Une femme corpulente se donne du plaisir
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10 vérités sur le plaisir féminin - © Getty Images
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La femme a la possibilité d'éprouver plusieurs orgasmes lors d'un rapport sexuel , à l'inverse de l'homme qui passe par une période réfractaire avant de pouvoir recommencer. Mais faut-il accumuler les orgasmes telle une coureuse de marathon ? La réalité est plus simple et moins contraignante. L'apprentissage de la jouissance enclenche un processus qui permet d'accéder à des degrés toujours supérieurs de jouissance.
Tout peut ĂȘtre vĂ©cu en amour Ă la seule condition que cela ne gĂȘne ni soi ni l'autre.
Trop de femmes acceptent des pratiques sexuelles qu'elles ne désirent pas pour faire plaisir à leur compagnon. Mauvais calcul car source de blocage éventuel. Une femme qui pratique une fellation sans en avoir envie se trompe. C'est une donnée majeure de la sexualité épanouie : éprouver du plaisir pour soi dans la caresse qu'on adresse à l'autre est essentiel et majore le plaisir d'offrir cette caresse à l'autre. On peut essayer toutes sortes de caresses, de positions, avoir des préférences, rejeter ce qui ne plaßt pas, affirmer des goûts, l'idée est de laisser virtuellement un champ des possibles. Si l'on se force, alors le geste accompli dans la contrainte (souvent celle qu'on s'impose à soi d'ailleurs) deviendra pesant, redouté, et on fermera ainsi définitivement la porte au plaisir potentiel.
Il a suffi qu'on se préoccupe davantage du plaisir féminin à partir des années 70, que les femmes osent dire qu'elles avaient envie de jouir, pour qu'aussitÎt le piÚge se referme.
D'une libertĂ© acquise Ă une norme imposĂ©e, c'est souvent le cas en matiĂšre de sexualitĂ©, royaume de la norme s'il en est. Et pour cause, la sexualitĂ© est par essence subversive, incontrĂŽlable, et la sociĂ©tĂ© a tĂŽt fait de vouloir encadrer, normaliser les comportements amoureux mĂȘme quand rien ne tombe sous le coup de la loi ! L'orgasme est devenu le nouveau terrorisme de la sexualitĂ© libĂ©rĂ©e. Un impĂ©ratif qui pĂšse aussi lourd sur les femmes que l'exigence de virilitĂ© sur les hommes.
On peut dire tout le bien que l'on veut de l'orgasme, de ce formidable plaisir, Ă la fois rencontre avec soi et Ă©chappĂ©e libre, intimitĂ© majeure avec son partenaire, il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas obligatoire Ă chaque rapport ni mĂȘme forcĂ©ment l'acmĂ© du plaisir pour toutes. Pourquoi? Parce qu'il existe une gamme infinie de plaisirs et que chaque femme en joue, en profite de façon diffĂ©rente. Certaines Ă©prouvent la plus grande des jouissances au coĂŻt avec orgasme, d'autres au coĂŻt sans orgasme, d'autres encore Ă©prouvent une sensation d'Ă©panouissement avec des caresses diffĂ©rentes. Se polariser sur l'orgasme est, de plus, la meilleure façon de ne pas en avoir : cela empĂȘche le plus souvent d'apprĂ©cier la gamme infinie de sensations, alors mĂȘme que diversifier sa sensibilitĂ© sans se focaliser sur un but prĂ©cis vous conduit prĂ©cisĂ©ment au plaisir orgasmique. "Une femme, libĂ©rĂ©e de l'exigence de jouir, jouit ", rĂ©sume Philippe Brenot. Excellente nouvelle.
En se référant à une idéologie simplement sous couvert de psychanalyse, il aura fallu du temps pour qu'enfin on reconnaisse une réalité simplement physiologique.
On aurait mieux fait de se préoccuper de l'étymologie du mot latin "clitoris " qui signifie " clef "! Depuis Freud, on nous assÚne la distinction entre orgasme vaginal et clitoridien. Il y aurait un orgasme somme toute aristocratique, qui serait vaginal (selon la sacrosainte loi du primat du phallus censé seul faire jouir), et un orgasme clitoridien, infantile puisque indépendant de la pénétration . Rien n'est plus faux. Qu'on se le dise une fois pour toutes, l'orgasme profond, vaginal, n'est que l'amplification de l'orgasme, toujours d'origine clitoridienne.
"Ce mythe de l'orgasme vaginal "adulte" a fait beaucoup de mal, souligne Philippe Brenot. Il suffit parfois de dire cette vérité à une femme pour qu'elle se détende et revienne me voir une semaine plus tard en me disant: "C'est incroyable ce que j'ai ressenti. " Car la conséquence de cet orgasme unique, c'est qu'on l'obtient comme on veut : orgasme masturbatoire, orgasme profond ou pas. Pas d'échelle de Richter en la matiÚre. A chacune son plaisir et sa façon d'y accéder.
Un soupçon de provocation chez Philippe Brenot, qui affirme que les femmes, elles aussi, ont des érections.
Mais aussi la volontĂ© pĂ©dagogique de dĂ©crire un phĂ©nomĂšne mĂ©connu parce que invisible : le chamboulement organique de la montĂ©e de l'excitation fĂ©minine. Pas vu mais bien pris ! Si l'homme Ă©prouve et constate son Ă©rection, la femme, elle, n'a pas de cellules sensorielles pour percevoir les modifications physiologiques qui accompagnent le dĂ©sir sexuel. Pourtant, le vagin se prĂ©pare lentement Ă la pĂ©nĂ©tration et Ă la jouissance. Pendant l'excitation, il devient souple, se relĂąche, une vascularisation intense se produit. De 7 Ă 8 centimĂštres, sa taille habituelle, il va pouvoir doubler de longueur et de volume, et ainsi accueillir le sexe masculin, quelle que soit sa taille. Seul problĂšme, la synchronisation entre l'homme et la femme: l'homme met peu de temps Ă bander, la femme a davantage besoin de temps pour rĂ©aliser son "Ă©rection". A cela s'ajoute une mĂ©prise frĂ©quente : la lubrification vaginale serait le signe que la femme est prĂȘte Ă l'accouplement.
" L'accord humide n'a aucune importance ", souligne joliment le sexologue. Il faut laisser le temps au vagin de se préparer, de se chauffer (la température "locale " augmente réellement) pour donner toutes ses chances à la jouissance. Autrement dit, plus les deux partenaires seront en accord de " timing " avant l'accouplement, plus la promesse de jouissance sera grande.
Se concentrer sur ses sensations et dans le mĂȘme temps s'abandonner : la contradiction n'est qu'apparente.
Dans sa quĂȘte de jouissance, la femme se prĂ©occupe de son ressenti, s'occupe (enfin?) d'elle, mais, dans le mĂȘme temps, il va lui falloir lĂącher prise face Ă son partenaire. Pour que rien ne vienne bloquer l'accĂšs au plaisir. Philippe Brenot : " Les femmes doivent se dire J'accepte que cet homme-lĂ m'excite, j'accepte moi d'ĂȘtre excitĂ©e et j'accepte tout ce qui vient de lui. " Plus facile Ă dire qu'Ă faire, cela sous-entend de s'abandonner sans retenue Ă son partenaire. Or, trĂšs souvent, et c'est valable pour les hommes Ă©galement, les couples restent sur la dĂ©fensive, soit que des tabous persistent, soit que l'on rĂ©siste Ă vraiment se donner, comme si on courait un risque. La crainte d'apparaĂźtre tel que l'on est reste tenace alors que c'est justement l'Ă©tat de confiance, l'absence de peur, l'accueil de ce qui arrive sans Ă©motions nĂ©gatives qui prĂ©parent la montĂ©e de la jouissance. Comme une libertĂ© qu'on s'accorde et qu'on accorde Ă l'autre.
Ăa paraĂźt Ă©vident, ça ne l'est pas.
La vision romantique du dĂ©sir amoureux, comme seul garant du plaisir, est souvent culturellement rattachĂ©e aux femmes, mais laisse peu de place aux rĂ©alitĂ©s de la jouissance. C'est un fait : pour jouir, il faut ĂȘtre excitĂ©. On le reconnaĂźt facilement pour l'homme sans que cela choque, moins chez la femme comme si, "plus sentimentale", elle n'avait besoin que de son dĂ©sir amoureux pour jouir. Le dĂ©sir est nĂ©cessaire certes, mais ne suffit pas. "La femme a autant besoin d'Ă©rotisme que l'homme", affirme Philippe Brenot. Etre Ă l'Ă©coute de ses cinq sens, les apprĂ©cier, laisser monter l'excitation que procurent les caresses, autant d'ingrĂ©dients de voluptĂ© qui permettent d'accĂ©der au plaisir. C'est un vĂ©ritable apprentissage qu'une femme peut rĂ©aliser dans sa vie grĂące Ă un partenaire expĂ©rimentĂ©, des lectures Ă©rotiques, et surtout en se mettant Ă l'Ă©coute de sa sensorialitĂ©: quelles sont les caresses qui me plaisent, quels sont les mots, les pensĂ©es qui aiguisent mon dĂ©sir ? Quant aux fantasmes, si l'on en a, surtout il ne faut pas les brider. Mais, au contraire, se les autoriser : ils participent Ă l'excitation, et qu'importe s'ils sont hard, c'est d'imaginaire qu'il s'agit, pas de passage Ă l'acte.
"Il est beau, bien, bon, agréable, convenable, simple, excellent, louable, méritoire, utile, habituel, stimulant, excitant, troublant, grisant, juste, bien-séant, naturel" de se masturber.
Philippe Brenot, dans son livre, n'a pas assez d'adjectifs pour vanter cette activitĂ© solitaire. Il semble; mais on peut douter de la sincĂ©ritĂ© des rĂ©ponses Ă ce type de questionnaire; qu'une femme sur deux ne se soit jamais masturbĂ©e. Le temps oĂč l'on pensait que cette pratique rendait sourd est rĂ©volu, mais persiste encore l'ignorance du lien bĂ©nĂ©fique entre auto-Ă©rotisme et sexualitĂ© Ă©panouie Ă deux. Comme si se faire plaisir toute seule Ă©tait un manquement Ă l'autre, un plaisir bassement Ă©goĂŻste, donc inutile. Faux! Savoir se procurer du plaisir, bien connaĂźtre les rĂ©actions de son corps et comment on parvient Ă la jouissance sont les garants du plaisir partagĂ©. Un Ă©goĂŻsme de bon aloi est la plus sĂ»re voie vers l'autre, Ă qui l'on n'assigne pas la responsabilitĂ© de vous faire jouir (par enchantement?). Il est essentiel d'ĂȘtre capable de s'exciter toute seule, de faire l'apprentissage de ses rĂ©actions sexuelles avant de pouvoir les vivre avec son partenaire, un partenaire Ă qui l'on pourra dire : "Touche-moi comme je me touche". De l'auto-Ă©rotisme Ă l'Ă©rotisme partagĂ©, le passage est fĂ©cond.
"La femme a des sexes partout", disait l'Ă©crivain Luce Irigaray.
Les sources du plaisir fĂ©minin sont nombreuses. Le corps possĂšde des rĂ©gions sensorielles qui transmettent au cerveau des messages de plaisir. Chez l'homme, la zone "gĂąchette" du plaisir se limite souvent au gland du pĂ©nis alors que la femme multiplie les corpuscules de voluptĂ© : l'appareil gĂ©nital mais aussi les seins, les rĂ©gions avoisinantes et souvent mĂȘme l'ensemble du corps. Les hommes l'ignorent puisque tel n'est pas leur cas. Quand ils caressent une femme, c'est en quelque sorte par altruisme, puisqu'ils donnent du plaisir d'une maniĂšre qui, eux, les laisse froids. MĂȘme s'ils ne sont bien Ă©videmment pas indiffĂ©rents au plaisir qu'ils donnent Ă leur partenaire. Il s'agit pour la femme de prendre conscience de la sensibilitĂ© de son corps. Ne dit-on pas justement qu'on a un homme "dans la peau" ? Juste expression qui traduit la forte implication du corps tout entier. Un corps qui doit se laisser explorer par les caresses pour dĂ©couvrir sa propre Carte du Tendre et apprivoiser ses rĂ©actions Ă©motionnelles et sensuelles.
Un nouvel éclairage projeté sur le fameux continent noir, c'est ce que propose le sexologue Philippe Brenot dans son livre "Le Sexe et l'Amour"*. S'appuyant en particulier sur son expérience clinique, il donne une lecture du plaisir féminin qui balaye beaucoup d'idées reçues. Voici dix vérités bonnes à dire qui devraient permettre aux femmes de "déculpabiliser les gestes les plus simples de la vie intime" et de booster leur plaisir. Pas de recherche de performance, mais une invitation à vivre sa sexualité, son univers amoureux et érotique de la façon la plus personnelle et la plus intense possible.
Le plaisir dĂ©pend de soi. Formule lapidaire et paradoxale, puisque faire l'amour suppose d'ĂȘtre deux Ă Ă©changer du plaisir. Mais l'Ă©change ne peut se faire qu'en se concentrant d'abord sur ses propres sensations et en confiant Ă l'autre son ressenti. Etre active, c'est parler Ă son partenaire, lui dire ce qu'on aime ou pas, le guider, mais aussi oser exprimer ses sensations par la voix et, pourquoi pas, par des cris, des rĂąles. Enoncer franchement son dĂ©sir: "J'ai envie de faire l'amour", " Viens maintenant ", etc.
"Les bons amants, observe Philippe Brenot, se parlent, commentent leur excitation, se donnent des informations. Trop de couples fonctionnent avec une sexualitĂ© stĂ©rĂ©otypĂ©e oĂč chacun calque son comportement sur celui de l'autre, faute de crĂ©ativitĂ© et surtout parce qu'ils ignorent qu'ils n'ont pas la mĂȘme approche du plaisir. " SchĂ©matiquement, l'homme est mono orgasmique, la femme multi ; lui n'aime pas trop les prĂ©liminaires, elle si ; lui est rapide Ă jouir, elle plus lente. Pour que cela marche, mieux vaut que la femme n'attende pas tout de son partenaire, qui n'a pas l'intuition miracle de ce qu'elle aime. A elle de le lui faire dĂ©couvrir, d'ĂȘtre davantage exigeante avec elle-mĂȘme plutĂŽt que vis-Ă -vis de son compagnon. Inutile d'attendre le baiser du prince charmant, mieux vaut ĂȘtre partie prenante du jeu amoureux en cultivant une autonomie psychologique et Ă©rotique.
Les sensations de plaisir intense augmentent au cours du rapport sexuel. C'est que la rĂ©gion gĂ©nitale est embrasĂ©e et la sensibilitĂ© du corps tout entier s'exacerbe. Certaines femmes vont Ă©prouver du plaisir par la stimulation de parties du corps autres que la rĂ©gion gĂ©nitale prĂ©cisĂ©ment. Cette possibilitĂ© de jouissance infinie est bien sĂ»r tributaire de circonstances particuliĂšrement favorables : se sentir amoureuse, sentir l'autre aimant et participant, dans un moment propice. Le plaisir fĂ©minin n'est pas capricieux, il ne demande qu'Ă s'Ă©panouir pour peu que les conditions s'y prĂȘtent. C'est dire si, dans un couple, le contexte amoureux est fondamental, et se cultive surtout aprĂšs la phase passionnelle du dĂ©but de la rencontre. DĂ©sir, excitation et amour sont les partenaires associĂ©s du bonheur sexuel, une association Ă cultiver.
* "Le sexe et l'amour" de Philippe Brenot, psychiatre, anthropologie et directeur d'enseignement en sexologie à l'université Paris-V.
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