Agent double de l'Europe de l'Est

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Balthazar Gibiat


Publié le
01/11/2010 Ă  1h00


- Mis Ă  jour le
17/02/2015






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Ces hommes étaient les soldats d'élite du KGB, du MI6 ou de la CIA. Pendant la Guerre froide, ils se battaient à coups d'intox, de corruption, voire de séduction. Des armes qui se révélaient souvent meurtriÚres. Portraits de huit grands maßtres du monde du renseignement militaire et politique.
Aldrich Ames (1941), officier de la CIA et agent double du KGB La plus chĂšre taupe de l'histoire En Ă©change de quelques diamants, d'une datcha et de 5 millions de dollars (un record Ă  l'Ă©poque dans le monde des services secrets) , le chef du contre-espionnage amĂ©ricain a trahi la presque totalitĂ© des agents et taupes de l'Ouest. Une quinzaine d'entre eux ont fini fusillĂ©s - Ă  l'instar du cĂ©lĂšbre Poliakov. La version officielle raconte qu'Aldrich Ames vendit ses secrets aux russes pour Ă©purer ses dettes de jeu. Et le FBI dessina son portrait en agent mĂ©diocre doublĂ© d'un noceur, alcoolique invĂ©tĂ©rĂ©. Mais comment un tel individu s'Ă©tait-il retrouvĂ© Ă  la tĂȘte du contre-espionnage ? «Rick» avait suivi les traces d'un pĂšre espion amĂ©ricain en Birmanie. AprĂšs la «Ferme», surnom du service oĂč sont formĂ©s les agents de la Centrale, il gravit un Ă  un les Ă©chelons de la CIA, successivement en poste Ă  Ankara, Ă  Langley (Virginie) et Ă  Mexico. C'est sans doute lĂ  qu'il fut retournĂ© par les Russes. Revenu aux Etats-Unis, en 1983, il accĂ©da Ă  l'un des postes les plus sensibles de l'Agence. ChargĂ© de dĂ©masquer les faux transfuges et de lutter contre l'infiltration, le chef du contre-espionnage est en effet le seul responsable, dans une organisation trĂšs cloisonnĂ©e, Ă  possĂ©der une vue d'ensemble. Infiltrer ce dĂ©partement Ă©tait donc le graal pour le KGB. Comment Ames fut-il dĂ©masquĂ© par le FBI ? sans doute avait-il fini par se croire intouchable. Ayant dĂ©jouĂ© par deux fois le dĂ©tecteur de mensonge, Ames flambait sans retenue, acquĂ©rant jaguar et tableaux de maĂźtre, et sortait de ses bureaux des documents top secrets dans de simples sacs en plastique. Une dĂ©sinvolture fatale. L'homme finira ses jours dans le triste dĂ©cor d'une prison de haute sĂ©curitĂ©.
Anthony Blunt (1907-1983) et Kim Philby (1912-1988), taupes soviĂ©tiques au MI6 anglais Les «Magnifiques» du MI6 Avec trois autres espions britanniques, on les a baptisĂ©s les Cinq de Cambridge («Magnificent Five»). RecrutĂ©s par les SoviĂ©tiques vers 1935, ces flamboyants rejetons de l'aristocratie britannique formĂšrent la plus belle brochette de taupes de la Guerre froide. S'Ă©tant liĂ©s Ă  l'universitĂ© sous les auspices de l'antifascisme, ils trahirent par idĂ©al, n'acceptant jamais la moindre rĂ©munĂ©ration pour leurs informations. Parmi eux, deux figures s'imposent. Blunt, immense historien de l'art, fut conservateur des collections royales. DĂ©noncĂ© en 1963, sa trahison fut classĂ©e secret d'Etat jusqu'Ă  ce qu'en 1979, Margaret Thatcher trouve son intĂ©rĂȘt politique Ă  en faire un scandale national. Fils d'espion, Philby a trompĂ© le MI6 pendant trente ans, manquant mĂȘme d'un rien d'en prendre la tĂȘte. Ses responsabilitĂ©s lui permirent d'avertir Ă  temps ses anciens camarades dĂ©masquĂ©s. SoupçonnĂ© Ă  son tour, celui qui inspira Ă  John le CarrĂ© son personnage de Smiley se rĂ©fugia en URSS en 1963. Une cage dorĂ©e oĂč il devint consultant du KGB sur les services secrets occidentaux, animant son «sĂ©minaire» jusqu'Ă  sa mort en 1976.
Reinhard Gehlen (1902-1979), chef du contre-espionnage de RFA Les mĂ©tamorphoses du «GĂ©nĂ©ral gris» Le cas de cet officier du IIIe Reich qui fonda et dirigea pendant vingt ans les services de renseignement d'une RFA en pleine dĂ©nazification, jette une lumiĂšre blessante sur l'histoire occidentale rĂ©cente. Certes, bien que ne prenant pas une part active Ă  la conspiration contre Hitler, le lieutenant-colonel Gehlen avait Ă©tĂ© un proche de Stauffenberg, celui qui avait fomentĂ© cette conspiration. Mais, en bon exĂ©cutant nazi, il rĂ©digea aussi les plans de l'opĂ©ration Barbarossa d'invasion de l'URSS avant de commander les services secrets de la Wehrmacht sur le front de l'Est. En mars 1945, pressentant la dĂ©faite du FĂŒhrer, Gehlen se rĂ©fugia dans les montagnes autrichiennes, non sans avoir microfilmĂ© des milliers de documents. Avec cette monnaie d'Ă©change, le «GĂ©nĂ©ral gris», comme on le surnommait, acheta son ralliement aux AmĂ©ricains, arguant qu'il Ă©tait le seul Ă  pouvoir crĂ©er un service de renseignement efficace contre l'Union soviĂ©tique. FinancĂ© par l'OSS (ancĂȘtre de la CIA), il crĂ©a l'Organisation Gehlen qui, «recyclant» nombre d'anciens nazis, devint les yeux et les oreilles des Etats-Unis en Europe de l'Est. En 1956, cette «Gehlen Org» servit de noyau aux nouveaux services secrets de la RFA (BND) , qui furent engagĂ©s dans nombre d'opĂ©rations anticommunistes : Ă  l'Est (RDA, TchĂ©coslovaquie, Hongrie), mais aussi en Iran, au Portugal, au Chili, en GrĂšce...
Markus Wolf (1923-2006), chef du renseignement extĂ©rieur de RDA Ses ennemis ignoraient son visage Il se voyait soldat d'Ă©lite sur le «front invisible». De 1958 Ă  1987, Markus Wolf rĂ©gna sans partage sur le service des renseignements extĂ©rieurs (HVA) de la Stasi est-allemande. Issu d'une famille juive rĂ©fugiĂ©e en URSS sous Hitler, il acquit ses compĂ©tences dans une Ă©cole rĂ©servĂ©e aux cadres du PCUS. Devenu «Mischa», il intĂ©gra les services de propagande de l'ArmĂ©e rouge puis de retour en Allemagne en 1945, participa Ă  la crĂ©ation du service d'espionnage renseignement extĂ©rieur de la RDA. BientĂŽt Ă  sa tĂȘte, il dirigea quelque 4000 agents. Pendant trois dĂ©cennies, «l'homme sans visage» (l'Ouest ne possĂ©da aucune photo de lui avant 1989) sera redoutĂ© de tous les services secrets occidentaux. C'est lui qui infiltra Ă  l'Ouest des milliers d'agents dormants - dont le cĂ©lĂšbre GĂŒnter Guillaume -, lui qui recruta Rainer Rupp, dit «topaze», taupe au QG de l'OTAN. Mais son coup de maĂźtre fut l'invention des «RomĂ©o», ces hommes chargĂ©s de sĂ©duire les secrĂ©taires d'officiels occidentaux ayant accĂšs Ă  des informations secrĂštes. Sentant le vent tourner, Wolf publia un livre vantant la perestroĂŻka et s'opposa Ă  la ligne d'Erich Honecker. Cette tardive reconversion dĂ©mocratique ne fit pas illusion. JugĂ© en 1993 pour trahison, sĂ©questration et torture, il Ă©chappa pourtant Ă  la prison, le tribunal estimant que ses activitĂ©s Ă©taient lĂ©gales dans l'ex-RDA. Ayant refusĂ© de donner le nom d'un seul de ses espions, Wolf dĂ©cĂ©dera paisiblement en 2006. Un 9 novembre, jour anniversaire de la chute du Mur...
Dimitri Pollakov (1921-1988), major gĂ©nĂ©ral du GRU soviĂ©tique et Vladimir Vetrov (1932-1985), lieutenant-colonel du KGB EliminĂ©s par le Kremlin Major gĂ©nĂ©ral du GRU, les renseignements militaires soviĂ©tiques, Poliakov fut peut-ĂȘtre le plus grand espion du XXe siĂšcle. Ses noms de codes Ă  la CIA - «Top Hat» et «Bourbon»prouve l'estime dans lequel on le tenait Ă  l'Ouest. Pour les Etats-Unis, ce fut surtout le PĂšre NoĂ«l. Imaginez plutĂŽt, un haut responsable russe qui, sans contrepartie financiĂšre, ni demande d'asile politique, devint pour trente ans l'informateur privilĂ©giĂ© des AmĂ©ricains. Jamais l'Agence, rĂ©putĂ©e pour ĂȘtre bien moins efficace que le KGB ou le MI6, n'aurait pu recruter un tel calibre. C'est de lui-mĂȘme qu'en 1961, Poliakov offrit ses services Ă  la CIA. Il devint sa source la plus prĂ©cieuse derriĂšre le rideau de fer. Il donna ainsi le nom de quatre officiers de l'US Army espionnant pour le compte de l'URSS, alerta sur l'animositĂ© croissante de PĂ©kin envers Moscou - que Nixon exploita en 1972 avec sa fracassante visite en Chine - et fournit des informations militaires cruciales mettant en Ă©vidence les retards de l'ArmĂ©e rouge. DĂ©noncĂ© par Aldrich Ames, il fut probablement fusillĂ© au milieu des annĂ©es 1980. Mieux connu depuis la sortie en 2009 d'un film retraçant «L'affaire Farewell», Vetrov a, lui aussi, fini par ĂȘtre exĂ©cutĂ© dans une prison moscovite en 1985. Ce lieutenant-colonel du KGB, responsable de la section Europe occidentale, livra au dĂ©but des annĂ©es 1980 des informations de premier choix Ă  la Direction française de la surveillance du territoire (DST). Laquelle, sur ordre de Mitterrand, les transmit intĂ©gralement Ă  la CIA.
GĂŒnter Guillaume (1927-1995), espion de la RDA et conseiller de W. Brandt Il s'est glissĂ© au sommet de la RFA En 1974, on estimait Ă  11 000 le nombre d'agents est-allemands en RFA. La plupart avaient «fui» via Berlin et occupaient des postes stratĂ©giques dans l'administration et l'appareil politique, Ă©conomique et syndical de l'Allemagne de l'Ouest. GĂŒnter Guillaume fut l'un d'entre eux. AprĂšs avoir adhĂ©rĂ© au Parti communiste de RDA en 1952, il fut envoyĂ© plusieurs fois en mission Ă  l'Ouest par la Stasi. Sous les habits d'un rĂ©fugiĂ© politique, il se hissa patiemment au sommet du parti socialiste ouest-allemand. En 1972, il toucha au but : il fut nommĂ© conseiller personnel du chancelier Willy Brandt. Un poste qui lui donnait accĂšs aux documents secrets et aux conversations intimes. Pour quelle raison les services ouest-allemands, informĂ©s depuis 1970 des soupçons pesant sur lui, attendirent-ils deux ans avant d'intervenir ? MystĂšre. En avril 1974, son arrestation entraĂźna un scandale sans prĂ©cĂ©dent en RFA et la dĂ©mission du populaire Brandt, pĂšre de l'Ostpolitik. Une gaffe monumentale de la Stasi, selon Markus Wolf lui-mĂȘme.
>>> Cet article est tiré du magazine GEO Histoire n°13 (novembre 2010)
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Veröffentlicht am 11. Februar 2020 von Eurojournalist Strasbourg in Politik // 0 Kommentare
(Marc Chaudeur) – La toute rĂ©cente « nouvelle mĂ©thodologie » que la Commission EuropĂ©enne soumet Ă  notre attention dĂ©goĂ»tĂ©e pose bien les donnĂ©es du problĂšme – c’est lĂ  son principal mĂ©rite : les dirigeants des institutions europĂ©ennes veulent que les pays d’Europe orientale (et centrale, sensiblement le mĂȘme problĂšme) respectent l’état de droit, pratiquent la transparence et la dĂ©mocratie, mais dans le mĂȘme temps, favorisent les politiciens qui les bafouent le plus gravement.
Ils soutiennent ces politiciens au nom de la « stabilité (cette “stabilocratie” que dĂ©crit le politologue Florian Bieber), puis ils les laissent choir avec d’hypocrites hululements d’orfraie quand vraiment, c’est trop voyant. Ils avancent de grands principes et abandonnent les sociĂ©tĂ©s civiles de ces pays, pourtant en pleine mutation, Ă  leur sort, au lieu de les soutenir vigoureusement contre ces manquements et ces lacunes qu’il ne cessent de dĂ©noncer.Fi, fi donc.
Les dirigeants europĂ©ens, et principalement Emmanuel Macron, ont dĂ©cidĂ© de repousser l’ouverture des nĂ©gociations d’adhĂ©sion de la MacĂ©doine du Nord et de l’Albanie. Cela peut se comprendre, dans le sens oĂč certains pays de cette rĂ©gion de l’Europe Ă©valuent toujours davantage vers des rĂ©gimes semi-autoritaires, et que la corruption y galope toujours plus allĂšgreme
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