Un vieil homme longuement domin par une maitresse
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Un vieil homme longuement domin par une maitresse
À M. le Vicomte Joseph d’Izarn-Fréissinet
( Suite d’une variété dans l’amour )
( Suite d’une variété dans l’amour )
( Suite d’une variété dans l’amour )
Paris. — Imp. A. Lemerre , 6, rue des Bergers.
« Y. de Bigorre, comtesse d’Artelles »
Paris, 17 Octobre 18… rue Louis-le-Grand, 5.
Paris. — Imp. A. Lemerre , 6, rue des Bergers.
Dernière modification il y a 9 ans par Acélan
Voici, Vicomte, cette Vieille Maîtresse que je vous ai dédiée quand elle n’était encore, comme l’opéra de Gluck, dans Hoffmann, qu’un cahier de papier blanc. Elle est restée longtemps inachevée sous votre regard bienveillant et curieux. Hélas ! en tout les premiers moments sont si beaux qu’on a peut-être tort d’achever les livres qu’on commence. Le mien, qui s’est trouvé fini par je ne sais quelle inexplicable persévérance, prend votre nom pour son étoile. Qu’il vous plaise, à vous, esprit difficile, éprouvé, sybarite de l’intelligence, et pour moi tout sera dit ; mais vous plaira-t-il ? J’ai l’inquiétude des ambitieux et des coquettes. Vous qui êtes profond — sans y tenir — comme si vous n’étiez pas brillant, et brillant comme si vous n’étiez pas profond, — sans avoir l’air d’y tenir davantage, — trouverez-vous un peu de peinture vraie et d’observation réelle dans ce livre que je vous dédie ? Trouverez-vous que ce sont là des portraits qui marchent et que j’ai un peu éclairé, à ma manière, ces obscurs replis entortillés et redoublés de l’âme humaine, que tous les penseurs du monde déroulent et détirent, chacun de son côté, et qui se rétractent tant sous leurs efforts ?… Jugez-en. Mon succès sera surtout la faveur de votre opinion. Je ne rêve plus grand’chose maintenant, même la gloire. J’ai trop perdu de plomb à tirer les hirondelles sur les rivières pour bien viser ce bel Oiseau bleu moqueur, couleur du temps , qui ne vient à nous promptement que dans les contes. Je l’y ai laissé. Je troquerais toutes les plumes de ses ailes pour votre seule approbation. Je la choisirais entre toutes les autres, en me rappelant l’épigramme de Gœthe : « Que le sable reste le sable, mais la pierre précieuse est à moi ! »
Le Roman que voici fut publié en 1851, pour la première fois.
À cette époque, l’auteur n’était pas entré dans cette voie de convictions et d’idées auxquelles il a donné sa vie. Il n’avait jamais été un ennemi de l’Église. Il l’avait, au contraire, toujours admirée et réputée comme la plus belle et la plus grande chose qu’il y ait, même humainement, sur la terre. Mais chrétien par le baptême et par le respect, il ne l’était pas de foi et de pratique, comme il l’est devenu, grâce à Dieu.
Et comme il n’a pas simplement ôté son esprit des systèmes auxquels il l’avait, en passant, accroché, mais que, dans la mesure de son action et de sa force, il a combattu la philosophie et qu’il la combattra tant qu’il aura souffle, les Libres Penseurs, avec cette loyauté et cette largeur de tête qu’on leur connaît, n’ont pas manqué d’opposer à son catholicisme d’une date récente un Roman d’ancienne date, qui ose bien s’appeler UNE VIEILLE MAÎTRESSE, et dont le but a été de montrer non seulement les ivresses de la passion, mais ses esclavages.
Eh bien ! c’est cette opposition entre un livre pareil et sa foi que l’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE entend repousser aujourd’hui. Il n’admet nullement, quoiqu’il plaise aux Libres Penseurs de le dire, que son livre, dont il accepte la responsabilité puisqu’il le réédite, soit véritablement une inconséquence aux doctrines qui sont à ses yeux la vérité même. À l’exception d’un détail libertin dont il se reconnaît coupable, détail de trois lignes , et qu’il a supprimé dans l’édition qu’il offre aujourd’hui au public, UNE VIEILLE MAÎTRESSE, quand il l’écrivit, méritait d’être rangée dans la catégorie de toutes les compositions de littérature et d’art qui ont pour objet de représenter la passion sans laquelle il n’y aurait ni art, ni littérature, ni vie morale, car l’excès de la passion, c’est l’abus de notre liberté.
L’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE n’était donc alors, comme il n’est encore aujourd’hui, qu’un romancier qui a peint la passion telle qu’elle est et telle qu’il l’a vue, mais qui, en la peignant, à toute page de son livre l’a condamnée. Il n’a prêché ni avec elle ni pour elle. Comme les romanciers de la Libre Pensée, il n’a pas fait de la passion et de ses jouissances le droit de l’homme et de la femme et la religion de l’avenir. Il l’a exprimée, il est vrai, le plus énergiquement qu’il a pu, mais est-ce de cela qu’on lui fait un reproche ?… Est-ce de l’ardeur de sa couleur comme peintre qu’il doit catholiquement s’accuser ?… En d’autres termes, la question posée contre lui à propos d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE n’est-elle pas beaucoup plus haute et plus générale que l’intérêt d’un livre dont on ne parlait pas tout le temps qu’on manquait de motif pour le jeter à la tête de son auteur ? Et cette question n’est-elle pas, en effet, celle du roman lui-même, auquel les ennemis du Catholicisme nous défendent, à nous, Catholiques, de toucher ?
Oui, voilà la question ! Posée ainsi, elle est impertinente et comique. Voyez plutôt ! Dans la morale des Libres Penseurs, les Catholiques n’ont pas le droit de toucher au roman et à la passion, sous le prétexte qu’ils doivent avoir les mains trop pures, comme si toutes les blessures qui jettent du sang ou du poison n’appartenaient pas aux mains pures ! Ils ne peuvent pas toucher au drame non plus, car c’est de la passion encore. Ils ne doivent toucher ni à l’art, ni à la littérature, ni à rien, mais s’agenouiller dans un coin, prier et laisser le monde et la Libre Pensée tranquilles. Certes, je le crois bien que les Libres Penseurs voudraient cela ! Si c’est bouffon par un côté, par l’autre une telle idée a sa profondeur. Je crois bien qu’ils aimeraient à se débarrasser de nous par un tel ostracisme, à pouvoir dire, nous ayant barré toutes les avenues, toutes les spécialités de la pensée : « Ces misérables Catholiques ! sont-ils en dehors de toutes les voies de l’esprit humain ! » Mais franchement, il nous faut une autre raison que celle-là, pour accepter, d’un cœur humble et docile, la leçon que les ennemis du Catholicisme ont la bonté de nous faire sur la conséquence catholique de nos actes et l’accomplissement de nos devoirs.
Et pour en parler, d’ailleurs, d’où le connaissent-ils, le Catholicisme ?… Ils n’en savent pas le premier mot. Ils le méprisent trop pour l’avoir jamais étudié. Est-ce leur haine qui en a deviné l’esprit sous la lettre ? Ce qu’il y a moralement et intellectuellement de magnifique dans le Catholicisme, c’est qu’il est large, compréhensif, immense ; c’est qu’il embrasse la Nature humaine tout entière et ses diverses sphères d’activité et que, par-dessus ce qu’il embrasse, il déploie encore la grande maxime : « Malheur à celui qui se scandalise ! » Le Catholicisme n’a rien de prude, de bégueule, de pédant, d’inquiet. Il laisse cela aux vertus fausses, aux puritanismes tondus. Le Catholicisme aime les arts et accepte, sans trembler, leurs audaces. Il admet leurs passions et leurs peintures, parce qu’il sait qu’on en peut tirer des enseignements, même quand l’artiste lui-même ne les tire pas.
Il y a pour les esprits impurs de terribles indécences dans le tableau de Michel-Ange (le Jugement dernier) et on trouve dans plus d’une cathédrale de ces choses qui auraient fait couvrir les yeux d’un protestant avec le mouchoir de Tartuffe. Est-ce que le Catholicisme les condamne, les repousse et les a effacées ?… Est-ce que les plus grands Papes et les plus saints n’ont pas protégé les Artistes qui faisaient de ces choses, dont l’austérité des protestants aurait eu et a eu horreur comme de sacrilèges ?… Quand le Catholicisme a-t-il interdit de raconter un fait de passion, si affreux, si criminel qu’il fût, d’en tirer des effets pathétiques, d’éclairer un gouffre dans le cœur de l’homme, quand même il y aurait au fond du sang et de la fange ; enfin d’écrire du roman, c’est-à-dire de l’histoire possible quand elle n’est pas réelle , c’est-à-dire, en d’autres termes, de l’histoire humaine ?… Nulle part ! Il a tout permis, au contraire, mais sous cette réserve absolue que le roman ne serait jamais une propagande de vices ou une prédication d’erreur ; que jamais il ne se permettrait de dire que le bien est le mal et que le mal est le bien, et qu’il ne sophistiquerait point au profit de doctrines abjectes ou perverses comme les romans de Madame Sand et de Jean-Jacques Rousseau. Sous cette réserve, le Catholicisme a même permis de peindre le vice et l’erreur dans leurs faits et gestes et de les peindre ressemblants. Il ne coupe point les ailes au génie, quand génie il y a…
Il n’eût point empêché Shakespeare, si Shakespeare lui eût appartenu, d’écrire cette sublime scène qui ouvre Richard III , dans laquelle la femme désolée qui suit le cercueil de son mari, empoisonné par son frère, après avoir vomi des imprécations épouvantables contre l’assassin, finit par lui donner sa bague d’épouse et par s’abandonner à son faux et incestueux amour. C’est abominable, c’est affreux, les niais disent même improbable , parce que ce hideux changement du cœur d’une femme a lieu dans la courte durée d’une scène, ce qui est, selon moi, une vérité de plus ; oui, c’est abominable et affreux, mais c’est beau de vérité humaine, profondément, cruellement, effroyablement beau, et la vérité et la beauté, en quelque genre qu’elles soient, ne sont point retranchées ni abolies par le Catholicisme, qui est la vérité absolue. Et, remarquez bien ! Shakespeare ne dogmatise pas. Il expose. Il ne dit pas ou ne fait pas dire au spectateur : « Richard III a raison. Cette femme qu’il séduit sur le corps chaud de son mari assassiné a raison de se laisser séduire par le beau-frère assassin que voilà roi. — Non ! il dit : « Cela est, » et avec la superbe impassibilité de l’artiste, qui est quelquefois impassible, il le fait voir, et d’une façon si puissante que le cœur s’en tord dans la poitrine, et que le cerveau en est frappé comme d’une décharge d’électricité foudroyante.
Eh bien ! descendez de Shakespeare à tous les artistes, et vous avez le procédé de l’art que le Catholicisme absout et qui consiste à ne rien diminuer du péché ou du crime qu’on avait pour but d’exprimer.
Mais il y a plus, et le Catholicisme va plus loin encore. Quelquefois le vice est aimable. Quelquefois la passion a des éloquences, quand elle se raconte ou se parle, qui sont presque des fascinations. L’artiste catholique reculera-t-il devant les séductions du vice ? Étouffera-t-il ces éloquences de la passion ? Devra-t-il s’abstenir de peindre l’un et l’autre, parce qu’ils sont puissants tous deux ? Dieu, qui les a permis à la liberté de l’homme, ne permettra-t-il pas à l’artiste de les mettre dans son œuvre à son tour ?… Non, Dieu, le créateur de toutes les réalités, n’en défend aucune à l’artiste, pourvu, je le répète, que l’artiste n’en fasse pas un instrument de perdition. Le Catholicisme n’éclope pas l’art par peur du scandale. Il est bon même parfois que le scandale soit.
Il y a quelque chose {qu’on me passe le mot) de plus catholique qu’on ne croit dans l’inspiration de tous ces peintres qui se sont plu à retracer la beauté splendide comme l’or, la pourpre et la neige, de cette bouchère, de cette bourrèle d’Hérodiade, l’ assassine de saint Jean. Ils ne l’ont privée d’aucun de ses charmes. Ils l’ont faite divine de beauté, en regardant la tête coupée qu’on lui offre, et elle n’en est que plus infernale d’être si divine ! Voilà, en tout, comme l’art doit s’y prendre. Peindre ce qui est, saisir la réalité humaine, crime ou vertu, et la faire vivre par la toute-puissance de l’inspiration et de la forme, montrer la réalité, vivifier jusqu’à l’idéal, voilà la mission de l’artiste. Les artistes sont catholiquement au-dessous des Ascètes, mais ils ne sont point des Ascètes : ils sont des artistes. Le Catholicisme hiérarchise les mérites, mais ne mutile pas l’homme. Chacun de nous a sa vocation dans ses facultés. L’artiste n’est pas non plus un préfet de police d’idées . Quand il a créé une réalité, en la peignant, il a accompli son œuvre. Ne lui demandez rien de plus !
Mais j’entends l’objection et je la connais… Mais la moralité de son œuvre ! mais l’influence de son œuvre sur la moralité publique déjà ébranlée ! etc., etc., etc.
À tout cela, je réponds en sécurité : la moralité de l’artiste est dans la force et la vérité de sa peinture. En peignant la réalité, en lui infiltrant, en lui insufflant la vie, il a été assez moral : il a été vrai. Vérité ne peut jamais être péché ou crime. Si on abuse d’une vérité, tant pis pour ceux qui en abusent ! Si on conclut d’une œuvre d’art vivante et vraie, si on en conclut des choses mauvaises, tant pis pour les coupables raisonneurs ! L’artiste n’est pour rien dans la conclusion. « Il y a prêté, » direz-vous. Est-ce que Dieu a prêté aux crimes et aux péchés des hommes en créant l’âme libre de l’homme ? Est-ce qu’il a prêté au mal que les hommes peuvent faire, en leur donnant tout ce dont ils abusent, en leur mettant sa magnifique et calme et bonne création sous leurs mains, sous leurs pieds, dans leurs bras ?… Allez, j’ai connu des imaginations si déréglées et si charnelles qu’elles sentaient le fouet de feu du désir en regardant les cils baissés des Vierges de Raphaël. Fallait-il que Raphaël s’arrêtât pour éviter ce danger et qu’il jetât au feu sa Vierge d’Albe , sa Vierge à la Chaise , et tous ses chefs-d’œuvre de pureté, apothéoses vingt fois recommencées de la Virginité humaine ? À certaines gens, tout n’est-il pas achoppement, occasion de chute ?… L’Art doit-il expirer vaincu par des considérations à hauteur d’appui pour toutes les défaillances ? Doit-on le remplacer par un système préventif de haute prudence qui ne permette rien de tout ce qui peut être dangereux, c’est-à-dire, en définitive, rien de rien ?
L’artiste crée, en reproduisant les choses que Dieu a faites et que l’homme fausse et bouleverse. Quand il les a reproduites exactement, lumineusement, il a, cela est certain, comme artiste, toute la moralité qu’il doit avoir. Si on a l’esprit juste et pénétrant, on peut toujours tirer de son œuvre, désintéressée de tout ce qui n’est pas la vérité, l’enseignement, parfois contenu, qu’elle enveloppe. Je sais bien qu’on sera quelquefois obligé de creuser avant, mais les artistes écrivent pour leurs pairs, ou du moins pour ceux qui les comprennent. Et d’ailleurs, est-ce un crime que la profondeur ?… Assurément la sagesse catholique est plus vaste, plus ronde, plus franche et plus robuste que ne l’imaginent Messieurs les Moralistes de la Libre Pensée. Qu’ils demandent aux Jésuites, à ces étonnants politiques du cœur humain, qui entendaient si grandement la morale, qui la voyaient de si haut, quand au contraire les Jansénistes la rapetissaient et la voyaient de si bas, la rendaient si étroite, si bête et si dure ! Qu’ils interrogent un de ces Casuistes à l’esprit de discernement et de soulagement, comme l’Église en a tant produit, surtout en Italie, et ils apprendront, puisqu’ils l’ignorent, qu’aucune prescription ne nous arrache des mains la passion dont le roman écrit l’histoire et que le Catholicisme étroit, chagrin et scrupuleux, qu’ils inventent contre nous, n’est pas celui-là qui fut toujours la Civilisation du monde, aussi bien dans l’ordre de la pensée que dans l’ordre de la moralité !
Et ceci n’est point une théorie inventée à plaisir pour les besoins d’une cause, c’est l’esprit même du Catholicisme. L’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE demande à être jugé à cette lumière. Le Catholicisme est la science du Bien et du Mal. Il sonde les reins et les cœurs, deux cloaques, remplis, comme tous les cloaques, d’un phosphore incendiaire ; il regarde dans l’âme : c’est ce que l’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE a fait. Ce qu’il a montré s’y trouve-t-il ?… Il a dit la passion et ses fautes, mais en a-t-il fait l’apothéose ?… Il a dit sa puissance, ses encharmements, l’espèce de barre qu’elle met dans notre libre arbitre, comme dans un écusson faussé. Il n’a étriqué ni la passion, ni le Catholicisme, tout en les peignant. Ou UNE VIEILLE MAÎTRESSE doit être absoute de ce qu’elle est, quoi qu’elle soit, ou il faut renoncer à cette chose qui s’appelle le roman. Ou il faut renoncer à peindre le cœur humain, ou il faut le peindre tel qu’il est.
Il n’y a que Messieurs de la Libre Pensée, si dévoués aux intérêts sociaux comme on sait, qui aient pu trouver une VIEILLE MAÎTRESSE subversive. Elle ! Mais l’auteur, en racontant cette triste histoire, aurait pu être impassible et il ne l’a pas été ! Il a condamné Marigny, le mari coupable ! il lui a donné des remords et même des hontes ! il l’a fait se confesser à sa grand’mère et se condamner lui-même. Mais sa femme, à qui Marigny finit par demander pardon, ne lui pardonne pas ! Aucun romancier n’a été plus que l’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE le Torquemada de ses héros. Subversif, son livre ! mais n’y a-t-il plus à peindre, sous peine de mettre tout en péril, que des Grandissons ?… Oui, la passion est révolutionnaire, mais c’est parce qu’elle l’est, qu’il importe de la montrer dans toute son étrange et abominable gloire. C’est, au point de vue de l’Ordre, une bonne histoire à écrire que l’histoire des Révolutions.
Voilà ce que nous avions à dire à Messieurs de la Libre Pensée ! Finissons par un mot de leur Maître. Il est de viles décences , disait Rousseau.
Le Catholicisme ne les connaît pas.
Une nuit de février 183., le vent sifflait et jetait la pluie contre les vitres d’un appartement, situé rue de Varennes, et meublé avec toutes les mignardes élégances de ce temps d’égoïsme sans grandeur. Cet appartement — boudoir dessiné en forme de tente — était gris de lin et rose pâle, et il était aussi chaud, aussi odorant, aussi ouaté que l’intérieur d’un manchon.
C’était le boudoir d’une femme qui n’avait jamais boudé infiniment, mais qui ne boudait plus du tout, — de la vieille marquise de Flers.
Une petite table en laque de Chine, couverte de porcelaines du Japon, était placée devant un large feu qui achevait de se consumer en braise ardente. La théière ouverte attendait l’infusion parfumée. La bouilloire d’argent bruissait… rêveur murmure qu’a chanté Wordsworth, le lakiste, quoique ce ne fût pas le bruit d’un lac.
Aux deux angles de la cheminée, dans de grands fauteuils de velours violet, deux femmes, vieilles toutes deux, au front carré, encadré de cheveux gris lissés, l’air patricien, — physionomie de plus en plus rare, — causaient peut-être depuis longtemps. Elles ne travaillaient pas ; elles étaient oisives ; mais le rien-faire sied à la vieillesse, surtout quand elle a cette dignité. Entre ces deux nobles et antiques cariatides, entre ces vieilles aux mains luisantes et polies comme la porcelaine dans laquelle elles allaient boire leur thé, il y avait, capricieusement assise sur un coussin de divan, à leurs pieds, une jeune fille dont le profil, éclairé par l’écarlate reflet de la braise, ressemblait à la belle médaille grecque qui représente Syracuse, non sur du bronze alors, mais sur un fond d’or enflammé. Elle avait travaillé tout le soir en silence. Mais la soirée s’avançant toujours, fatiguée de son éternelle tapisserie, elle l’avait laissée rouler de ses mains avec une nonchalance douloureuse. Puis elle s’était levée, avait pris la bouilloire au foyer, et s’était mise à verser l’eau fumante sur les feuilles qui devaient l’ambrer doucement de leurs parfums.
Cette belle tête pâle, les cils baissés, le front grossi par l’attente, les sourcils froncés, la bouche sérieuse, aperçue à travers la vapeur qui s’élevait de la théière, était d’une beauté presque aussi grandiose et aussi tragique que celle d’une magicienne composant un philtre.
Hélas ! de philtre, elle n’en composai
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MILF en transe baise à l'hôtel