L'anus d'une trans va prendre cher

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L'anus d'une trans va prendre cher


ÉgalitĂ©s


toilettes unisexe


toilettes publiques


LGBTQ


Avant de nous quitter, voici des contenus qui pourraient vous intéresser

Gabrielle Bellot
— Traduit par Peggy Sastre
— 29 fĂ©vrier 2016 Ă  17h08
L’annĂ©e est encore nouvelle mais elle charrie dĂ©jĂ  son lot de vieilles angoisses. DĂ©posĂ© fin dĂ©cembre en Indiana, un Ă©niĂšme projet de loi entend criminaliser les personnes trans –ce que je suis– frĂ©quentant les toilettes publiques correspondant Ă  leur identitĂ© de genre. Dans le dĂ©bat sur le mariage homosexuel, les RĂ©publicains ont Ă©tĂ© largement perdants et savoir qui a le droit d’utiliser quel type de toilettes est un nouveau rouage de leur machine Ă  peurs –une Ă©volution d’autant plus criante aprĂšs l’échec, Ă  Houston , du rĂ©fĂ©rendum visant Ă  autoriser les femmes trans Ă  se rendre dans les toilettes de leur choix. Et cette nouvelle loi, proposĂ©e par le SĂ©nateur Jim Tomes , est des plus draconiennes. Si elle passe, les trans pourront ĂȘtre condamnĂ©s Ă  un an de prison et 5.000 dollars [environ 4.500 euros] d’amende s’ils n’utilisent pas les toilettes correspondantes Ă  leur sexe de naissance –qu’importe que leur genre soit reconnu par la loi, qu’importent les procĂ©dures de rĂ©assignation subies.
C’est une loi qui nous enchaĂźne Ă  notre corps de naissance, une loi qui refuse l’existence mĂȘme des personnes trans, une loi nĂ©e d’une mĂ©connaissance fondamentale de l’humiliation –et du danger– qu’une femme trans –comme moi– peut encourir si elle ne se rend pas dans des toilettes pour femmes. Une loi qui ignore combien nous sommes d’ores et dĂ©jĂ  nombreuses Ă  ĂȘtre incapables d’aller aux toilettes sans ĂȘtre percluses de peurs.
Je suis avec une amie dans un centre commercial de Floride. AprĂšs avoir achetĂ© des fringues au H&M, elle me dit devoir passer aux toilettes. Moi aussi, alors je la suis. Mon cƓur s’emballe Ă  la vue des symboles genrĂ©s. Je suis une femme, je vais donc dans les toilettes que j’utilise toujours –celles des femmes–, mais il y a foule dans ce centre commercial. Plein d’inconnus qui me font dire que, cette fois-ci, peut-ĂȘtre, quelque chose de moche va m’arriver. Ma nuque se tend, ma vue se brouille. J’ai toujours Ă©tĂ© androgyne et je ressemble Ă  beaucoup de femmes multiraciales de la Dominique , mon pays d’origine. Un endroit oĂč je ne me sens plus en sĂ©curitĂ© depuis mon coming-out de femme trans. Reste que, dans l’atmosphĂšre amĂ©ricaine, dense de psychoses politiquement orientĂ©es sur les personnes comme moi –nous serions des prĂ©dateurs sexuels qui s’insinuent dans les lieux d’aisance pour agresser les «vraies» femmes et leurs filles–, je ne suis jamais sereine lorsque que me rends aux toilettes. Avant mĂȘme d’entrer, j’ai dĂ©jĂ  conçu une topographie mentale des dangers que je peux encourir et j’espĂšre que l’étau de nervositĂ© qui m’enserre le crĂąne ne s’est pas rĂ©ellement matĂ©rialisĂ©. Sinon, c’est sĂ»r que je ne passerai jamais la porte.
Quelques secondes avant d’entrer, ma voix n’est plus qu’un murmure et je commence Ă  me rĂ©examiner devant mon miroir intĂ©rieur: il faut que ma tenue soit nette, adĂ©quate, ou je risque d’attirer l’attention, une attention qui pourrait se transformer en peur et en panique dans les yeux de la mauvaise femme. Parfois, avant de sortir de chez moi, je m’habille d’une maniĂšre plus fĂ©minine que prĂ©vu pour faire en sorte que, si j’ai besoin d’aller aux toilettes, les inconnus croisĂ©s m’étiquettent davantage comme femme banale que comme menace , envahisseur , danger , homme. Ce jour-lĂ , le schĂ©ma est respectĂ©. Ce qui me frustre: ni mes habits, ni mon maquillage ne composent mon genre, alors que ces artifices peuvent faire office d’armure pour certaines femmes trans, une protection contre des soupçons hostiles, une maniĂšre de diminuer les risques d’un bruit et d’une fureur voulant dire bien trop de choses. Être transgenre, c’est se confronter Ă  la question de l’interaction entre corps et esprit et, tant de fois, des dĂ©tails a priori accessoires ou anodins pour des femmes cisgenres obnubilent notre esprit de femmes trans Ă  mesure que nos corps s’avancent vers une mĂȘme destination.
Parfois, avant de sortir de chez moi, je m’habille d’une maniĂšre plus fĂ©minine que prĂ©vu pour faire en sorte que, si j’ai besoin d’aller aux toilettes, les inconnus croisĂ©s m’étiquettent davantage comme femme banale que comme menace, envahisseur, danger, homme
Je baisse encore un peu la voix et mon amie, aprĂšs m’avoir jetĂ© un regard, en vient Ă  m’imiter. Elle n’est pas transgenre, et je ne lui ai pas parlĂ© de mon angoisse des toilettes, mais elle a visiblement saisi les signaux de ma peur. La voix est un Ă©lĂ©ment crucial: une voix qui ressemble Ă  celle d’un homme, une voix de poitrine oscillant entre 85 et 160 hertz, pourra retourner des tĂȘtes, rĂ©orienter des regards dans votre direction et, parfois, faire qu’on vous exhortera Ă  sortir. Quelqu’un pourrait mĂȘme appeler la police. Autant d’évĂ©nements qui se produiront uniquement parce que quelqu’un, de prime abord, aura vu en vous une femme trans.
Je fais tout mon possible pour que ma voix, mĂȘme chuchotĂ©e, ait l’air correcte. J’ai travaillĂ© des mois pour obtenir le timbre et la hauteur de voix d’une femme cisgenre moyenne. La voix que j’ai toujours voulu avoir, celle qui diminue les risques d’entendre des gens au tĂ©lĂ©phone refuser de me servir sous mon nom lĂ©gal. Une voix qui rĂ©duit les probabilitĂ©s que je me fasse frapper, harceler, tuer. Dans les toilettes, plus que nulle part ailleurs, la terreur que je ressens est liĂ©e Ă  ma voix. Ma thĂ©rapeute ne le comprend que trop bien. «Parfois , m’explique-t-elle, quand je vais dans des toilettes avec des femmes trans qui n’ont pas encore suffisamment travaillĂ© sur leur voix, je leur conseille simplement de ne pas dire un mot. C’est plus sĂ»r.»
Comme à chaque fois, à peine la porte passée, je cartographie rapidement la géographie des lieux. Là la sortie, là les cabines, là-bas les lavabos.
Ce qui pourrait sembler absurde. Ce ne sont que des toilettes, ne cessĂ©-je de me rĂ©pĂ©ter. Cette idĂ©e de passer un seuil pourrait sembler hyperbolique. Mais non: j’ai l’impression d’ĂȘtre un vampire qui pourrait voir son autorisation de sĂ©jour rĂ©voquĂ©e Ă  tout moment. Je crains qu’on me chasse, qu’on me hurle dessus, que la police qu’une femme aurait appelĂ©e vienne Ă  me dĂ©loger. Être trans dans un monde transphobe peut transformer des lieux tout Ă  fait banals en territoires de terreur.
Une femme, grande, me contourne. Elle me regarde briĂšvement, continue son chemin. Une femme de mĂ©nage me sourit: «Bonjour Madame» Je lui rends son sourire mais mon cƓur est si lourd que je crains qu’elle entende ses battements de malade. Les cabines sont toutes occupĂ©es, alors j’attends. Je me regarde dans le miroir pour ne pas avoir Ă  parler Ă  la femme de mĂ©nage. Je vĂ©rifie une nouvelle fois de quoi j’ai l’air. Comme je suis un traitement hormonal, quasiment tous les poils de mon visage ont disparu et, en gĂ©nĂ©ral, les gens me prennent pour ce que je suis. Mais il y a toujours des regards ambigus, celles qui me dĂ©visagent. Mon apparence, et c’est injuste, me facilite un peu la vie en ces lieux –mais les angoisses sont rĂ©elles pour nous toutes. Elles peuvent ĂȘtre encore pires pour des femmes trans qui ne «passent» pas –s’il faut utiliser un terme que je dĂ©teste– immĂ©diatement pour des femmes. Des angoisses que des femmes cisgenres au look androgyne peuvent aussi connaĂźtre, Ă  l’instar de Cortney Bogorad , une femme cis Ă©jectĂ©e d’un restaurant de DĂ©troit l’an dernier parce qu’elle avait voulu aller aux toilettes des femmes et qu’un agent de sĂ©curitĂ© l’avait prise pour un homme.
Enfin, une cabine se libĂšre. Je m’assois, contrairement aux caricatures graveleuses que l’on fait de nous –des barbus en robe qui pissent debout. Je ressors de la cabine. Me lave les mains, scrute mon visage, cette mĂšche de cheveux qui commence Ă  fourcher, puis je rejoins mon amie. Mon cƓur bat toujours plus vite qu’il ne devrait mais mon monde est revenu, briĂšvement, Ă  un stade proche de la normalitĂ©. Comme beaucoup d’autres femmes trans, je ne veux pas de traitement spĂ©cial. Je ne veux pas qu’on me fĂ©licite ou qu’on m’agresse parce que je frĂ©quente des toilettes publiques. Je veux que cela soit un non-problĂšme, et je ne veux pas non plus de toilettes sĂ©parĂ©es de mes congĂ©nĂšres fĂ©minines. Je veux simplement vivre, comme les autres femmes, et aller aux toilettes sans risquer l’esclandre. Je veux que ces angoisses cessent de revenir dĂšs que je lis l’écriteau «Femmes» .
Mais ce n’est pas encore un non-problĂšme, pas encore. Quand je vois des pancartes qui me disent que je n’ai pas ma place dans les toilettes pour femmes, quand je consulte des lois intimant aux gens nĂ©s avec tels ou tels organes gĂ©nitaux d’aller exclusivement de tel ou tel cĂŽtĂ©, je me demande vraiment ce que serait ma vie si j’étais obligĂ©e d’aller dans les toilettes pour hommes. Les hommes, aussi, me diraient probablement que je ne suis pas Ă  la bonne place. Il y en auraient peut-ĂȘtre pour vouloir me casser la gueule, voire pour me la casser vraiment si je ne dĂ©guerpis pas dans la seconde. Je me demande si les porteuses de pancarte «Pas d’hommes dans les toilettes pour femmes» sont les mĂȘmes femmes qui me regardent de travers, celles qui n’ont pas l’air de comprendre que je suis une femme comme elles.
En vĂ©ritĂ©, personne n’est complĂštement en sĂ©curitĂ© nulle part mais personne ne devrait avoir Ă  ressentir le niveau d’angoisse que nous ressentons Ă  l’idĂ©e de devoir, simplement, aller dans des toilettes publiques. Ce n’est pas une question de droits spĂ©ciaux, il s’agit simplement de nous permettre d’ĂȘtre ce que nous sommes. C’est une simple question de droits humains. Sous des lĂ©gislations comme celle que propose le SĂ©nateur Tomes, et toutes les autres que nous verrons probablement proposĂ©es en 2016, nous sommes des criminels prĂ©sumĂ©s simplement parce que nous sommes diffĂ©rents, simplement parce que nous avons Ă©tĂ© assignĂ©s Ă  une identitĂ© que nous n’avons pas choisie. Une diffĂ©rence prĂ©sumĂ©e criminelle. Nous ne pourrons emprunter le chemin de l’égalitĂ© tant que nous continuerons Ă  voir la diffĂ©rence comme un danger.
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C’est une loi qui nous enchaĂźne Ă  notre corps de naissance, une loi qui refuse l’existence mĂȘme des personnes trans, une loi nĂ©e d’une mĂ©connaissance fondamentale de l’humiliation –et du danger– qu’une femme trans –comme moi– peut encourir si elle ne se rend pas dans des toilettes pour femmes. Une loi qui ignore combien nous sommes d’ores et dĂ©jĂ  nombreuses Ă  ĂȘtre incapables d’aller aux toilettes sans ĂȘtre percluses de peurs.
Je suis avec une amie dans un centre commercial de Floride. AprĂšs avoir achetĂ© des fringues au H&M, elle me dit devoir passer aux toilettes. Moi aussi, alors je la suis. Mon cƓur s’emballe Ă  la vue des symboles genrĂ©s. Je suis une femme, je vais donc dans les toilettes que j’utilise toujours –celles des femmes–, mais il y a foule dans ce centre commercial. Plein d’inconnus qui me font dire que, cette fois-ci, peut-ĂȘtre, quelque chose de moche va m’arriver. Ma nuque se tend, ma vue se brouille. J’ai toujours Ă©tĂ© androgyne et je ressemble Ă  beaucoup de femmes multiraciales de la Dominique , mon pays d’origine. Un endroit oĂč je ne me sens plus en sĂ©curitĂ© depuis mon coming-out de femme trans. Reste que, dans l’atmosphĂšre amĂ©ricaine, dense de psychoses politiquement orientĂ©es sur les personnes comme moi –nous serions des prĂ©dateurs sexuels qui s’insinuent dans les lieux d’aisance pour agresser les «vraies» femmes et leurs filles–, je ne suis jamais sereine lorsque que me rends aux toilettes. Avant mĂȘme d’entrer, j’ai dĂ©jĂ  conçu une topographie mentale des dangers que je peux encourir et j’espĂšre que l’étau de nervositĂ© qui m’enserre le crĂąne ne s’est pas rĂ©ellement matĂ©rialisĂ©. Sinon, c’est sĂ»r que je ne passerai jamais la porte.
Quelques secondes avant d’entrer, ma voix n’est plus qu’un murmure et je commence Ă  me rĂ©examiner devant mon miroir intĂ©rieur: il faut que ma tenue soit nette, adĂ©quate, ou je risque d’attirer l’attention, une attention qui pourrait se transformer en peur et en panique dans les yeux de la mauvaise femme. Parfois, avant de sortir de chez moi, je m’habille d’une maniĂšre plus fĂ©minine que prĂ©vu pour faire en sorte que, si j’ai besoin d’aller aux toilettes, les inconnus croisĂ©s m’étiquettent davantage comme femme banale que comme menace , envahisseur , danger , homme. Ce jour-lĂ , le schĂ©ma est respectĂ©. Ce qui me frustre: ni mes habits, ni mon maquillage ne composent mon genre, alors que ces artifices peuvent faire office d’armure pour certaines femmes trans, une protection contre des soupçons hostiles, une maniĂšre de diminuer les risques d’un bruit et d’une fureur voulant dire bien trop de choses. Être transgenre, c’est se confronter Ă  la question de l’interaction entre corps et esprit et, tant de fois, des dĂ©tails a priori accessoires ou anodins pour des femmes cisgenres obnubilent notre esprit de femmes trans Ă  mesure que nos corps s’avancent vers une mĂȘme destination.
Parfois, avant de sortir de chez moi, je m’habille d’une maniĂšre plus fĂ©minine que prĂ©vu pour faire en sorte que, si j’ai besoin d’aller aux toilettes, les inconnus croisĂ©s m’étiquettent davantage comme femme banale que comme menace, envahisseur, danger, homme
Je baisse encore un peu la voix et mon amie, aprĂšs m’avoir jetĂ© un regard, en vient Ă  m’imiter. Elle n’est pas transgenre, et je ne lui ai pas parlĂ© de mon angoisse des toilettes, mais elle a visiblement saisi les signaux de ma peur. La voix est un Ă©lĂ©ment crucial: une voix qui ressemble Ă  celle d’un homme, une voix de poitrine oscillant entre 85 et 160 hertz, pourra retourner des tĂȘtes, rĂ©orienter des regards dans votre direction et, parfois, faire qu’on vous exhortera Ă  sortir. Quelqu’un pourrait mĂȘme appeler la police. Autant d’évĂ©nements qui se produiront uniquement parce que quelqu’un, de prime abord, aura vu en vous une femme trans.
Je fais tout mon possible pour que ma voix, mĂȘme chuchotĂ©e, ait l’air correcte. J’ai travaillĂ© des mois pour obtenir le timbre et la hauteur de voix d’une femme cisgenre moyenne. La voix que j’ai toujours voulu avoir, celle qui diminue les risques d’entendre des gens au tĂ©lĂ©phone refuser de me servir sous mon nom lĂ©gal. Une voix qui rĂ©duit les probabilitĂ©s que je me fasse frapper, harceler, tuer. Dans les toilettes, plus que nulle part ailleurs, la terreur que je ressens est liĂ©e Ă  ma voix. Ma thĂ©rapeute ne le comprend que trop bien. «Parfois , m’explique-t-elle, quand je vais dans des toilettes avec des femmes trans qui n’ont pas encore suffisamment travaillĂ© sur leur voix, je leur conseille simplement de ne pas dire un mot. C’est plus sĂ»r.»
Comme à chaque fois, à peine la porte passée, je cartographie rapidement la géographie des lieux. Là la sortie, là les cabines, là-bas les lavabos.
Ce qui pourrait sembler absurde. Ce ne sont que des toilettes, ne cessĂ©-je de me rĂ©pĂ©ter. Cette idĂ©e de passer un seuil pourrait sembler hyperbolique. Mais non: j’ai l’impression d’ĂȘtre un vampire qui pourrait voir son autorisation de sĂ©jour rĂ©voquĂ©e Ă  tout moment. Je crains qu’on me chasse, qu’on me hurle dessus, que la police qu’une femme aurait appelĂ©e vienne Ă  me dĂ©loger. Être trans dans un monde transphobe peut transformer des lieux tout Ă  fait banals en territoires de terreur.
Une femme, grande, me contourne. Elle me regarde briĂšvement, continue son chemin. Une femme de mĂ©nage me sourit: «Bonjour Madame» Je lui rends son sourire mais mon cƓur est si lourd que je crains qu’elle entende ses battements de malade. Les cabines sont toutes occupĂ©es, alors j’attends. Je me regarde dans le miroir pour ne pas avoir Ă  parler Ă  la femme de mĂ©nage. Je vĂ©rifie une nouvelle fois de quoi j’ai l’air. Comme je suis un traitement hormonal, quasiment tous les poils de mon visage ont disparu et, en gĂ©nĂ©ral, les gens me prennent pour ce que je suis. Mais il y a toujours des regards ambigus, celles qui me dĂ©visagent. Mon apparence, et c’est injuste, me facilite un peu la vie en ces lieux –mais les angoisses sont rĂ©elles pour nous toutes. Elles peuvent ĂȘtre encore pires pour des femmes trans qui ne «passent» pas –s’il faut utiliser un terme que je dĂ©teste– immĂ©diatement pour des femmes. Des angoisses que des femmes cisgenres au look androgyne peuvent aussi connaĂźtre, Ă  l’instar de Cortney Bogorad , une femme cis Ă©jectĂ©e d’un restaurant de DĂ©troit l’an dernier parce qu’elle avait voulu aller aux toilettes
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