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Publié le
20/05/2021 à 10:32 , mis à jour à 10:36






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Par Gwénaëlle Avice-Huet, vice-présidente senior en charge de la stratégie de Schneider Electric

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« Contagiosité, résistance aux vaccins... Les réponses aux questions sur le variant indien »


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Selon des travaux préliminaires menés par des scientifiques américains, les vaccins de Moderna et Pfizer/BioNTech devraient rester efficaces contre le variant indien.
C'est le variant du coronavirus qui concentre toutes les attentions et suscite peut-être le plus de craintes. Repéré pour la première fois en octobre 2020 en Inde, le variant indien B.1.617 a été classé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme "variant préoccupant". Il rejoint dans cette catégorie la plus élevée les variants britannique, sud-africain et brésilien. 

Désormais détecté dans au moins 44 pays à travers la planète, le variant indien du coronavirus , en partie lié à l'explosion de l'épidémie en Inde , conserve encore des mystères : ses effets en termes de transmission et de dangerosité sont toujours mal connus. L'Express tente d'y voir plus clair et de répondre aux questions qui se posent. 

S'il est communément appelé "variant indien" et désigné par le nom de sa lignée, B.1.617, la dénomination "variant indien" regroupe en réalité trois sous-lignées distinctes comportant certaines mutations en commun mais d'autres différentes : B.1.617.1, B.1.617.2 et B.1.617.3. La sous-lignée B.1.617.1 ainsi que la sous-lignée B.1.617.3 comportent la mutation E484Q, proche de celle déjà observée sur les variants sud-africain et brésilien (E484K). 

Dans son dernier rapport publié le 11 mai, l'OMS note qu'il "pourrait y avoir des différences importantes entre les trois sous-lignages". Mais l'OMS précise que "les données actuellement disponibles sont trop limitées" pour permettre une caractérisation différenciée, d'où le classement en bloc comme "variant préoccupant" . 

Les deux premières sous-lignées ont été repérées chacune dans plus de trente pays dans le monde, mais la troisième n'a été que très peu détectée en dehors de l'Inde, où elle est minoritaire. En France, la sous-lignée B.1.617.2 est majoritaire, avec 18 des 24 épisodes identifiés. Sur ces 24 épisodes impliquant au moins un cas de variant indien - un chiffre en légère augmentation- , seuls deux n'ont pu être liés à l'Inde. 

Avec l'explosion de l'épidémie en Inde, où le nombre de décès de malades du Covid-19 vient de franchir la barre des 280 000, le variant a vite été montré du doigt, soupçonné d'en être responsable. Mais l'OMS estime que l'accélération de la transmission du virus dans le pays est liée à "plusieurs facteurs potentiels", notamment la tenue de "plusieurs rassemblements religieux et politiques de masse". Pour l'OMS, toutefois, les trois sous-variants "semblent avoir un taux de transmission plus élevé". Cet avis est partagé par d'autres organisations, notamment le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) ou Santé Publique France. 

Les trois versions du variant contiennent deux mutations associées à une plus grande transmissibilité du virus (L452R et D614G). Dans un rapport publié jeudi 13 mai , Public Health England s'est penché sur la sous-lignée B.1.617.2, qui "a rapidement augmenté en Angleterre", avec plus de 1300 cas identifiés au total au Royaume-Uni. Cette sous-lignée est "au moins aussi transmissible" que le variant anglais, lui-même plus transmissible que la souche historique du virus, estime l'agence de santé publique anglaise. Malgré tout, l'ECDC met en garde contre une possible "surreprésentation" du variant indien dans les cas détectés et séquencés au Royaume-Uni et dans l'UE en raison du ciblage des voyageurs arrivés d'Inde. 

Au Royaume-Uni, toujours, le comité scientifique conseillant le gouvernement (Sage) a estimé dans un rapport daté lui aussi du 13 mai qu'il existait une "possibilité réaliste" que ce variant soit jusqu'à 50% plus contagieux que celui apparu fin 2020 dans le sud-est en Angleterre. Ce dernier avait entraîné une flambée des contaminations et des décès au Royaume-Uni, contraignant le pays à se reconfiner pour de longs mois en janvier. 

Des travaux préliminaires menés par des scientifiques américains et rendus publics lundi, conduits en laboratoire par la NYU Grossman School of Medicine et le NYU Langone Center, montrent en outre que les variants indiens étaient capables de mieux s'accrocher au récepteur ACE2 présent sur les cellules humaines, et dont le virus se sert pour en forcer l'entrée. Cette capacité pourrait être en lien avec sa plus grande transmissibilité, comparé à la souche originelle du virus. 

La question de la dangerosité du variant indien ne trouve pour le moment aucune réponse. "Aucune information n'est disponible" sur la gravité des symptômes provoqués par le variant indien, écrit notamment le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies. 

Si la sous-lignée B.1.617.1 et sous-lignée B.1.617.3 comportent la mutation E484Q, qui est soupçonnée d'entraîner une moindre efficacité de la vaccination et un risque accru de réinfection, il n'existe pour l'instant que des données très limitées sur les risques d'échappement immunitaire. "Les impacts potentiels des lignées B.1.617 sur l'efficacité des vaccins ou des traitements, ou sur les risques de réinfection restent incertains", résume l'OMS. 

Selon les travaux préliminaires menés par des scientifiques américains et rendus publics lundi, les vaccins à ARN messager de Moderna et Pfizer/BioNTech devraient rester efficaces contre le variant indien du coronavirus. Ces recherches doivent toutefois encore être validées par des pairs avant d'être publiées dans une revue scientifique. 

"Nous avons conclu que les anticorps produits par les vaccins sont un peu affaiblis contre ces variants, mais pas assez pour nous laisser penser que cela aura un grand effet sur la protection conférée par les vaccins", a déclaré à l'AFP Nathaniel "Ned" Landau, auteur principal de l'étude. "Certains anticorps ne fonctionnent plus contre les variants, mais vous en avez encore beaucoup qui marchent", résume-t-il. "Il y en a assez qui font le travail pour que nous pensions que les vaccins resteront hautement" efficaces, a-t-il ajouté. "Nos résultats nous donnent confiance dans le fait que des vaccins actuels conféreront une protection contre les variants identifiés jusqu'ici", conclut ainsi l'étude. Ces expérimentations en laboratoire devront toutefois être confirmées par des études dans le monde réel. 

Le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies note de son côté que les anticorps monoclonaux ainsi que le plasma de personnes précédemment infectées ou de personnes vaccinées "peuvent neutraliser B.1.617.1 de façon aussi efficace ou plus efficace que d'autres variants préoccupants en circulation". "Jusqu'à présent, dans l'ensemble, nous sommes plutôt convaincus que les vaccins seront efficaces contre ce variant", a aussi déclaré cette semaine Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale de l'Agence européenne des médicaments (EMA). "Il n'y a à ce stade aucune preuve que ce variant échappe à la protection offerte par la vaccination. Les taux de neutralisation sont un peu plus bas que pour le variant britannique, mais ils sont meilleurs que pour les variants sud-africains ou brésiliens", précise François Balloux dans une interview à L'Express . 

Concernant la deuxième sous-lignée, qui ne comporte pas la mutation E484Q, il n'existe pas d'études sur l'échappement immunitaire, souligne l'ECDC. 

L'OMS indique que 44 pays ont au total fait état d'au moins un cas de Covid-19 lié à ce variant B.1.617 et l'un de ses sous-lignages (1/2/3). Cela demeure moins que le variant britannique présent dans 149 pays, le sud-africain (102 pays) et le brésilien (60 pays). 

Selon la dernière analyse de risque réalisée conjointement par les CNR (Centres nationaux de référence) et Santé publique France, 4508 séquences du variant indien ont été analysées dans le monde, dont 1875 en Europe à travers 19 pays. 

Sur le Vieux Continent, c'est au Royaume-Uni qu'il s'est le plus diffusé. Le nombre de cas du sous-lignage le plus actif, le B.1.617.2, a doublé, passant de 520 à 1313 en seulement une semaine. Les derniers chiffres donnés mercredi par le ministre de la Santé Matt Hancock font état de 2967 cas identifiés liés au variant B1.617.2 au Royaume-Uni, notamment dans le nord-ouest de l'Angleterre, non loin de Manchester, et dans la région londonienne, en hausse d'environ 30% depuis lundi. 

L'Italie, l'Espagne, le Danemark, la Belgique et l'Irlande notamment enregistrent une poignée de cas comparables à la France , où, au 11 mai, 24 cas du variant indien avaient été détectés, dont une large majorité causée par le sous-lignage B.1.617.2 (18 épisodes). Les cas se concentrent dans au moins "huit régions différentes, sept en France métropolitaine et la Guadeloupe), précisait Santé Publique France dans son dernier point hebdomadaire. Entre quatre et huit épisodes sont découverts chaque semaine depuis la mi-avril. Deux clusters ont été identifiés : un familial en Auvergne-Rhône-Alpes avec 5 cas et un en Île-de-France, précise BFMTV . 

Face aux craintes quant au variant indien, la France dit avoir pris les dispositions nécessaires, comme plusieurs autres pays européens, pour ne pas être contaminée. Tous les voyageurs venant de l'Inde sont soumis à dix jours d'isolement obligatoires , sous peine d'une amende allant jusqu'à 1500 euros. Avant même le décollage, les passagers doivent présenter à la compagnie aérienne un test PCR négatif de moins de 36 heures, ou un test PCR négatif de moins de 72 heures accompagné d"un test antigénique négatif de moins de 24 heures, ainsi qu'un justificatif de domicile ou une réservation d'hôtel. A l'atterrissage en France, un test antigénique est ensuite effectué. 

Mais les bonnes intentions ne sont pas toujours suivies d'effets, comme l'a montré notre correspondante , de retour d'Inde. A l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle où arrivent des résidents français désireux de fuir ce drame, il est en effet très facile d'échapper aux contrôles et de se faire contaminer. "La gestion des personnes positives au test antigénique est surprenante. La police semble complètement désemparée", observe un volontaire de la Croix Rouge, qui ajoute que "rien n'est prévu pour les femmes enceintes ou les personnes âgées, qui doivent faire la queue avec les autres". 

Par ailleurs, un terminal de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle a été aménagé pour accueillir plusieurs dizaines d'Indiens en transit illégal sur le territoire français et faire baisser le nombre de personnes maintenues dans la zone d'attente de l'aéroport. Par crainte de la formation d'un cluster de contamination au Covid-19, la Croix-Rouge et l'Anafé (association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers) avaient décidé fin avril de retirer leurs salariés de la plus grande zone d'attente aéroportuaire de France, où sont maintenus les étrangers qui ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire. "Pour le variant indien, nous n'avons pas à ce jour assez de données sur sa diffusion en France, mais une bonne stratégie d'isolement et de traçage devrait contenir sa diffusion", déclarait la semaine apssée à L'Express Karine Lacombe . 

Au Royaume-Uni, le gouvernement est accusé d'avoir tardé à durcir les restrictions sur les voyages en provenance de l'Inde en avril, à un moment où le Premier ministre Boris Johnson prévoyait un déplacement à New Delhi. Cette visite officielle avait finalement été annulée face à la nouvelle vague de contaminations en Inde, qui a finalement été ajoutée à la "liste rouge" du Royaume-Uni. Les voyageurs arrivant de ces destinations doivent effectuer une quarantaine à l'hôtel à leurs frais, pour un coût de 1750 livres (environ 2000 euros). 



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