T-34 sont tombés partout, sauf sur le PzIV. Finalement, celui-ci a été touché en tourelle plusieurs fois et a reculé hors de sa position. Son équipage, sacrément insouciant, a pu reculer d’une centaine de mètres, tandis que nos tankistes, pris de panique, au lieu de l'achever alors qu'il s'offrait à eux, fuyaient en ignorant où se trouvait le ravin qu’ils venaient pourtant de quitter. Ils connaissaient parfaitement cette zone qu’ils gardaient depuis longtemps… mais la peur les rendait fous. Le PzIV a dépassé la route et, une fois rentré dans ses lignes, son équipage a abandonné le blindé dont de la fumée s'échappait d'un peu partout. Nous pouvons être certains que cette équipe nous posera encore des problèmes à l’avenir : ses officiers lui donneront un autre char tout neuf après une telle prestation !

Avant même que ce PzIV n’atteigne la route et soit déclaré hors de combat, j’avais déjà ordonné le repli des T-34 vers le ravin ! Oui, j'avais abandonné ce combat malgré le rapport de force écrasant ! Mais cela n'a pas été simple : nous avons passé de longues minutes, depuis le QG, à tenter de reprendre contact avec chaque blindé pour les guider vers la zone sécurisée. Plusieurs de nos tankistes ont abandonné leur blindé ou ont été détruits en partant… dans la direction de l’ennemi !

Lorsque le calme est revenu, je n’ai même pas souhaité connaître le nombre de blindés perdus. À l’heure où j’écris ce rapport, je ne connais pas le chiffre exact : une dizaine peut-être, rien que sur cet assaut, qui s’ajoutent aux 3 à 5 perdus durant le reste de la bataille. Je me suis adressé à mes officiers : « Et vous envisagiez faire une offensive avec ça ?! »

Il va de soi que nous ne pouvons désormais qu’en rester à défendre les ravins — même pas leurs abords.

Nous pouvons toutefois nous consoler : l’ennemi a perdu l’essentiel de ses blindés. À force, par l’attrition, nous finirons peut-être par sortir de nos ravins.

Bilan des pertes : sur 1 170 personnels engagés, nous déplorons 100 tués, 50 blessés graves et 15 disparus ou prisonniers.

Côté ennemi, nous estimons qu’il avait engagé environ 575 personnels. Nous pensons qu’il a subi 175 tués, et nous capturons 85 prisonniers. Il ne semble y avoir aucun blessé grave : l’engagement ayant essentiellement eu lieu à proximité immédiate de nos lignes, s’étant étiré dans la durée et ayant impliqué un usage intensif de l’artillerie et des blindés, les blessés graves ennemis n’ont pas eu l’opportunité d’être évacués vivants. Cela représente un total de 260 pertes, soit un ratio de 1,6 en notre faveur. C’est un résultat tout à fait dans les standards soviétiques. L’ennemi a perdu beaucoup de troupes, et cela va lui coûter cher à l’avenir.

Du côté des blindés, 8 de nos T-34 sont détruits, ou considérés irréparables — ou presque — et 3 autres sont endommagés. Nos canons de 76,2 mm commencent à manquer de munitions antichars : ils ont assumé l’essentiel du travail antichar, éliminer à eux seuls autant de blindés adverses est très consommateur en munitions perforantes. Nous notons que deux T-34 détruits ont été touchés par des tirs de canons de 88 mm situés à plus de 1,5 km à l'ouest, alors qu’ils étaient à peine visibles au centre. La longue distance permet aux obus de 88 mm des trajectoires légèrement en cloche : il suffit de distinguer une tourelle pour atteindre un blindé sans être repéré en retour. C’est un problème connu.

Côté ennemi, nous estimons qu’il avait engagé 19 PzIII, dont 17 sont détruits ; 4 PzIV, tous détruits ; et 3 véhicules d’infanterie chenillés Sdkfz, également tous détruits.

Cela signifie que nous perdons 8 chars et en comptons 3 autres endommagés, tandis que l’ennemi subit 21 blindés totalement détruits. C’est un résultat véritablement excellent ! Contrairement à ce que la bataille laissait présager — et malgré le niveau nullissime de nos tankistes —, c’est une belle victoire. Que d’émotions ! Il y a là un bel écart entre perception et réalité.

Le GQG, informé de cette bataille, décerne un lot de médailles et de récompenses à nos personnels qui se sont distingués. Pour la seconde fois à Kalach, j’obtiens moi-même une médaille pour d’excellents résultats, ainsi que la plus haute distinction militaire, que j’ajoute à mes autres exemplaires. Je n’en tire pourtant aucune fierté : nous aurions pu réduire de moitié le nombre de nos pertes blindées si nos équipages avaient été à la hauteur. De plus, j’aimerais, ici en tant que tacticien, pouvoir éliminer la présence ennemie dans la plaine à l’ouest de la cote 174,9, et bien sûr, prendre la cote 169,4 Mais peut-être finirons-nous par infliger suffisamment d’attrition à l’ennemi — en maintenant un ratio de pertes positif — pour parvenir à ces objectifs personnels.

Cote 169.8 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : se replier massivement au sud-ouest en flanc de colline où nous pourrons engager l'ennemi en réduisant les distances, ne pas défendre le nord, le centre, le nord-ouest et l'ouest. Au sud, tenter néanmoins de faire une embuscade dans le ravin avec quelques canons antichars et de l'infanterie, pour ne pas abandonner trop facilement ce secteur. Puis, tenter une contre attaque par le sud, où nous nous retrouverions dans les arrières directs de la cote stratégique 169.4 qui nous pose tant de problèmes : attaquer ce secteur par l'arrière serait un "game changer" comme on dit.

8h, 20 °C, beau temps.

Nous déployons un peu moins de 600 personnels, comprenant les équipages et servants des véhicules et matériels suivants : 8 T-34, 10 T-70, 10 T-60, 6 canons antichars de 45 mm, 2 canons antipersonnel allemands leIG 18 de 75 mm.

Nos troupes prennent position au sud-ouest. Les T-70, actuellement à l’ouest, se dirigent vers les positions des T-34 au sud-ouest, accompagnés d’infanterie et de camions chargés de tracter nos deux leIG 18. Nous laissons à l’ouest un officier volontaire chargé d’observer le nord ; cela nous permettra d’anticiper les mouvements de l'ennemi et d’identifier rapidement sa composition.

Nous disposons de trois batteries d’artillerie, mais nos observateurs n’ont aucun contact radio avec elles. Cela rend l’artillerie inutilisable, car la situation ne nous permet pas de coordonner de frappes à un endroit précis et à une heure déterminée, que ce soit à l’attaque ou en défense. Nous devons nous adapter en temps réel aux mouvements ennemis et aux découvertes du terrain — il n’est pas question d’attendre une estafette. J’ordonne néanmoins de porter l'ordre de deux salves au centre, là où l’ennemi pourrait menacer nos unités en redéploiement.

Nous préparons la zone sud-ouest à une défense antichars et antipersonnel. La topographie en flanc de colline réduit les distances d’engagement à environ 400–500 mètres, ce qui est idéal en cas d’assaut blindé. Si l’ennemi engage de l’infanterie, notre grand nombre de blindés légers suffira à contenir l’attaque sans difficulté. Cependant, notre dispositif antichar reste volontairement limité afin de réduire le nombre de nos T-34 qui pourraient être pris pour cibles. En cas d’attaque blindée trop puissante, nous serons donc contraints d’envisager un repli, ou de recourir à d’autres méthodes.

Une embuscade est ainsi en place dans le petit ravin au sud, avec deux canons de 45 mm soutenus par de l’infanterie. Fidèle à l’esprit général de cette bataille, ce dispositif reste léger et ne permet pas de contenir un assaut massif. Quatre autres canons antichars sont déployés plus au sud-ouest, où la défense sera un peu plus robuste. Si l’ennemi s’avère nombreux, notre groupe sud se repliera rapidement vers le sud-ouest. En cas de pression trop forte, nous organiserons une retraite générale pour éviter des pertes inutiles.

Nous opérons ici dans un secteur secondaire, et notre dispositif comme notre tactique en témoignent. L’objectif est de réduire la densité de blindés ennemis en les attirant vers l’ouest, ou de prendre le terrain si l’ennemi ne dispose pas de blindés ou s'il ne dispose que d'un faible nombre de canons. Dans ce cas, l’attaque sera menée par l’infanterie, appuyée par les T-60 et, si nécessaire, les T-70. Les T-34 n’interviendront qu’en soutien ponctuel, face à une résistance localisée ou à un adversaire légèrement plus puissant. Nous allons très bientôt savoir quelle option s’impose.

Cote 169.8 : compte-rendu d'après-bataille

Nous avons réussi à replier nos troupes vers le sud-ouest, à l’exception d’un canon antipersonnel leIG 18. Un seul servant était présent sur place, incapable d’atteler seul le canon au camion prévu. L’officier sur les lieux a pris l’initiative de ne pas perdre de temps, compte tenu du danger, et a fait abandonner la pièce.

L’ennemi n’a pas attaqué dans cette direction. Il ne disposait que d’un véhicule d’infanterie à roues, un Sd.Kfz. 232 vraisemblablement immobilisé sur la cote 167, qui s’est contenté de détruire de loin avec son canon de 20 mm le leIG 18 abandonné.

Au sud, nos troupes étaient en embuscade dans le petit ravin. Sur la hauteur opposée, l’ennemi a déployé quatre à cinq Marder, rendant toute offensive suicidaire sans subir de lourdes pertes en blindés — sauf si ces Marder avançaient d’eux-mêmes. Ce fut partiellement le cas : un Marder accompagna des troupes dans leur tentative de conquérir le ravin. Il agissait en soutien antipersonnel, redoutablement efficace, mais il a été détruit par nos deux canons antichars de 45 mm embusqués. L’infanterie ennemie a été repoussée.

L’ennemi a ensuite engagé un second Marder, plus prudent, qui resta à distance. Nos canons parvinrent néanmoins à l’endommager, ce qui força son repli, ainsi que celui de l’infanterie qui l’accompagnait.

J’ai alors décidé de tenter de sécuriser la partie nord du ravin et de concentrer une forte présence d’infanterie dans cette zone, ainsi que dans le repli de terrain situé à l’est, dans le but d’améliorer nos positions à moyen terme. Le gros de notre infanterie, positionné au sud-ouest, a reçu l’ordre de relever le groupe sud, lequel devait attaquer vers le nord. L’ennemi a immédiatement réagi, envoyant ses troupes à la rencontre des nôtres, appuyées à distance par d’autres Marder et par ce qui semble être quatre pièces d’artillerie de 105 mm, tirant de manière indirecte sur notre groupe sud-ouest, en mouvement. Bien que peu précises, ces salves ont suffi à semer la panique et à clouer au sol notre infanterie.

Le groupe sud-ouest a mis bien trop de temps à rejoindre le ravin, au prix de nombreuses difficultés. Pendant ce temps, notre groupe sud subissait de lourdes pertes en tentant de prendre pied dans la partie nord du ravin. J’ai ordonné de renforcer l’attaque avec les troupes enfin arrivées, mais l’ennemi a également consolidé ses positions, renforcé son infanterie, et fait intervenir des Marder qui avaient découvert un axe d’approche suffisamment éloigné et protégé de nos canons pour pouvoir appuyer efficacement leurs troupes.

Face à cette situation, j’ai ordonné l’arrêt de l’offensive et le repli de notre infanterie sur ses positions retranchées dans le sud du ravin. J’ai également envoyé un groupe au-delà du repli de terrain à l’est.

Les combats ont progressivement cessé. L’ennemi n’a pas tenté de progresser vers l’ouest. Il conserve sa position stratégique dans la plaine, au sommet de la colline, et s’est limité à prendre pied au nord avec un petit détachement d’infanterie en reconnaissance. Il est désormais clair qu’aucune percée ne sera possible par l’ouest, le sud ou le sud-ouest. Le nord reste hors d’atteinte. À l’est, la résistance demeure farouche… Nous allons devoir repasser en défense pure : toute tentative offensive est vouée à l’échec.

Bilan des pertes : sur près de 600 personnels engagés, nous déplorons 55 tués, 30 blessés graves et 40 disparus (probablement prisonniers), soit un total d’environ 125 pertes.

Du côté ennemi, nous estimons qu’environ 350 personnels ont été déployés. Nous évaluons leurs pertes à 65 tués, 30 blessés graves et 10 faits prisonniers, soit un total d’environ 105 pertes. Le ratio global des pertes est donc proche de 1.

Concernant les blindés et les canons, nous n’en perdons aucun. L’ennemi engage 8 Marder, dont un est détruit, deux autres sont gravement endommagés. Le Sd.Kfz. 232 est confirmé comme sérieusement endommagé ; l’ennemi le tracte et l’utilise comme un bunker mobile.

Batailles lancées à 7h J+2 : réflexions à 10h, J+2

Le GQG nous informe qu’il est globalement satisfait de notre prestation, mais souhaite un bilan plus favorable d’ici le milieu de la nuit.

Au centre, l’ennemi reste extrêmement solide et continue de recevoir des renforts. Sa position en plaine lui offre un avantage qu’il exploite pleinement, et il en abuse.

Il contre-attaque actuellement au nord-est pour sécuriser son objectif, et il est probable qu’il renforce encore son effort afin de s’emparer du passage de Lipo-Lebedevskyy, voire de menacer l’ensemble de notre dispositif à Kalach.

Nous devons néanmoins tenter de le contenir au nord-est, au moins jusqu’à ce que nous ayons une idée plus claire de ses forces réelles. Au centre, aucune option ne se présente : il nous est impossible de poursuivre notre offensive par l’ouest, de forcer l’ennemi à s’éloigner de l’arrière de la cote 169.4, de l’attaquer par l’est, de le contourner par le nord, ou même de mener une attaque par le sud sans compromettre la tenue de nos objectifs centraux. Par ailleurs, un redéploiement vers le nord-est devient nécessaire.

Nous verrons ce que décidera l’étude stratégique. Il pourrait s’agir de passer massivement en posture défensive, tout en poursuivant quelques offensives ponctuelles.

11h, J+2 : étude stratégique approfondie et ordres

L’ennemi poursuit le déploiement de renforts importants au nord-est et s’apprête à prendre le passage de Lipo-Lebedevskyy.

Il est absolument exclu de tenter de ralentir la progression ennemie vers Lipo-Lebedevskyy avec les moyens actuels : une partie de nos troupes risquerait de se retrouver piégée, contrainte de se replier de l’autre côté du Don, où elle serait inefficace en raison de son infériorité et ne présenterait plus aucune utilité pour le gros de nos forces, toujours positionnées à l’ouest du fleuve — là où nous pouvons encore espérer des résultats plus significatifs.

La question se pose : que se passera-t-il si l’ennemi franchit l’Est du Don et s’empare des ponts de Rubezhnyy et de Berezovskyy, au sud-est, pour attaquer nos arrières ? Cela pourrait se produire si nous choisissons de ne pas déployer de troupes de ce côté du fleuve.

La réponse est claire : un repli général jusqu’aux lignes de départ. L’ennemi prendra alors les objectifs qu’il convoite. Le GQG, qui se contente pour l’instant d’espérer un bilan légèrement positif pour la nuit, réagirait très négativement à un tel recul, effaçant ses récentes marques de satisfaction.

Nous constatons que nous disposons de nombreuses troupes en excès — tant des unités blindées que d’infanterie — que nous pouvons redéployer efficacement vers le nord-est. Nous élargissons notre présence dans cette zone, mettons en place des rotations, et décidons de lancer une contre-attaque sur l’objectif nord-est pour perturber l’ennemi là où il est plus vulnérable. Le terrain ne nous est pas favorable, mais notre priorité est de le harceler, sans forcément chercher à vraiment sortir des ravins.

Plus à l’est, nous renforçons notre dispositif et procédons à l’évacuation de nos postes de commandement vers la rive ouest du Don. Nous défendons activement cette rive à hauteur de Lipo-Lebedevskyy. Compte tenu du fort dénivelé, la distance d’engagement y sera réduite, ce qui favorisera l’emploi de nos blindés et de nos canons antichars contre les éventuels blindés allemands qui se présenteraient, ces derniers étant inadaptés au combat à courte distance. Si l’ennemi engage des blindés, il sera accueilli avec des moyens adaptés ; s’il engage de l’infanterie, notre dispositif reste suffisamment polyvalent et nous pouvons permettre l’intervention de nos blindés en soutien antipersonnel. Il est envisageable de tenir la position, voire de contre-attaquer.

Nos unités doivent se déplacer près des premières lignes, les déplacements de longue distance engendrent des risques — notamment si nous sommes surpris — et peuvent entraîner des pertes. Néanmoins, cette situation reste préférable à l’abandon pur et simple du secteur.

Concernant le centre, nous parvenons à infiltrer des éclaireurs dans le dispositif ennemi, pourtant très dense. Les effets de l’attrition commencent à s’y faire sentir, et ses unités s’éclaircissent. Si au niveau tactique nous constatons l’absence de blindés, il sera bon d'accentuer notre effort afin d’écraser les forces ennemies restantes. Nous poursuivons donc nos attaques depuis l’est et l’ouest.

L’ennemi modifie son dispositif général. Il recommence à battre en retraite au centre, où il conserve pourtant un avantage matériel, en y laissant des troupes de retardement, tandis qu’il concentre désormais ses efforts sur la contre-offensive au nord-est, qui devient sa priorité. Notre propre attaque, lancée dans ce même secteur, pourrait bien l’avoir pris de court. Nous verrons s’il nous est possible de sortir de nos ravins et d’exploiter cette initiative.

Au centre, il retire ses unités, désormais affaiblies, pour les redéployer sur une nouvelle ligne défensive plus au nord, ainsi qu’en soutien de son offensive au nord-est. Il maintient toutefois des éléments pour nous ralentir et couvrir son redéploiement. Cela pourrait nous permettre, peut-être, d’encercler quelques éléments isolés de ses troupes au centre — mais cela reste encore incertain.

Si nous parvenons à sécuriser la cote 169.4, nous serons en mesure d’envoyer davantage de forces au nord-est.

Cote 130.4 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : se réfugier dans les ravins et défendre. Tenter d'attaquer le nord-est, simultanément le nord et progressivement le nord-ouest. Si la capture de tout le territoire adverse est possible, écraser entièrement l'ennemi, mais conserver à l'esprit la nécessité de restreindre l'agressivité (pour limiter nos pertes) afin de pouvoir conserver de quoi encaisser d'autres contre-attaques ennemies futures !

Attention aux canons antichars de 88 mm !!! On signale des avions ennemis dans le secteur, se préparer à des bombardements en dispersant les canons, blindés, et troupes !

11h. Beau temps, 28 °C.

Nous disposons actuellement de 760 hommes, incluant les équipages de 7 KV-1, 9 T-34 et 4 T-60.

Quelques chars sont encore en cours de déploiement dans le ravin à l’est, accompagnés d’équipes de mortiers. Ces dernières attendent patiemment la prise du nord-est pour s’établir plus au nord, d’où elles bénéficieront d’un bon champ de vision sur le territoire ennemi en cote 130.4.

Une unité d’infanterie s’est discrètement déployée dans une branche du ravin, le long du territoire adverse situé au nord-est. Un autre groupe est positionné au sud de l’extrémité de ce même ravin tenu par l’ennemi. Une troisième unité s’est installée dans une branche située au sud de la cote 130.4. Une quatrième est en cours de déploiement dans une branche au nord de la cote 132 ; toutefois, le repli de terrain y est faible, et l’ennemi peut observer les mouvements à tout moment. L’infanterie cherche à se disperser autant que possible, afin de limiter les pertes en cas de bombardement aérien.

Un groupe de chars est en attente, camouflé au fond du ravin sud. Si l’ennemi s’y aventure, il tombera dans une embuscade. Les blindés sont espacés afin de réduire les pertes en cas de frappe aérienne, que nous jugeons imminente.

Il en va de même pour les quatre canons antichars de 45 mm et les deux canons de 76.2 mm déployés dans le ravin nord.

Nous comptons trois observateurs d’artillerie, dont un principal, rattaché à une batterie de canons de 76,2 mm, en position sur la hauteur entre les ravins nord et sud. Il couvre l’ensemble du territoire adverse jusqu’à la route en diagonale. Les deux autres batteries, l’une de 76,2 mm et l’autre de mortiers de 82 mm, disposent de peu de munitions. Leurs observateurs, situés plus à l’ouest sur la même hauteur, n’offriront qu’un soutien ponctuel.

Compte tenu de l’inexpérience de nos troupes, un simple survol aérien risque de provoquer une panique générale. Cette mission, qui pourrait en théorie réussir, semble donc compromise. Nous avons l’impression qu’une force invisible s’acharne à nous freiner, ou à nous replonger la tête sous l’eau dès qu’une lueur d’espoir apparaît au bout du tunnel.

Dans un premier temps, notre priorité est de résister à la probable attaque aérienne et de terminer le déploiement de nos forces. Ensuite, il faudra prendre le nord-est. Selon les moyens qu’il nous restera, nous tenterons ensuite de progresser vers le nord et de nous emparer de la cote 130.4. Et si un miracle se produit, nous lancerons une offensive en direction du nord-ouest, au-delà de la route.

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