Libertine excentrique chevauche son amant

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Libertine excentrique chevauche son amant

Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites ( Jules Gay ) , 1874 ( p. v - 402 ).
book Dictionnaire érotique moderne (1864) Alfred Delvau Félicien Rops Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites ( Jules Gay ) 1874 Neuchatel V Delvau - Dictionnaire érotique moderne, 2e édition, 1874.djvu Delvau - Dictionnaire érotique moderne, 2e édition, 1874.djvu/15 v-402 
( Parnasse satyrique xix e siĂšcle. )
( Parnasse satyrique xix e siĂšcle. )
( Variétés historiques et littéraires. )
( Parnasse satyrique du xix e siĂšcle .)
( La Goguette du bon vieux temps .)
( La Fleur des chansons amoureuses .)
( Paroles grasses de Caresme-prenant .)
( Ancien Vaudeville — des VariĂ©tĂ©s .)
( La Leçon de danse, — chant guerrier .)
( Épigramme sur les appĂ©tits de quelques dames .)
( Ballet des Chercheurs de midi Ă  quatorze heures .)


DerniĂšre modification il y a 2 ans par Maulor


Quand nous sommes entre nous, en petit comitĂ©, nous n’avons pas besoin de nous gĂȘner ; aussi arrive-t-il souvent, comme dit Gresset dans son Vert-Vert , que les f , les b voltigent sur notre bec. Quand quelqu’un nous ennuie, nous lui disons : tu m’entrouducutes, va te faire foutre. Quand nous voulons dire qu’un individu tĂ©moignait le dĂ©sir de se comporter avec une femme de la maniĂšre la plus satisfaisante pour elle, au lieu de faire toute cette longue pĂ©riphrase, nous disons : il bandait comme un carme. Quand nous voulons exprimer tout le contraire, nous disons que c’est un vit mollet, un bande-Ă -l’aise. Un homme qui a du courage est un homme qui a des couilles au cul, etc.

Pour un Ă©tranger, tout cela est de l’hĂ©breu. Il faut un dictionnaire pour comprendre les mots en usage ; mais ne comptez pas sur celui de l’AcadĂ©mie, 6 e et derniĂšre Ă©dition ; MM. les acadĂ©miciens n’ont pas assez de couille pour avouer de pareils termes. Il faut quelques hommes d’esprit supĂ©rieur qui se dĂ©vouent.

Pour la langue française, nous avions dĂ©jĂ  le dictionnaire intitulé : Erotica verba de M. de L’Aulnaye ; ce dictionnaire se trouve, a la suite de l’édition de Rabelais publiĂ©e par Desoer en 1820. Il est certainement trĂšs-utile, mais il ne donne pas beaucoup d’expressions contenues dans d’autres auteurs contemporains de Rabelais ou plus modernes que lui. M. Auguste Scheler, l’érudit distinguĂ©, le savant bibliothĂ©caire du roi des Belges, crut devoir, pour ce motif, refaire Ă  nouveau ce dictionnaire, et il publia en 1861, sous le pseudonyme de Louis De Landes, son Glossaire Ă©rotique de la langue française (Bruxelles, pet. in-8Âș de XII -396 pp.)
— Notre excellent et spirituel ami Alfred Delvau voulut aussi refaire Ă  nouveau ce travail ; car lui, il avait eu le courage de descendre dans les bas-fonds sociaux, dans les bordels, dans les bastringues, dans les halles. LĂ , il avait recueilli nombre d’expressions pittoresques inconnues Ă  ses devanciers. Il publia la premiĂšre Ă©dition de son Dictionnaire en 1864. TirĂ©e Ă  petit nombre, elle fut promptement enlevĂ©e. Elle donna lieu Ă  de nombreuses contrefaçons et Ă  de fort mauvaises imitations. Delvau cependant avait prĂ©parĂ© une seconde Ă©dition de son Ɠuvre, plus chĂątiĂ©e et plus complĂšte que la premiĂšre, lorsque la mort nous l’enleva, en 1867. Nous recueillĂźmes ses Ă©paves avec soin, et nous en faisons faire aujourd’hui, Ă  petit nombre, une impression soignĂ©e pour des esprits libres et Ă©clairĂ©s.

Delvau n'a pas eu le temps de faire une nouvelle prĂ©face pour sa nouvelle Ă©dition ; nous allons, en consĂ©quence, reproduire simplement la judicieuse Introduction de sa premiĂšre Ă©dition. Nous la ferons suivre du remarquable Avant-propos placĂ© par M. Auguste Scheler Ă  la tĂȘte de son Glossaire Ă©rotique . Enfin, nous ajouterons, rivalisant avec les deux prĂ©cĂ©dentes, la prĂ©face placĂ©e par Moncrif Ă  la tĂȘte du Recueil du Cosmopolite ; c’est l’une des plus spirituelles piĂšces de cet ingĂ©nieux Ă©crivain, et en mĂȘme temps une des plus rares et qui a rapport au sujet dont nous nous occupons, la petite rĂ©volte de la libertĂ© de l'esprit centre les prĂ©jugĂ©s plus encore que contre les conventions sociales.

Un mot encore et nous terminons. Dans la nouvelle Ă©dition, on remarquera que l’auteur s’est rĂ©ellement bornĂ© cette fois au langage moderne et qu’il n’est pas remontĂ© plus haut que Marot et Rabelais.

Il a nĂ©gligĂ© beaucoup de fantaisies niaises, prĂ©tentieuses et inusitĂ©es de quelques auteurs modernes, comme Nerciat, RĂ©tif, la Tour du Bordel , ou d’argots de voleurs, de chiffonniers, etc. ; par exemple, les mots inir (de Nerciat) hubir (de la Tour), pante, sinve (qui se trouvent dans le dictionnaire d’argot de Larchey), etc.

Enfin, il a supprimĂ© quelques mots qui se retrouvent dans les dictionnaires français usuels : libidineux, lascif, impudicitĂ©s, tendron, autel de la voluptĂ©, calice, etc. C'Ă©tait superflu Ă  rĂ©pĂ©ter.

Aucun Ă©crivain, jusqu’à ce jour, ne s’est senti assez franc du collier ni assez ferme des rognons pour entreprendre la publication d’un Dictionnaire Ă©rotique complet ; publication jugĂ©e nĂ©cessaire cependant par tout le monde, par les gourmets aussi bien que par les goinfres, par les lettrĂ©s aussi bien que par les simples curieux.

Ce que nous avons sur la matiĂšre est bien peu de chose : le Glossarium eroticum linguĂŠ latinĂŠ de Pierrugues, le Dictionnaire françois contenant les mots et les choses de Richelet, le Dictionnaire d’amour de Dreux du Radier, celui de Sylvain MarĂ©chal, celui de Girard de Propiac, et en fin le Glossaire Ă©rotique de la langue française de M.*** (dit Louis De Landes). En apprenant, il y a trois ans, la publication de ce dernier ouvrage, j’allais renoncer Ă  continuer le mien, que je supposais dĂšs lors inutile ; une rapide lecture me dĂ©trompa : le Glossaire Ă©rotique de M.*** n’est autre chose que les Erotica verba du 3 e volume de Rabelais, Ă©dition Desoer, — avec cette diffĂ©rence que les Erotica verba tiennent dans une trentaine de pages et que M. *** les a dĂ©layĂ©s dans un fort volume in-12. Mais les expressions modernes, mais les mots pittoresques, nĂ©s d’hier, qui servent d’étiquettes aux choses de la coucherie, de l’amour et de la polissonnerie, qui a eu la patience de les colliger et le courage de les nomenclaturer ? Personne. La littĂ©rature contemporaine compte assurĂ©ment nombre d’excellents esprits trĂšs dignes de mener Ă  heureuse fin une Ɠuvre de l’importance et de la nature de celle-ci : il n’en est pas un seul qui ait osĂ© emboucher le clairon de l’émancipation, pas un qui soit parvenu Ă  se dĂ©mailloter, Ă  se dĂ©barrasser de ses langes et de ses lisiĂšres. Ce sont en effet de si grands seigneurs que les prĂ©jugĂ©s ! de si grandes dames, les conventions ! Songez donc : appeler les choses par leur nom, — la grosse affaire !

Pour moi, qui n’ai pas la vaine superstition du langage, et qui, au contraire, possĂšde au suprĂȘme degrĂ© la haine, presque le dĂ©goĂ»t de la feuille de vigne que les hypocrites placent sur leurs discours — comme les vieilles femmes un couvercle sur leur pot de chambre, — j’aborde rĂ©solument le taureau par les cornes, et j’essaie de faire, Ă  mes risques et pĂ©rils, ce que personne jusqu’ici n’a eu le courage de tenter. Car il est bien entendu que je compte pour rien le prĂ©tendu Glossaire Ă©rotique de la langue française de M.***, Ă  qui une pudeur inexplicable a fait prendre la prĂ©caution — inutile — de s’abriter derriĂšre un pseudonyme.

Ce qui m’a guidĂ© dans cette intĂ©ressante besogne, Ă  laquelle j’ai consacrĂ© de nombreuses veilles et pour laquelle je ne demande aucune rĂ©compense, — m’en Ă©tant dĂ©jĂ  dĂ©cernĂ© une Ă  moi-mĂȘme, — ce n’a pas Ă©tĂ© de donner satisfaction aux curiositĂ©s malsaines des libertins, vieux ou jeunes, qui se jettent sur les livres obscĂšnes comme les mouches sur des rayons de miel : j’ai trop le respect de moi-mĂȘme pour descendre a une aussi puĂ©rile infamie, quelque haut prix qu’elle rapporte Ă  son auteur. Le mĂ©tier de masturbateur intellectuel peut avoir des avantages prĂ©cieux pour les gens qui croient, avec Vespasien, que l’argent ne pue point ; mais comme je ne me sens pas le moins du monde portĂ© Ă  l’exercer, je ne l’exerce pas. Mes visĂ©es sont plus hautes et mes habitudes d’esprit moins malpropres. J’ai le style gaillard, mais l’intelligence chaste.

La langue française Ă©tant, de l’avis de Voltaire, « une gueuse fiĂšre Ă  qui il faut faire l’aumĂŽne malgrĂ© elle, » j’ai voulu essayer de glisser dans la poche de son Dictionnaire lĂ©gal, si pauvre, la plupart des expressions du Dictionnaire interlope, si riche, que je publie aujourd’hui, malgrĂ© ses imperfections involontaires et ses omissions inĂ©vitables. Je me suis fait le saint Vincent de Paul des nombreux mots orphelins qui grouillent dans le ruisseau, des nombreuses expressions vagabondes qui se morfondent depuis si longtemps Ă  la porte du Dictionnaire de l’AcadĂ©mie, et je leur ai construit, Ă  mes frais, un petit hospice en attendant qu’on songe Ă  les admettre dans le grand.

Ce qui se parle doit s’écrire, et tout doit se parler — mĂȘme devant les jeunes filles. Les mots ne sont pas ordes, ce sont les pensĂ©es qui sont sales. La lecture de l’ArĂ©tin et la vue des priapĂ©es du MusĂ©e secret de Naples sont moins corruptrices que beaucoup de romans que je pourrais citer, et je serais mĂȘme disposĂ© Ă  absoudre le marquis de Sade (assurĂ© que je suis de la parfaite innocuitĂ© de sa Justine ) si ce misĂ©rable avait Ă©crit en meilleur français : les livres dangereux sont les livres mal faits. Le libre langage de nos pĂšres, qui effarouche tant de ridicules pudeurs, vaut cent fois mieux que notre phrasĂ©ologie bĂ©gueule — et en mĂȘme temps embrenĂ©e d’équivoques obscĂšnes — dont ils se seraient si justement crevĂ©s de rire. Langue chĂątrĂ©e, peuple castrat. OĂč sont nos couilles du temps jadis ? Qu’a-t-on fait du français mĂ©dullaire, si substantiel et si savoureux, de Mathurin RĂ©gnier, d’Agrippa d’AubignĂ©, d’Amyot, de Rabelais, de Montaigne, de BrantĂŽme, et de tant d’autres Ă©crivains qui besognaient fort et dru ? On l’a remplacĂ© par le petit français d’un tas de petits Ă©crivassiers, les uns membres — Ă©masculĂ©s — de l’AcadĂ©mie, les autres dignes de le devenir. Et voilĂ  pourquoi notre langue est muette, d’éloquente qu’elle Ă©tait autrefois !

C’est Ă  ne s’y pas reconnaĂźtre dans cette tour de Babel moderne, oĂč l’on est arrivĂ©, par le bĂ©gueulisme, Ă  la confusion du langage. Jamais on n’a aussi mal Ă©crit, ni aussi mal parlĂ©. L’hĂŽtel de Rambouillet, qu'on pouvait croire expropriĂ© et dĂ©moli pour cause de clartĂ© publique, existe avec plus de locataires que du temps de la Guirlande de Julie ; il y en a depuis le sous-sol jusqu’aux combles, maĂźtres et domestiques mĂȘlĂ©s, Houssaye sur Lamartine, Musset sur Murger, MĂ©rimĂ©e sur Aubryet, Janin sur Sainte-Beuve. Ces PrĂ©cieuses mĂąles — du moins du sexe masculin, car mĂąles emporte avec soi une idĂ©e de vigueur que je ne veux pas attacher au nom de ces pĂ©ronnelles en culottes, — ces PrĂ©cieuses, Ă  l’exemple de leurs aĂźnĂ©es en jupons fessĂ©es Ă  tour de bras par MoliĂšre, ont frappĂ© de proscription tous les mots virils de notre langue, toutes les expressions bien bĂąties, qui avaient jadis droit au respect gĂ©nĂ©ral et qui en sont rĂ©duites aujourd’hui Ă  faire le trottoir, comme de vulgaires prostituĂ©es.

Ah ! que cette horreur du mot propre est bĂȘte, dangereuse — et inutile ! Qu’est indĂ©cent et saugrenu cet amour de la pĂ©riphrase et du sous-entendu qui joue dans la conversation le rĂŽle d’énigme dont tout le monde finit toujours par trouver la clef ! « Vilains hypocrites ! s’écrie Denis Diderot avec une indignation sincĂšre ; foutez comme des Ăąnes dĂ©bĂątĂ©s, mais permettez-moi de dire foutre . Je vous passe l’action, passez-moi le mot. Vous prononcez hardiment tuer, voler, trahir , et l’autre vous ne l’oseriez qu’entre les dents !
 Il est bon que les expressions les moins usitĂ©es, les moins Ă©crites, les mieux tues, soient les mieux sues et les plus gĂ©nĂ©ralement connues. Aussi, cela est ; aussi, le mot futuo n’est-il pas moins familier que le mot pain ; nul Ăąge ne l’ignore, nul idiome n’en est privé ; il a mille synonymes dans toutes les langues, il s’imprime en chacune sans ĂȘtre exprimé  et le sexe qui le fait le plus, a usage de le taire le plus. »

Que rĂ©pondraient Ă  cela nos PrĂ©cieuses — si on les consultait ? Que Diderot Ă©tait un Ă©crivain ordurier, qui aimait les vilains mots comme certaines gens aiment les mauvaises odeurs, et qu’aujourd’hui on le condamnerait Ă  deux ou trois annĂ©es de prison pour « outrage Ă  la morale publique et aux bonnes mƓurs, » — sans compter deux ou trois autres annĂ©es pour « outrage Ă  la religion catholique. »

J’y consens — pour un instant. Mais Michel de Montaigne ? Oserez-vous, pĂ©cores, dire de ce gentilhomme pĂ©rigourdin ce que vous avez niaisement reprochĂ© au fils de l’ouvrier coutelier de Langres ? Montaigne a Ă©crit la mĂȘme chose, pourtant, et tout aussi clairement : « Qu’a fait l’action gĂ©nitale aux hommes, si naturelle, si nĂ©cessaire et si juste, pour n’en oser parler sans vergogne, et pour l’exclure des propos sĂ©rieux et rĂšglez ? Nous prononçons hardiment tuer, desrobber, trahir ; et cela, nous n’oserions qu’entre les dents. Est-ce Ă  dire que moins nous en exhalons en paroles, d’autant nous avons loy d’en grossir la pensĂ©e ? Car il est bon que les mots qui sont le moins en usage, moins escripts, et mieulx teus, soient les mieux sceus et plus generalement cogneus  »

Vous les appelez des ordures
Tous ces mots qui, ruisseaux de miel,
Coulent avec de doux murmures
Des lĂšvres en quĂȘte du ciel !
Vous vous signez lorsqu’on raconte
Ce que signifie Être heureux !
Vous vous cachez le front de honte
D’avoir joui comme des dieux !
Vous rougissez de vos ivresses
Lorsque vous ĂȘtes dĂ©grisĂ©s.
Et vous reniez vos maĂźtresses
Lorsque repus de leurs baisers !
Quel mal trouvez-vous donc Ă  dire
Ce qu’à faire vous trouvez bon ?
Pourquoi crime un charmant dĂ©lire ?
Comment caca votre bonbon ?
Ah ! libertins de sacristie
Dont le cƓur à la bouche ment,
Pourquoi recrachez-vous l’hostie
GobĂ©e Ă  deux si goulĂ»ment ?

Ce cant que nous reprochons si maladroitement aux Anglais, nous l’avons au mĂȘme degrĂ© qu’eux ; nous rougissons pudiquement, jeunes vierges Ă  barbe, des grossiĂšretĂ©s de notre Rabelais, comme ils rougissent, ces pucelles Ă  favoris rouges, de leur Shakespeare. Et plus nous allons, et plus notre cant s’aggrave — avec nos vices. Je me rappelle encore l’émotion gĂ©nĂ©rale qui accueillit, il y a deux ans, le chapitre des MisĂ©rables de Victor Hugo oĂč s’étale superbement la rĂ©ponse Ă©nergique de Cambronne Ă  Waterloo. C’était un scandale Ă  nul autre pareil. On ne voulait pas croire Ă  tant d’audace, et, le nez mĂȘme sur la page ou cette shockinerie se trouve dĂ©posĂ©e, avec des commentaires aggravants tout autour, on se refusait encore Ă  y croire. Des cris de paon Ă©taient poussĂ©s dans les salons et dans les cafĂ©s Ă  propos de cette incongruitĂ© littĂ©raire. Les acadĂ©miciens se cachaient la face et se couvraient de cendres. ArsĂšne Houssaye mettait un crĂȘpe a sa houlette de berger en chambre. Madame Louise Colet prenait le voile. Champfleury allumait des lampions sur sa fenĂȘtre, au grand Ă©bahissement des habitants de Montmartre — qui se croyaient dĂ©jĂ  au 15 aoĂ»t


Sans doute. AprĂšs ? et pourquoi toutes ces clameurs de pies en dĂ©lire ? Que prouve cette sainte — et ridicule — indignation ? Rien, sinon que depuis Boileau les lecteurs français veulent ĂȘtre respectĂ©s quoiqu’ils ne se respectent pas eux-mĂȘmes. Rien, sinon que la chastetĂ© de notre langage tĂ©moigne surabondamment du libertinage de nos mƓurs. Rien, sinon que nous ne trouvons les mots ordes et puants que parce que nos actions sont malsaines et nidoreuses. Rien, sinon que notre Ăąme est un fumier sur lequel poussent les fleurs — de rhĂ©torique. Rien, sinon qu’au lieu de laisser aux femmes le bĂ©gueulisme des paroles, nous l’affichons comme la feuille de vigne de l’impudicitĂ©, faisant ainsi semblant d’ignorer que jamais la puretĂ© de l’ñme humaine n’a Ă©tĂ© entamĂ©e par les familiaritĂ©s les plus stercorĂ©ennes du langage humain. Il ne nous manquait que cette hypocrisie-lĂ  pour ĂȘtre complets !

Les questions morales que cela soulĂšve sont de la plus haute importance, et j’aurais grande joie a les examiner ici avec dĂ©tails, afin de vider une bonne fois sur la tĂȘte d’un public bĂ©otien le panier de mes colĂšres et de mes ironies. Mais, par malheur, la place me manque, mon cadre me force Ă  me borner : Ă  peine me reste-t-il quelques lignes.

J’abrĂšge donc, ne voulant d’ailleurs prouver rien autre que mon droit Ă  rĂ©unir en corps de livre une cohue d’expressions pittoresques auxquelles le Dictionnaire de l’AcadĂ©mie fera faire Ă©ternellement le pied de grue, sans daigner mĂȘme entrebĂąiller un de ses feuillets pour en laisser entrer quelques-unes chez lui. « Toutes les langues roulent de l’or, » a dit Joubert, — et l’argot d’un peuple entier est une langue, spĂ©cialement l’argot Ă©rotique ; s’il vit en marge du Dictionnaire officiel, comme les gens qui le parlent vivent en marge de la sociĂ©tĂ© officielle, il n’en finira pas moins, Ă  un moment donnĂ©, par se confondre comme eux dans la circulation gĂ©nĂ©rale.

Au reste, peu me chaut ! C’est dĂ©terminĂ©ment que j’ai composĂ© le recueil pornographique que je publie aujourd’hui, sans arriĂšre-pensĂ©e mauvaise, non pour tenter mes contemporains du gaillard pĂ©chĂ© de luxure, — comme le diable de PapefiguiĂšre les nobles nonnains de Pettesec, — mais Ă  titre seul de documents pour l’histoire de la langue et celle des mƓurs au xix e siĂšcle, et avec cette conviction, solidement ancrĂ©e dans ma conscience, que s’il n’est utile Ă  personne, Ă  personne non plus il ne sera nuisible. Les lecteurs vraiment chastes ne s’en sentiront pas corrompus ; les lecteurs corrompus n’en deviendront pas plus libertins.

Je n’aurai jamais Ă  me couper le poignet par remords de l’avoir Ă©crit.

Il faut avoir un certain courage pour faire un livre comme celui-ci ; car, tout d’abord, la plupart des personnes qui l’ouvriront s’empresseront de le rejeter comme un tissu d’obscĂ©nitĂ©s, qu’un homme qui se respecte n’aurait jamais dĂ» mettre au jour. Pour beaucoup de gens, sans doute, la premiĂšre impression sera telle ; mais pour ceux qui voudront un peu rĂ©flĂ©chir, ils reconnaĂźtront bientĂŽt qu’il y a un but utile dans cette publication, qui n’est faite ni pour les jeunes filles, ni pour les Ă©coliers.

Pendant plusieurs siĂšcles on n’attacha aucune idĂ©e malhonnĂȘte Ă  une multitude de mots et d’expressions qui sont actuellement bannis de la bonne compagnie, et les hommes les plus graves les employaient sans que personne y trouvĂąt Ă  redire. Peu Ă  peu on a trouvĂ© que certains mots devaient ĂȘtre bannis de la langue, et on les a remplacĂ©s par d’autres, ou bien par des pĂ©riphrases qui expriment, il est vrai, la mĂȘme idĂ©e, mais en bannissant le scandale. C’est sans doute une singuliĂšre maniĂšre de voir que de regarder un mot comme obscĂšne, et non pas ce qu’il veut dire ; car il semblerait raisonnable de ne blĂąmer dans un Ă©crit que les pensĂ©es qui y sont reproduites, et de ne taxer qu’elles seules d’immoralitĂ©, sans s’attacher aux mots, qui ne sont que le moyen de rendre les idĂ©es palpables. Mais, enfin, la coutume est ainsi Ă©tablie, et il faut s’y soumettre, sous peine d’ĂȘtre honni. Un auteur qui ne se conformerait pas Ă  cet usage ne serait pas lu, et, de plus, il irait faire un tour en police correctionnelle. Aussi n’avons-nous point le projet de vouloir rĂ©former le monde et de changer sa maniĂšre de voir sur un sujet qui a Ă©tĂ© traitĂ© par Bayle beaucoup mieux que nous ne le pourrions faire.

La maniĂšre actuelle d’écrire ne doit cependant pas faire proscrire la littĂ©rature du xii e au xvii e siĂšcle, et empĂȘcher de lire des Ă©crivains distinguĂ©s, qui n’ont commis d’autres fautes que d’employer dans leurs Ă©crits des mots dont on se servait dans toutes les classes de la sociĂ©tĂ©. Tous les dictionnaires ayant soin de bannir de leurs colonnes les mots rĂ©prouvĂ©s, il arrive que bon
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