Scene lesbienne de Valerie White et Alison Faye

Scene lesbienne de Valerie White et Alison Faye




🔞 TOUTES LES INFORMATIONS CLIQUEZ ICI đŸ‘ˆđŸ»đŸ‘ˆđŸ»đŸ‘ˆđŸ»

































Scene lesbienne de Valerie White et Alison Faye




Search Metadata




Search text contents




Search TV news captions




Search radio transcripts




Search archived websites


Advanced Search




Full text of " Générations au féminin et nouvelles perspectives féministes "


See other formats


C RI L C Q Prégnance


Sous la direction de

JULIE BEAULIEU,
ADRIEN RANNAUD
ET LORI SAINT-MARTIN


Génération(s) au féminin
et nouvelles perspectives
féministes


C

Codicille

ÉDITEUR



GÉNÉRATION(S) AU FÉMININ
ET NOUVELLES PERSPECTIVES FÉMINISTES


Collection « Prégnance


LES AUTEUR.E.S


Julie Beaulieu
MylĂšne BĂ©dard
Tara Chanady
Catherine Cyr
Marie-Claude Garneau
Marie-Ève Muller
Adrien Rannaud
Lori Saint-Martin
Chloé Savoie-Bernard
Louis-Paul Willis


Sous la direction de


JULIE BEAULIEU,

ADRIEN RANNAUD et LORI SAINT-MARTIN


GÉNÉRATION(S) AU FÉMININ
ET NOUVELLES PERSPECTIVES
FÉMINISTES


Codicille Ă©diteur


La publication de ce livre a Ă©tĂ© rendue possible grĂące Ă  l’appui
du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature
et la culture quĂ©bĂ©coises (CRILCQ), site de l’UniversitĂ© Laval.


Composition et infographie : Isabelle Tousignant
RĂ©vision : Viviane Asselin
Conception graphique : Bleuoutremer


© Codicille éditeur, 2018
ISBN : 978-2-924446-09-6
ISBN PDF: 978-2-924446-10-2


INTRODUCTION


Julie Beaulieu

CRILCQ — UniversitĂ© Laval

Adrien Rannaud

Chercheur Banting, CRILCQ — UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al

Lori Saint-Martin

CRILCQ — UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al


Penser, créer, agir : telle a été la thématique du 7 e CongrÚs international
des recherches fĂ©ministes dans la francophonie (CIRFF), tenu Ă  l’UniversitĂ© du
QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al (UQAM) en aoĂ»t 2015. Dans un contexte oĂč s’arrimaient les
réflexions, les expériences et les engagements de chercheuses, artistes, praticiennes
et militantes féministes venues du monde entier, il nous apparaissait nécessaire
de formuler l’idĂ©e d’un panel ouvert sur cette question : oĂč en est la recherche
féministe dans les études littéraires, théùtrales et cinématographiques au Québec ?
Il va de soi qu’aucune rĂ©ponse ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme exhaustive ou
dĂ©finitive. Pourtant, c’est en ayant comme objectif de cartographier la recherche
féministe actuelle - quelle soit émergente, établie ou chevronnée - que nous
avons organisé, sur deux jours, le colloque Nouvelles perspectives en études fémi
nistes: littérature, cinéma, théùtre 1 .

La diversitĂ© des approches thĂ©oriques et des objets Ă©tudiĂ©s, l’intelligence
et l’humilitĂ© des confĂ©renciĂšres, confĂ©renciers, la richesse des Ă©changes avec un
auditoire composĂ© d’étudiantes et d’étudiants, de professeures et de professeurs


1. Nous tenons à remercier le Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la
culture québécoises (CRILCQ, sites UQAM et Université Laval), dont le financement a rendu
cet Ă©vĂ©nement possible. Que soit Ă©galement remerciĂ©e l’équipe de coordination du CIRFF.


5



GÉNÉRATION(S) AU FÉMININ


et, souvent, de curieuses et curieux, ont assurĂ© le succĂšs de l’évĂ©nement. Plus
largement, ce sont l’amour conjoint de la littĂ©rature, du cinĂ©ma, du thĂ©Ăątre et
des médias, et un engagement féministe évident qui ont favorisé la bonne tenue
de ce colloque marqué, qui plus est, par une franche cordialité entre tous les
confĂ©renciĂšres, confĂ©renciers. Profitant de l’émulation - de plus en plus rare,
dans le contexte universitaire actuel - des deux journées de discussions et de
dĂ©couvertes, il nous semblait primordial d’en donner une trace pĂ©renne, ouverte
sur de nouvelles collaborations et des pistes de comprĂ©hension d’enjeux passĂ©s
ou actuels des approches féministes. Ce livre en est la concrétisation.

Le colloque a été ponctué par des reprises et des échos, par la récurrence de
plusieurs termes, de plusieurs théories, de plusieurs axes de lecture. Emergeait
de nos discussions un panorama, large et précis à la fois, de quelques tendances
structurantes - et parfois inattendues - de la recherche actuelle. Ainsi, les quesÂŹ
tions liĂ©es Ă  la filiation, Ă  l’hĂ©ritage, aux gĂ©nĂ©rations et aux tentatives de rĂ©invenÂŹ
tion et de réappropriation ont guidé la préparation de cet ouvrage. Questions à
la mode, on en conviendra, mais qui traduisent bien les préoccupations des der
niĂšres annĂ©es dans la recherche et l’enseignement en Ă©tudes fĂ©ministes, de mĂȘme
que dans les domaines de la littérature, du cinéma et du théùtre. La réécriture
ou la relecture du passĂ©, l’apprĂ©hension des formes d’expression contemporaines
en regard d’autres plus anciennes, la mise en place de nouveaux outils d’ana¬
lyse, l’élargissement et la remise en question des frontiĂšres disciplinaires : autant
d’élĂ©ments qui suscitent l’étonnement et l’intĂ©rĂȘt, tant du cĂŽtĂ© des Ă©tudiantes et
étudiants que du cÎté des professeures et professeurs.

Certaines contributions s’attachent Ă  une auteure, Ă  un phĂ©nomĂšne partiÂŹ
culier, quand d’autres abordent, de façon transversale, tout un pan de l’historio¬
graphie fĂ©ministe. Entre les gĂ©nĂ©rations d’hier et d’aujourd’hui, et les nouvelles
perspectives de la recherche actuelle, on peut voir se dessiner trois ensembles de
textes orientĂ©s vers trois axes de lecture et d’écriture : relire, rompre, poursuivre.
Loin d’évoluer en vase clos, les contributions et les sections qui les regroupent
dialoguent les unes avec les autres ; un texte en annonce un autre, les champs
d’expertise se croisent et les objets d’étude s’interrogent mutuellement.

Le collectif s’ouvre ainsi sur des relectures de figures fĂ©minines fondatrices,
celles-lĂ  mĂȘmes qui amorcĂšrent un mouvement critique, une tradition d’écriÂŹ
ture, une rĂ©volution de l’ordre Ă©tabli. Inaugurant cette premiĂšre section, l’article
de MylÚne Bédard constitue un hommage nécessaire à Jeanne Lapointe, tout
comme il permet de prendre la mesure de l’action et de l’hĂ©ritage de cette der-


6


INTRODUCTION


niĂšre dans la vie intellectuelle quĂ©bĂ©coise. Professeure Ă  l’UniversitĂ© Laval de
1940 à 1987, membre de la commission Bird sur «la situation de la femme au
Canada » ( 1970) et de la commission Parent sur « l’enseignement dans la province
de QuĂ©bec» (1961-1966), mentore et femme d’action engagĂ©e, Lapointe fut
parmi les premiĂšres Ă  enseigner la littĂ©rature des femmes au sein d’une institution
universitaire quĂ©bĂ©coise. C’est par ailleurs sous l’égide de cette pionniĂšre, et Ă 
l’occasion du centiùme anniversaire de sa naissance, que s’est tenu le colloque en
2015. Prenant appui sur les lettres échangées avec la journaliste Judith Jasmin,
BĂ©dard (elle-mĂȘme professeure de littĂ©rature des femmes Ă  l’UniversitĂ© Laval)
lance une recherche de plus grande envergure sur l’histoire des reprĂ©sentations et
des discours de l’amitiĂ© au fĂ©minin, et oĂč les pratiques littĂ©raires se conjuguent
sur le mode de la confidence, du mentorat et du dĂ©bat d’idĂ©es.

La contribution de Marie-Claude Garneau, pour sa part, opĂšre une relecture
croisée de deux auteures de la seconde moitié du xx e siÚcle. En effet, la chercheuse
s’appuie sur les textes rĂ©cemment rĂ©Ă©ditĂ©s de la philosophe belge Françoise Collin
pour dĂ©celer et analyser, dans l’écriture dramaturgique de la QuĂ©bĂ©coise Jovette
Marchessault, les traces d’une ou de plusieurs «gĂ©nĂ©rations symboliques». En
dĂ©coule une rĂ©flexion novatrice sur l’intertextualitĂ©, concept Ă©minemment porÂŹ
teur chez les auteures fĂ©ministes, et qui favorise l’inscription d’une Ɠuvre - ici,
de deux piĂšces de thĂ©Ăątre - dans cette «histoire des Femmes» qu’appelait de ses
vƓux une autre penseuse fĂ©ministe contemporaine Ă  Jovette Marchessault et
Françoise Collin, Suzanne Lamy.

DĂ©laissant - un peu - la scĂšne pour l’écran, le texte de Louis-Paul Willis
clît cette premiùre section sur un examen critique d’un des textes fondateurs des
théories féministes du cinéma, «Visual Pleasure and Narrative Cinéma» (1975),
de Laura Mulvey. Comme le souligne d’entrĂ©e de jeu Willis, l’article de Mulvey
est l’un des seuls Ă  avoir marquĂ© durablement les Ă©tudes cinĂ©matographiques
depuis sa publication, tant et si bien qu’il demeure, encore aujourd’hui, au cƓur
des débats féministes sur la réception du cinéma populaire hollywoodien, qui
passe par le plaisir visuel déculpabilisé du spectateur placé devant son objet de
contemplation : la femme. Suivant les critiques formulĂ©es Ă  l’égard des assises
psychanalytiques (principalement lacaniennes) et féministes (quel est le rÎle de
la spectatrice dans la réception filmique, qui se structure sur le jeu des regards
masculins ?) de ce texte, Willis s’engage Ă  dĂ©mystifier ce qu’il nomme «les angles
morts » du plaisir visuel au cinéma et dans les médias, afin de proposer une
nouvelle lecture qui, non pas ancrée dans le rejet, se voit plutÎt tournée vers une
perspective féministe et psychanalytique contemporaine.


7


GÉNÉRATION(S) AU FÉMININ


La deuxiÚme section de ce livre porte plus précisément sur les rejets et les rup
tures dans la tradition. Ce sont les coups d’éclat et les sorties de route qui retiennent
principalement les contributrices. À commencer par Julie Beaulieu qui, à partir
du cas de l’artiste et rĂ©alisatrice amĂ©ricaine Lynn Hershman Leeson, propose une
rĂ©flexion neuve sur l’histoire du cinĂ©ma fĂ©ministe. Au croisement des disciplines,
Hershman mÚne une carriÚre plurielle qui défie les institutions comme les attentes
du public. Le film qu’analyse Beaulieu, ConceivingAda (1997), montre de surcroüt
l’intĂ©gration des nouvelles technologies au sein d’une histoire et d’un engagement
fĂ©ministes. L’analyse des personnages fĂ©minins sur lesquels se construit ce rĂ©cit de
science-fiction met de l’avant, dans un premier temps, les prĂ©occupations fĂ©miÂŹ
nistes de la cinéaste qui mÚneront, dans un deuxiÚme temps, à la visée principale
poursuivie par Beaulieu: l’inscription des films hershmaniens dans une histoire
du cinéma des femmes, en parallÚle de la grande histoire. Cette inscription se
soldera par une remise en question de la catĂ©gorie « cinĂ©ma des femmes » ( women’s
cinéma ) qui, fortement critiquée par les théories féministes au cinéma, invite à
(re)dĂ©finir ce qu’est le cinĂ©ma des femmes, ou du moins Ă  esquisser des pistes de
réflexion. Cette analyse, au carrefour des études cinématographiques, féministes
et technologiques, propose au final une lecture qui reconnaĂźt la diversitĂ© et l’hĂ©ÂŹ
térogénéité de la production des femmes au cinéma.

L’étude que soumet Tara Chanady porte sur un champ de recherche en plein
développement depuis quelques années dans la critique universitaire : les études
télévisuelles. Plus particuliÚrement, ce sont les séries télévisées américaines et les
reprĂ©sentations des identitĂ©s sexuelles qui constituent le cƓur du propos. Quel
regard poser sur des séries populaires, comme Orange Is the New Black ou Trans
parent, tiraillées entre la volonté de participer à Xempowerment des femmes dans
toute leur diversité, et les enjeux socioéconomiques qui régissent une production
télévisuelle de cette envergure ? En tentant de répondre à cette question, Chanady
poursuit un double objectif: d’une part, mesurer l’écart, mais aussi relever les
points de convergence, entre les reprĂ©sentations mĂ©diatiques de l’homosexualitĂ©
fĂ©minine et leur rĂ©alitĂ© socioculturelle; d’autre part, analyser des productions
populaires Ă  la lumiĂšre de l’intersectionnalitĂ©, outil de lecture privilĂ©giĂ© des derÂŹ
niĂšres annĂ©es dans les Ă©tudes fĂ©ministes, et dans une perspective queer. L’objet
d’étude ainsi que l’analyse, novatrice, jettent les pistes d’une recherche de grande
ampleur sur la lecture et la compréhension queer de la culture populaire contem
poraine, cette derniÚre se situant à mi-chemin entre un désir de perversion des
codes télévisuels et socioculturels traditionnels, et le respect des conventions et
des contraintes propres aux industries culturelles.


8


INTRODUCTION


La maternité figure un thÚme prédominant, à tout le moins dans la littéra
ture des femmes au Québec. Les deux textes de Marie-Eve Muller et Catherine
Cyr en témoignent éloquemment, le premier se fondant sur la production lit
téraire féminine du début du xxi e siÚcle, le second abordant la dramaturgie
contemporaine. Selon Muller, on peut déceler un trouble de la maternité (et de
son refus) dans les Ɠuvres de Marie-Sissi LabrĂšche et HĂ©lĂšne LĂ©pine. De façon
paradoxale, les deux hĂ©roĂŻnes Ă©prouvent un malaise, si ce n’est de la pudeur, Ă 
rĂ©vĂ©ler au monde leur dĂ©sir de ne jamais avoir d’enfants. Le refus de la maternitĂ©
se double, on le voit, d’une crise de la littĂ©rature, amenant les auteures Ă  user
des pratiques traditionnellement associées au féminin (la lettre, par exemple)
pour dépasser les tabous de la descendance avortée. Cyr, pour sa part, explore
les relations conflictuelles entre mÚres et enfants à partir des piÚces de théùtre de
Dominick Parenteau-Lebeuf et Evelyne de la CheneliĂšre. Partant de l’idĂ©e d’un
fĂ©minin comme « opĂ©rativitĂ© poĂ©tique », l’auteure lit les mĂ©canismes dramatur-
giques entourant l’identitĂ© des personnages fĂ©minins au prisme de l’ambivalence
discursive. Ce faisant, Cyr dĂ©voile le pacte de lecture qui conditionne l’accĂšs au
thĂ©Ăątre fĂ©minin/fĂ©ministe et Ă  l’équivocitĂ© des symboles et des stratĂ©gies Ă©non-
ciatives de la scĂšne actuelle.

Sorte de trait d’union entre les relectures et les ruptures, la derniùre sec¬
tion du collectif mise principalement sur la continuité et la filiation. Ce sont
la comparaison et les correspondances entre deux Ɠuvres ou deux phĂ©nomĂšnes
historiquement différents qui motivent les trois contributions. Dans la foulée
des rĂ©cents chantiers menĂ©s en histoire littĂ©raire et culturelle des femmes, l’arÂŹ
ticle d’Adrien Rannaud livre les bases d’un travail portant sur la naissance et
le dĂ©veloppement d’une culture mĂ©diatique au fĂ©minin Ă  travers l’histoire des
célébrités au Québec. Prenant appui sur les exemples du Mois de Jovette, dans
les années 1940, et de Véro magazine, publié depuis 2013, Rannaud démontre
l’existence et la pĂ©rennisation d’un systĂšme du vedettariat Ă  partir de la presse
magazine. En dĂ©coule une rĂ©flexion sur l’usage, la reproduction et le renouÂŹ
vellement de postures fĂ©minines qui favorisent l’accumulation d’un capital de
visibilité pour les célébrités littéraires et médiatiques comme Jovette Bernier ou
VĂ©ronique Cloutier.

Dans un mĂȘme ordre d’idĂ©es, le texte de ChloĂ© Savoie-Bernard s’intĂ©resse
à la présence de la communauté dans quelques textes poétiques féministes. De
Madeleine Gagnon à Carole David, en passant par Vickie Gendreau, l’auteure
restitue les ramifications d’un « nous » tendant Ă  se morceler et Ă  se reconfigurer
au fur et Ă  mesure des collaborations et des Ă©lans lyriques. La recherche d’un


9


GÉNÉRATION(S) AU FÉMININ


dialogue avec l’Histoire, au travers de nombreux phĂ©nomĂšnes intertextuels - ce
qui est typique de la littĂ©rature fĂ©ministe des annĂ©es 1970 et 1980 - et d’une
rĂ©appropriation des pratiques d’écriture comme le journal intime ou le manuel
de savoir-vivre, est aussi au centre de la pratique poétique contemporaine, ainsi
que l’explique Savoie-Bernard.

En fin de parcours, forte des recherches quelle a elle-mĂȘme lancĂ©es Ă  la fin
des années 1990, Lori Saint-Martin dresse une cartographie dynamique des rap
ports mÚre-fille dans la littérature contemporaine des femmes au Québec. Partant
de la mĂ©taphore de l’araignĂ©e, Saint-Martin explore la violence des images qui
unissent le personnage de la mĂšre et celui de sa fille, une union oĂč la rĂ©pugnance
et la crise de la filiation sont rapidement rattrapées par un désir de renouer les
liens perdus. Ce n’est donc pas tant la rupture entre deux femmes, deux « araiÂŹ
gnées », qui domine dans ce panorama romanesque, mais bien la tentative de
communication qui sous-tend les rĂ©cits au fĂ©minin Ă  l’heure actuelle.


RELECTURES

DE FIGURES FÉMININES FONDATRICES



LA RELATION

ENTRE JEANNE LAPOINTE ET JUDITH JASMIN
COMME POINT DE DÉPART
D’UNE RÉFLEXION SUR L’AMITIÉ FÉMININE

MylĂšne BĂ©dard

CRILCQ — UniversitĂ© Laval


Mes amis sont mon héritage.
Emily Dickinson


Selon Anne Vincent-Buffault, «[pratiquer l’amitiĂ©, c’est aussi exercer
autrement des relations, trouver une voie d’accùs à la prise de parole, voire à
l’entrĂ©e en Ă©criture» (Vincent-Buffault, 1995: 250). Dans la foulĂ©e de ce posÂŹ
tulat et considérant, toujours à la suite de Vincent-Buffault, la correspondance
comme un «autel de l’amitié» (Vincent-Buffault, 2010: 126), je propose d’anaÂŹ
lyser les modalitĂ©s et les possibles de l’amitiĂ© au fĂ©minin Ă  partir de la relation
qu’entretiennent Jeanne Lapointe et Judith Jasmin, deux pionniùres de l’his¬
toire culturelle et littéraire du Québec. Lapointe est en effet la premiÚre laïque
Ă  obtenir une licence Ăšs lettres et une maĂźtrise Ăšs arts de l’UniversitĂ© Laval, la
premiĂšre professeure de littĂ©rature Ă  la FacultĂ© des lettres de cette mĂȘme instiÂŹ
tution, oĂč elle contribue notamment Ă  l’émergence des Ă©tudes fĂ©ministes, et la
premiĂšre universitaire Ă  signer des critiques littĂ©raires dans la revue d’idĂ©es CitĂ©
libre. Jasmin, quant Ă  elle, est l’une des premiĂšres femmes au QuĂ©bec Ă  travailler
comme reporter Ă  l’étranger et Ă  couvrir l’actualitĂ© politique internationale. Son
nom est Ă©galement associĂ© Ă  l’émergence et au dĂ©veloppement de la tĂ©lĂ©vision
quĂ©bĂ©coise et du Service des affaires publiques de Radio-Canada. M’appuyant
principalement sur leur correspondance, mais aussi sur les textes quelles ont
laissĂ©s Ă  la postĂ©ritĂ© et les tĂ©moignages de leurs contemporaines, j’examinerai,


13


GÉNÉRATION(S) AU FÉMININ


dans un premier temps, la nature de leur relation et le discours quelles tiennent
sur leur amitié née au collÚge. Pour ces deux intellectuelles féministes, cette
relation amicale semble avoir favorisĂ© l’accomplissement de leur trajectoire
individuelle, mais aussi celle d’autres femmes. Evoluant dans des domaines tra¬
ditionnellement rĂ©servĂ©s aux hommes, l’universitĂ© pour l’une et l’information
pour l’autre, elles ont en effet jouĂ© un rĂŽle de mentores et entraĂźnĂ© plusieurs
femmes dans leur sillon. Lapointe et Jasmin paraissent ainsi refuser leur staÂŹ
tut de «femmes exceptionnelles», puisque cette étiquette entérine le partage
culturel des sexes fondĂ© sur l’exclusion et la dĂ©prĂ©ciation du fĂ©minin (Marini,
1991: 277). Les sources examinées montrent plutÎt quelles veulent ébranler
ce systĂšme en apportant leur appui aux carriĂšres fĂ©minines naissantes. C’est
pourquoi, dans un second temps, je me pencherai sur les notions d’engage¬
ment et de responsabilité qui caractérisent cette amitié et qui se manifestent
par une mĂȘme volontĂ© de faire contrepoids aux inĂ©galitĂ©s limitant le spectre des
possibles fĂ©minins. Bien qu’il n’y ait pas dans la correspondance Ă©tudiĂ©e prise
d’engagement explicite, le contenu des lettres et les actes que celles-ci Ă©voquent
ou appellent tĂ©moignent d’un engagement mutuel Ă  contribuer Ă  l’avancement
des femmes dans les milieux social et culturel.

Cette rĂ©flexion sur l’amitiĂ© au fĂ©minin vise ainsi Ă  mesurer l’ampleur de
l’hĂ©ritage de Lapointe et Jasmin, et Ă  saisir comment la relation amicale entre
femmes peut constituer un levier de n
Allison aspire une queue pour la faire gicler
La plantureuse Amy Reid se fait baiser
Tu finiras ta peinture plus tard occupe toi plutĂŽt

Report Page