Moment sexuel dans la même famille
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Le Divan familial Numéro 2015/1 (N° 34) La sexualité adolescente dans...
La sexualité adolescente dans la famille
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Florence Baruch
Dans
Le Divan familial
2015/1 (N° 34) , pages 193 à 204
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Centre de planification et d’éducation familiale (CPEF) : équipe recevant toute personne en âge de procréer de la puberté à la ménopause pour une information et/ou une consultation sur la vie affective et sexuelle ainsi qu’à propos des liens amoureux, conjugaux, parentaux et familiaux. Ils sont financés par les conseils généraux. Ils sont composés au moins d’un médecin spécialisé en régulation des naissances et en IST – infections sexuellement transmissibles – et d’une personne formée au conseil conjugal et familial. Ils offrent la possibilité aux mineurs de consulter sans l’accord des parents.
Sexualité infantile : la sexualité ne désigne pas seulement les activités et le plaisir dépendant de l’appareil génital mais toute une série d’excitations et d’activités présentes dès l’enfance qui procurent un plaisir irréductible à l’assouvissement d’un besoin physiologique fondamental.
Ex. : une fois la faim assouvie, l’enfant continue à prendre plaisir à téter. Il éprouve un plaisir oral au-delà de l’ingestion de lait. L’activité sexuelle orale est auto-érotique.
Bibliographie
Baruch F. (1998), Comment on accède à la TFP ou le temps de la préparation, Le Divan familial , 1, 93-98.
Baruch F. (2008), La sexualité en adolescence : une histoire d’élasticité de liens, Reproduction humaine et Hormones , XXI, 5-6, Eska.
En ligne
Baruch F. (2009), De quoi ont peur les parents ?, Dialogue , 184, 67-75.
Baruch F. et coll. (2013), Questions d’ado . CG 94-nouvelle édition, Éd. Au Diable Vauvert.
En ligne
Carel A. (2002), Le processus d’autorité, Revue française de psychanalyse , Familles d’aujourd’hui, XVI, 1, 21-p40.
Carel A. (2004), Genèse de l’intime, in Secret maintenu, secret dévoilé , 97-108.
Gutton Ph (1996), Adolescens , PUF.
Kaës R. (2006), La subjectivation , Paris, Dunod.
Lessana M.-M. (2000), Entre mère et fille : un ravage , Paris, Fayard-Hachette.
psychologue clinicienne
thérapeute psychanalytique de famille et de couple
SFTFP, STFPIF
14, rue du Plateau
94800 Villejuif
Éditorial. L’accueil familial en question Avec Daniel Coum
Dans
Dialogue
2021/4 (n° 234)
Mis en ligne sur Cairn.info le 05/10/2015
https://doi.org/10.3917/difa.034.0193
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À partir de 1974 se sont ouverts au sein des centres de protection maternelle et infantile (PMI), des centres de planification et d’éducation familiale [1] [1] Centre de planification et d’éducation familiale (CPEF) :… (CPEF). Ce sont des lieux de prévention où l’élaboration psychique peut s’amorcer pour les sujets, les couples et les familles (F. Baruch, 1998). Je propose, à partir de ma clinique auprès des familles avec adolescents, quelques hypothèses concernant la façon dont est bousculée l’homéostasie familiale par l’entrée dans la sexualité génitale des adolescents. La famille est concernée dans ses dimensions intrapsychique et intersubjective.
2
Il n’y a pas d’adolescence sans la puberté qui la précède. Ces transformations corporelles vont refléter les mouvements pulsionnels de chacun des participants, les parents et l’enfant en passe de quitter cet état. L’infantile n’y est ni oublié, ni remémoré mais répété. La scène pubertaire est semblable à l’univers des astres soumis à deux forces contradictoires : l’une réfractaire gravitant autour des objets infantiles et l’autre dilatatoire vers des investissements extérieurs (Ph. Gutton, 1996). Les adolescents juste pubères restent souvent sans voix, sans but, si ce n’est celui de la confrontation, de la réappropriation de soi par soi, aidé par les autres semblables, parfois exprimant leurs questionnements familiaux par des passages par des actes heurtant la butée parentale. En effet, les liens intergénérationnels sont bousculés dans la période pubertaire : pères et mères s’entendaient pour valoriser le sexe du petit garçon, porteur d’un pénis comme le père. Pour la fille, cette valorisation narcissisante ne portait pas sur son sexe, celui-ci devant rester refoulé ; c’était son corps tout entier qui représentait pour la mère le pouvoir phallique du pénis du père.
3
Dans cette période de puberté pré-adolescente, il s’agit d’une double identification porteuse d’une bisexualité future bien intégrée. Cette période de somatisation qu’est la puberté, s’avère un état nécessaire mais non suffisant pour entrer en adolescence. Le jeune en phase pubertaire est mobilisé par une pression pulsionnelle interactive qui l’anime. Il risque de déborder comme le lait sur le feu. Le travail du jeune pubère sera de dompter cette charge pulsionnelle par l’accès aux représentations et à la symbolisation : se re/con/naître soi-même et être reconnu par les autres. Il passera progressivement de la sexualité infantile [2] [2] Sexualité infantile : la sexualité ne désigne pas seulement les… à la sexualité génitale. Du plaisir pris avec son propre corps, il passera au plaisir pris aussi dans une rencontre singulière avec un(e) autre que lui. Ceci, à condition que les parents puissent passer d’un narcissisme primaire de bonne qualité à un narcissisme secondaire. Cela augure d’une possible existence autonome où le sujet existe et le groupe-famille aussi, dans le respect de la différence des générations, de la reconnaissance des besoins fondamentaux et du plaisir. Peu à peu, les parents vont donc devoir aussi opérer un double mouvement, à savoir quitter cette proximité de soins avec leur enfant, faire le deuil de l’enfant idéal pour se confronter à un enfant qui détient aussi cette fonction de reproduction. Leur enfant, maillon de la chaîne intergénérationnelle, devient pubère, futur adulte ; il est à la recherche de ses limites.
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M me L., 27 ans, demande une contraception pour sa fille aînée Delphine, onze ans, avant son départ en colonie de vacances avec la ville. Delphine vient d’avoir ses premières règles. M me L. connaît le CPEF depuis sa propre adolescence. Habitant en face du CPEF, elle traverse la rue, paniquée, et entre en furie au CPEF pour demander un rendez-vous en urgence pour sa fille, Delphine, qui va partir en vacances. Après une présentation de l’équipe du CPEF à Delphine et sa mère, la toute jeune fille est reçue seule en entretien avec la psychologue-CCF [3] [3] Conseiller conjugal et familial. du CPEF. Delphine ne comprend pas la raison pour laquelle sa mère l’a emmenée fébrilement au CPEF. Elle se dit affolée, choquée par l’état d’énervement de sa mère. Elle devrait être « dans sa classe au collège à cette heure-là ». C’est M me L. qui sera reçue longuement à un autre moment par la psychologue.
5
Des entretiens familiaux avec M me L. et ses quatre enfants auront lieu quand Delphine aura 13 ans suite à une déscolarisation « pour obésité » de cette fille aînée. Delphine sera enceinte à 15 ans et 8 mois ; sa mère a été enceinte d’elle à 15 ans, un membre de la PMI dira : « On a gagné six mois en une génération. »
6
En puberté, le corps accompagné de sa sensorialité revient au cœur des préoccupations du pubère : un corps étrange, étranger parfois, trop grand, trop petit, trop encombrant, pas assez comme ci ou trop comme cela. Un corps étrange aussi pour les parents. Ils ont fait la connaissance à la naissance de ce bébé, connaissance sensorielle et pulsionnelle. Un corps, des parties du corps à cacher, à exhiber, à maîtriser, lui qui se transforme qu’il le veuille ou non. Le miroir est omniprésent pour s’observer sans arrêt : moindre bouton, moindre duvet – ou rangé dans un placard – surtout ne pas se voir… La puberté est un passage obligé pour tous et toutes.
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Le garçon pubère va commencer son adolescence par cette confrontation très physique : il va repérer des éléments partiels, attributs du parent du même sexe comme la voix, la pilosité, etc. Cette voix avec ses soupirs, ses intonations et détonations et son timbre, est souvent embarrassante. Il s’agit de trouver sa voie ! Pour la fille, le regard va être une réactivation narcissique. C’est un engagement dans la relation à l’autre. Cette régression de type narcissique met la fille face à la mère des premiers mois à laquelle elle a dû renoncer. Garçons et filles vont cheminer dans ce parcours en se regroupant par genre dans une illusion groupale, co-créant une partie commune qui les aidera à se reconnaître. Ainsi, on peut observer des bandes de filles, de garçons avec les mêmes chaussures, écoutant les mêmes chanteurs, parlant de la même façon, coiffés de la même sculpture capillaire : éléments reconnaissables seulement par eux-mêmes.
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La sexualité génitale, sous l’effet pulsionnel et hormonal, est au premier plan des préoccupations à l’adolescence. Le développement des relations sexuelles s’inscrit dans l’adulte en devenir. Pour le sujet, les interdits et le surmoi entraînent un conflit interne dans sa recherche de l’autre. Ce conflit est dans un sens équilibrant. Les forces en présence s’opposent, aussi la satisfaction ne pourra être totale car s’il y a réalisation sur le plan sexuel, il y a transgression de l’interdit et culpabilisation, et s’il y a sublimation et déviation de l’énergie sexuelle vers des activités intellectuelles, il reste aussi des insatisfactions fondamentales. Ce n’est pas parce que la pulsion est satisfaite objectivement qu’elle l’est du point de vue symbolique.
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La fonction de reproduction est donc en place physiologiquement : la fille, par exemple, après l’année du pic de croissance staturo-pondérale, a ses premières ménorrhées et le garçon, ses premières éjaculations bien avant la poussée de croissance. Il est question d’aller à la rencontre de l’autre pour se créer un espace d’intimité à soi plutôt que de parvenir à une réalisation génitale. Même si le corps fonctionne physiologiquement, il est encore loin d’être en phase, psychologiquement. « Le corps peut mais pas la tête », dit un pédopsychiatre, Didier Lippe (2011). En puberté, la fille va devoir apprivoiser ce corps qui change sous ses yeux. Ces changements physiques et physiologiques signant l’avènement d’une nouvelle fonction, la fonction de reproduction, mettent en émoi les parents très présents ou si absents. C’est aussi le temps des fous rires, des plaisanteries « lourdes », autant d’expressions du détournement de l’excitation, une manière de parler de la sexualité sans la vivre encore. Le groupe des pairs est aussi très important pour aider la fille et le garçon à traverser cette période. Pour sortir de sa chrysalide, les regroupements autour d’un symbole comme une idole, un signe vestimentaire commun par exemple sont importants. La sexualité génitale remplace progressivement la sexualité infantile ; les émois amoureux vont continuer avec des rapprochements corporels de type « frottage ». La sexualité génitale balbutiante est signe de questionnements sur soi, sur l’autre, sur les parents en tant qu’homme et femme tombant peu à peu du piédestal.
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La mère voudrait demeurer une fée, le pubère la renvoie à une place de parent ordinaire. Corporellement, sensoriellement, les parents sont concernés. Une distance corporelle advient ; ces jeunes vont parfois mal su
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