La Poste assure ses fêtes de fin d'année.

La Poste assure ses fêtes de fin d'année.


 

Le système de retraites que veut imposer notre gouvernement est un gigantesque bloc de foie gras à très forte valeur ajoutée et il n’y a pas que du foie d’oie gavée dedans. En effet il s’avère que la matière première constituée d’habitude essentiellement de ce sympathique animal palmipède contient également une bonne partie d’autres races de gallinacés. On y trouve notamment en grande quantité la farce des dindons que seront les postiers et postières après cette réforme.

La Poste n’est effectivement pas la dernière à vouloir se gaver des dividendes qui suintent de ce gros médaillon qui n’est pas en chocolat, elle détient même la médaille d’or quand il s’agit de nous la faire à l’envers. A peine le virage stratégique opéré par le groupe vers l'assurance par son rapprochement avec la CNP filiale de la Caisse des Dépôts*, La Poste incite ses salarié-e-s, voir même les force, à placer leur capital dans l’épargne salariale et les plans d’épargne retraite privés.

C’est bien ce que soufflent à l’oreille du gouvernement les fonds de pension, compagnies d’assurances et autres groupes d’investissements quand ils lui recommandent d’accroître le recours à des fonds spéculatifs pour l’assurance vieillesse. Ceux-ci estimant ne pas s’engraisser suffisamment de l’épargne déposée en liquidités, des produits des assurances-vie ou d’autres investissements en actifs des français-es, ils lui conseillent de « mettre en place des incitations comportementales pour accroître le niveau des contributions volontaires », ou encore « d’imposer la mise en place de dispositifs d’épargne retraite à adhésion automatique ». Pour attirer ces puissants gestionnaires d’actifs internationaux, le gouvernement Macron s’est donc appliqué à préparer la capitalisation de nos retraites, pondant la loi Pacte* pour inciter les entreprises françaises à investir dans l’épargne retraite individuelle accompagnée d’allègements fiscaux.

La Poste, voulant elle aussi en tirer sa part du gâteau tranche de foie gras, fait tout son possible pour s’attirer les louanges du gouvernement et de ces canards à peine masqués*(les fonds de pension américains, tel que BlackRock dont on parle beaucoup en ce moment). Ainsi, au titre de son exercice 2018, le groupe La Poste a versé en moyenne quelques 350,01€ de primes d’intéressement à ses employé-e-s et, comme cela a été suggéré, n’a pas oublié de les placer automatiquement sur le fond monétaire des PEG* des agents en cas d’absence de choix de leur part dans les délais indiqués. Une lettre a donc été envoyée aux postiers-ières le 8 mars, leur laissant ainsi jusqu’au 29 pour cerner les tenants et aboutissants que Delevoye n’a pas réussi à expliquer en tant que Haut-commissaire à la réforme des retraites pendant ces deux années au sein de la basse-cour. Prenant encore un peu plus ses employé-e-s pour des pigeon-ne-s, le groupe La Poste leur propose de verser cette prime sur leur PERCO*, lui aussi exonéré d’impôt sur le revenu, leur permettant même de bénéficier d’un abondement, un complément financier versé par La Poste non négligeable. Il est aussi envisageable que les agents déposent cette somme d’argent dans un autre placement financier de leur choix, parce que tout est bon dans le pigeon. Bien entendu, en cas de choix de règlement de cette prime sur leur compte bancaire le versement est soumis à imposition, il y aurait donc aussi du pigeon dans le foie gras ?!

Si les postiers-ières ne sont pour l’instant que mi-cuits, leur employeur va se charger de finir la cuisson, les gavant de conditions de travail exécrables des plus transgéniques. Devant leur inaction pour défendre leur système actuel de retraite par répartition, le gouvernement s’il était malin devrait même leur envisager un régime spécial, du genre un âge pivot de départ à la retraite à 69 ans, comme on dit : cela « passerait crème » (de mousse de foie canard).

En attendant, il faudra donc s’attendre à trouver tout un tas d’autres ingrédients dans les plats de fin d’année, notamment du rat crevé, parce que si c’est leur projet et que nous les laissons faire, c’est notre avenir. Le peu d’entre nous qui atteindra l’âge de la retraite n’aura plus que quelques croutons de pain sec pour racler le fond du plat.

 

 

La Poste/CNP* : En Janvier 2020 la Caisse des Dépôts va devenir le premier actionnaire de la Poste qui va prendre le contrôle de la CNP pour la rapprocher de sa filiale et créer un puissant groupe de bancassurance public.

Loi Pacte* : (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) La loi PACTE adoptée le 11 Avril 2019 par le Conseil constitutionnel prévoit une réforme de l'épargne-retraite et s'inscrit dans le souhait du gouvernement de développer l'épargne de long terme pour accroître le financement des entreprises par les acteurs privés.

PEG* : (Plan d’Epargne Groupe) Système d'épargne collectif, qui donne la possibilité à chaque adhérent de se constituer à moyen terme un patrimoine de valeurs mobilières, avec l'aide de La Poste, et en bénéficiant de conditions fiscales avantageuses. Il a fait l’objet d’un accord non signé par Sud en 2006. Les sommes versées sur le PEG sont investies pour cinq ans dans des Fonds Communs de Placement Entreprises (FCPE) spécifiquement crées pour les postiers, plus ou moins rentables et risqués.

PERCO* : (Plan d'Epargne Retraite Collectif) Système identique au PEG dont les fonds versés sont indisponibles jusqu'à la date de départ à la retraite.

Le Canard masqué* : (Série animée Disney) Pseudonyme de super-héros derrière lequel se cachait Picsou se déguisant en justicier masqué afin de prouver qu'il pouvait faire des actes désintéressés...


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