Une prostituée derrière le bar

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Une prostituée derrière le bar
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Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.



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Dotée d’une « rage de pitbull », Alice a décidé de mettre un point final à un épisode de sa vie qu’elle assimile aujourd’hui à une entreprise de démolition. Elle témoigne, haut et fort, pour dénoncer le système. Et épingle tous les manques qui l’ont si longtemps abandonnée à son sort. Cinglant.
J’ai connu trois bars en cinq ans. On a fermé les maisons closes mais on les a rouvertes autrement et on a trouvé un joli mot, « hôtesses » au lieu de « prostituées ».
Mon père avait une véritable emprise sur moi. Il m’avait mis dans la tête une image dévalorisante des femmes : toutes des putes . Il frappait ma mère, il l’humiliait. Dès qu’il avait bu, moi aussi il me traitait de pute et me disait que je finirais femme de ménage comme elle. J’ai grandi dans ce climat. En fait, subtilement, c’est lui qui a créé Jennifer, la prostituée que je suis devenue. Par ses stratagèmes, il a réussi à faire vivre l’image qu’il avait de la femme, à travers moi.
A quatorze ans, j’ai été placée en foyer. J’étais en échec scolaire. Je m’interposais entre mon père et ma mère quand il la battait, je pleurais beaucoup à l’école, il y avait donc eu des signalements. Mais à dix-neuf ans, il a fallu que je quitte le foyer ; j’étais insolente avec les éducs, j’avais tout mis en échec. Quand je suis retournée chez mes parents, mon père m’a fait comprendre qu’il fallait que je ramène de l’argent. On habitait à la campagne et je n’avais ni permis de conduire ni diplôme. Mon père me ramenait les journaux gratuits avec les petites annonces et j’en ai trouvé une qui demandait une hôtesse de bar. Je ne savais pas ce que c’était. J’en ai parlé à mon père qui m’a dit que c’était une bonne idée! Non seulement il m’a encouragée mais il m’a même accompagnée physiquement. Il m’a expliqué qu’avant ces endroits s’appelaient des maisons closes et qu’il en avait fréquenté.
Quelque part, mon père m’a vendue à tout le monde. En même temps, il est allé voir une assistante sociale pour lui dire que sa fille se mettait en danger : était-ce pour se déculpabiliser ou parce que ça ne lui rapportait pas assez ? Il me réclamait de l’argent sur ce que je gagnais et en plus, il s’arrangeait pour me dire que la voiture était en panne et c’est moi qui payais. Il se servait de mon corps pour combler ses difficultés financières.
A l’époque, j’ai même ramené des clients à la maison, qui m’appelaient Jennifer. Personne ne disait rien. De toute façon, à la maison, il ne fallait jamais rien dire. Jennifer, Alice, qui était vraiment moi ? Dans ma tête, tout était embrouillé.
Quand je suis entrée dans mon premier bar, j’avais 19 ans. J’ai vu un lieu tamisé avec une barre de striptease. Je me suis demandé ce que je fichais là mais dans ma tête, j’obéissais à mon père et il n’y avait pas d’autre solution. La patronne m’a dit de ne pas m’inquiéter, que je ne ferais les choses que si j’étais d’accord. Quinze jours après, c’était fait. Quand tu arrives là dedans, la trappe est grande ouverte et elle a vite fait de se refermer. Elle m’a dit : je vais faire de toi une bonne hôtesse . Ce bar, je l’ai quitté quand mon père est mort brutalement, pour aller aider ma mère. Mais j’y suis retournée un an après.
Ces bars, c’est le monde de l’hypocrisie. Tout est caché, c’est le non dit. Dans la petite ville où j’ai commencé, il en y avait sept. Les patronnes montrent un visage bien lisse, elles racontent qu’elles refusent les actes sexuels dans leur bar. Mais comme la mienne était souvent bourrée, le masque avait vite fait de tomber. Elle gueulait : Alors bande de fainéantes, est-ce que ça bosse ? Je veux plus de sexe!
En fait, en général, les passes n’ont pas lieu dans le bar mais au « salon », derrière les rideaux ; ou bien les patronnes nous filent des préservatifs pour aller à l’hôtel. La seule chose interdite, c’est de voir des clients en indépendante, à l’extérieur, parce que c’est autant d’argent qui leur passe sous le nez.
On a de faux contrats de travail. J’étais embauchée comme femme de ménage (personne ne s’étonnait qu’il y en ait dix dans le même bar !) et j’étais déclarée pour cinq ou six heures alors qu’en fait c’est la semaine chinoise, on bosse tout le temps.
Quand on y est, avec les clients, on se persuade qu’on domine, qu’on a la maîtrise. Après, quand on se réveille, on comprend à quel point ils nous ont manipulées. Ils sont comme les patronnes : gentils, protecteurs, en apparence. Les fonctionnements sont identiques. Ils te promettent de t’aider mais dès qu’ils ont posé les mains sur toi, ils ont oublié tout ce qu’ils te disaient la minute d’avant.
Il y avait des flics, des médecins, des commerçants… Beaucoup de menteurs. Ils mentent pour se présenter, ils se font passer pour des malheureux, ils se justifient en disant que leur femme les trompe. Ils sont manipulateurs, pervers. Il faut un profil particulier pour acheter le corps d’une femme. Pour eux, une femme est un objet. En fait, ils me tenaient le même discours que mon père ; que j’étais une pute, une salope, une bonne à rien.
Je gagnais un quart sur la bouteille de champagne, les trois autres allaient à la patronne. En payant la bouteille, le mec gagne le droit de mettre ses mains partout. Il y a une forme de concurrence. Si les autres filles le font, comment veux-tu refuser ? Tu n’auras pas de clients. Donc, ça va crescendo. Tu le laisses te tripoter, puis te pénétrer avec ses doigts, puis tu acceptes une fellation puis tout va très vite. Tu n’as pas le choix. Le client va se barrer si tu dis non.
La première pénétration réelle que j’ai connue dans ce bar, c’était le premier rapport sexuel de ma vie. Du moins je pensais que c’était le premier, ayant perdu certains souvenirs… Je n’ai même pas ressenti de choc, avec tout ce que j’avais déjà subi avant. J’avais déjà assimilé violence et sexualité. Et puis j’avais bu.
J’avais peur de refuser quoi que ce soit. J’habitais juste au dessus, dans le grenier, et j’étais obligée de descendre me chauffer de l’eau dans la cuisine du bar pour pouvoir me laver. J’ai fini par prendre un hôtel. Un client m’a avancé le premier mois. L’argent je le claquais très vite ; il y avait beaucoup de frais, le maquillage, les tenues à renouveler…
Quand j’y suis retournée l’année d’après, comme une automate, je suis partie vivre chez un client. L’ambiance avait changé. Il y avait des actes sexuels au bar ; je me souviens de fellations à un client, à tour de rôle, devant tout le monde. Je voyais les autres filles le faire et il fallait que j’y passe à mon tour. La patronne était de plus en plus dure, il n’était pas question de dire non. J’ai vraiment eu l’impression d’être un objet.
La patronne, son mari était sorti de prison où il avait purgé une peine pour crime. Il envoyait des filles sur Paris. C’était vraiment le proxo de base. Il se postait au coin du bar sans dire un mot et nous surveillait en nous déshabillant du regard ; il communiquait par code avec la patronne. Je disais oui à tout dès qu’il était là tellement il me flanquait la trouille. Je me souviens l’avoir entendu dire à quelqu’un : toi, demain, tu es mort . Lui et elle ont été mis en prison par la suite pour escroquerie aux clients… Il y a eu des plaintes, ils falsifiaient les montants de carte bleue. En tout cas, ils ne sont pas tombés pour proxénétisme .
En fait, la patronne avait commencé sur le trottoir et son mari avait été son proxo. Elle était devenue bourreau à son tour. Mais elle se détruisait, elle était complètement alcoolique. Elle me faisait peur quand elle me disait : Tu me fais penser à moi au début .
Dans ce bar, on était deux du lundi au jeudi. Le jeudi et le vendredi, il y en avait une troisième qui restait avec deux autres qui venaient pour le week-end. Certains soirs, c’était une vraie usine.
Dans cette ville, je connaissais toutes les patronnes et toutes les prostituées. Personne d’autre. C’était une espèce de réseau. Je n’avais pas de relations avec le monde extérieur. Tu te lèves à midi, tu pars manger avec un client. Manger avec ces types, c’était lourd ! Mais ça fonctionne, ça aide pour les faire revenir ; après tu es au bar jusqu’au petit matin. Ensuite tu pars en boîte avec eux s’ils le demandent car la patronne ne te laisse pas le choix. Le but, c’est d’en profiter pour trouver de nouveaux clients. Le lendemain, elle t’interroge pour savoir quels clients y étaient avec quelles filles d’autres bars. La concurrence était rude dans cette ville… Pour moi, tout ça, c’était la vie normale.
Il y avait un client pas trop désagréable, on a commencé à se voir à l’extérieur. Je le trouvais gentil, pas brutal. Il est venu chez moi, mais le sexe sans argent, je ne pouvais pas. J’ai dit non. C’était la première fois, d’ailleurs, que je m’autorisais à dire non. Mais lui, il a décidé que c’était oui. Il m’a violée. Avant de se casser, il m’a regardée et il a dit : si j’ai le sida, tu viens de l’attraper .
En fait, les clients, leur intention est toujours la même. Il n’y en a pas de gentils. Après, j’ai mis six mois à oser faire le test. Sa phrase avait allumé un signal dans ma tête, moi qui avais eu tellement de rapports non protégés avec des clients qui refusaient les préservatifs.
J’ai continué à bosser au bar. Je ne répondais plus à ses appels mais il est revenu. Là, j’ai pété les plombs. J’ai explosé. Et la patronne si « gentille » m’a hurlé dessus. C’est toi qu’il a demandée, tu vas bosser! Elle me poussait vers mon violeur. De toute façon, on est qu’une machine à fric.
C’est le moment où pour moi il y a eu un déclic. J’ai dit stop. C’était le viol de trop. J’ai profité du clash pour aller porter ma lettre de démission. Pour me protéger, je n’ai pas franchi la porte. La patronne a essayé de me récupérer, m’a invitée à prendre des cafés en ville. Mais elle a compris que ma décision était irrévocable. Je lui ai dit qu’aucun homme ne poserait plus les mains sur moi.
Cette patronne était très violente en réalité. C’était une vraie mère maquerelle et elle avait beaucoup d’ascendant sur nous et sur les hommes. Avec l’argent qu’elle se faisait sur notre dos, elle avait les moyens, elle prenait un taxi pour faire cent mètres.
J’étais sa protégée, elle m’achetait des fringues, des chaussures ; elle avait le projet de m’emmener au Maroc. Je me demande à quoi j’ai échappé et je pense même que, si je l’avais suivie là-bas, je serais peut-être morte aujourd’hui.
Au début, tu te contentes de boire des coupes de champagne. Mais ça ne dure pas longtemps. C’est quand tu fais ton premier salon que tu réalises. La patronne, tu la crois… Elle dit au client : c’est son premier salon, tu prends soin d’elle ! Tu te dis, elle veut me protéger. C’était la même chose qu’avec mon père : jouer les attentionnés et te fourrer dans la gueule du loup. J’avais été bien formatée. J’étais la proie idéale.
Je me souviens des premiers soirs… Si je n’étais pas alcoolisée, je ne pouvais pas. J’essayais, en parlant, de retarder au maximum, pour avoir le temps d’être ivre. Ils posent leurs mains partout. Tu ne sais jamais ce qu’ils vont te demander.
Quand tu ne peux plus boire d’alcool, tu le renverses sur la moquette ou dans les plantes vertes. Des fois, tu te colles contre le client, juste pour qu’il ne te voie pas en train de jeter ton verre. Il faut être super maline et super vigilante parce que le type qui a payé 300 ou 400 euros la bouteille de champagne, il n’a pas envie que tu le balances. Comme le lieu est tamisé, parfois la patronne met du Perrier avec un peu de sirop pour imiter ; pas forcément pour t’épargner, mais plutôt parce que ça ne vaut pas le coup d’ouvrir une nouvelle bouteille par exemple. Tout ce qu’elle fait, c’est dans son intérêt à elle.
Je consommais beaucoup d’alcool. A peu près que ça, d’ailleurs ; très peu d’aliments solides. Les clients ne sont pas contre, ça leur permet de faire tout ce qu’ils veulent. Quand j’étais blindée, je ne réagissais plus. Mon corps appartenait à tout le monde. Il n’y avait plus de limites, plus de barrières.
L’alcool, avant d’arriver dans ces bars, je n’en avais pratiquement jamais bu ; quelques bières et c’est tout. Dans les périodes où je quittais le bar, je n’en consommais plus. Mais dès que j’y retournais, je recommençais. La dernière fois, quand je suis partie, j’étais devenue dépendante.
On ne pouvait rien dire. Se plaindre à qui? Pour les stripteases, le client a interdiction de toucher s’il n’a pas pris une bouteille. Mais quand la patronne est blindée, elle laisse faire. Et à qui on irait se plaindre ? Idem quand un client ne veut pas de champagne mais qu’il préfère nous offrir un whisky ou autre chose. Elle, elle touche les consommations, et nous, les dindes de la farce, comme on ne touche rien là-dessus, on se fait tripoter gratos ; on n’a pas le droit de l’ouvrir ou de dire non.
Si les clients étaient pénalisés, ça changerait. De toute façon, dans ces salons, avec la musique à fond, une femme crierait au viol, personne ne l’entendrait. Quand j’ai subi des viols par des clients, je n’en ai jamais parlé. On ne parle pas de ces trucs là, c’est tabou. Dans un salon, peu importe ce qui s’est passé. On ne dit rien.
En plus, on subit en permanence des discours culpabilisants de la part des patronnes : si tu n’as pas su retenir un client, c’est ta faute. A la fin de la semaine, elle nous donne notre argent en nous faisant des remarques sur nos performances. On finit par avoir la trouille et se dire qu’il faut mieux faire. Et les clients en rajoutent en faisant des comparaisons entre les filles.
Du coup, on a une vision déformée. Je ne me disais même pas que c’était de la prostitution ! Pour moi, une prostituée, c’était une fille qui faisait le trottoir. En plus, le mot n’est jamais utilisé dans ces bars.
J’ai laissé ma chambre dans le noir pendant six ans. Je commence seulement à rouvrir les volets. Et je viens de recommencer à mettre des robes, même si ma mère me décourage en me disant que je suis trop grosse…
Aujourd’hui je me pose mille questions. J’ai des troubles alimentaires depuis toute petite, anorexie et boulimie, par périodes. Il m’est arrivé de ne plus peser que trente-cinq kilos, de rester des jours sans manger, de me faire vomir. J’ai fait plusieurs tentatives de suicide, je me suis scarifiée… J’ai vécu sur le fil du rasoir. Je me dis que ce n’est pas venu de nulle part. J’ai aussi des flashs avec des images de violence qui reviennent, je fais des cauchemars. Je m’aperçois que, quand j’étais ado, j’acceptais n’importe quoi. Je laissais faire des types, dans les trains, dans la rue. J’ai eu de multiples agresseurs. Comment ai-je pu laisser tant d’hommes disposer de mon corps ? C’est violent d’en prendre conscience.
Pendant ma thérapie, j’ai commencé à avoir des flashs. J’ai revu les violences que m’a fait subir un ami proche de mon père. Je ne sais plus si j’avais 4 ans ou 6 ans… Je me suis aussi souvenue d’une nuit où je l’ai vu tenter de violer ma mère. Je pense maintenant qu’il a agi comme un démon à l’intérieur de moi. Je comprends mieux pourquoi j’étais amenée à faire des choses incohérentes.
J’ai vécu tant de violences que mon corps a fini par lâcher. Je suis aujourd’hui en fauteuil avec une maladie neurologique d’origine carentielle. Carence qui est à la fois le résultat d’une énième rechute dans mes troubles alimentaires et de la mauvaise hygiène de vie et de l’alcool qui ont marqué mes années de prostitution.
Je fais le bilan. Il m’est impossible d’avoir une vie sexuelle. J’ai bien des petits copains mais je ne supporte pas qu’on me touche, ou alors sous alcool ou cannabis. Sur trois rencontres que j’ai faites, je sais que j’ai laissé partir un homme bien. Il y a quelques années, j’ai du voir une gynécologue et faire un frottis. J’ai éclaté en sanglots.
J’ai été dans le déni pendant cinq ans. Il y avait des trous noirs. Je ne parlais jamais de rien ; je ne pouvais pas prononcer les mots prostitution, viols, agressions sexuelles ; ni même me souvenir de ce qui se passait dans ces « salons ». J’avais tout occulté.
Au début, quand j’ai commencé à appeler le CFCV, Collectif Féministe contre le Viol, et que la personne m’a demandé si j’avais subi des violences sexuelles, j’ai dit non. Et puis tout est remonté petit à petit.
Quand j’ai entamé une thérapie, ma mémoire a explosé.
Longtemps, je n’étais pas en mesure d’identifier les violences que j’avais subies ; et les personnes qui auraient pu ou qui auraient du m’aider, étaient dans le déni de ces violences. Elles ne les voyaient même pas.
A une époque, quand j’étais encore dans la prostitution, j’ai été suivie par le CMP (Centre médico psychologique). C’est maintenant que je mesure le mal qu’on m’a fait, au lieu de m’aider. D’ailleurs ce que j’ai lu dans mon dossier, que j’ai eu un jour dans les mains, m’a rendue malade. J’étais décrite comme entraîneuse , j’étais hystérique , aguichante, agressive , suicidaire , j’en oublie. Le mot prostitution n’apparaissait pratiquement pas, il était évident qu’il était tabou. Ce qui était la base de tous mes troubles était occulté.
Ce qu’on laissait entendre, c’est que je n’avais pas eu assez de limites petite, et que c’était moi qui ne voulais pas m’en sortir. Je présentais un dédoublement de la personnalité qui était attribué à mes troubles alimentaires. Longtemps, j’ai pensé que c’était moi qui étais folle.
Maintenant, je vois dans quel abandon on m’a laissée. Un jour, alors que j’étais très mal, que j’avais fumé beaucoup de cannabis, je suis allée au CMP. Je ressentais des douleurs terribles, c’était comme si mon corps avait envie de crier au viol et je ne comprenais pas pourquoi. Tout ce qu’on a trouvé à faire a été de m’envoyer en HP (hôpital psychiatrique). Personne n’a posé la question du pourquoi. En fait, j’appelais à l’aide. Je sais maintenant que si le personnel qui m’a reçue avait été formé, il aurait saisi la perche et il aurait compris mon comportement. Au lieu de ça, on a voulu m’enfermer et m’assommer de médocs.
Quand ma patronne a parlé de m’emmener au Maroc, le CMP n’a pas bronché. Il n’y avait aucune conscience de la violence que je vivais. Un jour, j’ai décrit un cauchemar à une des psys. Elle m’a dit : c’est curieux, pourtant vous n’avez jamais vécu de violences sexuelles ? Dans mon dossier, il y avait pourtant plusieurs viols d’évoqués. Je ne parlais pas de prostitution ni de clients, j’étais dans un déni total, mais je suis sùre que tout le monde avait compris. Apparemment, ce n’était pas suffisant.
Quand je refusais les rendez-vous avec des hommes, personne ne se demandait pourquoi. On me disait que c’était lié à ma relation avec ma mère. J’ai juste vu une fois un homme art-thérapeute ; j’ai mis deux mois à y arriver. Finalement je l’ai trouvé génial ; je faisais enfin confiance à un homme mais le chef de service a stoppé les rendez-vous. J’ai lu dans mon dossier que cet art-thérapeute n’en voyait pas l’utilité. Comment des victimes ne se fi
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