Dieu qu'elle est charnue
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Dieu qu'elle est charnue
La marguerite
Pendant quâon chante Ă la surface
â Allez-y, cĂ©lĂšbres chansons,
Allez-y, tambours, contrebasses â
Dâautres ronronnent dans le fond.
Nous buvons de hautes lumiĂšres
Mais la soyeuse obscurité
Est plus cĂąline Ă leur paupiĂšre
Que le brillant de nos cités.
Bien chatouillés de vermisseaux,
Beurrés de terreaux et de glaises,
Ils sentent dormir sur leurs os,
Dormir et s'Ă©veiller la fraise.
Nous chanterons encore un temps
-Allez-y. tambours, contrebasses,
Nous leur danserons sur la face,
La marguerite entre les dents.
Au petit bonheur
Rien qu'un petit bonheur, Suzette,
Un petit bonheur qui se tait.
Le bleu du ciel est de la fĂȘte;
Rien qu'un petit bonheur secret.
Il monte ! C'est une alouette
Et puis voilĂ qu'il disparaĂźt;
Le bleu du ciel est de la fĂȘte.
Il chante, il monte, il disparaĂźt.
Mais si tu l'Ă©coutes, Suzette,
Si dans tes paumes tu le prends
Comme un oiseau tombĂ© des crĂȘtes,
Petit bonheur deviendra grand.
FIN DU MONDE
Ce qui enveloppa le monde pour finir, ce fut un grand
ricanement. Ricanement d'une résonnance profonde. On
sentait que ça venait de loin et que ça irait partout. Mais
savoir qui ricanait : le créateur, le destructeur ? Absolument
impossible à dire. En tout cas, ce fut déprimant pour ceux
qui attendaient la juste trompette des anges.
(Oignons, inédits)
Sucre candide
Maman, l'hiver,
m'en donnait un petit morceau
pour la gorge,
quand je partais Ă l'Ă©cole.
L'instituteur m'apprit un jour,
qu'on ne dit pas le sucre candide,
mais le sucre candi.
Quelle déception !
Le lendemain, je doutais du PÚre Noël
et un peu plus tard,
je rĂ©flĂ©chis Ă lâexistence de Dieu.
Câest une chaise qui a crĂ©Ă© le monde : au commencement, il nây avait que des chaises. Elles sâennuyaient. Faisons-nous un homme, dit une chaise, un homme qui posera son sĂ©ant sur notre siĂšge, qui sâappuiera contre notre dossier, qui nous changera de place, qui nous polira, nous cirera, nous caressera. Cette chaise-lĂ pensa lâhomme si fortement que lâhomme fut. Et lâhomme, enfant de la chaise, vit de plus en plus assis.
Un chat brûlé qui peigne son pelage,
Un noir chaudron parlant de pucelage,
Un oeuf tordu qui fut merle au printemps,
Une grenouille Ă rĂȘver dans l'Ă©tang.
Un vent manchot retour de Palestine
Et qui tond l'herbe avec sa crinoline,
Puis une truite Ă moustache allaitant
Une grenouille Ă rĂȘver dans l'Ă©tang.
Un oeil qui traite la montagne de Lure,
Une noix creuse et de bonne figure,
Lavant liquette aux prés et qui l'étend
Sur la grenouille Ă rĂȘver dans l'Ă©tang.
Un boudin fou, bailli de son village,
Comptant les sous que lui devait l'orage,
VoilĂ qu'a vu que voit, que vit rĂȘvant
Une grenouille Ă rĂȘver dans l'Ă©tang.
LA MER
Il est difficile de peindre la mer, mais il est simple de peindre des vagues. Toutes les couleurs conviennent, elles sont toujours justes, car il existe des vagues de toutes les couleurs. VoilĂ pourquoi l'artiste dessine beaucoup de vagues, puis il Ă©tend des jaunes, des bleus, des verts, des gris, des bruns mĂȘme. Enfin, il peint le sentiment. C'est le plus important pour la mer.
Mon Ăąme et moi, nous nous voyons trĂšs peu:
Elle a sa vie et ne m'en parle guĂšre.
Je connais mal ses loisirs oublieux,
Moi, je n'ai pas le temps; j'ai mes affaires.
********************* UNE CHANSON ***************
Une chanson bonne Ă mĂącher
Dure Ă la dent et douce au cĆur .
Ma sĆur , il ne faut pas te fĂącher .
Ma sĆur .
Une chanson bonne Ă mĂącher ,
Quand il fait noir , quand il fait peur.
Comme Ă la lĂšvre du vacher .
La fleur .
Une chanson bonne Ă mĂącher
Qui aurait le goût du bonheur .
Mon enfance , et de tes ruchers
L'odeur .
LES OIGNONS
LA BREBIS GALEUSE
Justement la plus belle brebis devint galeuse. Comme c'Ă©tait la plus belle, on aima bien cette gale et d'autres brebis voulurent devenir galeuses. Une seule brebis demeura sans gale. Eh bien on lui tint rigueur, on la mit Ă l'Ă©cart. Et on la nomma la brebis galeuse.
p.125
LES QUATRE VĂRITĂS
Dâenfance
DâENFANCE
Dieu, quâelle Ă©tait belle
Nue Ă la chandelle,
Ma sĆur !
Elle attendait son
Aimable garçon-
Brasseur.
Dieu, quâelle Ă©tait nue,
Rosement charnue,
AdĂšle,
Au moment hélas
Quâelle soufflait la
Chandelle.
TĂ©nĂšbres bien faites
Pour ces longues fĂȘtes
Et pour
Ces luttes, ces rages,
Ces fleuves, ces nages,
Dâamour !
Je nâai su jamais
Comment ils sâaimaient,
Ă drames !
La vie et la mort
Faisaient un seul corps
En flammes.
Jamais plus au monde
Je nâĂ©coute rien,
Rien comme
Ces cris de ma blonde
SĆur et du vaurien,
Son homme.
DerriĂšre la porte,
Le ciel commençait,
Torride !
Mon Ăąme, sois forte,
Tout, sauf lâamour, câest
Le vide.
p.146-147
Autre vague
Cette vague mourut
Comme toutes les vagues.
Nulle odeur de lilas
Ne courut sur la mer,
Nul adieu ne lui vint
D'une Ăźle ou d'un nuage.
Elle mourut gaiement
Et d'un coup l'Ă©ventail
Et d'un grand saut d'oiselles.
Mais je verrai toujours
Ses bras, ses jeunes bras,
Ses bras désespérés
Qui hurlaient vers le ciel.
LA MER
Il est difficile de peindre la mer, mais il est simple de peindre des vagues. Toutes les couleurs conviennent, elles sont toujours justes, car il existe des vagues de toutes les couleurs. VoilĂ pourquoi l'artiste dessine beaucoup de vagues, puis il Ă©tend des jaunes, des bleus, des verts, des gris, des bruns mĂȘmes. Enfin, il peint le sentiment. C'est le plus important pour la mer.
LE CIEL
Jamais vu le ciel, cet enfant Ă©levĂ© au fond de la mine. Pas de saisons, pas de soleil. La beautĂ© du charbon et la beautĂ© des lampes, la beautĂ© des visages, oui. Mais le ciel ; jamais vu, jamais vu. Les arbres, les oiseaux, n'en parlons mĂȘme pas. Et toi, tu as vu le ciel, toi ?
ZĂ©phyr
Le joli petit vent du matin
Qui glousse avec sa voix de satin
A flùné toute la nuit dehors
En frĂŽlant les vivants et les morts.
Il a bu d'enivrants clairs-de-lune
Et joué dans le sable des dunes,
Ecouté le récit d'un ruisseau,
Chatouillé quelque sein jouvenceau,
Regardé par les trous de serrure
Les amours aux profondes morsures,
Respiré les désirs, les détresses,
Sinué dans les lentes caresses,
Butiné le miel bleu de la nuit...
Sur la pointe des pieds s'est enfui,
PrĂ©fĂ©rant les fenĂȘtres ouvertes
OĂč la grappe du rĂȘve est offerte.
Il a mĂȘme lĂ©chĂ© le long glaive
Qui parfois sort sanglant de ce rĂȘve
Mais au matin, ce folĂątre vent,
Avec son petit air innocent,
Avec son joli nez de fillette,
Ne parlera pas de ses cueillettes.
Il a l'air d'avoir tout oublié
Au sommet de son haut peuplier
Et pareil au chat repu d'oiseaux,
Il viendra nous aimer du museau,
"Pour toujours" dira ce jeune vent
Qui ne va plus durer qu'un instant.
DU TEMPS
Dans l'eau du temps qui coule Ă petit bruit,
Dans l'air du temps qui souffle Ă petit vent,
Dans l'eau du temps qui parle Ă petits mots
Et sourdement touche l'herbe et le sable ;
Dans l'eau du temps qui traverse les marbres,
Usant au front le rĂȘve des statues,
Dans l'eau du temps qui muse au lourd jardin,
Le vent du temps qui fuse au lourd feuillage
Dans l'air du temps qui ruse aux quatre vents,
Et qui jamais ne pose son envol,
Dans l'air du temps qui pousse un hurlement
Puis va baiser les flores de la vague,
Dans l'eau du temps qui retourne Ă la mer,
Dans l'air du temps qui n'a point de maison,
Dans l'eau, dans l'air, dans la changeante humeur
Du temps, du temps sans heure et sans visage,
J'aurai vécu à profonde saveur,
Cherchant un peu de terre sous mes pieds,
J'aurai vécu à profondes gorgées,
Buvant le temps, buvant tout l'air du temps
Et tout le vin qui coule dans le temps.
(extrait de "Cris...") - p.189
Je ne sais quel dragon ailé
Venait de passer dans la chambre,
Mais on vit soudain se fĂȘler
Un oeil de la sculpture d'ambre.
Et dans le cahier de solfĂšge,
Parurent deux grains de raisin.
Il tomba mĂȘme un peu de neige
Sur les touches du clavecin.
On entendit tinter un la
Triste et lent
Avec la
Douceur d'un flocon blanc.
(UN LA)
Ăloignez-vous, je veille et pense Ă vos noces prochaines. Vos yeux verront encore des vignobles dorĂ©s Ă©mergeant du matin et des villes blanchies Ă la chaux,
Et vos sommeils seront peuplĂ©s de grands portiques suspendus oĂč rayonne la promesse de Dieu.
Mais mon espoir nâest point parmi vos races. Je veux dans ces forĂȘts cacher mon dĂ©nuement qui vous serait un sujet de faiblesse.
Et je demeure aux Ă©coutes.
D'ENFANCE
Dieu, qu'elle Ă©tait belle
Nue Ă la chandelle,
Ma sĆur !
Elle attendait son
Aimable garçon-
Brasseur
Dieu, qu'elle Ă©tait nue,
Rosement charnue,
AdĂšle,
Au moment hélas
Qu'elle soufflait la
Chandelle.
TĂ©nĂšbres bien faites
Pour ces longues fĂȘtes
Et pour
Ces luttes, ces rages,
Ces fleuves, ces nages,
D'amour !
Je n'ai su jamais
Comment ils s'aimaient,
O drames !
La vie et la mort
Faisaient un seul corps
En flammes.
Jamais plus au monde
Je n'Ă©coute rien,
Rien comme
Ces cris de ma blonde
SĆur et du vaurien,
Son homme.
DerriĂšre la porte,
Le ciel commençait,
Torride !
Mon Ăąme, sois forte,
Tout, sauf l'amour, c'est
Le vide.
Un arbre vaincu par la cognée,
Mordu par la scie et le rabot.
L'arbre avait encore assez de sĂšve,
De moelle, de pulpe et de mémoire
Pour sentir gonfler ce noir printemps.
Ah ! plus de racine et plus de branche,
Ni bourgeon futur dans les entrailles,
Mais l'arbre, enfoncĂ© sans pied ni tĂȘte,
Debout dans le ciel et bras ouvert,
L'arbre avait encore assez de fibre
Pour senti ces clous qu'on lui plantait,
Pour sentir brûler cette sueur,
Pour sentir saigner cette agonie,
O saigner comme un fleuve infini,
L'arbre avait encore assez de cĆur
Et l'arbre sentit mourir JĂ©sus.
Non ! Ce n'est pas vrai, ce n'es pas vrai,
On dit ça pour faire poétique,
Mais l'arbre n'eut pas un tremblement.
Heureux de dormir dans son néant,
Le sang, l'agonie, il s'en fichait.
Il régnait un calme universel
Et JĂ©sus mourut sur du bois mort.
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Frédéric JOIGNOT ( journal Le Monde, revues Ravages )
NEWS NEWS NEWS. RAPPORT DâĂTONNEMENT. Chanceux visiteurs qui dĂ©couvraient ce 25 novembre, sous un soleil dâhiver, les nouvelles demeures tout juste dĂ©blayĂ©es de riches romains qui habitaient PompĂ©i avant lâĂ©ruption du VĂ©suve. Certaines abritent plusieurs fresques Ă©rotiques exceptionnelles conservĂ©es par la lave, dont une LĂ©da accueillant un cygne amoureux et un Priape Ă©quipĂ© dâun phallus impressionnant⊠Visite guidĂ©e âŠ
⊠Sur une premiĂšre fresque, on admire la belle LĂ©da, la femme du roi de Sparte, nue, sculpturale, lâoeil lumineux, les joues en feu, soulevant son drap pour accueillir entre ses cuisses un grand cygne blanc au cou sinueux. ScĂšne fameuse et troublante de la mythologie⊠Car câest Zeus lui mĂȘme, toquĂ© dâelle aprĂšs lâavoir vue au bain, qui sâest transformĂ© en un grand oiseau pour la possĂ©der â on le comprendra en voyant lâirrĂ©sistible et ronde LĂ©da de LĂ©onard de Vinci (sa copie est Ă la galerie Borghese). HabituĂ© Ă sĂ©duire, parfois violer les mortelles, le dieu des dieux lâĂ©tourdĂźt dâun parfum dâambroisie et des caresses de son long cou. Quatre enfants mythiques naĂźtront de ces amours, les jumeaux Castor et Pollux, la trop belle HĂ©lĂšne de la guerre de Troie, et Clytemnestre, lâĂ©pouse du roi Agamemnon â mais lesquels Ă©taient de Zeus et lesquels de Tyndaren lâĂ©poux de LĂ©da ? Le mystĂšre nâest pas encore levĂ©âŠ
Une autres fresque Ă©rotique nous intĂ©resse placĂ©e Ă lâentrĂ©e mĂȘme dâune chambre Ă coucher, qui reprĂ©sente un Priape, le dieu dâapparence humaine nĂ© de lâunion cĂ©leste dâAphrodite et du dansant Dionysos, montrant un Ă©norme membre en Ă©rection â un phallus posĂ© sur une balance, pesant aussi lourd quâun sac de grain. Ici encore la scĂšne Ă©tait trĂšs courue dans les maisons romaines. Symbolisant virilitĂ© et fĂ©conditĂ©, un autre Priape ityphallique orne la domus des frĂšres Vettii, soupesant un engin cramoisi, gros comme son avant-bras â et pas loin, un pĂ©nis gĂ©ant sert de fontaine dans lâatrium. NommĂ© parfois « fascinum » (de « fas », favorable) les diverses reprĂ©sentations du sexe mĂąle dressĂ© ou phallus sous forme dâamulettes, mosaĂŻques, peintures, sculptures, statuettes, apportaient, assuraient les Romains, excitation et ardeur amoureuse, prospĂ©ritĂ© et chance â et conjuraient le mauvais oeilâŠÂ
Dieu grec Ă lâorigine, Priape Ă©tait peut-ĂȘtre le fils de Zeus⊠LorsquâAphrodite en accoucha, HĂ©ra, lâĂ©pouse de Zeus lui jeta un mauvais sort, si bien quâelle mit au monde cet ĂȘtre repoussant, au ventre Ă©norme et au pĂ©nis monstrueux. HorrifiĂ©e, la dĂ©esse lâabandonna, mais Priape veut la mythologie fut recueilli par Dionysos le dieu des moissons, de lâivresse et de la musique â le dieu de la Vie mĂȘme Ă©lu par Nietzsche. Son prodigieux phallus, en Ă©rection perpĂ©tuelle (dâoĂč le « priapisme » mĂ©dical) lui vient selon les Grecs du « Feu divin » du dĂ©sir, assimilĂ©Â au « feu originel », lâĂ©nergie cosmique elle-mĂȘme â dâoĂč procĂšde lâaimantation universelle du masculin et du fĂ©minin, du phallus et du cunnusâŠ
En ce sens, comme lâa dit le psychanalyste Jacques Lacan, le phallus nâest pas simplement un pĂ©nis, lâorgane du plaisir et de fĂ©condation, mais un « attribut divin inaccessible » Ă lâhomme manifestant une vitalitĂ© plus quâhumaine â « cosmique », mystique. Il tĂ©moigne de tout ce qui dans la nature se dresse, sâĂ©rige, jaillit, fait flux, il incarne semence, rayonnement, lumiĂšre, floraison. Il est encore pour Lacan et les lacaniens un des symboles majeurs de lâinconscient, un signifiant majeur associĂ© Ă la paternitĂ©, lâĂ©nergie mĂąle, la virilitĂ© â Ă la force du dĂ©sir associĂ©e Ă la puissance agissante de lâhomme.
Pour Jacques Lacan, cette symbolique virile donne toute sa force prĂ©gnante au complexe dâOedipe (la fascination et la jalousie envers le pĂšre, le dĂ©sir dâinceste avec la mĂšre â et inversement pour les filles â qui structurerait lâinconscient de tous), mais aussi Ă la profonde « angoisse de castration » des hommes (qui sâĂ©tend au-delĂ du sexe), comme au « dĂ©sir de phallus » pour les femmes â à son « manque » fondamentalâŠÂ
Des thĂšses audacieuses aujourdâhui trĂšs critiquĂ©es⊠Eprouver le complexe dâOedipe semble en effet trĂšs liĂ© Ă lâinstitution familiale bourgeoise, patriarcale, fermĂ©e sur elle-mĂȘme, longtemps rĂ©gnante en Europe, avec son pĂšre puissant et dominateur, Ă la symbolique sociale forte â que le fils espĂšre accaparer, la fille Ă©pouser. Quant au fameux supposĂ© « manque de phallus » des femmes, qui en ferait des ĂȘtres incomplets symboliquement et par nature, des femmes par ailleurs, assurent les psychanalystes, en quĂȘte dâun « orgasme vaginal » dĂ©clenchĂ© par la seule pĂ©nĂ©tration, hĂ© bien ces thĂ©ories font sourire aujourdâhui tant elles rĂ©fĂšrent absurdement la fĂ©minitĂ© Ă la virilitĂ©, la personne Ă ses organes sexuels, et rĂ©duisent lâextraordinaire de lâaventure sexuelle, son turbulent corps Ă corps, Ă la seule saga du phallus â une vision « phallocentrĂ©e » ironisent les fĂ©ministes, pour ne pas dire misogyne.
Freud et Lacan et la psychanalyse, malgrĂ© le richesse de leur dĂ©couverte sur lâimportance vitale et psychique de la sexualitĂ© humaine, ont tout simplement niĂ© lâexistence et lâimportance et les potentialitĂ©s tant physiologiques que symbolique du clitoris, de lâorgane sexuel fĂ©minin⊠Ils ont mĂ©connu la force de la jouissance et des dĂ©sirs des femmes, ignorĂ© leur Eros particulier et singulier et exploratoire⊠(et ne passant pas seulement par la pĂ©nĂ©tration phallique), dĂ©daignĂ© une sexualitĂ© qui les effrayait et un sexe fĂ©minin capable de ressentir plusieurs orgasmes de suite â alors que lâhomme au fameux pĂ©nis valant son pesant dâor nâest quâun fusil Ă un coupâŠ
A AthĂšnes, pendant les fĂȘtes de Dionysos, un foule festive portait des phallus de plusieurs mĂštres de long, peints, couverts de fleurs, les promenant en musique dans toute la ville â il est amusant de confronter les cultes de ces Ă©normes phallus grĂ©co-romains aux dĂ©couvertes dĂ©taillĂ©es de lâhistoire naturelle sur le pĂ©nis et sa physiologie. Cela dĂ©mystifie lâidole, la rend plus humaine, plus Ă©mouvante, plus Ă©trange aussiâŠÂ
En effet, Dieu ou lâĂ©volution, comme on voudra lâappeler, a malgrĂ© tout gratifiĂ© le mĂąle Homo sapiens dâun drĂŽle de membre â il ressemble Ă un « douzil » , un tuyau sorti dâune barrique disait Rabelais. Câest aussi un outil hybride oĂč sâentremĂȘle lâurine et le foutre, la dĂ©jection et la rĂ©gĂ©nĂ©ration â la vidange et le sexuel. Comment sâexpliquer ce mĂ©lange fonctionnel inattendu â cette promiscuitĂ© dĂ©sagrĂ©able ? Pourquoi lâorgane de la virilitĂ© est-il une molle « pissoire » (Rabelais encore) doublĂ©e dâune « fouteuse » (Sade) aux dĂ©jections amĂšres ? Nous aurions pu disposer, je ne sais, dâun pistil stylisĂ©, au goĂ»t parfumĂ©, dispensant un miel rĂ©parateur comme les orchidĂ©es, et pas ce jus alcalin sorti dâun robinet Ă vinaigre⊠Ou hĂ©riter, comme le poulpe, dâune sorte de tentacule dĂ©volu au seul plaisirâŠ
De par le fait, comparer le pĂ©nis humain avec les Ă©quipements des autres animaux dĂ©sole⊠Prenez les serpents. Dans leur majoritĂ©, de la vipĂšre cornue Ă la couleuvre, ils arborent⊠deux pĂ©nis. Deux . Dont ils se servent Ă tour de rĂŽle. Magnifique deux pĂ©nis, quand lâun flanche⊠comme cela arrive aux mĂąles humains les plus vantards. Autre constatation attristante, du castor au cachalot, du chimpanzĂ© notre cousin au rhinocĂ©ros, tous les mammifĂšres sont dotĂ©s dâun « os pĂ©nien ». Un os , oui. Une dure armature, un jalon bienvenu encastrĂ© dans les chairs, facilitant une disponibilitĂ© et une pĂ©nĂ©tration de tout instant. Chez lâours brun, il est long de douze Ă quatorze centimĂštres. Chez les grands singes, câest une dure brindille. MĂȘme les chiens ont un os dedans. Le chihuahua, le mastiff, les molosses, les caniches, tous. Les fĂ©lins et les grands carnassiers aussi. Sans compter les ratons-laveurs. Toutes ces bĂȘtes en consĂ©quence ignorent la panne Ă©rotique, bandent sans histoire, assurent le service sexuel et la rĂ©gĂ©nĂ©ration. Pourquoi lâavons-nous perdu, nous les fils des dieux dit-on, la merveille de la CrĂ©ation ?Â
Bricolage, bricolage, bricolage, voilĂ le leitmotiv des biologistes pour dĂ©signer le lent travail de lâĂ©volution pour fourbir notre astic . Prenez le curieux pĂ©nis Ă balayette
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