L'île de l'Union qui n'existe plus

L'île de l'Union qui n'existe plus

CapitaleFR en collaboration avec AB Pictoris

Dans cet article, nous souhaitons aborder le sujet d'une importante enclave d'influence russe et du plus grand entrepôt d'armes en Europe : la République moldave autoproclamée de Transnistrie.

À la lumière du conflit en Ukraine et de la référence fréquente à la Transnistrie dans le contexte d'une éventuelle menace de débordement du conflit, il convient de mentionner que, selon l'accord du 21 juillet 1992, un petit contingent des forces armées russes, créé en 1995 sur la base de la 14e armée, se trouve sur le territoire de la république non reconnue. 

Conformément à la décision du sommet d'Istanbul de l'OSCE de 1999, la Russie s'est engagée à retirer les armes et tout le personnel de Transnistrie avant la fin de l'année 2002; or, cet engagement n'a jamais été tenu. Depuis 2001, les autorités moldaves n'ont cessé de préconiser le retrait des forces russes de ce territoire afin d'y installer une mission d'observation civile internationale. Selon la Cour européenne des droits de l'homme (2004), la Transnistrie est "sous le pouvoir effectif ou du moins sous l'influence décisive de la Fédération de Russie" et continue d'exister grâce au soutien militaire, économique et politique de la Russie. En juin 2018, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution appelant la Russie à retirer ses troupes de Transnistrie.

Il y a actuellement environ 7 000 hommes (avec 15 000 - 25 000 d'hommes en réserve) au sein des forces armées de Transnistrie. Il convient également de mentionner qu'il existe sur le territoire de la Transnistrie un "groupe opérationnel des troupes russes dans la région de Transnistrie de la République de Moldavie" comptant 1500 militaires. Les tâches de ce groupe opérationnel, selon les déclarations de l'état-major des forces armées russes, sont les suivantes :

1. Préparer les militaires à la participation et à l'exécution de l'opération de maintien de la paix ;

2. Assurer la sécurité des armes, des munitions et du matériel ;

3. Agir sur décision de l'état-major général des forces armées de la Fédération de Russie en cas de changement de la situation dans la région.

Carte réalisée par AB Pictoris dans le cadre de cet article

Pour mieux comprendre l'origine de cet avant-poste russe en Europe de l'Est, penchons-nous sur l'histoire de la région de Transnistrie.

Au début du Moyen Âge, le territoire de la Transnistrie moderne était habité par des tribus slaves, les Ulics et les Tibériens, ainsi que par des Turcs nomades également connus sous le nom de Pechenegs et de Polovtsiens. En 1569, la partie nord de Transnistrie, en tant que partie de la province de Bratslav, est devenue une partie de la province polonaise de Malopolska. Plus tard, en 1648, en tant que partie du Voievodstvo ("Région" en polonais) de Bratslav, elle est devenue une partie de Hetmanchyna, et en 1712, elle est devenue une partie de la Rzeczpospolita. 

Le sud de la Transnistrie a été annexé par la Horde d'Or en 1242, puis a fait partie du Khanat de Crimée à partir de la fin du XVe siècle. Il a ensuite été subordonné à la Horde Yedisan à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En 1770, la horde de Yedisan, composée de 8 000 Tatars, a accepté la citoyenneté russe et a gagné son indépendance par le traité de Kucuk Kainarji en 1774. Quelques années plus tard, en 1792, le traité de Jassy (9 janvier 1792) déclare ce territoire comme faisant partie de l'Empire russe.

Manifeste sur le traité de paix de Jassy avec l'Empire ottoman, 25 février 1792.

Dès la fin du XVIIIe siècle, l'Empire russe a colonisé la région pour protéger sa frontière sud-ouest. Les autorités russes ont encouragé la migration de Bulgares, Russes, Ukrainiens, Juifs, Allemands, Arméniens, Grecs et Moldaves vers la Transnistrie.

Carte de l'Empire russe (avant la Grande Guerre)

Tout au long du XIXe siècle, la Transnistrie est divisée entre le comté de Tiraspol de la province de Kherson, le comté de Balti, le comté d'Olgopol de la province de Podol et la province de Bessarabie. De 1918 à 1940, la partie rive droite du Dnietsr, alors en tant que partie de la Bessarabie, faisait partie de la Roumanie. La rive gauche faisait quant à elle partie de la République populaire d'Ukraine puis de l'Hetmanat de P.P. Skoropadsky à partir de 1918. Moins d'un an plus tard, en 1919-1920 et dans un contexte de guerre civile à la suite de la Révolution de 1917 au sein de l'Empire russe, la rive gauche du Dniestr était une composante du "Sud blanc" de la Russie et, après 1922, de l'URSS. Il est cependant intéressant de noter que cette partie de la Transnistrie a fait partie quelques mois de la République soviétique d'Odessa en 1918.

De 1924 à 1940, l'actuel territoire de la Transnistrie, sous le nom de République socialiste soviétique autonome (RSSA) de Moldavie, était rattaché à la République socialiste soviétique (RSS) d'Ukraine (à l'exception de la ville de Bendery, sur la rive droite du Dniestr). Elle devait devenir une tête de pont pour le retour de la Bessarabie - territoire actuel de la Moldavie - au sein de l'URSS, région annexée par la Roumanie en 1918.

Carte réalisée par AB Pictoris dans le cadre de cet article

Le 28 octobre 1920, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et le Japon ont signé avec la Roumanie le protocole dit de Paris, en vertu duquel ces pays, "estimant que du point de vue géographique, ethnographique, historique et économique, l'annexion de la Bessarabie à la Roumanie est pleinement justifiée", ont reconnu la souveraineté de la Roumanie sur la Bessarabie.

Affiche soviétique appelant à la libération de la Bessarabie, 1919
"Ouvriers et paysans, rejoignez l'Armée rouge ! En avant ! Pour la libération de la Bessarabie !"

Comme on peut le voir sur l'image, la Bessarabie est représentée par une femme appelant à l'aide, la Roumanie est dépeinte comme un serpent, avec en fond, une étoile représentant la Hongrie soviétique.

L'Union soviétique ne reconnaît pas l'annexion roumaine de la Bessarabie, et soutient notamment que les demandes soviétiques d'un référendum populaire sur le territoire de l'ancienne province russe de Bessarabie ont été rejetées à deux reprises par la partie roumaine.

Carte de la répartition ethnique de la Bessarabie en 1930
Source : Andrein, utilisateur de Wikipedia.

Revenons à la Transnistrie, alors inclue dans la RSSA de Moldavie. Le moldave, l'ukrainien et le russe ont été déclarés langues officielles de la République socialiste soviétique autonome de Moldavie. La capitale de la république est Balta, et est déplacée en 1929 à Tiraspol, qui conserve cette fonction jusqu'en 1940.

Un accent particulier a été mis sur le mouvement "samobitnetchestvo" - "Auto-identification", dont l'objectif était de préserver la langue et la culture du peuple moldave comme distinctes du roumain, dénotant son identité et sa personnalité. Certains linguistes débattent encore aujourd'hui afin de savoir si la langue moldave peut être considérée comme distincte du roumain (spoiler - elle peut).

Après l'invasion de la Pologne par les Allemands et les Soviétiques posant le cadre de l'annexion d'une partie des territoires polonais (Ukraine occidentale et Biélorussie occidentale) par l'URSS en septembre 1939 et la capitulation de la France le 26 juin 1940, l'URSS a demandé à la Roumanie, sous forme d'ultimatum, de lui céder le territoire de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord.

Privée du soutien de la France et également confrontée aux revendications territoriales de la Hongrie à l'Ouest, la Roumanie accepte l'ultimatum lancé par l'URSS. 

Le décret du Présidium du Soviet suprême de l'URSS du 15 août 1940 a nationalisé les banques, les entreprises industrielles et commerciales, les chemins de fer, les transports fluviaux et les moyens de communication en Bessarabie ; un autre décret de la même date a rétabli la nationalisation des terres sur ce territoire. Le 8 mars 1941, les habitants de la Bessarabie qui étaient auparavant sujets de l'ancien Empire russe ont reçu la citoyenneté soviétique.

Le 2 août 1940, lors de la VIIe session du Soviet suprême de l'URSS, la loi sur la formation de la République socialiste soviétique de Moldavie, a été adoptée.

Après la création de la République socialiste soviétique de Moldavie, alors détachée de la RSS d'Ukraine et ayant reçu le territoire de la Bessarabie, de nombreux colons venus de Russie et d'Ukraine se sont installés sur le territoire de l'actuelle République moldave de Transnistrie pour contribuer à l'établissement de l'industrie locale. La plupart des entreprises industrielles moldaves étaient concentrées en Transnistrie car l'économie de l'ex-Bessarabie avait un caractère agraire et était la plus "arriérée" de toutes les provinces roumaines : les entreprises industrielles de l'ex-Bessarabie étaient surtout engagées dans la transformation de produits agricoles (la part de la production de l'industrie alimentaire en 1937 était de 92,4 %).

Ce nouveau découpage territorial ne dure pas longtemps. Dès 1941, l'Allemagne attaque l'URSS, et la Roumanie, alors alliée du IIIe Reich, est en mesure de récupérer les territoires annexés par l'Union soviétique un an plus tôt. Outre la Bessarabie et la Bucovine du Nord, qui faisaient partie de la Grande Roumanie, toute la région située entre les fleuves du Boug méridional et du Dniestr (y compris les villes de Balta, Odessa et la partie de Nikolaev située sur la rive droite) est placée sous contrôle roumain et est appelée Transnistrie ("région de Transdniester").

Troupes allemandes à la frontière soviéto-roumaine le 1er juillet 1941.
(Source: Bundesarchiv, B 145 Bild-F016198-0032)

En 1944, avec l'entrée de l'Armée rouge dans les Balkans, les frontières sont revenues à la situation qui préexistait à l'invasion allemande de l'URSS.

En 1956, la 14e armée de l'URSS est stationnée en RSS de Moldavie. Elle y est restée même après l'effondrement de l'Union soviétique, gardant sur ce territoire les stocks d'armes et de munitions créés en cas d'opérations de combat sur le Théâtre sud-est de l'URSS des opérations militaires en Europe. En 1984, le quartier général de la 14e armée a été déplacé de Chisinau à Tiraspol.

En 1990, avant l'effondrement de l'URSS, les installations industrielles situées sur le territoire de l'actuelle République moldave autoproclamée de Transnistrie produisaient 40 % du PIB de la Moldavie et 90 % de l'électricité du pays : une centrale électrique moldave avait été construite à Dnestrovsk pour produire de l'électricité destinée à être exportée vers les pays du CAEM*.

*Le Conseil d'assistance économique mutuelle ou Conseil d'aide économique mutuelle (CAEM, également désigné par l'acronyme anglais Comecon ; en russe : СЭВ) était une organisation d'entraide économique entre différents pays communistes. Créé par Staline en 1949 en réponse au plan Marshall mis en place en 1947, il s'est dissous avec la chute du bloc soviétique le 28 juin 1991, à la fin de la guerre froide. Son siège se trouvait sur la rue Noviy Arbat à Moscou.

Logo du CAEM, 1949-1991
(Source : Lobatchev Vladimir)

Création de la République moldave de Transnistrie et les racines du conflit

Le drapeau de la RSS de Moldavie de Transnistrie (depuis 1991, le drapeau de la PMR), qui est une copie exacte du drapeau de la RSS de Moldavie, est utilisé au même titre que le drapeau russe.

La République socialiste soviétique moldave de Transnistrie a été proclamée république soviétique au sein de l'URSS lors du deuxième congrès des députés de tous les niveaux de Transnistrie, qui s'est tenu à Tiraspol le 2 septembre 1990. Le 22 décembre 1990, le président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, signe un décret "Sur les mesures de normalisation de la situation en RSS de Moldavie", dont le point 4 décrète "de considérer comme nulles et non avenues [...] les décisions du IIe Congrès des députés soviétiques de différents niveaux de certaines localités de Transnistrie du 2 septembre 1990 sur la proclamation [...] de la République socialiste soviétique moldave de Transnistrie".

Pour simplifier notre long article, nous allons passer à une synthèse des événements des années 1990 en Transnistrie.

En septembre 1988 est publiée la "Lettre 66", dans laquelle 66 écrivains moldaves de premier plan demandaient que seul le moldave, basé sur l'écriture latine, soit reconnu comme langue d'État et que cette langue soit considérée comme faisant partie de la langue roumaine. En automne, un certain nombre de manifestations avec des slogans de plus en plus radicaux se déroule avec les slogans suivants : "Moldavie - pour les Moldaves", "Valise - Gare - Russie", "Russes - par-dessus le Dniestr, Juifs - vers le Dniestr".

Un appel de 66 personnes (avec des caractères cyrilliques) demandant le retour à l'écriture latine, la fin de l'expérience de la "langue moldave" et l'octroi du statut de langue officielle au roumain.
(Source : Journal Pravda)

Le 30 mars 1989, le projet de loi sur la langue d'État, préparé par un groupe de travail du Soviet suprême de la RSS de Moldavie, a été publié, déclarant le moldave comme seule langue d'État. La loi a été adoptée par le Parlement de la République de Moldavie et publiée le 1er septembre 1989 sous le titre "Sur le fonctionnement des langues sur le territoire de la RSS de Moldavie". La loi garantit l'utilisation de l'ukrainien, du russe, du bulgare, de l'hébreu, du yiddish, du roumain et des langues d'autres groupes ethniques vivant sur le territoire de la république, pour répondre aux besoins nationaux-culturels. Des garanties particulières sont accordées à la langue russe, qui reçoit le statut de langue de communication interethnique, assurant ainsi un véritable bilinguisme national-russe et russe-ethnique. Cette loi est toujours en vigueur et n'a pas subi de changements majeurs depuis 1989 ; les trois amendements à cette loi (en 2003, 2011 et 2014) concernent des articles mineurs et n'ont aucune incidence sur le statut linguistique.

En Transnistrie, les deux projets de loi de 1989 ont été perçus comme discriminatoires, les députés transnistriens invoquant une discrimination à l'encontre de la population russophone, ce qui a donné lieu à un mouvement social spontané souhaitant l'introduction de deux langues d'État en Moldavie - le moldave et le russe. Des manifestations ont également eu lieu en Transnistrie contre la conversion de l'écriture moldave en écriture latine.

Le 10 août 1989, le Conseil commun des collectifs de travailleurs de Tiraspol est créé comme une sorte de conseil de coordination pour les insurgés de Transnistrie.

Le 3 décembre 1989 se déroule un référendum à Ribnitsa sur la création de la République soviétique autonome de Transnistrie.

Le 29 janvier 1990 se déroule cette fois un référendum à Tiraspol sur la création de la République soviétique autonome de Transnistrie.

Le 19 août 1990, une autre région moldave déclare son indépendance, la Gagaouzie (soutenue par les autorités de Transnistrie). Depuis 1994, la Gagaouzie fait partie de la République de Moldavie en tant qu'unité territoriale autonome spéciale Gagaouzie (Gagauz Yeri).

Le 25 octobre 1990, la "Marche sur la Gagaouzie" est organisée par le Premier ministre moldave Mircea Druk. Les sources gagaouzes estiment qu'environ 50 000 volontaires moldaves y ont participé. L'événement n'a pas eu d'impact stratégique.

Le 25 août 1991, le Soviet suprême de la République socialiste soviétique moldave de Transnistrie adopte une "Déclaration d'indépendance de la Transnistrie", mais la Constitution et la législation de l'URSS sont restées en vigueur sur ce territoire.

Le 18 décembre 1991, la République de Moldavie est reconnue par la Fédération de Russie.

Le 21 décembre 1991, la République de Moldavie signe d'un traité d'adhésion de la Moldavie à la Communauté des États indépendants (CEI).

Du 1er mars au 21 juillet 1992, la confrontation armée débute entre les rebelles transnistriens et les forces armées moldaves. Les principales hostilités se déroulent en direction de la ville de Dubasari et de Ribnita. L'un des événements marquants de cette période est l'attaque des forces spéciales du ministère de l'Intérieur moldave contre la 14e armée de la Fédération de Russie, qui (selon certaines sources) n'aurait pu être repoussée sans l'aide des rebelles transnistriens.

Le 21 juillet 1992 à Moscou, le président russe Boris Eltsine et le président moldave Mircea Snegur, en présence du président transnistrien Igor Smirnov, signent un accord "sur les principes de résolution du conflit armé dans la région transnistrienne de la République de Moldavie".

Le 29 juillet 1992, des forces russes de maintien de la paix sont déployées à Bender et Dubasari. Le 1er août 1992, la séparation des formations armées des parties en conflit a est achevée.

Les forces russes de maintien de la paix en Transnistrie.
(Source : Katehon)


Conclusion

Les raisons de cette confrontation sont ambiguës et ne peuvent pas être expliquées par les politiques soviétiques de découpage territorial. Comme le montre l'histoire de la région de Transnistrie, il est difficile de dire à quelle période historique ont eu lieu les événements décisifs de la formation des groupes nationaux et ethniques sur ce territoire. Cependant, il est important de souligner qu'un phénomène de (re)construction étatique autour d'une ethnie dominante s'est progressivement mis en place dans tous les Etats post-soviétiques. Par l'établissement de lois linguistiques déclassant parfois le statut de la langue russe, ou encore par la promotion de l'ethnie dominante, une grande partie des Russes ethniques sont partis des pays de l'ex-Union soviétique vers la Russie. Cela s'est également observé en Moldavie, à l'exception de l'existence en son sein de cette "île" russophile de l'Union alors tout juste disparue, alimentant ainsi les braises d'un conflit inévitable.

Gheorghe Ghimpu, un chercheur moldave et l'un des initiateurs de la lutte pour l'indépendance de la Moldavie, hisse le drapeau roumain au-dessus du bâtiment du Conseil suprême soviétique à Chisinau.

La perestroïka proclamée par les dirigeants soviétiques au milieu des années 1980 a par ailleurs entraîné une augmentation de l'activisme social au sein de la population. Dans les républiques nationales, cela s'est traduit notamment par l'émergence et la croissance des mouvements de libération nationale. Dans le cas de la Moldavie, ce scénario était difficile à réaliser en raison de la réinstallation séculaire de groupes ethniques russophones dans cette zone géographique.

Ainsi, le cas de la Transnistrie est unique : l'insurrection est née avec peu ou pas de soutien direct de la Fédération de Russie (ce qui ne sera pas le cas plus tard), et cela peut largement s'entendre compte tenu des événements qui se déroulaient dans toutes les anciennes républiques soviétiques et à Moscou même à l'époque. Les énormes problèmes au sein de l'armée et l'instabilité économique du nouvel État russe dans les années 1990 ne permettent pas d'affirmer le contraire. Il serait en effet insensé d'investir des budgets dans la formation d'États-marionette à l'étranger que l'inflation de l'Etat-héritier d'une Union soviétique en ruine franchit la barre des trois chiffres.

L'inflation en Russie a atteint 160 % en 1991 et a dépassé le seuil des 2 500 % en 1992.
( Source : fr.tradingeconomics.com)

Comme mentionné plus tôt dans l'article, l'une des tâches du groupement opérationnel des troupes russes en Transnistrie est de surveiller le plus grand dépôt de munitions d'Europe près du village de Colbasna. Il y a actuellement entre 19 000 et 21 500 tonnes de munitions stockées, comprenant notamment obus, bombes aériennes, mines, et grenades, qui pourraient remplir 2 500 wagons. Parmi ces munitions, 57 % sont périmées et ne peuvent être utilisées ou transportées, et toutes les armes et tous les équipements militaires ont été retirés ou détruits. Cependant, la détonation possible des munitions existantes pourrait être comparable à celle de la bombe nucléaire de 10 kilotonnes larguée sur Hiroshima en août 1945. Nous n'avons pas pu trouver d'informations sur le type et le modèle exacts des armes qui y sont stockées en sources ouvertes, ce qui nous donne des raisons de mettre en doute l'efficacité partielle au combat et l'état de préparation opérationnelle des armes.

Il convient enfin de noter que le drapeau de la Fédération de Russie est le deuxième drapeau national de la Transnistrie et qu'en 2006, la Transnistrie a organisé un référendum qui, selon les résultats annoncés, a vu 97,2% des électeurs voter en faveur de l'adhésion à la Russie. Tout ceci nous permet de souligner que la Transnistrie reste avant tout un avant-poste idéologique plutôt que militaire du "monde russe".

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