Un entretien pas comme les autres

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Un entretien pas comme les autres

Un entretien pas comme les autres... - Alternatif Association
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« Il ne suffit pas d’aider les autres mais il faut les accompagner » Telles sont les paroles de Mme KARAKURT ERKAN lors d’un Ă©change de courtoisie au siĂšge de l’association.
A peine arrivĂ©e Ă  son bureau, elle tĂ©lĂ©phonait Ă  quelqu’un pour savoir un peu plus sur sa rentrĂ©e scolaire. Probablement l’un de ses enfants. D’un geste de sa main gauche, elle m’a invitĂ© de m’assoir. J’ai pris place sur un fauteuil face Ă  une photo de famille. En la regardant, j’ai tout de suite devinĂ© qu’elle Ă©tait en ligne avec l’un de ses enfants.
J’ai donc assistĂ© involontairement Ă  cette conversation familiale qui me rappelait mes propres rentrĂ©es scolaires.
De fil en aiguille, elle continuait Ă  parler, en switchant deux langues, le français et le turc. Elle enchainait les appels tĂ©lĂ©phoniques et ne se lassait guĂšre de poser toujours des questions minutieuses et Ă©couter les rĂ©ponses avec grand intĂ©rĂȘt.
AprÚs une demi-heure au téléphone, Elle raccrocha et mit immédiatement son appareil sous silencieux et me dit avec un air souriant : « Je suis contente Amen. Les choses vont dans le bon sens. La rentrée scolaire se passe parfaitement bien . ».
Alors qu’elle dĂ©gustait ce moment de joie provenant de l’énergie de ses enfants, j’ai commencĂ© mon questionnaire sur le fonctionnement de l’Association et surtout sur les difficultĂ©s rencontrĂ©es pour partager son temps entre la famille, le travail et l’association.
Sa rĂ©ponse Ă©tait directe : « Rien n’est facile mais tout est supportable » car « quand on veut, on peut»
Elle a commencĂ© Ă  me parler de l’association, ses objectifs Ă  court et moyen termes ; comment elle s’organise pour partager son temps entre ce trio potentiel. Elle a aussi attirĂ© mon attention sur d’autres dĂ©tails relevant de la pure gestion juridique et administrative.
En suivant avec intĂ©rĂȘt ses explications, je me rendais compte que les Ă©changes tĂ©lĂ©phoniques Ă©taient avec des Ă©tudiants en Turquie et non avec ses enfants.
C’est lĂ  oĂč j’ai compris que pour elle, ALTERNATIF est une question de cƓur et non d’aide pĂ©cuniaire. Je lui ai tout de suite exprimĂ© mes fĂ©licitations car la comparaison est de taille : Elle met au mĂȘme niveau d’égalitĂ© ses enfants et ceux des autres ! Elle se soucie de la mĂȘme maniĂšre de leurs problĂšmes. C’est le comportement d’une mĂšre et d’une responsable de famille
Avec ses yeux allant tantĂŽt vers moi et tantĂŽt vers son tĂ©lĂ©phone qui vibrait depuis le dĂ©but de l’entretien, elle donne son mot de la fin :
« Il ne suffit pas de donner de l’argent, il faut aussi accompagner les autres et leur inculquer ce principe de partage afin qu’ils puissent le transmettre demain Ă  leur tour »
Sur ces mots, je l’ai remerciĂ©e du temps octroyĂ© et lui ai souhaitĂ© une bonne continuation
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par
Yannis Youlountas
·
Publié 25/07/2019
· Mis à jour 26/07/2019

J’ai fait une exception Ă  la rĂšgle en parlant pour la premiĂšre fois Ă  un mĂ©dia mainstream grec (mais pas n’importe lequel), et ce, Ă  la demande de mes compagnons de luttes Ă  Exarcheia. Pourquoi me direz-vous ? L’explication est dans l’article en question : un grand entretien paru hier dans Popaganda. N’hĂ©sitez pas Ă  me dire sincĂšrement votre avis dans les commentaires.
« YANNIS YOULOUNTAS : NOUS N’AVONS PLUS D’AUTRES CHOIX QUE L’UTOPIE OU LA DYSTOPIE
Suite Ă  l’attaque fasciste qu’il a subi il y a un mois au PirĂ©e, l’écrivain, activiste, antifasciste et anarchiste Yannis Youlountas rĂ©pond Ă  Maria Louka, une invitation Ă  lutter pour un monde meilleur.
Journaliste : Maria Louka / Photographe : Alexandros Katsis / Traduit du grec par Marietta Simegiatou.
Le 13 juin, un groupe de fascistes a attaquĂ© un homme au PirĂ©e. À la nuit tombĂ©e, dans un lieu isolĂ©, Ă  quatre contre un. C’est comme ça que les fascistes font leur sale besogne. Dans l’obscuritĂ© et en bande, dans le seul but de blesser et de terroriser leurs victimes.
Yannis Youlountas a sans doute eu mal durant l’affrontement, il a aussitĂŽt aprĂšs Ă©tĂ© emmenĂ© Ă  l’hĂŽpital, mais trĂšs rapidement, sans faiblir, il est retournĂ© dans son espace de prĂ©dilection : sur la route, parmi ceux qui luttent. Il n’est pas de cette gauche bobo qui circule avec des vestes bien repassĂ©es sur les plateaux de tĂ©lĂ©vision, qui mettent en avant leur titres dans la haute sociĂ©tĂ©, et qui font des sourires promotionnels. Il n’est pas non plus de ces artistes neutres qui se cachent Ă  l’abri de la forme artistique pour ne pas se mĂȘler de l’incendie qui ravage tout autour d’eux.
Il fait partie de ceux que Kerouac a qualifiĂ©s « les fous, les inadaptĂ©s, les fauteurs de troubles, les rĂ©volutionnaires 
 qui sont assez fous pour croire qu’ils peuvent changer le monde et qui, Ă  la fin, y parviennent. »
Partageant sa vie entre la France et la GrĂšce, mais avant tout citoyen d’un monde dont il ne reconnait pas les frontiĂšres, rĂ©alisateur, Ă©crivain et poĂšte, activiste, antifasciste et anarchiste, Yannis Youlountas a, depuis un trĂšs jeune Ăąge, pris position dans les conflits sociaux en faveur des opprimĂ©s.
Avec un long parcours dans les mouvements sociaux français et grecs, et toujours en premiĂšre ligne du front antifasciste, il incarne ces derniĂšres annĂ©es tout ce que le gouvernement et son discours mĂ©diatique diabolise. Il est un fervent participant des collectifs autogĂ©rĂ©s, telles que les occupations pour les rĂ©fugiĂ©s que le nouveau ministre de l’intĂ©rieur Michalis Chryssochoidis menace de dĂ©molir comme il a autrefois dĂ©moli la dignitĂ© des femmes sĂ©ropositives. Il est un relais crucial dans la construction d’un mouvement de solidaritĂ© international, liĂ© Ă  des personnalitĂ©s insoumises de notre temps, comme Pia Klemp, la capitaine de navire qui sauve des rĂ©fugiĂ©s en MĂ©diterranĂ©e. Il organise les campagnes internationales de soutien politique et Ă©conomique Ă  Rouvikonas pour couvrir les frais juridiques supportĂ©s par ses membres et croit profondĂ©ment que la vĂ©ritable forteresse Ă  anĂ©antir n’est pas Exarcheia mais le capitalisme.
Tout cela et beaucoup d’autres choses encore sont racontĂ©es dans son entretien avec Popaganda.
Maria Louka — Yannis, raconte-nous quelque chose à propos de ton histoire personnelle. Comment la France et la Grùce se croisent dans ta vie ?
Yannis Youlountas — Je suis nĂ© en France le 21 septembre 1970, d’une mĂšre française et d’un pĂšre grec de Rethymnon en CrĂšte. Ouvrier, issu d’une famille trĂšs pauvre de huit enfants, il a quittĂ© l’école dĂšs 11 ans et a reçu sa premiĂšre paire de chaussures fermĂ©es Ă  13 ans. De l’autre cĂŽtĂ©, ma mĂšre est issue d’une famille d’enseignants. Elle a Ă©tudiĂ© la philosophie et a rejoint le mouvement Freinet pour une pĂ©dagogie coopĂ©rative et libertaire. Ils se sont rencontrĂ©s en 1969, pendant la junte des Colonels, et sont ensuite partis pour la France. C’est lĂ  que je suis nĂ©. Ils se sont ensuite sĂ©parĂ©s au bout de quelques annĂ©es. J’ai grandi entre deux logements dont l’un Ă©tait plein de livres jusque dans les toilettes, et l’autre sans mĂȘme un dictionnaire. Depuis lors, j’ai compris que les inĂ©galitĂ©s sont non seulement Ă©conomiques, mais aussi culturelles. Comme Bourdieu l’a Ă©crit, la lutte n’est pas seulement une affaire de classes sociales, aussi de connaissance.
M.L. — Tu penses donc que les diffĂ©rences dans ta famille ont Ă©tĂ© le premier stimulant de ta politisation ?
Y.Y. — Oui, les inĂ©galitĂ©s entre mes parents ont Ă©tĂ© dĂ©terminantes dans ma prise de conscience. Mon pĂšre a passĂ© de longues pĂ©riodes de chĂŽmage durant lesquelles j’ai cherchĂ© avec lui des champignons, des escargots et des asperges sauvages par nĂ©cessitĂ©, pour avoir assez Ă  manger. Bien avant de lire des ouvrages analysant les rapports de classes, j’avais dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© ma propre reprĂ©sentation.
L’éducation a Ă©galement jouĂ© un rĂŽle important dans ma vie. J’ai Ă©tudiĂ© de trois façons diffĂ©rentes. Tout d’abord dans une Ă©cole autoritaire oĂč rĂ©gnait la violence et compĂ©tition. Ensuite, j’ai vĂ©cu deux annĂ©es sans aller du tout Ă  l’école aux cĂŽtĂ©s de mon grand-pĂšre français, durant la sĂ©paration entre mes parents. Puis, je me suis familiarisĂ© avec la pĂ©dagogie Freinet, coopĂ©rative et libertaire, d’abord en tant qu’enfant, puis en tant qu’adulte. Des expĂ©riences passionnantes.
La vie est faite de temps et de mouvement. Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce que confisque le systĂšme Ă©ducatif aux enfants : la vie elle-mĂȘme. Alors que les parents ont appris aux enfants Ă  parler et Ă  se tenir debout, le systĂšme Ă©ducatif leur apprend aussitĂŽt aprĂšs Ă  se taire et Ă  s’asseoir. C’est pourquoi je participe aux mouvements d’éducation coopĂ©rative et libertaire en France et en GrĂšce, notamment au sein du rĂ©seau École BuissonniĂšre-PĂ©dagogie Freinet en GrĂšce. Je trouve ça trĂšs important. Pour changer la sociĂ©tĂ©, la lutte contre le gouvernement et l’État ne suffit pas. Les dĂ©s idĂ©ologiques sont jetĂ©s trĂšs tĂŽt dans l’existence. La libĂ©ration des enfants de l’éducation autoritaire est donc une Ă©tape indispensable vers un autre futur.
M.L. — Sur cette base, ton identitĂ© politique est donc antiautoritaire ?
Y.Y. — Oui. J’aime beaucoup les textes de Marx quant Ă  son analyse du capitalisme, mais je suis convaincu avec Bakounine qu’il faut dissoudre l’État et basculer dans l’autogestion, car le pouvoir finit toujours par corrompre ceux qui le dĂ©tiennent. Les travaux de Foucault sur la normalitĂ©, la surveillance, les prisons et la technologie m’ont Ă©galement influencĂ©. Tout ce qu’il a Ă©crit se confirme : car chaque jour, nous cĂ©dons une partie de notre libertĂ© Ă  la technologie et nous acceptons de mettre notre vie quotidienne sous contrĂŽle. Imaginons un instant si Hitler et sa Gestapo avaient disposĂ© de pouvoirs technologiques de surveillance aussi sophistiquĂ©s : un cauchemar !
En France, je suis membre d’un groupe libertaire prĂšs de Toulouse, dans le dĂ©partement du Tarn, un groupe composite avec des membres venus de divers horizons, dont la plupart sont fĂ©dĂ©rĂ©s Ă  la fĂ©dĂ©ration anarchiste, Son nom, groupe ELAFF, signifie : Ă©cologistes, libertaires, antifascistes et fĂ©ministes. Je frĂ©quente aussi les mouvements libertaires catalans, en particulier Ă  Barcelone.
M.L. — Tu as rĂ©alisĂ© plusieurs films documentaires en GrĂšce. Cette activitĂ© a-t-elle une vocation historique, est-ce une sorte d’enregistrement de choses vues et vĂ©cues pour rĂ©tablir des faits historiques occultĂ©s ou dĂ©formĂ©s?
Y.Y. — Depuis sept ans, j’ai rĂ©alisĂ© trois documentaires : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’Amour et la RĂ©volution. Et j’ai commencĂ© le tournage d’un quatriĂšme. Je ne fais pas des films pour faire Ɠuvre ou me faire connaĂźtre. Ce qui m’intĂ©resse, c’est d’utiliser les outils de l’art pour bĂątir de quoi comprendre et, peut-ĂȘtre, changer la sociĂ©tĂ©. Je me fiche de l’art pour l’art. Ce qui m’importe, c’est la vie elle-mĂȘme. Nous pourrions aisĂ©ment obtenir des subventions de l’État pour produire nos films, les uns aprĂšs les autres, vu qu’ils ont toujours bien circulĂ© dans les cinĂ©mas et qu’ils nous donnent donc le droit de le faire. Mais, avec mes proches, nous avons choisi de refuser toute collaboration avec l’État de mĂȘme qu’avec les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision auxquelles nous avons systĂ©matiquement refusĂ© les rares propositions de passer nos films. En agissant ainsi, nous nous rendons bien sĂ»r la tĂąche plus difficile, mais nous restons authentiquement indĂ©pendants. Nous avons choisi, contre vents et marĂ©es, de rester modestes et Ă  bonne distance du pouvoir et de la sociĂ©tĂ© spectaculaire. Nos films sont disponibles gratuitement sur Internet et tout le monde peut les voir et, par exemple, organiser des projections dans des lieux de luttes. C’est la mĂȘme chose pour tous les livres que j’ai publiĂ©s. Je n’ai jamais utilisĂ© le copyright, mais le creative commons, donnant la libertĂ© de reproduire Ă  des fins non commerciales. Je ne suis pas non plus rĂ©munĂ©rĂ© pour les films, uniquement dĂ©frayĂ©. Mon travail professionnel est diffĂ©rent. Je travaille un peu partout pour des structures qui aident des groupes sociaux trĂšs vulnĂ©rables : sans-abris, prisonniers, Ă©lĂšves renvoyĂ©s de leur collĂšge (dans le cadre d’ateliers relais), personnes souffrant de tendances suicidaires ou de dĂ©pendance Ă  des drogues, et surtout je travaille dans des mĂ©diathĂšques et des Ă©coles sous forme d’ateliers de philosophie qu’on appelle aussi goĂ»ters philo. VoilĂ  pourquoi je ne veux pas gagner d’argent avec ce que je fais pour aider le mouvement. Mais je ne critique pas ceux qui se font payer ou reçoivent des subventions, c’est leur choix et souvent une nĂ©cessitĂ©. Je suis radical mais je ne veux pas ĂȘtre sectaire.
M.L. — Dans cette vie quotidienne partagĂ©e entre la France et la GrĂšce, tu soutiens beaucoup les squats de rĂ©fugiĂ©s. Qu’est-ce qu’ils reprĂ©sentent pour toi ?
Y.Y. — Je suis membre de l’assemblĂ©e du premier squat ouvert durant la crise des rĂ©fugiĂ©s, le Notara 26. Je le soutiens politiquement, financiĂšrement et, bien sĂ»r, en matiĂšre de communication. En effet, il y a un Ă©norme fossĂ© au niveau de l’information, car les mĂ©dias du pouvoir dĂ©forment la vĂ©ritĂ©. Ils prĂ©sentent une image d’Exarcheia qui se concentre uniquement sur la drogue et la mafia. Je ne dis pas qu’il n’y aucun problĂšme Ă  Exarcheia, le jeu obscur de l’État aux cĂŽtĂ©s de la mafia dans le quartier nous complique souvent la tĂąche, mais Exarcheia c’est beaucoup plus que tout ça. Les squats de rĂ©fugiĂ©s, par exemple, sont une grande cause, car ils montrent Ă  la fois notre rĂ©ponse immĂ©diate Ă  un besoin vital et la sociĂ©tĂ© solidaire que nous voulons construire tous ensemble. Lorsque vous ouvrez un squat pour accueillir des rĂ©fugiĂ©s, vous ne soulagez pas seulement des ĂȘtres humains en souffrance, vous apportez aussi un supplĂ©ment d’égalitĂ© et de libertĂ© dans cette sociĂ©tĂ© profondĂ©ment injuste. La sociĂ©tĂ© que nous dĂ©sirons ne peut pas ĂȘtre uniquement dĂ©crite dans des textes. Les gens sont fatiguĂ©s des paroles non suivies d’actes. Nous devons montrer des exemples concrets de la sociĂ©tĂ© que nous dĂ©sirons. Les squats de rĂ©fugiĂ©s en GrĂšce en sont un parfait exemple.
M.L. — Dans ce contexte, tu as Ă©tĂ© la principale personne qui a organisĂ© des convois solidaires internationaux Ă  destinations des structures autogĂ©rĂ©es en GrĂšce. Est-ce que ce fut l’une des expĂ©riences les plus intenses de ces quatre annĂ©es ?
Y.Y. — J’ai notĂ© tous les besoins dans les diffĂ©rents squats, dispensaires mĂ©dicaux, cuisine sociale, etc., autant de lieux que je connais bien, parfois mĂȘme en tant que membre, puis nous avons apportĂ©, avec mes camarades de l’autre bout de l’Europe, de plus en plus de choses transmises par des personnes solidaires en France et dans d’autres pays alentours. Nous avons toujours pris soin d’amener uniquement des choses correspondant aux besoins prĂ©cis des lieux, bien rangĂ©es dans chaque fourgon, et Ă  ne jamais livrer du dĂ©barras. Ce point est trĂšs important. Nous agissons comme des Ă©gaux, des solidaires, respectueux de nos camarades grecs et rĂ©fugiĂ©s, et nous n’avons rien Ă  voir avec des initiatives de charitĂ©. Je comprends, bien sĂ»r, que chacun participe Ă  sa maniĂšre et apprenne progressivement, mais le fond est aussi dans la forme. Nos convois, bĂątis en grande partie sur les moyens de communication et financiers de nos films, sont politiques, solidaires, internationalistes.
Parmi ce que nous avons apportĂ©, il y a du matĂ©riel mĂ©dical, des couches pour bĂ©bĂ©s, ou encore du lait en poudre car les mamans allaitantes Ă©taient Ă©puisĂ©es par le long voyage, la peur et la violence, et n’avaient souvent plus de lait pour nourrir leurs enfants. Le premier grand convoi s’est dĂ©roulĂ© en mars 2017 avec 26 fourgons en provenance de France, de Belgique, de Suisse et d’Espagne. DĂšs la premiĂšre fois, les mĂ©dias de masse ont beaucoup parlĂ© de nous en diffusant toutes sortes de mensonges, par exemple que nous n’amenions que des choses pour les rĂ©fugiĂ©s et rien pour les grecs, alors que, outre les squats, nous avons toujours Ă©galement soutenu les dispensaires mĂ©dicaux autogĂ©rĂ©s, la cuisine sociale L’Autre Humain, divers groupes de rĂ©sistance, des luttes environnementales et une bonne quinzaine de lieux autogĂ©rĂ©s hautement politiques, comme le K*Vox, Favela, Nosotros, Evangelismo ou Mikropolis. Les chaĂźnes de tĂ©lĂ© ont Ă©galement racontĂ© que nous amenions des armes.
Nous avons toujours Ă©tĂ© au cƓur d’une Ă©norme dĂ©sinformation Ă  cause du danger que nous reprĂ©sentions dans l’imaginaire social. Durant le deuxiĂšme grand convoi, en novembre 2017, nous avons Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par la police au pĂ©age de Megara, entre Corinthe et AthĂšnes. Les policiers ont demandĂ© les piĂšces d’identitĂ© Ă  tous les membres du convoi (sauf Ă  moi), mais ils ne sont pas allĂ©s jusqu’à ouvrir les cartons. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils savaient trĂšs bien que nous ne transportions pas d’armes. Notre arme, c’est la solidaritĂ©. Ils n’ont pas ouvert le moindre carton, car sinon, ils auraient Ă©tĂ© contraints de cesser de nous calomnier et de nous harceler, notamment en nous suivant un peu partout avec des vĂ©hicules banalisĂ©s de façon trĂšs grossiĂšre. Au total, nous avons effectuĂ© 12 convois, dont 4 grands convois avec plus de 10 fourgons. À chacune de nos arrivĂ©es, une bonne moitiĂ© de mes compagnons de voyage ont, tĂŽt ou tard, essuyĂ© quelques larmes d’émotion. Ce sont des moments trĂšs intenses et inoubliables, de part et d’autre, qui nous rappellent que les frontiĂšres ne sont rien. Le pouvoir les utilise pour nous diviser et nous contrĂŽler.
M.L. — Le nouveau gouvernement du parti Nouvelle DĂ©mocratie a annoncĂ© une grande opĂ©ration d’évacuation et de « nettoyage » Ă  Exarcheia. Cette Ă©ventualitĂ© t’inquiĂšte ?
Y.Y. — Nous allons ĂȘtre les tĂ©moins d’un vĂ©ritable totalitarisme politique. Mais ce ne sera pas aussi facile que le pouvoir l’imagine. Le nouveau premier ministre grec est un descendant de la dynastie Mitsotakis et
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