Communiqué de presse du ministère russe des Affaires étrangères sur la mise en œuvre des accords d’Istanbul signés le 22 juillet 2022 (l'Initiative céréalière de la mer Noire)

Communiqué de presse du ministère russe des Affaires étrangères sur la mise en œuvre des accords d’Istanbul signés le 22 juillet 2022 (l'Initiative céréalière de la mer Noire)


En raison de la publication par le Secrétariat des Nations unies d’une note à la presse sur l’initiative céréalière de la mer Noire, nous sommes contraints de rétablir les faits. Il s'agit en fait d'une manipulation et d'une déformation des faits, ce qui oblige la Russie, en tant que partie aux deux accords (contrairement à l'ONU), conclus à Istanbul le 22 juillet 2022, à fournir ses évaluations basées sur les données réelles.

1. «L’initiative de la mer Noire». Au 20 janvier 2023, dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative céréalière de la mer Noire, 668 navires avec 18 224 860 tonnes d’alimentation à bord ont quitté les ports d'Odessa, de Tchernomorsk et de Yuzhniy. Dans la nomenclature des cargaisons, 46,1% est du maïs fourrager, 5,9% - du schrot de tournesol, 5,5% - du colza et d'autres cultures fourragères utilisées pour la nutrition du bétail. 

Le blé ne représente que 27,57% de ces livraisons tandis que ce produit est placé au cœur du rapport de l'ONU. L’objectif est clair - présenter des chiffres humanitaires «corrects» sur l’aide accordée aux «économies émergentes» (prétendument 64%), parmi lesquels figurent, pour une raison inconnue, des pays tels qu'Israël, la Corée du Sud et les monarchies du Golfe, qui n'ont manifestement pas de problèmes de développement économique ou d'approvisionnement alimentaire.

La géographie réelle des bénéficiaires des produits alimentaires ukrainiennes est la suivante : les pays à revenu élevé (UE, Royaume-Uni, etc.) ont reçu 8,6 millions de tonnes de cargaisons (47%), les pays à revenu moyen supérieur (Chine, Jordanie, Malaisie, etc.) ont reçu 6,1 millions de tonnes (33%), les pays à revenu moyen inférieur (Bangladesh, Inde, Indonésie, Pakistan, etc.) ont reçu 2,9 millions de tonnes (16%). 

Seules 551 527 tonnes (3%) ont été envoyées aux pays les plus pauvres (Somalie, Éthiopie, Yémen, Soudan, Afghanistan, Djibouti), dont 396 169 tonnes transportées sur les navires affrétés par le Programme alimentaire mondial de l’ONU (2%). Il convient de noter que la part de ces pays dans les statistiques globales est en baisse - dans les 120 premiers jours de l'initiative céréalière, elle était de près de 4%, elle n’est maintenant que de 3%. Il est important de souligner que c'est pour cette raison que l'ONU a hâtivement reclassiffié l'initiative de la mer Noire basculée de l’« humanitaire » à la « commerciale » et a refusé de rendre public des informations sur les destinataires des cargaisons sous prétexte du secret commercial.

La partie russe ne confirme non plus les données du communiqué de presse de l'ONU concernant la présence présumée de plus de 100 navires dans les eaux territoriales turques liés à l'initiative et le temps d'attente moyen de 21 jours. En réalité, il y a actuellement 64 navires amarrés dans les ports ukrainiens et dans les zones d'inspection. La liste qui fixe l'ordre de leur contrôle et de leur passage est établie par la partie ukrainienne, tandis que les représentants russes n'ont aucune influence là-dessus.

Dans le même temps, la partie russe a appelé à maintes reprises l'attention sur le problème de l'encombrement artificiel des cargos dans le port d'Istanbul, qui est créé par des commerçants ukrainiens qui affrètent des navires sans tenir compte des règles et conditions convenues d'enregistrement et de participation à l'initiative. Ces navires ne peuvent être considérés comme des participants à l'initiative tant qu'ils n'y sont pas inclus, et le Centre commun de coordination d'Istanbul n'en est pas responsable. Il est évident que Kiev est guidé uniquement par les objectifs mercantiles de vendre "davantage et plus vite", au mépris des procédures opérationnelles approuvées.

2. Le pipeline d'ammoniac «Togliatti-Odessa». Le rapport des Nations unies fait référence à l'objectif déclaré de l'initiative de la mer Noire de relancer les exportations d'ammoniac à partir du port de Yuzhny. Bien que l’exportation d'engrais, y compris d'ammoniac, était censée commencer en même temps que le transport de denrées alimentaires ukrainiennes, le document de l’ONU n’évoque que quelques discussions menées dans cette direction par certaines parties.

La position russe sur ce point a été communiquée aux Nations unies de manière répétée et détaillée – le transbordement d'ammoniac devait commencer dans le cadre de la mise en œuvre de l'Initiative de la mer Noire. Il ne devrait nécessiter aucun autre accord ou disposition supplémentaire. Les capacités techniques pour réanimer le pipeline sont en place, et les sociétés qui l’exploitent sont prêtes. Il ne manque que le consentement de Kiev, qui bloque les livraisons de matières premières pour les engrais (suffisantes pour nourrir 200 millions de personnes), les subordonnant à toute une série de conditions politiques préalables, allant de la libération de prisonniers de guerre jusqu’à l'aide à la vente de biens volés. Les Nations unies, tout en appelant activement à une augmentation des exportations ukrainiennes de céréales, sont inactives sur cette question particulière, en faisant référence à une certaine négociation en cours. On ne sait pas, cependant, entre qui et à quel sujet, car les représentants russes ne prennent pas part à ces contacts.

3. Mémorandum Russie-ONU. Le bulletin d’information de l'ONU est finalisé par un seul alinéa qui mentionne le deuxième document - sur la normalisation des exportations russes de produits agricoles et d'engrais, signé à Istanbul le 22 juillet 2022. Cependant, rien ne précise que les deux accords font partie indissociables du même "paquet" proposé par A. Guterres et doinvent être mis en œuvre conjointement.

Les Nations unies n'ont rien à montrer (contrairement à l'Initiative de la mer Noire) comme résultats concrets de la mise en œuvre de cet accord. Sur le fond de nombreuses déclarations venant de Washington, Bruxelles et Londres selon lesquelles les sanctions unilatérales ne s'appliqueraient pas aux aliments et aux engrais, l’ONU se contente de réaffirmer leur engagement pour poursuivre ses efforts en vue d’obtenir des exemptions appropriées. S'il n'y a pas de restrictions, alors pourquoi aurait-on besoin des exemptions ?

La mise en œuvre de la proposition russe de faire don aux pays les plus pauvres de 262 000 tonnes d'engrais bloquées en Lettonie, en Estonie, en Belgique et aux Pays-Bas est particulièrement révélatrice à cet égard. Nous avons envoyé un appel officiel à cet égard au Secrétaire général de l'ONU le 7 septembre 2022, et fourni toutes les informations et données nécessaires.

Le premier et unique envoi de 20 000 tonnes a été expédié des Pays-Bas au Malawi le 28 novembre 2022. La partie russe a en outre couvert tous les frais d'expédition et de manutention, et a payé les "services de médiation" du PAM à hauteur de 200 000 dollars. Bien qu'il s'agisse d'une opération humanitaire et d'une aide aux nécessiteux à la veille de la nouvelle saison des semailles.

Les engrais sont arrivés dans un port du Mozambique le 28 décembre 2022 et devraient maintenant être en route pour le Malawi. Il a donc déjà fallu près de cinq mois pour envoyer une seule et petite partie des engrais sous l’égide des Nations unies, et l'envoi n'a pas encore atteint son destinataire. On ne peut que deviner combien de temps il faudra pour débloquer et livrer les 242 000 tonnes de produits restants.

Si la mise en œuvre de cette initiative purement humanitaire progresse avec une telle difficulté et une telle lenteur, il est évidemment inutile de parler de la normalisation des exportations russes de produits agricoles et d'engrais avec l'aide des Nations unies. Sous couvert des discours sur les menaces de famine et à la sécurité alimentaire mondiale, ce processus ne sert en fait qu'aux intérêts commerciaux des Ukrainiens et aux intérêts économiques des bénéficiaires occidentaux, notamment par le biais de manipulations et déformations de la situation réelle relative à la réponse aux besoins aigus de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine.


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