Nana en train de danser enseigne à un mec curieux
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«Un ballet de mains en train de danser»
«Un ballet de mains en train de danser»
Publié vendredi 2 septembre 2005 à 02:06
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Un spectacle innovant et fascinant attend les visiteurs du Festival BDFIL de Lausanne.
Au départ, personne n'imaginait vraiment ce que ça pouvait donner. C'était «la lubie du président». Une lubie qui s'est transformée en instant magique, qui a conquis le public. En janvier, Zep était président du Festival de bande dessinée d'Angoulême, dont il avait remporté le grand prix en 2004. Parmi les idées qu'il a proposées, une innovation: un spectacle mariant sur scène musique et dessin.
Une dizaine d'artistes, parmi les grands noms de la bande dessinée actuelle, se sont donc prêtés au jeu de créer en direct et en musique une bande dessinée face à un public pouvant suivre le mouvement de leur main et de leur crayon filmés en gros plan et projetés sur un écran géant. Ce fut un triomphe et le spectacle, difficile à mettre sur pied, est repris pour la première fois ce soir et ce week-end dans le cadre du premier Festival de bande dessinée de Lausanne.
Les auteurs qui vont se succéder sur la scène de Lausanne sont Zep, Cosey (qui n'était pas à Angoulême), Dupuy et Berberian, Stan et Vince, Johan de Moor, Jean-Christophe Chauzy et O'Groj. Ils sont accompagnés par quatre musiciens dont Areski Belkacem, qui a composé une partition originale, librement interprétée pour accompagner les mouvements du récit et du trait.
«J'avais vu il y a des années, j'avais 12 ans, Keith Haring au Festival de Montreux, se souvient Zep: il dessinait pour accompagner des DJ new-yorkais, et j'ai été frappé par l'effet scénique fort que peut donner le dessin en mouvement, alors qu'on a l'habitude de le voir terminé et figé. A la télévision, je suis toujours frustré de devoir expliquer comment je travaille plutôt que montrer ce que je fais, en revanche je trouve fascinant, lorsqu'on filme la main d'un dessinateur, de découvrir sa manière de dessiner. D'où cette idée de montrer le dessin en cours de création, de mettre en spectacle le ballet de ces mains en train de danser, avec des musiciens qui suivent le mouvement.»
C'est en effet une véritable chorégraphie, rythmée non seulement par la musique, mais aussi par le défilé rapide des dessinateurs. Sur un scénario pré-établi de quatre planches de quatre cases, chacun dessine une case à son tour mais, pour éviter tout temps mort, deux tables de travail sont dressées sur scène et il y a toujours deux cases en travail en même temps, le suivant n'attendant pas pour intervenir que le précédent ait terminé. Chacun a sa technique, son rythme, son épaisseur de trait, son occupation de l'espace, sa façon de commencer, par un détail ou par un grand élément structurant, ce qui amène une sorte de suspense créatif propre à subjuguer le spectateur. Dans cet exercice, la main de Zep est particulièrement fascinante: après un instant d'hésitation, son crayon se pose sur un point de la page blanche, au hasard dirait-on, puis le trait file avec une précision et une sûreté incroyables, sans le moindre remords, jusqu'à la complétude du personnage, loin du croquis, prêt à entrer dans une page imprimée. D'autres tremblent quelques secondes, avant de se stabiliser en se posant sur le papier. Stan et Vince (les co-dessinateurs de la série Vortex notamment) corsent les choses en dessinant à deux la même case.
«C'est un exercice contre-nature de dessiner si vite, sous l'œil de tant de gens, commente Zep, mais c'est un moment intime et magique, qui donne le sentiment au spectateur d'accéder à la connaissance de celui qui dessine. Voir apparaître progressivement le dessin exerce une fascination équivalente à la musique, mais totalement nouvelle aussi: la musique, on a forcément l'habitude de l'écouter en cours d'exécution, alors que le dessin, on le découvre habituellement terminé, sans voir le geste qui y a conduit.» C'est sans doute cette attirance du trait en gestation qui explique en partie l'engouement incroyable des séances de dédicaces lors des festivals.
La première version de ce show graphique et musical, à Angoulême, était basée sur un scénario inédit mettant en scène Little Nemo, le petit garçon rêveur de l'Américain Winsor McCay. Il y avait une double raison à ce choix: on célèbre cette année les 100 ans de Little Nemo, et Winsor McCay avait monté au début du XXe siècle des spectacles de dessins qu'il présentait dans les music-halls, une tradition disparue avec lui. A Lausanne, le scénario, différent, reste confidentiel jusqu'à ce soir, mais on parle d'une souris bien connue…
A noter dans une veine proche, un spectacle donné par le Genevois Pierre Wazem, qui engagera un dialogue entre dessin et musique avec le pianiste de jazz Michel Wintsch, passionné de bande dessinée. Contrairement au Concert de dessins, cette performance est totalement improvisée.
• Concert de dessins, dans le cadre du Festival BDFIL de Lausanne, ce soir et samedi à 21 h, dimanche à 19 h, salle Métropole. Réservations http://www.starticket.ch ou 0900 325 325.
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