Rencontre avec

Rencontre avec

Anne-Lise

J ‘aime entendre sonner

côte

à côte

les mots :

retrouvailles d’une première rencontre.

Végétation de la Soufrière

Au détour d’un contact encore impalpable par le conscient, je m’aventure à la connaissance de l’autre. Re-connaître l’autre, être vivant puis être dans le vivant au sein d’un humus, source de vie. Dans une pirouette de langage je chantonne ceci : vivre pour rencontrer à l’encontre de toute attente, se laisser sur-prendre mutuellement.

Échanges de mots,

un lien se tisse.

Ça m'attise...

De la méfiance ?

Cela arrive, oui. Instinct primitif : aux aguets face à l’inconnu.

Dès lors, germe la communion. Le temps d’une discussion sur la météo du jour (dégagée grâce au passage du Mistral dira-t-on), d’une après-midi à se promener en forêt à l’odeur de sève de conifère, de semaines de coopération sur l’organisation d’un spectacle de danse… la relation émerge d’un commun terreau fertile.


Vivre pour rencontrer, cultiver l’entre-deux êtres : faire en sorte que pousse la relation. La mise en commun des vertus et travers de chacun participe à cette culture du nouveau, d’une plante verdoyante dont on ignore le nom encore (ou peut-être toujours). Celle qui, au grès des éléments naturels externes : le souffle de l’air, l’humidité et l’ensoleillement prendra forme ; tantôt perdra feuilles et bourgeons après les avoir laissés brunir tantôt renforcera tige et rameaux des suites du passage d’une bourrasque. Les aléas du survenir modèlent la pousse de la structure : le port se construit et nourrit chaque élément des racines à la cime. Quelques fois encore, négligée ou abhorrée la plante finit par se réduire sur elle-même jusqu’à ne plus exister en tant que telle et termine en un amas de molécules. Rien ne se perd.


J’ai choisis ce mot, rencontre, après une année deux mille dix neuf riche d’expériences humaines.
Depuis son prélude, jour de l’an antillais sous les palmiers, musique électronique nous accompagnant dans le décompte jusqu’à un hiver finissant plus que doux en métropole : j’ai croisé le chemin de bien des personnes. Personnes si singulières à mes yeux du cœur, aux couleurs de vie si variées que j’en ai emporté quelques croquis.

Pour en citer quelques unes, à l’instant s’éveillent en mémoire les couleurs flamboyantes des âmes fortes de l’île papillon, arc-en-ciel avec mes pairs de roller (trololo…!) ou même nacrées pour mes semblables d’un temps bordelais... Les souvenirs des événements que parfois le temps embrume – deviennent alors de perpétuelles pensées d’instants éphémères. J’entends bien qu’il n’est pas de bonne augure que de « vivre dans le passé », mais la rêveuse qui s’éveille en moi me promène souvent dans ces impressions de sensations agréables, que voulez-vous !


S’agissant de mes proches, mes chers, je dirais qu’ils influencent ma vie jusqu’aux reliefs, la matière de la surface de la toile. Ainsi, le paysage évolue selon… j’imagine que les couches de peinture s’épaississent au grès des instants partagés, qu’ils soient agréables ou bien... Passons à un point de vue botanique (avis aux jardinier.es ) : la plante s’est quelques fois enroulée, entortillée autour d’un tuteur puis étiolée sous le coup d’une tempête jusqu’à presque se perdre et griller sous le fracas d’un orage. Lumière vive, imprévisible , acérée marquant l’inéluctable : toléré ou non, là, indélébile. De ces moments douloureux, c’est à moi désormais, d’apprendre à composer sur cette toile lacérée de tonalités franches, enduite de matières denses. Et quelle richesse.


Forêt primitive d'Ariège


Et puis en guise d'illustration, j’ai envie de te raconter cette brève rencontre d’un soir d’hiver. A l’image d’un point d’honneur à cette thématique qui est si représentative de cette fin de décennie :

Sofiane , une bouteille plastique de coca à la main - que j’avais aperçu observer la foule (lui aussi) quelques secondes plus tôt - décida de s’asseoir à mes côtés alors que je mangeais mon repas de 23h30, une préparation asiatique à emporter goutteuse mais un tantinet sirupeuse . J’étais alors mentalement essoufflée par une journée dense en émotions. Peu encline à la rencontre, je me laissai pourtant inspirer par ses inspirations méditerranéennes. Nous échangeâmes quelques discussions de société d’ici et de là-bas, de son peuple à l’origine nomade et de phrases fugaces. J’en ai d’ailleurs oublié la plupart des mots...mais garde en mémoire la chaleur de sa présence.

Un soir de décembre citadin au pied de l’obélisque, nous nous sommes rencontrés pour la première et la dernière fois.


Voilà.

La rencontre à mes yeux est une motivation quasi quotidienne. Créer un lien si possible pérenne, me presse de venir à ta rencontre, comme une évidence. Je rattrape, en quelque sorte, le temps « perdu » (il court si vite) de quelques années...

Puis, si tu le veux bien, la co-création de cette nouvelle toile nous mènera là où nous voudrons bien nous rendre, aux détours et contours du cadre qui ne tient qu'à nous, qu'à la toile. Ensemble de fils, de liens tissés. Tissus étendu, trame d’un nouveau récit. Surprenons-nous de retirer l'étoffe, de dévoiler ce tissus de soie.

Et pour (é)clore ce champ de palabres fleuries, je citerai le titre d’un livre dont j’en découvrirai très bientôt le contenu.
Comme une ouverture, un accès au champ des possibles.

Je cite : « S’apparaître à l’occasion d’un autre ».

Anne-Lise,

pitre de douces railleries,

peintre de moult rêveries.



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