La fille au pair pingle sous le nez de l'pouse
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La fille au pair pingle sous le nez de l'pouse
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Il y a quelques temps, je vous parlais de Catherine II de Russie et de son mobilier coquin , aujourdâhui, aprĂšs avoir lu ce livre , je vous narre lâhistoire de ses amants. Eh oui, mariĂ©e Ă celui qui deviendra lâEmpereur, Catherine a entretenu plusieurs relations extraconjugales⊠La future ImpĂ©ratrice a dâailleurs eu trois enfants de ses trois amants, et aucun de son Ă©pouxâŠ
Avant dâavoir des relations extraconjugales, il faut un Ă©poux. Eh oui, et la pauvre Catherine, elle nâa pas Ă©tĂ© gĂątĂ©e.
Sophie FrĂ©dĂ©rique Augusta dâAnhalt-Zerbst, câest son vrai nom, est nĂ©e en Prusse en 1729. A lâaide de sa mĂšre et de son entourage haut placĂ©, la jeune fille, plutĂŽt jolie et bien faite va taper dans lâĆil dâĂlisabeth de Russie. LâimpĂ©ratrice nâayant pas dâenfant, elle a adoptĂ© son neveu, Pierre-Ulric, pour le mettre sur le trĂŽne Ă sa mort. Et enfin dâassurer sa lignĂ©e, Ălisabeth veut marier Pierre-Ulric avec Sophie FrĂ©dĂ©rique pour quâils fassent ensemble une ribambelle de gamins, potentiels hĂ©ritiers du trĂŽne. Le 21 aout 1745, Pierre-Ulric Ă©pouse alors Sophie FrĂ©dĂ©rique qui par sa conversion Ă la foi orthodoxe est dĂ©sormais appelĂ©e Catherine. Elle a 16 ans, son Ă©poux a un an de plus. Ils sont jeunes, frais et⊠ils nâont pas la tĂȘte à « la chose » alors, pour les hĂ©ritiers, faudra attendre.
LâimpĂ©ratrice Ălisabeth ne bouscule pas trop les jeunes mariĂ©s, câest vrai, ils ont quand mĂȘme un peu le temps. Mais elle sâinquiĂšte car non seulement son neveu ne regarde pas sa femme, mais en plus, il passe le plus clair de son temps Ă jouer Ă la guerre. Avec des figurines, avec ses copains. Mais pas avec Catherine⊠Les annĂ©es passent, et rien ne sâarrange⊠A 22 ans, Catherine II de Russie nâa toujours pas vu le petit oiseau de son Ă©poux. Elle sâen dĂ©sole, mais le futur Empereur ne veut pas. Elle ne lâintĂ©resse pas. En revanche, il est intĂ©ressĂ© par dâautres femmes. Au grand dam de sa tante.
Toute sa vie, Pierre-Ulric va avoir des maĂźtresses. Mais une va particuliĂšrement poser problĂšme : Ălisabeth Worontsoff . Lorsquâil devient lâEmpereur Pierre III, il veut lâĂ©pouser. Il veut virer Catherine II, la renier et se remarier⊠Mais malgrĂ© un exil de quelques jours, Catherine II va rĂ©ussir Ă revenir au Palais, pour ne plus en partir !
Catherine, chaste, bienveillante, attend sagement que son Ă©poux lui reluque le dĂ©colletĂ© pour espĂ©rer connaĂźtre sa premiĂšre fois, perdre sa virginitĂ© qui fait honte Ă lâEmpire et surtout pour remplir son ventre dâun hĂ©ritier. Mais, ça vient vraiment pas⊠Alors tata Ălisabeth va prendre les choses en main. Elle charge Bestoujeff, de dire Ă sa niĂšce quâon lui accorde le droit dâavoir une aventure, et mĂȘme quâon lâoblige un peu quoi. Heureusement, tata Ălisabeth est sympa et lui offre un beau gosse.
En 1751, lorsque Catherine rencontre Sergei, son Ă©poux est en train de batifoler avec une maĂźtresse, sous les yeux de tous. Alors la future ImpĂ©ratrice ne se gĂȘne pas pour faire des sourires ravageurs Ă Sergei. Lâami de Bestoujeff. Mais celui-ci est mariĂ©, un mariage dâamour, sincĂšre et tout le tintouin. Ăa fait rĂȘver la future Catherine II de Russie. Et puis, un matin, alors quâelle part Ă la chasse avec un Boris, elle tombe nez Ă nez avec Sergei qui lui propose dâaller se promener seul Ă seul. Et puis, ni une, ni deux, ça se roule des pelles sur la plage et on est à « ça » dâun coĂŻt. Mais Catherine refuse. Elle culpabilise ? Elle flippe ? On ne sait pas. Lorsque Sergei raconte son histoire Ă Bestoujeff, alors celui-ci passe la vitesse supĂ©rieure et va raconter Ă Ălisabeth comment Sergei est fou dâelle. Un amour unique. SincĂšre. Comme son premier mariage⊠Bref. Catherine va succomber.Â
Ăvidemment, lorsquâon fait du sexe sans se protĂ©ger , on finit par sâengrosser. Et paf. Catherine a un petit Sergei dans le ventre. Malheureusement⊠Alors quâelle est en voyage entre Saint-PĂ©tersbourg et Moscou. Catherine perd lâenfant. Câest une fausse-couche. Mais peu de mois aprĂšs, les amants remettent ça et hop, câest reparti, Catherine est Ă nouveau enceinte. Ălisabeth lâapprend, elle est ravie. RAVIE. Mais elle va quand mĂȘme faire comprendre Ă son neveu quâil doit coucher avec sa femme. Sans connaĂźtre lâĂ©tat de sa femme et Ă contre-coeur, Pierre-Ulric va⊠violer sa femme. Ălisabeth est soulagĂ©e. LA couronne a un hĂ©ritier. Bin oui, maintenant que Catherine est enceinte et quâelle a couchĂ© avec son mari, tout le monde va croire quâil en est le pĂšre. Lol. Personne nây croit. Pas mĂȘme Pierre-Ulric. Mais quâimporte, on lui lĂąche la grappe maintenant⊠Alors il ne dit rien et reconnaĂźt le gamin. Pierre-Paul naĂźt le 20 septembre 1754.
Paul présente sa meuf à Catherine II
Juste aprĂšs lâaccouchement, le petit Pierre-Paul, est enlevĂ© Ă sa mĂšre pour ĂȘtre Ă©levĂ© dans les appartements de tata Ălisabeth. Elle veut la meilleure Ă©ducation pour lâhĂ©ritier. Aussi, aprĂšs les relevailles, Catherine aura Ă peine le droit de croiser de temps en temps son fils⊠Et câest une grande peine, dâautant plus que Sergei dĂ©serte le palaisâŠ
Alors quâil a donnĂ© un hĂ©ritier Ă Ălisabeth, la mission est remplie. Sergei Saltykov nâa plus de raison de rester dans les parages, alors il touche un pactole, et se fait la malle⊠Il a Ă©tĂ© nommĂ© ministre Ă Hambourg par Ălisabeth et toutes les filles tombent dans ses filets tant il se vante dâavoir engrossĂ© la future impĂ©ratrice. Pas classe.
Catherine est au bout du rouleau, humiliĂ©e, triste⊠Jamais plus elle ne sera amoureuse, jamais plus un homme ne pourra lâapprocher⊠La routine post rupture quoi. Et pourtant⊠Elle va rencontrer Stanislas et bin, câest reparti !
Stanislas arrive Ă Saint-PĂ©tersbourg grĂące Ă ses nombreuses relations, il nâa pas une thune, mais il connaĂźt bien Hanbury Williams, lâambassadeur de Grande Bretagne en Russie. Stanislas va ensuite devenir ambassadeur de Saxe, et lors dâun bal organisĂ© par Catherine II, il va tomber en amour. Elle aussi. Non seulement Stanislas est jeune, beau et bien fait, mais en plus, il est trĂšs intelligent. Contre les injustices, il refuse que sa maĂźtresse se laisse marcher sur les pieds, que Pierre-Ulric la maltraite, lâhumilie ; Et il nâest pas le seul. Divers complots vont se mettre en place, la santĂ© de tata Ălisabeth est fragile, alors on se prĂ©pare Ă assurer la relĂšve.
Bestoujeff, toujours trĂšs proche de lâimpĂ©ratrice et de Catherine est inquiet de la santĂ© dâĂlisabeth qui est rĂ©guliĂšrement prise de crise de dĂ©mence, alors il envoie les dĂ©cisions importantes vers Catherine, sans que Pierre-Ulric ne soit au courant de rien. Et Ălisabeth non plus. Câest ainsi que va commencer la guerre contre la Prusse. Tout se passe bien, jusquâau jour oĂč le MarĂ©chal Apraxine qui jusque lĂ remportait toutes les victoires, dĂ©clare forfait, laisse ses hommes et ses armes et se barre. Tout le monde pense Ă un complot, une arnaque dont Catherine serait coupableâŠ
Ălisabeth qui reprend parfois ses esprits va faire la gueule, mais elle comprend assez bien la stratĂ©gie de ses hommes, il vaut mieux passer par la niĂšce que par le dĂ©bile de neveu. En revanche, elle va chasser Stanislas en Pologne (il va dâailleurs devenir Roi), pour montrer Ă la jeune fille quâelle est mignonne et tout, mais quâelle nâa pas les pleins pouvoirs.
Catherine est enceinte, câest une petite fille. Anna. Comme pour Pierre-Paul, lâenfant lui est enlevĂ©e dĂšs lâaccouchement et elle ne verra la petite fille quâune fois. Lorsque Catherine apprend le dĂ©cĂšs de sa fille, rapide, la petite nâa que neuf mois, elle se fĂ©licite de ne pas avoir eu lâoccasion de sây attacher. Câest fou hein, câest une autre Ă©poque. Elisabeth va mourir peu de temps aprĂšs. En janvier 1762, Pierre-Ulric est Pierre III et Catherine devient Catherine II de Russie.
Alors que Stanislas est parti en Pologne, quâelle ne le reverra plus jamais et quâelle nâa aucune affection particuliĂšre pour sa fille, Catherine est cloĂźtrĂ©e chez elle. Le complot militaire est en train de se retourner contre elle, alors elle reste enfermĂ©e dans sa chambre. Elle sâennuie, mais quelque chose lâinterpelle. DiffĂ©rentes filles, dont certaines ne lui sont pas inconnues traversent la rue en face pour entrer dans une maison. Quâest-ce donc que ce trafic ?
Un prisonnier de guerre, un Prussien est captif de lâarmĂ©e, mais vu que lâEmpereur kiffe bien les prussiens, il lui offre un certain confort. Il vit en face du palais dans une charmante maison, avec deux hommes pour le protĂ©ger. Parmi eux, Gregor Orlov. Un beau gosse qui ne laisse aucune fille indiffĂ©rente. Il veut toutes les pĂ©cho, et il y arrive. Dâailleurs, il doit se battre en duel avec un mari quelque peu jaloux, le gĂ©nĂ©ral Chouvaloff. Eh oui, en plus, câest un supĂ©rieur de Gregor. Tout est prĂȘt pour le duel, et lorsque les deux hommes se retrouvent lâun en face de lâautre, Chouvaloff sâeffondre. Une crise cardiaque. Gros coup de bol pour Gregor Orlov. Pendant ce temps, Catherine est passionnĂ©e par lâhistoire de cet homme quâelle veut Ă tout prix rencontrer. Mais comment faire ? Elle va demander Ă une de ses femmes de chambre de le lui conduire au palais, sans quâil sache quâil est au palais. Elle le fait alors monter dans une voiture et lui bande les yeux. Le mec est moyen rassurĂ©. Ils font trois fois le tour des rues, et reviennent devant la maison de Gregor et devant le palais. Toujours les yeux bandĂ©s, la jeune femme lâaide Ă monter jusquâaux appartements. Et paf. Le coup de foudre. Et une longue histoire dâamour va se jouer dans le palais.
Durant prĂšs de neuf mois, Catherine II de Russie a rĂ©ussi Ă cacher sa grossesse Ă Pierre-Ulric. Faut dire que câest pas ce quâil la regarde⊠Mais le soir de lâaccouchement, câest plus compliquĂ©. Leurs appartements sont tout proche, et elle commence Ă gueuler Ă chaque contraction. Une lĂ©gende raconte alors que la femme de chambre de Catherine, complice, veut faire sortir Pierre-Ulric du palais, et Ă©tant un grand passionnĂ© de feu⊠Elle va mettre le feu Ă une maison pour que Catherine puisse accoucher tranquillement, en prĂ©sence de son amant Gregor. Pendant que lâEmpereur assiste Ă lâembrasement de la maison. Lâaccouchement se passe bien, câest un petit garçon qui va ĂȘtre recueilli par des cousins de Gregor. Elle ne reverra jamais son enfant, Alexis. Mais au moins, elle nâa pas le temps de sây attacher hein⊠Puis en plus, on nâa pas le temps pour ça⊠Une RĂ©volution se prĂ©pareâŠ
Eh oui, alors que la Russie a menĂ© une guerre contre la Prusse pendant des annĂ©es, le nouvel Empereur, lui, adore les prussiens, alors il dit non Ă la guerre et il leur rend des territoires durement gagnĂ©s. Jâaime autant vous dire que lâarmĂ©e fait grave la gueule, parce quâun paquet de mecs sont morts sur les champs de batailles. Gregor, qui couche toujours avec lâImpĂ©ratrice, a une grande influence dans lâarmĂ©e, et il veut faire destituer lâEmpereur au profit de lâImpĂ©ratrice Catherine II de Russie. Et ça va marcher le 9 juillet 1762. Pierre III a rĂ©gnĂ© 6 mois avant dâĂȘtre virĂ© et⊠tuĂ©.
Devenue ImpĂ©ratrice en nom propre, malgrĂ© la mort de son mari et plus de 16 ans de relation, Catherine II de Russie va refuser dâĂ©pouser Gregor Orlov. Et aprĂšs leur sĂ©paration en 1772, les autres amants seront nombreuxâŠ
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"J'Ă©tais trĂšs affectueuse et dotĂ©e d'une apparence plutĂŽt attirante. Je plaisais au premier regard, sans employer ni artifice ni soin Ă cet effet" Comment elle se la raconte... Qui est-elle? NĂ©e enâŠ
JosĂ©phine c'est la femme de NapolĂ©on Bonaparte, elle a Ă©tĂ© sacrĂ©e impĂ©ratrice en 1804, alors pourquoi je te parle d'une vie de reine ? Avec Frisotte on s'est penchĂ©es sur leâŠ
Catherine de MĂ©dicis, c'est la femme d'Henri II. Elle est rĂ©putĂ©e pour avoir ramenĂ©Â la glace d'Italie, mais aussi l'artichaut (personne n'est parfait). Elle a aussi mis au monde trois rois,âŠ
Bonjour ! Je suis tombée sur ton blog par hasard en cherchant le nom du premier amant connu de Catherine II (Saltykov). Je me suis bien marrée en lisant certains paragraphes de cette page, et les titres aussi
Bravo, câest super sympa. Câest une belle façon de faire partager tes lectures. NâhĂ©site pas Ă partager avec nous les titres des livres que tu recommandes ou pas dâailleurs !
Génial cet article! TrÚs bien écrit et surtout trÚs intéressant! merci!
Bonjour,
Voyons rĂ©ellement Catherine II, derriĂšre le voile de lâimagination fertile masculine.
La Russie était tombée dans un état lamentable quand apparut la grande Catherine II, qui fut pour son pays une sorte de Providence vivante, une rénovatrice de la vie intellectuelle, morale, matérielle.
A ce moment, le pays Ă©tait livrĂ© Ă lâignorance, au luxe, Ă la grossiĂšretĂ©. Cela faisait une sociĂ©tĂ© oĂč le dĂ©sordre allait de pair avec le pouvoir.
Il fallut une femme pour arranger tout cela.
Catherine fut dâabord une femme malheureuse ; câest cela qui la grandit et lui donna la connaissance de la nature humaine. « Mes deux maĂźtres, disait-elle, furent lâisolement et lâadversitĂ©. » Pendant 18 ans, elle vĂ©cut ainsi, isolĂ©e et dĂ©solĂ©e. AbandonnĂ©e de son Ă©poux Pierre III, qui passait ses journĂ©es Ă jouer avec des poupĂ©es et des soldats, et ses nuits dans des orgies immondes, Catherine fut Ă bonne Ă©cole pour Ă©tudier lâhomme. NâĂ©tant encore que fiancĂ©, ce prince absurde et cynique se plaisait Ă entretenir la jeune fille qui allait devenir sa femme, de ses maĂźtresses et de ses intrigues amoureuses.
Câest pendant que son mari sâamusait, que Catherine employait son temps Ă Ă©tudier la Russie, cette nouvelle patrie sur laquelle elle, princesse allemande, allait rĂ©gner. Elle lisait, Ă©tudiait, cherchait, se rendait compte de toutes choses ; câĂ©tait le temps des idĂ©es nouvelles, elle connaissait les Ćuvres de Montesquieu, de Bayle, de Voltaire, de Rousseau, et sâassimilait lâesprit du siĂšcle, qui du reste Ă©tait le sien. Elle sâappliqua trĂšs sĂ©rieusement Ă devenir une grande souveraine, et ses efforts furent couronnĂ©s par lâattachement profond que le peuple russe lui tĂ©moigna pendant les 34 annĂ©es de son rĂšgne. La Russie tout entiĂšre lâappelait sa « MĂšre ». Ce fut une vĂ©ritable restauration du rĂ©gime fĂ©minin.
Dans des notes quâelle laissa et quâelle Ă©crivait dans sa solitude, on trouve ces phrases :
« Dieu mâest tĂ©moin que je ne souhaite que le bien du pays oĂč sa volontĂ© mâa appelĂ©e Ă rĂ©gner. La gloire de la Russie est ma gloire. Câest mon principe. Je veux ce but gĂ©nĂ©ral ; rendre tout le monde heureux.
« La libertĂ© est lâĂąme de tout ; sans elle, tout est mort. La libertĂ© politique anime tout.
« Pour un souverain qui veut ĂȘtre aimĂ© et veut rĂ©gner avec gloire, un pouvoir dĂ©pouillĂ© de la confiance de son peuple ne signifie rien. Cette confiance est facilement atteinte par le vouloir du bien public et par la justice.
« La paix est indispensable pour un grand empire comme la Russie. Nous avons besoin dâaccroĂźtre la population, non pas de la diminuer. Ceci pour la politique intĂ©rieure ; pour lâextĂ©rieur, la paix nous assure plus de grandeur que les hasards dâune guerre toujours ruineuse.
« RĂ©unir la mer Caspienne Ă la mer Noire et la mer Baltique Ă la mer du Nord, et diriger par lĂ tout le commerce indo-chinois, aurait pour rĂ©sultat dâĂ©lever la Russie Ă un degrĂ© de puissance supĂ©rieur Ă celui des autres puissances.
« Quâest-ce qui pourrait sâopposer au pouvoir sans limite dâun souverain gouvernant un peuple de guerriers ? » (Bilfacoff, Catherine II, p. 246).
Catherine II estimait que le gouvernement des peuples est soumis comme celui des individus Ă des rĂšgles fixes, et câest lâĂ©volution sociale quâelle sâefforçait dâĂ©tudier, cherchant Ă rĂ©aliser dans les limites de son pouvoir les rĂȘves de justice et de progrĂšs des philosophes de son temps.
Câest dans le but de faire des rĂ©formes quâelle convoqua Ă Moscou, en 1767, des dĂ©putĂ©s de toutes les parties de la Russie ; ils furent 545, Ă qui elle proposa lâexamen dâun projet grandiose de rĂ©formes sociales. Elle se faisait lâillusion de croire que tous ces hommes allaient dâemblĂ©e comprendre ses idĂ©es gĂ©nĂ©reuses. Câest dans son cĂ©lĂšbre Nakaze, quâelle leur prĂ©senta, que lâesprit de Catherine II se rĂ©vĂ©la surtout.
Ce travail comprenait 655 paragraphes, entiĂšrement composĂ©s par lâImpĂ©ratrice qui y mit toute sa sagesse, toute la force de sa pensĂ©e, se faisant lĂ©gislatrice sans consulter aucun homme, ne voulant mĂȘme pas connaĂźtre leur opinion pendant quâelle travaillait, de peur dâen ĂȘtre impressionnĂ©e. Elle disait : « Il sâagit de passer un seul fil et de sây tenir fermement. »
Naturellement, son entourage la critiquait, les dĂ©putĂ©s devant elle furent confus et indĂ©cis, mais elle eut le courage de persĂ©vĂ©rer dans sa grande entreprise, elle ordonna aux dĂ©putĂ©s dâexaminer ce Nakaze et leur demanda de lui faire connaĂźtre les besoins du peuple dans chaque province quâils reprĂ©sentaient. Le Nakaze fut appelĂ© « le Grand Ădit ». Leurs exposĂ©s furent appelĂ©s « Petit Ădit ».
Les travaux commencĂšrent par la lecture du « Grand Ădit ». Les dĂ©putĂ©s furent littĂ©ralement transportĂ©s, dâenthousiasme par le clair bon sens de lâImpĂ©ratrice. HabituĂ©s Ă lâassujettissement servile, attachĂ©s eux-mĂȘmes Ă lâancien ordre de choses, ils recevaient du pouvoir suprĂȘme un exemple unique dans lâhistoire de la Russie. Contrairement Ă tous les anciens usages, on les appelait « citoyens ». On les engageait Ă rendre compte de toutes choses cachĂ©es sous des apparences trompeuses et mensongĂšres. Ainsi, lepouvoir suprĂȘme proposait Ă lâexamen la conception dâun principe souverain de justice ordonnatrice ! Cette conception, offerte Ă des hommes ignorants, demeura obscure dans la plupart des esprits, qui ne comprirent pas les principes du Nakaze, tels que ceux-ci :
« LâĂ©galitĂ© de droit est dans lâĂ©galitĂ© de lois pour tous les citoyens indistinctement.
« Faites que les gens craignent les lois et ne craignent personne, excepté elles.
« La libertĂ© consiste dans la possibilitĂ© pour chacun dâagir selon ses facultĂ©s, sans se voir obligĂ© Ă faire ce qui leur est contraire.
« Nul ne doit porter condamnation pour ses paroles. Les paroles ne sont pas des actes qui souffrent chùtiment. Parfois le silence exprime plus que la parole.
« La défense ou la poursuite de certain culte est un mal pour la paix et le repos des citoyens.
« Câest un grand malheur de ne pouvoir dire librement son opinion sous certains gouvernements. »
Ces idĂ©es nouvelles Ă©taient trop Ă©levĂ©es pour ĂȘtre apprĂ©ciĂ©es de lâesprit public qui rĂ©gnait alors en Russie, et qui instinctivement les repoussait. Cependant, les dĂ©putĂ©s furent vivement impressionnĂ©s en entendant les derniĂšres phrases du Nakaze :
« Tout cela nâest pas fait pour plaire aux flatteurs qui, possesseurs des biens terrestres, croient que le peuple est fait pour eux, alors que nous croyons et mettons notre gloire Ă croire que câest nous qui sommes faits pour notre peuple ; en raison de quoi nous sommes obligĂ©s de dire les choses comme elles devraient ĂȘtre. Que Dieu nous prĂ©serve, aprĂšs les travaux de ce Code, quâil y ait un peuple plus Ă©quitable, et par consĂ©quent plus heureux : lâintention de nos lois ne serait pas accomplie. Je souhaite de ne pas voir ce malheur. »
Ces idĂ©es rĂ©formatrices Ă©taient lâexpression de la pensĂ©e fĂ©minine, enfin libre de se manifester ; câĂ©tait une brillante rĂ©surrection de la Justice et du Droit planant par-dessus les institutions existantes, reniant implicitement le despotisme des mĆurs de la Russie moscovite, reniant les Ă©dits tyranniques de Pierre le Grand, et entrant dâemblĂ©e dans une pĂ©riode humanitaire jusque lĂ inconnue dans les Ătats masculins.
Catherine, en femme supĂ©rieure, comprenait la raison dâĂȘtre du Pouvoir, et le reprĂ©sentait comme une autoritĂ© morale exerçant une action providentielle pour le bien de tous.
« OĂč est la raison du gouvernement autocratique ? Non celle dâĂŽter aux hommes leur libertĂ© naturelle, mais celle de diriger leurs actes vers la plus grande part du bien. Par consĂ©quent, le meille
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