Cette semi blonde joue les timides mais voila

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Cette semi blonde joue les timides mais voila
Théâtre complet d’Eugène Labiche , Calmann-Lévy , 1898 , Tome 4 ( p. 155 - 208 ).
collection LES DEUX TIMIDES Eugène Labiche et Marc-Michel Calmann-Lévy 1898 Paris C Tome 4 LES DEUX TIMIDES Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/9 155-208 
Annette , venant du fond une bouilloire à la main et entrant par la gauche, pan coupé.
Thibaudier , venant du pan coupé de droite, à la cantonade, en saluant.
Annette , prenant un verre sur le buffet.
Annette , prenant les échantillons.
Garadoux , entrant par la gauche, pan coupé.
Garadoux , continuant à faire sa toilette.
Garadoux , tirant le journal de sa poche.
Garadoux , insistant pour le rendre.
Garadoux , le remettant dans sa poche.
Cécile , se rapprochant vivement de son père.
Garadoux , !… c’est que froidement.
Frémissin , se heurtant à une chaise.
Frémissin , à part, tenant le sucrier.
Cécile , avec un sourire encourageant.
Cécile , le regardant très étonnée.
Thibaudier et Frémissin , voulant la retenir.
Thibaudier , lui offrant une prise.
Frémissin , stupéfait de son audace.
Thibaudier , entrant par le fond et venant de la droite.
Cécile , entrant par la gauche, première porte.
Cécile , le faisant asseoir à la table.
Thibaudier , s’asseyant et prenant une plume.
Garadoux , tirant son petit instrument et se limant les ongles.
Garadoux , tirant de sa poche une tabatière d’or.
Frémissin , lui montrant l’adresse.
Cécile ; puis Thibaudier ; puis Annette
Cécile , descendant en nouant les rubans de son chapeau.
Annette , apportant de la gauche une robe de chambre.
Thibaudier , endossant la robe de chambre.
Annette , apportant les objets demandés.
Garadoux , entrant par le pan coupé de gauche.
Thibaudier , à part, sans répondre.
Annette , bas à Cécile, lui montrant Garadoux.
Garadoux , prenant sur la table un buvard, du papier et une plume.
Garadoux , après l’avoir cherché sur la table.
Cécile , à part, remettant l’encrier sur la table.
Thibaudier , avec dignité, lui rendant l’autre.
Cécile , bas, et vivement, à Frémissin.


Dernière modification il y a 10 ans par JackBot


Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Gymnase , le 16 mars 1860.

Cécile, fille de Thibaudier : Mlles Albrecht

Annette, femme de chambre : Georgina

Salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin par une grande porte. — Porte à gauche. — Portes dans les pans coupés. — Cheminée à droite. — Une pendule et des vases sans fleurs sur la cheminée. — Une table avec encrier, papier et plumes, à gauche. — À droite, un guéridon. — Un petit buffet après la porte de gauche. — Chaises, fauteuils.

Monsieur, c’est votre eau chaude… (Descendant en scène.) Il est drôle, le futur de Mademoiselle, M. Anatole Garadoux… il passe tous les matins une heure et demie à sa toilette… ses ongles surtout lui prennent un temps ! il les brosse, il les ratisse, il a un tas de petits instruments… Il travaille ça comme de la bijouterie, c’est curieux à voir ! Je ne sais pas si c’est par là qu’il a séduit M. Thibaudier, toujours est-il que le bonhomme s’est laissé prendre comme… Au fait, comme il se laisse prendre par tout le monde. C’est incroyable ! un homme de son âge… pas plus de défense qu’un enfant… une timidité… il n’ose jamais dire non… Ah ! quelle différence avec sa fille ! Voilà une petite tête qui, avec son petit air tout doux, ne fait que ce qui lui plaît. (On entend chanter Cécile dans le jardin.) Ah ! je l’entends. Elle revient de sa promenade du matin avec une botte de fleurs dans son panier et son petit volume à la main.

Le bon La Fontaine
Nous peint le tableau
D’un robuste chêne,
D’un frêle roseau
La force inutile
De l’un n’est qu’un nom ;
Le roseau débile
Résiste et tient bon.
Par peur, par faiblesse,
On voit des papas
Qui tremblent sans cesse
Au moindre embarras.
Mais, dans les familles,
L’on peut, en ce cas,
Voir des jeunes filles
Qui ne tremblent pas.
Le bon La Fontaine,
Etc.

Annette ! vite ! les vases de la cheminée.

Eh bien, qu’est-ce que ça me fait ?

Comment, vous n’avez pas remarqué ses ongles ?… Ils sont longs comme ça ! Mais l’autre jour, en voulant ouvrir sa fenêtre, il en a cassé un !…

Je sais bien que ça repousse… mais il a paru vivement contrarié… car, depuis ce temps-là, il me sonne pour ouvrir la fenêtre.

Je t’ai déjà priée de ne pas me parler sans cesse de M. Garadoux… cela m’est désagréable, cela m’agace !

Oh ! mon futur ! le mariage n’est pas encore fait ! Où est mon père ?

M. Thibaudier ?… il est dans son cabinet depuis une grande heure avec un particulier venu de Paris…

De Paris ? un jeune homme… un jeune avocat ? blond… l’air doux… les yeux bleus ?

Non… celui-là est brun… avec des moustaches et une barbe comme du cirage.

Je crois que c’est un commis voyageur en vins… Monsieur ne voulait pas le recevoir… mais il a presque forcé la porte avec ses fioles.

Pourquoi papa ne le renvoie-t-il pas ?

Monsieur ?… il est bien trop timide pour cela !

Elle porte le deuxième vase sur la cheminée.

Monsieur, c’est à moi de vous remercier… enchanté… (Montrant deux petites bouteilles d’échantillon.) Je n’en avais pas besoin… mais j’en ai pris quatre pièces.

Je sais bien… Mais le moyen de refuser un monsieur bien mis… qui vient de faire quatre lieues… de Paris à Chatou…pour vous offrir sa marchandise… Car, enfin, il s’est dérangé, cet homme !

Voyons ! (Elle boit et jette un cri.) Brrr !

C’est ce qu’il m’avait semblé… J’ai même osé lui dire… avec ménagement : "Votre vin me paraît un peu jeune ! " J’ai cru qu’il allait se fâcher… Alors, j’en ai pris quatre pièces…

Voilà de quoi faire de la salade. (On sonne à gauche.) C’est M. Garadoux qui sonne pour me faire ouvrir sa fenêtre.

Comment ! il n’est pas encore levé, M. Garadoux ?

Non. Il paraît jamais avant dix heures…

Ca ne m’étonne pas… Tous les soirs, il s’empare de mon journal… Dès qu’il arrive, il le monte dans sa chambre… et il le lit pour s’endormir.

Je t’avoue que ça me prive ; et, si tu pouvais lui en toucher un mot… sans que cela ait l’air de venir de moi !

Soyez tranquille ! je lui parlerai !

J’admire ton assurance… À dix-huit ans… Moi, c’est plus fort que moi… La présence d’un étranger dans ma maison… ça me trouble… ça m’anéantit…

Mais cela va bientôt finir, Dieu merci !

Oui, toutes ces demandes, ces présentations… j’en suis malade !… Que veux-tu ! j’ai passé ma vie dans un bureau… à l’administration des Archives… et des Archives secrètes, encore ! Nous ne recevions jamais personne… ça m’allait… Voilà pourquoi je n’aime pas à causer avec les gens que je ne connais pas.

Vous connaissez donc beaucoup M. Garadoux ?

Pas du tout, mais il m’a été recommandé par mon notaire, que je ne connais presque pas non plus. Il s’est présenté carrément… Nous avons causé pendant deux heures… sans que j’aie eu la peine de placer quatre mots… Il faisait les demandes et les réponses… cela m’a mis tout de suite à mon aise :

"Bonjour monsieur, comment vous portez-vous ?
Bien ! je le vois… Grand merci, moi de même.
Maître Godard vous a parlé pour nous…
Tant mieux ! Ma joie en est extrême.
Croyez, monsieur, que je serais flatté
D’être admis dans votre famille…
Hein ?… Pas un mot ?… Allons ! c’est arrêté ;
Vous m’accordez la main de votre fille."

Et il paraît que je lui ai accordé ta main… à ce qu’il m’a dit. Alors, il est venu s’installer ici depuis quinze jours… et, aujourd’hui même, nous devons aller à la mairie pour faire les publications.

C’est lui qui a décidé ça… Moi, je ne me mêle de rien !

Est-ce qu’il vous plaît beaucoup, M. Garadoux ?

C’est un charmant garçon… qui a une facilité de parole…

Il est veuf ! je ne veux pas épouser un veuf.

Mais si, par hasard… un autre prétendu se présentait ?

Comment ! un autre prétendu ?… Encore des demandes ? des entrevues ! il faudrait recommencer ? Ah ! non, non !

Celui dont je parle n’est pas un étranger… vous savez bien… M. Jules Frémissin… un avocat…

Un avocat !… je ne pourrai jamais causer avec un avocat !

Le neveu ! le neveu ! je ne l’ai jamais vu !

Je croyais que ma marraine vous avait écrit…

Il y a trois mois… avant Garadoux… ce n’était qu’un projet en l’air… et, puisque ce monsieur n’a pas paru, c’est qu’il n’a jamais pensé à toi !

Comment ! tu es sûre ! Voyons, parle-moi franchement… que s’est-il passé ?

Oh ! rien ! il ne m’a jamais parlé !

Je n’aime pas les réunions… où il y a du monde.

J’étais à table, près de M. Frémissin…il rougissait… il ne faisait que des gaucheries.

Ce n’est pas un symptôme… c’est une maladresse.

Ensuite, quand je lui ai demandé à boire… il m’a passé la salière.

Oh ! non, papa, il n’est pas sourd… Il était troublé. Voilà tout.

Eh bien, pour qu’un jeune homme qui est avocat… qui parle en public… soit troublé à ce point… (baissant les yeux) il faut bien qu’il y ait une raison…

Et cette raison… c’est qu’il t’aime ?

Si cela était, il serait venu… Il n’est pas venu… donc cela n’est pas ! et j’en suis bien aise, car, au point où sont les choses avec M. Garadoux…

Monsieur, c’est une lettre que le facteur apporte.

Voyons, ne te monte pas la tête. Encore quelque invitation… c’est insupportable ! (Lisant.) "Cher monsieur Thibaudier… permettez-moi de vous adresser M. Jules Frémissin, mon neveu, dont je vous ai parlé il y a quelques mois… Il aime notre chère Cécile…"

Allons bon ! des complications ! (Reprenant sa lecture.) "Son rêve serait d’obtenir sa main… Je devais l’accompagner aujourd’hui pour traiter cette importante affaire, mais je suis retenue par une indisposition, il se présentera seul…"

Mais c’est impossible, j’ai donné ma parole à Garadoux… tu vas me lancer dans des difficultés…

Mais qu’est-ce que tu veux que je devienne entre deux prétendus ?

Moi ?… (Apercevant Garadoux qui sort de sa chambre.) Chut ! le voici !

Ma charmante future… vous êtes fraîche, aujourd’hui, comme un bouquet de cerises.

Je vous remercie… pour ma fraîcheur des autres jours !

Oh ! elle va trop loin ! (Haut.) Ce cher Garadoux !… Vous avez bien dormi ?

Parfaitement ! (À Cécile.) Je me suis levé un peu tard peut-être ?…

Le fait est que vous n’aimez pas la campagne, le matin… (Vivement.) Ce n’est pas un reproche !

Moi ? assister au réveil de la nature, je ne connais pas de plus magnifique tableau ! Les fleurs ouvrent leurs calices, le brin d’herbe redresse sa tête pour rendre hommage au soleil levant. (Il examine ses ongles.) Le papillon essuie ses ailes encore humides des baisers de la nuit…

Il tire un petit instrument de sa poche et lime ses ongles.

Le voilà parti !… C’est très commode !

Cécile, à part. Il fait sa toilette !

L’abeille diligente commence ses visites à la rose pendant que la fauvette à tête noire…

C’est impatientant ! (Brusquement, à Garadoux.) Quoi de nouveau dans le journal ?

Vous l’avez monté, hier soir… et mon père n’a pu le lire…

Mille pardons, monsieur Thibaudier, c’est par inadvertance !

Vous ne l’avez pas lu ? Alors, gardez-le, monsieur Garadoux !

Il va à la cheminée et arrange sa cravate devant la glace.

J’aurais pourtant bien voulu voir le cours de la rente !

C’est la carte de visite d’un monsieur qui attend là… à la grille…

Un monsieur ?… (Après avoir jeté un coup d’œil.) C’est lui ! M. Jules !

Saprelotte !… et devant l’autre !… Que faire ?

Vous ne pouvez pas lui refuser votre porte. (Haut à Annette.) Faites entrer !

Une visite ?… Ah ça, beau-père, n’oubliez pas qu’à midi nous allons à la mairie pour les publications.

Certainement, mon cher Garadoux, certainement ! (Bas à Cécile.) Au moins, emmène-le.

Voulez-vous m’accompagner, monsieur Garadoux ?

Volontiers, mademoiselle… Où allons-nous ?

S’il pouvait encore se casser un ongle !

Venez, monsieur, arroser mes fleurs,
Comptez sur leur reconnaissance,
En doux parfums, en riches couleurs
Elles paieront votre assistance.

Venez, venez, arroser mes fleurs,
En doux parfums, en riches couleurs
Elles paieront votre assistance.
Allons, venez arroser mes fleurs !

Allons, je vais arroser vos fleurs.
Mais pour les soins donnés à vos sœurs,
De vous j’attends ma récompense.
Allons, allons arroser vos sœurs.

Quel sort cruel ! deux adorateurs !
Voilà de quoi combler mes malheurs !
À qui donner la préférence
Entre ces deux adorateurs ?

Garadoux et Cécile sortent par le fond.

Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu ! quelle situation ! un prétendu accepté… installé !… et un autre !… un avocat encore !… Il doit avoir une langue !… il va m’entortiller avec sa langue !… je me connais, je suis capable de lui dire : "Oui…" comme à l’autre !… ça en fera deux !

Lui !… que lui dire ?… (Se regardant et saisissant ce prétexte.) Ah ! je n’ai pas d’habit… je vais mettre un habit !

Il se sauve par la première porte de gauche au moment où Frémissin paraît au fond.

Il entre par le fond timidement, très décontenancé, et salue tout bas.

Monsieur… madame… j’ai bien l’honneur… (Regardant autour de lui.) Tiens ! personne ! Ah ! tant mieux ! ce que je redoutais le plus, c’était de rencontrer quelqu’un… Je frissonne à l’idée de me trouver en présence de ce père…qui sait que j’aime sa fille… (Avec feu.) Ah ! oui, je l’aime !… Depuis ce dîner où j’ai cassé un verre… je viens tous les jours à Chatou pour faire ma demande… J’arrive par le convoi de midi, je n’ose pas entrer, et je repars par celui d’une heure. Si cela devait continuer, je prendrais un abonnement au chemin de fer… mais aujourd’hui… j’ai eu du courage, j’ai franchi la grille ! sans ma tante ! qui n’a pu m’accompagner… et je vais être obligé… moi-même… tout seul, de… (Effrayé.) Mais est-ce que ça se peut ? est-ce qu’il est possible de dire à un père… qu’on ne connaît pas : "Monsieur, voulez-vous avoir l’obligeance de me donner votre fille pour l’emmener chez moi et…" (Se révoltant.) Non ! on ne peut pas dire ces choses-là ! et jamais je n’oserai… (Tout à coup.) Si je m’en allais !… Personne ne m’a vu… je m’en vais ! je reviendrai demain… à midi.

Il remonte vers le fond et se rencontre vers la porte avec Cécile.

Je ne me trompe pas… M. Jules Frémissin ?

C’est bien le hasard, en effet… je passais… je cherchais le notaire…

J’ai affaire au notaire de Chatou… j’ai vu une grille… j’ai sonné… mais je vois que je me suis trompé… (Saluant.) Mademoiselle, j’ai bien l’honneur…

Mais attendez donc !… mon père sera charmé de vous voir…

Oh ! ne le dérangez pas ! je me retire…

Du tout ! vous me feriez gronder… Veuillez vous asseoir…

Avec plaisir… je ne suis pas fatigué.

Il ôte ses gants puis les remet vivement.

Pauvre garçon ! comme il est troublé !

Vous me permettez de garnir mon sucrier ? Elle va prendre sur le buffet un sucrier et une boîte à sucre.

Mais pas du tout !… et même si je ne craignais d’être indiscrète…

C’est agir sans cérémonie,
Mais vous voudrez bien m’excuser…

Eh bien, allons ! je vais oser !
Abusant de cette obligeance,
Puis-je, monsieur, vous supplier…

D’avoir la complaisance
De me tenir mon sucrier ?

À part.
Mais comme cela,
Je suis bien certaine
Qu’il nous restera !

Frémissin

Je vous rends sans peine
Ce service-là

Ce charmant sans-gêne
M’enhardit déjà !

Si son père nous surprenait dans cette position !… Il faut pourtant que je lui dise quelque chose… j’ai l’air d’un idiot ! (Surmontant sa timidité, haut.) Mademoiselle Cécile !…

Oh ! non, pas comme tous les sucres !

J’ai été trop loin. (Haut.) Est-il de canne ou de betterave ?

Je ne sais pas… je n’en connais pas la différence.

Oh ! elle est très grande… l’un est bien plus… tandis que l’autre… est récolté par les nègres…

Elle reprend son sucrier, s’éloigne de lui et va au buffet.

Thibaudier entre par la gauche, très décontenancé. Il est en habit noir.

Thibaudier et Frémissin se tiennent aux deux extrémités de la scène, très embarrassés et n’osant lever les yeux l’un sur l’autre.

Allons, il le faut ! (Saluant Jules de loin.) Monsieur… je suis très heureux…certainement…

C’est moi, monsieur, qui… certainement…

J’aurais bien mieux fait de m’en aller !

Vous avez sans doute à causer… je vous laisse.

Il faut que je prépare mon dessert. (À Frémissin.) Asseyez-vous… (À son père.) Vous aussi, papa… (Tous deux s’asseyent. Bas à Frémissin.) Courage ! (Bas à son père.) Courage !

Ils sont assis en face l’un de l’autre, et sont très embarrassés.

Nous voilà seuls… Il a l’air d’avoir un aplomb de tous les diables !

Jamais je n’ai été si mal à mon aise. (S’inclinant.) Monsieur…

Monsieur… (À part.) Il va me faire sa demande !…

Vous avez sans doute reçu une lettre de ma tante ?

Et comment se porte-t-elle, cette chère dame ?

Mais j’espère que le beau temps… le soleil…

Le mien aussi… C’est drôle ! deux baromètres qui montent en même temps.

C’est fâcheux pour mes rosiers, ils vont griller

Allons, tant mieux ! tant mieux ! (À part.) Jusqu’à présent, ça marche très bien !

Il a l’air bonhomme… Si j’essayais… (Haut, très ému, se levant.) Dans sa lettre… ma tante daignait… vous annoncer ma visite…

Nous y voilà… (Haut.) En effet !… en effet !… mais elle ne m’indiquait pas précisément… le but…

Non ! elle ne m’en a pas soufflé mot…

Ah ! mon Dieu !… mais alors… c’est encore plus difficile. (Haut, avec effort.) Monsieur… c’est en tremblant…

Quel soleil ! regardez donc ce soleil ! ça va tout brûler…

Oui… moi, je couvre avec des paillassons… (Reprenant.) C’est en tremblant que je viens solliciter la faveur de…

Merci ! je ne bois jamais entre mes repas.

Moi non plus… Une fois, j’avais très chaud… j’ai voulu boire un verre de bière… ça m’a fait mal.

Allons ! tant mieux ! tant mieux !… Je viens solliciter la faveur…

J’ai exposé l’année dernière l’Etendard de Marengo.

Et moi le Géant des batailles… trois pouces de diamètre !

Non… mais j’ai les Prémices de Pontoise.

Jamais entre mes repas… C’est en tremblant que je viens solliciter… la faveur… d’obtenir…

Mais… quelques-unes de vos greffes !…

Comment donc ! jeune homme… avec plaisir…

Je cours les envelopper moi-même dans de la mousse mouillée…

Il s’en va !… (Haut.) Monsieur Thibaudier…

Enchanté, cher monsieur… enchanté… (À part.) Je l’échappe belle !… ouf !

Il sort vivement par le fond et tourne à droite.

Il est parti !… et je n’ai pas trouvé un mot !… Imbécile… brute !… âne !… crétin !…

Et… avez-vous été content de l’entrevue ?

Enchanté !… Et la preuve c’est qu’il est allé me chercher ce que je lui demandais…

Non ! pas vous… des greffes de rosier !

Oui, mademoiselle… pendant un quart d’heure … c’est à ne pas y croire ! nous n’avons parlé que du Géant des batailles et du Triomphe d’Avranches.

Ah ! parce que… parce que je suis possédé d’une infirmité déplorable : je suis timide !…

Mais timide jusqu’à l’idiotisme, jusqu’à l’imbécilité ! Ainsi, on me tuerait plutôt que de me faire dire tout haut que ce je me dis tout bas depuis trois mois… c’est-à-dire que je vous aime ! que je vous adore ! que vous êtes un ange !…

Mais il me semble que vous le dites très bien !

Je l’ai dit !… Oh ! pardon ! ça ne compte pas, ça m’a échappé !… Je ne vous le dirai plus… jamais… je vous le jure !…

Ne jurez pas… Je ne vous demande pas de serment !… Timide… un avocat ! ça doit bien vous gêner pour plaider.

Aussi je ne plaide jamais !… ça m’est arrivé une fois… et ça ne m’arrivera plus.

Ma tante m’avait procuré un client… car Dieu m’est témoin que je n’ai pas été le chercher. C’était un homme violent… il avait laissé tomber sa canne sur le dos de sa femme…

Vous allez voir si je l’ai défendu !… Le grand jour arrive… tous mes camarades étaient à l’audience… J’avais préparé une plaidoirie brillante… Je la savais par cœur… Tout à coup, un g
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