Couple Allemand en public

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Couple Allemand en public
Le terme de „couple franco-allemand“ renvoie Ă  la conception de la France comme une personne. C‘est notamment aprĂšs la guerre de 1870-71 que la relation entre les deux peuples est vue comme celle d‘une femme innocente agressĂ©e par le prussien, incarnation d‘une virilitĂ© violente. Avec la rĂ©conciliation scellĂ©e par le traitĂ© de l‘ElysĂ©e de 1963, la mĂ©taphore du couple franco-allemand est devenue monnaie courante pour exprimer les relations intimes entre les deux nations. La mĂ©taphore ne conduit-elle pas, cependant, Ă  trop dramatiser les rapports entre deux peuples, qui obĂ©issent Ă  une autre logique qu‘à celle rĂ©gnant entre les individus?
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Sonderdrucke aus der Albert-Ludwigs-Universit Àt Freiburg
Naissance et histoire d’une mĂ©taphore
Originalbeitrag erschien en in: 2001.
France-Allemagne ; pas sions croisées
Ort: Aix-en-Provence, 22-24 MĂ€rz 2001, S. 51- 60.
Naissance et histoire d’une mĂ©taphore.
À l’occasion du Salon du livre dont l’Allemagne a Ă©tĂ© l’hĂŽte d’honneur, le m ensuel Le
Monde des dĂ©bats a lancĂ© un numĂ©ro spĂ©cial „France / Allemagne” avec le sous-titre „La
peur du divorce”, qui a Ă©tĂ© Ă©galement le titre de l’éditorial de Jean Danie l. Ce titre suggĂšre la
mĂ©taphore du couple franco-allemand et Jean Daniel y revient en eff et en Ă©crivant: „Le
couple France-Allemagne fonctionnait Ă  plein dans l’Europe des Douze. DĂ©jĂ , Ă  quinze ce
n’était plus la mĂȘme chose”; et il continue en Ă©crivant que l’on admet „que sans le couple
franco-allemand rien n’aurait Ă©tĂ© possible [Ă  savoir l’évolution considĂ©rable allant du pool
charbon-acier jusqu’à l’euro], et on a peur du divorce” 1 . La question qui est au centre du
numĂ©ro entier est affichĂ©e dans la suite: „Ce couple, crucial pour l’Europe, est-il en crise?”
Et Jacques Juillard donne une rĂ©ponse dĂ©jĂ  Ă  travers le titre de sa contribution: „Le couple
inĂ©vitable”, et il prĂ©cise la signification qu’il donne Ă  la mĂ©taphore:
Il en va du couple franco-allemand comme de la plupart de s couples modernes: il est libéral,
tolĂ©rant, autorise quelques Ă©carts, fait de moins en moins enfants, ne vit plus sous le mĂȘme toit.
Son principal enne mi est la durĂ©e, son atout majeur est q u’on n’a rien t rouvĂ© d’aut re pour le
La métaphore semble donc de moins en moins suggérer une relation passionnelle; on
pense plutĂŽt Ă  un mariage de raison et Jacques Juillard revient pour cette raison Ă  la
Le choix de l’a xe franco-a llemand n’es t donc pas af faire de se ntiments ni de prĂ© fĂ©rences
idĂ©ologiques, il est tout simplement le seul qui soit rĂ©aliste. Le couple franco-allemand, c’est le
Le terme du couple franco-allemand apparaĂźt constamment dans des titres de publications
françaises: Le couple franco-allemand depuis 1945 . Chronique d’une relation exemplaire de
Laurent Leblond 4 , et puis le recueil Le couple franco-allemand en Europe , publié sous la
direction d’Henri MĂ©nudier 5 et ensuite Le couple franco-allemand et la dĂ©fense de l’Europe
1 Jean D ANIEL , „France-Allema gne. La peur du divorce”, Le Monde des dĂ©bats , 23,
2 Jacques J UILLARD , „Le couple inĂ©vitable”, Le Mond e des dĂ©bats , 23, mars 2001, p.
5 Institut d’allemand, Asniùres, 1993.
par Karl Kaiser et Pierre Le llouche. En allemand, le terme est rarement employé pour
désigner les rapports entre les deux nations. On parle sous un ton neutre des relations franco-
allemandes et avec plus d’emphase de la rĂ©conciliation franco-allemande ou d’amitiĂ© franco-
allemande. Le terme ‘couple franco-allemand’ est bien sĂ»r une mĂ©taphore; le sens littĂ©ral ne
dĂ©signe que la relation entre deux individus: avec le terme ‘couple franco-allemand’ on
projette le rapport individuel et affectif sur le niveau collectif; la métaphore renvoie à la fois
à un sens premier littéral (le couple individuel) et connote un sens figuré (ici les rapports
entre deux nations). En allemand, le sens premier semble ĂȘtre plus prĂ©sent de sorte que le
terme ‘Paar’ paraĂźt trop rĂ©duire les relations entre les deux nations Ă  une dimension intimiste.
En France, en revanche, on est beaucoup plus habitué à imaginer la nation comme une
personne; cette identification y a été particuliÚrement précoce. Elle a commencé à prendre
forme humaine – Domina Francia – au moment oĂč l’histoire de France se constituait comme
genre. En 1224, Primat l’a ainsi exprimĂ© au dĂ©but des grandes chroniques: „Ainsi ne fut-elle
pas sans raison dame renommĂ©e sur les autres nations.“ 6 C’est notamment Michelet qui a
donnĂ© corps Ă  cette projection collective: „L’Angleterre est un Empire; l’Allemagne est un
pays, une race, la France est une personne. La personnalitĂ©, l’unitĂ©, c’est par lĂ  que l’ĂȘtre se
place dans l’échelle des ĂȘtres.“ ( Tableau de la France , 1831) 7 On se rappelle aussi les
premiĂšres phrases des MĂ©moires de guerre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle: „Ce qui il y a, en moi,
d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou l a madone aux
fresques des murs [..].“ 8 Les Français se sont forgĂ© dĂšs la RĂ©volution de 1789 une image
positive de leur nation sous les traits d’une femme incarnant la libertĂ©, se faisant plus tard
connaĂźtre sous le nom familier de Marianne. En Allemagne, en revanche, la figure de
Germania, guerriĂšre, dirigeant son regard vers l’Ouest, n’a Ă©tĂ© rĂ©pandu e qu’aprĂšs la guerr e
franco-prussienne comme expression du nouvel Empire pour disparaĂźtre totalement dĂšs la fin
de la Deuxiùme Guerre mondiale de l’imaginaire collectif. 9 L’ima ge du couple franco-
6 Jacques R EVEL , „Le fardeau de la mĂ©moire“, in: Etienne F RANÇOIS ( Ă©d.), Lieux de
mĂ©moire. Erinnerungsorte. D’un modĂšle français Ă  un projet allemand. Berlin, Centre Marc
8 Général DE G AULLE , Mémoires de guerre , t. I, Le Livre de Poche, Paris, 1968, p.5.
9 Il y a bien sûr avant la Révolution de s allégories féminines comme Francia ou
Germania, mais ces figures sont aux pieds des rois. C’est le roi qui est le reprĂ©sentant de la
monarchie, le pays et le peuple lui sont soumis. Ce n’est que dans les RĂ© publiques que l’on
trouve des allĂ©gories fĂ©minines comme reprĂ©sentations de l’Etat, ainsi dĂšs le dĂ©but du XVI e
siÚcle la Venetia à Venise ou à Amsterdam, ou aux Pays Bas, et bien sûr en Suisse; i l y a un
tableau d’un peintre anonyme, datĂ© entre 1665 et 1668, qui montre une Helvetia, incarnation
allemand ne date cependant pas seulement de l’époque de la rĂ©conciliation. DĂšs la
RĂ©volution française, l’idĂ©e du couple formĂ© par les deux nations est apparue, l’Allemagne
soulignant surtout son aspect complĂ©mentaire par rapport Ă  la France. C’est en 1848 que l’on
trouve des représentations telle que celle attribuée à Lorenz Clasen montrant Germania et
Marianne comme deux sƓurs unies cherchant libert Ă© et autonomie. 10 L’Allemagn e Ă©tait
devenue dÚs le choc de 1870-1871 la référence principale pour l a France. Si la France ne
pouvait plus alors se dĂ©terminer qu’en fonction de l’Allemagne, la mobilisation de
l’affectivitĂ© des masses, la manipulation de l’affe ctivitĂ©, allait devenir, comme l’écrivit RenĂ©
Cheval, un des leviers majeurs de l’action politique. L’Allemagne sera reprĂ©sentĂ©e
notamment Ă  travers la figure de Bismarck, l’homme le plus caricaturĂ© en France. 11 Trois
éléments reviennent alors constamment dans la caricature des Allemands aprÚs 1871: les
bottes, les moustaches e t le casque Ă  pointe: „trois symboles de sur-mĂąle Ă  la virilitĂ©
de la liberté, entourée de potentats européens (m asculins) qui recherchent ses faveurs
(d’aprĂšs Thomas Maissen, „Von wackeren alten Eidgenossen und souverĂ€nen Jungfrauen.
Zur Datierung der frĂŒhesten Helvetia-Darstellungen”, in Zeitschrift fĂŒr Schweizerische
ArchÀologie und Kunstgeschichte , t. 56, 1999, p. 280-281; voir aussi Joseph J URT ,
„Symbolische ReprĂ€sentationen nationaler IdentitĂ€t in Frankreich und Deutschland nach
1789“, in Ruth F LORAC K (Ă©d. ), Nation als Stereotyp. Fremdwahrnehmung und IdentitĂ€t in
deutscher und französischer Literatur . Niemeyer, TĂŒbingen, 2000, p. 115-146.
10 Voir Marie-Louise P LESSEN (Ă©d.), Marianne und Germania 1789-1889. Frankreich
und Deutschland. Zwei Welten - Eine Revue . Argon, Berlin, 1997, p. 57-58.
11 Au sujets des caricatures de Bismarck que nous devons à Daumier voir André Stoll
(Ă©d.), Die RĂŒckkehr der Barbaren. EuropĂ€er und ‘Wilde’ in der Karikatur HonorĂ© Daumiers ,
Hans Christians, Hambourg, 1985, p. 369-423.
12 D’aprĂšs RenĂ© C HEVAL , „Cent ans d’affectivitĂ© franco-allemande ou l’ùre des
stĂ©rĂ©otypes“, Revue d’Allemagne , IV, 3, juillet-sept. 1972, p.606. Le stĂ©rĂ©otype de Bismarck
est revenu au moment de l’unification allemande en 1990. Dans le numĂ©ro spĂ©cial de
LibĂ©ration consacrĂ© Ă  l’Allemagne annĂ©e zĂ©ro paru en septembre 1990, on pouvait voir
l’image d’un aigle allemand noir Ă©norme avec une Mercede s comme tĂȘte et le commentaire
suivant: „Ombre. Que fera l’Allemagne unie de sa puissance? L’unification n’est pas sans
Ă©veiller souvenirs et fantasmes, touchant fibres et chairs. Mais la crainte, en Europe, de voir
Ă©merger une puissance Ă©conomique trop forte est elle, bien rĂ©elle.“ L’ima ge de l’aigle
énorme jetant son ombre, rappelait une caricature de Daumier publiée en 1871 montrant un
casque Ă  pointe Ă©norme obscurissant la lumiĂšre du soleil LibertĂ© et jetant l’ombre sur
l’Europe: „L’éclipse sera-t-elle totale?“L’évĂ©nement de l’unification allem ande de 1990 a Ă©tĂ©
souvent interprĂ©tĂ© par l’opinion publique française Ă  travers les catĂ©gories du p assĂ©,
notamment par le rappel de la premiÚre unification opérée par Bismarck à Versailles,
événement resté traumatisant dans la mémoire coll ective française. A travers la figure du
chancelier Bismarck, vainqueur de 1871, on conjurait les spectres du passé. Pour J ean-
François P ONCET , „le problùme est de savoir si l’Allemagne choisit l’Europe de Jean Monnet
ou celle de Bismarck“ (Paris-Match, 16/11 – 1989). Pour Valeurs actuell es la rĂ©ponse fut
Ă©vidente: „Bismarck balaye Monnet“ – tel Ă©tait le sous-titre sur la couverture de la revue, le
C’est alors que se constitue cette image stĂ©rĂ©otypĂ©e d’une Allemagne masculine
représentée par le soldat et de la France, imaginée c omme une jeune femme innocente, violée
par l’agresseur allemand. La perception des rapports entre les deux peuples se sont ainsi
sexualisés comme le devait remarquer Jules Romains dans un ouvrage publié en 1934,
justement sous le titre significatif: Le couple France-Allemagne :
Il y a bien dans l’hi stoire franco-allemande, dans le dram e sĂ©culaire de ces deux peuples, dans les
attirances et les haines, Ă©galement ardentes, qu’ils Ă©prouvent d’ñge en Ăąge l’un pour l’autre, et
surtout du cÎté allemand, quelque chose de sexuel, quelque chose qui semble une transpositio n du
Cette sexualitĂ© latente apparaĂźt aussi sous la plume d’un Renan Ă©crivant dans la PrĂ©face Ă 
la RĂ©forme intellectuelle et morale : „L’Allemagne a Ă©tĂ© ma maĂźtresse; j’avais c onsacrĂ© de lui
devoir ce qu’il y a de meilleur en moi“ 14 alors que Nerval a vait dĂ©finit l’Allemagne comme
„notre mùre à tous“. 15 Dans Le Tour de la France par deux enfants , livre qui avait connu
20 novembre 89. Georges Valance, un des rĂ©dacteurs en chef de l’ Express , publia en avril
1990, aux Ă©ditions Flammarion, un livre intitulĂ© France–Allemagne: le retour de Bismarck .
L’auteur rappellait le rĂȘve de Helmut Kohl: „ĂȘtre un second Bismarck“(39). Dans le mĂȘme
livre Gauscher fut prĂ©sentĂ©, comme „hĂ©ritier spirituel“ de Bismarck (92). Dans le Canard
enchaßné et le Monde , les caricaturistes affublÚrent à plusieurs re prises le chancelier Kohl
d’un casque Ă  pointe. Dans le numĂ©ro spĂ©cial „Allemagne“du Figaro , on Ă©crit Allemagne en
lettres gothiques et un dessin montre un Kohl souriant Ă  cĂŽtĂ© d’un Bismarck au casque Ă 
pointe. 13 Jules R OMAINS , Le couple France-Allemagne , Paris, Flammarion, 1934, p. XI.
Jules Romains avait souligné en 1934 le rapport conflictuel de la relation franco-allemande
en mettant en relief „les diffĂ©rences profondes, les oppositions, qui dressent l’un contre
l’autre ces deux pays“, mais que, ajouta-t-il, „pourraient aussi bien les joindre.“ A ses yeux,
c’est la situation gĂ©o-politique qui condamne les deux pays Ă  faire couple: „Couple malgrĂ©
lui. Soit. Mais aucun des deux partenaires n’en est responsable; et personne n’ y changera
rien. Ce n’est ni la France ni l’Allemagne qui ont dĂ©cidĂ© d e cohabiter sur la mĂȘme p resqu’üle,
sur ce bout de l’Europe, qui n’est pas trùs grand ni trùs logeable; et il n’est pas en leur
pouvoir de divorcer. MĂȘme s’il se prononçait, leur divorce resterait tout formel. Personne n’a
le moyen d’en faire une vraie sĂ©paration “. De la bonne entente des deux peuples dĂ©pend
pour Jules Romains la paix en Europe: „Couple dont les querelles retentissent sur l’Europe
entiùre, et le monde entier, et sans l’apaisement duquel l’Europe ne retrouvera pas la paix.“
( Ibidem , p. X-XI). Une idĂ©e similaire est aujourd’hui exprimĂ©e par Philippe Delmas dans son
livre au titre quelque peu racoleur De la prochaine guerre avec l’Allemagne : „Depuis
cinquante ans, la nĂ©cessitĂ© a rapprochĂ© la France et l’Allemagne comme les deux lĂšvres
d’une plaie. A dĂ©faut d’affection, elles furent suturĂ©es par la peur: celles des guerres passĂ©es
menĂ©es l’une contre l’autre et celles de la guerre future Ă  mener ensemble. Aujourd’hui, elles
doivent se choisir et, cela, elles ne l’ont jamais fait.“ (Philippe D ELMAS , De la prochaine
guerre avec l’Allemagne , Paris, Editions Odile Jacob, 1999, p.187)
15 Cette image positive de l’Allemagne a trouvĂ© sa source dans De l’Allemagne de
M me de Staël, qui valorisait le naturel et la spéculation métaphy sique en Allemagne par
sous la TroisiÚme République une résonance énorme, on montre deux enfants, André et
Julien, doublement orphelins, ayant perdu leur pĂšre et leur patrie. Nous avons voulu montrer,
Ă©crivait l’auteur, „comment chacun des fils de la mĂšre commune arrive Ă  tirer profit des
richesses de sa contrĂ©e“. Eclairante formule, Ă©crit RenĂ© Cheval, mais la mĂšre, dans l’attent e
d’un nouveau pĂšre, maintient et gĂšre un capital encore considĂ©rable. 16 Dans Colette
Baudoche de BarrĂšs, livre trĂšs rĂ©pandu Ă  la mĂȘme Ă©poque, la jeune Messine qui est le
symbole de la France veuve et vaincue, se refuse Ă  Ă©pouser un Allemand pourtant
sympathique, car cela serait reconnaĂźtre l’autoritĂ© du vainqueur alors que BarrĂšs recommande
aprùs 1918 le mariage de la Française avec l’Allemand puisque, membre d’une nation
victorieuse, elle saurait maintenant le civiliser.
„Il n’est guĂšre douteux que depuis 1945, les rapports franco-allemands se sont dĂ©chargĂ©s
d’une partie de leur agressivitĂ© irrationelle, Ă©crit RenĂ© Cheval en 1971. Mais on se tromperait
gravement en pensant qu’ils sont dĂ©sormais Ă  l’abri des poussĂ©es affectives“, et l’auteur
constate que face Ă  l’ Ostpolitik active de Willy Brandt, les susceptibilitĂ©s s’a vivent, que des
inquiĂ©tudes s’expriment en coulisse. „Il faudra beaucoup de vigilance pour Ă©viter qu e
l’affectivitĂ© ne s’alimente Ă  nouveau aux stĂ©rĂ©otypes hĂ©ritĂ©s du passĂ©.“ 17
Depuis, nous sommes habituĂ©s Ă  l’image apaisante du couple franco -allemand, terme qui
permet toute une série de développements trÚs imagés des rapports entre les deux peuples.
„France– Allemagne: un drîle de couple“, pouvait-on ainsi lire dans les colonnes du
magazine Le Point , le 11 octobre 1997; on y prĂ©sente le traitĂ© de l’ElysĂ©e de 1963 comme
opposition à une vie mondaine et à la civilisation pleine d’esprit mais superficielle qu’elle
croyait constater en France. Son ouvrage, qui est loin d’ĂȘtre exclusivement positif
(notamment à l’egard des Allemands du Sud) a eu la force d’un mythe fascinant. En
tĂ©moignent les propros prĂ©citĂ©s de Nerval, de Renan, de Michelet affirmant en 1854: „Mon
Allemagne. Force scientifique qui m’a fait poussĂ© des questions! Pain des forts!“ La guerre
franco-prussienne conduisit cependant à un désenchantement. Renan attribua pou rtant le
militarisme à la seule Prusse, continuant à considérer le pays en tant que tel comme libéral et
pacifique: „La Prusse passera, l’Allemagne r estera.“ C’est alors que le mythe des deux
Allemagnes prit naissance, en dĂ©cembre 1870 d’abord sous la plume du philosophe Elme-
Marie Caro: „Il y a deux Allemagnes: l’une idĂ©aliste et rĂȘveuse , l’autre pratique Ă  l’excĂšs sur
la scĂšne du monde, utilitaire Ă  outrance, Ăąpre Ă  la cur Ă©e.“ (Voir Ă  ce su jet Wolfgang L EINER ,
Das Deutschlandbild in der französischen Literatur . Darmstadt, Wissenschaftliche
Buchgesellschaft, 1989; Joseph Jurt, „Le mythe des deux Allemagnes“, Le Monde , 9 juin
1990 (supplĂ©ment ‘Liber’); id. „Deutsch-französische Fremd-und Selbstbilder in der
Literatur und Publizistik der Gegenwart“, Frankreich-Jahrbuch 1995, Opladen, Leske und
16 Voir Jacques et Mona O ZOUF , „Le tour de France par deux enfants”, in Pierr e Nora
(éd.), Les lieux de mémoire . E.F.: La République , Gallimard, Paris, 1984, p. 201-322.
acte fondateur du couple. Dans le mĂȘme texte, l’image rĂ©apparaĂźt sous la forme d’une
En janvier [1997], on soufflera les 35 bou gies du couple franco-all emand. Mais l a couronne de
mariage ne man que pas d’ép ines et elle par aĂźt bien dĂ©fr aĂźchie Ă  l’é preuve du tem ps.
Si l’on parle ensuite du tandem France–Allemag ne comme moteur de l’Europe on revient
ensuite à la métaphore consacrée 18 :
Ce drĂŽle de couple n’est cer tes pas nĂ© d’un mariage d’amour, m ais par un acte de volontĂ©
politique. Cette volonté demeure, mais le lien franco-allemand fait de p lus en plus figure de
La relation France–Allemagne, „ça a toujours Ă©tĂ© un peu couple au bord de la crise de
nerfs“, remarque Anne-Marie Le Gloannec pour ajouter cependant: „Ça ne les a jamais
empĂȘchĂ©es de progresser ensemble.“ 19
La relation entre les deux nations a Ă©tĂ© souvent reprĂ©sentĂ©e d’une maniĂšre s ymbolique par
la relation entre les dirigeants des deux pays à commencer par l’accolade historique de
Gaulle - Adenauer. Helmut Schmidt a rappelĂ© rĂ©cemment toute l’importance de la bonne
entente entre lui et Giscard d’Estaing aprĂšs les rapports plus distants de son prĂ©dĂ©cesseur
avec Pompidou. La bonne entente entre Schmidt et Giscard a été selon le premier non
seulement le fondement, mais le moteur de l’intĂ©gration europĂ©enne. Ce furent eux qui
avaient lancĂ© l’idĂ©e d’une monnaie europĂ©enne; elle n’a pas Ă©tĂ© le prix Ă  pa yer pour
l’unification allemande comme l’affirment certains. 20 Les bonnes relations entre Mitterrand
et Kohl ont trouvé leur expression symbolique par la main dans la main des deux dirigeants
lors d’une cĂ©rĂ©monie funĂšbre Ă  Verdun le 22 septembre 1984. Cette entente a durĂ© jusqu’au
Malheur eusemen t, Helm ut Kohl et François Mitterrand n’ont pas conduit la meilleure politiq ue
dans des moments essentiels. Le chancelier a refusĂ© de relancer l’union monĂ©taire europĂ©enne
avant l’unification allemande qui pĂšse sur le dĂ©ficit public o utre-Rhin. Le prĂ©sident français a
18 Les termes ‘tandem’ et ‘moteur’ qui reviennent constamment au sujet du rapport
entre la France et l’Allema gne se retrouvent en puissance dĂ©jĂ  chez Jules Romains qui avait
distinguĂ© un double sens du mot couple – un sens sexuel-biologique et un sens physique et
mĂ©canique: „Le problĂšme France-Allemagne, s’il est un problĂšme de vie et de passion, est
aussi un problùme d’agencement de forces. Un problùme de psychologue, mais aussi un
problĂšme d’ingĂ©nieur.“ (Jules R OMAINS , op. cit ., p. XI)
20 Helmut S CHMIDT , „Patrioten setzen auf Europa. Die deutsch-französische Entente
liegt im beiderseitigen strategischen Interesse“, Die Zeit , n°33, 12 aoĂ»t 1999, p.8.
montrĂ© sa mĂ©fiance vis-Ă -vis de l ’Allemagne aprĂšs la chute du mur de Berlin en novembre 1989.
Cette réaction négative a laissé des traces. 21
Tout récemment on a encore décrit les rapports entre le chan celier allemand et le président
de la RĂ©publi
Brune débauchée le pousse à la dévorer
PremiÚre double pénétration
Ange aux gros seins aime la bite

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