Races humaines : le sophisme de Lewontin

Races humaines : le sophisme de Lewontin

Musette/Tiremont/Obiter

Voici un recueil des déclarations des pontes de la biologie quant à Richard Lewontin et son fameux sophisme. En 1972, Lewontin a affirmé qu’il n’était pas possible de distinguer génétiquement des races humaines parce que la diversité génétique humaine était largement contenue au sein des groupes, et qu’il n’y avait donc pas assez de différences génétiques entre les groupes pour parler de races. Cet argument a fait florès. Pourtant, il n’est pas sérieux. Florilège.

A. W. F. Edwards, « Human genetic diversity: Lewontin’s fallacy », Bioessays (2003)

« Dans les articles populaires qui minimisent les différences génétiques entre les populations humaines, il est souvent affirmé que 85 % du total de la variation génétique de l’humanité est due à des différences individuelles à l’intérieur des populations et seulement 15 % à des différences entre les populations. Il a donc été proposé que la division d’Homo sapiens en races n’était pas justifiable par des données génétiques. Cette conclusion donnée par R. C Lewontin en 1972 est injustifiée car son argument ignore le fait que la plupart des informations qui distinguent les populations sont cachées au sein de la structure de corrélation des données, et non simplement au sein de la variation des facteurs individuels.

Ces conclusions sont fondées sur le vieux sophisme statistique des données analytiques qui veut qu’elles ne contiennent aucune information autre que celles révélées par une analyse locus par locus, permettant ainsi de tirer des conclusions seulement quant aux résultats d’une telle analyse. La signifiance taxonomique des données génétiques survient en réalité bien souvent de la corrélation entre les différents loci, car c’est celle-ci qui contient les informations permettant de découvrir une classification stable. »


L. L. Cavalli-Sforza, entrevue avec Razib Khan (2006)

« Edwards et Lewontin ont tous les deux raison. Lewontin a dit que la part de la variance était très faible entre les populations humaines […]. Il a en effet été démontré plus tard qu’elle était l’une des plus petites chez les mammifères. Lewontin espérait probablement, pour des raisons politiques, qu’elle soit ridiculement petite […]. En substance, Edwards a répondu qu’elle n’était pas ridiculement petite, parce qu’elle était suffisante pour reconstituer l’arbre évolutionnaire humain, comme nous l’avons fait, et il a évidemment raison. »

Peter Frost a écrit un essai sur le mystère Cavalli-Sforza.


David Reich, Who We Are and How We Got Here (2018)

« J’ai la plus profonde sympathie pour l’idée selon laquelle les découvertes génétiques quant aux différences entre les populations aient pu être utilisées afin de justifier des idées racistes. Mais c’est précisément à cause de cette sympathie que je suis inquiet que des personnes qui nient la possibilité de différences biologiques substantielles entre les populations se mettent eux-mêmes dans une position indéfendable, position qui ne survivra pas à l’assaut de la science. Ces dernières décennies, la plupart des généticiens des populations ont cherché à éviter de contredire la doxa. Quand nous sommes interrogés sur l’existence de différences biologiques entre les populations humaines, nous tendons à embrouiller l’auditoire, à faire des déclarations mathématiques dans l’esprit de Richard Lewontin, comme celle qui consiste à dire que la différence moyenne entre les individus à l’intérieur d’une même population est six plus fois grande plus que la différence moyenne entre ces populations. Nous avons remarqué que les mutations qui sont à la base de certains traits qui diffèrent drastiquement entre les populations — l’exemple classique étant celui de la couleur de peau — sont rares […]. Mais cette formulation prudente masque délibérément la possibilité de différences moyennes substantielles entre les populations.

Pour ceux qui vont à l’encontre de l’idée qu’il puisse y avoir des différences d’aptitude entre les population, la précaution la plus naturelle est de dire que même si de telles différences existaient, elles seraient petites. […] Mais cet argument ne tient pas non plus. La séparation des populations humaines, qui peut remonter à 50000 ans pour des populations non africaines, et jusqu’à 200000 ans pour des populations africaines subsahariennes, est loin d’être négligeable sur l’échelle temporelle de l’évolution humaine. Si la sélection de la taille et de la circonférence de la tête du nouveau-né peut survenir en quelques milliers d’années, affirmer qu’il ne peut y avoir de différences comportementales ou cognitives entre ces populations est une mauvaise blague. »


Robert Trivers, « Vignettes of Famous Evolutionary Biologists, Large and Small » (2015)


« L’histoire de Lewontin est celle d’un homme avec de grands talents, qui les gâche par idiotie, narcissisme, arrogance, une pensée politique superficielle et des ruminations philosophiques […]. Il a dirigé avec succès un laboratoire pendant des années, et a facilement récolté des fonds de recherche, aussi beaucoup de généticiens américains se souviennent-ils naïvement de lui et du temps passé avec lui à Harvard en tant qu’étudiant ou post-doctorant. Mais en tant que penseur de l’évolution, et encore plus en tant que généticien, au delà de son travail passé sur le déséquilibre de liaison, il n’a pas montré grand-chose et les meilleurs de ses anciens étudiants ont admis qu’il n’avait rien fait de notable pendant plus de 20 ans. Par ailleurs, Lewontin ment ouvertement, il l’a reconnu. En effet, il admet, au moins en privé, que certaines de ses affirmations sont des forgeries, mais il dit aussi que le combat est idéologique et politique : ils mentent, alors lui aussi. »


Ernst Mayr, correspondance privée (2003)

« Edwards a transmis son article à Ernst Mayr, qui est peut-être la figure la plus importante de la théorie moderne de l’évolution. La réponse de Mayr, qui n’a jamais été publiée avant, est assez intéressante :

Merci de votre lettre du vingt août […] à propos de la supercherie de Lewontin. J’ai déjà, il y a plusieurs années de cela, pointé du doigt les affirmations trompeuses de Lewontin. Je recommande son livre La Triple hélice. Le lecteur non averti ne découvrira pas à quel point son exposé est complètement biaisé. Tout ce qui lui donne tort est omis ! Et si vous présentez la vérité, vous êtes traité de nazi ou de fasciste ! Le public est malheureusement bien trop facilement manipulable ! Particulièrement quand des vœux pieux sont impliqués !

Meilleures salutations,

Ernst Mayr »


Francis Crick, correspondance privée (1977)

« Beaucoup de scientifiques se sont plaints en privé que le travail de Lewontin était lourdement influencé par ses idées politiques. Francis Crick écrivait à Peter Medawar en 1977 :

« Lewontin est connu pour être fortement biaisé politiquement et admet lui-même être scientifiquement peu scrupuleux sur les sujets qu’il traite. C’est-à-dire qu’il les prend pour des sujets politiques, et ainsi se sent en droit d’utiliser des arguments biaisés. »


Gregory Cochran et Henry Harpending, The 10,000 Year Explosion: How Civilization Accelerated Human Evolution (2009)

« Certains affirment que les différences entre les populations humaines sont petites et peu significatives. Comme remarqué avec éloquence par Richard Lewontin en 1972, la plupart des différences génétiques sont trouvées à l’intérieur des populations humaines plutôt qu’entre elles. Approximativement 85% de la diversité génétique humaine se trouve à l’intérieur des groupes et 15% entre eux. Lewontin et d’autres ont affirmé que cela signifiait que les différences génétiques entre populations humaines devaient être plus petites que les différences à l’intérieur desdites populations.

Mais la diversité génétique est distribuée de façon similaire chez les chiens : 70 % de la diversité génétique est intraraciale, tandis que 30 % est interraciale. En utilisant le même raisonnement que Lewontin, on devrait conclure que les différences entre les dogues allemands sont plus grandes que les différences entre les dogues allemands et les chihuahuas. Mais c’est une conclusion qu’il est bien difficile d’avaler. Il s’avère que bien que la distribution de la diversité génétique est comme Lewontin l’a dit, son interprétation est incorrecte. La distribution de la diversité génétique ne dit quasi rien de la taille ou de l’importance des différences entre les groupes. […] Il y a indubitablement un certain nombre de gènes qui affectent la croissance des chiens, au sens où plusieurs variants génétiques favorisent la croissance tandis que d’autres la défavorisent. Même si l’on trouve des variants pro et anti-croissance chez les dogues allemands comme chez les chihuahuas, la tendance est différente. Les variants qui favorisent la croissance sont plus communs chez les dogues allemands. Même si un dogue en particulier peut porter une mutation liée à une faible croissance, alors qu’un chihuahua en particulier aura la version favorisant une forte croissance, la somme des effets des nombreux gènes favorisera presque certainement une plus grande croissance chez le dogue allemand. Ainsi peut-on affirmer tranquillement qu’aucun chihuahua n’a jamais été plus grand qu’un dogue allemand. De la même façon, il peut plus pleuvoir à Albuquerque qu’à Hilo, mais au cours d’une année, Hilo est systématiquement plus humide. »


Jerry Coyne (2020)

« De son analyse mathématique, Lewontin a conclu que le terme de race n’avait aucune réalité biologique. La fausseté de cette affirmation a été soulignée par le généticien A.W.F. Edwards, qui a noté que Lewontin considérait chaque gène comme indépendant. Mais ce n’est pas le cas, car les contraintes de l’histoire, de la séparation géographique et de l’évolution font que les différences entre les populations et les races à différents gènes sont corrélées. […]

L’affirmation initiale de Lewontin sur la répartition de la variation génétique entre les individus, les populations et les races était incorrecte. [Mais] Lewontin avait tort pour des raisons qui dépassent les prétentions d’Edwards : il avait tort parce que, comme Lou l’a montré, il « a utilisé une mesure de la ‘différenciation’ qui ne mesure pas vraiment la différenciation ». Lou a présenté un autre modèle qui vous permettra de comparer la différenciation au sein des groupes et entre eux (cela vaut pour la diversité des espèces en écologie ainsi que pour la diversité génétique au sein des populations et entre elles), mais il ne l’a pas appliqué aux données de Lewontin, parce que ces données sont maintenant dépassées (elles étaient basées sur des fréquences d’allèles trouvées par électrophorèse).

La leçon à retenir est que la conclusion de Lewontin est erronée non seulement parce qu’elle s’applique à des loci uniques et supposément non corrélés, mais aussi parce qu’il a utilisé la mauvaise mesure pour comparer la diversité au sein d’un groupe et entre les groupes. »

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