Simulation, bataille de Kalach, 26 juillet 1942 à 7h

Simulation, bataille de Kalach, 26 juillet 1942 à 7h

Actualités mondiales & françaises


(Reconstitution historique)

Suite du 25 juillet 1942


Cote 109 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : saisir la cote 109 au nord, jusqu'à la route. Ne pas prendre de risques à ce stade au-delà de la route à l'ouest, conserver les blindés dans les ravins ou à leurs abords.

Un problème de communication a empêché la bonne réception des ordres au bon moment par l'unité 3/482 en charge de mener l'assaut principal, conduisant à l'abandon de l'offensive par les troupes voisines... Cela nous met en retard sur notre plan, qu'il va falloir compenser. De plus, nos renseignements indiquent que l'ennemi est en train de franchir le Don plus au nord.

Situation à 10h, J+1

11h, J+1 : étude stratégique approfondie et ordres

Après une reconnaissance plus au nord en rive Est du Don, nous ne confirmons pas le franchissement du fleuve par l'ennemi.

Certaines de nos unités acceptent de prendre des risques considérables pour s'infiltrer dans les lignes ennemies en vue de saisir l'objectif qui devait être atteint à 11h, malgré l'abandon de l'offensive qui devait éloigner l'ennemi pour agrandir nos voies logistiques. En cas de contre-attaque ennemie, ces unités devront défendre, au risque de battre en retraite, ce qui ajouterait un chaos extraordinaire à la situation.

Nous espérons que les ordres seront correctement reçus par les unités en charge de mener l'assaut cette fois, dans le cas contraire nous devrons substituer 3/482 et 1/743 dont l'intégralité du personnel sera mis aux arrêts pour insubordination, et nous risquons de devoir lancer un assaut frontal général sur l'ennemi dans la plaine pour compenser le temps perdu, au prix de lourdes pertes. Ce n'est pas une issue qui m'enchante.

L'ennemi continue de reculer légèrement, il ne contre-attaque pas :

Cote 109 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : mêmes consignes, saisir la cote 109, si possible aussi la cote 111 plus au nord, jusqu'à la route. Ne pas faire prendre de risques aux blindés en dehors des ravins.

Les problèmes de communication continueraient avec les unités en charge de mener l'assaut. Nous allons devoir prendre des dispositions expéditives et continuer à compter sur les unités audacieuses pour poursuivre l'infiltration des lignes adverses avec tous les risques que cela implique.

Situation à 14h, J+1

15h, J+1 : étude stratégique approfondie et ordres

Nos unités audacieuses continuent de s'infiltrer dans les lignes ennemies afin de poursuivre selon le plan initial malgré une prise de risque considérable. Nos renseignements pensent que l'ennemi n'a pas de blindés au centre, en conséquence de quoi j'ordonne un assaut frontal par le sud, une augmentation de la pression par l'ouest et un autre assaut par l'Est. Un soutien d'artillerie est donné aux troupes au sud pour qu'elles puissent éliminer des canons antichars pour ouvrir la voie à un assaut en plaine, soutenu par des blindés. Nous contournons nos deux unités 3/482 et 1/743 refusant d'obtempérer. Leurs officiers ont été remplacés puis fusillés avec grande publicité, sans même entendre leur version des faits. L'important est que chacun comprenne qu'il n'y a aucune autre issue à l'exécution de la mise en œuvre des ordres, sauf à communiquer immédiatement, clairement et dans leur intégralité, les raisons de force majeure qui s'y opposeraient.

Nous allons étudier ce qu'il y a lieu de faire du reste de leurs personnels, car il convient de motiver les subalternes à exécuter les ordres, même en cas de défaillance de leurs officiers. Quelques individus faisant preuve d'insubordination dans une chaîne de commandement militaire comme celle-ci entraînent des pertes massives, des prises de risques énormes, des changements de plans tactiques et même stratégiques, des retards qui peuvent provoquer des défaites locales ou générales. Le calcul est vite fait : entre une poignée de mutins et des millions de citoyens à sauver, la poignée de mutins doit être rapidement écrasée.

Les unités 3/482 et 1/743 sont prévenues, si elles refusent d'obtempérer à leurs nouveaux officiers, elles seront considérées ennemies et éliminées dans leur ensemble, peu importent les responsabilités individuelles, collectives, internes ou même externes, sauf à communiquer immédiatement, clairement et dans leur intégralité, les raisons de force majeure qui s'y opposeraient.

L'ennemi renforce un peu sa position près de l'objectif en cote 169.4, il ne contre-attaque toujours pas.

Est de Lozhky : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : nous n'avons que deux KV-1 en soutien blindé, s'assurer d'éliminer les pièces antichars avant de les engager en soutien antipersonnel en plaine.

15h, 35 °C, vent léger, nuageux.

Nous déployons près de 1 500 personnels, ce qui est considérable, nous n'avons rencontré une telle concentration de troupes que près de Léningrad.

Le terrain ouvert n'est pas favorable à l'attaque pour les Soviétiques. Nous avons des troupes dans les fossés à l'ouest, quelques troupes dans les ravins à l'Est, le reste est encore situé sur tout le sud et devra s'approcher, soit en contournant par l'Est, soit en contournant par les fossés à l'ouest, soit en frontal, ce qui serait plus rapide, moins fatigant, mais beaucoup plus coûteux en pertes. Nous verrons selon ce qui sera découvert en face.

Nous avons aussi des canons antichars de 45 mm de portée assez courte, que nous tentons de déployer à des endroits où ils éviteront d'être confrontés à des portées trop longues. Des canons de 76.2 plus polyvalents sont également présents à des endroits variés, tout en évitant de trop les exposer à de longues portées.

Les troupes sont soutenues par des observateurs d'artillerie qui vont commencer par guider des tirs sur les fossés, car ces endroits sont susceptibles de cacher des unités ennemies.

Les deux chars KV-1 sont au sud-est, cachés de l'ennemi par un léger relief. Nous allons tenter de les impliquer dans la bataille si nous sommes convaincus d'avoir éliminé le matériel antichar ennemi.

En attendant, nous allons d'abord défendre et sonder le territoire adverse, notamment pour pilonner à l'artillerie les équipements lourds ennemis et les concentrations de troupes.

Nous ne devrions pas perdre cette bataille compte tenu du rapport de force écrasant en notre faveur, mais cela peut nous coûter très cher en personnels si nous devons mener un assaut d'infanterie de front, surtout sur de longues distances à découvert. Nous devons en tenir compte pour choisir des approches judicieuses et réduire les distances d'engagement.

Est de Lozhky : compte-rendu d'après-bataille

Un message en provenance du GQG nous informe qu’un bombardement aérien est prévu dans notre secteur dans une demi-heure.

L’offensive débute par des tirs d’artillerie sur les fossés du flanc ouest, susceptibles d’abriter l’ennemi. L’intuition s’avère juste : la présence ennemie y est confirmée peu après. C’était prévisible — ces fossés constituent le seul abri valable à cet endroit.

Très vite, nous découvrons qu’ils disposent d’un canon antichar de 88 mm, une pièce redoutable. L’engin est promptement localisé et réduit au silence par notre artillerie. Mais il implique la présence possible d’autres canons similaires : les blindés reçoivent l’ordre de rester en retrait.

Au nord-est, deux pièces probables de 105 mm se dévoilent par leurs tirs. Notre artillerie riposte mais ne parvient pas à les neutraliser complètement. Un plan est rapidement conçu : une attaque d’infanterie depuis les ravins à l’est, après un contournement par le ravin plus au nord. L’assaut ne sera lancé qu’après le bombardement aérien si besoin, bien entendu. Dans l’intervalle, les unités se déplacent d’un ravin à l’autre dans un ballet silencieux vers le nord-est, chacune prenant la place de l’autre.

Lorsque l’aviation entre en scène, l’effet est décisif : les deux pièces de 105 sont anéanties, parmi d'autres cibles touchées.

Nous intensifions alors la pression depuis les fossés de l’ouest. En parallèle, une attaque est menée depuis le nord-est pour vérifier la destruction effective des pièces ennemies. Bien que les canons soient hors d’état, de nombreuses troupes ennemies subsistent dans les environs : nous choisissons de nous replier.

Nos hommes ne détectent aucune nouvelle menace antichar. Nous décidons donc d’engager les KV-1. Le plan est le suivant : les troupes à l’ouest continueront de harceler l’ennemi dans les fossés, bientôt renforcées par une unité venue du sud-ouest, qui poussera l’attaque plus au centre. Depuis le sud, des unités progresseront à découvert en profitant du désordre créé. Au nord-est, nos hommes mettront la pression à mi-chemin de la route. À l’est, nos troupes remonteront les ravins pour frapper les défenses organisées le long de la route — l’ennemi y a établi trois pôles défensifs. L’ensemble sera soutenu par notre artillerie. Enfin, les blindés progresseront sur la route, jusqu’à une centaine de mètres des positions ennemies, qu’ils démoliront une à une.

Le plan s’exécute sans accroc, jusqu’à ce que les chars approchent de leur position finale. Là, un nouveau canon de 88 mm est détecté dans les fossés. L’ordre de repli est immédiat. Les blindés plongent dans un ravin à l’est pour se mettre à l’abri. Notre artillerie entre en action et réduit au silence ce second canon.

La bataille se poursuit sans les blindés. À l’est, une de nos unités s’empare du segment central de la route. Elle est aussitôt redirigée pour frapper à revers le pôle défensif sud de l’ennemi, qui décroche rapidement vers les fossés. L’adversaire commence alors à replier ses forces vers le nord.

Les assauts d’infanterie à découvert étant coûteux, nous décidons de laisser l’ennemi se replier. Les combats cessent peu après.

Bilan des pertes : sur 1 450 personnels engagés, nous déplorons 10 tués et 40 blessés, soit 50 pertes environ. Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé 250 personnels, nous pensons qu'il a subi 35 tués, 5 blessés graves et nous faisons 70 prisonniers, soit 110 pertes et un ratio de 2.3 en notre faveur.

Le premier canon de 88 fut atteint par des tirs de canons antichars de 45 situés à l'ouest, et par des tirs de mortiers et d'artillerie. Le second fut atteint par des tirs de mortiers et de canons polyvalents de 76.2 mm situés à 1.4 et 1.8 km au sud, belle prestation qui mérite de récompenser les équipages concernés !

D'après les témoignages des prisonniers, lorsque nous avons lancé notre assaut depuis plusieurs fronts simultanés, le sud-ouest, le sud, l'Est et le nord-est, l'ennemi paniqua, il prit conscience du rapport de force réel et pensa qu'il allait être encerclé rapidement. A la fin, un certain nombre d'officiers ennemis avaient abandonné leurs troupes en leur ordonnant de tenir leurs positions, alors qu'eux-mêmes prenaient de l'avance dans la recherche d'une position plus sûre. Cela contribua à l'effondrement général de la défense ennemie. Ce n'est pas la première fois que nous constatons le peu de loyauté des officiers ennemis sur ce secteur du front.

Batailles lancées à 15h J+1 : réflexions à 18h, J+1

Une unité ennemie est encerclée et nous allons attaquer l'objectif au centre, tout en cherchant à encercler davantage de troupes ennemies en contournant par l'ouest.

19h, J+1 : étude stratégique approfondie et ordres

Comparaison historique

Nous sommes à peu près au même point que les Soviétiques, par rapport à nous ils ont obtenu les hauteurs au nord de Lozhky et de 10 let Octyabrya, ainsi que toute la rive Est du Don.

Etude stratégique approfondie et ordres

Les unités ennemies en retraite établirent leur présence dans les arrières de l'unité que nous avions supposé encerclée. Les combats vous continuer. Nous poursuivons la dangereuse infiltration des lignes ennemies le long de la rive ouest, pour minimiser le temps perdu et pour élargir nos flancs avant de mener une attaque contre l'objectif. Dans les conditions actuelles, attaquer cet objectif serait très dangereux, puisque nous avons des troupes ennemies dans nos arrières et nos flancs. Nous devons prendre le temps d'assurer nos arrières. Nos positions sont déjà très fragiles, inutile d'aggraver les choses.

L'ennemi peut n'avoir là que des troupes de logistique, des QG ou il peut s'agir de renforts solides qui se déploient et se trouvent actuellement sur la route. Nous allons vite nous en rendre compte.

En attendant de pouvoir attaquer l'objectif central, nous attaquons les deux unités ennemies quasi-encerclées, nous préparons une offensive secondaire par l'ouest avec des unités tout autant secondaires (infanterie appuyée par des chars légers T-70 et T-60), et nous nous attendons à une éventuelle contre-attaque ennemie.

Cote 156 : analyse tactique préalable

19h, 25 °C, beau temps.

Notre infanterie prend place autour du territoire supposément contrôlé par l'ennemi, les blindés restent à couvert du relief également autour du territoire adverse, nos observateurs d'artillerie (deux batteries de quatre canons de 76.2 et une batterie de six mortiers de 82) trouvent de la place en hauteur au sud et à l'ouest, en retrait. Au sud-ouest, nos unités ont eu le temps de se retrancher, profitant de positions préparées par l'unité précédemment présente.

Nous avons 650 personnels à notre disposition, incluant les équipages de 30 T-34, 17 KV-1 et 8 chars légers T-60 dont 1 endommagé dont la motorisation est hors service, que l'on a tiré à une position où il servira de défense antipersonnel comme un bunker en cas d'attaque ennemie.

Des mortiers se trouvent aux côtés des observateurs d'artillerie sur la hauteur au sud.

Nous allons augmenter la pression et nous adapter selon ce que nous découvrirons en face.

Cote 156 : compte-rendu d'après-bataille

Un QG était situé au sud. Les combats ne furent pas difficiles. Les mortiers plus au sud attaquèrent les éléments ennemis les plus éloignés de nos troupes. Le temps de s'assurer de l'absence de canons antichars, et d'engager les chars légers depuis le sud-ouest en les sortant de leurs positions retranchées et à l'abri du relief, les combats avaient déjà pris fin.

En nous infiltrant dans les lignes ennemies comme nous le faisons depuis plusieurs heures, nous avons surpris l'ennemi. Cela devrait perturber l'organisation d'autres unités dans le secteur, privées de leur commandement.

Bilan des pertes : nous déplorons 5 tués et 5 blessés graves, soit 10 pertes. Côté ennemi, nous estimons qu'il avait là 25 à 30 personnels, nous comptons 5 cadavres et faisons une quinzaine de prisonniers, soit 20 pertes et un ratio de 2 en notre faveur.

Nous aurions dû nous montrer moins agressifs, nous aurions pu éviter les pertes.

Les hauts gradés se sont traditionnellement enfuis par le nord avant que nous ne coupions leurs arrières, abandonnant leurs hommes. Notre renseignement militaire pense néanmoins que les officiers n'ont pas fui, et qu'ils se font passer pour de simples soldats parmi nos prisonniers, en tentant de nous induire en erreur en prétendant que le nombre de personnels de leur QG était supérieur (25-30) au nombre de corps et de prisonniers actuellement présents (20). Nous finirons par rapidement découvrir la réalité.

Cote 109 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : l'objectif nord-ouest sera à saisir plus tard, ne pas s'y attarder.

19h08, 25 °C, beau temps.

Nos troupes s'approchent des positions supposées de l'adversaire dans les ravins et en plaine. Les blindés restent à couvert du relief, ils sont précédés par un cordon d'infanterie pour les protéger dans un premier temps en cas d'attaque ennemie, puis les fantassins serviront à mener une reconnaissance et l'assaut, avec ou sans le soutien des blindés selon la présence ou non d'équipements antichars en face. S'il y a des chars, nous devrons engager les blindés dans des batailles de courte portée. Il est possible qu'il y en ait, car la 1./53 mcbn est l'unité que nous avons rencontrée au début de notre engagement ici, elle avait pu se préserver un PzIII et a pu obtenir du renfort.

A l'ouest, nous utilisons le petit ravin pour y approcher et cacher des troupes et quelques canons antichars de 45 mm.

Nous déployons 1 400 personnels, ce qui donne une densité de troupes énorme dans les standards autres que ceux de Léningrad, le double de la moyenne, ainsi que 19 T-34, 9 KV-1, 10 légers T-70 et 11 légers T-60 dont 1 endommagé. Les membres d'équipage sont déjà comptabilisés dans les 1 400 personnels. Avec un tel nombre de troupes, nous devrions pouvoir faire ce que nous voulons, mais mon but est de réduire les pertes au maximum et non de gagner du terrain coûte que coûte.

Nous disposons d'un bon support d'artillerie.

Cote 109 : compte-rendu d'après-bataille

Nous avons rapidement découvert une énorme quantité de canons antichars, d'artillerie de campagne et de blindés divers. Les canons dans la plaine et les blindés essentiellement dans les ravins.

Nous avons commencé par faire intensivement travailler notre artillerie sur les canons repérés dans la plaine. Il y avait au moins 2 canons de 88, 2 canons de 105 et quelques autres canons indéterminés. Cela rendait impossible l'emploi de véhicules. Un Marder et un PzIII étaient également dans la plaine.

Dans les ravins, nous avons distingué au moins 3 PzIII.

L'ennemi ouvrit le feu avec ses 88 contre nos mortiers et autres canons de 45 mm. Les nôtres engagèrent aussi les canons ennemis, avec un résultat variable. La précision redoutable des 88 accélérait nos pertes par rapport à celles de l'ennemi.

Notre artillerie fit le gros du travail, les canons adverses furent neutralisés les uns après les autres. Soudain, une immense explosion eut lieu au centre, dépassant le nuage de fumées et de poussières qui recouvrait les positions ennemies que nous étions en train de pilonner. Lorsque la visibilité fut meilleure, le Marder offrait un joli spectacle : quelque chose avait touché ses munitions, les morceaux du véhicule étaient étalés à la ronde. Déjà une difficulté de moins à traiter ! Quand nous étudierons les résultats sur place, et que nous récolterons les témoignages des uns et des autres, nous tenterons de déterminer l'auteur du tir.

Les bonnes nouvelles se poursuivirent... Un canon de 45 mm caché dans le petit ravin commença à engager le PzIII ennemi qui exposait son flanc, étant orienté vers le sud-est. Il devait se trouver à 500 ou 700 mètres. En quelques tirs, son équipage s'échappa du blindé. En un peu plus d'une demi-heure, la plaine fut dégagée de l'essentiel de la menace pour nos blindés. Restait un canon, probablement de 105, au nord, que les servants cherchaient à évacuer. Eventuellement, nos troupes allaient devoir aller le chercher depuis leurs positions en bord de ravin au nord.

L'ennemi tenta de négocier. Nous ne répondîmes pas.

Nous décidâmes de nous attaquer aux 3 PzIII, peut-être davantage, qui se trouvaient dans le ravin. Il y avait l'idée de passer par la plaine pour les encercler, mais cela supposait de combattre longuement à découvert, en faisant venir nos blindés légers qui soutiendraient les troupes qui elles, nettoieraient les tranchées. Avec la menace constante que les blindés ennemis sortent de leur ravin. Cela ne m'a pas plu.

Nous allions d'abord détruire les blindés ennemis. Nous les encerclions avec nos propres blindés, il suffisait d'attaquer simultanément de toutes parts en sortant nos T-34 et KV-1 de leurs cachettes. Nous calculions le nombre de blindés à engager. 3 depuis le nord, 3 depuis l'Est, 3 depuis le sud. Cela me paraissait un peu léger de présenter seulement 3 chars en face de 3 PzIII, d'autant plus que la visibilité réduite pouvait faire apparaître très tardivement les blindés sur les autres flancs. J'ordonnai de doubler le nombre de blindés : 2 lignes de 3 chars par le nord, l'Est et le sud. Cela faisait beaucoup m'a-t-on dit, 18 blindés sur un espace aussi petit rempli d'arbres et arbustes... J'ai répondu que c'était bien proportionné et que l'on commence par envoyer ceux les plus éloignés avant de donner les ordres à ceux les plus proches.

Lorsque les blindés venant du nord entrèrent dans le territoire ennemi, cherchant à rejoindre les chars ennemis qu'ils ne pouvaient pas voir correctement à travers la végétation, ils furent attaqués avec des explosifs par l'infanterie présente en masse. Cela rendait la tactique idéale impossible à réaliser : d'abord éliminer les blindés puis réorganiser nos troupes en évacuant les chars lourds pour les remplacer par des chars légers soutenant l'infanterie qui elle, allait nettoyer les positions ennemies.

Je décidai d'envoyer 150 personnels depuis le nord, accompagner les chars, pour divertir l'infanterie ennemie. J'en profitai pour envoyer 3 chars de plus depuis le nord, pour assurer le coup, parce que l'ennemi était tout de même coriace.

Le même problème se posa pour les chars venant du sud, j'envoyai donc également 150 personnels depuis le sud.

Finalement, tout prenait une allure de mêlée générale. J'aurais probablement dû y penser dès le départ et faire immédiatement accompagner les blindés par toutes les troupes disponibles, on avait de quoi envoyer 800 personnels ici, mais cela impliquait des pertes élevées parmi l'infanterie, ce que je souhaitais éviter au départ. Là, au contraire, je comptais faire replier les blindés et l'infanterie dès les chars ennemis éliminés, pour lancer un assaut bien conçu. Les pertes d'infanterie de la première étape seraient donc à imputer à l'opération antichar, notamment dans l'intention de réduire le nombre de pertes de blindés, et les pertes de la seconde étape seraient dues au long assaut et au nettoyage des positions ennemies, avec l'appui des chars légers.


En fait, concevoir un tel plan bien organisé, que ce soit planifié à l'avance ou pendant le chaos de la bataille, est assez peu rentable puisque les troupes engagées pour divertir l'infanterie ennemie sont en infériorité et lors de leur repli, s'il reste des personnels encore en vie, elles sont plus ou moins achevées par des tirs "de dos". En effet, on évite toujours le repli, puisque cela représente la majorité des pertes, et bâtir un plan prévoyant le retrait d'unités, c'est sacrifier la plupart de celles-ci. Alors, mieux vaut-il créer une mêlée générale avec tous les effectifs disponibles ? Pas forcément : si l'ennemi est vraiment puissant, il vaut mieux sacrifier une petite partie des troupes dans un premier temps pour accompagner les blindés, lancer le second assaut antipersonnel dans un second temps. Ce second assaut, bien préparé, a une meilleure force de frappe et peut, au pire, rompre le combat plus facilement que si tout est envoyé dans une mêlée générale.


Les chars venant de l'Est pouvant suivre le flanc de ravin dégagé, avaient une vue sur les blindés ennemis. Ces derniers répondaient aux duels. Lorsque les chars venant du nord avaient rejoint leurs positions, les choses s'accélérèrent. Malheureusement, nous perdîmes à ce moment plusieurs chars, probablement en raison de l'infanterie ennemie et des duels de chars qui avaient lieu à très courte portée. Toutefois, le bilan des pertes semble grandement favorable par rapport à la puissance de feu de l'ennemi. Si nous avions engagé les canons de 88 et autres en plaine en alignant nos blindés, la plupart d'entre eux auraient été perdus. Nous pouvons donc accepter quelques pertes.

Avant de pouvoir planifier le retrait de nos blindés lourds pour lancer la bataille contre l'infanterie, celle-ci se replia.

Bilan des pertes : sur 1 400 personnels engagés, nous déplorons 70 blessés graves et 45 tués, soit un total de 115 pertes environ. Une partie fut éliminée lors de la première phase de la bataille, lors d'échanges de tirs distants.

A cela s'ajoutent dans le ravin des T-34 restés immobiles bien trop longuement au milieu d'une position ennemie, ce qui a laissé le temps à l'infanterie ennemie, particulièrement bien équipée et motivée, d'organiser leur destruction par charge explosive :

  • 1 T-34 détruit par une charge HEAT posée sur la tourelle par de l'infanterie,
  • 1 T-34 mis hors de combat par de nombreuses charges HEAT et des mines antichars posées sur la tourelle. La plupart des membres d'équipage sont morts, ne reste que le chargeur, qui est blessé,
  • Le mécanisme de rotation de la tourelle d'un autre KV-1 a été endommagé par des mines antichars fixées en jointure de tourelle. Un autre a reçu à 450 mètres un tir de PzIII en front de tourelle, sans subir de dommages.

Les chars étaient infiltrés en profondeur dans les positions ennemies, notre infanterie n'ayant pas reçu l'ordre de les accompagner dans un premier temps, et n'ayant pu les rattraper dans un second temps. Néanmoins, nous n'avons pas à regretter nos choix, il fallait trouver le meilleur compromis entre le coup de force, l'exposition des blindés, l'exposition de l'infanterie... Le résultat est excellent, il a permis un superbe compromis.

Côté adverse, nous estimons qu'il n'y avait là que 300 personnels, nous comptons 50 cadavres, nous pensons que l'ennemi a subi 20 blessés graves et nous faisons 110 prisonniers, soit un total de 180 pertes et un ratio de 1.6 en notre faveur.

A cela s'ajoutent dans la plaine :

  • 1 Marder détruit à 800 mètres par un tir de canon AT de 45 mm ayant touché ses munitions,
  • 4 tirs similaires de flanc sur un PzIII à 800 mètres ayant liquidé la plupart des membres d'équipage, un blessé mourut à côté du blindé qu'il tenta d'évacuer,
  • 2 obusiers français de 155 mm, situés à 800 mètres également, détruits par des tirs d'artillerie. Ils auraient été mieux placés à plus longue distance, mais il semble qu'ils ont été pris au dépourvu, probablement n'avaient-ils pas de véhicules pour les retirer des abords de nos lignes,
  • 2 obusiers français de 155 mm, situés à 1 200 mètres (et non des obusiers de 105 comme supposé), dont les servants ont été décimés par notre artillerie et nos mortiers.

Et dans le ravin :

  • 5 PzIII, et non 3 comme supposé. Tous détruits à quelques dizaines de mètres de distance par nos T-34 et KV-1.

Batailles lancées à 19h J+1 : réflexions à 22h, J+1

Les résultats sont excellents, nous allons pouvoir encercler l'ennemi au centre en poursuivant l'attaque par l'Est (sur l'objectif central et plus au nord) et en contournant par l'ouest. Au nord-est, nous devrions aussi pouvoir saisir opportunément Lipo-Lebedevskyy et son passage du Don, qui ne sont pas défendus ; sans chercher à défendre si l'ennemi contre-attaque. Cela divertira l'ennemi. Depuis le centre-sud, constitué d'unités moins mobiles et moins bien ravitaillées, nous devrions pouvoir rester immobiles.

23h, J+1 : étude stratégique approfondie et ordres

Profitant de la nuit et du brouillard qui se lève, quelques reconnaissances ont pu établir qu'aucune présence ennemie ne se trouvait jusqu'à Lipo-Lebedevskyy.

Nous prenons Lipo-Lebedevskyy et nous avançons pour provoquer l'ennemi.

A l'ouest, nous attaquons le flanc ennemi par le côté opposé ; et depuis la rive du Don, nous attaquons l'objectif central. Plus tard, nous bifurquerons plus au nord pour encercler l'ennemi au centre.

Nous réorganisons nos arrières pour suivre le mouvement.

L'ennemi ne réagit pas :

Cote 169.4 : analyse tactique préalable

23h, 12 °C, brouillard léger.

Nous disposons de 900 personnels, dont les membres d'équipage de 11 KV-1 (dont 2 légèrement endommagés), 17 T-34, 1 PzIV à canon de 75 court, capturé à l'ennemi dans un secteur voisin du front et 8 chars légers T-60 dont un sans motorisation, que nous avons amené dans l'arrière du ravin au nord, pour servir en défense antipersonnel en cas d'attaque ennemie.

Dans le ravin, nous y camouflons les chars et partiellement l'infanterie.

Sur le flanc nord du ravin, nous y avons l'infanterie, prête à reconnaître ce qui lui fait face ou attaquer ou repousser l'ennemi. Plus au centre, les blindés les plus lourds y attendent une attaque blindée ennemie ou bien sont prêts à sortir du relief pour attaquer un groupe blindé ennemi qui serait proche, si cela est possible (nous devons d'abord nous assurer qu'il n'y a pas de matériels antichars en face). Des fantassins sont en train de prendre position devant les blindés pour les protéger d'une attaque d'infanterie adverse.

Au sud, nous y avons de l'infanterie soutenue par des canons AT de 45 et polyvalents de 76.2 dont je limite traditionnellement le rôle à tirer sur les équipements lourds ennemis, sauf exception. Une partie de l'infanterie est encore en mouvement pour rejoindre le léger couvert apporté par de rares buissons, tout au sud.

Lorsque la situation sera stabilisée, nous devrons d'abord vérifier la présence d'équipements lourds ennemis, la composition et l'emplacement de l'ennemi, pilonner les positions ennemies, puis concevoir le meilleur plan d'attaque possible (ou adapter au mieux la défense si le mouvement a lieu dans le sens inverse...).

Comme les canons, les KV-1 et T-34 ont traditionnellement l'ordre de ne tirer que sur des équipements lourds, bien sûr. Il s'agit de préserver les munitions, d'éviter de faire repérer trop rapidement ces canons et véhicules, et d'éviter de disperser l'attention de l'équipage.

L'antipersonnel sera apporté en priorité par les T-60 s'il est possible de les utiliser.

Au sud, au centre et au nord, dans les arrières à l'Est, se trouvent des observateurs d'artillerie qui règlent leurs tirs près de nos lignes. Ils pourront aussi faire tirer des obus éclairants.

Cote 169.4 : compte-rendu d'après-bataille

Cette opération fut particulièrement rude et coûteuse, pour un résultat somme toute modeste.

Dès les premières minutes, avant même de recourir aux obus éclairants, nous avons identifié un nombre important de blindés ennemis s’approchant du ravin. L’ouverture des hostilités fut prometteuse : un de nos KV-1 parvint à neutraliser plusieurs véhicules adverses sans être repéré, provoquant une désorganisation rapide de leurs lignes. Une certaine appréhension régnait cependant, car ce beau succès était susceptible d'être interrompu dès les premières ripostes contre ce char. Malheureusement, le reste de nos blindés, profondément dissimulés dans le ravin, n'avaient aucune visibilité sur les chars ennemis pour participer aux combats. La nuit et le brouillard léger n’arrangeaient rien, et ils étaient gênés par les nombreux buissons. Nos rares canons, tous regroupés au sud, ne purent participer efficacement à la défense au centre.

L’enthousiasme initial, alimentée par les destructions en série de blindés ennemis, fut effectivement de courte durée. Mais pas pour la raison que nous attendions. L’infanterie adverse, profitant des larges brèches laissées dans notre dispositif, réussit à s’infiltrer discrètement dans nos lignes et elle commençait à harceler nos arrières. Notre déploiement, pensé pour une offensive avec un accès rapide et facilité au territoire adverse, reposait sur une défense légère suivie d’une poussée offensive. Notre ligne manquait cruellement de continuité. Lorsqu’on me demanda s’il fallait revoir notre dispositif, je décidai de ne pas changer nos plans : selon moi, ces petits détachements infiltrés ne pourraient trouver que peu de choses à attaquer dans nos arrières, et ne gêneraient pas notre assaut : nous gagnerions par la masse en écrasant l'ennemi en profondeur, rendant illusoires les activités ennemies dans nos arrières. De surcroît, leur présence dans nos arrières signifiait d’autant moins d’opposition devant.

Toutefois, mes subalternes avaient raison de s'inquiéter.

Les obus éclairants ont permis de révéler un canon de 88 mm au centre, ainsi qu’une batterie de deux pièces d’artillerie au sud-ouest. Je fis immédiatement pilonner ces positions. Puis je lançai notre offensive. Il restait des chars ennemis, certains encore opérationnels, d’autres immobilisés, il pouvait aussi se trouver d'autres canons cachés dans la nuit, nous devions nous en rapprocher pour les neutraliser.

L’infanterie au centre reçut pour mission d’éliminer les canons antichars restants en s’infiltrant entre les véhicules ennemis. Très vite, nos 150 personnels furent bloqués par un feu extrêmement nourri. J’envoyai un renfort de 200 hommes depuis le nord, par un axe légèrement différent. Ce fut un carnage : la moitié de nos effectifs fut anéantie en quelques minutes. Les mitrailleuses coaxiales et celles des opérateurs radio des blindés ennemis fauchaient nos troupes. Malgré le faible nombre de véhicules ennemis, leur puissance de feu était très étonnamment dévastatrice. Une retraite fut ordonnée, au prix de nouvelles pertes, bien sûr. L'ennemi tenta de contre-attaquer, appuyant ses troupes de blindés et de véhicules d'infanterie à roues Sdkfz-232. Ils furent repoussés par nos véhicules, non sans pertes : 2 de nos blindés furent détruits. Je fis alors renforcer le centre par le groupe positionné sur le flanc sud du ravin.

Au sud, 200 hommes prirent d’assaut la batterie ennemie à 350 mètres de leur position. Ce fut un succès rapide. Cela remontait un peu le moral. Voyant que ce groupe n’était pas inquiété, je le chargeai de poursuivre l’attaque, afin de détourner l’attention ennemie, d’exercer une pression sur un autre axe, et éventuellement de devenir notre principal groupe d'attaque, liquidant toute présence ennemie... Je le fis progresser vers le nord. Mais cela ne déstabilisa pas l’adversaire : ses éléments infiltrés continuaient à harceler nos arrières, tandis qu’il restait imperturbable dans sa volonté de tenir le centre. Il ne réorienta aucune unité vers notre groupe que nous espérions représenter une menace à ses yeux. J'estimai que c'était une prétention erronée de sa part que nous allions exploiter. J’ordonnai alors de contourner cette position centrale et de l’attaquer par l’arrière. On me demanda pourquoi ne pas pousser plus loin dans les arrières ennemis. Je répondis que, nos troupes n’étant ni mécanisées ni appuyées par des équipements lourds, une progression isolée risquait de les mener à se retrouver coincées à un endroit où il serait impossible d'aller les aider.

La progression se poursuivit librement... jusqu’à ce que deux nouvelles pièces d’artillerie embusquées soient découvertes. Les artilleurs, surpris de notre approche depuis le sud, ne purent infliger que peu de pertes avant d’être éliminés. Nos troupes atteignirent alors l’ouest immédiat de la position centrale ennemie, à 500 mètres dans ses arrières. Leur progression était étirée sur un kilomètre et il fallait du temps pour qu'elles se regroupent. Je donnai l'ordre express de ne plus tirer d’obus éclairants afin de dissimuler notre présence au milieu du territoire adverse. Pendant ce temps, le groupe central était lentement renforcé, le redéploiement du groupe depuis le flanc sud du ravin était difficile, pris à partie par les éléments ennemis infiltrés. L’ennemi, à ce moment-là, proposa un cessez-le-feu, sur la base des positions initialement tenues.

C’est à cet instant que l’adversaire dévoila brutalement sa position, à à peine une centaine de mètres au nord de notre groupe « infiltré » : un char, de l’infanterie et des obusiers en appui à l’arrière. Nos hommes furent immédiatement fauchés, seuls partiellement épargnés grâce au retard de la moitié d’entre eux, encore distants d’un kilomètre vers le sud. La zone était totalement découverte, sans abri possible. Reculer signifiait la mort, rester sur place tout autant. J’hésitai : tenter de sauver 10 à 20 % des effectifs ou opter pour la fuite en avant ? Le temps de la réflexion coûta un tiers des troupes. Je choisis l’option offensive : frapper par l’arrière, coordonner une attaque depuis l’est, ordonner un pilonnage massif, et lancer nos 27 chars (deux étaient déjà détruits) par vagues de quatre en assaut frontal.

Notre avantage numérique pouvait, peut-être, inverser le cours de l’action. C’était l’exacte configuration dans laquelle les débutants se laissent piéger : tout miser, quitte à tout perdre. J’étais conscient du danger, qui faisait écho à mes premières expériences. Pourtant, je me persuadai que nous gardions l’ascendant : l’ennemi, affaibli par la perte de nombreux véhicules et pris en tenaille au centre, semblait vulnérable. Nous disposions encore de notre pleine force blindée — malgré les pertes, une issue favorable demeurait envisageable.

Avec une telle concentration de blindés et près de 300 fantassins, il semblait impensable qu’une position de seulement 500 mètres carrés, attaquée depuis deux flancs opposés, puisse tenir. Je fis tirer de nombreux obus éclairants : le champ de bataille fut aussitôt noyé d'une lumière crue, révélant chaque mouvement, chaque silhouette. L’attaque s’élança. Et ce fut un désastre. Nos chars, détruits un à un. L’infanterie, malgré un feu moins dense qu’auparavant, fut durement éprouvée. Au cœur du dispositif ennemi, le canon de 88 mm, indomptable, continuait de cracher la mort. Aucun de nos tirs n’avait su l’atteindre. Nos blindés ne le voyaient que l’instant même où ils étaient frappés. Ce n’est que lorsque notre infanterie parvint enfin à atteindre sa position qu’il fut neutralisé, ses servants capturés. Le retranchement du canon expliquait sa résilience. Il était enterré, protégé, capable de tout encaisser.

Mais le cauchemar ne s’arrêtait pas là. Les blindés ennemis éliminés, nos chars continuaient à tomber, les uns après les autres. Ce que nous aperçûmes à l’horizon nous fit comprendre : des éclairs surgissaient au loin, dans le nord, à plus d’un kilomètre. Une nouvelle batterie antichar, invisible jusqu’alors, nous prenait pour cible. L’explication de nos pertes était là. J’ordonnai l’assaut vers cette position éloignée, mais un subalterne m’alerta aussitôt : ce n'était pas raisonnable. Exact : traverser un kilomètre à découvert, sous le feu d’antichars allemands, de surcroît invisibles, revenait à suicider nos blindés, quel que soit leur nombre. Je donnai l’ordre de retraite générale vers le ravin. Sauver ce qui pouvait encore l’être. Les obus éclairants furent interrompus immédiatement : la lumière qui nous aidait à identifier toute présence ennemie dans les environs proches, supprimant l'avantage de la pénombre pour le défenseur, se retournait contre nous en donnant un avantage considérable aux batteries antichars allemandes. Nos véhicules subirent encore des pertes, mais certains parvinrent à regagner la zone sécurisée. L’infanterie, plus lente, dut franchir la position centrale. Je reconsidérai mes ordres : le groupe sud n’irait pas plus loin. Il tiendrait la position centrale, et toutes les unités disponibles viendraient le renforcer.

Bref, ce fut une bataille chaotique contre un ennemi qui rappela son sérieux.

Nous avons finalement accepté l’offre de cessez-le-feu, mais dans les conditions du contrôle territorial nouvellement établi. Nous avions atteint notre objectif, mais au prix des trois quarts de nos blindés et de, peut-être, deux tiers de nos personnels.


Avant d'entamer l'étude de l'engagement, je tiens à préciser que nos effectifs étaient conséquents, et qu’il serait inexact d’attribuer nos résultats décevants à un manque d’hommes. Pourtant, assez tôt durant l’opération, j’ai ressenti une faiblesse dans nos moyens. J’ai regretté de ne pas disposer des 1 400 personnels que nous avions à certains endroits du front quelques heures auparavant. Cela dit, avec 500 hommes supplémentaires, je ne pense pas que l’issue aurait été fondamentalement différente : nous aurions simplement subi davantage de pertes.

L’adversaire disposait ici de moyens nombreux, bien positionnés, au sein d’un dispositif central solidement appuyé par ses arrières. C’était une position presque inexpugnable. Rien à redire : sa mise en place était excellente. En vérité, la seule option qui aurait pu nous permettre d’inverser la donne — si nous avions eu connaissance précise de ses positions et de la composition de ses forces — aurait été de déployer entre 400 et 600 fantassins au nord, autant au sud, afin d’encercler la position centrale à plus d’un kilomètre. Cela nous aurait permis de neutraliser ses appuis d’artillerie et ses canons antichars, avant de lancer une attaque convergente sur le centre. Une telle manœuvre aurait nécessité les 1 400 à 1 500 hommes évoqués — un volume de troupes exceptionnel dans ce secteur du front. Mais reconnaissons-le : ce genre de plan relève de la pure hypothèse, car il était impossible, en l’état, de connaître l’ampleur et la disposition complète du dispositif ennemi avant d’engager l’offensive.

Aurions-nous dû renoncer à l’attaque, adopter une posture défensive et accepter le cessez-le-feu proposé ? C’est une possibilité. Mais croire qu’il aurait été plus simple de temporiser pour user l’adversaire par attrition, ou encore de contourner la zone, relève d’une lecture illusoire de la situation. L’ennemi aurait eu tout le loisir de se renforcer, et nous aurions perdu un temps précieux.

Nous avons choisi d’accélérer les choses, et nous avons atteint notre objectif. Nos pertes sont lourdes, certes, mais nous avons largement de quoi les remplacer, ce qui n’est pas nécessairement vrai pour l’ennemi. Il faut accepter la réalité du terrain : on ne remporte pas ce genre d’engagement sans y laisser des plumes. Le résultat reste positif. Il nous faudra simplement consolider solidement notre position actuelle pour prévenir toute contre-offensive, et élargir notre présence afin de sécuriser les abords de l’objectif et de poursuivre le mouvement stratégique visant à encercler le groupement ennemi entier au centre de la région.

Passons désormais à l’analyse post-bataille…


Bilan des pertes : sur 900 personnels engagés, nous déplorons... 170 tués, 160 blessés graves et 60 disparus/prisonniers, soit un total de 390 pertes environ. Nous avons rarement subi de telles pertes ces derniers temps. Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé 600 personnels et nous pensons qu'il a subi 150 tués, 35 blessés graves et nous faisons 200 prisonniers, soit un total de 385 pertes et un ratio de quasiment 1, ce qui est finalement rassurant compte-tenu du ressenti de cette bataille et du fait que la puissance de l'ennemi réside surtout dans son matériel et moins dans ses effectifs qui sont moindres.

Côté matériel justement...

Nous perdons 18 chars lourds sur 29 : 3 KV-1 et 15 T-34. D'autres ont été endommagés plus légèrement. Plusieurs sont à mettre au crédit de l'infanterie infiltrée, l'essentiel est à mettre au crédit de canons de 50 mm : une bonne partie par les canons de 50 mm antichars situés au nord, une autre par les canons de 50 mm des PzIII, et le reste a été touché par les 88 mm.

3 T-60 ont été détruits et 1 endommagé (qui s'ajoute à celui qui était déjà endommagé). Les deux canons de 76.2 ont également été endommagés.

Pour l'ennemi, nous estimons qu'il a perdu 15 chars PzIII, 1 canon antichar autopropulsé Marder, 6 obusiers de 105, 2 canons de 88 (et non 1 comme nous le pensions) et 1 canon antichar de 50 mm.

A la suite de cette bataille, le commandement, informé, décerne un grand nombre de récompenses à distribuer aux officiers et aux hommes qui se sont distingués, estimant que nous avons porté un coup décisif à l'ennemi. Eh bien, le futur nous dira si c'est bien le cas.

Suite

Report Page