Festival Hallucinations Collectives 2021 – Compte-rendu

Festival Hallucinations Collectives 2021 – Compte-rendu


Histoire de ne pas perdre tout le monde au bout de deux paragraphes, je ne vais pas faire d’analyse approfondie de chaque film mais donner, assez "succinctement", simplement et sans prétention aucune, mon avis (sans spoils majeurs) sur ces derniers. Le but ici étant, avant tout, de vous faire découvrir des films généralement peu connus.

Je ne reviendrai pas non plus systématiquement sur les synopsis des films mais vous pouvez les trouver ici : https://www.hallucinations-collectives.com/edition-2021/calendar

Après avoir évoqué les films, je reviendrai, à la fin, sur le festival et mon ressenti de manière plus générale.

 

 

Jour 1 :

 

Court-métrage d’ouverture : Swallow the Universe – Nieto (2021)

Fresque déroulante animée et hallucinée ou s’étirent, s’entremêlent et s’arrachent animaux et corps. Impression de cauchemar organique, chaotique et coloré. Parfait pour démarrer les Hallus.

C’est visible (en 720p max) sur le site d’Arte (https://www.arte.tv/fr/videos/100198-000-A/swallow-the-universe/) (NSFW), même si, on ne va pas se mentir, c’est beaucoup plus impressionnant sur un écran géant. 

 

Belle – Mamoru Hosoda (2021)

Je n’ai pas revu Summer Wars depuis longtemps (et je n’ai toujours pas vu ses autres films), mais Hosoda reprend ici la thématique des réseaux sociaux et l’intègre à une relecture de La Belle et la Bête.

Au final, un film plus profond qu’il ne pourrait paraître au premier abord et qui interroge principalement sur la question de l’identité : à quel point notre identité numérique nous reflète ou nous travestit ? N’est-ce qu’une simple illusion ou un moyen de s’échapper du réel ? 

Visuellement on oscille entre des passages relativement épurés et d’autres beaucoup plus détaillés, mais c’est souvent très coloré et c’est un vrai plaisir de le voir sur grand écran. C’est une question de goûts, mais j’ai trouvé les musiques plutôt belles. Si l’animation japonaise et ses « codes » ne vous rebute pas (il y a parfois un aspect un peu « kawaï » qui ressort), c’est un très joli film qui sortira normalement le 29 décembre prochain en France.


 

Jour 2 :

 

Burroughs : The Movie – Howard Brookner (1983)

Documentaire plutôt intéressant sur et avec l’écrivain américain. Ça entremêle des images d’archives, des interviews de l’auteur, des lectures publiques, des rencontres et discussions avec d’autres artistes et ça m’a permis de découvrir la vie assez mouvementée de ce drôle de personnage.

 

Marée nocturne – Curtis Harrington (1961)

Je l’avais déjà vu il y a quelques années au Festival Lumière lorsque Nicolas Winding Refn l’avait apporté et présenté (le film est d’ailleurs toujours visible légalement et gratuitement sur le site bynwr.com). Malgré un souvenir un peu flou, il m’avait fait bonne impression. En le renvoyant, c’est toujours le cas. On oscille entre le film noir et une légère touche fantastique lorsque le film lorgne du côté de l’onirisme. Le rythme est assez lent et ne plaira pas à tout le monde mais ça reste une curiosité plutôt intéressante.

 

68 kill – Trent Haaga (2017)

Réalisé par un ancien de la Troma, ce film inédit en salles en France (hors festivals) et sorti chez nous uniquement en SVoD sur la plateforme Shadowz, est vraiment une bonne surprise rythmée, drôle, gore et jouissive. Mattew Gray Gubler (le p’tit jeune d’Esprits Criminels) est vraiment excellent dans le rôle du mec beaucoup trop gentil qui va, par amour, se retrouver dans une situation imprévue. Bref, si vous accrochez à l’humour pas forcément toujours très subtil mais plutôt généreux, il y a moyen de passer un très bon moment devant le film (trop peu connu).

 

Mascara – Roberta Findlay, Henri Pachard (1983)

Le traditionnel film porno de la sélection ne m’a pas franchement emballé. Certes, c’est plutôt joli visuellement (le porno tourné en pellicule, ça a quand même un certain charme), mais le film reste assez classique et manque peut-être du petit grain de folie qu’on pouvait retrouver dans les films proposés les autres années.


 

Jour 3 :

 

Popcorn – Mark Herrier (1991)

Malgré une production un peu tourmentée (le premier réal a été remercié en cours de route et remplacé), le film reste une belle surprise assez facilement attachante. On pense évidemment à “Panic sur Florida Beach” de Joe Dante avec un aspect horrifique un peu plus mis en avant. 

L’ambiance de ce petit slasher est vraiment bonne d’autant plus que le film se passe principalement dans une salle de cinéma (ce qui lui donne des possibilités scénaristiques « méta » plutôt intéressantes). Sans forcément être révolutionnaire, ça se laisse regarder sans déplaisir.

 

Dementia – John Parker (1953)

Expérience assez déroutante mais plutôt originale.  Le film nous plonge dans la tête d’une tueuse de manière visuelle mais aussi et surtout sonore. Bien qu’il n’y ait aucun dialogue, le film est parcouru d’une musique continue (traversée par quelques rires) qui ne semble jamais vouloir s’arrêter, dont on ne peut s’échapper (le film prend alors tout son sens en salle où on ne peut pas baisser le volume). Cette musique finit par monter à la tête pour nous plonger, d’une certaine manière, dans celle du personnage. 

 

Triangle – Christopher Smith (2009)

Impossible de parler du film en lui-même sans dévoiler ce qui fait une grosse partie du charme de ce dernier. Je vais donc rester très vague (essayez d’en savoir le moins possible et évitez d’ailleurs de regarder le trailer qui spoile sans vergogne cet élément). 

Au-delà de sa construction ludique qui fonctionne, pour moi, à merveille, le film arrive à créer de l’émotion là où on ne l’attend pas. Malgré un budget relativement réduit (12 millions de dollars), le film impressionne par certains de ses plans qui s’expriment pleinement sur grand écran (le film est uniquement sorti en dvd/br/vod chez nous).

 

Seeding of a Ghost – Zhong Gui (1983)

Réalisé avant l’instauration des catégories (et de la fameuse catégorie III dont le film contient la plupart des caractéristiques), ce film de la Show Brothers surprend car on ne sait jamais vraiment où il va nous emmener. On commence assez directement dans du fantastique avant de déraper quasi immédiatement dans le film érotique pour ensuite partir sur les chemins du film policier avant de retourner sur du film de possession qui partira encore ailleurs par la suite.

Alors oui, il y a un aspect « kitch » qui peut parfois prêter à sourire mais l’ensemble conserve malgré tout un certain charme et convoque une culture ésotérique orientale qu’on voit assez rarement. Pour peu que l’on accroche au style particulier du film, c’est assez plaisant.

 

 

Jour 4 :

 

Burning Bouddha Man – Ujicha (2013)

Film d’animation qui utilise une technique très particulière consistant à dessiner des personnages/décors sur du papier, que l’on va découper pour ensuite les placer les uns devant les autres et créer lorsqu’ils seront filmés, une perspective cohérente.

Le résultat peut être déroutant dans le sens où le mouvement se fait rare, mais, en même temps, le trait très figé et étiré des personnages et des créatures hybrides renforce l’aspect monstrueux de ces derniers. L’histoire est quant à elle un peu nébuleuse mais nous plonge dans un univers atypique (pour ne pas dire complètement barré). Curiosité à découvrir.

 

Crumb – Terry Zwigoff (1994)

Documentaire sur le célèbre dessinateur Robert Crumb (LeTenia avait déjà fait quelques box présentant son travail). Ne connaissant pas vraiment la vie de cet artiste, j’ai personnellement appris beaucoup de choses. 

C’est peut-être un poil trop long mais c’est d’autant plus intéressant que Terry Zwigoff s’intéresse aussi à la famille de ce dernier (plus particulièrement ses frères qui vivent eux aussi avec leurs propres démons).

Une bonne entrée en matière pour découvrir le personnage parfois relativement attachant quoiqu’assez torturé.

 

Torrente – Santiago Segura (1998)

Premier film de la « soirée de la Provoc et du mauvais goût », Torrente décrit un flic complètement détestable, raciste, sexiste, imbu de lui-même, bref, la pourriture incarnée qui va être confronté, malgré lui à un sombre trafic. En résulte une comédie plutôt sympathique, qui fonctionne principalement pour ce personnage ignoble et qui, si on accroche à l’humour, se laisse regarder sans prise de tête.

 

Ichi The Killer – Takashi Miike (2001)

La soirée s’est terminée avec le film de Takashi Miike présenté dans une sublime restauration effectuée par la cinémathèque de Bologne (ce qui est très surprenant quand on sait que cette cinémathèque restaure habituellement des films du cinéma « de patrimoine », comme certains Godard ou Fellini).

Je l’avais déjà vu, mais il faut bien avouer que, sur grand écran, ça a quand même de la gueule. C’est peut-être l’un des Miike les plus gore qui expose (et explose, tranche et déglingue) une galerie de personnages tous plus ravagés les uns que les autres (mention spéciale à Kakihara qui rentre immédiatement dans la catégorie des meilleurs « méchants » de l’histoire du cinéma).

Cette surenchère de gore et de crade donne au film un aspect cartoonesque (il faut signaler que le film est adapté d’un manga) qui rend le tout extrêmement jouissif et drôle.

 

Jour 5 :

 

Compétition de courts-métrages

Je ne vais pas revenir sur tous les courts-métrages (la « box » étant déjà bien trop longue, bravo aux survivants), mais rapidement évoquer les 2 courts qui m’ont le plus marqués (même si tous avaient, à mon sens, des éléments intéressants). 

Mais avant de donner mon avis sur ces derniers, un petit mot sur le suisse Little Miss Fate (Joder von Rotz – 2020), qui a remporté le prix du public. C’est un court d’animation au pitch simpliste (ce qui n'est pas forcément un défaut), visuellement assez déjanté est plutôt rigolo, la première fois en tout cas. Je l’avais déjà vu dans un autre festival et il faut avouer que, passé la découverte de l’univers, il n’y a rien de très marquant.

Dar-Dar (Paul Urkijo Alijo – 2020), un film basque qui reprend la structure d’un conte. C’est filmé comme un film muet (noir et blanc, cartons pour les dialogues, format 1.33...) et c’est visuellement assez impressionnant. Certains pourront regretter une musique un peu trop appuyée ou un petit manque d’originalité dans l’intrigue même (le film fonctionne plus pour son univers) mais ça reste très soigné et efficace.

Enfin, le chinois Bubble (Haonan Wang – 2020), mon préféré de la sélection, s’intéresse à un couple se rendant dans un restaurant végétarien pour entreprendre un étrange rituel. C’est assez mystérieux et au final, ce qui est révélé est surprenant, original, à la fois décalé et touchant (dans le sens où l’on ressent le lien fort qui uni ces deux personnages).

Ces courts-métrages ne sont pas encore visibles (hors éventuels festivals), mais peut-être que, comme souvent, ils seront disponible en ligne d’ici quelques temps (ce qui peut être plus ou moins long, voire ne jamais arriver).

 

Cold Fish – Sion Sono (2011)

J’avais déjà vu le film il y a longtemps, mais le revoir ici m’a refoutu une baffe monumentale.

C’est peut-être l’un des films les plus nihiliste de Sono Sion.

Il reprend ici une thématique qui lui est chère, à savoir le rapport au père (qu’il traitait déjà dans Love Exposure, un film un peu plus lumineux).

Ici, la famille semble vouée à l’échec, c’est un concept complètement impossible. C’est désespéré et parfois très gore (et contrairement à "Ichi...", même si ça peut parfois prêter à sourire, on comprend que ce déchaînement de violence est le reflet d’un certain désespoir). La folie semble contaminer tous les personnages en ne leur laissant aucune échappatoire.

Forcément une œuvre à voir si vous n’êtes pas trop déprimés car ce n’est pas ce film qui illuminera votre vie.

Il n’y a pour l’heure aucun support physique en France, mais c’est trouvable sur plusieurs sites de vod.

 

Decoder – Muscha (1984)

Peut-être une des œuvres les plus difficile à appréhender parmi les films projetés (avec le Zulawski que j’évoquerai plus loin).

C’est un film de science-fiction expérimental, aussi bien au niveau sonore que visuel. Cette approche assez radicale va forcément en laisser plus d’un sur le carreau.  

A vrai dire, même si j’ai, au final, personnellement plutôt apprécié, je ne vais pas pouvoir dire grand-chose sur le film. Il y a un aspect assez hypnotique et un aspect parfois un peu cryptique dans la manière de dévoiler les éléments de l’intrigue (qui tourne autour du son, ce qui est plutôt original), et si l’on ajoute à ça la fatigue qui commençait à poindre, je dois bien avouer que j’ai cligné des yeux à plusieurs reprises. Cela dit, il me reste en tête une ambiance et des images plutôt belles. Peut-être à revoir à tête reposée même si je ne sais pas si l’effet sera similaire hors d’une salle de cinéma.

 

Dredd – Pete Travis (2012)

Je n’avais jamais vu le Judge Dredd avec Stallone, j’ai donc rattrapé la chose le matin même avant les séances du festival (parce que bon, après tout, quand on voit déjà 5 films par jours, on est plus à un film près).

Avec cette nouvelle version officiellement écrite et officieusement réalisée par Alex Garland (un très bon scénariste/réalisateur qui a notamment écrits plusieurs films de Danny Boyle mais qui a aussi réalisé, entre autres, Ex Machina, Annihilation, ou encore, l'excellente mini-série Devs), on oublie quasi complètement le second degré lourdingue du premier film pour aller vers quelque chose de beaucoup plus « sérieux » et bourrin. Ici Dredd (Karl Urban, parfait) ne retire jamais son casque (contrairement à Stallone qui ne le met quasiment jamais) et finalement, le côté « humain » passe par le personnage interprété par la très jolie Olivia Thirlby. Un choix judicieux qui permet de respecter, si j’ai bien compris, le personnage du comics d’origine.  

Niveau intrigue, rien de très surprenant (on pense évidemment au premier The Raid où la configuration est similaire), mais ça reste plutôt efficace et le spectacle est assuré (encore plus sur un grand écran). J’aurai quand même été curieux de le voir en relief car on sent que le film a été pensé et conçu pour ce type de projection. 

 

Body Trash – Philip Brophy (1993)

Petit film australien pas franchement inoubliable ou indispensable mais pas complètement irregardable non plus. C’est vrai que la comparaison est inévitable et le film fait pâle figure face à un Street Trash (pour le coup beaucoup plus coloré).

Cela dit, à 22h, après s'être enquillé 5 films dans la journée, j’ai vu ça sans déplaisir (mais sans réel plaisir non plus, n’exagérons rien).

 

 

Jour 6 :

 

Sur le Globe d’Argent – Andrzej Żuławski (1988)

Très rare (il y a un dvd français qui est disponible mais la qualité est apparemment assez médiocre), le film de science-fiction d’Andzej Zulawski est à la fois déroutant (voire, pour certains, surement repoussant) et fascinant.

Il faut savoir que c’est un film inachevé. Suite à un changement de ministre de la culture, le tournage du film a dû être interrompu car on le trouvait beaucoup trop politique. Lorsque Zulawski peut retourner en Pologne et qu’il a potentiellement la possibilité de finir le tournage (soit 20% des scènes manquantes), la plupart des décors ont étés brulés par les autorités et plusieurs acteurs sont décédés entre temps. Il décide donc de tourner des plans « documentaires » dans les rues de Varsovie et de raconter oralement le contenu des séquences manquantes par-dessus. Ces plans seront ensuite ajoutés au montage final.

D’une part, on se retrouve quand même face à un film de 2h46 qui est souvent assez bavard, très mystique/métaphysique dans ses propos (beaucoup de monologues assez ardus) et qui risque d’éjecter assez rapidement de nombreux spectateurs…

Et pourtant, cette œuvre hybride et inachevée est, d’autre part, complètement fascinante. Visuellement, le film est assez fou, que ce soit au niveau des décors, des costumes, de l’univers présenté (assez chaotique on ne va pas se mentir), de la relative ampleur de certaines séquences ou encore de la caméra souvent virevoltante. 

Encore une fois, il s’agit peut-être là d’un film qu’il me faudra revoir à tête reposée. Quoiqu’il ne sera peut-être pas évident de le voir hors d’une salle sans se laisser tenter par la distraction.

 

Hyper Tension 2 – Mark Neveldine, Brian Taylor (2009)

Après avoir fait fondre ses synapses et neurones en essayant de comprendre le Zulawski, c’est parti pour oblitérer ce qu’il reste avec le turbo-débile film du duo Neveldine/Taylor. Il est d’ailleurs ici vivement conseillé de déposer son cerveau avant d’entrer dans la salle.

Alors pour ceux qui ne connaissent pas, on va le dire tout de suite, ce n’est pas un grand film. Mais, si on ne réfléchit pas trop et que l’on n’est pas réfractaire à l’humour assez bas de plafond (pour ne pas dire un peu beauf), il y a moyen de se laisser embarquer dans cette course poursuite souvent électrifiée. Compte tenu des conditions de tournage, le film passe visuellement plutôt bien sur grand écran.

 

Fondu au Noir – Vernon Zimmerman (1980)

Plutôt intéressant dans l’idée, Fondu au noir joue avec plusieurs références cinématographiques. La réalité du personnage se confond petit à petit avec ses fantasmes issus des films dont il est fan.

Si certaines références sont amenées de manière plutôt subtile, je trouve que le concept n’est peut-être pas assez poussé et qu’on aurait pu aller encore beaucoup plus loin dans la folie qui s’empare du personnage et qui l’éloigne de sa réalité. Malgré tout, cela reste une curiosité plutôt intéressante.

 

Mind Game – Masaaki Yuasa (2004)

Une de mes seules déceptions est peut-être de ne pas avoir découvert ce film en salle… Alors oui, il n’est jamais sorti au cinéma en France et j’aurai probablement dû attendre cette édition du festival avant de pouvoir le voir. Mais bordel ! Découvrir pour la première fois une telle générosité visuelle sur le grand écran de la salle 1 du Comoedia, ça doit être le pied…

Bon alors oui, faut bien évidemment adhérer à la direction artistique (j’ai un ami pour qui ça a été rédhibitoire). Mais pour peu que l’on ne soit pas réfractaire, c’est du plaisir par palettes de douze à la chaîne. Les styles se côtoient et se mélangent (2d/3d/photo intégrées/mélange des différentes techniques) et le film part parfois dans des séquences purement psychédéliques (il y a, entre autres, une magnifique scène de sexe, fluide et colorée).

Il y a un côté un peu absurde dans le récit, mais les grandes lignes de ce dernier sont, dans l’ensemble, plutôt limpides, (même si plusieurs visionnages seront peut-être nécessaires pour percevoir les petites subtilités du film) et même si l’intrigue se passe principalement dans un lieu plus ou moins unique, on a vraiment l’impression d’avoir voyagé au bout des 1h45 du film. Ajoutons à ça des personnages plutôt drôles et attachants. Bref, c’est du pur bonheur coloré.

La bonne nouvelle, c’est que c’est dispo en bluray chez nous avec des sous-titres français.

 

La Puissance du Feu – Jamil Dehlavi (1987)

Une de mes attentes du festival et je n’ai pas été déçu.

Si le scénario est dans l’absolu plutôt simple c’est surtout pour son ambiance et ses décors que le film vaut le détour.

Ce dernier est en effet tourné principalement dans les Cappadoce, une région turque à la géologie assez remarquable et qui comporte de nombreuses habitations troglodytes.

Ces décors naturels sont parfois si saisissants de beauté qu’ils se suffisent à eux même pour créer une ambiance onirique légèrement irréelle (le site a été d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO quelques années après le tournage du film). Djinns et ermite mystique viennent compléter le tableau pour créer une œuvre assez étrange, musicale, peut-être imparfaite, mais suffisamment singulière pour susciter l’admiration.

 

 

Jour 7 (courage, c'est le dernier) :

 

Le Carnaval des âmes – Harold “Herk” Harvey (1963)

Le film a un rythme assez lent qui ne plaira pas à tous mais possède malgré tout une ambiance intéressante renforcée par l’utilisation de l’orgue (aussi bien dans l’intrigue que comme musique de fosse) et dont les accords plutôt aigus participent à créer une atmosphère étrange et un peu irréelle.

Ce film m’a aussi permis de découvrir l’existence du parc Saltair qui est un des lieux-clés du film. C’est un ancien parc de loisirs situé dans l’Utah construit principalement sur pilotis avec plusieurs dômes impressionnants. Mais, depuis le tournage du film, il a malheureusement été détruit par deux fois et a dû être reconstruit sous des formes moins extravagantes, ce qui lui a fait perdre un peu de sa splendeur. C’est d’ailleurs ce parc qui a donné l’idée du film à Harold Harvey.

Sans rien révéler de l’intrigue, on peut dire que, par certains aspects, le film a sûrement été une source d’inspiration pour Georges Romero sur La Nuit des Morts-Vivants. Une découverte sympathique.

 

Vij - Konstantin Ershov, Georgiy Kropachyov (1967)

Un autre film que j’’attendais avec curiosité et impatience. Là encore, j’ai été conquis.

Cela dit, je peux comprendre que le rythme assez particulier du film déroute.

Adapté d’une nouvelle de Nicolas Gogol, le film possède des caractéristiques qui renvoient au conte, en particulier dans sa structure (la partie principale de l’intrigue se déroule sur 3 jours/3 nuits) qui possède une certaine répétitivité.

Si les séquences de jour présentent une galerie de personnages parfois atypiques et assez drôles, les parties nocturnes sont quant à elles l’occasion de laisser la dimension fantastique et surréaliste s’exprimer. Et c’est là que se situe une grande partie de l’intérêt du film.

Les décors, certes peu nombreux, sont parfois magnifiques (on pense particulièrement à l’intérieur de la chapelle, qui se trouve au cœur du film). Idem pour les costumes, les monstres et les effets spéciaux biens trouvés qui apportent beaucoup à l’ambiance globale et font le charme du film. Une très belle découverte.

 

Shin Godzilla (Godzilla Resurgence) – Hideaki Anno, Shinji Higuchi (2016)

Dernier film projeté en clôture de cette édition, Shin Godzilla est encore inédit chez nous (mais ça pourrait potentiellement sortir en bluray chez Spectrum Films d’après les bruits de couloir). Le film est d’autant plus difficile à programmer en salle en festival qu’il est produit par la Toho, l’un des plus gros studios de production japonais, ce qui fait qu’il peut être parfois un peu difficile de négocier avec eux pour projeter un de leur film. Après plusieurs tentatives, les négociations ont fini par aboutir et l’équipe du festival a pu obtenir une copie du film. 

Je n’avais encore jamais vu le film (qui est un reboot) et, même si je savais quand même à quoi m’attendre sur certains points, cela restait dans l’ensemble une découverte. Au final, le résultat est vraiment déconcertant.

En effet, les réalisateurs ont choisi d’adopter une approche radicale sur plein d’aspects.

Il faut savoir que la majorité du film va se passer dans des bureaux ministériels et l’action va principalement se résumer à des joutes verbales entre les différents acteurs politiques. C’est très dense (d’autant plus que les noms et les fonctions de quasiment chaque personnage sont précisés textuellement à l’écran ce qui fait deux fois plus de sous titres à lire), mais ça a le mérite de montrer la complexité (la sur-complexité ?) des instances gouvernementales qui peut parfois rendre difficile la circulation de l’information, d’autant plus en période de crise. L’information doit généralement passer par plusieurs intermédiaires avant d’atteindre le destinataire initial. Et c’est d’autant plus problématique quand ce groupe de personne restreint est « responsable » de la vie de millions de personnes.

On est quand même dans un film Godzilla, donc pas d’inquiétude, on voit parfois le gros lézard atomique.

Mais, là encore, le design de la bête (forcément assez éloigné des versions américaines que l’on a pu voir dernièrement) divise et continuera de diviser.

Même si le film utilise, en partie, des techniques modernes, on sent qu’il y a une volonté de rendre hommage au Godzilla originel. La p’tite bête est donc assez rigide mais conserve quand même une certaine classe. Pour le reste, il faut être conscient que le film a eu un budget d’environ 15 millions de dollars, ce qui est confortable pour un Godzilla japonais mais qui reste environ 10 fois inférieur à ses homologues américains. Il ne faut donc pas s’attendre à des effets ultra léchés et précis. Cependant, les quelques séquences de destruction (massive) restent dans l’ensemble très correctes et crédibles et arrivent même, notamment lors d'une séquence de nuit, à créer des moments assez beaux.  

Au final, j’ai beaucoup aimé et même si certains choix artistiques seront à l’opposé des attentes de certains, il y a quelque chose de rafraichissant dans cette « nouvelle » (le film date de 2016 mine de rien) version du film de Kaijū. Je suis impatient de commencer à découvrir les autres épisodes japonais de la saga.

 

Voilà concernant les films vus au festival pendant cette semaine. 

On peut aussi signaler l’exposition de quelques œuvres étranges et colorées (ou pas) de l’illustrateur et sérigraphe lyonnais Brulex dans l’espace rencontre du cinéma (https://brulex.fr/)

 

 

Comme chaque année, depuis environ 11 ans, je finis le festival un peu épuisé, des images plein les yeux, des sons et musiques débordant des oreilles et surtout plein d’histoires, d’univers et d’aventures en tête.

Parmi les films que j’ai découverts cette année (et que je n’avais donc jamais vus avant), pas de gros coups de cœur, mais aucune réelle déception (même si certains films m’ont évidemment plus marqués que d’autres). Ce fut, encore une fois, une année pleine de découvertes.

 

Pour parler du festival de manière plus générale, c’est toujours aussi plaisant après tant d’années.

On sent qu’on a affaire à une équipe de passionnés (bénévoles qui plus est) qui sont heureux de partager sur grand écran des films qui leur plaisent.

Le tout se déroule dans une ambiance conviviale, accessible et détendue (tout en gardant un certain sérieux). On ne retrouve pas vraiment cette ambiance sur d’autres festivals plus « importants » où, même s’il y a une certaine passion et une volonté de partage, on a l’impression de se retrouver face à une « grosse machine » qui nous dépasse un peu. 

La programmation reste très variée avec des films plus ou moins exigeants, mais, même si on a affaire à du cinéma « autre » (du cinéma de genre, du cinéma bis), le tout est préparé et présenté de manière très soignée.

Il suffit de voir les présentations d’Éric Peretti avant la plupart des films des rétrospectives pour se rendre compte du travail fourni. On sent qu’il est allé chercher toutes les informations nécessaires pour parler du réalisateur, de la genèse du film, de sa production, de sa réception et sa distribution, de sa redécouverte des années plus tard voire même des éventuelles anecdotes qui entourent le film.

Le festival a lieu dans un des meilleurs cinémas de Lyon (bon ok, je ne suis pas du tout objectif, le Comoedia étant un peu ma résidence secondaire, en quelque sorte), ce qui fait que je me sens vraiment « chez moi ».

 

Petit aparté : pour la petite histoire, quand, il y a un an ou deux, le cofondateur et directeur du festival est venu me voir et m’a demandé de but en blanc quelque chose qui ressemblait à « Vine, c’est toi sur Choualbox ? », mon sang s’est figé.

Ais-je bien entendu ? Non, impossible !

Il continue : « Oui, on s’est rendu compte que quelqu’un postait des articles sur les Hallus sur un site appelé Choualbox depuis des années et on n’a jamais su qui c’était… jusqu’à aujourd’hui ».

Merde, merde, merde, merde ! Démasqué ! Foutu référencement Google !

A ce moment-là, mon cerveau repense à toutes les box sexy, porn, à l’humour plus ou moins douteux, ou aux boxs d’Ixef, que j’ai pu croiser et upvoter sur le site et je me sens un peu mal.

Puis, je me souviens que c’est aux Hallus que j’ai découvert “Vase de Noces“, un film très joyeux parlant de cochon, de relations inter-espèces et de caca. Du coup, je me dis qu’ils peuvent peut-être comprendre. 

Heureusement, mes box sont relativement mainstream. L’honneur est donc, contrairement à l’anonymat, à peu près sauf.

(Du coup, Cyril, “the one who knows“, si, par hasard, tu lis ces lignes… bah big up comme on dit !)

 

Comme d’habitude, je ressens cette petite déprime post festival. C’est ce moment où, après avoir passé une semaine hors du temps, tu reviens à la réalité et tu te dis qu’il va falloir reprendre un rythme de vie un peu plus normal, que les salles de cinéma paraîtront un peu vides et un peu moins vivantes et magiques et que tu ne retrouveras cette ambiance si particulière qu’au prochain festival… 

Cela dit, deux bonnes nouvelles : si on n’est pas reconfinés d’ici là, la prochaine édition devrait avoir lieu la prochaine semaine de Pâques 2022, soit dans moins d’un an et, cette année, l’équipe derrière les Hallus, lance le Mutoscope, un festival consacré aux courts métrages « dans l’esprit des Hallus » qui aura lieu en novembre prochain (les 12-13-14 plus précisément). Il n’y aura donc pas trop longtemps à attendre. 

 

Voilà. Bravo à celles et ceux qui sont arrivés jusque-là. Merci de m'avoir lu. En espérant que le tout ne fut pas trop indigeste et que ça vous a donné envie de découvrir des films. 

 

C’était Vine pour Choualbox, à vous les studios !

 

TL;DR : Comme chaque année depuis plus de 10 ans, j’ai passé une semaine de folie enfermé dans une salle de cinéma à voir des films étranges. J’ai qu’une seule hâte : recommencer.

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