Le manifeste d'une salope

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Le manifeste d'une salope
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E. Berlherm a posté le 29 mai 2018 à 12h43
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E. Berlherm a posté le 27 mai 2018 à 12h24
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feminicides a posté le 31 octobre 2013 à 00h56
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roseprudence a posté le 19 octobre 2011 à 20h39
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J'aimerais savoir pourquoi mon pseudo a été supprimé . Je signe et confirme "E. Berlherm" en lieu et place de "5b0a65104be81".
Puisque votre corps vous appartient, pourquoi vous ĂȘtes-vous permis de me fabriquer? Est-ce que j'ai pu vous en donner l'autorisation avant d'exister? Non! Alors pourquoi m'avez-vous foutu dans ce monde de merde, dans cette poubelle, que vous n'aimez pas puisque vous avez journellement des revendications fĂ©ministes? Vous ne maitrisez pas ma fabrication, et ça ne vous choque pas! Tous les jours naissent sur Terre des dizaines de milliers de handicapĂ©s, et ça ne vous choque toujours pas! Qu'est-ce que vous attendez pour cesser de pondre Ă  tout jamais? Vous pondez au chĂŽmage. Vous pondez dans les manifestations. Vous pondez pendant les rĂ©volutions, pendant les guerres, sous les bombes. Vous pondez telles des mitrailleuses plus de 4 bĂ©bĂ©s par seconde. Êtes-vous lapines? Êtes-vous sans tĂȘte? Êtes-vous sans coeur? Êtes-vous sans empathie pour le rejeton que vous dĂ©sirez? La fabrication d'une existence ne sert que ceux qui existent dĂ©jĂ . La fabrication d'une existence n'est jamais maitrisĂ©e. Une fois qu'un ĂȘtre souffrant est fabriquĂ© comment dĂ©faire la souffrance? La procrĂ©ation en elle-mĂȘme n'est pas Ă©thique. La procrĂ©ation c'est au moins 9 crimes rĂ©unis. La procrĂ©ation est la mĂšre de tous les crimes.
Merci Rose Prudence de vos précisions - j'ajoute que ce fût une semaine plus tard un humour machiste qui travestit le titre-
le manifeste des 343 comportait exactement 7 lignes :
"Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrÎle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.
Je dĂ©clare que je suis l’une d’elles. Je dĂ©clare avoir avortĂ©.
De mĂȘme que nous rĂ©clamons le libre accĂšs aux moyens anticonceptionnels, nous rĂ©clamons l’avortement libre".

C'est ce texte qui a été signé par 343 femmes. Tout ce qui suit fait partie des textes imposés par les militantes du MLF à la rédaction du Nouvel Obs, qui figuraient au verso de la page du Manifeste. Contrairement à ce que votre présentation laisse supposer, ils n'engagent pas la responsabilité des 343 signataires.
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« Balance ton corps », le manifeste d’une salope Temps de lecture : 22 minutes

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Bertoulle Beaurebec est une femme, noire, travailleuse du sexe, pansexuelle, polyamoureuse. Elle se dĂ©finit fiĂšrement comme une salope. Elle publie « Balance ton corps. Manifeste pour le droit des femmes Ă  disposer de leur corps » aux Ă©ditions de La Musardine . Dans ce livre, il est question de travail du sexe mais surtout de fĂ©minisme pro-choix et de la libertĂ© de s’émanciper des injonctions du systĂšme hĂ©tĂ©ropatriarcal. Nous l’avons rencontrĂ©e.
C’est pas mon idĂ©e. J’étais partie sur un autre titre un peu plus frontal qui est le titre de la premiĂšre partie « De l’art d’ĂȘtre une salope ». On cherchait un autre titre, parce qu’on s’est dit que le mot « salope » ça passerait pas, pour les libraires, pour faire la promo du livre, c’était peut-ĂȘtre un peu trop frontal. La directrice de collection a eu une Ă©piphanie et a proposĂ© « Balance ton corps ». Ça n’a pas le mĂȘme sens que « Balance ton porc ». Mais mĂȘme si on ne parle pas de la mĂȘme façon des corps qu’on parlait des porcs, la place du corps est centrale dans le livre et ma vision de comment on devrait le traiter, comment on devrait le percevoir et l’utiliser fait que je dis quand mĂȘme pas mal de choses lĂ -dessus donc ça semblait quand mĂȘme pertinent.
Je l’écris pour tout le monde. Je ne l’écris surtout pas que pour les personnes queer ou pour les travailleur.ses du sexe. À part les aspects anecdotiques que je raconteliĂ© au travail du sexe, les travailleuses du sexe n’apprendront rien avec ce livre. Mais je l’écris pour les personnes qui avaient pas mal de prĂ©jugĂ©s, d’idĂ©es prĂ©conçues par rapport aux salopes, aux filles qui vivent leur sexualitĂ© librement, qui s’habillent comme elles veulent et surtout par rapport aux TDS, parce que finalement ce sont des stĂ©rĂ©otypes qui font le plus de mal. Je l’écris pour ces personnes-lĂ  qui ne sont pas dĂ©jĂ  activistes, qui font pas partie de la communautĂ© queer. Et j’écris pour les personnes qui sont TDS mais qui ne le vivent pas forcĂ©ment bien Ă  cause de ce qu’on nous inculque dans la sociĂ©tĂ©. C’est Ă  la fois pour faire exister ma parole dans l’espace mĂ©diatique et littĂ©raire, certes, mais aussi pour ĂȘtre lue par des gens que je n’aurais jamais rencontrĂ©s, avec qui je n’aurais jamais eu l’occasion de dĂ©battre de ces questions-lĂ , avec qui je n’aurais jamais eu l’occasion d’échanger sur ma rĂ©alitĂ©, une rĂ©alitĂ© que je partage avec pas mal de personnes marginalisĂ©es.
Je n’ai pas choisi. En fait j’utilise les deux. « Pute » c’est pour le travail du sexe et la prostitution et « salope », c’est pour celles qui ont plusieurs partenaires et qui n’ont pas une sexualitĂ© qu’on peut considĂ©rer comme Ă©tant celle d’une femme respectable. J’utilise les deux termes, je m’appelle autant « pute » que « salope » mais il me semblait important aussi de parler des salopes. Il y a dĂ©jĂ  un militantisme en France, portĂ© par les concernĂ©.e.s pour faire en sorte que le mot « pute » ne soit plus une insulte. Dans les interview, on m’entend utiliser le mot «pute » parce que ce n’est pas une insulte, j’utilise des nĂ©ologismes comme la « puterie » pour parler de la prostitution. Ça, on le fait dĂ©jĂ . En revanche, « salope » c’est un terme qui fait encore peur et qui blesse encore pas mal de femmes aujourd’hui, c’est pour ça que je mets l’accent lĂ -dessus, je pense qu’il est temps qu’on se libĂšre de cette peur liĂ©e Ă  ce terme qui est aussi descriptif que le mot « pute ».
Je pense que dĂ©jĂ , l’éducation passe par soi-mĂȘme. L’éducation, c’est le rĂŽle des adultes mais en tant qu’adulte on doit aussi checker avant de pouvoir transmettre des choses aux enfants : est-ce qu’on sait vraiment tout ce qu’il y a Ă  savoir ? est-ce qu’on n’a pas des choses Ă  apprendre ? Malheureusement, je pense pas que l’on puisse compter sur le gouvernement actuel pour une Ă©ducation sexuelle complĂšte et inclusive. Pour moi, une bonne mĂ©thode, ce serait que dĂ©jĂ  en tant que parents, en tant qu’adultes qui participent Ă  l’éducation des enfants, qu’au niveau de la famille mĂȘme (que ce soit les oncles, les tantes, les parents, les grands-parents etc.), on fasse cette dĂ©marche lĂ  de se dĂ©culpabiliser par rapport au sexe, de faire en sorte que ce soit plus une conversation gĂȘnante pour pouvoir ensuite, dans le cercle familial, contrer la dĂ©sinformation Ă  l’école en pouvant rĂ©pondre aux questions des enfants, en pouvant les Ă©duquer et en pouvant vraiment les accompagner sexuellement.
Une publication partagée par Bertoulle Beaurebec (@thepainproofpriestess) le 15 Oct. 2020 à 8 :51 PDT
Effectivement, moi je suis vraiment partisane de laisser les concernĂ©.e.s s’exprimer sur leur vĂ©cu et surtout leur accorder de l’importance et un statut d’expert.e.s – surtout quand c’est pour des mĂ©tiers comme ça, aussi peu connus, des mĂ©tiers stigmatisĂ©s et qui sont exercĂ©s librement par certaines personnes – on devrait pouvoir expliquer ce que sont les rĂ©alitĂ©s de ces mĂ©tiers. Ensuite, dans l’art, dans les reprĂ©sentations artistiques, cinĂ©matographiques, il faut que ce soit l’art des concernĂ©.e.s qui soit mis en avant pour pas que l’on soit vu.e.s par le prisme du sensationnalisme, par les fantasmes des mecs cis qui vont traiter la prostitution sous un angle complĂštement tordu et qui contribuent Ă  vĂ©hiculer des stĂ©rĂ©otypes qui participent au stigma. C’est important qu’on puisse aussi mettre en valeur les formes d’expression artistique des personnes concernĂ©es. Je suis artiste aussi, j’étais artiste avant d’ĂȘtre travailleuse du sexe mais je le suis toujours. Je sais que mon statut de femme, noire, travailleuse du sexe fait que dans certaines sphĂšres artistiques je n’ai pas mon mot Ă  dire et ce serait trĂšs difficile pour moi de proposer des histoires, de raconter des histoires telles que moi je les perçois parce qu’il y a ce filtre hĂ©tĂ©ronormatif qui fait que souvent dans les hautes sphĂšres de l’art, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, il n’y a qu’un certain point de vue qui est acceptĂ© et ça permet aux personnes en position de domination d’asseoir encore leur domination au dĂ©triment des personnes qu’elles reprĂ©sentent par le biais de fantasmes

Non, justement, ce qui est intĂ©ressant c’est qu’en ayant Ă©crit ce livre, j’ai acquis une certaine lĂ©gitimitĂ©, j’ai l’impression que ça ouvre une porte, et c’est bien parce que mon objectif, encore une fois, c’était de toucher des personnes qui n’étaient pas forcĂ©ment d’accord avec moi et j’ai l’impression que ça fonctionne. Maintenant, je n’ai toujours pas la main mise sur la façon dont ça va ĂȘtre prĂ©sentĂ©. Depuis le dĂ©but de la promotion du livre, ce que je remarque, c’est que clairement le livre parle de la prostitution mais ça parle aussi d’énormĂ©ment d’autres choses et malgrĂ© des entretiens qui peuvent durer 45 minutes, une heure, au final le rĂ©sultat est souvent axĂ© sur la prostitution, sur le fait qu’une travailleuse du sexe Ă©crit et s’exprime. Ça ne date pas d’hier, dĂšs qu’on parle de prostitution, il y a une engouement mĂ©diatique mais qui est souvent sensationnaliste, on veut en parler parce qu’on sait que ça va intĂ©resser, parce qu’on sait que ça va crĂ©er le dĂ©bat, que ça va faire jaser. Le souci avec Balance ton corps , c’est que ça ne traite pas vraiment de ça et je ne suis pas seulement une travailleuse du sexe. Je sais pourquoi ça marche, mais l’angle d’analyse n’est pas toujours le plus honnĂȘte. Certes, ça ouvre des portes, mais comment est-ce qu’on va parler du livre ? C’est sĂ»r que pour l’instant, j’ai des entretiens mais la question c’est : pourquoi ?
Ça part d’un constat, les injonctions du systĂšme hĂ©tĂ©ropatriarcal qu’on peut subir. En me politisant, j’ai remarquĂ© que ça me touchait, moi, j’ai remarquĂ© des Ă©lĂ©ments qui touchaient les personnes sexisĂ©es [l’expression dĂ©signe les personnes qui subissent le versant sexiste des injonctions hĂ©tĂ©ropatriarcales : les femmes racisĂ©es et blanches, les personnes intersexes, les personnes non-binaires notamment, NDLR ] qui vivaient les mĂȘmes oppressions que moi. Et au fur et Ă  mesure je me suis rendue compte que mĂȘme les dominants sont pris dans le systĂšme hĂ©tĂ©ropatriarcal d’une façon diffĂ©rente mais c’est un systĂšme qui, au final, oppresse mĂȘme les dominants. La place de dominant, il faut la gagner par des comportements qui vont faire que les hommes cis vont mĂ©riter ce statut-là : il faut ĂȘtre alpha, il faut ĂȘtre l’instigateur des relations, etc. Mais ça, Ă©videmment, ce n’est pas la rĂ©alitĂ© ou la personnalitĂ© de tous les hommes cis. On est tous.tes complexes, on a tous.tes des personnalitĂ©s, et il y a des gens Ă  qui ça correspond et pour ceux Ă  qui ça ne correspond pas, ça les aliĂšne. Ça me semblait intĂ©ressant d’en parler parce que finalement le fĂ©minisme, c’est pas que pour les femmes, c’est pas que pour les personnes sexisĂ©es, c’est pour tout le monde. Le fait de se dĂ©faire de ces injonctions-lĂ , c’est pour que tout le monde puisse avoir l’espace d’ĂȘtre soi-mĂȘme indĂ©pendamment des attentes qu’on projette sur nous depuis notre naissance. C’était important d’en parler parce qu’on partage le monde avec les hommes, et c’est pas prĂšs de changer. C’est trĂšs bien d’ĂȘtre en non-mixitĂ©, de pouvoir Ă©changer des idĂ©es, des stratĂ©gies de survie, de pouvoir dĂ©velopper une prĂ©sence politique, de crĂ©er du contenu, de crĂ©er de la pensĂ©e mais il faut aussi proposer des alternatives aux hommes. Leur dire : « On vous voit aussi et on voit ce que l’hĂ©tĂ©ropatriarcat vous fait, si vous n’en avez pas conscience, regardez. Vous les garçons, vous les hommes, on vous apprend depuis toujours Ă  ravaler vos Ă©motions, Ă  vous dĂ©shumaniser vous-mĂȘmes. Est-ce que c’est rĂ©ellement agrĂ©able ? Regardez-vous dans le miroir et posez-vous la question. »
Une publication partagée par Bertoulle Beaurebec (@thepainproofpriestess) le 26 Oct. 2020 à 2 :32 PDT
Il y a une histoire du mouvement fĂ©ministe abolitionniste, ça ne date pas d’aujourd’hui et la rĂ©alitĂ©, c’est qu’il y a des fĂ©minismes. Il y a plusieurs façons d’ĂȘtre fĂ©ministe et les abolitionnistes sont persuadĂ©es d’avoir raison comme je suis persuadĂ©e d’avoir raison. Ma façon de vivre mon fĂ©minisme Ă©tant pro-choix, par dĂ©finition, pour moi, on fait ce qu’on veut, on porte le voile si on veut, on avorte si on veut, on est travailleuse du sexe si on veut. Mon fĂ©minisme, il est aussi intersectionnel, il est le plus inclusif possible. On ne va pas donner des conditions aux femmes pour avoir le droit d’ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des ĂȘtres humains Ă  part entiĂšre qui ont autant de valeur que tous les autres. Leur fĂ©minisme n’est pas nĂ©cessairement inclusif et c’est ça qui va me dĂ©ranger, c’est le fait que leur fĂ©minisme soit sous condition. Pour moi, un fĂ©minisme sous condition dans un monde tel que le nĂŽtre, ce n’est pas du fĂ©minisme. Et pour elles, mon fĂ©minisme Ă  moi, n’est pas du vrai fĂ©minisme parce qu’il n’a pas assez de rĂšgles et parce qu’il accepte des choses qu’il ne devrait pas accepter. Il faut ĂȘtre capable de regarder l’autre, malgrĂ© les divergences, malgrĂ© le fait que leur fĂ©minisme contribue Ă  faciliter les violences et les meurtres de certaines personnes – par exemple, les TERF [ trans exclusionnary radical feminists , les fĂ©ministes qui ne reconnaissent pas les femmes trans comme des femmes, NDLR] alimentent aussi ce climat de transphobie qui contribue aux violences envers les personnes trans. Elles, elles sont OK avec ça, parce que c’est nĂ©cessaire pour faire avancer leur conception du fĂ©minisme. Mon fĂ©minisme est beaucoup plus inclusif mais on a toutes le sentiment d’avoir raison. Il s’agit d’ouvrir le dialogue, et de par le travail d’énormĂ©ment d’activistes pro-choix, comme par exemple le travail de Tan Polyvalence avec Par et Pour, une plateforme de tĂ©moignages de travailleurs.ses du sexe, on peut voir que les abolitionnistes peuvent changer d’avis, elles peuvent s’éduquer. J’ai espoir en produisant de la pensĂ©e, en produisant du contenu, en nous asseyant autour d’un table – douloureusement, certes, mais il faut le faire – qu’on puisse briser les murs et les frontiĂšres de la pensĂ©e. Il faut ĂȘtre capable d’adopter un autre point de vue. C’est pour ça que ce que j’essaie de faire, ce qu’essaient de faire beaucoup d’activistes, en Ă©tant intersectionnel.le.s, c’est de libĂ©rer la parole des personnes sexisĂ©es, marginalisĂ©es, queer, et de faire entendre aux fĂ©ministes abolitionnistes qui, en gĂ©nĂ©ral, sont bourgeoises, blanches et hĂ©tĂ©ras, qu’il y a d’autres rĂ©alitĂ©s que la leur, que ce qu’elles font c’est reproduire les façons de faire des dominants qu’elles combattent. Elles se positionnent en tant que dominantes par rapport Ă  d’autres qui sont marginalisĂ©.e.s.
J’ai commencĂ© par me politiser via le fĂ©minisme blanc parce que c’était les contenus que je trouvais le plus facilement quand j’étais connectĂ©e sur internet. J’ai toujours beaucoup lu mais pas toujours des essais, de la politique, ça ne m’intĂ©ressait pas trop. Quand j’ai commencĂ© Ă  me politiser, j’ai commencĂ© Ă  me politiser Ă  travers les plateformes fĂ©ministes mainstream, Ă  travers le fĂ©minisme blanc en France qui prĂ©vaut et qui est beaucoup plus audible que le fĂ©minisme intersectionnel, qui a encore beaucoup de mal Ă  se faire entendre comme Ă©tant du vrai fĂ©minisme, d’ailleurs. TrĂšs rapidement je me suis rendue compte qu’il y avait des vides, et je n’avais pas le sentiment d’ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par ce fĂ©minisme-lĂ  parce qu’il Ă©tait question du sexisme spĂ©cifique qui touchait les femmes blanches et il n’y avait pas ces nuances. Lorsqu’on est une femme et une femme noire on subit en mĂȘme temps sexisme et racisme. La misogynoir, c’est sur le tard que j’ai appris ce terme et j’ai dĂ©couvert l’afrofĂ©minisme aprĂšs. C’est vraiment Ă  force de ne pas me sentir reprĂ©sentĂ©e dans des dĂ©bats, qui certes avaient leur lĂ©gitimitĂ©, mais qui ne prenaient pas en compte les oppressions que je vivais. Il y avait des nuances qui n’étaient clairement pas reprĂ©sentĂ©es. Au fur et Ă  mesure, en cherchant d’autres types de fĂ©minisme, en cherchant un fĂ©minisme qui me parlerait Ă  moi, j’ai dĂ©couvert l’afrofĂ©minisme, et je me suis dit qu’on parlait de mon vĂ©cu. Il y avait une pensĂ©e politique qui partait de mon endroit, ce qui est quand mĂȘme important. Les fĂ©ministes blanches ont totalement raison de s’exprimer sur leur vĂ©cu mais il ne faut pas universaliser les vĂ©cus de certaines au dĂ©triment des vĂ©cus des autres. Ça s’est fait au fur et Ă  mesure mais ça s’est fait assez tĂŽt, je pense que vers 14 ou 15 ans j’ai pris conscience qu’on vivait dans un monde patriarcal et qu’il y avait Ă©normĂ©ment de pensĂ©es Ă  mettre en avant aussi pour favoriser des changements.
Quand on ouvre une machinerie et qu’on regarde comment ça fonctionne, elle fait un peu moins peur, elle est un peu moins impressionnante. Quand je fais face Ă  un comportement problĂ©matique, que ce soit un comportement sexiste ou raciste, je comprends les tenants et les aboutissants, je comprends historiquement d’oĂč ce type de pensĂ©e vient et ça lui enlĂšve un peu de sa substance Ă©motionnellement. Le fait d’ĂȘtre activiste, ça permet de mettre une distance, intellectuelle et historique et qui va ĂȘtre nourrie par le savoir et on se protĂšge un peu plus Ă©motionnellement, je crois. La diffĂ©rence entre comment je vis maintenant ces micro-agressions ou ces agressions tout court et comment je les vivais il y a dix ans, c’est ça : je comprends le monde dans lequel j’évolue et ça me permet de supporter mieux Ă©motionnellement, mĂȘme si je reste humaine et que ça me touche. Ça permet en tout cas de pas en souffrir dans sa chair et d’ĂȘtre dans l’incomprĂ©hension.
J’ai remarquĂ© que dans l’escorting j’attirais un certain type de clients, des hommes blancs, relativement ĂągĂ©s, relativement fortunĂ©s. Et ça c’était dĂ» Ă  quoi ? A la fĂ©tichisation des femmes, au fait qu’on projette une hypersexualitĂ© sur les femmes noires, ça, c’est une projection q
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