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Доступ к информационному ресурсу ограничен на основании Федерального закона от 27 июля 2006 г. № 149-ФЗ «Об информации, информационных технологиях и о защите информации».

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Daniel Rivet


HISTOIRE DU






k M, v)


ln| vvfSnr/^IX















o books4arab.com





H1ST0IRE DU

A T) r\r DE MOULAV IDRIS
IVl/\nUL A MOHAMMED VI

Cette synthese lumineuse nous fait traverser des
siecles d’histoire marocaine tambour battant, de lem-
pire romain a la premiere islamisation au vn e siecle,
puis a lemergence des constructions imperiales au
xi e , jusqua l’avenement de Mohammed VI en 1999.
Daniel Rivet nous plonge dans ce pays aux contrastes
fascinants, ou coexistent les cites arabisees du Nord
et les casbahs berberes du Sud, les musulmans et les
juifs, les docteurs de la loi et les saints. Exceptionnel
au Maghreb a bien des egards, le royaume cherifien ne
laisse pas percer ses secrets facilement: depuis quand
le Maroc existe-t-il ? Comment expliquer la perennite
de la monarchic? Pourquoi des styles culturels aux
antipodes parviennent-ils a cohabiter?

Fidele au mot de Paul Veyne pour qui expliquer
plus, cest raconter mieux, l’auteur fait sa place au
temps long, aux structures, a lequilibre entre Etat
et nation, tout en entrainant parfois le lecteur dans
le tourbillon des evenements. II livre des portraits
vibrants aussi bien des bourgeois fassis ou des ksou-
riens du Tafilalt au xvn e siecle que de la jeunesse
contemporaine, parce que, par-dela l’abstraction du
Maroc, il y a les hommes. Un ouvrage appele a deve-
nir une reference.


Daniel Rivet, professeur emerite a l’universite de Paris 1 -Pantheon-
Sorbonne, a enseigne l'histoire contemporaine a la Faculte des
Lettres et Sciences humaines de Rabat de 1967 a 1970 et a l’uni-
versite Lumiere-Lyon 2. II a consacr^ lessentiel de ses travaux au
Maghreb & l^poque coloniale.


ISBN 978-2-213-63847-8


782213


638478


IS 41)91-7 XIVU12
^4 € prix TTC France


En couverlure: L,i medina dr R.,b.<
* Puiil Rulz/Treal/Gamioa.

Creation 8raphl(,ue;(t. Unchatau
























HISTOIRE DU MAROC



Du mime auteur


Le Maghreb h I'ipreuve de la colonisation, Hachetre Litteratures, 2002 :
r&d. coll. « Pluriel », 2009.

Tu nous as quittis ... Parattre et disparaitre dans le Carnet du Monde, Armand
Colin, 2009.

Le Maroc de Lyautey h Mohammed V. Le double visage duprotectorat , Denoel,
1999.

Lyautey et I’institution du protectorat frangais au Maroc - 1912-1925 (3 vol.),
L’Harmattan, 1996.



Daniel Rivet


Histoire du Maroc

de Moulay Idris & Mohammed VI


Fayard



Mes remerciements s’adressent k mes collogues Rachid Agrour
(IRCAM, Rabat), Pierre Guichard (university de Lyon-2),
Mohammed Kenbib et Abdelahad Sebti (tous deux de l’university
Mohammed-V, Rabat), qui ont bien voulu relire les chapitres affy-
rents k leur domaine de recherches et me faire part de leurs observa¬
tions critiques. Ma gratitude s’ytend aussi k Mohammed Lmoubariki,
mon professeur d’arabe, et k Fran^oise Rivet, mon ypouse, qui fiirent
mes premiers lecteurs. Enfin, je tiens k remercier Sophie de Closets,
mon yditrice, d’avoir suivi de pr£s l’yiaboration de cet ouvrage, ainsi
que Diane Feyel, mon exigeante correctrice.


Couverture : Un chat au plafond

Illustration : La mddina de Rabat © Pool RU1Z/TREAL/GAMMA
ISBN : 978-2-213-63847-8


© Librairie Arthimc Fayard, 2012.



Note sur la transcription de 1’arabe en fran^ais


Je m’en suis tenu a quelques conventions, les plus simples possible.
J’ai conserve tous les termes passes en fran^ais, memes’ils s’eloignaient
de la phondtique de l’arabe : Mohammed (et non Muhammad, dont
j’use seulement pour designer le prophete de l’islam), Abd el-Kader
et non Abd al-Qddir , souk et non suq, caid et non qa 'id, Fds et non
Fds, etc. J’ai eu recours k une majuscule pour distinguer l’lslam en
tant que civilisation dotde d’une profondeur historique et l’islam
en tant que croyance religieuse. Compte tenu de l’usage dans les
patronymes de faire mention qu’on est fils (bin) de... j’ai abrdgd:
Mohammed b. (bin) Abdallah. Comme dans la plupart des ouvrages

non destines aux spdcialistes, j’ai usd du signe diacritique_’_ pour

marquer le ‘ayn. Mais seulement en milieu ou fin de mot pour ne pas
cribler mon texte d’une foret de signes kabbalisdques: Abd, done,
et non ‘Abd. J’ai marqud les voyelles longues en arabe par un accent
circonflexe : d, i, u. Et use du q pour qdfe t du k pour kdf. J’ai adoptd
comme e’est l’usage le kh pour le ^^’(similaire au ch allemand) et le
gh pour le ghayn (r fran^ais grasseyd). Enfin, pour alldger le texte, je
n’ai pas marqud le td'marbuta en fin de mot: thawra et non thawrd.
En revanche, j’ai conservd la hamza en fin de mot, fixde sur un ‘alif
long pour les pluriels : par exemple fuqahd ’ et non pas faqaha. Un
glossaire k la fin de l’ouvrage rdtablit la transcription savante des
mots passds en fran^ais et des autres termes et indique leur significa¬
tion au plus prds.




Introduction


Pourquoi ecrire une histoirc du Maroc au temps ou la mondialisa-
tion parait frapper de cadudte le decoupage de l’humanite en fitats-
nations? Et si oui, k partir de quand est-on en droit de parler d’un
Maroc en soi ? Du n^olithique ? Du temps des royaumes berbfcres
qui s’dchafaudent au contact des Pheniciens, des Grecs, de Carthage
et de Rome? Ou bien, comme je le soutiens, en pointill^ seulement
\ partir du vm c si£cle.

L’air du temps nous presse de connecter les histoires singuliircs,
d’aller et venir du local au global en court-circuitant l’edhelon natio¬
nal afin de parvenir & une comprehension synoptique des desrins de
rhumanite. D£s lors, ecrire Phistoire d’un pays dote d’un drapeau,
d’un hymne, d’une representation lineaire de son histoirc exposerait
& tomber dans les facilit^s du roman national et le pifcge des iden-
tites closes sur elles-memes. Dans cette optique, le Maroc ne scrait
qu’une entite provisoire dotee d’une identite volatile. On le credite
d’exister, mais par intermittence, lorsqu’il resiste & la romanisation.
& l’irruption des Iberiques au XV* siede et & la menace ottomane au
xvi e , ou, plus encore, k l’entreprise imperialiste franco-espagnole au
debut du xx* siede. Entre-temps, on le case dans le Maghreb, dont il
ne serait que l’extremite occidentale. On le range dans l’aire arabo-
islamique ou dans les pays sous-developpes. Aujourd’hui, on le
coche sur la liste d’attente des pays en voie d’emergence. Pourtant, le
Maroc s’individualise avec force dans l’aire islamo-mediterranecnnc.
Avec l’£gypte, il est le pays qui dispose de la personnalite historique



10


HIS'IOIRK DU MAROC


la plus affirm^e. Cela ne lui confFre aucune superiority congdnitalc
sur ses voisins, ni ne le predispose k cultiver, comme ses natifs le font
trop volontiers, la notion d’exception marocaine.

Mais ne for^ons pas le trait. Entre Maghrybins, il y a moins de dif¬
ference qu’entre Espagnols, Fran^ais, Italiens. Jacques Berque postu-
lait dejk, il y a un demi-si^de, que le Maghreb est un tissu continu,
qu’il s’agisse de son socle anthropologique, de sa culture juridique
ou des automatismes sociaux rygissant le quotidien. Oil rdside alors
la singularity du Maroc? Faut-il invoquer qu’il fut la partie de
l’Afrique du Nord la moins romanisye, la plus tardivement coloni-
see par la France, et qu’il ydiappa & 1’emprise ottomane, contraire-
ment k l’lfrtqiya (1’Afrique romaine hier, la Tunisie aujourd’hui) et
au Maghreb central (l’Algyrie) ? C’est \k s’affirmer par soustraction,
s’identifier par la negative.

L’exemplarite du Maroc provient plut6t de ce qu’il offre la version
la plus complete, la plus condensee du Maghreb et la mieux conser-
vee. Des cinq pays de l’Afrique du Nord, c’est lui le plus impre-
gne par [’influence de la berberite. C’est aussi la partie du Maghreb
oil le nombre de descendants d’esclaves noirs est le plus important,
eux qui habitent encore profondement 1’inconscient collectif et
ont exerce un r6le dedsif dans la conduite du char de l’£tat et de
l’armye. De meme l’antique Empire chyrifien fut-il davantage mar-
quy qu’ailleurs par le ferment d’une communauty juive plus ytroi-
tement associye b l’exercice du pouvoir et du nygoce avec l’ytranger
que dans le reste du Maghreb. Enfin, c’est le pays oil l’hyritage de la
civilisation arabo-andalouse s’est le mieux consent. Dans cette terre
refuge des Berbdes, l’arabity en version citadine s’est diffusye & partir
de 1’Andalousie et fut cultivye k travers la nostalgie de sa perte, res-
sentie avec une intensity sans ygale. On retrouve toutes ces donees
dans le reste du grand Maghreb, qui s’ytend de la Mauritanie & la
Cyrynaique. Mais, hormis la culture hilalienne (bydouine), plus pry-
gnante encore dans le Sud algyrien ou tunisien, le Maroc combine
cette plurality de strates historiques et de substrats humains et en
offre une synthase plus complexe, plus vivace que dans le reste du
Maghreb, dont il est un concentry emblymatique.

On comprend d£s lors qu’un pays aussi composite et ynigmatique
ait t6t fasciny les dtrangers venus d’Fmrope et qu’il ait attiry - de



iNTRonuc :tion


Delacroix et Matisse it Paul Bowles, Jean (lencr et Juan Goytisolo -
une plEiade d’esprits forts, rEfractaircs it la grisaille de la civilisation
bourgeoise. Ce fur lit sa chance : d’etre I’objet d’une representa¬
tion si chatoyante, construitc par les « exotes » et homrnes cn trop
d’Occident. Mais ce peut Etre aussi un handicap. I rop de voya-
geurs presses enrretiennent l’imageric, Hatteusc, d’un Maroc ErigE
en terre de contrastes et de paradoxes sans Equivalent dans le reste
du monde musulman. Et nombre d’acteurs du politique et de jour-
nalistes renvoient par commoditE it leurs interlocuteurs marocains
le topos d’un Maroc carrefour de civilisations. On tombe vite dans
la mythologie dEs que Ton aborde 1’Empire chErifien. Mais l’imagi-
naire aussi, sous reserve de ne pas en Etre dupe, a une histoire.

A partir de quand cst-il lEgitime de parler d’une entitE dEnommEe
Maroc? On ne trouve aucune rEponse dont I’Evidence s’impose it
tous. Est-ce it partir de la tentative de Juba II l’aube de I’Ere chrE-
tienne) de fonder un royaume berbEre sous influence romaine pour
Echapper it l’orbe impEriale? Mais Rome, sous l’empereur Claude,
cn 44 apr. J.-C, opEre la distinction entre Mauritanie Tingitane
(le Maroc septentrional) et CEsarienne (l’ouest de I’AIgErie) uni-
quement pour mieux tenir 1’extrEmitE de l’Afrique du Nord. Cette
province nouvelle ne consacre nullcment la reconnaissance d une
rEalitE gEopolitique spEcifique. Est-ce lors de la fondarion d’un pre¬
mier royaume musulman par Idris I er it la fin du viu c siEcle? Mais si
1’EvEnement fait sens dans l’imaginaire des Marocains, it la maniEre
du sacre de Clovis it Reims dans celui des Fran^ais, cela revient &
lire l’histoire du Maroc comme celle d’une personne, de Moulay
Idris it Mohammed V, & i’instar de la France, de VercingEtorix ^
Charles de Gaulle, ou de la Tunisie, d’Hamilcar Barca it Bourguiba.
En quelques enjambEes, on passerait d’un ancEtre hEroique & un
hEros refondateur, comme si, entre le temps de I’origine postulEe et
l’histoire immEdiate, se dEroulait le fil rouge du sentiment d’appar-
tcnance k une communautE que les grands homrnes de I’Histoire
auraient pour vocation de rEvEler & ses membres. Faut-il alors fairc
Emerger le Maroc it partir du IX' siEcle, lorsque les gEographes arabes
l’identifient sous l’Etiquette d’« FixtrEme-Occident » ( magbrib al-
aqsd) ? Ce serait s’en tenir it une dEfinition nominalistc de ce pays.
Car ccs grands lettrEs humanistes, par cette appellation, entendent



12


HISTOIRE DU MAROC


seulement marquer l’eloignement d’une province pdriph^rique par
rapport k La Mecque, point axial du ddr al-isldm , et k Bagdad, ville
phare de l’Empire abbaside.

En tant que realite g^opolitique consciente d’elle-meme, le Maroc
s’esquisse k partir des Merinides, a la fin du xiv* si£cle, lorsque cette
dynastie se r^signe k renoncer k FAndalousie et au royaume jumeau
zayanide de Tlemcen, Cette conscience d’etre ^ part, encore diffuse,
se renforce au siecie suivant avec le grand dan de jihad antichrdien
que beaucoup d’historiens, marocains ou Strangers, consid&rent
comme une forme de guerre patriotique, ik la mani&re de celle qui
souleva la paysannerie russe contre les amides de Napoleon en
1812. Faut-il done faire ddbuter 1’^criture de l’histoire du Maroc
au xv* sidcle, voire au xvi e , lorsqu’une reaction anti-ottomane se fait
jour dans le milieu de cour?

II faut choisir entre une comprehension englobante de Fhistoricite
du Maroc et une definition restrictive de son existence tangible. La
premiere approche, celle retenue par les manuels, rabat tout ce que
Ton sait du Maghreb prehistorique et romain dans l’entonnoir que
represente le Maroc contemporain. Cela sous-entend que les sidcles
anterieurs au vm c sidcle apr. J.-C. constituent un long prelude prd-
destinant le Maroc k devenir ce qu’il est aujourd’hui. Or ecrire une
histoire du Maroc avant le Maroc me parait un coup de force dpis-
temologique. Le Maroc berbdre relive de l’anthropologie prehisto¬
rique. Son histoire se dissout dans celle de la Mdditerrande, ainsi que
la pense si bien Germaine Tillion dans Le Harem et les Cousins. Le
detour par le neolithique est indispensable quand on etudie la civi¬
lisation materielle ou les rapports de genres au Maghreb. Mais e’est
\k diluer le Maroc dans un fonds de civilisation mediterraneenne et
un substrat berbdre. De meme, inclure une page romaine dans une
histoire du Maroc me semble superflu. Non pas que je souscrive au
point de vue de certains essayistes maghrebins qui n’y voient qu’une
preface k la colonisation moderne ou, pis encore, un dernier residu
de la barbarie preislamique (la jdhiliya ). Mais parce que Foccupa-
tion romaine resta pelliculaire au Maroc et ne modela pas le pays
comme le restant du Maghreb. M’attarder sur cette epoque m’eut
fait verser dans un exercice de comparatisme au risque de pratiquer
un inventaire des manques. Le processus de romanisation, moins



INTRODUCTION


13


avanc^ en Tingitane que dans le reste du Maghreb, r&ylerait d^jk
une impermeability des« Marocains» k accueillir les cultures venues
d’ailleurs, exception faite de l’arabo-islamisme, et leur tendance k
s’enfermer dans un irr^dentisme intransigeant. Ce qui relfcve d’une
idee re^ue de l’fcre coloniale, fortement ebranlee par les historiens
contemporains.

Mon histoire du Maroc commence done k l’arrivee des Arabes et
de 1’islam, au viii e si£cle. Au risque d’etre suspecte de complaisance k
regard de la version etablie des Marocains sur leur passe, qui debute
avec l’islamisation et se confond avec elle. Je mesure le risque de ce
decoupage et je l’assume. L’islamisation du Maroc a efface sur place
les traces du passe anterieur bien plus que dans les autres pays de l’aire
islamo-mediterraneenne, plus intensement romanises et profonde-
ment christianises. Elle n’a pas complement eradique un faisceau de
croyances et un fonds de civilisation materielle partages avec les autres
habitants de l’Afrique du Nord. Mais leur etude est du ressort des
prehistoriens et des anthropologies, dont la preoccupation centrale
n’est pas de s’interroger sur le Maroc du passe pour rendre pensable
et possible le Maroc d’aujourd’hui. Dans une telle optique, le Maroc
ne commencerait pas avec l’arrivee de 1’islam, et Moulay Idris I ef , qui
fonde en 788 un emirat k Oualili dans le massif du Zerhoun, k proxi-
mite de Mekn£s, ne serait pas le premier des Marocains.

En effet, jusqu’k sa douloureuse parturition k partir du xv* sifccle,
le Maroc reste une construction politique k geometric variable. II a
ete l’epicentre de royaumes k vocation imperiale, ayant pour fonde-
ment d’operer, k partir du Maghreb extreme, une synthase etatique
entre l’Andalousie, le Maghreb tout entier et le Sahara. Mais l’unite
de l’Occident musulman a ete esquissee par d’autres £tats impd-
riaux que les dynastes almoravides, almohades et merinides qui se
deploient successivement du XI* au xiv* sifccle k partir du Maroc: de
I’lfriqiya, par les Fatimides au X* si£cle, puis les Zirides au xi e et les
Hafsides k leur suite, et, k partir de 1’Andalousie, par les Omeyyades,
avec, en 929, l’instauration d’un califat par Abd er-Rahman III.
D’une certaine manure, ecrire l’histoire du Maroc entre le xi e et le
xiv* siede, e’est entreprendre 1’histoire de tout l’Occident musul¬
man. Je ne m’y suis pas astreint et je n’ai gard^ du fil conducteur
des ^vdnements que ce qui dtait ndeessaire k la comprehension de



14


HISTOIRE DU MAROC


l’incertaine prefiguration du Maroc historique qui se cristallise enfin
au XV s siede.

Faire la part belle aux sept socles qui s’dirent depuis l’invasion
des premiers Arabes & la grande crise du xv* siede, est-ce reconstruire
un Maroc anachronique, qui serait seulement une vue de I’esprit? Je
ne le crois pas. Non pas que le Maghreb extreme musulman, ante-
rieur au Maroc historique, ait prepare la fabrique du royaume actuel,
& la fa^on des Capetiens qui auraient 6te les artisans conscients de la
France contemporaine, selon les historiens du xix e siede obs^d^s par
Tavenement de la nation. Le Maroc avant le xv* siede reste & la crois^e
des possibles. Son centre d’equilibre oscille encore. Au X e siede, on
aurait pu assister a la creation d’un royaume a cheval sur l’Andalousie
et la Tingitane, dont Cordoue, sous l’dgide des Omeyyades, eut
la capitale, au xrv* k l’edosion d’un autre royaume adossd a Tlemcen,
r^gi par les Abd el-Wadides et s’enfon^ant a 1’ouest jusqu’a F£s et
bien au-delii. Entre-temps, un fitat saharien centre sur Sijilmassa et,
plus tard, Marrakech eut pu ^merger durablement. C’est dire que le
Maroc fut longtemps tirailie entre des aires gdopolitiques exer^ant
leur effet d’attraction en sens contraire, £ partir de centralites sises en
dehors du territoire actuel du royaume. Comme la France et nombre
d’autres nations, l’Empire cherifien est fait de plusieurs Maroc qui
ont ete cousus ensemble lentement et soudes progressivement par la
conviction de leurs habitants de partager un repertoire commun de
comportements, de valeurs et significations: par exemple, la passion
pour 1’exercice de la nisba, cette manure cod^e de se presenter et de
dediner son identity en reference a celle de son interlocuteur, ou
bien la certitude que le
Une jeune avec des jolis seins
Ce mec lui fait du bien pendant qu’elle dort
Elle prend cette grosse queue noire en entier

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