Deux femmes ça n'est pas assez

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INTERVIEW – Odile Vuillemin : « J’ai été élevée par un père qui ne m'a pas fait me sentir différente »










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Sarah Polak
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lun. 28 février 2022


à 19h08





Odile Vuillemin incarne Colette Chevreau dans le téléfilm Deux femmes d'Isabelle Doval diffusé sur France 2, ce lundi 28 février. Inspiré d'une histoire vraie datée des années 60, la mère de famille, également une épouse aimante, est accusée à tort de meurtre par des policiers misogynes. Gala.fr a discuté de ce film avec l'actrice principale. Rencontre.
Deux femmes rappel la misogynie de la société française à une époque pas si lointaine... Ce lundi 28 février, France 2 va diffuser ce téléfilm d'Isabelle Doval avec au casting Odile Vuillemin . Basé sur un fait divers datant des années 60, Colette Chevreau est l'incarnation de la femme moderne et libre. Accusée du meurtre d'un banquier, la jalousie d'autrui et la misogynie l'a condamne sans preuves. Odile Vuillemin nous parle de la place des femmes dans la société.
Gala.fr - Pourquoi avoir accepté ce projet ?
Odile Vuillemin - Mon agent m’a présenté le scénario. Il m’a dit : “regarde, il y a un truc. Je ne sais pas.” D’habitude, mon agent a un avis très précis. Et là, il trouvait ça bien, mais en même temps, il n'était pas sûr de son coup. Je le lis, et j’adore ! Je voulais absolument le faire. Et j’aimais beaucoup le ton.
Odile Vuillemin - Au-delà de ce qui se raconte, je trouvais qu’il y avait un petit ton comédie de la vie. Par exemple, la truculence du rôle d’Aurélien Recoing ou le mec qui se prend une baffe par sa femme. En fait, il y avait des situations assez drôles, on s’éloignait du drama habituel. Et ce qui était intéressant, c’est que grâce à ce ton, on délivrait le message encore plus fort. On n'était pas dans le militantisme.
Gala.fr - Pour vous, ce film qui s'est déroulé dans les années 60 fait-il écho à la société actuelle ?
Odile Vuillemin - Ce film dit des choses de notre société d'hier comme de demain. Il dit aussi beaucoup de choses sur les femmes. Il a une résonance folle. On n'est pas en train de dire “vous êtes tous des connards. Il faut penser si ou ça.” Chaque téléspectateur se fait son examen de conscience, s’il a envie, à la fin du film.
Gala.fr - Ce film est inspiré de l’affaire Monique Case, vous êtes-vous inspiré d’elle pour incarner le personnage de Colette Chevreau ?
Odile Vuillemin - On m’a transmis un documentaire de l’INA où elle exposait la situation. Elle avait une façon de parler assez posée. Il y avait aussi une intelligence incroyable. Je me suis un peu nourrie.
Gala.fr - Qu'avez-vous pensé de son histoire ?
Odile Vuillemin - L’histoire est délirante non ? Elle est accusée d’être libre, ça n’a aucun sens. Elle est juste remarquable et ça insupporte les gens. Mais bon, la société est souvent comme ça…
Gala.fr - Pensez-vous que son histoire peut se reproduire aujourd'hui ?
Odile Vuillemin - Sur le même sujet, c'est possible. Je n’ai pas l’impression qu’on est complètement changé de point de vue sur la place de la femme dans la société.
Odile Vuillemin - Le mot féministe me dérange un peu. En fait, moi ce qui m'embête, c’est qu’on ait pu penser à un moment donné dans l’histoire de l’humanité qu’une femme valait moins qu’un homme. Quand je suis allée voir les droits acquis par les femmes, je suis tombée de ma chaise. Ce qui me fait mal, c’est qu’on se bat pour acquérir tout ça. On se bat pour être des humains. Le problème, il est là : se battre veut dire admettre qu’on a des choses à gagner. Alors qu’on ne devrait même pas être dans cet état d’esprit.
Gala.fr - Dans Deux femmes vous êtes féministe mais pas militante.
Odile Vuillemin - Je ne suis pas militante, c’est ce qui m’a plu chez Colette. Elle ne se bat pas pour être, elle est. Elle se fout du reste, et c’est en ça qu’elle dérange. Sa puissance est là. Par l’éducation, on a appris à se mettre en retrait des hommes, voire même à s’excuser d’exister. Mais en réalité, il faut prendre sa place.
Gala.fr - Quel mouvement féministe vous inspire ?
Odile Vuillemin - Si je devais me réclamer d’un mouvement, je dirais le mouvement HeforShe par Emma Watson. Tout le monde au service de tout le monde.
Gala.fr - Est-ce l'éducation qu'on vous a inculqué ?
Odile Vuillemin - J’ai de la chance. J’ai été élevée par un père qui ne m'a pas fait me sentir différente. Il fallait qu’on fasse de grandes études et qu’on soit brillante. Il n’y avait pas de problématique homme-femme. Mon père me disait toujours : “Je serais pour l’égalité homme-femme quand je serais capable d’enfanter.” Je trouve ça beau. On ne sera jamais l'égal des hommes, et ils ne seront jamais notre égal.
Gala.fr - Si ce téléfilm s’appelle Deux femmes , ce n’est pas pour rien. Qu’est-ce qui vous différencie et vous rapproche avec Agathe Bonitzer ?
Odile Vuillemin - On est les extrêmes opposés, et c’est ça qui nous rapproche. La trajectoire de ces deux personnages est fantastique parce que sans le vouloir, elles se sauvent l’une et l’autre. Agathe, c’est un peu la chenille qui devient papillon à travers mon personnage.
Gala.fr - Votre personnage à un impact sur Agathe Bonitzer, est-ce quelqu'un a-t-il eu un impact sur vous ?
Odile Vuillemin - Une fois, j'ai rencontré une dame avec qui j'ai discuté pendant deux heures. J’étais petite, je devais avoir 8 ans. Je me souviens qu'on avait une conversation sur la religion, et elle disait : “Je ne crois pas en Dieu, je crois en l’être humain.” Et j’ai construit une bonne partie de qui je suis sur cette phrase.
Gala.fr - Isabelle Doval est à la réalisation de ce film, était-ce important pour vous qu'une femme soit derrière la caméra ?
Odile Vuillemin - J’avais envie que ce soit une femme. Déjà, parce que je n’avais jamais tourné avec une femme, ça commençait à me titiller un peu. Et puis là, c’était une histoire de femme racontée par des femmes, je trouvais ça cohérent qu’Isabelle Doval le réalise. Je crois que personne ne peut imaginer en tant qu’homme ce que ça doit être de vivre un avortement. Il fallait la sensibilité d'une femme pour raconter cette histoire.
Gala.fr - Lors du festival de Luchon, vous avez remporté le prix d’interprétation en duo avec Agathe Bonitzer pour ce téléfilm, qu’est-ce que cette récompense signifie pour vous ?
Odile Vuillemin - Une petite caresse pour l’ego. Ça fait toujours plaisir d’être récompensée pour le travail qu’on fait, et qui plus est par le milieu.
Gala.fr - Quelles sont vos actualités à venir ?
Odile Vuillemin - Il y a plein de projets à venir, mais c'est secret pour le moment. Je peux vous donner deux indices. Je voyage beaucoup et je vais faire d'autres métiers. Et bien évidemment, je continue de tourner.
Les têtes couronnées vont aussi à la plage... La preuve en images !

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Les carnets d'un Parisien en Aveyron
J’aimerais aujourd’hui vous parler de deux femmes. Deux femmes que je ne connais pas, deux femmes au parcours diamétralement opposé et qui n’ont rien en commun à part mon estime.
D’abord Florence Aubenas que j’ai croisé par hasard l’autre jour à Paris. Je ne vous parlerai pas de l’élégance de l’otage aperçue à la descente d’un avion, ni de la femme écrivain capable de s’immerger dans un univers qui n’est pas le sien pour donner la parole à d’autres femmes, celles à qui justement on ne la donne jamais (Je vous conseille néanmoins de lire ses livres, dont le dernier qui vient de sortir : «EN FRANCE», aux éditions de l’Olivier.)
Je ne vous parlerai pas non plus de la journaliste, une des rares de notre époque à ne pas se contenter de téter wikipedia pour raconter une histoire, mais qui à l’instar d’un Joseph Kessel peut travailler des semaines sur un sujet avant d’écrire une ligne.
Je ne peux guère vous en dire plus puisque je ne la connais pas.
Maintenant j’ai assez d’heures de vol pour savoir que connaître ne veut rien dire, et que ressentir suffit.
Tout est dans les yeux des gens. Par exemple je me souviens de ceux de Françoise Giroud, ils étaient clairs et perçants mais remplis d’humour. Ou bien ceux de Simone Veil. Ils sont extraordinaires, mais je ne sais pas, peut-être en ont-ils trop vu, ils m’ont toujours impressionnés. Alors que les yeux de Florence Aubenas sont tout simplement beaux, sans une once de cynisme parisien, ils me rassurent.
Si par chance vous la croisez un jour, regardez-là bien en face, et vous verrez. C’est un drôle de voyage…
Alors bien sûr, on change d’univers, mais j’aimerais rendre hommage à la femme de Bernard Tapie. Sur lui tout a été dit, néanmoins il m’a toujours étonné. Toujours en mouvement, les hauts, les bas, rien ne l’arrête…
En plus je vous l’avoue, quand il engueule les gens, moi ça m’enchante.
Seulement pour une épouse, vivre avec un tel homme ne doit pas ressembler à une cure en thalasso.
Or avez-vous remarqué la discrétion de la dame ?
Il achète, il revend ? Elle ne bouge pas.
Il est ministre ? Elle le seconde sans apparaître.
On met son mari en tôle ? Elle lui apporte des oranges.
Des huissiers se pointent et retirent tous les meubles ? Elle maintient le cap et elle élève les gosses.
Bien sûr, je sais, ce ne sont pas des SDF, mais vous savez, même dans les beaux quartiers, quand ça tangue, il faut la maintenir la barre. Je ne les ai jamais rencontrés ni l’un ni l’autre, mais j’ai la certitude que s’il tient le coup de cette façon depuis toujours, c’est beaucoup grâce à elle.
Et puis, ELLE on ne l’entend jamais, ce n’est pas le genre à publier un livre pour gémir, et s’il y a états d’âme, elle les garde pour elle.
Chronique écrite pour l’émission «Il n’y en a pas deux comme elle» de Marion Ruggieri sur Europe 1.
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