Il ne saura pas ce qui lui arrive

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Il ne saura pas ce qui lui arrive
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Les cloches de l’église Saint Léon sonnent. Il ne sait pas encore que c’est l’angélus. C’est l’automne, dehors, humide et silencieux, mélancolique qui flotte et descend en lui-même et sur les rues de Paris, semblant s’arrêter pour toujours. Il voit plus qu’il ne regarde. Comme l’heure qui passe, sans s’arrêter sur son sort. Sans lui expliquer pourquoi il y a le temps, puisqu’il se sent comme ces prisonniers dans leurs geôles, qui n’attendent même plus d’en sortir, puisqu’à l’extérieur, ça va être pire encore. Il sera exposé au monde noir et cruel, sans issue, sans espoir, et ne sera même plus protégé par les murs de sa chambre. Il entend plus qu’il n’écoute. Sa mère est dans la cuisine, à préparer un repas. Elle ne sort que très peu, et très vite. Pour acheter des cigarettes. Pour faire les courses. Pour aller à la poste. Elle ne marche pas. Elle court presque toujours. On dirait qu’elle s’enfuit. Que quelque chose la pousse à aller toujours plus vite en avant pour oublier le passé. Quand elle s’arrête, c’est pour écrire une lettre ou lire, ou recoudre quelque chose. Elle fume dès qu’elle s’assoit. Il entend le cliquetis de sa machine à écrire, le bruit inqualifiable de la machine à coudre. Elle n’aime pas ça, il faut qu’elle bouge, toujours. S’arrêter, c’est devenir malade, mourir. Parfois, il lui faut s’allonger, parce qu’elle a une migraine, ou mal au ventre. Mais, toujours à nouveau, quelque chose la pousse à aller toujours plus vite en avant pour oublier le passé. Il ne sait pas cela. Il le sent. Lui est lent. Quand il devient rapide, c’est pour jouer, se masturber, c’est parce qu’il se passionne pour quelque chose. Le jazz le rend libre et joyeux. Il aime rire. Quand il joue de son saxophone, il s’envole, invisible, comme les notes qui sortent du pavillon de son instrument. Le cuivre et le laiton, tout l’or de son monde gris. Puis, il retombe en lui-même, dans une profonde mélancolie. Il aime aussi le bleu pastel, soyeux au toucher, de la tapisserie en tissu de ses murs. C’est le ciel clair. Par instant, ça le soulage. Il est maigre et efflanqué, mais son âme, en lui, pèse. Il se sent vieux comme les façades anthracite de la cour de l’immeuble, et la vieille en face, qui penche la tête hors de la fenêtre de sa cuisine. Secoue un paillasson ou un linge, arrose ses géraniums. Ferme les volets quand il pleut ou quand tombe la nuit. De sa fenêtre, il aimerait voir le ciel ou un arbre, autre chose que les pigeons qui roucoulent, se rapprochent, copulent, puis s’éloignent sur les corniches ou s’envolent sur les toits. Il a l’impression d’être une poule élevé en batterie. Que les pigeons gras sont souillés comme son cœur, obèse, plein de sang noir. Le téléphone ne sonne que rarement. Et il y a sa sœur, elle aussi, dans sa chambre, plus petite que la sienne, rose sur les murs. Sous la mezzanine, elle fait ses devoirs. Elle est la première de la classe. Elle lui est étrangère. A sa fenêtre, se dresse et se déploie un arbre, un platane. Derrière les appelés au service jouent sur un terrain de basket, paradent, manœuvrent et sont entraînés à la guerre. « Une deux, une deux... Gaaarde à vous ! Repos ! ». Parfois, il y a à nouveau l’enfance, en bas dans la cour. Il se penche, par la fenêtre, et regarde. Il ne regrette pas. Il ne ressent rien. Il observe. Il n’aime pas se retourner. Il a l’impression que c’est de sa faute, si on l’a arraché au soleil. S’il a fait des bêtises en Tunisie, s’il a chapardé. Les enfants de la concierge, des Portugais, jouent et rient. Parfois, ils passent leurs têtes par les barreaux qui les séparent de l’autre cour, de l’immeuble voisin. Ils essayent de se faufiler à travers la grille. Le ballon, la balle est passée à travers. Là, il y a un arbre aussi, derrière les cordes, où on suspend du linge. Derrière la caserne. C’est l’arbre de ses parents, à la fenêtre de leur chambre à coucher, plein de moineaux, qui s’envolent quand souffle le vent, que l’air devient humide, et qu’une averse tombe. Ou que le ciel se déchire, comme touché par un obus, et que l’orage met rides et rideaux dans Paris. Un jour, c’est l’après-midi, le week-end. Il travaille à sa table. Il fait ses devoirs. Tout un coup, il pense peut-être à la fille au pull rose et aux cheveux blonds, mi-allemande aussi, qu’il désire. Elle a de beaux yeux bleus clairs, et des cheveux blonds comme la lumière d’été. Il ne sait pas ce qui se passe. Son slip se mouille. C’est humide et chaud à la fois. Il défait sa ceinture, baisse son pantalon et son slip. Il ne sait pas ce qui lui arrive. Il n’a jamais vu de films porno, ni de scènes érotiques. Il a demandé à voir Octopussy, un film de James Bond, mais, même ça, sa mère a refusé. Il ne sait pas à quoi ressemble su sperme, ni à quoi ressemble le sexe d’une femme. Il sait juste qu’il y a un trou. Des filaments blancs, presque transparents, comme des filets de glu font une toile d’araignée autour de son sexe. Il est troublé. Il n’a rien senti, que la moiteur. Il va s’allonger sur son lit. Son père est parti. Il le craint. Il appelle dieu. Il se sent abandonné par le ciel, et se demande ce qu’il fait sur Terre. Il va le dire à sa mère. Il en a honte. Dans la famille, le sexe est tabou. Elle lui répondra : « Tu es un homme ; maintenant ». L’année dernière, il a demandé à son père, en vacances à la montagne, des éclaircissements sur la chose. Il lui dit que parfois, ça le chatouillait au derrière, quand il était en classe, et qu’il avait alors une érection. Son père lui dit que lui non. Qu’il a été dépucelé par une pute à dix-sept ans. Ils ont pris le train, dans la vallée, un jour. Ils se sont arrêtés dans un bar. Son père, lui a appris à mettre une pièce dans le juke-box. Il avait peur. Il l’a fait maladroit. Il a choisi une chanson au hasard, en faisant tourner un tube horizontal et cylindrique, comme aux distributeurs de tickets, dans le métro. Il a écouté sans entendre, il a regardé sans voir. Toujours, il était beaucoup trop en lui-même. En rentrant au gîte, son père a regardé aux recoins de ses narines, ses premiers boutons d’acné juvénile. Il a dit : « C’est fini ça, la peau de bébé ».



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Je suis rêveur, sensible, pacifiste, "Panamien", un peu Zizou dans le rétro, aime les poètes de Rimbaud à Sylvia Plath en passant par Grand Corps Malade et les troubadours de tous les temps et
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