Deux croisés masqués dans un trio
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Deux croisés masqués dans un trio
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↑ Revenir plus haut en : a et b Notes de Les Trois Crimes de mes amis , Pedigree et autres romans , Bibliothèque de la Pléiade , 2009, ( ISBN 978-2-07-011798-7 ) , pp. 1515-1516 .
↑ Cet épisode formera la trame du roman Le Pendu de Saint-Pholien .
↑ L'Univers de Simenon, sous la direction de Maurice Piron avec la collaboration de Michel Lemoine.
La dernière modification de cette page a été faite le 5 août 2020 à 07:23.
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Les Trois Crimes de mes amis est un roman policier de Georges Simenon , paru en avril 1938 aux éditions Gallimard .
Ce roman a été écrit par Georges Simenon en janvier 1937 alors qu'il réside boulevard Richard-Wallace à Neuilly-sur-Seine . Récit romancé en grande partie autobiographique, il décrit trois faits divers réels survenus à Liège entre 1918 et 1922, dont l'auteur connaissait et avait fréquenté les auteurs. Il est tout d'abord publié en dix épisodes parus dans l'hebdomadaire Confessions entre le 25 février et le 29 avril 1937 avant d'être édité en intégralité aux éditions Gallimard en avril 1938 [ 1 ] .
Le manuscrit original aurait été vendu en 1943 au profit des prisonniers de la Deuxième Guerre mondiale . La traditionnelle « enveloppe jaune » associée au roman n'est pas connue [ 1 ] .
Trois personnages, dont les destins se sont croisés à Liège , vont devenir des meurtriers.
Marquée par les traumatises de la Première Guerre mondiale , toute une jeunesse se retrouve en bande, au fond d'une cour sinistre du quartier d’ Outremeuse , à « la Caque ». Là, dans un local sordide, ces jeunes gens, artistes, intellectuels et autres partagent le même goût pour l'exaltation farfelue, les beuveries et la crasse. Parmi les excentricités de ces soirées interviennent, à un certain moment, les séances du « Fakir ». Celui-ci choisit pour ses expériences le petit K..., jeune peintre maladif et pauvre qu'il drogue et dont il provoquera le suicide : on le retrouvera, un matin d'hiver, pendu au porche de l' église Saint-Pholien , à une centaine de mètres de la Caque [ 2 ] .
L'auteur, qui fut l'un des compagnons de la victime, avait fait entre-temps la connaissance d'un confrère en journalisme, Deblauwe, élégant et beau parleur. Commandité par un aventurier roumain qui ne tardera pas à disparaître, Deblauwe lance une gazette satirique à la rédaction de laquelle il associe le jeune Simenon. Nanesse devient bientôt une feuille de chantage rachetée par le libraire Hyacinthe Danse, tandis que Deblauwe trouve plus lucratif de gagner Barcelone où, dans une maison close, travaille pour lui son amie Renée. Le proxénétisme l'amène peu à peu à une totale déchéance qui le poussera à tuer un rival espagnol dans un hôtel de la rue de Maubeuge à Paris .
Le troisième criminel n'est pas ce qu'on peut appeler un ami pour le jeune Simenon, qui a connu Hyacinthe Danse vers la fin de l'occupation allemande, alors que celui-ci s'intéressait, dans son arrière-boutique de bouquiniste, aux sciences occultes et aux petites filles. L'armistice venu, cet adipeux personnage se mue en homme de lettres et, jouant de la corde patriotique, réussit à obtenir entrées et recommandations. Propriétaire de Nanesse, il déclenche des scandales qui lui valent une condamnation de deux ans de prison pour chantage. Mais, auparavant, Danse a fui et s'est installé à Boullay-les-Troux dans la région parisienne en compagnie de sa maîtresse, Armande Comtat. Pour subsister, car son cabotinage ne lui rapporte guère, il place celle-ci dans une « maison » de la rue du Caire. Comme elle a décidé de le quitter, il profite d'un dernier rendez-vous pour l'assassiner d'un coup de marteau à la tête suivi d'un coup de couteau dans la gorge, à la façon dont, enfant, il avait vu abattre une truie dans une cour de ferme. Il répète l'acte sur sa vieille mère, qui habite sous le même toit, puis, ayant fait la toilette funèbre des deux mortes, il regagne la Belgique avec l'intention de s'y constituer prisonnier. Mais par crainte d'une extradition qui lui coûterait en France la peine capitale, il commet à Liège un dernier crime en déchargeant son revolver sur le Père Haut, un vieux père jésuite qu'il a eu autrefois comme confesseur au collège Saint-Servais.
Récit à la première personne qui retrace des souvenirs de jeunesse de Georges Simenon. Comme le remarque l’auteur, il ne s’agit pas d’un roman au sens strict du terme, c’est-à-dire d’une histoire ayant un début et une fin et où les événements trouvent une explication aussi claire qu’illusoire. Le récit qui a la valeur d’un reportage d’époque, rapproche des faits réels cristallisés autour d’une même idée : ces trois fréquentations de jeunesse étaient des assassins en puissance. Comment en soit-ils arrivés là et pourquoi ? Le narrateur se pose la question, sans pouvoir y répondre [ 3 ] .
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Un masque noir agrémenté de plumes sur le visage, ne laissant paraître que son menton et ses lèvres, Gwenaëlle marchait doucement, à l'allure des nobles d'ici. Son bras accroché à celui de son ami. Tout à coup, elle s'arrêta et demande doucement, se penchant vers Yorwan: - Avons-nous besoin d'invitations pour entrer ?
_________________ Aucun rattachement, Ne dépendre de personne, Liberté.
Souriant, Yorwan ne répondit pas, et poussa tout simplement l'immense porte de la batisse. Imeediatement, un homme vint à leur rencontre, masqué également. "Puis-je voir votre invitation ?" demanda-t-il d'un air snob. Yorwan parut vraiment navré à ces paroles. "Je l'ai perdu, cependant... Ceci pourrait vous convaincre..." fit-il tout en tendant une pierre precieuse devant l'homme, qui, abasourdi, s'excusa et les laissa passer. Penetrant dans la grande salle ou plusieurs personnes étaient déjà presentes, Yorwan alla s'assoir à une table, Gwenaëlle avec lui. "Nous y voilà donc... Souviens toi : observe où j'observe, écoute là où je n'ecoute pas."
Sous son masque, Gwenaëlle renifla légèrement. Elle n'appréciait guère de se faire dicter sa conduite. Même si c'était par l'homme qu'elle aimait, doublé d'un voleur de talent. Cependant elle ne dit rien. Elle promena son regard sur les convives, tous habillés de couleurs chatoyantes, parés d'or et de pierres. Les femmes riaient fort et profitaient de l'intimité des masques pour séduire ouvertement. Des hanches en frôlant d'autres, une caresse par-ci par-là. Gwenaëlle pouvait aisement imaginer ce qui se passait dans les étages. - Qui est l'hôte ? demanda-t-elle.
_________________ Aucun rattachement, Ne dépendre de personne, Liberté.
Le regard apposé sur le grand escalier qui menait vers les chambres, ainsi que vers la salle du coffre, Yorwan répondit tout en observant chaque détail. "L'hôte est une femme très riche qui possède plusieurs demeures. C'est la première fois que j'arrive à penetrer dans l'une d'elles lors de fêtes, c'est pourquoi nous n'avons pas droit à l'erreur. M'accordez-vous cette danse ?" Se levant, Yorwan tendit sa main à Gwenaëlle. Il fallait qu'il se rapproche de ces escaliers...
Avec un sourire, elle posa sa main sur celle de son compagnon et se leva à son tour. Se remémorant les pas de danse qu'elle avait appris. Il valsèrent en parfaite harmonie sur la piste. Elle sentit qu'il l'attirait vers les escaliers, elle se laissa faire. - Cette danse n'était donc pas pur plaisir...
_________________ Aucun rattachement, Ne dépendre de personne, Liberté.
"Bien sur que si, danser avec vous ma belle est toujours un délice..." La faisant tournoyer encore, il s'arreta dans l'angle près de l'escalier. "O ma douce, pourrais-tu faire une diversion, sans pour autant être violente ? Une diversion, toute en douceur ?... Il va falloir que tu me fasses entièrement confiance, car quoi qu'il arrive, soit sur que je ne t'abandonnerai pas.... Ai confiance."
- Une diversion tout en douceur hein ? Dit-elle avec un sourire malicieux. Une idée lui était venue. Elle laissa glisser sa cape et ouvrit un bouton ou deux boutons de son décolleté. La jeune femme leva les yeux derrière son masque et, s'approchant doucement de Yorwan, elle l'embrassa doucement. Son masque contre le sien. - Ne crois ni tes yeux ni tes oreilles ce soir Yorwan, rien de ce que je ferais ou dirais n'aura d'importance... Et elle se retourna.
_________________ Aucun rattachement, Ne dépendre de personne, Liberté.
Souriant, Yorwan secoua legerement la tête. Elle l'etonnerait toujours, et c'est ca qui lui plaisait. Elle était impulsive, et savait jouer à n'importe quel jeu jusqu'au bout. Se calant contre la rembarde de l'escalier, étant toujours en bas, il observa sa demoiselle avec interet, les bras croisés.
Sans se retourner, elle s'avança entre les convives, se déhanchant exagérement mais avec une grâce infinie. Peu à peu, alors qu'elle frôlait les hommes et toisait les femmes, tous les regards se tournaient vers elle. Arrivée au centre de la pièce, elle poursuivit sa danse, fredonnant d'une voix sourde une mélodie envoutante. Les gens, fascinés, avaient cessés de danser. Pourtant son regard à elle était tourné vers son aimé, ses yeux plongés dans les siens, pourtant si lointains. La jeune femme se glissa dans la foule, caressant des joues masculines, jetant des regards brûlants. Plus personne ne parlait mais chacun se posait la même question. " Qui est cette femme ? "
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Impressionné, Yorwan dut pourtant s'arracher à cette contemplation. Il avait du travail, et malheuresement peu de temps. Sa demoiselle ferait ce qu'elle pourrait, mais il arrivera bien un moment où ce ne sera plus suffisant. Attendant que tous ai le regard braqué sur elle, Yorwan gravit les marches avec finesse et rapidité. Personne ne l'avait remarqué monter qu'il était déjà dans la salle du trésor....
Des mains avides se tendaient sur son chemin, elles la dégoutaient. Plus elle tentait de les repousser, plus le cercle autour d'elle se resserait. Maintenir son masque était la plus grande difficulté. Mais aussi la première priorité. Plus le temps passait, plus elle était en danger. Si Yorwan tardait, elle devrait fuir. Un cri retentit. Elle sursauta. Lui était-il arrivé quelque-chose ?
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Le collier dans les mains, Yorwan observa, incrédule, la femme qui l'avait surpris. Comment avait-il fait pour ne point la voir ?... Glissant rapidement son butin dans sa veste, il défourra son épée, la maintenant face à la femme qui avait hurlé. Passant derrière cet être qui tremblait, il ferma la porte à clé derrière lui. Gwenaëlle... S'éclipsant sur le côté alors que des hommes se precipitaient vers les chambres, Yorwan aperçut sa bien aimée au milieu de la foule, à priori mal à l'aise. Pas le choix... Bousculant tout le monde pour aller vers elle, il l'agrippa par le bras, la collant à lui, mettant sa lame contre son cou. *Navré demoiselle, ne m'en voulez pas...* "Ecartez-vous, ou sa tête roulera sur le sol..." Tous s'ecartèrent, effrayés, alors que l'elfe se dirigeait vers la sortie avec sa captive. Remarquant que les gardes arrivaient en courant, Yorwan remit Gwenaëlle dans le bon sens, et la tenant par la main, il ouvrit les portes à la volé, se mettant à courir à l'exterieur, comptant les semer dans les ruelles. "Cours, mais reste avec moi !"
Un rire haut et clair parvint aux oreilles de Gwenaëlle. Elle mit un certains temps avant de comprendre que c'était le sien. Courire, les cheveux dans le vent, la main de Yorwan dans la sienne. Elle était plus proche du bonheur qu'elle ne l'avait jamais été. - Ma tête roulera sur le sol hein... Lorsqu'ils furent bien loin des quartiers nobles, en dehors même de la ville, ils ralentirent, avant de s'arrèter complètement. Elle retira son masque avec délice.
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S'arretant, lachant la main de sa demoiselle, Yorwan lacha un soupir, avant de reprendre son caractère habituel. "Ta tête roulera sur le sol quand la mienne sera déjà à terre... Ou bien, crois-moi, elle n'y roulera jamais." Retirant son masque à son tour, il ne put qu'être satisfait et heureux de Gwenaëlle. Qu'elle femme délicieuse...
Il savait trouver les mots, elle devait l'avouer. Ne se lassant pas de l'observer, caressant du regard toutes les courbes de son visage, aimant même ses défauts. Elle demanda avec curiosité: - Quel était le but exact de notre petite escapade Yorwan ? Laissant tomber son masque au sol, elle s'assit.
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Laissant également son masque tomber aux cotés de celui de Gwenaëlle, l'elfe préfera rester debout alors qu'il passait sa main dans sa chemise, pour en ressortir un sublissime collier de pierres precieuses, enveloppé dans un écrin de velour bordeau. "Voilà, le but à été atteint sans trop de soucis, bien que tout aurait put encore mieux se passer si cette femme n'avait pas... Enfin... Je l'ai eu."
Lentement, Gwenaëlle se releva, les yeux fixés sur l'objet dérobé. Maginifique. Les reflets des pierres dansaient sur le visage de Yorwan. - Que comptes-tu en faire ? Il doit valoir des... Elle s'arrêta. Elle n'avait pas idée du prix de ce bijou. - Mais...S'en séparer serait...Dommage.
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"Ce que je vais en faire ? L'ajouter à ma collection voyons... Je ne vole jamais pour revendre après, très chère." Rangeant l'objet dans sa veste, Yorwan fit un sourire à Gwenaëlle. "Tu as très bien joué le jeu."
Le compliment tira un sourire à Gwenaëlle. - Merci...J'avoue que l'idée m'est venue d'elle-même. Mais certains invités étaient...trop entreprenants à mon goùt. Elle grimaça en se rappelant le contact des mains moites.
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"Ah, ca... Quand on commence une partie, on ne la finit pas sans avoir été joué..." Se mettant à genoux face à Gwenaëlle, Yorwan prit son beau visage entre ses mains, et déposa un baiser sur les lèvres de sa bien-aimée. "Peut-être ne suis-je pas autant entreprenant qu'eux, mais au moins, je suis aimé par la plus belle des créatures de ces terres..." Prenant les mains de sa demoiselle dans les siennes, l'elfe afficha un sourire. "Il nous reste encore un mystère à élucider, ma demoiselle."
Les joues roses et le coeur battant à un rythme plus élevé qu'à l'habitude, Gwenaëlle sourit. - Bah voyons, la plus belle créature de ces terres ? Je trouve cela un peu...exagéré non ? Quel mystère ? Rêveusement,elle contempla les mains de Yorwan autours des siennes et son sourire s'élargit.
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Souriant, et confiant, l'elfe hocha positivement de la tête. "Une âme troublée nous attend dans un cimetierre bien lugubre, ma demoiselle. Etes-vous d'avis pour me suivre, ou preferez-vous attendre demain ?" Le voleur observait, voir même devorait des yeux, Gwenaëlle, tant elle était belle et unique en son genre...
Le visage de Gwenaëlle s'éclaira, une lueur expiègle dans le regard. Cette âme en peine qui errait dans la crypte qu'ils avaient fuie quelques jours plus tôt ne demandait probablement qu'à être libérée mais la colère semblait l'aveugler. - Je préfère y aller de suite . Repondit-elle en souriant, d'une voix assurée. Elle ne craignait pas ce qui hantait le cimetière.
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Avec un sourire, le voleur se releva, faisant glisser les mains de Gwenaëlle des siennes. "Je n'attendais nulle autre reponse de ta pars, ma demoiselle. Je ne sais comment libérer cette âme en peine, mais nous trouvons peut-être un indice sur place..."
Sentir l'odeur de Yorwan à ses côtés donnait à la jeune fille l'impression de ne craindre rien ni personne. Elle lui sourit et se mit en route, vers le cimetière. - Allons-y.
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