Innocence soudainement corrompue

Innocence soudainement corrompue




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Innocence soudainement corrompue
Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.
L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.
Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
CHRONIQUE
DU CRIME
ET
DE L'INNOCENCE;

Recueil des Événemens les plus tragiques; Empoisonnemens, Assassinats,
Massacres, Parricides, et autres Forfaits, commis en France, depuis le
commencement de la monarchie jusqu'à nos jours, disposés dans l'ordre
chronologique, et extraits des anciennes Chroniques, de l'Histoire générale
de France, de l'Histoire particulière de chaque province, des différentes
Collections des Causes célèbres, de la Gazette des Tribunaux, et autres
feuilles judiciaires.
Tout ce qui me fait peur m'amuse au dernier point.
C. D ELAVIGNE. École des Vieillards.
Paris.
CHEZ MÉNARD, LIBRAIRE,
PLACE SORBONNE, N. 3.
1834
CHRONIQUE
DU CRIME
ET
DE L'INNOCENCE.
«Serait-il vrai que nos lois, qui veillent assidûment
à la punition du crime, auraient laissé
l'innocence sans défense et sans secours contre
les erreurs judiciaires? En armant les magistrats
d'un pouvoir terrible, mais nécessaire,
aurait-on oublié qu'ils participent à la fragilité
et aux passions humaines, et que les plus
belles institutions deviennent menaçantes,
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au lieu d'être protectrices, si l'on ne fait rien
pour en prévenir les erreurs?»
Tel est le début d'un mémoire publié vers
1819; et ces paroles sont le cri de douleur
d'un vieillard presque octogénaire, d'un vénérable
ecclésiastique, d'Étienne Pacot, dont les
malheurs ont fini par égarer la raison, et qui
aujourd'hui attend, dans une maison de santé,
la fin de sa longue et malheureuse carrière.
Le sieur Pacot, échappé comme par miracle
aux brigandages de la révolution, qui
toutefois l'avaient contraint de quitter la paroisse
qu'il administrait, s'était retiré dans ses
propriétés, situées en grande partie à Bourberain,
département de la Côte-d'Or. Un
homme, nommé Prétot, vint s'établir dans
le même endroit. L'abbé Pacot le reçut sans
défiance; mais il fut bientôt cruellement puni
de cet excès de sécurité. Prétot commit chez
lui un vol considérable, et attenta à sa vie
à deux reprises différentes. D'abord il lui tira
un coup de fusil par sa fenêtre; ce fait fut
attesté par le nommé Nicolas Miel, qui accompagnait
alors Prétot; cet homme en fit
la révélation à la justice, qui, un peu plus
tard, le condamna aux fers pour vol dans
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une habitation d'une autre commune. La seconde
tentative de Prétot sur la personne de
l'abbé Pacot, eut lieu le 7 nivôse an VII. Il
tira un coup de pistolet à ce propriétaire sur
la route de Bèze. L'intimité qui unissait cet
homme au juge-de-paix du canton lui assura
l'impunité; néanmoins on n'osa l'absoudre
entièrement, et sur la déclaration du jury,
portant que Prétot n'avait pas eu l'intention
de tuer le sieur Pacot, cet attentat ne fut
puni que d'un mois d'emprisonnement, et de
vingt-cinq francs d'amende.
Cependant Prétot avait fait trop de mal au
sieur Pacot, pour n'être pas devenu son ennemi
juré. La présence de ce dernier à Bourberain
était un reproche continuel pour lui,
comme pour ses protecteurs. Il résolut de
s'affranchir, par un crime encore plus noir,
de la vue importune d'une victime que la
Providence avait dérobée à ses premières
tentatives de meurtre.
Tout-à-coup le bruit se répandit dans la
commune de Bourberain que Prétot et sa
femme venaient d'être empoisonnés par le
plus subtil des poisons . Le 7 germinal an IX ,
Prétot le dit lui-même aux deux fermiers du
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sieur Pacot, qui étaient entrés dans son cabaret.
Il leur montra une demi-bouteille à
moitié pleine, leur disant que sa femme et
lui avaient bu l'autre moitié qui manquait. Il
raconta que cette demi-bouteille lui avait été
apportée, deux jours auparavant, avec une
lettre dans laquelle il était dit qu'on la lui
adressait comme un échantillon de vin.
Le même jour, Prétot arrêta deux officiers
de santé qui traversaient la commune. Le
premier trouva la liqueur douce , et déclara
plus tard que ce ne fut qu'une heure après en
avoir mis sur sa langue, qu'il sentit une légère
chaleur . Le second, au contraire, affirma
que cette liqueur était tellement corrosive,
que l'eau-forte ne serait pas plus mordante .
Cependant la santé de Prétot n'avait pas
subi la moindre altération; son visage coloré
n'offrait aucun des symptômes de l'empoisonnement
dont il se plaignait. Aussi, dans les
premiers instans, se garda-t-il bien d'aller se
montrer à l'autorité. Sa maison n'était séparée
de celle du maire de la commune que par un
mur, et pourtant il ne l'instruisit pas du crime
qui, selon lui, avait failli lui coûter la vie. Il
ne requit même pas l'assistance du juge-de-paix,
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son ami, qui ne demeurait qu'à une
demi-lieue de Bourberain.
La calomnie ne saurait procéder par des
voies aussi directes, sans compromettre souvent
le succès de ses manœuvres. Il fallait que
Prétot s'assurât d'abord des moyens d'accréditer
l'odieuse fable qu'il avait inventée. Il lui
fallait quelques témoins. Il gagna une femme
simple et crédule, et lui recommanda, ainsi
qu'elle le déclara elle-même plus tard, de
dire, lorsqu'elle serait interrogée à ce sujet,
qu'elle avait vu Prétot en proie à des vomissemens,
et qu'elle lui avait donné du lait.
Le 10 germinal, il fit six lieues à pied pour
se rendre à Dijon, mais il ne porta pas encore
sa plainte à la justice, et revint le jour
même à Bourberain. Le lendemain, il eut encore
la force de recommencer ce pénible
voyage, et, cette fois, il rendit plainte devant
le directeur du jury, mais en déclarant toutefois
qu'il ignorait jusqu'alors l'auteur du crime.
Cette première démarche suffisait pour le
moment à Prétot; il était satisfait d'avoir
éveillé l'attention de la justice; il se désista
dans les vingt-quatre heures. Cette marche
était de la plus perfide habileté; elle lui facilitait
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les moyens de porter à la victime qu'il s'était
choisie les coups qu'il lui préparait. Bientôt
en effet, il fit circuler de sourdes rumeurs
qui désignaient l'abbé Pacot comme auteur
de l'empoisonnement, et lui-même déposa que,
dans le premier moment, il avait accusé ce
prêtre, n'ayant pas d'autre ennemi sur la terre.
Sur cette dénonciation, on arrête le sieur
Pacot; le dénonciateur lui-même vient avec
un fusil, afin, dit-il, de prêter main-forte à
la gendarmerie. Le lendemain, deux simples
gendarmes font une perquisition dans le domicile
de l'abbé Pacot. Deux jours après, le
juge-de-paix en fait une nouvelle, tendant à
s'assurer si l'on trouverait de l'arsenic dans
la maison: il prend pour témoin le beau-frère
de l'accusateur. Ce témoin était prévenu de
la visite du juge de paix; il quitta son troupeau
qu'il gardait, pour aller à la rencontre
de ce magistrat. Il n'est pas nécessaire de faire
sentir à nos lecteurs combien il était irrégulier,
même scandaleux, de choisir le beau-frère
du délateur pour témoin de l'un des
actes les plus importans de la procédure. Mais
ce choix n'avait été fait ni au hasard, ni sans
de fortes raisons. Le témoin lui-même en révéla
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le motif dans un moment de véracité. Il
convint que Prétot lui avait donné un cornet
de poudre blanche, avec mission de le glisser
furtivement dans la maison de l'abbé Pacot,
lors de la visite.
Il se trouvait chez le prévenu un reste de
limonade médicinale faite avec du sel d'oseille,
La décomposition qui en fut faite ne laissa
pas le moindre doute sur la nature de cette
liqueur. Mais le juge de paix, ami de Prétot,
avant d'appeler un homme de l'art, comme
son devoir le lui prescrivait, s'empressa de
faire avaler de cette limonade à un poussin;
puis il l'emprisonna dans une soupière qu'il ferma
bien hermétiquement de son couvercle.
Privé d'air, le pauvre animal allait périr asphyxié,
si la domestique de l'abbé n'avait soulevé le couvercle.
Le poussin mort, quelle conséquence
n'aurait-on pas tirée de ce fait contre l'accusé?
On n'aurait pas manqué de moyens pour travestir
l'asphyxie en empoisonnement.
Cependant le sieur Pacot fut conduit dans
les prisons; l'une de ses domestiques, Louise
Poinsot, qui devait jouer un rôle nécessaire
dans l'affreuse tragédie qu'on avait imaginée,
partagea le sort de son maître. L'abbé Pacot
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fut tenu au secret le plus rigoureux pendant
quatre-vingt-dix jours.
Mais tous les maux qu'on faisait peser sur
lui ne rendaient pas l'accusation plus vraisemblable.
On avait beau l'abreuver d'outrages,
son innocence n'en éclatait que plus visiblement.
Un jour, on le fit sortir de sa prison;
on le traîna en spectacle dans les rues, et on
le conduisit chez un marchand droguiste, sous
prétexte que la femme de ce marchand avait
déclaré qu'un homme de la campagne était
venu lui demander à acheter de l'arsenic.
Nous arrivons à la plus odieuse des manœuvres
qui furent dirigées contre l'abbé Pacot.
Louise Poinsot, sa domestique, avait été,
comme on vient de le voir, arrêtée en même
temps que lui. On l'accusa d'avoir remis la
bouteille empoisonnée à un commissionnaire
pour la porter à Prétot. On avait fait entendre
plusieurs enfans qui avaient dit avoir vu une
fille portant cette bouteille, et lui avoir offert
de la porter. Les questions les plus minutieuses
avaient été faites à ces enfans touchant
la figure et les vêtemens de cette fille. Tout
ce qu'on en avait pu tirer, c'est qu'ils avaient
reconnu quelques-uns des vêtemens de Louise
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Poinsot: quant à la figure, l'un d'eux avait
dit qu'il croyait la reconnaître; les autres répondaient
qu'ils n'y avaient pas fait assez d'attention.
On pensa que c'en était assez pour
effrayer une fille simple, et la rendre l'instrument
de la perte de son maître. Des magistrats
n'eurent pas honte d'employer auprès d'elle
les plus vives instances pour la déterminer à
accuser l'abbé Pacot. Ils épuisèrent dans ses
longs interrogatoires, l'art des insinuations,
des questions captieuses; art funeste, dont
l'usage devrait être interdit contre le crime
même, dans la crainte que l'on pût jamais en
abuser contre l'innocence.
Un jour, elle comparaît devant le directeur
du jury. «La vérité est découverte, lui dit-il;
votre maître est convaincu; vous n'avez pas
voulu vous sauver seule, vous périrez avec
lui.» Au même instant, quatre hommes entrent
dans le cabinet; un d'eux lui annonce
qu'on veut l'arracher à la mort; que les portes
de la prison vont s'ouvrir pour elle; mais
qu'il faut qu'elle confirme de sa bouche la vérité,
bien qu'elle soit déjà connue.
Mais cette pauvre fille, malgré son extrême
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simplicité, trompa les espérances de ces juges
prévaricateurs, et rendit tous leurs efforts
inutiles. On ne put parvenir à lui arracher une
parole accusatrice, ni l'engager à trahir la vérité.
L'aspect de la mort qu'on lui mettait sous
les yeux ne put ébranler sa constance. Ce courage
héroïque ne fut pas la seule preuve de
son dévouement; la Providence, comme on le
verra bientôt, l'avait désignée pour sauver la
vie à son maître.
L'information traînait en longueur; on ne
trouvait pas de charges, et on en cherchait
toujours. Les fonctions du directeur du jury
expiraient; un autre lui succède: une nouvelle
information commence, et le prévenu
continue à gémir au milieu des horreurs du
secret.
Il fallait cependant terminer l'instruction.
L'acte d'accusation est dressé contre l'abbé
Pacot et sa servante. Le jury d'accusation,
appelé à prononcer sur le sort du maître, déclare
à l'unanimité qu'il n'y avait pas lieu à
suivre. Mais la malheureuse domestique, au
milieu des tortures morales qu'elle avait subies,
était tombée dans quelques contradictions;
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le jury crut qu'il n'en fallait pas davantage
pour décider qu'il y avait lieu à accusation
contre elle.
La rage des ennemis de l'abbé Pacot avait
été impuissante dans cette première tentative;
ils n'avaient pu rassembler contre lui, non
seulement des preuves de nature à entraîner
une condamnation, mais même de simples présomptions
suffisantes pour motiver la mise en
accusation. Vainement sa domestique était accusée;
quelques contradictions arrachées par
la cruelle adresse des interrogateurs ne sont
pas des preuves de culpabilité. Devant le jury
de jugement, son acquittement était infaillible;
alors leur proie leur échappait tout entière.
La procédure se continuant contre Louise
Poinsot, la marche de l'instruction l'amena
devant le tribunal criminel. On découvrit alors
qu'un des membres du jury d'accusation, qui
avait prononcé la mise en liberté de l'abbé
Pacot, n'avait pas trente ans. Le commissaire
du gouvernement requit l'annulation de tout
ce qui s'était fait, non seulement à l'égard de
la domestique, mais encore au sujet du maître
qui avait été mis hors de l'accusation.
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En bonne jurisprudence, la déclaration du
jury d'accusation, concernant l'abbé Pacot,
rendue depuis cinq mois, et contre laquelle
le commissaire du gouvernement ne s'était
pas pourvu en cassation, était devenue irrévocable.
Et cependant les trois juges du tribunal
criminel de Dijon cassèrent la déclaration
qui l'avait fait mettre en liberté, aussi
bien que celle qui mettait en accusation Louise
Poinsot. Par un inconcevable oubli de toutes
les formes et des règles les plus élémentaires
du droit et de la justice, l'instruction recommença
contre l'abbé Pacot.
Ce jugement inique fut rendu le 1 er nivose
an X . Trois heures après, à neuf heures du
soir, les gendarmes arrêtèrent le sieur Pacot,
et saisirent tous ses papiers, dont il ne put jamais
obtenir la restitution. L'abbé Pacot subit
de nouveau la torture du secret pendant
cent trois jours.
Une troisième instruction se poursuivit alors
contre le maître et sa fidèle domestique. On
leur adjoignit une autre servante, contre laquelle
on n'avait pas informé jusque alors. Un
simulacre de jury d'accusation, composé selon
le caprice des juges, déclara qu'il y avait
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lieu à accusation contre les trois prévenus.
On ne prétend point accuser ces jurés de perversité;
mais on peut les taxer de faiblesse:
ils étaient les aveugles instrumens de ceux qui
les dirigeaient. «Je n'ai été appelé, disait l'un
d'eux depuis ce jugement, que pour remplacer
un juré absent: mais tout était fini,
et je n'ai eu qu'à donner ma signature.» Un
autre juré disait sur le même sujet: «Le directeur
du jury, ainsi que son substitut, nous
ont dit que nous n'avions aucune part à prendre
dans cette affaire; qu'il fallait signer, et
renvoyer les trois prévenus pour être jugés
au chef-lieu du département.»
Les prévenus furent donc soumis au jury
de jugement. Après trois informations successives,
pas un mot, pas une syllabe accusatrice ne
s'élevait contre eux. Cependant l'abbé Pacot
fut condamné, après avoir été privé de toutes
les garanties que la loi accorde aux accusés.
Douze jurés spéciaux devaient prononcer
sur son sort. Cinq se trouvaient absens; on
les remplaça, non pas en les tirant au sort,
comme la loi l'exige formellement, mais
en les désignant arbitrairement à l'instant
même. Un de ces jurés s'était acquis le surnom
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de Coupe-Tête dans les massacres dont la
ville de Dijon avait été le théâtre pendant la
tourmente révolutionnaire. Ce fut à cette
violation manifeste de la loi que l'abbé Pacot
dut son salut; ainsi le crime finit par se prendre
dans ses propres piéges. On n'eut pas
honte d'appeler en témoignage un commis-greffier
qui avait rédigé tous les actes de la
première procédure. Cet homme osa déclarer
qu'il avait entendu Louise Poinsot dire qu'elle
avait porté la bouteille, sans savoir ce qu'elle
pouvait contenir. «Eh! malheureux! lui répondit
cette fille indignée, dites donc que
c'est vous qui m'avez dit plusieurs fois qu'il
ne fallait que cette déclaration pour me faire
mettre en liberté.» La force de cette réponse
accabla le témoin qui fut réduit au silence.
Mais vainement l'évidence terrassait les accusateurs
de l'abbé Pacot; on ne le jugeait
que pour la forme; sa perte était résolue. Il
entendit prononcer son arrêt de mort; les
deux domestiques furent acquittées.
L'abbé Pacot fut reconduit en prison, après
avoir protesté contre cet assassinat juridique.
Il lui restait un refuge à la Cour de cassation,
pour prévenir ou du moins retarder l'affreux
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triomphe de ses ennemis. Mais plongé dans un
cachot, livré à des porte-clefs qui refusaient
d'écouter sa prière, il n'avait pas la liberté
de faire entendre ses plaintes, et le fatal
délai de trois jours allait expirer. Heureusement
la Providence lui envoya un frère aîné
qui revenait de l'émigration et qui, à force
de soins et de peines, parvint à pénétrer jusque
dans son cachot, et à lui procurer les
moyens de recourir à la justice de la Cour
suprême.
Là, les choses devaient changer de face;
la procédure était monstrueuse: la haine avait
aveuglé les ennemis du sieur Pacot au point
de négliger toutes les formes.
On tenta un dernier effort pour rendre ce
recours illusoire. Quarante jours s'étaient
écoulés depuis le jugement, et les pièces du
procès n'avaient pas encore été envoyées à
la Cour de cassation; on espérait qu'à force
de retards, la victime succomberait à la rigueur
de son sort. Plongé dans le cachot le
plus infect, l'abbé Pacot réunissait aux plus
pénibles des souffrances morales les souffrances
physiques les plus horribles; elles devinrent
telles, que, malgré la force de son tempérament,
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il tomba dangereusement malade.
Sa mort paraissait inévitable. Il fallut
tout le dévouement de la fidèle Louise Poinsot
pour l'arrêter au bord de la tombe prête à
l'engloutir.
Cette simple villageoise, mue par un sentiment
de la plus noble générosité, vendit à
son frère le peu qu'elle possédait, et sans
prendre conseil de personne, se rendit à Paris,
à pied, pour sauver les jours de son malheureux
maître. Elle alla solliciter seule une audience
du comte Abrial, ministre de la justice.
Cet homme respectable, digne de la haute
mission qui lui était confiée, accorda l'audience
sollicitée, écouta Louise Poinsot avec
bonté, et lui promit de donner des ordres
pour accélérer l'envoi des pièces. Elle parvint
à instruire son maître de la démarche qu'elle
venait de faire; et celui-ci trouva encore la
force d'écrire au commissaire du gouvernement,
et de lui exprimer son étonnement de
ce que les pièces n'avaient pas été envoyées.
La lettre du sieur Pacot était du 1 er thermidor
an X ; on la lui renvoya le jour même
avec une note portant que les pièces étaient parties
depuis dix jours; et cependant le comte
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Abrial ne les reçut que le 3 thermidor. Quand
on avait vu qu'il était impossible de les retenir,
on avait cherché, par un mensonge, à
déguiser l'horreur d'une persécution qu'on
poursuivait avec tant de persévérance et d'animosité.
Enfin, l'heure de la justice sonna pour
l'abbé Pacot. L'arrêt de mort fut cassé, parce
que les jurés n'avaient pas été tirés au sort.
Le commissaire du gouvernement attendit
dix-sept jours pour notifier cet arrêt au prévenu,
et trente jours s'écoulèrent encore
jusqu'à sa translation à Lons-le-Saulnier. Là,
malgré les nouveaux efforts de l'intrigue et
de la perversité, le nouveau jury déclara à
l'unanimité , non seulement que l'accusé n'était
pas coupable, mais qu' il n'était pas constant
qu'il y eût eu même d'empoisonnement .
Cette nouvelle procédure avait présenté plusieurs
circonstances curieuses. Comme on le
sait déjà, l'accusateur prétendait avoir bu la
moitié du poison contenu dans la bouteille
qui lui avait été remise, et assurait que ce
breuvage lui avait causé des coliques et des
vomissemens. Or, la bouteille qu'avait représentée
Prétot contenait de l'arsenic dont la
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plus petite quantité devait donner infailliblement
la mort; tandis que Prétot venait so
Baiser dans le resto
Aspirer ce pénis #1
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