Mon cul est à vendre

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Mon cul est à vendre

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7 février 2021 à 9h00
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Vivant déjà pour la plupart dans une situation de précarité, des travailleuses du sexe voient leurs revenus chuter en raison de la pandémie et du couvre-feu, ce qui fait l’affaire de certains clients qui tentent de profiter de la situation.
«Le running gag avec mes amis, c’est que vendre son cul, ce n’est plus payant, fait que je suis sur le bord de vendre un rein.»
Rosalie*, dans la mi-vingtaine, travaille dans l’industrie du sexe depuis près de cinq ans. Depuis le début de la pandémie, elle a vu son métier se complexifier, mais jamais autant qu’après l’instauration du couvre-feu.
Celle qui travaille normalement la nuit se retrouve à compétitionner avec des agences qui fonctionnent le jour. Rosalie peine à trouver des clients, alors que plusieurs d’entre eux, dont les enfants sont à la maison, ont plus de difficulté à la recevoir.
«J’ai passé des journées à attendre dans mon auto pour voir si j’allais avoir quelque chose aujourd’hui. Ça s’est rendu à un point où je me suis demandé comment j’allais payer mon loyer et mes factures.» -Rosalie, travailleuse du sexe dans la mi-vingtaine
D’autant plus, selon elle, que plusieurs clients cherchent à profiter de la précarité dans laquelle de nombreuses travailleuses du sexe se retrouvent. «C’est sûr qu’on est plus prônés à la violence quand on est affaiblies, dit Rosalie. Il y en a aussi qui veulent négocier les prix.»
Rosalie «adore son métier». Elle y consacre beaucoup d’efforts, notamment en embauchant des photographes pour se mettre en valeur. Mais aujourd’hui, elle songe à quitter l’industrie.
«Je suis un peu en recherche d’emploi. J’essaie de me faire un CV dans lequel il y a un trou de cinq ans et je l’envoie.»
Rosalie est loin d’être la seule dans cette situation. Nombreuses de ses semblables ont déjà capitulé devant les effets collatéraux de la COVID-19, constate Sandra Wesley, directrice de l’organisme Stella , qui défend les droits des travailleuses du sexe.
«Il y a beaucoup de travailleuses du sexe qui ont perdu leur emploi [dans l’industrie] et qui ont trouvé d’autres façons de survivre. Dans les faits, souvent, quand ces femmes vont travailler dans d’autres emplois, elles ont de moins bonnes conditions de travail. Ce n’est pas nécessairement une amélioration.»
Selon elle, les impacts du couvre-feu ne sont «que négatifs» et varient en fonction de la réalité de chaque travailleuse. Certaines sont en situation d’itinérance et subissent les impacts de la répression policière, d’autres consomment des drogues et voient le risque de surdose s’accentuer, explique-t-elle.
«Les clients sont beaucoup plus nerveux parce qu’eux aussi prennent un risque, ajoute-t-elle. Ça tombe sur les épaules de la travailleuse du sexe de rendre les clients plus confortables en négociant les prix, en mettant de côté certaines mesures de sécurité.»
Elle confirme également que plusieurs travailleuses du sexe sont sévèrement affectées par une perte de revenus puisqu’elles peuvent voir moins de clients.
«Elles n’ont pas accès aux aides gouvernementales. Les effets d’une perte de revenus, surtout quand on travaille et fonctionne avec de l’argent comptant, sont très drastiques. Très rapidement, une personne peut se retrouver sans argent pour manger.»
Bien qu’elle souhaite également venir en aide aux travailleuses du sexe, la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) a une tout autre vision de cette industrie. Elle croit en un monde libéré de la prostitution, qu’elle considère comme une forme d’exploitation sexuelle.
Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire pour la CLES, observe que plusieurs femmes tentent profiter de la pandémie afin de quitter le milieu, mais qu’elles se butent à des barrières. «Elles se font mettre de la pression par les proxénètes, les agences d’escortes, les propriétaires des salons de massage pour continuer malgré leur désir de sortir. Les proxénètes se font violents envers ces femmes-là.»
Si les femmes veulent continuer de travailler malgré les nombreuses mesures sanitaires, c’est avant tout pour subvenir à leurs besoins financiers, estime Mme Sully. «Soyons clairs. Ce que les femmes veulent, c’est avoir une source de revenus. Le couvre-feu, c’est un facteur de risque supplémentaire dans une industrie qui est parsemée de risques à la base.»
Pour Mme Sully, les décideurs devraient soutenir ces femmes et leur donner la chance de se sortir de l’industrie. «Il faudrait leur offrir de l’aide financière directe dans un programme large qui leur donne de vraies alternatives.»
Faute d’accès aux aides gouvernementales, plusieurs travailleuses du sexe se retrouvent souvent le bec à l’eau lorsqu’elles n’ont plus de revenus. Les organismes sont parmi les seuls soutiens qu’elles peuvent solliciter.
«On les a aidées autant qu’on pouvait avec nos fonds d’urgence, avec des cartes d’épicerie, on a fait des ententes avec d’autres organismes pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins de base», rapporte Jennie-Laure Sully, de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES).
«L’été dernier, on a réussi à obtenir un peu de financement pour une aide directe aux travailleuses du sexe, relate Sandra Wesley de l’organisme Stella. C’était une aide de 100$ par personne pour celles qui n’en avaient pas assez pour survivre quelques jours.»
*Nom fictif pour préserver son anonymat


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«Le running gag avec mes amis, c’est que vendre son cul, ce n’est plus payant, fait que je suis sur le bord de vendre un rein.»
Rosalie*, dans la mi-vingtaine, travaille dans l’industrie du sexe depuis près de cinq ans. Depuis le début de la pandémie, elle a vu son métier se complexifier, mais jamais autant qu’après l’instauration du couvre-feu.
Celle qui travaille normalement la nuit se retrouve à compétitionner avec des agences qui fonctionnent le jour. Rosalie peine à trouver des clients, alors que plusieurs d’entre eux, dont les enfants sont à la maison, ont plus de difficulté à la recevoir.
«J’ai passé des journées à attendre dans mon auto pour voir si j’allais avoir quelque chose aujourd’hui. Ça s’est rendu à un point où je me suis demandé comment j’allais payer mon loyer et mes factures.» -Rosalie, travailleuse du sexe dans la mi-vingtaine
D’autant plus, selon elle, que plusieurs clients cherchent à profiter de la précarité dans laquelle de nombreuses travailleuses du sexe se retrouvent. «C’est sûr qu’on est plus prônés à la violence quand on est affaiblies, dit Rosalie. Il y en a aussi qui veulent négocier les prix.»
Rosalie «adore son métier». Elle y consacre beaucoup d’efforts, notamment en embauchant des photographes pour se mettre en valeur. Mais aujourd’hui, elle songe à quitter l’industrie.
«Je suis un peu en recherche d’emploi. J’essaie de me faire un CV dans lequel il y a un trou de cinq ans et je l’envoie.»
Rosalie est loin d’être la seule dans cette situation. Nombreuses de ses semblables ont déjà capitulé devant les effets collatéraux de la COVID-19, constate Sandra Wesley, directrice de l’organisme Stella , qui défend les droits des travailleuses du sexe.
«Il y a beaucoup de travailleuses du sexe qui ont perdu leur emploi [dans l’industrie] et qui ont trouvé d’autres façons de survivre. Dans les faits, souvent, quand ces femmes vont travailler dans d’autres emplois, elles ont de moins bonnes conditions de travail. Ce n’est pas nécessairement une amélioration.»
Selon elle, les impacts du couvre-feu ne sont «que négatifs» et varient en fonction de la réalité de chaque travailleuse. Certaines sont en situation d’itinérance et subissent les impacts de la répression policière, d’autres consomment des drogues et voient le risque de surdose s’accentuer, explique-t-elle.
«Les clients sont beaucoup plus nerveux parce qu’eux aussi prennent un risque, ajoute-t-elle. Ça tombe sur les épaules de la travailleuse du sexe de rendre les clients plus confortables en négociant les prix, en mettant de côté certaines mesures de sécurité.»
Elle confirme également que plusieurs travailleuses du sexe sont sévèrement affectées par une perte de revenus puisqu’elles peuvent voir moins de clients.
«Elles n’ont pas accès aux aides gouvernementales. Les effets d’une perte de revenus, surtout quand on travaille et fonctionne avec de l’argent comptant, sont très drastiques. Très rapidement, une personne peut se retrouver sans argent pour manger.»
Bien qu’elle souhaite également venir en aide aux travailleuses du sexe, la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) a une tout autre vision de cette industrie. Elle croit en un monde libéré de la prostitution, qu’elle considère comme une forme d’exploitation sexuelle.
Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire pour la CLES, observe que plusieurs femmes tentent profiter de la pandémie afin de quitter le milieu, mais qu’elles se butent à des barrières. «Elles se font mettre de la pression par les proxénètes, les agences d’escortes, les propriétaires des salons de massage pour continuer malgré leur désir de sortir. Les proxénètes se font violents envers ces femmes-là.»
Si les femmes veulent continuer de travailler malgré les nombreuses mesures sanitaires, c’est avant tout pour subvenir à leurs besoins financiers, estime Mme Sully. «Soyons clairs. Ce que les femmes veulent, c’est avoir une source de revenus. Le couvre-feu, c’est un facteur de risque supplémentaire dans une industrie qui est parsemée de risques à la base.»
Pour Mme Sully, les décideurs devraient soutenir ces femmes et leur donner la chance de se sortir de l’industrie. «Il faudrait leur offrir de l’aide financière directe dans un programme large qui leur donne de vraies alternatives.»
Faute d’accès aux aides gouvernementales, plusieurs travailleuses du sexe se retrouvent souvent le bec à l’eau lorsqu’elles n’ont plus de revenus. Les organismes sont parmi les seuls soutiens qu’elles peuvent solliciter.
«On les a aidées autant qu’on pouvait avec nos fonds d’urgence, avec des cartes d’épicerie, on a fait des ententes avec d’autres organismes pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins de base», rapporte Jennie-Laure Sully, de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES).
«L’été dernier, on a réussi à obtenir un peu de financement pour une aide directe aux travailleuses du sexe, relate Sandra Wesley de l’organisme Stella. C’était une aide de 100$ par personne pour celles qui n’en avaient pas assez pour survivre quelques jours.»
*Nom fictif pour préserver son anonymat

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