Dana soumet Riley

Dana soumet Riley




🛑 TOUTES LES INFORMATIONS CLIQUEZ ICI đŸ‘ˆđŸ»đŸ‘ˆđŸ»đŸ‘ˆđŸ»

































Dana soumet Riley

©2000- 2022 ITHAKA. All Rights Reserved. JSTORŸ, the JSTOR logo, JPASSŸ, and ITHAKAŸ are registered trademarks of ITHAKA.

Our systems have detected unusual traffic activity from your network. Please complete this reCAPTCHA to demonstrate that it's
you making the requests and not a robot. If you are having trouble seeing or completing this challenge,
this page may help.
If you continue to experience issues, you can contact JSTOR support .
Block Reference: #4f1426fc-1ee0-11ed-a811-595077764372
VID: #
IP: 46.8.192.190
Date and time: Thu, 18 Aug 2022 10:27:06 GMT


What definition of biographies has to be adopted to restore the « interstitial construction » of anthropological knowledge through a scholar’s existential trajectory ? By suspending any normative definition of what (since Malinowski) has been called « experience in the field », we can detect in De Martino’s many activities prior to his ethnological expeditions to southern Italy – till now omitted from the history of the discipline or qualified as « armchair anthropology » – experiences that shaped his life and thought. They constitute the conditions for the possibility of a refoundation of the discipline in close relation with the post-WW II political, cultural movement of neorealism.
Content uploaded by Giordana Charuty
Content may be subject to copyright.
Le mom ent nĂ©o rĂ©aliste de l’ant hropolo gie
The Neorealistic Moment in De Martino’s Anthropology
URL : http:/ /lhomme.revues.org/22514
Date de publication : 10 novembre 2010
Giordana Charuty, « Le moment nĂ©orĂ©aliste de l’anthropologie dĂ©martinienne », L’Homme [En ligne],
195-196 | 2010, mis en ligne le 04 novembre 2012, consulté le 06 janvier 2017. URL : http:/ /
lhomme.revues.org/22514 ; DOI : 10.4000/lhomme.22514
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.
© École des hautes Ă©tudes en sciences sociales
comme problÚme anthropologique » :
cette formule, empruntée à Alfred I. Hallowell, définissait pour George
W . Stocking les objectifs d’un programme de recherche novateur visant à
explorer , de l’intĂ©rieur , chaque moment d’émergence ou de reconfigura-
tion, au sein du monde occidental, d’un savoir systĂ©matique de « l’unitĂ© de
l’homme dans la diversitĂ© » (S tocking 1983). T out en partageant des prin-
cipes adoptĂ©s, au mĂȘme moment, par l’histoire sociale des sciences et des
techniques, les Ă©tudes qui ont, alors, interrogĂ© l’émergence de la notion
moderne de terrain ethnographique, comme marqueur distinctif de la
discipline, ont privilégié le récit biographique fragmentaire pour faire
apparaĂźtre, dans le prisme d’une vie, l’inquiĂ©tude interprĂ©tative suscitĂ©e
par des expĂ©riences inĂ©dites de dĂ©paysement. C’est, par exemple, la longue
lettre-journal Ă©crite, entre 1883 et 1884, par le jeune Franz Boas Ă  sa
fiancĂ©e qui documente, mieux que d’autres Ă©crits professionnels, les
dimensions imaginaires de sa premiĂšre rencontre avec les populations inuit
de l’üle de Baffin (Cole 1983). Ou bien, ce sont les conditions de vie
domestique chez les Zunis qui éclairent certaines modalités du passage de
Franz Cushing Ă  un nouveau style ethnographique (H insley 1983).
Comme dans les autres sciences, les vies de fondateurs d’un moment et
d’un style – T ylor, F razer , Durkheim, Malinowski, Mauss, Leenhar dt –
ont, par ailleurs, fait l’objet d’amples restitutions, fondĂ©es sur l’entre-
croisement de diverses catĂ©gories d’archives. Elles furent d’abord le fait
de chercheurs anglo-saxons et nord-amĂ©ricains qui n ’ont pas hĂ©sitĂ© Ă 
considérer des auteurs vivants, par exemple Mary Douglas, tandis que des
demandes Ă©ditoriales ou des intĂ©rĂȘts plus Ă©loignĂ©s de l’histoire disciplinaire
ont conduit, en France, des universitaires et des journalistes Ă  composer les
vies de Michel Leiris, Germaine T illion ou Claude LĂ©vi-Strauss 1 . Les plus
anciennes de ces biographies Ă©rudites conservent le modĂšle, longtemps en
usage dans les Ă©tudes littĂ©raires, de « la vie et l’Ɠuvr e » pour mettre l’accent
sur l’exposĂ© chronologique de la production intellectuelle d’un savant. Les
plus rĂ©centes s’efforcent de « penser l’Ɠuvre dans son contexte » pour
éviter la surconsécration héroïque toujours susceptible de faire retour dans
une entreprise de narration totalisante sans, cependant, aller au-delà d’une
caractérisation extérieure des espaces savants pensés comme largement
dominés par la rationalité pratique et par une conception volontariste de
l’activitĂ© scientifique (Fournier 1994, 2007). En revanche, la nouvelle
attention portée par les anthropologues aux archives de leurs prédécesseurs
les conduit Ă  emprunter, Ă  leur tour , la voix biographique pour repenser les
continuités et les ruptures qui sous-tendent les moments de reconfigura-
tion des savoirs et de redĂ©finition des Ă©lites culturelles 2 . S’agissant de
figures fondatrices comme Paul Rivet, ces études décrivent des itinéraires
au sein d’espaces sociaux fragmentĂ©s oĂč la construction, scientifique et
institutionnelle, d’une nouvelle discipline compose avec des expĂ©riences
existentielles, des convictions éthiques, des affinités personnelles, des enga-
gements politiques (Lauriùre 2008). Ou bien, s’agissant de retracer la
genĂšse française d’un domaine rĂ©gional, elles considĂšrent avec la mĂȘme
attention des figures oubliées et de grands administrateurs ethnographes 3 .
1. Michael W . Young (2004) qualifie de « littĂ©raire » – et non d’intellectuelle – sa biographie de
Malinowski. T out en cherchant dans l’éducation catholique de Mary Douglas l’expĂ©rience vĂ©cue de
la prĂ©gnance des institutions sociales, la biographie que lui consacre l’anthropologue africaniste
Richard Fardon (1999) est, essentiellement, une lectur e de son Ɠuvre. Directeur du DĂ©partement
de sociologie de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, Michel F ournier est l’auteur de deux biographies : Marcel
Mauss (1994) et Durkheim (2007). On doit Ă  James Clifford (1987) une biographie pionniĂšre de
Maurice Leenhardt qui restitue la complexitĂ© historique d’une quĂȘte spirituelle et d’une pratique
scientifique originale, dans un contexte de lutte coloniale.
2. S’agissant d’auteurs majeurs dont l’Ɠuvre a dĂ©jĂ  fait l’objet de multiples commentaires
– Durkheim, W eber, F oucault –, l’historien de la sociologie Arpád Szakolczai s’emploie à recons-
truire des « expĂ©riences fondatrices » : celles en lesquelles s’enracinent sur le plan existentiel, comme
leur condition de possibilité, les idées théoriques qui, ultérieurement, marqueront une rupture
conceptuelle majeure. Pour cela, il est plus utile de considérer des textes mineurs, en marge des
sources scientifiques (autobiographie, journal personnel, correspondance), et de s’attacher à des
détails biographiques, à premiÚre vue minuscules, mais dont seule la contextualisation historique
permet de qualifier leur valeur dĂ©cisive. Le plus souvent, ajoute l’auteur, il s ’agit de moments de
dissolution d’un ordre sociopolitique qui rendent problĂ©matiques les prĂ©supposĂ©s implicites de nos
maniĂšres de penser et d’agir, et exigent, par lĂ  mĂȘme, un intense travail rĂ©flexif dont la thĂ©orisation
ultĂ©rieure gardera l’empreinte : en somme, dirions-nous, l ’équivalent de l’expĂ©rience de terrain pour
l’ethnologue (Szakolczai 1995). Reprenant cette proposition fondĂ©e sur la notion d’« Ɠuvre de
vie », à propos de Robert Hertz, A. T ristan Riley (2001) montre la richesse de la correspondance
privĂ©e pour restituer, dans la nouvelle figure d ’intellectuel issue de la crise des Ă©lites culturelles
de la fin du XIX e siĂšcle, l’étroite interaction entre programme scientifique, activitĂ© politique et
préoccupations morales ou religieuses.
3. C’est le cas d’Henri Duveyrier pour les Ă©tudes touarĂšgues (Casajus 2007) et de Maurice
Delafosse pour l’africanisme (Amselle & Sibeud 1998).
Aussi bien introduisent-elles de nouvelles questions : reconstituer la
trajectoire intellectuelle d’un savant transforme-t-il le chercheur en simple
historien ? Et, si l’on rĂ©pond par la nĂ©gative, quelle dĂ©finition du bio-
graphique faut-il adopter, quel genr e d’ethnographie faut-il pratiquer pour
que celle-ci prenne place dans une anthropologie des savoirs ? Soit une
rĂ©cente recherche qui entendait dĂ©velopper les virtualitĂ©s d’une narration
biographique pour Ă©clairer la genĂšse d’une Ɠuvre Ă  premiĂšre vue bien
connue, celle de l’anthropologue italien Ernesto De Martino (Charuty
2009). Elle conduit, de fait, à repenser la spécificité de la voie italienne de
refondation de la discipline, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ernesto De Martino (1908-1965) a dispersé, dans ses écrits, des
fragments de rĂ©cits autobiographiques ; il n ’a cessĂ© de mĂ©diter sur sa trajec-
toire personnelle et, depuis quinze ans, son Ɠuvre publiĂ©e et ses archives
sont au centre d’une multiplicitĂ© d’entreprises, scientifiques et culturelles,
qui transforment le statut de cet auteur. La fabrique d ’un « nĂ©otarentisme »
fait de son Ɠuvre ethnologique un bien culturel pour convertir l’ancienne
« terre du remords » – le Salento – en « terre de la mĂ©moire » Ă  des fins
d’économie touristique et de reconfiguration des identitĂ©s rĂ©gionales. Dans
le mĂȘme temps, philosophes, anthropologues, historiens des religions,
mĂ©decins relisent, chacun pour soi, une Ɠuvre dont l’unitĂ© est, elle-mĂȘme,
problématique. Au milieu des années 1970, les chercheurs italiens inscri-
vaient De Martino dans l’histoire nationale de l’anthropologie à travers des
débats sur la culture populaire, analogues à ceux des années 1950 sur les
risques de populisme inhérents à la reconstruction démocratique de la
nation. Dix ans plus tard, une approche plus distanciée a produit les
premiÚres études sur les conceptualisations empruntées à la philosophie,
Ă  l’histoire religieuse, Ă  la mĂ©decine, tandis que le classement des archives
a conduit Ă  publier une partie des carnets d’enquĂȘte, Ă  rĂ©tablir des respon-
sabilitĂ©s Ă©ditoriales, Ă  documenter des liens de parentĂ©, de travail et d’amitiĂ©
avec des figures controversées de la vie savante ou politique.
Outre l’actualisation de l’Ɠuvre au moyen de nouvelles prĂ©faces, ce
travail critique permet de reconnaĂźtre l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des champs d’acti-
vité et la pluralité des liens intellectuels qui dessinent les espaces sociaux
d’une trajectoire individuelle. Mais il ne libùre pas le chercheur des
attentes sociales et des jeux subtils de pouvoir qui tendent à l’immobiliser
dans le rĂŽle de scribe – tour Ă  tour autorisĂ© ou rĂ©cusĂ© – d’un rĂ©cit collectif,
en concurrence avec d’autres rĂ©cits collectifs, pour construire une figure
d’exemplaritĂ©. Conserver une position d’ethnographe, Ă  travers l’immer sion
dans une fonction sociale de « biographe », requiert de suspendre la
naturalité des modÚles biographiques qui sous-tendent ces récits et, plus
encore, l’évidence de formulations qui renvoient Ă  un sens commun
Le moment nĂ©orĂ©aliste de l’anthropologie dĂ©martinienne
historiographique ou au savoir propre Ă  chaque cercle. Somme toute, il
s’agit de se soustraire au sens que les uns et les autres vous commandent
d’entendre. DĂ©faire le statut et la hiĂ©rarchie des documents pour explorer ,
de l’intĂ©rieur , des faisceaux de relations, pour relier entre elles des expĂ©-
riences éclatées entre des lieux et des figures à premiÚre vue sans commune
mesure, a rĂ©vĂ©lĂ© la complexitĂ©, troublante Ă  plus d’un titre – et l’actualitĂ©
inattendue des questions posĂ©es par son interprĂ©tation –, du parcours qui
prĂ©cĂšde la part la mieux connue en France d’une Ɠuvre inachevĂ©e : la
trilogie mĂ©ridionale, publiĂ©e entre 1958 et 1961, qui demande Ă  l’ethno-
graphie d’une altĂ©ritĂ© chez soi – le catholicisme du Sud – de vĂ©rifier
quelques grandes hypothÚses sur la singularité du christianisme dans
En effet, l’analyse des traitements rituels des principaux risques de
dissolution de la personne n ’est que le second moment d’un travail
d’hybridation disciplinaire et de reformulation conceptuelle, commencĂ©
au milieu des années 1930, pour retourner sur nos propres sociétés un
questionnement qui suscite, Ă  chaque pas, une interrogation parallĂšle sur
l’identitĂ© scientifique du chercheur . Soit l’introduction Ă  La T erre du
remords , l’Ɠuvre pourtant la plus achevĂ©e : tout en faisant siennes les
perplexités lévi-straussiennes exprimées dans T ristes Tropiques , tout en
usant de formulations proches de celles proposées dans le premier chapitre
d’ Anthropologie structurale , De Martino se prĂ©sente tantĂŽt comme un
« ethnographe moderne », tantÎt comme un historien qui recourrait à
l’enquĂȘte ethnographique comme une modalitĂ©, parmi d’autres, de
production de documents. Mais, les historiens de l’école des Annales
– Marc Bloch, Lucien Febvr e – auxquels il se rĂ©fĂšre sont exactement ceux
qui, pour LĂ©vi-Strauss, partagent avec les ethnologues une mĂȘme atten-
tion aux dimensions inconscientes de la vie sociale. Et, plus qu ’aucun
autre chercheur italien, De Martino a longuement réfléchi sur les condi-
tions singuliĂšres du travail ethnographique par rapport Ă  toute autre forme
de documentation historique. De la mĂȘme façon, La Fine del mondo ,
l’Ɠuvre fragmentaire Ă©ditĂ©e Ă  titre posthume, est traversĂ©e par une hĂ©sitation
sur le champ disciplinaire auquel rattacher l’immense entreprise de penser
ensemble trois catĂ©gories et trois moments de l’expĂ©rience apocalyptique :
elle est rĂ©solue en s’affirmant comme une « ethnologie rĂ©formĂ©e » en
laquelle on peut reconnaütre, aujourd’hui, une anthropologie de l’histoir e
CommencĂ© dĂšs la fin d’études de philosophie, ce travail d’hybridation
conceptuelle a, certes, pu s’inscrire dans le cadre universitaire d ’une « École
de perfectionnement en sciences ethnologiques », rattachée à la chaire
romaine d’histoire des religions, discipline centrale dans le projet compa-
ratiste de Raffaelle Pettazzoni. M ais, il a pris la forme d’un singulier
parcours d’apprentissage qui transforme en « expĂ©rience de terrain » des
crises existentielles, des engagements et des croyances politiques, et qui
prend pour guides d’une formation en autodidacte à l’ethnologie une
succession d’initiateurs, largement illĂ©gitimes du point de vue acadĂ©mique.
Restituer cette conversion ethnographique d’une vie requiert de mettre à
distance les narrations biographiques dont De Martino a ponctué son
Ɠuvre scientifique, pour en questionner les silences en pratiquant, soi-
mĂȘme, une ethnographie dans les archives. Cela consiste, notamment, Ă 
lire les diverses correspondances, inédites ou trÚs partiellement publiées,
non pour recomposer des influences intellectuelles entre maĂźtres et
disciples, mais pour décrire les espaces relationnels spécifiquement
construits par un genre d’écriture qui participe pleinement Ă  la construction
de soi des lettrés de ce temps. Au biographe qui suspend, provisoirement,
les classements savants entre correspondances privées et scientifiques, entre
genres d’écriture intime ou fictionnelle, parviennent alors les Ă©chos d’un
étrange lexique familial, au sens précis que Natalia Ginzburg (1963) a
donnĂ© Ă  ce terme. Comme toute langue tombĂ©e dans l’oubli, cet idiome
poursuit dans la vie du chercheur un destin complexe oĂč se nouent, prĂ©ci-
sément, quelques-unes des expériences qui feront de lui un ethnographe.
De la mĂȘme façon, accorder une Ă©gale attention aux notes de lecture,
aux formes initiales de vastes programmes qui seront ensuite remaniés et
aux enquĂȘtes qui tournent court, permet d’identifier la valeur d’expĂ©rience
de terrain que peut acquérir, sous certaines conditions, la constitution de
corpus documentaires. Enfin, certains moments de cette Ɠuvre-vie
appellent, plus que d’autres, Ă  dĂ©faire provisoirement la hiĂ©rarchie entr e
registres d’écriture et lieux de publication : ainsi des trĂšs nombreux articles
parus entre la fin des années 1940 et la premiÚre moitié des années 1950,
qu’il s ’agisse des « notes de terrain » publiĂ©es dans les grandes revues
culturelles ou de l’écriture journalistique dans la presse des partis de
gauche. Initialement convaincu de la portĂ©e subversive de l’histoire des
religions, le chercheur s’emploie Ă  transfĂ©rer cette valeur , dans l’aprĂšs-
guerre, Ă  une singuliĂšre entreprise de connaissance qui suspend, Ă 
nouveau, toutes les distinctions normatives entre militantisme politico-
culturel et travail scientifique. Il faut donc se résoudre à « oublier »
temporairement la grande trilogie méridionale pour décrire, dans leur
positivitĂ©, la dynamique concrĂšte des pratiques d’enquĂȘte empirique, les
postures d’énonciation qu ’elles favorisent, les formes du rĂ©cit de soi qui les
accompagnent, les formes de restitution qu’invente, pas à pas, De M artino.
Le moment nĂ©orĂ©aliste de l’anthropologie dĂ©martinienne
DĂšs lors qu’on s ’attache Ă  rĂ©tablir ces continuitĂ©s souterraines,
apparaissent des coïncidences et des affinités thématiques évidentes entre
les problÚmes méthodologiques du savoir qui a pour objet la « cultur e » et
l’ensemble d’idĂ©es et de langages que l’historien de la littĂ©rature Alberto
Asor Rosa a appelé le « néoréalisme mouvement » : expression calquée sur
une autre, le « fascisme mouvement », introduite par l’historien Renzo
De Felice pour distinguer , Ă  l’intĂ©rieur du rĂ©gime mussolinien, une mobi-
lisation politico-culturelle animĂ©e d’intentions critiques et progressistes 4 .
Parler de « mouvement » signifie, pour l’historien de la littĂ©rature, ne pas
rĂ©duire l’expressivitĂ© nĂ©orĂ©aliste Ă  un strict moment chronologique, mais
reconnaßtre la similitude des choix culturels qui ont orienté une pluralité
de langages, avant et aprÚs les années néoréalistes au sens strict (les années
1945-1950 pour le cinéma). De fait, passées les querelles des années 1950
sur le rĂ©alisme dans l’art, oubliĂ©s les violents dĂ©bats des annĂ©es 1970 sur les
illusions populistes, l’histoire culturelle italienne, puis française, s ’est
employée à identifier les éléments communs aux deux principales formes
expressives dont l’explosion, dans l’immĂ©diat aprĂšs-guerre, fut vĂ©cue
comme une nécessité existentielle par tous les créateurs qui entendaient
actualiser ce nouveau pacte rĂ©aliste qu’I talo Calvino a justement dĂ©fini
comme « le plus distant possible du naturalisme » (1967 [1947] : 9) 5 .
Il suffit, ici, de rappeler briĂšvement les traits communs Ă  cet intense besoin
de « s ’exprimer » oĂč le monde entier devait se r econnaĂźtre dans la moindre
narration locale : Ă©riger en nouveau public des groupes sociaux jusque-lĂ 
exclus, penser l’Ɠuvre d’art en soi comme un fait politique, redĂ©couvrir
l’individu concret Ă  travers le triomphe du narratif, documenter une rĂ©alitĂ©
mineure – la vie quotidienne de microcosmes sociaux – en recourant
au rĂ©cit d’histoires individuelles et de cas singuliers ; enfin, s’agissant de la
4. Aujourd’hui reconnu comme un grand historien du fascisme, Renzo De F elice est l’auteur d’une
monumentale biographie de Mussolini dont les premiers volumes ont suscité, en Italie, de violentes
polémiques. La plus importante a éclaté, en 1975, à propos de la distinction proposée entre
fascisme-« mouvement » et fascisme-« régime », pour rendre compte de la mobilisation des classes
moyennes Ă©mergentes : voir l’introduction d’Emilio Gentile Ă  l’édition française d’un r ecueil
d’articles de l’auteur (De Felice 2000). Alberto Asor Rosa a dĂ©veloppĂ© ses thĂšses sur le triomphe du
narratif dans le nĂ©orĂ©alisme-« mouvement » Ă  l’occasion du colloque « CinĂ©ma et littĂ©rature en
Italie, 1943-1953 », organisé à Vérone en 1981. On se reportera, également, aux contributions de
Giorgio T inazzi et de Marina Zancan dans Cinema e letteratura nel neor ealismo (1990), ainsi qu’aux
études rassemblées par Michel Cassac (2
Une rdv pour baiser
Une blonde incroyable baise en intérieur
Tres mouillee

Report Page