Les photos excitantes interdites de Bonnie Wright
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Les photos excitantes interdites de Bonnie Wright
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Lâarchitecte est Ă cheval sur lâindĂ©pendance. Ethel Hazel nâest pas trĂšs Ă cheval sur sa gĂ©nĂ©alogie. Dr. Nut nâen revient pas des affaires du monde.
« Une femme doit ignorer la diffĂ©rence quâil y a entre un Ă©talon et un cheval » Gustave Flaubert.
Ethel Hazel est retenue dans une piĂšce sombre â une Ă©curie ? ça sent le cheval. Elle sent surtout lâhorreur qui lâattend. Dâailleurs une porte grince et elle distingue des silhouettes dâhommes qui sâapprochent en ricanant. Elle a froid et sâaperçoit quâelle est nue, elle ne peut pas rĂ©agir, paralysĂ©e par la peur et les voilĂ qui sâapprochent, elle peut sentir lâhaleine du premier, il va la mordre quand un portail sâouvre violemment, et le soleil pĂ©nĂštre dans le hangar â câest un hangar â comme sâil Ă©tait temps de sâoccuper des vampires. Un personnage quâelle ne peut voir en contre-jour sâapproche prestement, elle le reconnaĂźt, il est lĂ tout prĂšs, armĂ© dâun coupe-papier et il lacĂšre ses assaillants qui nâen peuvent mais. Elle retrouve soudain lâusage de son corps, baignĂ© de sueur â il nây a pas que de la sueur, se dit-elle â quand lâarchitecte, ayant fini son Ćuvre sâapprĂȘte Ă lui âŠ
Câest la sonnerie casse-noisettes de son cabinet qui rĂ©sonne et Ethel Hazel sâĂ©veille brusquement. Câest lui ! Son cĆur bat et elle est essoufflĂ©e. Comment a-t-elle pu sâassoupir ? Elle se lĂšve du sofa oĂč elle sâĂ©tait allongĂ©e, pour cinq minutes de relaxation, pensait-elle, et passe la main dessus comme sâil fallait en enlever la poussiĂšre de son sommeil â de son rĂȘve ? â puis redresse du revers de la main les plis de sa jupe fripĂ©s et dĂ©cide de respirer 30 secondes avant dâouvrir. Pourquoi pense-t-elle soudain Ă ces sĂ©ances dâĂ©quitation que lui imposait son pĂšre ?
Un dernier coup dâĆil au cabinet. Heureusement, il fait beau, froid mais beau, et elle avait la fenĂȘtre entrouverte. Lâair est frais. Elle est prĂȘte. Elle ouvre.
Lâarchitecte, qui a eu le temps dâenlever son casque, de baisser son bandana et dâenlever son blouson, lâaccueille avec un grand sourire. Câest bizarre, se dit-elle, câest tout juste si ce nâest pas lui qui mâaccueille. Il a un paquet Ă la main.
Lâarchitecte â Tenez, câest pour vous, un cadeau (sans plus de façon, presque par timiditĂ©, il va sâallonger sur le divan quâil sâĂ©tonne de sentir tiĂšde).
Ethel Hazel (reste debout, dĂ©concertĂ©e, par la taille de lâobjet) â Un cadeau ?
Lâarchitecte â Ecoutez, je pensais Ă vous, comme souvent dâailleurs. Dites-moi, câest normal de penser comme ça Ă sa psychanalyste ? Quâen disent la science et lâacadĂ©mie ? Hahaha⊠Bref je pensais Ă vous et comme je me trouvais dans une librairie clandestine, jâai achetĂ© ce livre.
E.H. (qui nâest pas particuliĂšrement Ă©mue ne relĂšve pas lâhumour) â Je vous remercie. Il nâest pas dans mes habitudes dâaccepter les cadeaux des clients â il nâest pas question de corrompre la relation patient-praticien â mais jâaccepte le vĂŽtre au regard de votre analyse qui sâinscrit dans la durĂ©e. Mais chaque minute compte, lâhorloge tourne, et jâen prendrai connaissance aprĂšs votre dĂ©part. De quoi parlerons-nous aujourdâhui. De Madeleine ? Comment va-t-elle ? De vos enfants ? Comment vont-ils.
Lâarchitecte â RAS de ce cĂŽtĂ©. Je nâai plus aucun contact avec Madeleine, pour ce que jâen sais son agence ne va pas fort â si ça se trouve je lui manque, ce serait paradoxal nâest-ce pas ? â quant aux enfants, ils sont chacun confinĂ©s dans leurs pays respectifs, Ulysse au BrĂ©sil, et heureux comme tout, Lisa dans son monde vu que lâuniversitĂ© avec le Covid et tout ça, les cours câest vraiment de loin en loin et elle a tendance Ă passer son temps confinĂ©e dans sa chambre chez sa mĂšre Ă Ă©changer avec ses copains copines du monde entier. Bref, rien de spĂ©cial. Et vous Ethel, vous nâavez pas dâenfants ? Vous nâĂ©voquez jamais rien de votre privĂ©e.
E.H. (qui se sent rougir) â Câest vous le patient.
Lâarchitecte (le ton confiant) â Pour ce qui me concerne, je perçois plutĂŽt nos rencontres comme un Ă©change, mĂȘme si en effet, jâai souvent lâimpression que câest Ă sens unique. Vous savez tout de moi.
E.H. (ai-je vraiment envie de tout savoir ? se dit-elle. Au fond, elle connaĂźt dĂ©jĂ la rĂ©ponse. En minaudant un peu) â Oh pas tout encoreâŠ
Lâarchitecte (souriant) â Ca viendra, ne suis-je pas lĂ pour ça ? Mais je trouve dommage quant Ă moi de ne rien savoir de vous.
E.H. (Au moins tu connais Bernard, se dit-elle, et elle sâaperçoit que loin de lâhorrifier, cela la fait sourire. Reprenant son sĂ©rieux) â Je comprends mais, de nouveau, câest vous le patient.
Lâarchitecte (apparemment vexĂ©) â Oui, Ă©videmment, je suis dans une catĂ©gorie. On nous met tous en gĂ©nĂ©ral dans des catĂ©gories qui se rĂ©vĂšlent de vraies prisons et, pour les architectes en particulier, câest tout juste si on ne nous met pas dans des Ă©curies. Aujourdâhui, je vois bien ce qui se passe chez mes confrĂšresâŠ
Lâarchitecte â oui, et consoeurs, il faut dĂ©sormais appartenir Ă une Ă©curie. Le promoteur a son Ă©curie dâarchitectes, les maires ont leur Ă©curie, les maĂźtres dâouvrage ont leur Ă©curie, les checks arabes ont leur Ă©curie, la CitĂ© de lâarchitecture et le Pavillon de lâArsenal Ă Paris ont chacun leur Ă©curie dâarchitectes bien entraĂźnĂ©s et on met les architectes sur la ligne de dĂ©part et « off they go », et comme pour les courses hippiques, il nây a quâun vainqueur mais les paris sont ouverts. Sur la piste de Doha, Chipperfield Ă©tait en tĂȘte au dernier virage mais Jean Nouvel lâa coiffĂ© sur le poteau. Pour le Grand Steeple-Chase de la ZAC dâEnghien, ils sont quatre ou cinq Ă piaffer dâimpatience. On peut mĂȘme vĂ©rifier leurs antĂ©cĂ©dents, celui-lĂ nâa rien gagnĂ© depuis dix courses, celui-ci est toujours placĂ© mais rarement vainqueur, celui-lĂ encore compte quelques belles victoires mais sur de toutes petites distances, les chevaux des Ă©curies Ă©trangĂšres, outsiders a priori, finissent pourtant souvent par gagner, rendant furieuse la masse des petits parieurs, etc.
E.H. â Comme dâhabitude vous exagĂ©rezâŠ
Lâarchitecte â Vous croyez ? Mais comme chez les hommes politiques ou les tyrans, des lignĂ©es dâarchitectes sont Ă©levĂ©es Ă partir dâun seul Ă©talon, de vĂ©ritables dynasties. Jâen connais Ă Paris qui en sont Ă la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration ! Pas Ă©tonnant que sur lâhippodrome dâAuteuil ou celui de Tours-Chambray ceux-lĂ soient nombreux Ă faire fi des obstacles et Ă sortir gagnants du dernier virage Ă droite. Dans la ligne opposĂ©e, les nouveaux poulains â et pouliches â doivent se faire un nom et, sâils rĂ©ussissent, ils feront figure pour ces aristocrates de nouveaux riches.
E.H. (ne lâĂ©coute plus. Pourquoi a-t-il citĂ© les hippodromes dâAuteuil et Tours-Chambray, alors quâelle a grandi pas loin du second et habite rue dâAuteuil, dans le XVIe arrondissement Ă Paris. Dubois lui envoie-t-il des messages ? Est-ce pur hasard ? Que sait-il encore dâelle ? Elle dĂ©cide dâĂȘtre attentive) â Vous semblez amer en parlant de la sorte ? Vous avez des complexes vis-Ă -vis de vos origines par rapport Ă ces dynasties dont vous parlez ?
Lâarchitecte (souriant) â Pour le coup câest vous qui me prenez trop au sĂ©rieux. Plus sĂ©rieusement, la question posĂ©e est celle de lâADN. Pour les chevaux de course, câest clair, et leurs saillies valent de lâor. Alors, je me demande sâil y a un gĂšne de lâarchitecte, un ADN de lâarchitecture.
E.H. (le sujet lâinterpelle, elle se souvient soudain de la passion de ses parents pour la gĂ©nĂ©alogie comme sâils trouvaient une justification Ă leur vie minable dans la richesse dâun arbre gĂ©nĂ©alogique, plus ou moins fictif et sans cesse rĂ©inventĂ© pour justifier tout et nâimporte quoi) â Mais dans un cheval, câest sa force et sa vitesse que lâon veut conserver, lâarchitecture est un mĂ©tier intellectuelâŠ
Lâarchitecte â Certes. Et je ne crois pas que ce soit une question de gĂšne puisque nombre dâarchitectes le deviennent en arrivant de nulle part, Ă la surprise de leurs proches souvent. Non je pense plutĂŽt Ă une forme dâendogamie, mais plutĂŽt quâun lien du sang comme dans les lignĂ©es royales ou impĂ©riales, il sâagirait dâun lien du savoir-faire. Certes lâarchitecture se transmet aisĂ©ment de pĂšre en fils, et fille aujourdâhui, comme la cordonnerie ou la boulangerie ou la couture ou la cuisine. Câest peut-ĂȘtre ce dĂ©terminisme social qui fait que la sociĂ©tĂ© est certaine de disposer ainsi ad vitam aeternam dâun fonds de roulement dâarchitectes, de mĂ©decins, de notaires, de cordonniers et de boulangers. Câest une sĂ©curitĂ©. Si les boulangers se mettent Ă devenir architectes, on meurt tous de faim. Et pourquoi seraient-ils donc boulangers ou cordonniers sâils peuvent ĂȘtre architectes ? Ou, Ă lâinverse, imaginons que les architectes en ayant soupĂ© des misĂšres quâon leur fait â dynastie ou pas dâailleurs â dĂ©cident de devenir boulangers ou dentistes ? Pour le coup, je ne suis pas sĂ»r que la sociĂ©tĂ© sâen aperçoive avant 20 ou 30 ans â le temps quâil faudra aux promoteurs pour faire illusion â mais alors, quelle catastrophe ! Câen sera fini des dynasties dâarchitectes pour sĂ»r mais peut-ĂȘtre, pour lâarchitecture comme pour le reste, les dynasties sont-elles essentielles Ă toute sociĂ©tĂ©.
E.H. â Et vous ne faites partie dâaucune Ă©curie ?
Lâarchitecte (en rigolant) â HĂ©las non et quand je me prĂ©sente sur un champ de courses, câest en mon nom propre et je suis mon propre entraĂźneur. Et jâen gagne parfois des courses mĂȘme si au fond, je vous lâai dĂ©jĂ racontĂ© je crois, je ne suis pas tout Ă fait sĂ»r de savoir dâoĂč me vient ma vocation dâarchitecte mais je sais quâelle est innĂ©e et non acquise. Cela dit, ĂȘtre fils de ou fille de, câest quand mĂȘme plus facile pour un cordonnier ou un boulanger que pour un architecte jâimagine. Quelle quâen soit la qualitĂ© ou la mesure, au moins mon architecture mâappartient, et câest pourquoi ma vie et mon mĂ©tier sont une seule et mĂȘme chose. Dubois lâarchitecte et vous avez tout dit, vous savez tout de moi.
E.H. (elle ne peut, une fois de plus sâempĂȘcher dâadmirer lâindĂ©pendance sauvage de Dubois, surtout depuis quâil est divorcĂ© de Madeleine) â Votre fils fait des Ă©tudes dâarchitecture nâest-ce pas ?
Lâarchitecte (amusĂ©, haussant les Ă©paules) â Avec pĂšre et mĂšre architectes, il sera peut-ĂȘtre lâun de ces architectes endogames dont je parlais mais je ne crois pas, quand on sâappelle Dubois, la notion de dynastie est hors sujet et je nâai pas vocation dâĂ©talon mĂȘme si je reste un cheval sauvage. HahahaâŠ
E.H. (Sauvage, câest le mot pense-t-elle. Au fil de la conversation, elle en a oubliĂ© quâil est sans doute un tueur en sĂ©rie, en tout cas de toute Ă©vidence lâassassin de cet imbĂ©cile de Bernard, et perdu de vue aussi quâil est un patient. Elle nâa plus sur lui cette autoritĂ© quâelle impose Ă ses autres patients, ceux qui lui restent depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie. A force dâĂ©couter Dubois depuis trois ans, elle commence Ă comprendre quelques codes de lâarchitecture et la passion qui lâanime. Elle sent alors un Ă©lancement en elle et rĂ©alise que cela nâa rien Ă voir avec lâarchitecture, encore que les insinuations Ă propos des saillies des Ă©talons nây sont peut-ĂȘtre pas Ă©trangĂšres. Une vision fugace mais rĂ©aliste vient de lui traverser lâesprit, une image qui mixe son rĂȘve, la rĂ©alitĂ© de ce quâelle a vĂ©cu avec Bernard et la reprĂ©sentation quâelle sâest faite de son cadavre, nu et lacĂ©rĂ© sur lâautel de lâĂ©glise de Nueil-le-Dolent. AprĂšs tout, lâarchitecte a massacrĂ© Bernard pour ELLE. Jamais PERSONNE nâavait rien fait de pareil pour ELLE. Et Dr. Nut, qui aurait pu, peut-ĂȘtre, au moins la dĂ©fendre, lâavait laissĂ©e tomber comme une vieille chaussette ! En tout cas, cela faisait un moment que durant cette sĂ©ance elle parlait avec Dubois comme elle lâaurait fait avec un ami, curieuse â et reconnaissante ? â de sa conversation et de sa prĂ©sence. Avec le sourire) â Vous avez une vision trĂšs histoire naturelle de lâhumanitĂ© et, incidemment de votre mĂ©tierâŠ
Lâarchitecte (heureux de son attention) â Peut-ĂȘtre, ne parle-t-on pas dâarchitecture organique ? Ou peut-ĂȘtre, sans nous en rendre compte, nous sommes encore tous des singes incompĂ©tents et bas de plafond. La preuve est que câest de nouveau le bazar Ă lâagence question administration. Le courrier sâentasse, des courriers urgents prennent du retard et plus il y en a, moins jâai envie de plonger le nez dedans. Je me demande parfois si je nâai pas fait une erreur avec Hilda, mais bon, elle serait partie de toute façon. Mais vous voyez ce que je veux dire ? Nous sommes parfois simplement gouvernĂ©s par nos pulsions, le mieux Ă©tant encore de les contrĂŽler ou de leur donner un cadre plaisant.
E.H. â Les pulsions sont des excitations issues de lâintĂ©rieur du corps qui parviennent au psychisme comme mesure de lâexigence de travail (elle sâaperçoit avec effroi et excitation quâelle pourrait aussi bien parler pour les siennes) Câest donc seulement de votre travail que vous parliez ?
Lâarchitecte (il inspire profondĂ©ment) â Pas tout Ă fait, dâailleurs, chĂšre Ethel, puisque nous en sommes lĂ de notre relation, je voulais vousâŠ
Ils ont tous les deux retenu leur souffle. Mais ni lâun ni lâautre ne fit le premier pas.
Lâarchitecte parti, Ethel Hazel alla fumer une cigarette Ă sa fenĂȘtre, observant le cadeau quâil lui avait laissĂ©. Elle se doutait que chaque geste de Dubois, surtout un cadeau pour elle, devait avoir une signification. Par la taille et le poids, elle se doutait quâil sâagissait dâune BD. Mais elle nâavait jamais Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©e par les BD. Au vrai, elle nâen avait jamais lu, elles Ă©taient interdites chez elle lors de son adolescence et plus tard elle nây avait jamais prĂȘtĂ© attention. MĂȘme un AstĂ©rix, quâelle avait feuilletĂ© un jour un peu avant noĂ«l pendant la promo de lâalbum, elle nâavait rien vu qui puisse justifier un tel ramdam et, dâune certaine façon, elle pensait que la BD, mĂȘme si on lui avait dit le contraire, Ă©tait surtout destinĂ©e aux enfants. Elle soupira et dĂ©cida dâouvrir le paquet. CâĂ©tait une BD en effet. La fiĂšvre dâUrbicande, les CitĂ©s obscures . En une seconde, elle sut dâinstinct que cette BD, elle allait la lire.
Depuis quâil avait lu Les Amants Terrible , la vie et la mort de Bonnie & Clyde, Dr. Nut Ă©prouvait un sentiment de malaise. Il avait depuis longtemps vu le livre dans la bibliothĂšque de lâarchitecte mais sâen Ă©tait tenu Ă©loignĂ© et puis, fort dâun mauvais pressentiment, il nâavait pu sâen empĂȘcher. Il lâavait lu dâune traite. Gainsbourg avait raison : au dĂ©part, Clyde Ă©tait un gars loyal, honnĂȘte et droit. Ce qui lui fit penser Ă Dubois, un redoutable un assassin et son impitoyable geĂŽlier, mais un professionnel honnĂȘte et droit Ă sa façon. Bonnie, apprit-il, Ă la maison se faisait cogner par son mari, un petit voleur sans envergure nommĂ© Thornston. Pas Ă©tonnant que Clyde lâait sĂ©duite ! Bonnie et Clyde aimaient tous deux la musique, il jouait de la guitare et du saxophone, elle Ă©crivait des poĂšmes, elle voulait le haut de lâaffiche, il Ă©tait courageux. De fait, ils nâavaient pas tuĂ© tant de gens que ça, surtout quand ils pouvaient lâĂ©viter. Il la voyait Bonnie, enivrĂ©e â littĂ©ralement â et voulant vivre. Et il pensait Ă Ethel. Dubois lui avait parlĂ© dâune « relation » entre eux. Il sait ne pas pouvoir faire confiance Ă Dubois mais le doute sâest nĂ©anmoins installĂ©. Quâest-ce quâil manigance celui-lĂ avec Ethel ? Il est dans la cuisine en train de se prĂ©parer un brunch, enfin ce quâil appelle brunch puisque, depuis des mois dans sa prison sans lumiĂšre du jour, il nâa aucune idĂ©e de lâheure quâil est, ou de la date dâailleurs. Mais il a plutĂŽt fait une bonne sĂ©ance dâexercices, pris une douche, rangĂ© sa chambre et lĂ , il avait faim et se dit quâun brunch, câĂ©tait le moment. « On est dimanche » se dit-il en souriant.
Dr. Nut (contrariĂ© mais immĂ©diatement en alerte dĂšs quâil entend la voix. Pour ne rien montrer de son Ă©motion, il reste concentrĂ© sur sa poĂȘle dans laquelle mijotent une cĂŽte de porc, deux Ćufs, deux tomates et un reste de pĂątes) â HumâŠ
Lâarchitecte â DĂ©solĂ© de vous dĂ©ranger mais jâai une nouvelle pour vous.
Dr. Nut (il assaisonne avant de sâemparer dâun grand couvercle) â Vous allez me parler dâun autre couvre-feu ? Comme en 40 ? Une attaque au gaz moutarde ? Si câest pour des nouvelles comme ça, ce nâest pas la peine de me dĂ©ranger, je mâapprĂȘtais Ă dĂ©jeuner.
Lâarchitecte (ironique) â Mais vous ne me dĂ©rangez pas et jâai, pour ma part, fini de dĂ©jeuner depuis longtemps. Non, croyez-moi, jâai une nouvelle et câest pire que le couvre-feu, câest mondial.
Dr. Nut (qui nâen a pas moins rĂ©flĂ©chi Ă cette histoire de couvre-feu mentionnĂ©e par lâarchitecte il y a plusieurs jours â jours ? Dubois y aurait donc pensĂ© tout seul, juste pour lâemmerder ? Peu de chance. Il devait donc y avoir du vrai dans ce quâil disait et si câest pire et si câest mondial, câest forcĂ©ment Ă cause du Covid. Feignant lâindiffĂ©rence) â Câest Ă cause de la pandĂ©mie jâimagine, il y a eu une seconde vague ?
Lâarchitecte â Non pas du tout, tout va bien de ce cĂŽtĂ©-lĂ , câest pire je vous disais. Câest liĂ© Ă lâĂ©lection amĂ©ricaine.
Dr Nut (il comprend alors que nous sommes donc le premier mardi de novembre, ou quelques jours plus tard. Combien de jours plus tard ? Surpris) â Trump a Ă©tĂ© rĂ©Ă©lu ?
Lâarchitecte â Exactement, un raz-de-marĂ©e. Joe Biden a fait une campagne de mort-vivant, Trump une campagne survitaminĂ©e, remplissant les stades comme une rock star partout oĂč il passait. Depuis, rien ne peut plus lâarrĂȘter et câest la panique partout.
Dr. Nut (incrĂ©dule) â Le couvre-feu en France, câest Ă cause de la rĂ©Ă©lection de Trump ?
Lâarchitecte â On ne peut rien vous cacher. Et sâil nây avait que le couvre-feu⊠Mais excusez-moi, je dois dĂ©jĂ partir, câest la pagaille Ă Paris et je ne peux plus laisser Ethe
Rousse garce aux gros nichons trompe son mari et baise comme une folle
Salope chataigne aux gros se fait défoncer le cul au canape
Ménage à trois délicieux avec ma copine et son frÚre