Un interview se transforme en autre chose

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Un interview se transforme en autre chose
Vous venez de dire que Hitler Ă©tait obsĂ©dĂ© par l’idĂ©e de vivre dans un monde “libĂ©rĂ© des Juifs”. C’était sa folie personnelle, mais beaucoup de gens la partageaient. Cela me paraĂźt trĂšs important si l’on veut pouvoir expliquer la fonction de bouc Ă©missaire non seulement de la population juive, mais de n’importe quel groupe dans d’autres systĂšmes. Dans “C’est pour ton bien”, vous avez dĂ©crit la façon dont un individu en vient Ă  l’idĂ©e folle que les Juifs font le malheur d’une nation. Mais il semblerait que les sociĂ©tĂ©s continuent Ă  avoir besoin de boucs Ă©missaires, qu’elles en produisent toujours de nouveaux.
Post Ă©crit que dans des Etats d’Europe de l’Est comme la RĂ©publique tchĂšque, par exemple, la haine envers les Tziganes et les Roms s’accroĂźt depuis qu’il n’y a presque plus de Juifs. Il attire l’attention sur le fait qu’en Pologne, l’antisĂ©mitisme prend des formes franchement grotesques, puisque ce pays n’a lui non plus pratiquement plus de Juifs. Pourtant, on continue Ă  les rendre responsables des problĂšmes de la sociĂ©tĂ©. Ce serait encore le cas mĂȘme s’il n’y avait rĂ©ellement plus une seule personne d’origine juive en Pologne. C’est pourquoi je parle ici de folie, et cette folie peut se retourner contre n’importe quel groupe selon les circonstances.
Aux Etats-Unis, dans les annĂ©es 1950, on se sentait cernĂ© par les communistes, alors mĂȘme qu’il n’existait aucun danger que le pays soit totalement infiltrĂ© par le communisme. Quand la folie d’un individu s’allie Ă  celle des autres, quand elles commencent Ă  coĂŻncider, cela donne facilement naissance Ă  une hystĂ©rie collective. La structure paranoĂŻde qui s’est dĂ©veloppĂ©e pendant l’enfance a besoin de se raccrocher Ă  quelque chose, sauf si la personne parvient Ă  comprendre l’origine de cette structure et, Ă  partir de lĂ , travaille Ă  la dissoudre peu Ă  peu. Lorsqu’un ĂȘtre humain parvient Ă  ressentir Ă  quel point il a eu peur de ses parents dans sa petite enfance, il ne trouve plus nĂ©cessaire de craindre des minoritĂ©s ou les Ă©trangers. Le besoin de stigmatiser des minoritĂ©s sociales comme Ă©trangĂšres et de les persĂ©cuter disparaĂźt. L’individu qui prend enfin conscience de l’absurditĂ© des persĂ©cutions subies de la part de ses parents devient capable de dĂ©celer en lui-mĂȘme une folie identique et de la neutraliser progressivement. Ce n’est peut-ĂȘtre pas possible absolument dans tous les cas, mais, le plus souvent, cette façon de faire pourrait fonctionner. Beaucoup de gens comprendraient alors Ă  quel point leurs parents, de leur cĂŽtĂ©, avaient peur de l’enfant qu’ils Ă©taient alors, de sa vitalitĂ©, des besoins qu’il exprimait, besoins Ă  l’origine tout Ă  fait vitaux. Ils s’apercevraient qu’ils ont eux-mĂȘmes Ă©tĂ© littĂ©ralement poussĂ©s Ă  la folie par cette peur irrationnelle que leurs parents Ă©prouvaient Ă  cause de leur propre enfance.
J’ai l’impression qu’il doit ĂȘtre possible de dĂ©couvrir une folie personnelle chez n’importe quel dictateur. Il est clair que le fascisme et sa variante allemande, le nazisme, Ă©taient des idĂ©ologies qui ne visaient pas Ă  libĂ©rer, mais Ă  exercer un pouvoir et Ă  opprimer. Le communisme sous ses diffĂ©rentes formes s’est prĂ©sentĂ© comme venant libĂ©rer les pauvres et les opprimĂ©s. Il y avait Ă  cela des motifs bien rĂ©els. Mais ensuite, on en revient toujours au sadisme. Dans la Chine de Mao TsĂ©-Toung, les intellectuels et les gens instruits, et plus particuliĂšrement les jeunes, justement, ont Ă©tĂ© envoyĂ©s de force Ă  la campagne pour travailler la terre pendant des annĂ©es. D’innombrables vies ont Ă©tĂ© ainsi gĂąchĂ©es.
J’aimerais citer ici une dĂ©claration de Mao TsĂ©-Toung faite devant un journaliste dans les annĂ©es 1930 : “Quand j’avais environ treize ans, une dispute a Ă©clatĂ© entre mon pĂšre et moi en prĂ©sence d’un grand nombre de personnes qu’il avait invitĂ©es. Mon pĂšre m’a rĂ©primandĂ© publiquement, me traitant de paresseux et d’inutile. Cela m’a mis en colĂšre. Je l’ai maudit et j’ai quittĂ© la maison. Ma mĂšre a couru aprĂšs moi pour essayer de me faire revenir. Mon pĂšre m’a suivi lui aussi en jurant et en m’ordonnant de rentrer. ArrivĂ© au bord d’une mare, j’ai menacĂ© de m’y jeter s’il faisait un pas de plus vers moi. Dans cette situation, les nĂ©gociations ont commencĂ©, chacun prĂ©sentant ses exigences pour mettre fin Ă  cette guerre civile. Mon pĂšre insistait pour que je m’excuse et que je fasse un kotou [rĂ©vĂ©rence] en signe de soumission. J’ai acceptĂ© de mettre un genou en terre s’il promettait de ne pas me battre. La guerre s’est terminĂ©e ainsi, et cela m’a appris que si je dĂ©fendais mon droit dans une rĂ©volte ouverte, mon pĂšre cĂ©dait, alors que si je restais humble et obĂ©issant, il ne ferait que me maudire et me frapper davantage.” (CitĂ© d’aprĂšs Grimm.) Mao avait donc un pĂšre tyrannique. On sait aussi qu’à dix-sept ans, il a dĂ» lutter Ăąprement pour avoir le droit d’entrer dans une Ă©cole contre la volontĂ© dĂ©clarĂ©e de son pĂšre (source : Grimm). Le besoin de se dĂ©fendre contre l’injustice peut aussi avoir sa source dans l’enfance. Mais ensuite, ce combat contre une injustice rĂ©elle se transforme en autre chose.
Mao est un bon exemple. D’abord, le fils se rĂ©volte contre la cruautĂ© du pĂšre, il veut mobiliser le peuple tout entier contre l’injustice qu’il a subie, mais Ă  peine est-il au pouvoir qu’il reprend les mĂ©thodes d’oppression de son pĂšre, parce que, enfant, il n’a appris que la violence et la force. Avec de tels dirigeants, le combat pour la justice ne peut qu’échouer, et c’est ce qui s’est passĂ© dans tous ces cas. On est bien sĂ»r toujours surpris de voir aussi souvent des paranoĂŻaques non seulement parvenir au pouvoir, mais le conserver aussi longtemps, mĂȘme des annĂ©es aprĂšs avoir Ă©tĂ© frappĂ©s de dĂ©mence sĂ©nile, comme cela a Ă©tĂ© le cas de Mao et d’autres dictateurs. DerriĂšre chaque pouvoir se cachent toutes sortes d’intĂ©rĂȘts et de groupes, mais il paraĂźt clair que les souffrances de l’enfance restĂ©es inconscientes libĂšrent une Ă©norme Ă©nergie destructrice. Une Ă©nergie qui sera en permanence utilisĂ©e par l’adulte pour ne jamais ressentir ces souffrances.
Ce qu’on a pu observer sous une forme attĂ©nuĂ©e dans la Chine de Mao au cours de la “RĂ©volution culturelle” a atteint un summum sous les Khmers rouges au Cambodge. Pol Pot a fait assassiner presque tous les intellectuels. On ne pouvait plus tolĂ©rer ni mĂ©decins, ni enseignants, ni ingĂ©nieurs. Les porteurs de lunettes Ă©taient d’emblĂ©e suspects, on les abattait au rĂąteau pour Ă©conomiser les munitions. Il me semble qu’il s’agissait lĂ  d’une conception dĂ©lirante qui a conduit les rĂ©volutionnaires Ă  se faire du mal Ă  eux-mĂȘmes, la lutte de libĂ©ration des pauvres se transformant en destruction totale de la sociĂ©tĂ©. Au Cambodge, l’argent a Ă©tĂ© interdit, les villes Ă©vacuĂ©es. Personne ne devait plus rien possĂ©der (source : Chandler). A partir du moment oĂč l’autodestruction devient aussi Ă©vidente, touchant mĂȘme ceux qui sont au pouvoir, on ne peut plus justifier ce qui se passe par la seule idĂ©ologie. Il me semble plutĂŽt que cette idĂ©ologie naĂźt d’une obsession prĂ©existante, ou encore qu’elle se soumet Ă  cette obsession, se transforme en elle.
Je le crois aussi. Les futurs dictateurs prennent dans l’air du temps ce qui peut le mieux les servir. Ils utilisent les idĂ©ologies comme un masque pour couvrir leur propre folie. On se demande comment un homme peut en venir Ă  se reprĂ©senter comme un paradis un endroit oĂč il n’y a plus ni mĂ©decins, ni enseignants pour les enfants. Je suppose qu’il serait possible de rĂ©pondre Ă  cette question si on en savait davantage sur l’enfance de Pol Pot. J’ai seulement pu apprendre que le dictateur Ă©tait issu d’une famille nombreuse, qui n’était pas tout Ă  fait dans la misĂšre, mais suffisamment pauvre pour que l’enfant ait Ă©tĂ© confiĂ© Ă  une parente qui vivait Ă  la cour comme danseuse du corps de ballet de la famille royale. Ces femmes n’avaient rien d’autre Ă  faire que danser le soir pour le roi et s’ennuyer le reste de la journĂ©e. Elles servaient aussi de prostituĂ©es aux hommes de la famille royale, et elles ont pris ce garçon sous leur protection (source : Chandler). Ces faits sont trop partiels pour qu’on puisse en tirer des conclusions, mais ils tĂ©moignent assurĂ©ment d’une enfance catastrophique. Pol Pot prĂ©sente une apparence extĂ©rieure vraiment surprenante, c’est un dictateur qui sourit constamment, et beaucoup de gens ont tĂ©moignĂ© de sa douceur et de sa gentillesse. Mais il finit toujours par laisser tomber le masque. Une autre chose Ă©tonnante avec lui est qu’aprĂšs le triomphe de la “rĂ©volution“, alors qu’il aurait pu quitter la clandestinitĂ©, il a continuĂ© Ă  se cacher dans la jungle, Ă  chercher Ă  effacer ses traces, Ă  ne pas se montrer en public, ce qui est trĂšs peu typique des dictateurs. En mĂȘme temps, il fait tuer ses opposants l’un aprĂšs l’autre, se sentant menacĂ© par eux. Il efface aussi les traces de sa propre existence, alors mĂȘme que cela ne paraĂźt plus nĂ©cessaire pour le mettre Ă  l’abri des complots. Longtemps, on n’a pas su qui Ă©tait Pol Pot, son nom Ă©tait un pseudonyme, on ne connaissait pas ses origines, sa famille. Il souriait, tenait des discours aimables depuis sa cachette, et ordonnait des massacres (source : Chandler). Dans son essai sur le dictateur, David Chandler affirme mĂȘme qu’il est exclu que Pol Pot ait Ă©tĂ© traumatisĂ© dans son enfance et donc qu’il soit psychiquement perturbĂ©. Mais, quelques lignes plus loin, il nous apprend que Pol Pot a Ă©tĂ© confiĂ©, enfant, Ă  la garde de prostituĂ©es, et, dans tout son livre, il dĂ©crit le comportement bizarre de cet homme comme si on rencontrait cela tous les jours. C’est trĂšs caractĂ©ristique de ce genre de biographie. On sait que Pol Pot, comme le souligne Chandler, avait Ă©tĂ© extĂ©rieurement un enfant trĂšs doux et gentil. Mais que se passait-il dans sa tĂȘte d’enfant ? On voit s’esquisser malgrĂ© tout un vague portrait de cet homme chez qui, derriĂšre le masque, la haine et le dĂ©sir de vengeance ont bouillonnĂ© jusqu’à le pousser Ă  la folie.
On peut finalement comprendre que les dictatures redoutent tout particuliĂšrement les gens cultivĂ©s, parce que ces gens seraient davantage capables de penser par eux-mĂȘmes et de percer Ă  jour le systĂšme. Mais cette haine Ă  la fois brutale et, me semble-t-il, insensĂ©e du savoir, de l’instruction, du potentiel humain, de la crĂ©ativitĂ©, me rappelle fortement les tĂ©moignages sur ce qui se passe dans de nombreuses familles. Beaucoup de gens ont eu des parents qui ont cherchĂ© Ă  torpiller leurs dons. Idi Amin Dada a dĂ©clarĂ© : “Je n’ai jamais eu aucune instruction formelle, pas mĂȘme un diplĂŽme d’école maternelle. Mais j’en sais parfois plus qu’un diplĂŽmĂ© d’universitĂ©, parce que je suis un militaire et que je sais agir.” (Source : Post.) En six ans, cet homme a fait exĂ©cuter jusqu’à 600 000 personnes, dont la plupart Ă©taient des gens instruits.
Jerrold Post attire aussi notre attention sur l’énorme besoin de respect et d’admiration qu’il a rencontrĂ© chez tous les despotes. Il parle de leur “moi blessĂ©â€ (“wounded self”). Ce besoin peut aller jusqu’à les pousser Ă  des actes grotesques. Ainsi, Amin Dada s’est confĂ©rĂ© Ă  lui-mĂȘme le titre pompeux de “Son Excellence le MarĂ©chal PrĂ©sident Ă  vie Al Hadj Dr. Idi Amin Dada, Seigneur des bĂȘtes de la terre et des poissons de la mer, ConquĂ©rant de l’Empire britannique en Afrique en gĂ©nĂ©ral et en Ouganda en particulier” (source : Post).
Bien sĂ»r, on ne peut s’empĂȘcher de rire quand on lit cela, mais on cesse de rire en lisant quelques lignes plus loin qu’Idi Amin a fait exĂ©cuter des milliers d’intellectuels. On a affaire ici Ă  la folie des grandeurs dĂ©jĂ  dĂ©crite – beaucoup de gens en seraient d’accord, mais trĂšs peu se demandent comment cette folie a pu naĂźtre dans l’enfance Ă  force d’humiliations concrĂštes et durables, comment a pu se dĂ©velopper un sentiment d’envie qui, parce qu’il reste inconscient, prend des formes extrĂȘmes. Le dictateur se confĂšre Ă  lui-mĂȘme un titre pittoresque de docteur, mais il fait tuer les vrais universitaires. On n’a pas cherchĂ© Ă  en savoir davantage sur son enfance.
A propos du dictateur portugais Antonio de Oliveira Salazar, on raconte l’histoire suivante. A l’ñge de 79 ans, Salazar a subi une opĂ©ration [Ă  la suite d’un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral] qui lui a laissĂ© des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales irrĂ©parables. Les dirigeants portugais l’ont laissĂ© croire qu’il dirigeait encore seul le pays. “Seule sa gouvernante, ĂągĂ©e elle aussi, lui parle parfois de dĂ©mission et de repos. ‘C’est impossible, ronchonne-t-il alors. Personne ne peut me remplacer.’ Il ne s’aperçoit pas non seulement qu’il n’est plus rien, mais qu’il ne fait plus rien. Cet Ă©tat dure prĂšs de deux ans, jusqu’à sa mort le 27 juillet 1970. [
] Il laisse un bas de laine de 900 tonnes d’or.” (Source : Accoce/Rentchnick.)
Bien sĂ»r, les gens comme Salazar sont Ă  proprement parler de pauvres types. Le dictateur espagnol Francisco Franco y Bahamonde a souffert toute sa vie d’avoir Ă©tĂ©, paraĂźt-il, le plus petit soldat que l’armĂ©e espagnole ait jamais eu, presque un nain (source : Accoce/Rentchnick). Pourtant, je trouve trop simple de se contenter de dire que ces dictateurs Ă©taient des fous. Je constate (sans compassion) qu’il existait en eux un immense vide, un besoin jamais satisfait et qui n’a fait que grandir dĂ©mesurĂ©ment avec le temps. Comment ce “trou” qui ne peut ĂȘtre comblĂ© que par la folie des grandeurs apparaĂźt-il chez un ĂȘtre humain ?
Je dirais que, chez un ĂȘtre humain qui, enfant, a Ă©tĂ© gravement humiliĂ© et n’a jamais eu aucune chance de pouvoir se dĂ©fendre, il s’agit lĂ  moins d’un “trou” que d’une bombe Ă  retardement. Lorsque cette personne arrive au pouvoir, elle peut s’en dĂ©charger sur des innocents. Les bombes sont prĂȘtes Ă  exploser Ă  tout moment. Chez de tels humains, les buts de la vie sont pervertis. Pour eux, le vrai sens de la vie devient la vengeance qu’ils pourront accomplir en arrivant au pouvoir. La joie, la joie de vivre sont exclues, remplacĂ©es par le dĂ©sir d’exercer un pouvoir sur l’existence des autres, et cela de façon cruelle. Ils sont poussĂ©s intĂ©rieurement par des reprĂ©sentations, des images, des pensĂ©es qui trouvent leur origine dans l’enfance.
La plupart des auteurs de biographies de dictateurs mentionnent des pĂšres despotiques ou en tout cas “sĂ©vĂšres”, selon l’expression consacrĂ©e, et des mĂšres qui, d’une façon ou d’une autre, rejettent l’enfant. Le pĂšre de Saddam Hussein est mort avant sa naissance, ainsi que son frĂšre aĂźnĂ©, tous deux du cancer. A la suite de cela, sa mĂšre, enceinte de lui, fait une tentative de suicide. Cette tentative ayant Ă©chouĂ©, elle essaie de se faire avorter
 au huitiĂšme mois de grossesse. Saddam naĂźt malgrĂ© tout, et il est aussitĂŽt abandonnĂ©. Ce n’est qu’à l’ñge de trois ans qu’il revient chez sa mĂšre, oĂč il se trouve alors confrontĂ© Ă  un beau-pĂšre qui le bat et l’humilie. Saddam Hussein a dĂ» se battre pour avoir le droit d’aller Ă  l’école (source : Post). Ces quelques faits ne suffisent-ils pas Ă  dresser le tableau du monde de cruautĂ© dans lequel cet enfant a dĂ» grandir ? Je rappelle qu’il ne s’agit pas ici d’expliquer quels sont les facteurs politiques et Ă©conomiques qui portent de tels hommes au pouvoir, quels intĂ©rĂȘts se cachent derriĂšre cela ou quelles conditions historiques et sociales encouragent des ĂȘtres humains Ă  devenir des terroristes, mais, au-delĂ  de ces facteurs, de nous interroger sur ce qui fait naĂźtre une telle personnalitĂ©. Ce dont nous venons donc de parler. Il me paraĂźt dĂ©cisif que ces personnes qui ont dĂ» grandir dans un environnement de cruautĂ© le recrĂ©ent elles-mĂȘmes plus tard, mais cette fois pour faire souffrir les autres.
Oui, et la biographie de Hitler le montre jusque dans les moindres dĂ©tails – contrairement Ă  celles de beaucoup d’autres criminels dont le dĂ©but de la vie nous est malheureusement Ă  peu prĂšs inconnu. (Quand j’ai Ă©crit mon dernier livre, “Notre corps ne ment jamais” [2004], oĂč je parle de Saddam Hussein, j’ignorais encore un certain nombre d’élĂ©ments de la biographie de ce dictateur.) Mais il y a aussi les millions d’ĂȘtres humains qui n’aspirent pas Ă  la toute-puissance, mais qui retournent contre eux-mĂȘmes la violence destructrice qu’ils ont subie, tombent gravement malades, meurent jeunes ou se suicident. Beaucoup de gens recourent Ă  une image d’eux-mĂȘmes malsaine ou dĂ©lirante pour Ă©viter d’avoir Ă  prendre conscience de la rĂ©alitĂ© de leur enfance, de leur vie, de leurs sentiments. En se protĂ©geant de la vĂ©ritĂ©, ils prolongent en quelque sorte le bras de leurs parents. Le plus souvent, ils ne ruinent que leur propre vie, mais ils peuvent aussi dĂ©truire l’existence de toute une nation.
© 2022 Alice Miller - all
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Tout d'abord, bonjour Ă  toutes et tous. Et un
grand merci pour vos questions. Elles sont fines et me touchent avec
justesse. J'ai été agréablement surprise.
Pour mes romans jeunesse je travaille avec des classes d'enfants
qui ont entre 6 et 11 ans, mais travailler avec des Ă©tudiants
sur un poĂšme est une premiĂšre pour moi, et c'est
vraiment un grand plaisir.
1- Pourquoi est-ce vous vous défendez
contre le monde?
2- Est-ce que vous ĂȘtes plus heureuse
maintenant que vous ĂȘtes "morte"?
3- Quelle est la signification du titre
"Leitmotiv"?
4- Quand avez-vous su que vous vouliez
devenir poĂšte?
LĂ , deux pistes s'offrent Ă  moi, soit
démentir, soit abonder... Je vous donne la clé, ce
poĂšme n'est pas une fiction, "Je", est bien l'auteur. .. Mais
ce n'est pas tout le temps le cas avec mes autres poĂšmes.
1) Je suis surprise par cette premiĂšre question ! En
général, je suis souriante, ouverte aux contacts, pas
sur la "défensive". Je me demande si l'étudiante a
pensé particuliÚrement à ce vers "Plus personne
ne peut", ou si c'est l'ambiance générale du
poÚme qui l'a inspirée...
Je me "défends contre le monde", uniquement lorsque je me
sens agressée, ce qui était le cas, le jour de
l'Ă©criture de ce poĂšme.
Quelqu'un a écrit : "Toute inquiétude engendre
l'agressivité".
Pour moi, toute agressivité se transforme en une naissance
de texte, roman, nouvelle, ou poĂšme.
2) Non, absolument pas. Je suis "autre". Je voudrais ĂȘtre
vivante, entiÚre. Mais alors je serais différente,
et moins, ou pas, productrice d'Ă©crits. J'aurais une
conscience en sommeil, et une sensibilité avec d'autres
centres d'intĂ©rĂȘts.
3) Leitmotiv, d'aprĂšs mon dictionnaire, signifie : phrase
ou formule qui revient Ă  plusieurs reprises dans une oeuvre
littéraire, dans un discours.
Leitmotiv, est le mot qui s'est imposé à moi. Pas
Ă  cause d'une "reprise" de vers. Mais parce que ce
poĂšme m'Ă©voque une rengaine, un thĂšme Ă 
me chantonner, la totalité à me réciter
plusieurs fois. Dans ce cas précis, c'était pour me
convaincre de la force que je voulais/voudrais avoir, une
imperméabilité face à l'assaut d'une personne me
dépréciant.
4) ...Je ne sais pas si je suis poĂšte !
On est boulanger en apprenant à pétrir, musicien en
travaillant son solfĂšge, ou en ayant une oreille absolue,
etc... Je pratique la poésie d'instinct, sans jamais l'avoir
apprise. A 14 ans, j'écrivais déjà des vers...
Alors suis-je poĂšte ?
Si ma formation, et mon parcours, sont artistiques , je suis
Ă©crivain autodidacte. J'aime les mots, j'aime jongler avec,
les effleurer et les caresser. Je tente de les apprivoiser lorsque
sur une émotion, une inspiration je me précipite vers
mon clavier, ou une feuille.
Si je suis poĂšte, c'est involontairement, comme je dois
respirer, boire, ou comme j'aime aimer. Le mot "poĂšte" m'effraie un peu, car on fait des amalgames
faciles, comme 'poÚte maudit qui écrit des vers de mirliton'... C'est déplaisant. Pourtant je ris en pensant joyeusement que je veux bien écrire des "peau-aime mots dits" !
1- Pourquoi est-ce que vous préférez la
mort à la méchanceté?
2- Est-ce que vous pouvez expliquer le titre du poĂšme s'il
vous plaĂźt?
3- Nous aimons beaucoup ce poĂšme. Est-ce que vous pouvez
nous envoyer d'autres poĂšmes?
4- Pourquoi est-ce que vous avez décidé de partager
des poĂšmes sur Internet?
1) Non, je ne préfÚre pas la m
Salope qui aime la double péné
Trois mecs ùgés se partagent une salope
Un mec qui aime parier

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