Pique-nique sensuel dans la nature
đ TOUTES LES INFORMATIONS CLIQUEZ ICI đđ»đđ»đđ»
Pique-nique sensuel dans la nature
Fantastique
1
Pique-nique Ă Hanging Rock
Par Bertrand Mathieux · Le 24 décembre 2008
Jean-Pascal Mattei dit :
7 août 2013 à 9 h 11 min
Laisser un commentaire Annuler la réponse.
Film de Peter Weir
Titre original : Picnic at Hanging Rock
Année de sortie : 1975
Pays : Australie
ScĂ©nario : Cliff Green, dâaprĂšs le roman Picnic at Hanging Rock de Joan Lindsay
Photographie : Russell Boyd
Montage : Max Lemon
Avec : Rachel Roberts, Dominic Guard, Helen Morse, Anne-Louise Lambert
Miranda : What we see, and what we seem, are but a dream. A dream within a dream.
Avec Pique-nique Ă Hanging Rock , Peter Weir rĂ©alise un film Ă lâatmosphĂšre onirique et mystĂ©rieuse, qui illustre Ă sa maniĂšre un cĂ©lĂšbre poĂšme dâEdgar Allan Poe.
Le jour de la Saint-Valentin de lâannĂ©e 1900, les membres dâun pensionnat australien pour jeunes filles partent faire un pique-nique Ă Hanging Rock, un vaste et ancien rocher volcanique. Au cours de la journĂ©e, trois Ă©lĂšves et une professeure disparaĂźssent mystĂ©rieusementâŠ
Joan Lindsay , auteure du roman Pique-nique Ă Hanging Rock (publiĂ© en 1967) sur lequel est basĂ© le film Ă©ponyme de Peter Weir , a toujours entretenu une certaine ambiguĂŻtĂ© quant aux prĂ©tendues connexions entre lâhistoire racontĂ©e dans le livre et des faits qui seraient rĂ©ellement survenus au tout dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle, en Australie.
Ce rapport un peu trouble entre rĂ©alitĂ© et fiction est similaire Ă celui qui, dans le livre et dans le film, lie la rĂ©alitĂ© et le rĂȘve, et il est probable que cette correspondance explique la posture quâadoptait Joan Lindsay quand elle Ă©voquait ses sources dâinspiration. CâĂ©tait peut-ĂȘtre lĂ une maniĂšre de prolonger dans la « vraie vie » lâaura Ă©trange et mystĂ©rieuse dâun roman qui, jusquâĂ la publication dâun chapitre inĂ©dit ( The Secret of Hanging Rock ) en 1987, ne donnait volontairement pas la clĂ© de sa propre Ă©nigme. Lâajout du chapitre en question, trente ans aprĂšs la parution du roman et trois ans aprĂšs la mort de son auteure, est dâailleurs discutable, Pique-nique Ă Hanging Rock tirant une grande partie de sa force dans le mystĂšre inhĂ©rent au rĂ©cit.
Heureusement, Peter Weir nâavait pas eu la possibilitĂ© de lire ce chapitre quelque peu dĂ©mystificateur lorsquâil dĂ©cida dâadapter Pique-nique Ă Hanging Rock au cinĂ©ma, au milieu des annĂ©es 70. Le film est donc tout aussi mystĂ©rieux et avare en explications que la premiĂšre version du roman. Il est dâailleurs probable que mĂȘme si le « secret dâHanging Rock » lui avait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© Ă lâĂ©poque, Weir eĂ»t pris le parti de le laisser dans lâombre, lui prĂ©fĂ©rant les ensorcelants pouvoirs de la suggestion et de lâimagination.
Le film met en scĂšne une nature onirique (le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but mentionne un cĂ©lĂšbre poĂšme dâ Edgar Allan Poe , A Dream Within a Dream ), sensuelle (les disparitions ont lieu le jour de la Saint-Valentin, rappelons-le) et mystĂ©rieuse, en opposition totale avec les rĂšgles et principes propres Ă lâĂ©cole religieuse au sein de laquelle dĂ©bute lâaction. Ce contraste Ă©voque un peu Le Narcisse noir , de Michael Powell et Emeric Pressburger, et ses personnages de religieuses Ă©branlĂ©es par la proximitĂ© dâune nature himalayenne fascinante et attractive. Dans ces deux films, la nature exerce un effet hypnotique sur des individus quâelle dĂ©leste de leurs repĂšres sociaux, moraux et religieux, pour les pousser vers le rĂȘve, les sensations, la beautĂ© (lire : Portrait croisĂ© : Pique-nique Ă Hanging Rock et Le Narcisse noir ).
Anne-Louise Lambert dans « Pique-nique à Hanging Rock »
Pique-nique Ă Hanging Rock , Ă la diffĂ©rence du Narcisse noir , sâinscrit dans le registre du fantastique, puisque la disparition des jeunes Ă©tudiantes Ă©chappe Ă toute explication rationnelle. Si la faille temporelle est au centre de la thĂ©orie la plus rĂ©pandue chez ceux qui ont tentĂ© dâinterprĂ©ter le roman, il est Ă mon avis plus intĂ©ressant de considĂ©rer la disparition des personnages comme le stade ultime â la mĂ©taphore, en quelques sortes â dâune relation fusionnelle entre lâhomme (des femmes, en lâoccurrence) et la nature, entre la rĂ©alitĂ© et le rĂȘve, entre lâart et la vie, entre le moment prĂ©sent et lâĂ©ternitĂ©. Et donc, ce faisant, de ne pas associer le film, et le roman sur lequel il est basĂ©, Ă lâun des thĂšmes les plus courants dans lâunivers de la science-fiction, Ă savoir le voyage dans le temps (si sĂ©duisant et intĂ©ressant soit-il). Mais bien entendu, lâabsence dâexplication laisse prĂ©cisĂ©ment Ă chacun le loisir dâinterprĂ©ter lâhistoire Ă sa maniĂšre ; voire de plusieurs maniĂšres, dâailleurs, de mĂȘme que peuvent cohabiter, vis-Ă -vis dâun film comme Rosemaryâs Baby , une interprĂ©tation fantastique et une autre psychologique, sans quâil ne soit nĂ©cessaire dâopposer ces deux niveaux de lecture.
Le personnage clĂ© de Pique-nique Ă Hanging Rock est Miranda (interprĂ©tĂ©e par la jolie Anne-Louise Lambert , que lâon retrouvera quelques annĂ©es plus tard dans le remarquable Meurtre dans un jardin anglais , de Peter Greenaway). DĂšs son arrivĂ©e Ă Hanging Rock, elle semble comme habitĂ©e par les lieux et câest elle qui a lâidĂ©e de la promenade qui entraĂźnera la disparition de plusieurs Ă©lĂšves, dont elle-mĂȘme. Sa beautĂ© et la fascination quâelle exerce sur les autres personnages fait de Miranda une sorte de passerelle entre deux mondes, entre le « rĂ©el » et lâart ( I know that Miranda is a Boticelli angel , dĂ©clare une professeur Ă son sujet). La jeune femme ne semble pas totalement inconsciente de ce rĂŽle mystĂ©rieux, Ă©tant donnĂ© le geste dâadieu prĂ©monitoire, doublĂ© dâune expression Ă©nigmatique, quâelle esquisse peu de temps avant de sâĂ©vaporer.
LâidĂ©e de prĂ©destination suggĂ©rĂ©e par le personnage de Miranda est dâailleurs au cĆur de lâhistoire et de son mystĂšre, plusieurs rĂ©pliques la vĂ©hiculant explicitement : lâune des Ă©lĂšves dĂ©clare en arrivant Ă Hanging Rock que le rocher les « attendait » depuis un million dâannĂ©es ; Miranda, au cours de la balade, dĂ©clare Everything happens at exactly the right time and place ; une jeune femme Ă©voque dans une conversation un cerf condamnĂ© Ă mourir ( doomed to die ).
Pique-nique Ă Hanging Rock renvoie l'image d'une nature attractive, sensuelle et mystĂ©rieuse, qui Ă©branle la sociĂ©tĂ© humaine et ses institutions. Peter Weir et le chef opĂ©rateur Russell Boyd , dont le remarquable travail sur ce film a Ă©tĂ© justement saluĂ©, ont conçu ensemble des plans qui, dĂ©licatement, effacent les frontiĂšres entre les diffĂ©rentes dimensions du monde qui nous entoure (entre l'art et la vie ; entre le songe et le rĂ©el). Il faut voir ce film avec le mĂȘme sentiment d'abandon que celui qui gagne les Ă©tudiantes lors de leur excursion sans retour ; et de mĂȘme que celles-ci retirent leurs bas pour mieux sentir la pierre sous leurs pieds, il convient de prĂ©fĂ©rer les sensations Ă la raison face Ă cet Ă©trange rĂ©cit cinĂ©matographique. On abordera ainsi avec plus de lĂ©gĂšretĂ© la voluptueuse invitation Ă la rĂȘverie que l'auteur de La DerniĂšre vague , Witness et Mosquito Coast nous adresse ici avec beaucoup d'Ă©lĂ©gance.
Principal contributeur du blog Citizen Poulpe.
Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...
Comme tout art victorien (relisez Dracula , revoyez le bestiaire de Fisher), le conte envoĂ»tant de Weir dialectise le rapport entre culture et nature, raison et folie, loi et dĂ©sir. Son rĂ©alisme magique Ă©lĂšve un Ă©vĂ©nement prosaĂŻque au rang dâaventure existentielle. GorgĂ© de sexualitĂ©, obsĂ©dĂ© par lâinformulable, il dĂ©crit, littĂ©ralement, un ravissement, une disparition aussi inexplicable que celle de Lea Massari dans LâAvventura . Cette modernitĂ© combinĂ©e Ă la dimension mythologique nâoublie pas de rendre compte du clivage social â marque du cinĂ©ma anglais prĂ©sente aussi dans La Grande illusion â, ni de lâĂ©mancipation fĂ©minine au tournant du siĂšcle et de lâavĂšnement de la sociĂ©tĂ© du spectacle transformant le terrain dâun fait divers en lieu de villĂ©giature prisĂ© par le « tourisme sombre ».
LâĂ©piphanie inversĂ©e se dĂ©roule en territoire aborigĂšne sur un site hermaphrodite : un volcan Ă©teint, avec ses Ă©minences phalliques et ses crevasses utĂ©rines.
Depuis Stromboli jusquâau Petit Prince a dit , cette interzone entre le ciel et les profondeurs de la terre, entre lâavenir et le passĂ©, entre le temps des hommes et celui de lâĂ©ternitĂ© cyclique, fait advenir lâaltĂ©ritĂ©, plaçant ses hĂ©roĂŻnes dans une nuditĂ© qui les rĂ©vĂšle Ă elles-mĂȘmes dans leur irremplaçable prĂ©sence au monde, opaque et sensuel. La rĂ©fugiĂ©e de guerre, lâenfant malade et les jeunes filles en fleurs y rencontrent leur destin, quelque chose qui les dĂ©passe et les submerge, oĂč se trouver en se perdant. Miranda la bien-nommĂ©e aspire et se mire dans une vie rĂȘvĂ©e. Telle Narcisse noyĂ© dans son reflet, telle EmpĂ©docle suicidĂ© dans le feu noir, elle ne reviendra pas. Ceux qui restent, un garçon anglais enamourĂ©, une survivante autiste, vivront dĂ©sormais dans la sidĂ©ration, le mutisme et les larmes. La ruine programmĂ©e du pensionnat et les retrouvailles impossibles entre la sĆur et le frĂšre orphelins mĂ©taphorisent une autre absence, celle des parents.
LâannĂ©e sâachĂšve par un salut en français, « Au revoir, les enfants ! », mais le charme persiste, celui de lâĂ©nigme (rĂ©solue par un chapitre judicieusement publiĂ© Ă titre posthume), celui de lâĆuvre qui ne dĂ©voile que sa propre magie. Ă quoi rĂȘvent les jeunes filles, se demandait lâArgento de Suspiria ? Au Roi LĂ©zard, pourrait-on rĂ©pondre avec Morrison. Amoureuses de lâamour, elles pĂ©nĂštrent dans un territoire qui fige les montres, qui fait parler les fantĂŽmes avec des voix Ă©trangĂšres, qui tresse lâespace et le temps en sĂ©ductions troublantes, dont les rĂ©cits antiques ne cherchent pas Ă donner de rĂ©ponse, ni mĂȘme Ă raconter des histoires, mais Ă poser des questions Ă lâintĂ©rieur de portraits subjectifs dâĂ©tats, dâindividus aux prises avec le mystĂšre du monde, parfaits miroirs du spectateur â le cinĂ©ma, bien sĂ»r. Cousus dans lâĂ©toffe shakespearienne des rĂȘves, nous contemplons Le Mirage de la vie pour Ă©prouver la douce chaleur de la pierre qui nous prĂ©cĂ©dait, qui nous survivra, Ă lâinstar de la forĂȘt de sĂ©quoias de Sueurs froides , que les pieds nus et les poitrines sans corset des filles Ă©pousent Ă lâunisson, dans la vibration du dreamtime indigĂšne.
Le pastel de la photographie, promis Ă lâembrasement dâun incendie final par lâune des fins du scĂ©nario, la lenteur hypnotique du rythme (celui dâune caresse onaniste ?), les robes blanches aux morceaux Ă©pars, qui rĂ©pondent aux bouts de papier du Petit Poucet qui les traque, tout concourt Ă la rĂ©ussite dâune Ćuvre vĂ©ritablement australienne, qui annonce les scripts dâEverett De Roche, Ă la fois renouveau dâune cinĂ©matographie nationale et gage dâune reconnaissance Ă lâĂ©tranger. Parvenu Ă Hollywood, le royaume des illusions, Weir retravaillera la prĂ©sence ambivalente de la nature avec Mosquito Coast et le doute ontologique sur la rĂ©alitĂ© avec The Truman Show , tandis que Sofia Coppola, inspirĂ©e itou par une « histoire vraie », rĂ©alisera un film dont le titre pourrait servir dâĂ©pilogue Ă cet Ă©trange et radieux pique-nique.
Les critiques publiĂ©es sur ce site ne comprennent pas de spoilers (rĂ©vĂ©lations importantes sur lâintrigue du film), sauf indication contraire.
Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.
Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.
Citizen Kane, câest un film qui a rĂ©volutionnĂ© le cinĂ©ma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe gĂ©ant, est un animal marin mythique, qui se dĂ©marque par son charisme, sa capacitĂ© dâadaptation, et sa connaissance de lui-mĂȘme. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinĂ©ma et Ă la grandeur solennelle du poulpe.
Blog sous license Creative Commons . Propulsé par WordPress .
La fille en chocolat
Une amateur durant une baise hard
Pornstar dans une vidéo à couper le souffle