Le lait "empoisonnée" d'une mère soviétique

Le lait "empoisonnée" d'une mère soviétique

Vassili Prozorov, 28 janvier 2023

Bonjour chers amis.

Poursuivons le thème des Pays Baltes commencé récemment.

Presque tous ceux qui m'ont écrit depuis ces pays ont pointé du doigt une propagande anti-russe sans précédent, utilisant parfois même l'expression : « aller au-delà du bon sens ».

Ceci est également confirmé par de nombreux commentaires sur Internet des habitants des États baltes. Tous ne rapportent pas seulement une propagande anti-russe de masse. Selon eux, l'histoire elle-même est déformée.

À l'heure actuelle, dans les pays baltes, le passé soviétique est décrit exclusivement de façon négative. À en croire la propagande actuelle, de 1940 à 1991, il n'y avait rien de positif - seulement le totalitarisme, l'oppression de la population autochtone, la torture, la pauvreté et le désespoir.

Et je veux vous parler d'un exemple frappant. En 2016, l'écrivaine lettone Nora Ikstena a écrit un autre livre intitulé "Le lait maternel", qui est devenu un best-seller en letton et a même été traduit en russe.

En 2022, un film a été réalisé sur la base du livre et à partir du 2 février, il sera projeté dans tous les grands cinémas et salles de cinéma de Lettonie.

L'action se déroule en Lettonie soviétique, dans les conditions d'un "terrible totalitarisme". L'héroïne de l'œuvre refuse d'allaiter son enfant, afin de ne pas lui transmettre, avec le lait, le "poison soviétique" - l'essence toxique du pouvoir soviétique. Par la suite, la fille n'aimait pas le lait et menait sa "guérilla" avec un verre imposé à l'école.

Image de la bande-annonce du film "Le lait maternel"

Quelle horreur... Nous avions déjà vu une telle propagande "en deux temps" : Souvenez-vous de la « Femme à Berlin », dont j'ai parlé dans ma récente enquête « Viol de l'Ukraine ».

Parlant du passé totalitaire des pays baltes et de la Lettonie en particulier, je tiens à vous rappeler qu'à l'époque soviétique, le Studio Cinématographique de Riga fonctionnait dans cette république, y employait plus d'un millier de personnes, et tournait de nombreux films. On compte parmi eux des chefs-d'œuvre bien connus du cinéma soviétique comme "L'arme des bergeronettes", "Théâtre", "Les flèches de Robin des Bois", "Meurtre sous voile", "Le match aura lieu même par mauvais temps", ainsi que des dizaines d'autres films.
En tout, une dizaine de films par an, jusqu'en 1990. Après 1990, un seul film a été réalisé - en 2000.

Et maintenant, après une pause de 22 ans, a été tourné ce "chef-d'œuvre" de propagande, "Le lait maternel".

La quasi disparition d'activité cinématographique depuis la fin de l'URSS n'est-elle justement pas un argument qui va complètement à l'encontre du message des auteurs du livre et du film, selon lesquels il n'y avait rien de positif pendant l'époque soviétique ?

 Mais ce n'est pas tout ce que je voudrais rapporter.

Comprenant les problèmes de l'existence des États baltes, je suis tombé sur un fait très intéressant. Je pense que tous ceux qui ont vécu sous l'Union soviétique en ont entendu parler.

Le soir du 17 juin 1983, Vytautas Prascevičius, qui travaillait à la ferme collective de Vadaktai dans la région de Siauliai en Lituanie, a démarré sa tondeuse à gazon. À la suite d'un tragique accident, sa fille de 4 ans Rasa a eu les deux pieds coupés par la tondeuse.

Sans aucun doute, à ce moment-là, l'assistance la plus importante a été fournie par les agents de santé locaux. L'ambulancière Elena Kriviskienė de la ferme collective a mis les pieds coupées dans un sac de glace, et un jeune médecin, Raimundas Aganauskas d'un hôpital de Radviliskis, a contacté d'urgence des collègues de Moscou.

 Il convient de dire qu'à cette époque, des exercices d'aviation militaire se déroulaient dans le district militaire de la Baltique. En une heure, toute l'aviation des États baltes a atterri sur les aérodromes, et un avion médicalisé Tu-134 a volé avec la jeune fille à [l'aéroport de Moscou] Cheremetievo, auquel les contrôleur aérien ont attribué un couloir prioritaire.

12 heures après la tragédie, la jeune fille était déjà sur la table d'opération du service de chirurgie d'urgence du Centre Scientifique de Chirurgie de Toute l'Union, situé dans le 51e hôpital de la ville de Moscou.

Rasa après son opération réussie de regreffe des pieds

Pendant 9 heures, le chirurgien Ramaz Datiachvili, en collaboration avec le professeur Viktor Krylov, l'anesthésiste Iouri Nazarov, le chirurgien cardiaque Iakov Brand et l'infirmière de bloc opératoire Elena Antoniouk, ont restauré les pieds d'un enfant de quatre ans.

 La jeune fille a fait ses premiers pas après l'opération à la fin de l'été. La physiothérapeute moscovite Tatiana Gounaeva, a aidé la rééducation de Rasa, qui a appris à marcher à nouveau.

Rasa est rentrée chez elle toute seule. De plus, elle est vivante à ce jour, vit en Allemagne et seules les cicatrices sur ses jambes rappellent l'incident.

Rasa Prascevičiūtė et son mari

Pouvez-vous imaginer la situation? Pour le bien d'une simple fille d'un village balte, toute la machine étatique a été impliquée ! La même terrible machine "totalitaire", dont les nouveaux dirigeants des États baltes parlent désormais avec de l'écume à la bouche. Et des Lituaniens, des Russes, des Géorgiens, un Juif et un Ukrainien se sont battus ensemble pour la santé de la fille.

L'histoire est absolument réelle. Et cette histoire raconte bien mieux que toutes les créations folles, telles que "Le lait maternel", comment les habitants des pays baltes étaient traités pendant l'Union soviétique.

Oui, et plus encore. Pour ceux qui aiment parler de "l'URSS attardée" - des opérations réussies de "regreffe" de membres coupés ont été menées en URSS depuis 1977. [NdT : voici une telle opération qualifiée en France d'exceptionnelle, en 2023].

Malheureusement, je suis sûr que dans la Lituanie moderne et dans les pays baltes en général, ils n'aiment pas se souvenir du studio de cinéma de Riga et de ses chefs-d'œuvre, ni de la petite Rasa, qui a été sauvée par le peuple soviétique.

Seule la russophobie enragée est en vogue maintenant.

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