Le prof particulier baise son élève

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Le prof particulier baise son élève

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William S. n'a aucun doute : c'était le meilleur enseignant du lycée. Professeur de mathématiques à Ipecom, un lycée privé hors contrat du très chic XVIe arrondissement parisien, il se vante d'avoir développé avec ses élèves filles des « relations privilégiées », n'hésitant pas à boire des verres, aller au restaurant ou même en boîte de nuit avec certaines d'entre elles. « Je les écoute, je les conseille, je leur remonte le moral, j'essaye de les motiver », invoque cet homme lors de sa garde à vue, justifiant cette proximité par sa présence dans « un lycée pour enfants précoces ». « C'est comme une relation de grand frère », ajoute-t-il.
En fait de relations privilégiées, la trentaine d'élèves (actuelles ou anciennes) entendues par les policiers du commissariat du XVIe décrivent un homme « malsain », « manipulateur », « dragueur » et multipliant les allusions sexuelles en classe. En mars dernier, ce père de famille de 48 ans, qui enseignait depuis une quinzaine d'années à Ipecom avant d'être licencié, a été mis en examen pour corruption de mineur, agression sexuelle et non dénonciation de crime. Certains faits présumés remonteraient à 2015. William S. a été placé sous contrôle judiciaire.
C'est en enquêtant sur une affaire de tentative de viol entre lycéens que les policiers remontent jusqu'à William S. En janvier, une adolescente de 16 ans porte plainte contre son petit ami qui a tenté de lui imposer une relation non consentie. Un autre adolescent, Maxime*, élève à Ipecom, a assisté à cette scène humiliante qui a été filmée et largement diffusée au lycée. Fin janvier, les deux garçons sont interpellés. En exploitant leur téléphone, les enquêteurs découvrent un SMS troublant envoyé par Maxime à son comparse : « Ne t'inquiète pas j'ai discuter (sic) avec mon prof de math, on ne risque rien, elle ne parlera pas car elle aura peur que ses parents voient la vidéo. »
Les policiers du XVIe décident alors de s'intéresser à ce curieux enseignant. Le 25 janvier, il est interpellé dans l'enceinte du lycée. En garde à vue, le professeur ne semble pas prendre la mesure des faits qui lui sont reprochés, qu'il nie dans leur globalité. A travers ses auditions, on découvre un homme incapable de respecter la distance nécessaire entre un enseignant et ses élèves.
S'il explique ne pas avoir vu la fameuse vidéo dégradante – c'est le volet non-dénonciation de crime de l'enquête –, il assume parfaitement les « conseils » prodigués à Maxime. « Pour moi, il n'y avait aucun crime dans ce qu'il faisait, pour moi, le seul truc, c'est qu'ils aient publié la vidéo », explique-t-il, réfutant la moindre erreur.
L'enquête va ainsi démontrer que William S. entretient avec Maxime une relation pour le moins inadéquate. « On discute, on échange un peu sur tout. Les filles, c'est son domaine. [Maxime] a besoin de plaire […] », explique-t-il. Un jour, il lui explique qu'il « s'amuserait mieux » avec telle fille plutôt qu'avec une autre. « Quand vous dites : Y je la touche même pas avec une canne , vous voulez dire quoi ? » relance l'enquêteur stupéfait. « Je veux dire qu'elle est moche », répond sans ambages le prof de maths.
Mais c'est surtout avec ses élèves filles, avec lesquelles il échange quantité de messages via des applications mobiles, que les relations sont les plus inappropriées. « Il a toujours des propos en rapport avec le sexe, on a l'impression que c'est un obsédé, témoigne une ancienne lycéenne. Il fait toujours des allusions. Il me parlait des culs des filles de la classe, qu'elles soient majeures ou mineures […] Parfois il faisait des allusions devant toute la classe sur la taille de mes seins. » Une autre, qui a porté plainte, s'épanche : « Il demandait des photos de moi toute nue. Il m'a envoyé une photo de son sexe en disant Tiens je t'en envoie une . C'était pour me montrer que ce n'était pas compliqué et pour m'inciter à faire des photos de moi nue ? »
Devant les enquêteurs, l'enseignant minimise les faits. Souvent, il ne se souvient plus s'il a effectivement quémandé des photos inconvenantes. Même s'il admet avoir eu des relations sexuelles avec deux anciennes élèves, majeures au moment des faits, il nie catégoriquement toute corruption de mineur, plaidant la mauvaise interprétation, voire la théorie du complot.
« Tout l'enjeu du dossier sera de faire le tri entre ce qui relève de la morale et de l'infraction pénale », relève un de ses proches. Contactée, son avocate n'a pas souhaité s'exprimer.
La directrice du lycée, où la réputation de William S. était manifestement un secret de polichinelle parmi les élèves, n'a pas donné suite à nos appels. Devant les enquêteurs, elle s'est dite « sidérée ».
Margot* a mis du temps à réaliser qu'elle était une victime potentielle de son ancien professeur. « La situation était compliquée, admet cette jeune fille de 20 ans qui s'est constituée partie civile. Monsieur S. m'a draguée et j'étais flattée par les efforts qu'il faisait pour moi. Il a notamment mis tout son poids pour obtenir mon passage en Terminale S l'an dernier. Il avait du pouvoir et, en même temps, il m'intimidait. »
La jeune fille, désormais scolarisée dans un autre établissement après avoir raté son bac, décrit un processus habile de conditionnement : « Il s'attaque souvent à des élèves vulnérables et naïves, ce qui était mon cas à l'époque. Il y va très progressivement. Il se montre d'abord compréhensif, à l'écoute et, quand il a gagné votre confiance, un jeu de séduction s'installe. Vous êtes sous emprise et il vous teste pour voir jusqu'où vous êtes prête à aller. »
Pendant de longs mois, Margot et William S. s'échangent quantité de messages. « Il me faisait des compliments sur mon physique, j'avais l'impression de me sentir unique. Je suis rentrée dans le jeu », développe la lycéenne. Puis les échanges deviennent de plus en plus crus. « Il était extrêmement intrusif. Il posait des questions sur ma vie sexuelle ou celle de mes amies, poursuit-elle. Un jour, pendant un cours particulier, il m'a dit qu'il pensait que j'étais une fille qui ne se masturbait pas. » L'adolescente découvre aussi qu'elle n'est pas la seule à entretenir un tel lien avec son prof : « On en parlait entre filles, il y avait même une certaine concurrence… »
Après l'interpellation de William S., Margot s'attendait à être contactée par les enquêteurs. Il lui a fallu encore plusieurs mois pour porter plainte. En revanche, elle déplore l'attitude de la direction du lycée qui n'a jamais pris de ses nouvelles. « Nous sommes scandalisés que ce professeur ait pu agir aussi longtemps, appuient Mes Bernard Benaiem et Caroline Wassermann, les avocats de Margot et de son petit ami. Nous nous interrogeons sur l'aveuglement de la direction du lycée. »
*Les prénoms des élèves ont été modifiés
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