Jeune etudiante baise avec son professeur

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Jeune etudiante baise avec son professeur
Aujourd’hui, jeudi 8 septembre 2022

Louis-Samuel Perron
La Presse

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
L’écrivain rĂ©putĂ© Samuel Archibald a profitĂ© de son statut de professeur de littĂ©rature pour avoir des relations sexuelles avec deux Ă©tudiantes sous son autoritĂ©, conclut une enquĂȘte indĂ©pendante commandĂ©e par l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al (UQAM). Une de ces femmes l’accuse mĂȘme de l’avoir Ă©tranglĂ©e lors d’une relation sexuelle non consentie. Des actes « graves » et « hostiles » qui ont menĂ© Ă  son dĂ©part en catimini de l’UQAM l’an dernier.
« Une seule relation sexuelle avec une Ă©tudiante sous son autoritĂ© est un acte grave en soi. Or, dans les faits, nous sommes en prĂ©sence d’une conduite rĂ©pĂ©tĂ©e », affirme l’enquĂȘtrice M e Cristina Mageau dans l’un des rapports prĂ©sentĂ©s Ă  l’UQAM le 24 septembre 2021 par le cabinet d’avocats Cain Lamarre.
Les deux rapports d’enquĂȘte obtenus par La Presse retiennent une vingtaine d’allĂ©gations Ă  l’égard de Samuel Archibald. Ils concluent que le professeur a commis des « violences Ă  caractĂšre sexuel » et du « harcĂšlement sexuel » en vertu des politiques de l’UniversitĂ©. Il s’est de plus placĂ© en « conflit d’intĂ©rĂȘts » Ă  de multiples reprises en entretenant des relations intimes avec deux Ă©tudiantes, alors qu’il supervisait leur maĂźtrise ou leur confiait un contrat de correction entre 2015 et 2019.
« Il avait mon mĂ©moire Ă  Ă©valuer dans ses mains. Je ne me sentais pas dans une libertĂ© de dire non », confie Ă  La Presse l’autrice Lucille Ryckebusch. « Samuel avait beaucoup, beaucoup de pouvoir », affirme Iris Grondin-Lefebvre, une ex-Ă©tudiante qui soutient avoir Ă©tĂ© sous « l’emprise » de Samuel Archibald. Leurs plaintes auprĂšs de l’UQAM en 2021 ont menĂ© Ă  ces deux rapports. Elles ont acceptĂ© de se confier Ă  La Presse .
Samuel Archibald est une personnalitĂ© connue du monde littĂ©raire quĂ©bĂ©cois depuis la parution de son premier roman, Arvida , en 2012. SuccĂšs populaire, l’ouvrage avait reçu plusieurs accolades, en plus d’ĂȘtre finaliste au prestigieux prix Giller du meilleur roman ou recueil de nouvelles canadien de l’annĂ©e. L’auteur et scĂ©nariste est collaborateur occasionnel Ă  l’émission Culture club , en plus d’ĂȘtre invitĂ© Ă  des Ă©missions culturelles de Radio-Canada. Son Ă©diteur, Le Quartanier, vient toutefois de le laisser tomber.
En entrevue, Samuel Archibald se fait repentant. Il veut « assumer » ses gestes, répÚte-t-il.
« C’est important de dire : il y a des choses dont je suis responsable », soutient-il. Mais dans la foulĂ©e, il s’oppose Ă  certaines conclusions « discutables » des rapports, comme son portrait en « agresseur rĂ©pĂ©té » agissant avec un « modus operandi », illustre-t-il. Il prĂ©cise toutefois qu’il « n’attaque pas lĂ©galement » le rapport.
La vingtaine d’allĂ©gations retenues contre l’ex-professeur ratissent large. Entre autres, Samuel Archibald a tolĂ©rĂ© qu’Iris Grondin-Lefebvre, son ex-Ă©tudiante devenue sa conjointe, sollicite des Ă©tudiantes en littĂ©rature de l’UQAM pour avoir une relation sexuelle Ă  trois. « Il savait ou ne pouvait ignorer », tranche le rapport, qui conclut Ă  un « acte grave » et une « violence Ă  caractĂšre sexuel ». Une histoire cependant niĂ©e par l’ex-professeur.
Samuel Archibald a Ă©galement commis du « harcĂšlement sexuel », conclut le rapport, en envoyant une photo de son ex-conjointe nue Ă  Iris Grondin-Lefebvre, sans la permission de son ex-conjointe. Un geste d’ailleurs admis par l’auteur. « Il y avait faute envers elle. Je reconnais ça et j’en suis dĂ©solĂ©. C’était une photo qui n’était pas identifiable. C’est presque de la photo d’art », se dĂ©fend-il Ă  La Presse .
Lucille Ryckebusch a confiĂ© Ă  La Presse avoir vĂ©cu un Ă©pisode « hyper violent » avec Samuel Archibald Ă  l’été 2019. Elle assure avoir Ă©tĂ© Ă©tranglĂ©e par celui-ci lors d’une relation sexuelle non consentie. À l’époque, Samuel Archibald Ă©tait en train de corriger son mĂ©moire de maĂźtrise.
À ce sujet, l’enquĂȘte indĂ©pendante reproche Ă  Samuel Archibald d’avoir fait preuve d’« aveuglement volontaire » en ne vĂ©rifiant pas le consentement de l’étudiante lors de cette relation sexuelle.
Il s’agit d’un « facteur aggravant », d’autant qu’il existait « clairement un rapport d’autorité » entre les deux, tranche le rapport.
Samuel Archibald assure pourtant en entrevue avoir demandĂ© « assez clairement » Ă  Lucille Ryckebusch son consentement. Il maintient n’avoir aucun souvenir de l’avoir Ă©tranglĂ©e. « Ça ne me ressemble pas comme comportement », se dĂ©fend-il. « C’est trĂšs douteux », insiste-t-il.
Se disant bien au fait des rĂšgles du BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme), Samuel Archibald soutient qu’il a « ben de la misĂšre Ă  croire » qu’il aurait fait un geste aussi « brutal, aussi assertif, sans consentement explicite ».
L’enquĂȘte indĂ©pendante a analysĂ© les allĂ©gations Ă  la lumiĂšre de plusieurs politiques de l’UQAM, dont la nouvelle mouture de la politique n o 16 ( Politique visant Ă  prĂ©venir et Ă  combattre le sexisme et les violences Ă  caractĂšre sexuel ), en vigueur depuis juin 2019. Selon celle-ci, les « violences Ă  caractĂšre sexuel » incluent de nombreux comportements, propos et attitudes Ă  caractĂšre sexuel avec ou sans contact physique. Cette dĂ©finition s’inspire d’une loi quĂ©bĂ©coise adoptĂ©e en 2017 pour « combattre les violences Ă  caractĂšre sexuel » dans les universitĂ©s.
Les deux plaignantes ont par ailleurs Ă©tĂ© reconnues au printemps 2022 comme victimes d’une infraction criminelle par l’IVAC, le rĂ©gime d’indemnisation des victimes d’actes criminels, pour des gestes reprochĂ©s Ă  Samuel Archibald. Ce dernier ne fait face Ă  aucune accusation criminelle. D’ailleurs, les deux femmes n’ont pas portĂ© plainte Ă  la police pour les faits analysĂ©s dans les rapports.
Pour ĂȘtre indemnisĂ©e par l’IVAC, une personne doit avoir subi une atteinte physique, psychologique ou matĂ©rielle Ă  la suite d’une infraction criminelle. La victime n’est pas tenue d’avoir portĂ© plainte Ă  la police contre l’agresseur. Il n’est pas nĂ©cessaire que l’agresseur soit dĂ©clarĂ© coupable par un tribunal ni mĂȘme identifiĂ© pour que la victime soit indemnisĂ©e.
Les deux femmes ont Ă©galement dĂ©posĂ© au printemps dernier des plaintes Ă  la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse contre Samuel Archibald afin de demander rĂ©paration pour la discrimination et le harcĂšlement qu’elles allĂšguent avoir subis en raison de leur sexe. Leurs plaintes sont toujours en cours d’évaluation.
Samuel Archibald assure qu’il n’a pas Ă©tĂ© congĂ©diĂ© de l’UQAM. « J’ai dĂ©missionnĂ©. En claquant la porte », lance-t-il. NĂ©anmoins, il admet qu’il n’avait « plus d’autres choix », puisque sa demande de rĂ©vision du rapport avait Ă©tĂ© rejetĂ©e et qu’il ne voulait pas poursuivre sa contestation. « C’était la sortie la plus Ă©lĂ©gante », rĂ©sume-t-il.
Son dĂ©part n’a fait l’objet d’aucune mention publique. L’UQAM se limite Ă  dire que Samuel Archibald n’est plus son employĂ© depuis l’automne 2021.
« Il n’est pas possible d’indiquer les raisons puisqu’il s’agit d’une information qui figure au dossier de l’employĂ©, qui est confidentielle en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels », explique Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM.
La direction du Quartanier, la maison d’édition rĂ©putĂ©e qui publie les Ɠuvres de Samuel Archibald, avait Ă©tĂ© mise au courant dĂšs l’été 2020 par l’autrice Lucille Ryckebusch des allĂ©gations visant son auteur vedette. Le livre de l’autrice, Le sang des pierres , a Ă©tĂ© publiĂ© en 2019 par Le Quartanier.
« On a trouvĂ© ça trĂšs bouleversant, trĂšs choquant », explique la directrice Ă©ditoriale Alexie Morin. Si aucune mesure n’a Ă©tĂ© prise Ă  l’époque, c’était pour respecter la confidentialitĂ© de ce tĂ©moignage, se dĂ©fend-elle. « On croit Lucille Ryckebusch, on l’a crue dĂšs le dĂ©but, et on la soutient », martĂšle M me Morin. Mais Lucille Ryckebusch assure n’avoir jamais rĂ©clamĂ© la confidentialitĂ© de son tĂ©moignage.
Le Quartanier tient maintenant Ă  se dissocier de son auteur vedette. « On ne peut pas publier d’autres livres de Samuel Archibald. Ce n’est pas envisagĂ© du tout », affirme Alexie Morin. La maison d’édition consulte un avocat pour Ă©tudier ses contrats actuels avec l’auteur.
Lucille Ryckebusch a confiĂ© Ă  La Presse l’épisode « hyper violent » qu’elle a vĂ©cu.
« Il m’écrivait Ă  toute heure. Il me disait qu’il m’aimait. Qu’il m’aimait vraiment. [Il disait] : “C’est juste avec toi que j’ai envie d’ĂȘtre” », se remĂ©more Lucille Ryckebusch.
C’était Ă  l’automne 2017 et Ă  l’hiver 2018. Samuel Archibald Ă©tait alors son directeur de maĂźtrise Ă  l’UQAM.
Une amitiĂ© « forte » s’était construite entre les deux, explique l’autrice. Elle Ă©tait devenue en quelque sorte la « confidente » de Samuel Archibald, qui s’épanchait auprĂšs d’elle sur sa vie sexuelle et ses frustrations envers l’UQAM. Mal Ă  l’aise, l’étudiante a dĂ©cidĂ© de changer de directeur dĂ©but 2018.
« La relation intime et ambiguĂ« des parties n’avait pas sa place. Le fait d’écrire Ă  la Plaignante Ă  des heures tardives et de lui dire qu’il l’aimait [
] Ă©tait inapproprié », soutient le rapport d’enquĂȘte.
En février 2018, La Presse publie une lettre ouverte de Samuel Archibald dans laquelle il confie sa bataille avec son assureur pour faire reconnaßtre sa dépression. La nouvelle est reprise par plusieurs médias.
Cette lettre fait bondir Lucille Ryckebusch, qui dĂ©cide alors de prendre ses distances avec lui. « Il continuait Ă  travailler avec d’autres Ă©tudiantes et il passait Ă  la radio. Ça m’a Ă©cƓurĂ©e », dĂ©nonce-t-elle.
Sa dĂ©pression Ă©tait cependant bien rĂ©elle, s’insurge Samuel Archibald.
Puis elle reprend contact avec lui dĂ©but 2019 dans un cadre plus formel. Le professeur lui propose un contrat de correction pour deux ateliers Ă  l’UQAM. Lucille Ryckebusch le choisit pour Ă©valuer son mĂ©moire qu’elle dĂ©posera en mai 2019.
Pendant cette pĂ©riode de correction, Samuel Archibald soupe rĂ©guliĂšrement au restaurant avec Lucille Ryckebusch. L’alcool coule Ă  flots et l’auteur insiste pour payer. Un soir, aprĂšs avoir bu du vin, ils Ă©changent des baisers, raconte-t-elle.
« Il y avait clairement une espĂšce de tension sexuelle et en mĂȘme temps un rapport d’autoritĂ© sur plusieurs points », analyse l’autrice.
En aoĂ»t 2019, Samuel Archibald invite Lucille Ryckebusch Ă  le rejoindre dans un chalet au Lac-Saint-Jean. Il n’a alors toujours pas Ă©valuĂ© le mĂ©moire. Pour obtenir des « rĂ©ponses » sur leur relation, Lucille Ryckebusch accepte d’y aller. Elle a d’ailleurs une montagne de copies de travaux Ă  corriger pour lui.
Lucille Ryckebusch est surprise de constater que les parents de Samuel Archibald sont prĂ©sents et que son directeur dort dans une tente. L’étudiante ressent un « grand malaise ». « J’en avais tellement chiĂ© pour rĂ©ussir Ă  dĂ©poser mon mĂ©moire et je voulais aller au doc. C’est sĂ»r que ça m’inquiĂ©tait ! », explique-t-elle.
AprĂšs avoir consommĂ© beaucoup d’alcool, le professeur et l’étudiante se couchent dans la tente. Les deux matelas sont alors sĂ©parĂ©s. C’est Ă  ce moment que Lucille Ryckebusch affirme avoir Ă©tĂ© agressĂ©e sexuellement.
« Il a regroupĂ© les matelas. Sans tendresse, il a tirĂ© son coup. Il a essayĂ© de m’étrangler. C’était en dehors de tout consentement. C’était hyper violent. Je lui ai tassĂ© la main et ça s’est arrĂȘtĂ© lĂ . Je me suis sentie utilisĂ©e », confie-t-elle.
Sur le coup, elle Ă©tait dans un Ă©tat de « sidĂ©ration », incapable de rĂ©flĂ©chir. En aucun cas elle n’a consenti Ă  ce rapport, assure-t-elle.
De plus, cette relation sexuelle Ă©tait « sortie de nulle part », puisqu’ils s’en Ă©taient tenus Ă  des « conversations distantes » pendant la soirĂ©e.
« Je ne me sentais pas dans une libertĂ© de mĂȘme dire non », affirme-t-elle.
AprĂšs leur dĂ©part du chalet, ils n’ont plus jamais eu de rapports sexuels.
Il ne fait « aucun doute », selon le rapport d’enquĂȘte, que le consentement de Lucille Ryckebusch Ă©tait d’emblĂ©e viciĂ© par le rapport d’autoritĂ© avec Samuel Archibald. L’absence de moyens raisonnables pris par le professeur pour s’assurer du consentement de l’étudiante est un « facteur aggravant », selon l’enquĂȘtrice externe. De plus, le professeur se « dĂ©responsabilise » de ses agissements, ajoute le rapport.
Samuel Archibald convient que ses fautes les « plus graves » ont Ă©tĂ© commises Ă  l’égard de Lucille Ryckebusch. « Il y a des explications, mais je n’ai pas d’excuses. Le fait que j’ai fini par Ă©valuer son mĂ©moire, le fait qu’on a couchĂ© ensemble. Il y a plein de choses que j’aurais pu faire qui auraient Ă©tĂ© mieux », admet-il Ă  La Presse .
Samuel Archibald soutient toutefois que la « bonne marche Ă  suivre » n’était pas claire Ă  l’époque Ă  l’UQAM pour dĂ©clarer une relation avec une Ă©tudiante. « J’étais emmĂȘlé », se dĂ©fend-il. De plus, s’il a maintenu un lien d’autoritĂ© avec Lucille Ryckebusch, c’est Ă  la demande de celle-ci et toujours afin d’aider l’étudiante, nuance-t-il.
Lucille Ryckebusch explique avoir dĂ©noncĂ© Samuel Archibald en 2021 pour l’empĂȘcher de recommencer avec d’autres Ă©tudiantes. « Si personne ne dit jamais rien, il n’y a rien qui va l’arrĂȘter », lĂąche l’autrice. Si elle a dĂ©cidĂ© d’en parler publiquement, c’est aprĂšs avoir entendu Samuel Archibald Ă  la radio cet Ă©tĂ©, bĂ©nĂ©ficiant d’une « impunité ». Maintenant, les gens peuvent « prendre une dĂ©cision » Ă  son Ă©gard, explique-t-elle.
Lucille Ryckebusch reproche Ă  l’UQAM de l’avoir muselĂ©e par une entente de confidentialitĂ©, conditionnelle Ă  sa participation Ă  l’enquĂȘte. « C’est ajouter une violence sur une violence », dĂ©nonce-t-elle. Elle en veut Ă©galement Ă  l’UniversitĂ© de ne pas lui avoir transmis la dĂ©cision, malgrĂ© des promesses Ă  cet effet.
L’UQAM ne cherche pas Ă  « museler les victimes », se dĂ©fend Maude Rousseau, directrice du Bureau d’intervention et de prĂ©vention en matiĂšre de harcĂšlement de l’UniversitĂ©. Au contraire, la confidentialitĂ© permet aux victimes de ne pas craindre de reprĂ©sailles, explique M me Rousseau, ajoutant que de telles ententes sont la norme au QuĂ©bec.
Au sujet de la communication de la dĂ©cision, Maude Rousseau explique qu’une modification lĂ©gislative a menĂ© Ă  un « moment de flottement » en septembre 2021. L’UQAM a conclu que la nouvelle loi permettait seulement aux plaignantes de connaĂźtre la sanction Ă  la fin de septembre 2022.
Iris explique en entrevue que la « position de pouvoir » de Samuel Archibald a teinté toute leur relation.
Pendant l’enquĂȘte de l’UQAM, Iris Grondin-Lefebvre avait si peur qu’elle dormait les lumiĂšres ouvertes. La jeune trentenaire a Ă©tĂ© en couple avec son ancien directeur de maĂźtrise pendant deux ans aprĂšs avoir abandonnĂ© ses Ă©tudes en littĂ©rature. Des annĂ©es difficiles qui ont marquĂ© l’étudiante.
« Depuis le dĂ©but, il Ă©tait en position de pouvoir. Ça a teintĂ© toute notre relation », confie-t-elle. Rapidement en entrevue, Iris Grondin-Lefebvre tient Ă  prĂ©ciser qu’elle a des « traits autistiques ». Une caractĂ©ristique qui la rendrait plus vulnĂ©rable aux violences sexuelles. « Quand les gens sont malintentionnĂ©s, on n’est pas capable de comprendre », illustre-t-elle.
À l’automne 2016, Iris Grondin-Lefebvre cherche un directeur pour superviser son projet de maĂźtrise en crĂ©ation littĂ©raire.
À leur premiĂšre rencontre, Samuel Archibald l’embrasse sur les deux joues, Ă  la « grande surprise » de l’étudiante. Il s’agit de « harcĂšlement sexuel » au sens des politiques de l’UQAM, conclut le rapport d’enquĂȘte.
MĂȘme en arrĂȘt de travail Ă  l’automne 2017, Samuel Archibald continue de superviser le mĂ©moire d’Iris Grondin-Lefebvre. La jeune femme est « flattĂ©e » qu’une sommitĂ© dans le domaine littĂ©raire trouve son projet intĂ©ressant. Toutefois, le professeur ne fait aucun suivi de son projet, prĂ©fĂ©rant les discussions personnelles. L’étudiante dĂ©cide alors d’abandonner la maĂźtrise. Une dĂ©cision « absolument » liĂ©e au manque de supervision de son directeur, martĂšle-t-elle.
C’est dans ce contexte que Samuel Archibald invite l’étudiante dans un bar en janvier 2018. Ils auront alors une relation sexuelle consensuelle, puis formeront un couple dĂšs mars 2018, jusqu’à l’été 2020.
« Compte tenu de la relation d’autoritĂ© existante entre les parties, de la position [de Samuel Archibald] Ă  l’UQAM et de sa renommĂ©e Ă  l’extĂ©rieur de l’UQAM, le consentement de la Plaignante Ă©tait vicié », Ă©crit l’enquĂȘtrice, qui conclut Ă  du harcĂšlement sexuel et Ă  un conflit d’intĂ©rĂȘts en vertu des politiques de l’UniversitĂ©.
MĂȘme si l’étudiante avait dĂ©cidĂ© d’abandonner la maĂźtrise, elle y Ă©tait toujours inscrite jusqu’en mai 2018 et demeurait officiellement sous la responsabilitĂ© de Samuel Archibald. Ainsi, une « pĂ©riode de retenue » s’imposait avant d’amorcer une relation amoureuse ou sexuelle avec l’étudiante, tranche le rapport. De plus, le professeur n’avait fait aucune dĂ©marche auprĂšs de l’UQAM pour mettre fin Ă  sa direction.
Samuel Archibald admet avoir commis une « erreur de jugement » et assure qu’il dĂ©clarerait cette relation « si c’était Ă  refaire ». « C’est Ă  moi d’assumer », affirme-t-il, refusant de critiquer l’obligation de maintenir une pĂ©riode de retenue. Il nuance toutefois en plaidant que son rapport d’autoritĂ© s’était tout de mĂȘme « attĂ©nué », Ă©tant donnĂ© que l’étudiante avait dĂ©cidĂ© d’interrompre ses Ă©tudes.
Alors qu’ils Ă©taient en couple, Iris Grondin-Lefebvre affirme avoir subi de la « pression » de la part de Samuel Archibald pour recruter une autre femme afin d’avoir des relations sexuelles Ă  trois. Surtout, le professeur savait trĂšs bien que les candidates potentielles Ă©taient des Ă©tudiantes en littĂ©rature de l’UQAM, maintient Iris Grondin-Lefebvre. « Il Ă©tait super au courant ! On vivait ensemble. On en a parlĂ© plusieurs fois », s’exclame-t-elle. « Tu imagines Ă  quel point il avait de l’emprise sur moi ? »
« La sollicitation indirecte d’étudiantes par l’intermĂ©diaire de la Plaignante dans un but sexuel constitue une violence Ă  caractĂšre sexuel. [Il] savait ou aurait dĂ» savoir que ces personnes Ă©taient sollicitĂ©es dans un but Ă  caractĂšre sexuel, et que celles-ci Ă©taient Ă©tudiantes Ă  l’UQAM, dans le dĂ©partement oĂč il enseigne de surcroĂźt », conclut le rapport. De plus, sa « dĂ©sinvolture » et son « insouciance » Ă  ce sujet sont « prĂ©occupantes », estime l’enquĂȘtrice.
Samuel Archibald insiste en entrevue : il n’a « jamais, jamais, jamais » exercĂ© de pression sur Iris Grondin-Lefebvre pour qu’elle sollicite une Ă©tudiante de l’UQAM dans un but sexuel. Oui, ils parlaient de relation Ă  trois, convient-il, mais cela faisait partie d’un « fantasme de couple trĂšs commun ». Et surtout, ça ne « s’est jamais rĂ©alisé », soutient-il.
D’ailleurs, Samuel Archibald assure n’avoir « jamais » eu de relation avec d’autres Ă©tudiantes sous son autoritĂ©. « Ce n’est vraiment pas quelque chose que je cherche », jure-t-il. Il ajoute qu’il est « mĂȘme assez rare » qu’il ait une relation avec « des Ă©tudiantes at large » d’autres universitĂ©s.
À l’été 2020, un groupe de discussion secret du milieu littĂ©raire frĂ©quentĂ© par environ 500 personnes montre du doigt Samuel Archibald. L’affaire fait beaucoup de vagues dans le milieu. Iris Grondin-Lefebvre est alors en couple avec lui. « Il disait que c’étaient des folles. Il me dit que des filles qui le dĂ©noncent, il va leur nuire. Il me le dit textuellement. À plusieurs reprises », lance-t-elle.
Samuel Archibald assure n’avoir jamais tenu de tels propos.
AprĂšs leur rupture, Iris Grondin-Lefebvre dĂ©cide de porter plainte Ă  l’UQAM, inquiĂšte que Samuel Archibald nuise Ă  la carriĂšre de ses dĂ©nonciatrices.
Le processus est long, Ă©prouvant et humiliant pour elle. Elle peine Ă  s’alimenter, fait de l’insomnie et se retrouve en Ă©tat d’hypervigilance.
Oui, elle est « extrĂȘmement soulagĂ©e » que l’enquĂȘtrice ait cru sa version, dit-elle. Mais comme Lucille Ryckebusch, elle reproche Ă  l’UQAM de ne lu
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