Rien de tel que la pipe

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Rien de tel que la pipe
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«La pipe est comme une parenthèse qui permet de laisser divaguer ses pensées.» | Josh Rocklage via Unsplash




Société


fumer


cigarettes


cigarette électronique


tabac


Avant de nous quitter, voici des contenus qui pourraient vous intéresser

Clea Chakraverty
— 8 janvier 2021 à 8h00
La première fois que j'ai fumé la pipe , je devais avoir environ 14 ans. Nous étions assises, discrètes, au fond du café. Johanna avait sorti l'objet de sa poche. Nous passions un doigt sur la surface concave sombre, l'embout lissé par les années et par Dieu sait quelle bouche à qui elle l'avait dérobée. Nous avions gentiment crapoté en faisant tourner la pipe comme un objet magique. Pas de Covid-19 ni d'interdiction café-clopes en 1999.
Vingt ans plus tard, je ne sais pas si Johanna fume la pipe ou la cigarette, si, au tournant des années 2015, elle a adopté la «vape» ou si elle a tout simplement arrêté de se détruire les poumons .
Mais sans le savoir, j'avais, l'espace d'un instant et grâce à Johanna, partagé une expérience collective, un art de vivre. Car les fumeurs de pipe, bien que rares de nos jours, ne ressemblent pas tous au commandant Cousteau ni à José Bové .
José Bosé en 2008. | Franck Fife / AFP
En 2020, les amateurs de la «bouffarde» comptent bien de vieux inconditionnels mais aussi de nombreuses femmes et des trentenaires curieux, formant ainsi une communauté aussi vivante que très active.
En février 2020, le jeune trimestriel Sphères , qui «explore les grandes histoires des petites communautés de passionnés», leur consacre son premier numéro. «Nous étions surpris de trouver un tel attachement à cet objet qu'est la pipe. Elle véhicule une esthétique forte et on observe une affirmation de l'usage assez nouvelle», analyse César Marchal, cofondateur de la publication. Une tendance également remarquée par Marianne début octobre , qui évoque même un «retour» de la pipe.
Mais de quoi parle-t-on au juste? Des championnats de France de fumeurs de pipe ? Des collectionneurs de Pithiviers aux 600 pipes ? Pour le savoir j'ai poussé la porte de la boutique À la Pipe du Nord , institution fondée en 1867, sise au 21 du boulevard de Magenta à Paris.
Georges Brassens et son incontournable pipe en 1960. | Gabriel Duval / AFP
«J'ai repris la boutique en 2016, cela faisait cinq générations qu'elle était gérée par la même famille» , confie Marie-Aurélie Favre, ancienne communicante, qui s'est prise de passion pour l'objet en cherchant à diminuer sa propre consommation de cigarettes. Très vite elle investit cet univers aux contours poétiques: maîtres-pipiers, scieurs de bruyères, ébonite, ébauchon, civette, écume de mer…
Formée auprès des artisans façonneurs et des négociants, la jeune femme a appris non seulement à conseiller et vendre, mais aussi à fabriquer et réparer ces précieux objets, exposés avec goût et délicatesse sur les rayonnages.
Finitions sablées? Tuyau fin? Courbure à la Sherlock Holmes? Pour le savoir rien de tel que prendre l'objet en main sous les conseils avisés de l'experte. Difficile de ne pas comparer la boutique de Marie-Aurélie Favre à celle d'Ollivander , le vendeur de baguettes magiques de la saga Harry Potter . «Chaque baguette, dès le moment où elle trouve son propriétaire idéal, commencera à apprendre des choses de son partenaire humain tout en lui apportant son propre enseignement.» Remplacez «baguette» par «pipe» et vous saisirez mieux la philosophie qui anime les amateurs de bouffarde.
De 5 euros à plusieurs centaines, chaque pipe, unique en son genre, témoigne d'une histoire humaine mondiale. Longue et fine dans les bouches des Bretonnes au début du XX e siècle, en terre cuite et courte ornée d'une figurine de poisson chez les Aztèques ou encore taillée dans le bambou pour les fumeurs d'opium.
Un vendeur vietnamien fume du tabac à travers une pipe en bambou dans une rue de Hanoi le 3 septembre 2019. | Manan Vatsyayana / AFP
En France, c'est la pipe créée à partir de racine de bruyère qui s'est développée, comme celle de la marque Chacom qu'a reçue François-Xavier, 33 ans, à la mort de son grand-père paternel. «Je ne la fume que très rarement. C'est un objet un peu spécial, agréable en bouche et qui m'évoque quelque chose de fort, de nostalgique. Un peu comme une belle montre qu'on se transmet de père en fils» , observe-t-il.
Fumer la pipe exige un minimum de tranquillité, de temps et de technique. Nicolas Stoufflet fume la pipe (uniquement) depuis ses 17 ans. Au tournant de l'an 2000, il décide de lui consacrer un blog, Pipe Gazette , pour connecter et informer les fumeurs passionnés et curieux. En 2020, il note avec amusement que le confinement a fait doubler le nombre de visiteurs sur son site, de 600 à 1.200 par jour sans discontinuer.
«Cette période de crise éveille nos réflexions sur le temps qui passe, sur nos valeurs, sur l'envie de ralentir et prendre le temps. La pipe, avec son côté madeleine de Proust, s'inscrit très bien dans cette démarche.» Même remarque chez Marie-Aurélie Favre, qui observe une clientèle de trentenaires branchés souhaitant regagner en «qualité de vie» .
La pipe se vendait par millions dans toute la France. | Clément Falize via Unsplash
Avant la Seconde Guerre mondiale et la diffusion massive de tabac blond , la pipe se vendait par millions dans toute la France. L'Hexagone a même une «capitale de la pipe»: Saint-Claude dans le Jura, où plus de quatre-vingt usines à pipes produisaient presque 30 millions de pipes par an au début du XX e siècle.
Aujourd'hui, seules quelques usines subsistent. Parmi elles, l'entreprise Chapuis-Comoy , dont les fondateurs confectionnaient déjà les pipes en buis des «grognards», soldats fidèles des Bonaparte.
«Dans les années 1920, l'usine employait 450 ouvriers contre 20 aujourd'hui pour une production de 50.000 pipes par an, contre 65.000 en 2005, lorsque j'ai repris l'affaire» , confie Antoine Grenard, 42 ans.
Sa société produit la Chacom, l'une des marques françaises les plus emblématiques, capturée récemment sur les réseaux sociaux afin de séduire cette «nouvelle clientèle» qu'Antoine Grenard voit arriver depuis deux ans dans un contexte pourtant marqué par de nombreux défis.
Des étudiants fumant la pipe à Paris, en 1960. | AFP
Les maîtres-pipiers se font rares et les écoles inexistantes: «La formation se fait uniquement par la transmission, en usine, à Saint-Claude mais le savoir-faire se perd. Or la confection d'une pipe équivaut à quatre-vingt opérations différentes, sans compter la prise en main de la matière première difficile d'accès: la racine de bruyère qui donne le bois particulier de la pipe [le bois de bruyère résiste aux très hautes températures, ndlr] . Il doit être coupé d'une certaine manière, et les scieurs ne sont pas nombreux», explique Antoine Grenard.
Amateurs et vendeurs déplorent aussi la législation sur le tabac , particulièrement stricte en France, qui, du fait d'une forte taxation indifférenciée sur tous les produits, conduit les fournisseurs à privilégier la cigarette.
En 2018, d'après l'enquête de Sphères , on comptait 76.202 pipes vendues en France. Une goutte d'eau face aux quelque 13 millions de fumeurs. Quant au tabac à pipe, toujours selon Sphères, la consommation a chuté de 2.910 tonnes en 1990 à 239 tonnes en 2018. Ce tabac pourtant très facile d'accès et de qualité diverse en Belgique ou en Hollande se fait rare en France, au point où les buralistes n'en commandent parfois même plus –et vous lancent un regard dubitatif quand vous posez naïvement la question.
La société française Seita , ancien monopole d'État, vendait pourtant des marques de tabac iconiques, comme Amsterdamer, mais elle a dû faire face à de nouveaux marchés. «L'essor des vapoteuses a demandé un repositionnement des tabagistes» , explique Basile Vezin, directeur de la communication du groupe Seita. Le tabac à pipe représente à peine 2% des produits du groupe, contre environ 10% pour les produits pour cigarettes électroniques.
Une e-pipe, une pipe électronique. | Nicolas Tucat / AFP
Les campagnes anti-tabagisme ont aussi joué un rôle important dans le tournant pris par les consommateurs. D'après Santé publique France , le nombre de fumeurs baisse et le tiers de Français qui gagnent le mieux leur vie ne compte seulement 18% de fumeurs quotidiens, contre 30% pour le tiers le plus démuni.
«La consommation de tabac était autrefois l'apanage des élites socio-économiques, puis elle s'est diffusée à l'ensemble de la population avant de devenir symptomatique des couches les plus modestes» , explique Céline Goffette, enseignante-chercheuse à l'ENSAE.
Cette inversion des marqueurs sociaux a été accompagnée par une modification profonde des valeurs et des imaginaires qui ont entouré le tabac, poursuit la sociologue.
«Notre mode de consommation du tabac définissait la position sociale. Le marin chiquait, l'aristocrate prisait, le manuel fumait la pipe... Puis la cigarette a supplanté tous les modes d'usage. Aujourd'hui, c'est la consommation ou la non-consommation de tabac qui marque la position sociale.»
Une nouvelle mode? | Dave Herring via Unsplash
Dans ce contexte, la pipe peut-elle émerger comme nouveau phénomène de distinction sociale? «Ce n'est pas impossible: renouer avec un objet d'antan, un peu désuet, dans un contexte de réprobation de la cigarette peut lancer un effet de mode à destination de catégories supérieures bien spécifiques.»
À l'affût du moindre frémissement sur ce marché, les cigarettiers comme Seita restent en alerte: en novembre 2020 le groupe a commercialisé deux nouveaux tabacs à pipe, News et Horizon.
Si ces considérations toutes pragmatiques ont leur importance, pour les amateurs comme Nicolas Stoufflet, la «bouffarde» porte d'abord quelque chose de contemplatif. «C'est comme une parenthèse qui permet de laisser divaguer ses pensées.» Consommateur occasionnel ou observateur, le fumeur de pipe est plutôt un «hédoniste, un épicurien qui prend son temps». Loin de l'excitation du monde.
Par
Clea Chakraverty
Temps de lecture : 5 min
Par
Clea Chakraverty
Temps de lecture : 6 min
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— 9 septembre 2022 — Temps de lecture : 6 min


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Vingt ans plus tard, je ne sais pas si Johanna fume la pipe ou la cigarette, si, au tournant des années 2015, elle a adopté la «vape» ou si elle a tout simplement arrêté de se détruire les poumons .
Mais sans le savoir, j'avais, l'espace d'un instant et grâce à Johanna, partagé une expérience collective, un art de vivre. Car les fumeurs de pipe, bien que rares de nos jours, ne ressemblent pas tous au commandant Cousteau ni à José Bové .
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En février 2020, le jeune trimestriel Sphères , qui «explore les grandes histoires des petites communautés de passionnés», leur consacre son premier numéro. «Nous étions surpris de trouver un tel attachement à cet objet qu'est la pipe. Elle véhicule une esthétique forte et on observe une affirmation de l'usage assez nouvelle», analyse César Marchal, cofondateur de la publication. Une tendance également remarquée par Marianne début octobre , qui évoque même un «retour» de la pipe.
Mais de quoi parle-t-on au juste? Des championnats de France de fumeurs de pipe ? Des collectionneurs de Pithiviers aux 600 pipes ? Pour le savoir j'ai poussé la porte de la boutique À la Pipe du Nord , institution fondée en 1867, sise au 21 du boulevard de Magenta à Paris.
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«J'ai repris la boutique en 2016, cela faisait cinq générations qu'elle était gérée par la même famille» , confie Marie-Aurélie Favre, ancienne communicante, qui s'est prise de passion pour l'objet en cherchant à diminuer sa propre consommation de cigarettes. Très vite elle investit cet univers aux contours poétiques: maîtres-pipiers, scieurs de bruyères, ébonite, ébauchon, civette, écume de mer…
Formée auprès des artisans façonneurs et des négociants, la jeune femme a appris non seulement à conseiller et vendre, mais aussi à fabriquer et réparer ces précieux objets, exposés avec goût et délicatesse sur les rayonnages.
Finitions sablées? Tuyau fin? Courbure à la Sherlock Holmes? Pour le savoir rien de tel que prendre l'objet en main sous les conseils avisés de l'experte. Difficile de ne pas comparer la boutique de Marie-Aurélie Favre à celle d'Ollivander , le vendeur de baguettes magiques de la saga Harry Potter . «Chaque baguette, dès le moment où elle trouve son propriétaire idéal, commencera à apprendre des choses de son partenaire humain tout en lui apportant son propre enseignement.» Remplacez «baguette» par «pipe» et vous saisirez mieux la philosophie qui anime les amateurs de bouffarde.
De 5 euros à plusieurs centaines, chaque pipe, unique en son genre, témoigne d'une histoire humaine mondiale. Longue et fine dans les bouches des Bretonnes au début du XX e siècle, en terre cuite et courte ornée d'une figurine de poisson chez les Aztèques ou encore taillée dans le bambou pour les fumeurs d'opium.
Un vendeur vietnamien fume du tabac à travers une pipe en bambou dans une rue de Hanoi le 3 septembre 2019. | Manan Vatsyayana / AFP
En France, c'est la pipe créée à partir de racine de bruyère qui s'est développée, comme celle de la marque Chacom qu'a reçue François-Xavier, 33 ans, à la mort de son grand-père paternel. «Je ne la fume que très rarement. C'est un objet un peu spécial, agréable en bouche et qui m'évoque quelque chose de fort, de nostalgique. Un peu comme une belle montre qu'on se transmet de père en fils» , observe-t-il.
Fumer la pipe exige un minimum de tranquillité, de temps et de technique. Nicolas Stoufflet fume la pipe (uniquement) depuis ses 17 ans. Au tournant de l'an 2000, il décide de lui consacrer un blog, Pipe Gazette , pour connecter et informer les fumeurs passionnés et curieux. En 2020, il note avec amusement que le confinement a fait doubler le nombre de visiteurs sur son site, de 600 à 1.200 par jour sans discontinuer.
«Cette période de crise éveille nos réflexions sur le temps qui passe, sur nos valeurs, sur l'envie de ralentir et prendre le temps. La pipe, avec son côté madeleine de Proust, s'inscrit très bien dans cette démarche.» Même remarque chez Marie-Aurélie Favre, qui observe une clientèle de trentenaires branchés souhaitant regagner en «qualité de vie» .
La pipe se vendait par millions dans toute la France. | Clément Falize via Unsplash
Avant la Seconde Guerre mondiale et la diffusion massive de tabac blond , la pipe se vendait par millions dans toute la France. L'Hexagone a même une «capitale de la pipe»: Saint-Claude dans le Jura, où plus de quatre-vingt usines à pipes produisaient presque 30 millions de pipes par an au début du XX e siècle.
Aujourd'hui, seules quelques usines subsistent. Parmi elles, l'entreprise Chapuis-Comoy , dont les fondateurs confectionnaient déjà les pipes en buis des «grognards», soldats fidèles des Bonaparte.
«Dans les années 1920, l'usine employait 450 ouvriers contre 20 aujourd'hui pour une production de 50.000 pipes par an, contre 65.000 en 2005, lorsque j'ai repris l'affaire» , confie Antoine Grenard, 42 ans.
Sa société produit la Chacom, l'une des marques françaises les plus emblématiques, capturée récemment sur les réseaux sociaux afin de séduire cette «nouvelle clientèle» qu'Antoine Grenard voit arriver depuis deux ans dans un contexte pourtant marqué par de nombreux défis.
Des étudiants fumant la pipe à Paris, en 1960. | AFP
Les maîtres-pipiers se font rares et les écoles inexistantes: «La formation se fait uniquement par la transmission, en usine, à Saint-Claude mais le savoir-faire se perd. Or la confection d'une pipe équivaut à quatre-vingt opérations différentes, sans compter la prise en main de la matière première difficile d'accès: la racine de bruyère qui donne le bois particulier de la pipe [le bois de bruyère résiste aux très hautes températures, ndlr] . Il doit être coupé d'une certaine manière, et les scieurs ne sont pas nombreux», explique Antoine Grenard.
Amateurs et vendeurs déplorent aussi la législation sur le tabac , particulièrement stricte en France, qui, du fait d'une forte taxation indifférenciée sur tous les produits, conduit les fournisseurs à privilégier la cigarette.
En 2018, d'après l'enquête de Sphères , on comptait 76.202 pipes vendues en France. Une goutte d'eau face aux quelque 13 millions de fumeurs. Quant au tabac à pipe, toujours selon Sphères, la consommation a chuté de 2.910 tonnes en 1990 à 239 tonnes en 201
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