Tout commence par quelques selfies

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Tout commence par quelques selfies


Nathalie Gillet

Emirats Arabes Unis



septembre 8, 2015

10 Minutes
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Regard sur les pays du Golfe



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Il est 22h sur le port de pêche de Mina Zayed, à Abu Dhabi. Un vent chaud et humide souffle le long des quais d’amarrage où des dizaines de dhows à perte de vue tanguent en silence, agglutinés les uns aux autres. Les rideaux et tissus délabrés qui s’agitent dans la nuit noire sur ces embarcations de bois leur donnent des airs de bateaux fantômes. Cloc… Cloc… font leurs coques qui s’entrechoquent.
Dans quelques heures ces vaisseaux hantés retrouveront la vie pour prendre la mer avec leurs équipages. Ils reviendront vers 4h du matin, chargés de poissons à livrer au marché couvert à quelques pas d’ici.
De l’autre côté de la rive, à quelque 200 mètres, on distingue la Corniche et les premières tours de la ville. Le bourdonnement lointain du trafic routier ajoute un petit fond sonore au clapotis de l’eau et au craquement des planches de bois. Ajoutés à la lumière bleue des guirlandes qui encerclent le restaurant local du coin et ses bougainvilliers défraichis, le décor semble fait pour les promenades en amoureux. Mais personne n’y pense. Cloc… Sans doute à cause de l’éloignement.
Un calme et une sérénité, qui feraient presque oublier que le jour, ce lieu magique se transforme en point de départ privilégié des jets skieurs qui sèment la terreur chez les baigneurs de 7h du matin à 18h. Aucune campagne médiatique n’est parvenue à se débarrasser de ces blousons noirs de la mer. Mais ce soir comme tous les soirs en cet endroit précis le silence règne.
Un brouhaha attire soudain l’attention un peu plus loin : une dizaine d’Emiratis sortants de leurs 4×4 et des expatriés de toutes les nationalités se rassemblent devant l’entrée du marché aux poissons et se saluent chaleureusement.
« Quoi ? Toi aussi tu es venue ??? Haha tu ne m’avais rien dit au bureau, ce matin », s’étonne Maria, une jeune cadre philippine, du département Responsabilité sociale au sein d’une grande entreprise. « C’est chouette de pouvoir aider d’autres gens. Il faut penser à ceux qui sont plus malheureux que nous. »
Quelques jours auparavant, un courriel interne adressé à l’ensemble du personnel avait lancé un appel général, à ceux qui souhaitaient prêter main forte à l’association caritative d’un fond souverain qui prévoyait de distribuer des repas, près du marché aux poissons. « Les volontaires sont priés de s’adresser par mail au service du personnel », concluait le message. Une trentaine d’employés ont répondu présents.
Pendant le ramadan, nombreuses sont les initiatives de ce genre aux Emirats. Des tentes blanches climatisées sont plantées devant les mosquées, en pleine ville ou dans les maisons individuelles, pour offrir des repas gratuitement à l’occasion de l’iftar, la rupture du jeun. Les Emirats se targuent d’être l’un des pays les plus généreux du monde en matière d’aide publique au développement et d’aide humanitaire ($5,9 milliards en 2013 selon les statistiques officielles soit 1,33 % du PIB), dédiée essentiellement aux pays arabes.
« L’action de ce soir est organisée par la petite association caritative d’un fond souverain » explique Maria. « Il y a deux compagnies sponsors, dont nous. Mais je n’en sais pas beaucoup plus. La semaine dernière la boite m’a envoyée au Kenya. On a distribué des couvertures à des écoliers, avec des sacs, des tentes, des fournitures de bureaux portant nos anciens logos. C’était ça ou les jeter, alors on s’est dit autant les donner à des gens à qui ça pourrait faire plaisir. Hah ! Fallait voir le sourire de ces gosses, c’était beau à voir ! En tout cas c’est formidable que tu sois là ce soir. Moi je suis SU-PER motivée. ».
Sur le toit d’une petite baraque blanche un haut-parleur diffuse le son saturé de l’isha , dernier appel à la prière de la journée, juste avant le coucher des fidèles. Une forte odeur de poisson grillé mobilise par bouffées l’odorat des passants.
« Oh, vous êtes de la compagnie vous aussi ? » s’étonne Mahmoud, un grand jeune homme émirati dont le sourire dévoile la blancheur aveuglante d’une dentition parfaite et souligne le noir de sa jolie barbe taillée de près à l’émirienne. Un port de tête impeccable et le regard doux, l’homme à peine conscient du trouble qu’il crée chez un groupe de jeunes femmes médusées, tend gentiment la main à Maria. Comme le ferait une belle femme avec ses longs cheveux, il réajuste élégamment sa ghutra blanche sur ses épaules, ce grand carré de tissus blanc traditionnel qui recouvre la tête – aux Emirats les hommes aussi sont voilés.
« Je travaille au service d’audit, 11e étage. Et vous ? Ah votre étage je le connais, oui. Moi je représente les jeunes Emiratis qui travaillent dans la compagnie et qui font partie du programme d’émiratisation. Haha, j’avais plutôt intérêt à me pointer ce soir, hein ? Pour les représenter et faire bonne figure » dit-il. Les jeunes femmes (et les moins jeunes aussi) s’esclaffent instantanément et se disent secrètement qu’elles ont bien fait de faire le déplacement. Peut-être même fait-il partie de ces trois Emiriens expulsés d’Arabie Saoudite l’an dernier pour cause de beauté trop « diabolique ».
A côté de lui un Jordanien bodybuildé, portant très près de son corps taillé en V le T-Shirt de sa compagnie pétrolière, comme une dizaine de ses collègues ce soir. Il se présente et tend la main à une Allemande. « Je m’appelle Saeed, je travaille comme ingénieur dans la compagnie. Et vous ? ». D’autres plus timides se contentent de sourire aux uns et aux autres.
L’ambiance de ce soir est belle. La plupart des expatriés présents ne se connaissent pas mais tous se sentent liés par une aventure commune, réunis autour d’une cause, par un désir de générosité qui contraste avec la stratégie d’enrichissement personnel qui a motivé leur expatriation dans ce pays. Un moment d’humanité, un clic sur « pause », en décalage avec le tourbillon du quotidien.
Tous ont choisi de quitter pour quelques heures leurs appartements climatisés, leur routine, le dîner en famille soigneusement préparé par… par… le personnel de maison, pour se retrouver en pleine nuit au milieu de nulle part, les pieds dans la poussière, par 40 degrés et 80% d’humidité. Il fait chaud et c’est tant mieux : à la guerre comme à la guerre, cette première épreuve excite encore plus les bonnes volontés et décuple la motivation. On ne sera pas venu pour rien.
Certains, par habitude, ne peuvent toutefois s’empêcher d’échanger des cartes de visite, histoire d’optimiser le déplacement.
« Quand est-ce que ça commence, alors ? Et qu’est-ce qu’il faut que je fasse exactement ? » demande une Anglaise à un organisateur en retroussant ses manches. « Pour l’instant on ne fait rien, on attend l’arrivée d’Abu Dhabi TV», répond ce dernier en notant son nom sur un cahier. L’évocation de la télévision suggère immédiatement une action d’envergure.
Une Jordanienne et une Emiratie arrivent un peu essoufflées. « Fffff…Ohlala… On est en retard, désolées, » s’excuse la Jordanienne couverte d’un joli voile beige en soie sur une tunique à carreaux verts et bleus. « Voilà. Oups. Bonjour, on ne se connaît pas mais je travaille dans la même compagnie, au service juridique. Oh, je suis un peu timide vous savez, hihi. Bon quand est-ce qu’on commence ? »
L’attroupement entre temps a piqué la curiosité de quelques premiers travailleurs asiatiques qui s’approchent du groupe l’air interrogateur. « Mettez-vous sur la petite place là-bas en file indienne » suggère immédiatement Mahmoud, en faisant de grands gestes vers l’avant. « Oui, voilà. C’est ça ». Les hommes obtempèrent en silence, avec le naturel des habitués à l’exercice. Au fur et à mesure que la file s’allonge, l’espace entre les hommes se resserre. Ceux de derrière poussant ceux de devant.
Deux grands groupes se distinguent désormais à une distance de 5 mètres l’un de l’autre : celui des joyeux bénévoles, détendus et parfumés, papillonnant d’un endroit à un autre et engageant de multiples conversations parallèles, et celui des travailleurs asiatiques alignés immobiles les uns derrière les autres, observant l’autre groupe mais veillant bien à ne pas perdre sa place dans la file.
« Au fait, qu’est-ce qui se passe exactement ? » demande en début de file, un agent de nettoyage sri-lankais d’une soixantaine d’années à une expatriée venue s’aventurer de leur côté. « Vous allez nous distribuer quelque chose, c’est ça ? Des repas ? Vous n’êtes pas sure ? Haha, ok c’est pas grave. » Beaucoup moins bien positionné à l’arrière, un Pakistanais grand et robuste d’une quarantaine d’années, tente d’obtenir les mêmes infos. « Moi je conduis des pick-up ici. On n’a aucune idée de ce qui se passe mais on s’est dit qu’il valait mieux déjà prendre position, on ne sait jamais… ». Ils sont plus d’une centaine maintenant à attendre Godot.
A côté d’eux, l’autre groupe s’agite. « Allez, allez, c’est l’heure de la photo de groupe. « Quoi, déjà ? Mais on n’a encore rien fait ! » s’étonne une Française. La Jordanienne arrivée en dernier se met à l’écart (par timidité) pour ne pas apparaître sur la photo. Sourire. Flash. Sourire. Flash. Repos…
« Il paraît qu’on va distribuer une cinquantaine de sacs avec des objets, » rapporte Maria. « Ah bon ? Mais… » La presse arrive enfin. Une journaliste d’un quotidien philippin accompagnée d’un confrère et d’un photographe prend quelques notes sur un cahier et pose des questions à l’un des organisateurs.
« Allez, allez ! On sourit et on crie ‘WAOU’ !! », s’exclame tout d’un coup l’un des membres de l’association, mais cette fois du côté des travailleurs, en brandissant un smartphone tourné vers lui-même. « Wouaaaaaou !!! » répètent en cœur et sans trop réfléchir les travailleurs. Clic . Le jeune est satisfait de son selfie, avec des dizaines d’hommes levant les bras en arrière plan. Il répète quand-même l’opération pour être sûr. « Waou ! » Clic ! Clic ! Un camarade, un jeune étudiant en droit, ne veut pas être en reste et dégaine lui aussi son smartphone. Re-« Waou ! ». Re- clic clic
Une voiture approche lentement et une cinquantaine de sacs de tissu (petits!) portant le nom de l’association sont déposés sur le sable. « Approchez, approchez s’il vous plaît !», lance-t-on aux expats. « Voilà ! Vous voyez ces poches, là ? Elles contiennent chacune 5 articles : une tasse, une casquette, un T-shirt, un flacon de parfum et une carte téléphonique. Vous allez les distribuer. S’il vous plaît, ne donnez pas plus d’un article par personne. Quand vous aurez pris un sac chacun, attendez le signal. »
Une blonde un peu forte s’avance et s’empare énergiquement d’une dizaine de poches qu’elle accroche à son bras. Un petit stress se lit déjà sur les visages des autres qui font rapidement le calcul des sacs restants rapportés au nombre de « bénévoles ». Chacun essaie mollement de se servir en espérant que leur cerveau se trompe dans l’analyse de la situation. Certains restent inertes, incrédules.
« Mettez-vous en rang s’il vous plaît et attendez le signal le temps que le caméraman se positionne» leur demande un organisateur. A quelques mètres à peine, les hommes alignés observent en silence le petit manège sous le ronronnement de climatiseurs et le grincement d’un vieux lampadaire.
Une file de nantis fait maintenant face à la file de pauvres. « Distribuez de ce côté là de la camera s’il vous plaît, voilà. Pas trop vite pour qu’on puisse prendre les bons plans, voilà. Attendez, OK. Attendez encore… Voilà. Au suivant ! »
L’autre groupe reçoit lui aussi ses instructions : « Ne vous précipitez pas messieurs. C’est ça. Voilà. Bon, merci, vous pouvez partir maintenant ! Suivant ». Le caméraman approche, recule, zoom sur les mains, les visages, les objets, éblouissant tout le monde avec son puissant projecteur. Les travailleurs prennent leur article et repartent sans changer d’expression.
Certains expatriés se demandent intérieurement s’ils n’auraient pas été plus utiles, finalement, devant la télévision avec un plateau repas ou à lire une petite histoire à leurs enfants avant le coucher. La plupart cependant tentent de rester positifs et jouent le jeu jusqu’au bout feignant de ne pas voir de problème.
Dernière tentative de selfie et de « waou ». Mais cette fois ça tombe à plat. Imperturbables, les joyeux organisateurs accordent interviews sur interviews. « Nous avons distribué des repas, aussi, il y a quelques jours ! », explique fièrement le chef. « La semaines dernière, nous avons repeint des maisons pour des familles nécessiteuses. Combien ? Euh… 14. Non pas 40, 14. Deux par Emirats, quoi. Comment nous sélectionnons les maisons ? Eh bien ce sont les membres de l’association qui font des propositions en fonction des gens qu’ils connaissent et dont ils savent qu’ils sont dans le besoin… ».
L’action prend rapidement fin. Tout le monde se disperse. Le flash est débranché. Quelques hommes restés bredouille demandent s’il n’y a pas moyen d’avoir quand-même un petit quelque chose, histoire de rentabiliser les 40 minutes d’attente dans l’humidité. « Euh… non, désolé. » Interpellée par deux hommes un peu plus insistants, une expatriée finit par sortir des billets de son portefeuille. Lorsqu’ils s’en vont, elle se retourne une dernière fois vers le groupe d’organisateurs sur la petite place, comme pour s’assurer qu’il n’y a vraiment plus rien à attendre de ce soir. Puis elle saute dans un taxi avant de disparaître. Le cœur et l’énergie, ce sera pour une autre fois. Le croissant rouge, peut-être, ils ont l’air plus sérieux. Enfin on verra…
A l’intérieur du marché aux poissons la lumière criarde des néons éclaire une centaine d’hommes portants des bonnets de plastic blanc, occupés à nettoyer les lieux avant la fermeture, ranger les poissons dans des glacières, rincer les étals avec de grands tuyaux, dans des gestes éprouvés par les années d’expérience. Des dizaines de sceaux d’eau sont versés sur le carrelage rose et beige par des hommes qui brossent et frottent et re-frottent. La plupart n’ont même pas remarqué le petit remue ménage de l’extérieur.
Certains sont attablés dans l’un des petits restaurants attenants et prennent un dernier repas avant d’aller se coucher. D’autres sont dans la salle de prière, identifiable par la dizaine de paires de chaussures à l’entrée. Un petit chat âgé de quelques jours à peine erre sur le trottoir, le regard effrayé, mais enhardi par les odeurs de poisson.
Dans le ciel la lune continue de briller et le vent chaud de souffler.
Salon de beauté(s) sur Delma Island juillet 8, 2014 Dans "Chroniques triviales"

Nathalie Gillet has been a Middle-East journalist for 15 years. Based in Abu Dhabi since 2008, she now develops communications strategies for UAE-based companies. Prior to that she was France 24 TV's main correspondent for Gulf countries and worked as a freelancer for Agence France Presse (AFP), Radio France International (RFI). She was also a Business reporter at The National newspaper, Abu Dhabi, in 2008-2010. Before moving to the UAE she worked as a Middle East journalist in Paris for a variety of French, German and English-speaking media, including Jeune Afrique, La Tribune, MEED, and for 5 years at the busines magasine for Africa "Marchés Tropicaux et Méditerranéens". She speaks fluently English, French, German and Arabic and has travelled, studied or worked in each Arab country.
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Très bel article. Ces chroniques du golfe un jour devraient être publiées, mêlant errance, analyse politique par les chemins de traverse, poésie et acuité: un vrai regard. Une vraie réflexion.
Oh merci, c’est gentil Frédéric
Mais encore faut-il trouver un éditeur… Pas eu beaucoup de succès pour le moment. Mais je ne connais pas bien ce milieu et je n’ai cherché que mollement pour l’instant. Faudrait que je me bouge un peu (lol)
Un bijou!
Tellement juste.
Et merci pour le portrait du bel Émiriens!!
re salut, Belle grisette ! Tes billets sont toujours aussi brillants et évocateurs.
Ah, la splendeur de ces régions.
Avec nostalgie je revois une de mes photos à Palmyre. C’était il y a trente ou quarante ans. En globe trotter, devant les tours funéraires.. Depuis le Daesh est tristement passé !
Je vais t’envoyer une photo de notre dernier spectacle. J’y incarnais un drôle de type de 134 ans.. Le temps passe … et n’a pas de retour.
Je découvre hébétée cette réalité d’un autre monde (pas possible?!!). Une narration impeccablement tragi-comique, avec ce chouia de distance journalistique qui donne le ton, la touche de couleur. Voui bien sûr que tu vas te bouger un peu pour les publier ! En attendant, tu me donnes le feu vert pour que je fasse connaître ton blog ?
des bisous
Euh… permission accordée. Je suis émue.
Merci
Ecoeurement. Désillusions.
Merci de nous faire partager cette tranche de vie et ce, avec poésie.
Je rejoins les avis de Frédéric et Pascale… Continue, au plaisir de te lire!!!
Comme chaque fois parfait, chère ex-coloc du Bd R Lenoir! Bien vu, bien senti, bien écrit: un régal!
Vivement la prochaine chronique.
Kiss
PS : heu, une petite photo de M. »Port de tête impeccable », peut-être? ;-):-D
Oh! combien realiste! cette petite scene emirienne! Je reconnais bien la ces mentalites et ces reactions.
Bravo aussi pour la description de l’ambiance et de l’environnement.
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