Elle donne son corps au SDF

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Elle donne son corps au SDF


Après avoir vécu à la rue, Pauline aide les SDF




Pendant deux ans, Pauline Guillon a connu l'errance et la mendicité. Aujourd'hui, elle vit à Rennes dans un appartement. En recherche d'emploi, malgré un lourd passé, elle tente de construire une vie qu'elle sait fragile. À 22 ans, tournée vers les autres, elle n'oublie pas les SDF.



« Quand j'avais 17 ans, mon beau-père m'a mise à la porte. Ma mère a accepté. Il ramenait de l'argent, moi, j'étudiais. Le calcul était vite vu. » Pauline résume la raison de son début d'errance jusqu'à vivre dans la rue, son regard droit devant. Elle soupire un sourire qui annonce une force de caractère mise à l'épreuve, non sans souffrance. Dans son appartement à Rennes, assise sur son nouveau canapé, elle parle avec assurance. On a du mal à croire qu'elle ait connu la rue. C'est tout l'effet de la dignité à laquelle elle s'est accrochée. « Ma vie s'est arrêtée à 10 ans » Originaire d'Argenteuil (Val-d'Oise), Pauline, 22 ans, déclare avoir abandonné l'enfance à 10 ans. Sa mère partie à la maternité, Pauline doit s'occuper de la vie quotidienne de la famille. Son beau-père est « incapable de boire un café si on ne le lui apporte pas au canapé, soigneusement touillé ». Alcoolique, il travaille la nuit et passe les journées dans les bars. Pauline raconte, les yeux dans les yeux, sans chercher de réaction en face. Elle fait les lessives, les courses, remplit les papiers administratifs. Quand sa mère revient, avec une petite fille dans les bras, elle n'apprécie pas que Pauline ait repris en main la maison. Elle devient jalouse, la met à l'écart. Son beau-père l'écarte aussi, puisque dit-elle comme une évidence : « Il avait maintenant sa propre fille ». Pauline avoue alors qu'elle devient elle-même « jalouse » de la petite.


Pauline a milité au PS tout en étant à la rue.


A 14 ans, elle cherche des échappatoires. Ce sera la politique. Pauline l'affirme : « Personne ne réussit seul. Il faut toujours du monde pour faire des choses. » À l'école, elle assiste à une présentation pour participer au Conseil municipal jeune d'Argenteuil, ville UMP. Sa famille aussi vote à droite. Pauline, elle, s'investit dans l'opposition PS. Elle participe au tractage, à la pose des affiches, aux manifestations. Elle entame un BEP Sanitaire et Social. Ses altercations avec ses parents s'amplifient, renforcées par le traumatisme d'un viol qu'elle a subi. Mais ça, on n'en parle pas, la mère se tait, son beau-père ne le sait pas. « Dans la rue, une fille a une semaine pour décider de s'en sortir » À 17 ans, après la rupture avec ses parents, elle connaît des nuits à la dérive, dans un quartier peu sûr de banlieue parisienne. Dormir ? Pauline secoue la tête, catégorique : « Je n'ai jamais dormi dans la rue. C'était toujours des nuits blanches ». Face aux agressions, aux propositions d'hébergement douteuses, elle apprend à se battre : « Dans la rue, une fille a une semaine pour décider de s'en sortir. » Une fois, elle rencontre sa mère qui remarque qu'elle a maigri. Pauline rétorque que ça fait trois semaines qu'elle ne mange plus. La mère répond qu'elle n'a rien à lui donner, avant de s'engouffrer dans un supermarché.


« J'attendais que la mairie ouvre pour aller aux toilettes »


La mairie d'Argenteuil passe à gauche. Pauline est hyper-active au sein du conseil, jonglant entre les cours, la vie à la rue, le conseil et la vie de militante. Elle se cherche des figures paternelles. Ne leur cache rien de sa situation. Compte sur leur soutien : « J'attendais que la mairie ouvre pour aller aux toilettes. Parfois, on m'offrait un paquet de gâteaux. » Elle se refuse d'aller aux Restos du Coeur : « Je pensais qu'il y avait pire que moi. » Elle boit et fume des joints, ne prendra jamais de drogues dures. Elle dort parfois dans les voitures des collègues de son beau-père. Mais en secret : « Personne ne voulait avoir d'ennuis. J'étais mineure, mes amis l'étaient aussi et leurs parents refusaient de s'en mêler. Ma mère avait le procès facile à ce moment-là ». Forte de ses relations avec la mairie, Pauline se voit « aidée » pour avoir son propre logement. Un logement insalubre, bon pour la démolition, sans électricité ni eau chaude mais gratuit. Elle en parle avec amertume : « Ils m'avaient dit que je pouvais y rester jusqu'à ce qu'ils le démolissent. Deux mois après, j'ai dû partir mais ils m'ont demandé de payer un loyer ! Alors majeure, j'ai commencé à avoir un dossier de surendettement. »


De se battre, son cœur s'est arrêté. Argenteuil n'est pour elle que lutte vaine, déception et abandon. Elle décide de partir. L'ami d'une amie habite Bonneville. Elle prend en fraude le train pour la Haute-Savoie. Elle y dort dans un coffre de voiture. L'ami de l'amie habitant chez ses parents, il n'y avait pas de place pour elle. Pauline décide d'aller dans un foyer. Elle y rencontre un jeune Rennais errant, Mathieu. Sa béquille est une bouteille d'alcool vide, mais ils se soutiennent. Ils se trouvent un squat « avec matelas et salle de bains, tout ! Enfin, quasiment ». Ils mènent alors une vie « sans limites », sourit Pauline. Elle fait la manche aux endimanchés. Ils se sentent invincibles, libres. Mais, leur squat est repéré par des « toxicos qui sortent de l’hôpital psychiatrique ». Ils se battent, s'enfuient. Ils décident de se remettre sur les rails, vers Rennes, là où la famille de Mathieu va peut-être les aider.


Elle entoure d'affection son chien Lamy, recueilli après la fermeture pour maltraitance d'un refuge de Brest.


Février 2010, ils arrivent dans le foyer de réinsertion Adsao. Ils ont 19 ans. Ils emménagent dans un appartement décent, portés par Pauline qui cumule jobs, petites économies et rigueur administrative. Elle travaille à l'école Notre-Dame avec des enfants handicapés pour honorer la mémoire d'un agent social sympa. Cherche un emploi. Sur l'étagère du salon, des livres se serrent : Abandonnée , J'ai 20 ans et je couche dehors ou encore Plus fort que la haine, une enfance meurtrie, de l'horreur au pardon . Elle entoure d'affection leur chien Lamy. Elle chapeaute Mathieu qui a arrêté de boire depuis 4 mois. Malgré ses faibles moyens financiers, elle aide ses parents. Un colis gonflé de cadeaux faits-main par Pauline va être envoyé à Argenteuil. Bien que son beau-père ne lui parle toujours pas. Pauline et Mathieu passent Noël tous les deux.


La rue, c'est fini... Ou presque. Dans sa tête, elle est toujours là. Présente, au quotidien. Pauline se déclare incapable d'exprimer ses sentiments. Elle penche la tête : « C'est peut-être parce que j'ai tellement anesthésié mes émotions que c'est ailleurs que ça s'exprime... » Son corps est électrisé de tensions exarcerbées par le stress. Elle et Mathieu bénéficient d'une aide pour personnes handicapées. Une maladie qui l'épuise, qui l'angoisse. Le début des crises ? Il y a deux ans, elle apprend que son père est pédophile. Sous le choc, elle développe une névralgie. Elle aurait été agressée par lui quand elle avait 3 ans. Elle ne s'en souvient pas. Si Pauline garde la rue en elle, elle la regarde aussi. Pauline « sait ce que c'est ». Elle donne de l'argent aux SDF de son quartier, à manger aussi. Se moque d'un des gars pieds nus, qui a troqué ses chaussures contre un paquet de cigarettes. Lui en trouvera, à sa taille, près d'une poubelle. Toutes les semaines, le jeune couple joue à la loterie. Un soir, Mathieu et Pauline se mettent à rêver s'ils gagnent le gros lot. Dans la liste, arrive très vite le rêve d'aider les SDF. Car eux savent précisément de quoi ils ont besoin. D'un repas chaud à Noël. D'une présence des associations l'été. D'une réinsertion efficace… Ils se regardent : « On pourrait commencer dès maintenant ! ».


La créativité de Pauline s'exprime aussi par la peinture et la customisation de boîtes.


L'idée est de faire un repas de Noël, pour commencer. Le lendemain, Pauline décroche son téléphone pour trouver une salle « avec un terrain pour les chiens ». Elle bénéficie d'une bourse de 600 euros offerte par le CRIJ pour mener son projet : faire un repas « Noël pour tous » avec des produits locaux, préparer une expo photo et mettre en marche une association qui s'articule sur l'aide au quotidien dans la rue et la réinsertion « a près la réinsertion », précise Pauline. C'est à dire prendre le relais des procédures de réinsertion sociale, par exemple, des prisonniers. Ceux-ci deviennent parfois, comme l'un de ses amis, SDF. Elle cherche à faire le lien, une passerelle : elle excuse le regard fuyant des passants auprès des SDF, dénonce la confusion entre un « clochard » et un SDF. Au repas, le 18 décembre 2013, personne ne mange. Ils boivent, beaucoup. Certains d'entre eux ont pourtant pris du temps pour élaborer le menu. Pauline se l'explique par le fait que leurs corps sont trop habitués à la tension de la faim pour vouloir manger. Le couple est habitué aux déceptions, il ne leur en tient pas rigueur. Se concentre sur les bons moments. Pauline rit encore de celui qui a découvert l'appareil photo numérique. Ou encore de celui qui, au flash de l'appareil, se touche l'oreille par réflexe.



Le statut de victime, elle le donne à ses parents


Sa douceur contraste avec ses histoires d'agressivité, de violence ou de l'alcool. Le statut de victime, elle le donne à quelqu'un d'autre, à sa mère, à son beau-père. Dans ce passé encore présent, elle avance sur un chemin fait de graviers et de ravins. Aussi, elle suit la rue mais essaie de ne pas y retourner. Pourtant, « la rue, c'est la liberté » soupire-t-elle un peu nostalgique d'une jeunesse qu'elle pense avoir perdue. Mais la peur de tout perdre, d'y retourner, c'est aussi ça qui la fait tenir : « Je pense que ça me restera toute la vie ». Aujourd'hui, elle vient de passer son permis. Si elle l'a, elle n'explosera pas de joie. Elle ne s'autorise pas à lâcher prise. À 22 ans, elle se sent redevable de l'aide qu'elle a reçue. À 22 ans, elle veut un bébé parce qu'elle se sent « plus âgée que son âge ». À 22 ans, elle a peur d'elle-même, peur de reproduire ce qu'elle a vécu. À 22 ans, elle ne voit que le chemin à parcourir, sur la bonne voie mais aussi sur le fil. Violette Goarant


1. Posté par
pauline
le 26/12/2013 23:29


merci pour cette super matinée et ce superbe article. pauline mathieu et lamy^^


2. Posté par
Ophélie
le 27/12/2013 11:48


Très beau témoignage. J'espère que vos projets vont aboutir car, faisant les maraudes, je vois à quel point les personnes à la rue ont besoin de notre soutien.


3. Posté par
Tonton Mahmoud
le 27/12/2013 15:15




Dans la marmite du Bar'Zouges
- 30/09/2019





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Cet article est cité par

Benoist, Yann. (2020) « À la douche ! ». Anthropologie et Sociétés , 43. DOI: 10.7202/1067026ar
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