Une serveuse qui veut son pourboire

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Un restaurant de renommée depuis 1930 (1/2)
Un restaurant de renommée depuis 1930 (2/2)
Une recette mémorable fondée sur une croûte des plus légendaires
Une journée de rush comme les autres
Un client banal de prime abord… mais spécial dans le futur
Une clientèle plus célèbre que jamais
Une sanction irrévocable : pas de pourboire
Les États-Unis et la culture du pourboire
Ne pas s’en préoccuper et laisser couler
« Mon monde venait de s’effondrer »
Tous les moyens sont bons pour trouver ledit chèque
Des temps difficiles en termes d’argent
Une place de choix sur le « Wall of Fame »
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Les pourboires créent toujours des histoires, des plus insolites aux plus émouvantes. L’histoire d’Armando Markaj et de Karen Vinacour promet de vous mettre du baume au cœur. Rencontrés par hasard dans un restaurant new-yorkais, leurs destins sont désormais liés à jamais. Inconnus à l’origine, il a ainsi suffi d’un geste de générosité pour les (ré)unir…
Les faits ont eu lieu dans une pizzeria emblématique de New York. Son nom ? Patsy’s pizzeria. Armando Markaj était alors serveur dans ce restaurant. Âgé de 27 ans, il y travaillait dur pour financer ses projets personnels. Karen Vinacour, quant à elle, était venue déguster une pizza chez Patsy’s. Toute l’histoire part d’un pourboire…
Concentrons-nous sur le protagoniste principal de l'histoire : Armando Markaj. A l'époque, le jeune homme travaillait en tant que serveur chez Patsy's pizzeria. Si l'endroit est réputé pour de nombreux passionnés désireux de poursuivre dans le monde très fermé de la pizzeria, à vrai dire, Armando y officiait pour d'autres raisons.
En effet, il n'envisageait absolument pas de poursuivre une carrière dans cet univers. Lui, ce qui le faisait rêver, c'était la médecine. A l'âge de 27 ans, il poursuivait donc des études dans le domaine dans l'optique de pouvoir y travailler un jour.
Son job de serveur n'était donc destiné qu'à payer ses frais de scolarité et sa vie new-yorkaise qui, on le sait, est excessivement chère.
Constatant la réputation monumentale de la pizzeria, Armando a donc postulé dans l'idée de s'y faire de gros pourboires qui complètent généreusement son salaire minimum.
Patsy's pizzeria est un établissement renommé dans son cœur de métier : tout New York le connaît et y a goûté un jour ! L'endroit est même devenu emblématique pour les habitants de la grande pomme.
L’établissement a été fondé par Pasquale Lancieri, ce qui explique son nom : « Pasty ». L'histoire du restaurant commence dans les années 30, en 1933 plus précisément, lorsque Pasquale Lancieri décide d'ouvrir sa propre pizzeria. Depuis, elle est devenue la meilleure pizzeria de New York.
Le savoir-faire ancestral, l'ambiance italo-new yorkaise qui imprègne les lieux, le goût inimitable de leurs pizzas... Tout cela réuni a permis à Patsy's pizzeria de conquérir le tout New York, au fil des années. Ses habitants et les touristes viennent parfois de très loin seulement pour y déguster les pizzas les plus délicieuses de la ville.
En l'espace d'un siècle, jamais aucun client ne sera sorti du restaurant insatisfait. Les nouveaux clients sont séduits, les habitués, totalement conquis. Selon eux, il n’existe aucune autre pizzeria au monde servant de si bonnes pizzas que Pasty’s !
La pizzeria Patsy’s se situe dans le quartier d’East Harlem, réputé pour avoir une population majoritairement italienne. Ainsi, à l'origine, le restaurant accueillait la population croissante d’immigrants italiens de New York. Ces premiers clients étaient attirés par l’atmosphère conviviale de l'endroit et par sa délicieuse cuisine qui leur rappelaient leur patrie.
Lancieri, le propriétaire du restaurant, a appris son métier en travaillant chez Lombardi. Rapidement, il a commencé à servir des pizzas au four de brique dans son propre restaurant. Patsy’s a également été reconnu comme l’une des premières pizzerias à avoir introduit la pizza traditionnelle à croûte mince, pour laquelle New York est si bien connue.
Au vu de la prestigieuse réputation du restaurant, il n'est pas surprenant de voir le monde s'y bousculer les weekends. Les samedis et dimanches sont donc toujours très bondés chez Patsy's ; et Armando Markaj en sait quelque chose... Au moment des faits, le jeune homme n'avait pas une minute à lui : il courait après les commandes et faisait au mieux pour satisfaire chacun de ses clients.
Consciencieux, il était prêt à tout pour bien accomplir son travail, malgré l'ampleur de la clientèle à contenter. S'il avait déjà vu passer des milliers de personnes, toutes plus différentes les unes que les autres, Armando risquait encore d'être surpris ce samedi : un client spécial allait effectivement changer sa vie...
Lorsque Karen Vinacour franchit les portes de la pizzeria, jamais Armando n’aurait pas pu imaginer qu’ils finiraient par être liés à vie. Ce jour-là, il l’aborda comme il aborderait n’importe quel autre client, lui indiqua une table et lui servit le plat qu’elle avait choisi sur la carte.
Le plus drôle est que le serveur et la cliente ne s’étaient pas du tout entendus au premier bonjour ! Suite à cet incident, Armando fit une remarque qui ne plut pas du tout à Karen... Ils eurent une brève interaction, mais ce ne fut pas la meilleure des rencontres.
Si Karen Vinacour était déjà venue déjeuner chez Patsy's pizzeria par le passé, sa fille, quant à elle, n'avait jamais eu l'occasion de goûter aux délices de la maison. Cette dernière venait de visiter un appartement qu’elle voulait acheter et toutes deux allèrent donc à la pizzeria pour se requinquer.
La fille de Karen se sentait prête à verser un acompte pour ce nouveau logement : mère et fille décidèrent donc de fêter l’événement. Elles voulaient notamment découvrir en quoi consistait la pizza à croûte mince de chez Pasty's. De plus, elles se trouvaient déjà à East Harlem et se dirent qu'il n’y avait pas de meilleur endroit pour déjeuner.
Avant de poursuivre l’histoire de Karen et Armando, il est important de mentionner certaines choses à propos de Patsy Lancieri et de sa pizzeria. Ce restaurant fournissait à la communauté d'East Harlem des repas chauds jour après jour. Au décès du premier propriétaire, Frank Brija a racheté la pizzeria à la veuve de Patsy.
Brija a déposé le nom peu de temps après être devenu le nouveau propriétaire de Patsy’s Pizzeria, transformant le resto du coin en franchise. Dans la lignée de cet événement, il a ensuite ouvert des restaurants Pasty's tout autour de New York. Les gens n'étaient donc plus contraints de se rendre à East Harlem lorsqu’ils voulaient déguster une bonne pizza.
En un siècle d'existence, la cuisine signature de Patsy's, l'atmosphère détendue et la bonne réputation du restaurant ont attiré de nombreux clients célèbres. En effet, puisqu'ils avaient les meilleures pizzas de la ville, les personnalités médiatiques voulaient absolument y manger.
Frank Sinatra, Dean Martin et Tony Bennett n’étaient que quelques-unes des nombreuses stars habituées des lieux. De plus, le restaurant est également devenu un lieu de rassemblement pour les Yankees. On y trouvaient notamment Phil Rizzutto, Joe Dimaggio et Yogi Berra. Son emplacement était idéal pour le club de baseball.
Le restaurant existe depuis près d’un siècle et sur ses murs, y sont exposés des photos et autres documents qui narrent toute son histoire. Dans cette pizzeria d’East Harlem, les murs se tapissent des visages des personnes célèbres qui l’ont visité au fil des années.
Pour Pasty’s, prendre en photo les célébrités qui consomment chez eux est devenue une sorte de tradition. En 2019, quelque chose de spécial se produisit chez Pasty’s...
Comme tous ceux ayant eu le plaisir de manger chez Patsy’s, Karen et sa fille remarquèrent immédiatement les dizaines de photos qui ornaient les murs de la pizzeria. Elles prirent un moment pour les examiner une à une et remarquèrent une chose qui ne leur plaisait pas vraiment...
Malgré le fait que de nombreuses personnes célèbres aient dîné dans ce restaurant au cours des neuf dernières décennies, Karen remarqua que la plupart des personnes photographiées par les propriétaires étaient des hommes. Dès lors, sa fille et elle décidèrent de demander à leur serveur de leur expliquer ce manque de diversité sur le mur.
Quand Armando revînt avec leur commande, Karen et sa fille lui demandèrent immédiatement pourquoi il n'y avait pas de photographies de femmes sur les murs de la pizzeria. À vrai dire, lui-même n'en savait rien : il n'y avait jamais vraiment réfléchi auparavant. Pour pallier à son manque de connaissance, Armando décida de leur faire une blague innocente, au lieu de leur fournir une vraie réponse.
"Il y a un tas de femmes dans le monde et elles me demandaient pourquoi n’y en avait-il pas assez sur le mur. Eh bien j’ai dit, c’est l’été et les femmes n’aiment probablement pas autant manger de pizza que les hommes. Je voulais juste faire de l’humour" , a-t-il déclaré aux journalistes d’ABC 7.
Karen et sa fille estimèrent que cette blague n'était vraiment pas très drôle. À vrai dire, la blague les dérangea encore plus que cette histoire de manque de diversité sur le mur. Malheureusement, l'interaction jeta un froid dans la salle et toutes deux ne profitèrent pas de leur repos comme elles l'auraient aimé.
Karen Vinacour a consacré la majeure partie de sa retraite à faire du bénévolat auprès d’organismes de bienfaisance au Laos pour aider les femmes et les enfants défavorisés. Elle a travaillé aux côtés de nombreuses femmes formidables, capables de choses incroyables – et se disait-elle, manger de la pizza était certainement l’une des nombreuses choses que ces femmes pouvaient faire. La blague d'Armando l'agaçait au plus haut point.
Une fois leur repas terminé, suite à cet "incident", Karen Vinacour et sa fille décidèrent de faire quelque chose d’assez inhabituel. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'aux États-Unis, sortir d’un restaurant sans laisser de pourboire, n’est pas très poli. Néanmoins, cela ne les empêcha pas de le faire quand même.
Les paroles d'Armando les avait quelque peu choquées et elles décidèrent donc de partir sans le remercier pour son service. "Nous n’allions pas lui donner de pourboire, et nous avons écrit ceci sur la note : ‘Les femmes mangent de la pizza, et au fait, saviez-vous que les femmes ne laissent pas de pourboires?’" , a déclaré Vinacour au micro d'ABC 7. Et voilà comment elle prit sa revanche !
Dans certains pays, ne pas laisser de pourboire au serveur ne pose pas de problème majeur. Cependant, aux États-Unis, laisser un pourboire d’une valeur de moins de 15% de ce que l’on a mangé est considéré comme inapproprié, et 20% du montant payé est généralement la norme. Ne pas laisser de pourboire du tout est très mal vu dans ce pays d'Amérique du Nord.
De nombreuses personnes travaillant dans le secteur des services arrivent à joindre les deux bouts tous les mois grâce aux pourboires. D’ailleurs, les serveurs sont souvent payés bien en-dessous du salaire minimum : en effet, leurs employeurs estiment qu’ils peuvent largement compenser le manque avec les pourboires qu’ils reçoivent des clients.
Il est certain que le travail de serveur présente de nombreux inconvénients. Toutefois, il est possible de gagner beaucoup d’argent si l'on travaille dans un restaurant aussi célèbre que très fréquenté. Armando Markaj avait eu la chance de se faire une place de choix dans l’une des pizzerias les plus populaires de New York. Il espérait donc y gagner des pourboires plutôt généreux. Néanmoins, pour lui, ce job n'était qu'un cap à passer.
Il n’avait pas l’intention de travailler chez Pasty’s toute sa vie, mais s'il pouvait gagner beaucoup d'argent grâce à un job étudiant, autant le faire ! Il fallait bien récolter une certaine somme pour payer ses frais de scolarité. On rappelle qu'Armando était étudiant en médecine.
Sur le moment, Armando comprit immédiatement que Karen et sa fille n’apprécièrent guère sa réponse. Mais, face à ce mécontentement, il décida de « laisser couler ». Occuper le poste de serveur est une tâche bien difficile et la plupart des gens ne le réalise pas. Il arrive certaines fois aux serveurs d’avoir des accrocs avec les clients, mais avec l’habitude, tout comme Armando, ils arrivent facilement à passer outre.
Quand vous êtes serveur, peu importe à quel point vous essayez de plaire aux clients, il y aura toujours des gens qui ne seront pas satisfaits de votre service. Ils expriment leur mécontentement pour une une raison ou une autre. La plupart du temps, leur mécontentement ne vient pas de vous, mais du fait qu'ils aient passé une mauvaise journée. Au moment des faits, Armando était dans le métier depuis un moment déjà et la réaction des deux femmes ne lui fit ni chaud ni froid.
Armando ne s’inquiétait pas vraiment de ce qu’il eut fait pour offenser Karen et sa fille. C’était samedi, la pizzeria était bondée, il avait donc d’autres chats à fouetter. Il devait rester réactif et se concentrer sur les autres clients qui attendaient patiemment leurs commandes.
Une fois Karen et sa fille parties, Armando nettoya la table sur laquelle elles avaient mangé. Soudain, il se rendit compte que les deux femmes lui avaient laissé quelque chose de très inhabituel... Jamais un client ne lui avait laissé une chose pareille !
Ainsi, en nettoyant la table des deux femmes, Armando remarqua la présence d'une chose inhabituelle... Il s'agissait d'une enveloppe pleine de mystère.
"J’allais totalement débarrasser la table quand j’ai vu l’enveloppe. J’ai soulevé le rabat de l’enveloppe et j’ai vu la mention ‘Citibank’ et j’ai pensé que c’était important, alors j’ai couru dans la rue pour les chercher, mais elles étaient parties" , a confié le serveur au NY Daily News .
Lorsqu'il vit ce qu'il y avait dans l'enveloppe, Armando n’en croyait pas ses yeux. Il ne s'agissait pas d'un simple morceau en papier ! À vrai dire, Karen avait laissé sur la table un chèque d’une valeur de 424 000 dollars ! Comment cette dame avait-elle pu laisser une telle somme d’argent dans un restaurant ?
Si les clients oublient des effets personnels à longueur de journée, cet oubli était quelque peu saugrenu. Face aux objets perdus, Armando et ses collègues devaient appliquer la même politique très stricte : le placer dans la boîte des objets trouvés. Cependant, le serveur ne pouvait pas procéder de la même façon avec ce chèque de près d’un demi-million de dollars. Déboussolé, il alla voir Frank Brija (le propriétaire) pour lui demander ce qu’il fallait faire.
Karen ne se rendit compte de son erreur que le lendemain au soir. En ouvrant la fermeture éclair du compartiment intérieur de son sac, elle remarqua que son chèque n’y était plus. Paniquée, elle courut immédiatement à l’agence Citibank la plus proche de chez elle le lendemain matin. Malheureusement, l'organisme lui affirma qu’il n’y avait aucun moyen de le récupérer.
"Ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas l’annuler car c’était un chèque de banque. Il fallait que j’attende au moins trois mois avant de pouvoir recommencer le processus, et ce, seulement si le chèque n’a pas été encaissé entre-temps. Mon monde venait de s’effondrer" , a-t-elle confié dans une interview accordée au NY Daily News .
Dès lors, Karen décida de faire tout ce qui était en son pouvoir pour récupérer le précieux chèque. Elle voulait et devait absolument acheter cet appartement, mais pour cela, elle avait besoin de ce chèque.
Elle essaya alors de se remémorer tout ce qu’elle avait bien pu faire ce samedi. Ensuite, elle contacta sa fille, ainsi que le courtier immobilier qui était avec elles le jour où le chèque disparut. Elle espérait que ces deux-là pouvaient l’aider à se souvenir de l’endroit où elle avait pu laisser le chèque. Cependant, ni l’un ni l’autre ne se souvenait de ce qui s’était passé. Karen Vinacour dût ensuite fouiller les ordures ménagères juste au cas où son chèque y aurait été égaré par inadvertance.
Karen disposait de 424 000 $, mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle ne roulait pas sur l'or non plus. Pendant une époque, elle dormait chez de la famille ou chez des amis pour pouvoir économiser suffisamment d’argent et s'acheter un nouvel appartement.
Karen avait un historique de crédit impeccable et elle a versé un acompte élevé pour cet appartement tant désiré. Cependant, elle devait encore prétendre à un prêt bancaire pour avoir l’argent nécessaire. Ajoutez à cela le prêt étudiant de sa fille...
Quand vous perdez quelque chose de précieux, vous revenez systématiquement sur vos pas : et c’est exactement ce que Karen a fait. Elle s’est ainsi dirigée vers East Harlem, pensant qu’elle avait certainement égaré le chèque dans l’un des endroits qu’elle avait visité.
Premièrement, elle s’arrêta dans un café qui se trouve dans une rue à proximité de chez Patsy’s. Bien entendu, le chèque n’était pas là. Karen se rendit ensuite chez Pasty’s mais, au moment où elle y allait, son téléphone sonna et elle le décrocha immédiatement.
Au bout du fil, c'était son courtier. Ce dernier avait une mauvaise nouvelle à lui annoncer... En effet, il lui annonça qu'il avait contacté Patsy’s Pizza et que personne ne savait quoi que ce soit sur le fameux chèque. Mais comment se faisait-il qu’ils n’aient rien trouvé ?
Pourtant, le serveur qui les avait servies avait bel et bien trouvé ce chèque … Suite à cette annonce, Karen était profondément bouleversée. Elle ne savait plus quoi faire, ni où aller pour retrouver ce chèque. Elle essayait de retrouver ses esprits, mais ce ne fut pas facile.
Eh bien, il s’avère que le courtier immobilier ait appelé un autre restaurant que le Patsy's concerné ! Ainsi, pendant que Karen faisait les cent pas dans la ville pour retrouver son chèque, le précieux morceau de papier était en fait rang
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