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Hauts-de-France
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Marconnelle
Par Florian Brassart
Publié le 26 Juil 22 à 18:06
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Ce mardi 26 juillet 2022, un accident du travail s'est produit à Marconnelle, dans le Pas-de-Calais. Un jeune homme a perdu sa main.
Un dramatique accident du travail s’est produit ce mardi 26 juillet 2022 à Marconnelle , près de Montreuil (Pas-de-Calais) . Un jeune homme a été gravement blessé à cause de la chute d’une poutre sur son lieu de travail. Sa main s’est arrachée .
Les sapeurs-pompiers des casernes de Montreuil et de Hesdin sont intervenus chemin des Voyeux à Marconnelle pour porter secours à un jeune homme âgé de 26 ans. A leur arrivée, ils ont constaté l’ampleur des dégâts. La victime présentait un « arrachement de la main » suite à la chute d’une poutre de six tonnes.
Le jeune homme a été pris en charge médicalement par le Smur et transporté par hélicoptère vers la clinique spécialisée SOS Mains à Lille-Lesquin. Un élu de la commune et les forces de l’ordre étaient présents sur les lieux de l’accident.
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Europe | Comment une banque française a fait main basse sur Haïti
Comment une banque française a fait main basse sur Haïti
Comment une banque française a fait main basse sur Haïti
Li an Kreyòl
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Comment une banque française a fait main basse sur Haïti
Published May 20, 2022 Updated June 9, 2022
À la fin du 19e siècle, le Crédit Industriel et Commercial a soutiré des millions à Haïti. Le Times a retracé l’histoire de cette opération — et son coût pour Haïti.
À la fin du 19e siècle, le Crédit Industriel et Commercial a soutiré des millions à Haïti. Le Times a retracé l’histoire de cette opération — et son coût pour Haïti.
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Sur l’invitation à dîner, chaque phrase est ponctuée d’un ornement à l’encre : une triple boucle calligraphique de convenance pour une nuit de banquet, de danses et de feux d’artifices au palais présidentiel d’Haïti.
Depuis plus d’un demi-siècle, le pays vit étouffé par ses dettes. Même après avoir évincé la puissance coloniale française lors de sa guerre d’indépendance, Haïti a été forcé de payer une rançon d’un montant équivalent à plusieurs centaines de millions de dollars à ses anciens esclavagistes, le prix d’une liberté déjà obtenue sur le champ de bataille.
Mais en cette nuit du 25 septembre 1880, les derniers paiements de cette rançon semblent enfin à portée de vue. Haïti n’aura plus à tituber d’une crise à l’autre, ni à garder un œil sur l’horizon, à l’affût d’un retour de navires de guerre français. Lysius Salomon, son nouveau président, a réussi un tour de force qui semblait impossible depuis la création du pays.
“Le pays sera bientôt doté d’une banque”, annonce-t-il à ses invités en portant un toast. Dehors, des soldats paradent dans des rues bardées de gigantesques drapeaux.
Salomon a des raisons d’être optimiste. Après tout, les banques nationales en Europe ont financé chemins de fer et usines, atténué les chocs des récessions et apporté de la stabilité à la gestion des affaires publiques. Elles ont participé à la naissance d’un Paris majestueux, avec ses grandes avenues, son eau potable et ses égouts — autant d’investissements qui porteront leurs fruits pendant longtemps.
C’est désormais au tour d’Haïti de profiter d’un “grand évènement, qui fera époque dans nos annales”, clame Salomon.
Mais tout cela n’était qu’une illusion.
La Banque Nationale d’Haïti, sur laquelle tant d’espoirs étaient fondés ce soir-là, n’avait en fait de nationale que le nom. Loin d’être la clé du salut du pays, la banque a été, dès sa création, un instrument aux mains de financiers français et un moyen de garder une mainmise asphyxiante sur l’ancienne colonie jusqu’au 20e siècle.
Derrière cette banque fantoche, on retrouve un nom bien connu des Français : le Crédit Industriel et Commercial (CIC).
Alors qu’à Paris, le CIC participe au financement de la tour Eiffel, symbole de l’universalisme français, il étouffe au même moment l’économie haïtienne en rapatriant en France une grande parties des revenus publics du pays, au lieu de les investir dans la construction d’écoles, d’hôpitaux et autres institutions essentielles à toute nation indépendante.
Pesant 335 milliards de dollars, le CIC est aujourd’hui une filiale du Crédit Mutuel, l’un des plus grands conglomérats financiers d’Europe. Mais la banque a laissé derrière elle en Haïti un lourd héritage d’extraction financière et d’espoirs déçus — même pour un pays qui a longtemps souffert de ces deux maux.
Haïti fut la première nation moderne à obtenir son indépendance grâce à une révolte d’esclaves, avant d’être entravée financièrement sur plusieurs générations par les réparations exigées au bénéfice des anciens colons français.
Et au moment où ces paiements étaient sur le point d’être acquittés, le CIC et sa Banque Nationale — ceux-là mêmes qui portaient une promesse d’indépendance financière — ont enfermé Haïti dans un tourbillon de nouvelles dettes s’étalant sur plusieurs décennies.
La Banque Nationale était contrôlée depuis Paris par des membres de l’élite française, y compris un descendant d’un des plus riches esclavagistes de Saint-Domingue, le nom d’Haïti pendant la colonisation française. Les livres de comptes de la banque ne laissent percevoir aucune trace d’investissement dans des entreprises haïtiennes ou dans d’ambitieux projets comme ceux ayant modernisé l’Europe.
Les dossiers découverts par The New York Times démontrent plutôt que le CIC a siphonné des dizaines de millions de dollars à Haïti, au bénéfice d’investisseurs français.
La Banque Nationale prélevait des frais et commissions sur presque toutes les transactions effectuées par le gouvernement haïtien. Certaines années, les profits de ses actionnaires français étaient si élevés qu’ils dépassaient le budget entier dédié aux travaux publics, dans un pays comptant alors 1,5 millions d’habitants.
De ce passé, on ne trouve pratiquement plus de traces. Selon les chercheurs, la plupart des archives du CIC ont été détruites. Haïti n’apparaît pas dans l’historique que la banque utilise pour promouvoir son ancienneté. En 2009, lorsqu’elle commande une histoire officielle pour commémorer son 150e anniversaire, Haïti y est à peine mentionné. Le CIC est “une banque sans mémoire”, affirme Nicolas Stoskopf, l’universitaire qui a rédigé cette histoire.
Paul Gibert, un porte-parole du CIC, a indiqué que la banque n’avait pas d’informations sur ce passé et a décliné plusieurs demandes d’entretien pour en discuter. “La banque que nous gérons aujourd’hui est très différente”, explique-t-il. (Après la parution de cet article, le président du Crédit Mutuel, propriétaire du CIC, a indiqué que des chercheurs seraient recrutés pour étudier le passé de la banque en Haïti et son rôle dans une quelconque “colonisation financière”. )
Le meurtre du président haïtien, assassiné en toute impunité dans sa chambre, les nombreux enlèvements et l’anarchie régnant dans les zones de Port-au-Prince contrôlées par les gangs posent aujourd’hui avec une urgence renouvelée une question qui taraude depuis longtemps l’Occident : pourquoi Haïti semble-t-il enfermé dans une crise sans fin, avec un niveau d’analphabétisme vertigineux, la faim, la maladie et des salaires journaliers de 2 dollars ? Pourquoi ce pays n’a-t-il ni transports publics, ni réseau d’électricité fiable, ni système de collecte de déchets ou égouts ?
La corruption chronique des dirigeants du pays constitue sans aucun doute une partie de la réponse. Mais une autre partie se trouve dans des textes tombés dans l’oubli, éparpillés à travers Haïti et la France dans des centres d’archives et des bibliothèques.
Le Times a passé au crible des archives diplomatiques et documents bancaires datant du 19e siècle et rarement, sinon jamais, étudiés par les historiens. L’ensemble de ces documents indique clairement que le CIC, avec le concours de membres corrompus de l’élite haïtienne, a laissé au pays tout juste de quoi fonctionner — et encore moins de quoi construire une nation.
Au début du 20e siècle, la moitié de l’impôt sur le café haïtien, de loin la source de revenus publics la plus importante, revenait aux investisseurs français du CIC et de la Banque Nationale. Après déduction des autres dettes d’Haïti, le gouvernement se retrouvait avec des miettes — 6 cents pour chaque 3 dollars d’impôts collectés — pour diriger le pays.
Les documents consultés aident à comprendre pourquoi Haïti est resté sur la touche pendant une période aussi riche de modernisation et d’optimisme que la Belle Époque, surnommée la “Période Dorée” aux États-Unis. Cette ère prolifique a bénéficié tant aux puissances lointaines qu’aux pays en développement voisins. Haïti, à l’inverse, n’avait guère de quoi investir dans des choses aussi élémentaires que l’eau courante, l’électricité ou l’éducation.
Les dégâts causés furent immenses. Les documents analysés démontrent que, pendant trois décennies, les actionnaires français de la Banque Nationale ont engrangé des bénéfices équivalent à au moins 136 millions de dollars actuels — soit autant qu’une année entière de recettes fiscales d’Haïti à l’époque.
Le Times a fait valider sa méthodologie et les sources utilisées pour ces calculs par plusieurs historiens économiques et comptables. L’économiste Éric Monnet, de la Paris School of Economics, résume ainsi le rôle de la Banque Nationale : de la “pure extraction”.
Les pertes cumulées pour Haïti sont en fait encore plus importantes : si les sommes siphonnées par la Banque Nationale étaient restées dans le pays, elles auraient enrichi l’économie haïtienne d’au moins 1,7 milliards de dollars au fil des ans — soit plus que la totalité des revenus publics du pays en 2021.
Et cela si cet argent était simplement resté dans l’économie haïtienne, circulant parmi les agriculteurs, ouvriers et commerçants, sans être investi dans des ponts, écoles et autres usines — le type d’investissement qui participe à la prospérité d’une nation.
De manière encore plus significative, les fonds siphonnés par la Banque Nationale ont succédé à des décennies de réparations payées aux anciens esclavagistes français et qui ont infligé jusqu’à 115 milliards de dollars de pertes à l’économie haïtienne au cours des deux derniers siècles.
Après les feux d’artifice et le festin au palais présidentiel, il n’a pas fallu longtemps à Haïti pour se rendre compte que quelque chose ne tournait pas rond. La Banque Nationale a tellement prélevé et si peu redistribué que les Haïtiens l’ont rapidement surnommée “la Bastille financière”, en référence à la tristement célèbre prison, devenue symbole d’une monarchie française despotique.
Dès 1880, l’homme politique et économiste haïtien Edmond Paul écrivait ainsi : “N’est-ce pas drôle qu’une banque qui prétend venir au secours d’un trésor public obéré commence, au lieu d’y mettre de l’argent, par emporter tout ce qu’il y avait de valeur ?”
En cette fin de 19e siècle, le président d’Haïti n’est pas le seul à avoir de folles ambitions. À Paris, Henri Durrieu, le président du Crédit Industriel et Commercial, n’est lui aussi pas en reste.
M. Durrieu n’est pas né dans le monde de la haute finance. Il débute sa carrière en tant que percepteur des impôts, comme son père. Lorsqu’il rejoint le nouvellement créé CIC, il a déjà la quarantaine. Mais la banque connaît des débuts difficiles. Elle a beau être la première en France à proposer des comptes courants, ce nouveau produit ne prend pas et, dans les années 1870, l’entreprise reste cantonnée au second rang des banques françaises.
Le CIC a pourtant un avantage : il est la banque privilégiée de la plupart des bourgeois catholiques du pays, des clients fortunés désirant des investissements à forte rentabilité.
Avec un certain goût du risque, M. Durrieu va s’inspirer des banques publiques alors créées dans certaines colonies françaises, comme le Sénégal et la Martinique. Lui et ses collègues sont fascinés par l’idée de “créer une banque dans ces pays riches mais lointains”, comme ils l’écrivent dans des notes manuscrites retrouvées aux Archives nationales de France.
Ces banques “donnent en général de brillants résultats”, concluent les pères fondateurs de la Banque Nationale d’Haïti.
Haïti, “un pays neuf pour le crédit, pays d’une richesse proverbiale”, semble donc constituer un bon pari.
L’utilisation du mot “richesse” peut étrangement sonner dans la bouche d’un banquier parisien pour décrire le Haïti de l’époque. Sa capitale, Port-au-Prince, est alors envahie par les déchets ménagers et humains, qui vont s’échouer dans le port. Les rues et les infrastructures sont si délabrées que les Haïtiens en ont fait un dicton : "Contourne un pont mais ne le franchis jamais.”
Mais si les Haïtiens sont pauvres, le pays, lui, peut rendre riche. Comme l’écrit le diplomate britannique Spenser St. John en 1884, “aucun pays ne possède de plus grandes capacités, ou une meilleure position géographique, ou une plus grande variété de sols, de climats, ou de productions.”
Les colons français avaient fait main basse sur ces richesses. D’abord par le fouet, puis avec une flottille de navires de guerres exigeant des réparations pour les plantations, les terres et les esclaves, qu’ils considéraient comme autant de biens perdus après la révolution haïtienne. C’est le seul et unique cas où un peuple libre a dû payer les descendants de ses anciens esclavagistes.
Un demi-siècle plus tard, M. Durrieu et le CIC approchaient Haïti avec une tactique différente : la main tendue d’un associé.
En 1875, le CIC, à l’aide d’un partenaire aujourd’hui disparu, émettait pour Haïti un prêt de 36 millions de francs, soit environ 174 millions de dollars aujourd’hui. L’argent devait servir à construire des ponts, des marchés, des chemins de fer et des phares.
Dans le monde entier, l’époque est alors à l’investissement. L’Angleterre fait passer des lois rendant la scolarité obligatoire et construit de nouvelles écoles. Paris ouvre un aqueduc long de 156 kilomètres qui achemine de l’eau potable vers la capitale. À New York, les arches emblématiques du pont de Brooklyn s’élèvent au-dessus de l’East River — une merveille d’ingénierie qui transformera à jamais l’économie de la ville.
Outre le financement d’infrastructures, le contrat du prêt indique que 20 % des sommes seront dévolues au remboursement du restant des dettes liées aux anciens esclavagistes francais.
“Le pays sortira enfin de son malaise”, prédit cette année-là le rapport annuel du gouvernement haïtien. “Nos finances prospèrent.”
Rien de tout cela n’aura lieu. Dès le début, les banquiers français conservent 40 % du montant du prêt en commissions et frais divers. Le reste ne servira qu’à rembourser de vieilles dettes, ou disparaîtra dans les poches de politiques haïtiens corrompus.
“Aucun de ces buts n’a été atteint”, déclare un sénateur haïtien en 1877. “On doit plus qu’avant.”
Le prêt de 1875 a deux conséquences importantes. La première est ce que l’économiste Thomas Piketty nomme la transition du “colonialisme brutal” au “néocolonialisme par la dette”. Avec ce prêt, Haïti se voit imposer des millions de dollars de nouveaux intérêts, dans le seul espoir de se débarrasser enfin du fardeau des paiements à ses anciens colons.
De cette façon, le prêt a contribué à prolonger la servitude financière d’Haïti envers la France. Bien après que les familles d’anciens esclavagistes aient
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