Hier

Hier a été une bonne journée. Aujourd'hui ne l'est pas.

C'est drôle comme cela fonctionne, n'est-ce pas ? Rien n'a changé. Or, tout est différent. Le ressenti est différent, l'allure est différente, l'odeur est différente. L'esprit rationnel essaye de le remettre en question. Mais les émotions disent le contraire.

Quoi que tu fasses, quels que soient tes efforts, tu ne peux pas revenir en arrière. Et même si tu pouvais le faire, tu serais probablement coincé dans un autre type d'enfer. Le Jour de la Marmotte et tout le reste.

La plupart des gens idéalisent le passé. Tout était mieux, plus brillant, plus grand, meilleur marché. Les données en disent le contraire, comme Hans Rosling l'a si bellement montré. Mais les sentiments se passent des données.

Certaines choses étaient différentes, pas de doute. Le prix nominal d'un burger était meilleur marché, pas de doute. Et oui, les gens n'étaient pas des obèses morbides, ni se tuaient à coup d'opiacés, ni étaient terriblement accros aux petits écrans dans leur poche, et ainsi de suite. Tu vois ? Là, je suis en train de le faire. J'idéalise le passé. 

Je n'ai pas encore trouvé quoi faire des journées comme celles-ci. Des journées où tout va mal. Des journées si sombres que l'éclat d'hier semble à la limite de l’irréel. Des journées qui te font fantasmer sur sauter le jour d'aujourd'hui et celui de demain aussi.

Une longue promenade fait l'affaire, mais certains jours, même se promener semble une tâche impossible à mener. Se concentrer sur le présent fait l'affaire aussi, mais certains jours ne permettent pas de se concentrer ou d'être présent. Les câlins de nos bien-aimés font l'affaire aussi, mais il est impossible de les recevoir adéquatement si l'on est occupé à se détester. Alors, j'imagine que l'amour propre est le premier pas. Puis, le pardon. Et puis, lâcher prise sur hier.