Les Campeuses De St Tropez Torrent

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Les Campeuses De St Tropez Torrent



En Bentley entre Saint-Albion et Saint-Tropez
 1 avril 2020 23 minutes de lecture 5.7K vues
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En Bentley, on voyage avec soi-mĂȘme, histoire d’ĂȘtre en bonne compagnie, parfaitement loin de la masse “quolibĂšteuse” par vilaine nature
 et des vulgaires exhortations policiĂšres
, mon Blacky et moi sommes entre familiers de bonne compagnie
 s’il m’est besoin de l’appeler, c’est du bout des doigts
 et s’il veut s’exclamer c’est exclusivement un aboiement au subjonctif en accordant les participes. Seulement, dans l’occurrence son enthousiasme est par trop fort pour s’exprimer ainsi bassement, il ne peut pas ĂȘtre simultanĂ©ment discret et frĂ©nĂ©tique
 force m’est alors d’accepter une grande et formidable gueulĂ©e
, un exploit ! Je suis entrĂ© dans les annales comme d’autres que je connasse entrent dans les anus
 Ă  chaque sortie de mes publications la populace et mes dĂȘvots s’usent la peau des paumes Ă  m’applaudir

On m’envoie des baisers, des doigts d’honneur, des programmes d’investissements, des slips encore humides, des fruits confits et des pourris, des fleurs et parfois les pots
 on scande mon nom, celui de Chromes&Flammes, GatsbyOnline aussi
 on les “locomotives” de plus en plus vite et fort
, alors que moi, simple, vous me connassez mes chers Popus, j’ai le triomphe modeste. Toutefois, force m’est de devoir m’éponger face et pĂ©nis, calmement, sous les yeux enivrĂ©s des demoiselles qui voudraient boire ma sueur et ma semence d’éditeur/chroniqueur, comme un Ă©lixir de longue vis. Des fans se prĂ©cipitent souvent en gambadant comme des faons, me demandent des autographes, l’heure qu’il est
 on me palpe, on s’assure de moi, on se repaĂźt de ma personne, on se l’imprime dans la mĂ©moire, on la rĂ©alise, on la dĂ©votionne, on s’en persuade
, c’est alors que je daigne descendre lentement de mon char/piĂ©destal/Bentley comme une statue blanche vaincue par des diarrhĂ©es pigeonesques
 sans toutefois accorder plus d’attention qu’il n’en faut Ă  la plĂšbe
, ne suis-je la voix de Jupiter sanctionnant les fautes malgrĂ© les prouesses ?
Toutefois, chaque barreau dĂ©gravi de mon “tabourescabeau” me rĂ©humanise
 car un Jupiter Ă  terre n’est plus qu’un quidam, mais je reste distinguĂ© ! En descendant sur la CĂŽte d’Azur, je n’ai certes pas souscrit aux dĂ©risoires tentations d’une vie facile, j’ai voulu seulement y prendre une retraite assez simple avec mon Blacky
 piscine (chauffĂ©e les mois de froid), mon canard gĂ©ant fĂ©tiche, et quelques caisses de PĂ©trus 1949 Ă  dĂ©guster de temps Ă  autre, c’est Ă  dire en regardant le soleil s’éteindre en artifices de nuages
 Certes, lorsque la pĂ©riode d’étĂ© darde ses rayons, force nous est, Blacky et moi, de nous rendre compte de ce que sont ces fameuses, ces sempiternelles vacances qui dĂ©vorent mes contemporain(e)s et leurs animaux de compagnie que “ces gens” parfois, abandonnent misĂ©rablement en bord de routes oĂč dans un bois
, les gueux
, les affreux, misĂ©rables cloportes

DĂšs juin, mais en aoĂ»t c’est la folie, ils dĂ©bordent, investissent l’existence des “locaux” qu’on surnomme indigĂšnes, ils les mettent en grĂšve, les endettent, les syndiquent et leur font oublier un peu plus chaque jour et nuit les joies pourtant tonifiantes du travail prĂ©caire. A travers les enthousiastes souvenirs de vacances de mes relations lointaines, je flaire confusĂ©ment que ces pĂ©riodes de relĂąchement sont Ă©crasĂ©es par l’ennui et que leur seul intĂ©rĂȘt est de fournir aux gueux de quoi alimenter leurs conversations des 11 autres mois de l’annĂ©e, une possibilitĂ© de briller Ă  bon compte auprĂšs de plus misĂ©rables qu’eux, encore, et pour tout dire briĂšvement, d’interprĂ©ter des personnages qu’ils ne seront jamais mais qu’ils s’imaginent avoir Ă©tĂ© sur les plages et les routes engorgĂ©es des Ă©tĂ©s prĂ©cĂ©dents. Les souvenirs de vacances doivent macĂ©rer quelques mois avant de rendre tout leur fumet
 j’ai ainsi remarquĂ© que des vacanciers pris au retour de leurs Ă©quipĂ©es ne racontaient pas celles-ci avec autant de lyrisme et de dĂ©tails qu’ils le font six mois plus tard
, car leurs vacances ont besoin d’ĂȘtre dĂ©cantĂ©es, repensĂ©es, vernies par leur imagination
, ils doivent les vivre pour s’en dĂ©barrasser
 et nous de mĂȘme
 il s’agit en somme d’accumuler du matĂ©riel, c’est au retour que tout reste Ă  faire
, l’homme d’aujourd’hui prend ses vacances entre juin et septembre, mais il ne part vraiment en vacances qu’à compter d’octobre, car il ne jouit bien de ses vacances qu’au soir d’une journĂ©e de travail, et seulement en compagnie de gens qui n’ont pas pris les leurs avec eux !
Mais, je cause, je cause
 et achevant ma pensĂ©e (ci-dessus Ă©crite), une ravissante rousse Ă  l’aspect peu farouche, furieusement comestible dans son ensemble de plage lĂ©ger comme la brise du soir, pique droit sur notre table et roule une pelle au vioque que je deviendou peu Ă  pneu, la frontiĂšre des soixante et onze printemps devant ĂȘtre franchie le 16 mai de cette annĂ©e 2020.
— “Eh ben” , qu’elle m’exclame Ă  voix perçante, “ tu t’es remis de tes Ă©motions ! Oh ! dis donc, qu’est-ce que tu trimbalais, c’te nuit ! Ah ! j’te reverrai toujours faire la danse hawaĂŻenne sur la table Ă  quatre heures. T’étais complĂštement nazebroque, chĂ©ri ! Ce matin, quand je m’ai barrĂ© de ton Palace, tu ronflais comme un moulin Ă  cafĂ© Ă©lectrique. T’as drĂŽlement rĂ©cupĂ©rĂ©, on dirait ! C’est vrai que tĂ©zigue, pour pouvoir avoir mal aux tifs, faudra p’tet que tu t’fasses faire une moumoute dans quĂške zans, hein, mon petit Ɠuf coque ?”
 Un vrai tringloman, selon elle, avec des capacitĂ©s Ă  n’en plus finir, des initiatives osĂ©es, des combinaisons pas racontables, des dĂ©fis aux bourgeoises lois de l’équilibre, un tĂ©mĂ©raire infatigable, un inventif aux trouvailles bouleversantes connaissant tout le systĂšme glandulaire, tout le rĂ©seau nerveux, les recoins oĂč jaillit le pathĂ©tique et la cyprine
 un sens tactile branchĂ© sur la haute tension !
Ouaihhhh, je suisse le Paganini aux vingt-quatre Caprices de l’amour, je joue de la femme comme le virtuose jouait du GuarnĂ©rius
 voilĂ  pourquoi, malgrĂ© notre diffĂ©rence d’ñge, elle me tient en considĂ©ration, affirmant Ă  ses copines, bĂ©ates, qu’un archet comme le mien, ça ne se rencontre pas souvent
 et que ça force l’estime et impressionne. VoilĂ  sans doute pourquoi certaines gens s’obstinent Ă  me haĂŻr, Ă  me rĂ©pudier, me dĂ©nigrer : trop vulgaire, trop vulgarisĂ©, je tire trop gros, j’écris trop gras, j’insupporte
 certains customizeux affirment qu’on a vu des “ceusses” avoir des crises d’urticaire spontanĂ©ment provoquĂ©es par la prise en main de mes magazines
 elle serait microbienne, ma prose, elle flanquerait la courante aux constipĂ©s
 Et puis dans les Forums, ils osent des remarques : “C’est qui ce, ce personnage dĂ©janté ? Il est vraiment pour ou tout Ă  fait contre le Kustomizing ? Il cache quoi donc dans son garage/loft ? Y serait pas dingo ? Il est plein de manies suspectes, vivement qu’on le chĂątie, qu’on le chĂątre, qu’on promulgue des ordonnances contre lui, faut le bannir, l’expurger Ă  l’huile de vidange, faut lui confisquer l’usage de tout ordinateur, le dĂ©noncer, le dĂ©crĂ©ter intolĂ©rable, le rendre honteux d’exister
 faut lui Ă©masculer le style pour qu’il arrĂȘte de faire ses bĂątards de nĂ©ologismes”

En fait, je suis coupable de fignoler des Ă©pithĂštes rares, d’exhumer des locutions adverbiales inusitĂ©es, de forger des nĂ©ologismes, de tresser en hĂąte des lauriers neufs, de me rĂ©fĂ©rer Ă  d’illustres exemples
 je suis la trousse de secours de la pensĂ©e populaire, le poĂšte de la philosophie quotidienne
 le sandwich de l’esprit destinĂ© Ă  calmer les fringales urgentes
 tant qu’à faire et d’exister, existons ensemble, la vie, faut y passer
 comme disait Icare : “Impossible de vivre sans ailes”
 Vivant Ă  Saint-Tropez
 je me spermet de tĂ©moigner que durant la pĂ©riode des vacances populaires, la traversĂ©e de n’importe quelle route de bord de mer constitue un exploit
 c’est le gros dĂ©luge de bagnoles sports bourrĂ©es de viandes dorĂ©es
 des amoncellements de cuisses et de nichons
 des entrelacs de jambes
 c’est un fourmillement de couleurs, un Ă©claboussement de chromes, d’odeurs cancĂ©rigĂšnes d’essence, de diesel et de goudron surchauffé  le tout macĂ©rant dans le soleil, sous des palmiers gris de poussiĂšre dont beaucoup crĂšvent

Il faut les voir, les touristes, prendre l’affĂ»t Ă  l’orĂ©e d’un passage piĂ©taille, prĂȘts Ă  foncer Ă  la premiĂšre dĂ©chirure
, tout ce monde est environnĂ© d’autres piĂ©tons provisoires qui tentent eux-aussi
 hĂ©roĂŻquement, de regagner leurs voitures pour aller dans leurs campings
 des extra-utĂ©riens qui n’auraient jamais dĂ» quitter le bocal de leur jeunesse, des guenons piailleuses musclĂ©es comme des Ă©crevisses, avec des chapeaux de paille enrubannĂ©s qui les maintiennent dans une ombre vĂ©nĂ©neuse.
Faut les voir Ă  l’ouvrage, les “zautres”, dans leurs moches tutures, pare-chocs contre pare-chocs, gavĂ©s de poussiĂšre et de “radioconneries”, car, au plus fort de ce torrent “pĂ©taradeur” , comme il Ă©coutent “Vintage”, on reconnaĂźt des bouts d’organe de Claude François, des dĂ©bris amygdaliens de l’Hallyday
 et des “susseries” Ă -la-Sheila qui continue bravement de batifoler de la glotte Ă  89 ans (si pas plus), cette grande fifille, au milieu du vacarme
 Ça dĂ©file, toujours
, des jeunes femmes aux seins nus laissant pendouiller leurs masses glandulaires
 il y a les congĂ©s payĂ©s aussi, ceux qui viennent de dĂ©bouler de l’homicide route NapolĂ©on voire de l’autoroute aux 1000 pĂ©ages
 et qui sont abrutis par la chaleur, avec des chaises longues arrimĂ©es sur la galerie, ainsi que des voitures d’enfants, des matelas, des cages Ă  serins, des skis nautiques, des bidets Ă©maillĂ©s, des vĂ©los japonais, des boutanches de butane
 les hommes pilotent en tricot de corps Ă  trous-trous
 avec mĂ©mĂšre toute congestionnĂ©e par le voyage
 avec, sur ses genoux, un minet en laisse oĂč un MĂ©dor qui aboie par la fenĂȘtre d’une portiĂšre. Il y a aussi les mouflets au bord de l’asphyxie, belle-maman qu’a dĂ©grafĂ© son corsage et qui s’évente l’entre cuisse avec les guiboles (moches) sur le tableau de bord
, avec un regard de moribonde implorant le ciel trop bleu, trop vide pour abriter un Bon Dieu compatissant qui fait ce qu’il peut, tandis que les connards de vacanciers troupeaudent le long de la mer, y pissent et y chient

Il y a aussi les touristes z’étrangers
 les belges en sueur, impavides, Ă  la recherche d’une baraque Ă  frites
 les anglais qui ne s’impatientent pas et ne regardent nulle part
 les Allemands calmes et doux, un peu prĂ©occupĂ©s
 les Suisses soucieux de ne pas Ă©gratigner la carrosserie de leurs rutilantes autos de luxe et qui hasardent des coups de klaxon en multipliant les appels de phare
 et les dindes Ă  fourrer, les Scandinaves blondasses, fadasses, connasses, qui distribuent des rires au grĂ© des regards
 Faut savoir se battre, ça s’organise une traversĂ©e de route de bord de mer en pleine saison
 ceusses qui ne prennent pas de risque et sont condamnĂ©s Ă  tourner en rond autour d’un mĂȘme bloc de maisons pendant la durĂ©e de l’été  ce petit monde se malaxe sur la chaussĂ©e en un formidable frotti-frotta international
 se piĂ©tine
 s’imbrique
 les gens s’échangent leur sueur
 se baignent dans des vapeurs d’essence et d’effluves humains
 Des mĂ©nages se dĂ©font ainsi dans les traversĂ©es
 en Ă©té  des tumeurs malignes s’y rĂ©chauffent
 des fausses couches s’y organisent
 des vices assoupis s’y rĂ©veillent
 des graisses y fondent
 des ecchymoses y violissent
 les petites filles y devinent l’homme qui pĂ©nĂštre Ă  donf
 et les petits garçons, la pĂ©dĂ©rastie
 c’est une formidable Ă©mulsion de conneries qui gazouille Ă  bloc
 une moche chenille processionnaire qu’arrive mal Ă  processionner

Sur la plage, une inhumanitĂ© dĂ©nudĂ©e prend son fade avec PhƓbus
 tout ce monde, tout ces beaufs sont consciencieusement alignĂ©s en une parfaite ordonnance, ces “embrocationnĂ©s” de chaud confient leur denrĂ©e putrescible au soleil pour qu’il lui donne une apparence comestible
 ils rissolent en silence, stoĂŻques
 le soleil leur dĂ©colle la couenne, leur rĂŽtit les jambons, leur crĂšve les yeux, fout la pagaĂŻe dans leurs flores microbiennes
 et eux, magistraux comme des gisants, subissent les coups de lardoire avec ferveur. Il y a des bien cuits et des saignants, des Ă  point et des carbonisĂ©s
 ils se barbouillent de chaleur, ils s’en oignent l’oigne
 ils pourraient se faire dorer les intĂ©rieurs, ils se dĂ©balleraient aussi sec la tripaille sur le sable brĂ»lant, se distendraient les meules pour se laisser brunir le trĂ©sor jusqu’au fond de leurs culs. En 1958, mon oncle qui Ă©tait antiquaire au Sablon Ă  Bruxelles, a achetĂ© cette Bentley S1 Continental Fastback 1958
, en mĂȘme temps que la voiture, la firme britannique lui a envoyĂ© un technicien chargĂ© d’expliquer le maniement et l’entretien au chauffeur français chargĂ© de la piloter
 au cours de son sĂ©jour, il est tombĂ© amoureux de la femme de chambre espagnole de mon oncle et est restĂ© Ă  Bruxelles en tant que chauffeur et majordome
 Ă  la mort de mon oncle, j’ai reçu la Bentley et la femme de chambre m’a appris diverses dĂ©viances, dont le tourniquet et la toupie!
C’est la plus solennelle, la plus hĂ©raldique, la plus compassĂ©e, la plus vĂ©nĂ©rable automobile qu’il m’ait jamais Ă©tĂ© donnĂ© de possĂ©der, noire comme la nuit des temps, anguleuse comme la Grande-Bretagne, sĂ©vĂšre comme un dimanche londonien, formidable, impressionnante, haute sur pattes, elle faisait et fait toujours songer Ă  un monument historique magnifiquement conservĂ©. Rarement piĂšce de musĂ©e ne s’est offerte Ă  l’admiration des foules dans un meilleur Ă©tat de fraĂźcheur
 imaginez donc que cette merveille tourne dĂ©licatement ses pneumatiques quasiment ouvragĂ©s sur les routes du sud de la Franchouille
 en la voyant la plouquesque s’écarte prudemment, comme les techniciens de Cap Carnaval lors de la mise Ă  feu d’un autobus interplanĂ©taire
 Blacky et moi y sommes installĂ©s comme dans un salon
 il y fait frais, les siĂšges sont moelleux
 une odeur doucereuse et vieillotte de cuir ancien et de fleur fanĂ©e nous glisse dans l’ñme de je ne sais quelle nostalgie olfactive
 Je vous fais le tour du propriĂ©taire
, un bar d’acajou
, un poste de radio-tĂ©lĂ©vision
 un tĂ©lĂ©phone, un Frigidaire
 bref, la fin des fins, le super-luxe, le raffinement
 de surcroit, non seulement le moteur est d’origine, mes chers zami(e)s, mais je vous donne ma parole d’honneur qu’on n’a jamais parlĂ© de lui depuis 1958
 aucune bougie, aucune vis platinĂ©e n’ont Ă©tĂ© remplacĂ©es.
Parler du moteur d’une Bentley de cette Ă©poque, c’est comme parler de l’infortune conjugale d’un cocu en sa prĂ©sence ou comme traiter de l’inceste dans un couvent de carmĂ©lites
 le moteur d’une Bentley est une espĂšce de mythe qu’il est de bon ton de ne pas Ă©voquer
 une pauvre nĂ©cessitĂ© qui fut palliĂ©e une fois pour toutes il y a longtemps. Savez-vous que mon chauffeur a failli me quitter le jour oĂč je lui ai demandĂ© s’il n’y avait pas comme un bruit bizarre en provenance du moteur ? VĂ©rification faite, il s’agissait d’un ivrogne qui s’était jetĂ© avec sa bicyclette sous nos roues et que nous avons traĂźnĂ© sur une dizaine de kilomĂštres
 Effectivement, tout est silence dans cette voiture
, mon chauffeur la pilote avec prĂ©cision et souplesse
 il survole ma masse des plĂ©bĂ©iens, contourne les bouchons pour aller chercher des routes calmes
 et la silhouette sombre de son dos ne bronche pas d’un pouce
, il me revient Ă  cette description, un amusante annecdote/souvenir :
A un rĂ©trĂ©cissement de la chaussĂ©e, nous sommes brusquement obligĂ©s de ralentir du fait d’un vieux teuf-teuf, un Hot-Rod bourrĂ© de voyous hirsutes qui ahanent misĂ©rablement
 Mon chauffeur rĂ©clame le passage d’un klaxon impĂ©ratif dont le timbre est aux avertisseurs modernes ce que la voix d’un tĂ©nor d’opĂ©ra est Ă  celle de Renaud
 il en rĂ©sulte un concert de protestations et une volĂ©e de poings brandis
. et loin de serrer le bas-cĂŽtĂ©, les “blousons noirs” se mettent Ă  zigzaguer sur la route ce qui est, en pareil cas, la façon la plus Ă©loquente de dire merde. La voix impavide de mon chauffeur retentit dans le parlophone. — Puis-je ? — J’allais vous le conseiller ! — Merci, Monsieur
 Et mon chauffeur avance la main sur son tableau de bord Ă  cĂŽtĂ© duquel celui d’un Airbus paraĂźtrait plus sommaire que celui d’une 2 cv
 et enclenche un bouton d’ébonite noir
 aussitĂŽt le dĂ©ferlement d’un vieil avion de chasse en piquĂ© retentit Ă  l’avant de la Bentley, c’est cataclysmique comme bruit
 aucune trompe d’eustache ne saurait rĂ©sister Ă  cet aigre mugissement
 les sonotones explosent en recevant cette dĂ©charge d’ondes
 les tympans saignent

L’effet est magique : le tacot des petites gouapes dĂ©crit une embardĂ©e, escalade le talus et stoppe, les deux roues droites dans une terre labourĂ©e
, fin de la sirĂšne
 imperturbable nous doublons, l’air digne
 tandis qu’une giclĂ©e d’insultes part de l’épave
, constatez que j’ai le sens de l’humour raffinĂ©, celui du pittoresque et de la fantaisie
. et, pour fĂȘter l’évĂ©nement, Ă  gestes dĂ©gagĂ©s je me sert un orange-vodka, plus exactement un vodka-orange. Cette 1958 Bentley S1 Continental Fastback chĂąssis no. BC4LDJ, m’est trĂšs relaxante avec son intĂ©rieur en cuir beurrĂ© et ses finitions en noyer, elle est en superbe Ă©tat, tant sur le plan esthĂ©tique que mĂ©canique, et dispose toujours du manuel du propriĂ©taire original, un ensemble de six piĂšces de valises ajustĂ©es, d’outils, d’un manuel de rĂ©paration et de nombreux documents fascinants qui racontent son histoire et valident sa provenance exceptionnelle. Le manuel est particuliĂšrement intĂ©ressant, car il s’agit de l’original numĂ©rotĂ© pour cette voiture et comporte sept pages dactylographiĂ©es d’instructions spĂ©cifiques, fournies par l’usine
., c’est une grande classique Ă  couper le souffle, l’une des 22 exemples de conduite Ă  gauche produits pour ce modĂšle.
Josefina Tarafa, hĂ©ritiĂšre du magnat du sucre cubain, Oscar B. Cintas, m’a plusieurs fois proposĂ© quelques millions de dollars pour cette raretĂ© initialement conçue avec un moteur Ă  compression 8:1 haute performance Ă  grosses soupapes et gros compresseur, ainsi que d’un systĂšme de freinage Ă  double maĂźtre-cylindre
 il s’agissait de la premiĂšre S1 Continental Fastback Ă  direction assistĂ©e. De nombreux accessoires avaient Ă©tĂ© spĂ©
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