Mature qui a faim de bite
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Mature qui a faim de bite
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Pourquoi ai-je des mycoses vaginales à répétition?
La premiĂšre fois que je me souviens avoir eu honte de ma vulve, câĂ©tait en 5 e , lors du cours dâĂ©ducation sexuelle. Comme pour ajouter au malaise, dĂ©jĂ bien palpable, de devoir assister Ă ce type de cours, toute notre classe a Ă©tĂ© installĂ©e sur les banquettes en bois branlantes du gymnase, dans une alternance garçon-fille, face au rĂ©troprojecteur disposĂ© lĂ par nos deux profs de sport. On nous a projetĂ© le schĂ©ma de ce quâĂ©tait censĂ© ĂȘtre un sexe fĂ©minin, accompagnĂ© de lâexplication de la prof: les petites lĂšvres sont dĂ©licatement recouvertes des grandes lĂšvres du âvaginâ. Ă ce stade, jâai dĂ©tournĂ© le regard pour fixer mes pieds, le visage en feu.
Mes petites lĂšvres dĂ©passaient franchement de mes grandes lĂšvres et, Ă 12 ans seulement, grĂące Ă ce cours et aux conversations Ă voix basse entre prĂ©ados, je mâimprĂ©gnais de reprĂ©sentations idĂ©ales et sexualisĂ©es du corps, tout en me rendant compte que je ne rĂ©pondais pas Ă ces critĂšres, puisque mon corps semblait fondamentalement et physiologiquement anormal.
Jâai grandi dans une famille chrĂ©tienne oĂč on mâoffrait bien peu de clĂ©s pour comprendre mon corps, et encore moins ma sexualitĂ©. Comme jâĂ©tais dĂ©jĂ la plus ronde de ma bande de copines, je voyais mon corps avant tout comme quelque chose qui me faisait honte et quâil fallait changer. Ă lâĂ©poque, je faisais tout ce que je pouvais pour cacher ma vulve, notamment en portant des shorts par-dessus mon maillot de bain, en Ă©vitant de me changer devant les autres et en choisissant soigneusement mes rĂ©ponses dans les discussions sur nos corps lors des soirĂ©es pyjama.
Jâai eu un premier copain en terminale. JâĂ©tais tellement heureuse que quelquâun me trouve attirante que jâai occultĂ© son manque de respect pour moi. AprĂšs des mois dâinsistance, jâai fini par me dĂ©shabiller devant lui. En voyant mon sexe, il sâest Ă©criĂ©: âJe savais pas que ça ressemblait à ça, en vrai!â confirmant ainsi mes pires craintes: mon corps Ă©tait anormal.
Ă la honte, dĂ©jĂ terrible en soi, sâajoutait la gĂȘne physique dâavoir un sexe aux lĂšvres tellement grandes quâelles frottaient contre les cuisses. Plusieurs fois par jour, je mâĂ©chappais aux toilettes pour les rĂ©arranger discrĂštement dans lâespoir de soulager lâirritation permanente que cela me causait. En arrivant chez moi, je les enduisais de crĂšme hydratante. Plus tard, jâai fait en sorte de toujours avoir un petit tube de crĂšme dans mon sac Ă main pour pouvoir tenir jusquâau soir.
Cette mĂȘme annĂ©e, alors que jâĂ©tais plongĂ©e dans la tourmente, une prof dâanglais passionnĂ©e, au caractĂšre bien trempĂ©, a mis des mots sur les valeurs qui mâont toujours Ă©tĂ© chĂšres: jâĂ©tais fĂ©ministe. Jâai dĂ©couvert Maya Angelou et dâautres femmes et hommes incroyables qui se sont battus contre les rĂŽles et les limitations imposĂ©s aux femmes. Jâai alors compris que la sociĂ©tĂ© essayait depuis la nuit des temps de contrĂŽler les femmes et leurs corps. De lâĂ©poque oĂč elles Ă©taient considĂ©rĂ©es comme la propriĂ©tĂ© de leur mari jusquâĂ se voir refuser le droit dâinterrompre une grossesse et de disposer de leur propre corps, les femmes se sont engagĂ©es, depuis longtemps, dans la lutte pour leur indĂ©pendance.
Cela mâa encouragĂ©e Ă lutter contre ces normes imposĂ©es, en soutenant des causes comme le libre accĂšs aux produits dâhygiĂšne menstruelle et Ă la contraception, et en aidant les femmes Ă accepter leur corps tel quâil est. Ces sujets me tenaient Ă cĆur, mais jâai aussi vite senti la difficultĂ© de me les approprier. JâĂ©tais toujours influencĂ©e par une sociĂ©tĂ© qui prĂŽnait un type de corps bien prĂ©cis, et jâavais bien trop honte des lĂšvres de ma vulve pour envisager de me confronter Ă ce problĂšme.
Un soir, en explorant les mĂ©andres dâinternet, je suis tombĂ©e sur un site qui dĂ©crivait en dĂ©tail une labiaplastie, une opĂ©ration de chirurgie esthĂ©tique qui consiste, en gros, Ă rĂ©duire la taille des petites lĂšvres. La plupart des retours que jâai pu lire Ă©taient positifs. Les femmes qui y avaient eu recours disaient avoir gagnĂ© en assurance grĂące Ă cette modification de lâapparence de leur vulve. JâĂ©tais farouchement opposĂ©e Ă ce concept, persuadĂ©e que les femmes devaient se battre contre les normes traditionnelles de beautĂ©, et non souffrir et payer des milliers de dollars pour mieux sây conformer.
Cette conviction ne mâa pas empĂȘchĂ©e de passer des centaines dâheures (littĂ©ralement) Ă comparer les photos avant/aprĂšs de cette intervention, tout en rĂȘvant Ă la confiance que je pourrais retrouver, sans parler de la gĂȘne et de la douleur quotidiennes que je laisserais derriĂšre moi. Mes convictions idĂ©ologiques et le problĂšme pratique de financement de lâopĂ©ration, ajoutĂ©s au fait que je nâĂ©tais quâune ado, mâont poussĂ©e Ă essayer de me sortir cette idĂ©e de la tĂȘte.
AprĂšs le lycĂ©e, je me suis inscrite Ă la fac et jâai continuĂ© de mĂ»rir et dâapprendre Ă mieux me comprendre. AprĂšs des mois de conversations tardives avec un garçon dont jâĂ©tais inconsciemment amoureuse, je me suis allongĂ©e Ă ses cĂŽtĂ©s, entiĂšrement habillĂ©e, et lui ai confiĂ©, le visage striĂ© de larmes silencieuses, ce que je considĂ©rais comme ma plus grosse source de honte, Ă laquelle jâĂ©tais condamnĂ©e Ă vie: lâapparence de ma vulve. Il a Ă©tĂ© choquĂ© de voir Ă quel point cela mâaffectait et mâa serrĂ©e dans ses bras en disant quâil Ă©tait vraiment dĂ©solĂ© que ça me fasse autant souffrir. Je me suis dit quâil devait ĂȘtre tarĂ© ou quâil nâavait pas bien compris le sens de mes mots. AprĂšs avoir intĂ©riorisĂ© tous les messages sur mon corps pendant des annĂ©es (et malgrĂ© tout ce que le fĂ©minisme avait tentĂ© de mâinculquer), jâĂ©tais persuadĂ©e quâil Ă©tait complĂštement inacceptable aux yeux de tous.
Avec le temps, jâai commencĂ© Ă dĂ©construire mes idĂ©es reçues. Jâai appris quâaucune vulve ne pouvait ĂȘtre qualifiĂ©e de difforme et que la mienne avait une anatomie tout ce quâil y a de plus normal. Je ne peux pas dire que jâen Ă©tais fiĂšre, mais jâapprenais Ă lâaccepter comme une partie de moi, mĂȘme quand ceux avec qui je couchais marquaient un temps dâarrĂȘt en me dĂ©couvrant nue ou faisaient des remarques stupides ou dĂ©gradantes. Elle fait partie intĂ©grante de mon corps.
Il nâen reste pas moins que, malgrĂ© mes progrĂšs dans lâacceptation de mon corps, jâĂ©tais toujours aux prises avec des questions pratiques. Mes petites lĂšvres continuaient de frotter, crĂ©ant des irritations et des gonflements douloureux au quotidien. Je devais souvent changer de position ou mâĂ©tirer pour essayer de me soulager. Jâai aussi essayĂ© de porter des vĂȘtements plus ou moins souples dans lâespoir de rĂ©duire la sensation dâinconfort, mais rien ne semblait fonctionner.
Jâai terminĂ© mes Ă©tudes et dĂ©mĂ©nagĂ© dans une plus grande ville oĂč jâai commencĂ© Ă travailler Ă des postes plus intenses physiquement, notamment comme serveuse, ce qui nâa fait quâaugmenter mon inconfort au quotidien. Maintenant que jâavais des revenus plus stables, je commençais Ă envisager sĂ©rieusement la labiaplastie. Jâai commencĂ© Ă faire des recherches sur cette opĂ©ration. Jâai appris que lâopĂ©ration pouvait se faire sous anesthĂ©sie locale et nĂ©cessitait environ une semaine dâarrĂȘt de travail, mais tout un mois sans sexe ou masturbation.
JâĂ©tais inquiĂšte du manque de documentation sur les effets Ă long terme, et de lâalarmante progression du nombre de personnes qui subissaient cette opĂ©ration, essentiellement pour des raisons esthĂ©tiques. JâĂ©tais atterrĂ©e de voir que tant de femmes avaient honte de leurs vulves, surtout Ă cause du porno, qui a largement contribuĂ© Ă rĂ©pandre dans notre sociĂ©tĂ© une image erronĂ©e des lĂšvres dâun sexe fĂ©minin. JâĂ©tais intimement convaincue que personne ne devrait avoir honte de son sexe mais je comprenais parfaitement dâoĂč venait ce sentiment.
AprĂšs des mois dâhĂ©sitation, jâai fini par trouver une chirurgienne qui semblait rĂ©putĂ©e et digne de confiance. MalgrĂ© mon immense angoisse, je me suis dĂ©cidĂ©e Ă prendre rendez-vous avec elle, tout en me persuadant que ce nâĂ©tait quâune consultation et que je nâallais sans doute pas faire lâopĂ©ration.
Je me suis retrouvĂ©e dans un bĂątiment trĂšs chic. Dans la salle dâattente, tout aussi chic, jâai Ă©tĂ© accueillie par une rĂ©ceptionniste particuliĂšrement aimable. La chirurgienne a Ă©tĂ© trĂšs directe et mâa expliquĂ© ce quâelle ferait sur la table dâopĂ©ration, en tenant ma vulve entre les doigts pour me montrer, un petit miroir en main, ce quâelle comptait couper. Puis elle a rĂ©pondu Ă toutes mes questions sans dĂ©tour, dâune maniĂšre qui suggĂ©rait quâelle les entendait pour la milliĂšme fois. Son efficacitĂ© Ă©tait la preuve que cette procĂ©dure nâavait rien de nouveau pour elle, que lâaltĂ©ration des lĂšvres de la vulve Ă©tait Ă ses yeux une routine lucrative. Jâai essayĂ© dâavoir lâair sure de moi et je lui ai dit que si je dĂ©cidais de me faire opĂ©rer, ce serait uniquement pour des questions dâinconfort physique, lâapparence de mes lĂšvres ne me posant pas de problĂšme, mĂȘme si ça ne me dĂ©rangeait pas dâavoir une vulve plus âsocialement acceptableâ.
AprĂšs avoir beaucoup rĂ©flĂ©chi, jâai sautĂ© le pas et subi une intervention le 28 mars. Les semaines prĂ©cĂ©dant lâopĂ©ration, jâai beaucoup culpabilisĂ© Ă lâidĂ©e de dĂ©penser 4 000 $ pour une chirurgie âde confortâ ou âesthĂ©tiqueâ sur mon sexe alors que, dans le monde entier, des femmes subissaient malgrĂ© elles lâablation du clitoris. Contribuais-je Ă une industrie qui rĂ©duisait en miettes lâestime de soi des femmes et les poussait Ă incarner un certain type de sexualitĂ©, caractĂ©risĂ© par un corps stĂ©rĂ©otypĂ© (et qui, pour beaucoup de femmes, ne correspondait pas Ă la rĂ©alitĂ© ou nâĂ©tait pas rĂ©aliste dans leur cas), largement idĂ©alisĂ© par les hommes? Allais-je renier mes convictions et aller Ă lâencontre de tout ce qui faisait de moi une fĂ©ministe?
En fin de compte, jâai pris la dĂ©cision de modifier ma vulve pour une seule raison, dâordre pratique: parce que je ne pense pas ĂȘtre obligĂ©e dâavoir mal au quotidien. Jâai aussi compris que je suis responsable de mon corps et de tout ce qui le concerne, comme ce devrait ĂȘtre le cas de chacun, et je considĂšre que câest un des fondements de ma position fĂ©ministe .
LâopĂ©ration a durĂ© environ 45 minutes. Ce dont je me souviens surtout, câest que jâavais peur dâuriner car jâavais les jambes largement Ă©cartĂ©es et le sexe exposĂ© Ă lâair frais de la salle dâopĂ©ration. La convalescence a Ă©tĂ© atrocement douloureuse. JâĂ©tais constamment irritĂ©e, comme si un petit ballon frottait en permanence entre mes jambes. Jâavais du mal Ă marcher et encore plus Ă expliquer Ă mon patron et mes collĂšgues (que je ne voulais absolument pas informer de cette chirurgie) pourquoi jâavais besoin de tant de congĂ©s. Aujourdâhui, jâai pratiquement oubliĂ© que jâai Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e il y a seulement trois mois et la douleur physique, qui Ă©tait mon quotidien pendant des annĂ©es, a disparu.
Je crois que je serai toujours partagĂ©e sur le bien-fondĂ© de cette intervention. MĂȘme si jâai optĂ© pour la labiaplastie pour des raisons de douleur physique, le manque dâassurance que me causait lâapparence de ma vulve a lui aussi disparu, et je mâen sens trĂšs coupable. Jâaurais aimĂ© ĂȘtre une meilleure reprĂ©sentante de la variĂ©tĂ© des formes que peut prendre une vulve. Jâaimerais mâĂȘtre sentie, avant lâopĂ©ration, aussi confiante et Ă lâaise avec lâapparence de mon sexe que je le suis aujourdâhui. JâespĂšre nĂ©anmoins quâen racontant mon histoire, je pourrai contribuer, un tant soit peu, Ă une discussion nĂ©cessaire sur la honte de leur sexe que ressentent parfois les femmes, et sur ce quâon doit faire pour que cela cesse.
Je reconnais aussi que jâai pu mâoffrir cette chirurgie parce que je jouis dâun certain nombre de privilĂšges, comme celui dâĂȘtre une femme cisgenre suffisamment aisĂ©e. Mais jâespĂšre que notre sociĂ©tĂ© Ă©volue et que ça ne sera bientĂŽt plus ainsi. JâespĂšre quâun jour, nâimporte qui pourra accĂ©der Ă lâaide mĂ©dicale dont il a besoin pour que son expĂ©rience soit la moins douloureuse possible.
Pour ce qui est des femmes qui veulent transformer leur corps pour des raisons autres que fonctionnelles, je ne pense pas que subir une chirurgie esthĂ©tique fasse de vous une antifĂ©ministe ou que cela soit moralement rĂ©prĂ©hensible. Je crois, cependant, que le monde ne tourne pas rond lorsquâil laisse penser Ă certaines personnes, surtout les femmes, quâelles ont moins de valeur en raison de leur apparence physique, ou que leurs corps doit ĂȘtre constamment amĂ©liorĂ©.
Dans lâĂ©tat actuel des choses, trop de femmes ressentent la pression de passer sous le bistouri ou de modifier radicalement leur corps pour ĂȘtre acceptĂ©es par leur partenaire ou la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral. Or ce genre de pression et cette façon de penser peuvent ĂȘtre extrĂȘmement traumatisants. Nous devons reconnaĂźtre et comprendre quâil y a de la beautĂ© dans la diversitĂ©, et trouver des moyens de valoriser tous les types de corps, y compris ceux dont le sexe a une forme ou une taille diffĂ©rente.
Ce blog, publié sur le HuffPost américain , a été traduit par Valeriya Macogon pour Fast ForWord .
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